Déclaration de Mme Yamina Benguigui, ministre de la francophonie, sur les relations franco-uruguayennes, la Francophonie et sur les droits de la femme, à Montevideo le 10 mai 2013.

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Circonstance : Déplacement au Brésil, en Argentine et en Uruguay-rencontre de la communauté française, à Montevideo (Uruguay) le 10 mai 2013

Texte intégral

Monsieur le ministre de l’éducation et de la culture, Cher Ricardo Ehrlich,
Monsieur l’ambassadeur de l’Uruguay en France, Cher Omar Mesa Gonzales,
Madame la maire de Montevidéo, Chère Anna Oliveira,
Monsieur l’ambassadeur de France en Uruguay, Cher Jean-Christophe Potton,
Madame l’ambassadeur, Chère Catherine Potton,
Chers compatriotes,
Chers amis,
C’est une grande joie de me retrouver avec vous à Montevideo à la résidence de France.

Les Uruguayens ont un lien profond, sentimental et chaleureux au français. Nous avons une relation entre nos deux pays basée sur la confiance mutuelle, l’estime et l’amitié. L’Uruguay vient de rentrer au sein de l’organisation internationale de la francophonie.
C’est un ami qui vient de rentrer, c’est un membre de notre famille qui vient de nous rejoindre. C’est une nation qui partage avec la France tant de moments d’histoire, tant de valeurs communes.

Je veux remercier le ministre Ricardo Ehrlich et l’ambassadeur Omar Mesa Gonzales qui ont porté la candidature uruguayenne. A travers eux remercier aussi l’ensemble des autorités uruguayennes qui se sont investies dans cette candidature.

Monsieur le Ministre, Cher Ricardo, je salue votre engagement dans notre coopération scientifique, éducative, culturelle et linguistique.

Monsieur l’ambassadeur, Cher Omar, vous êtes le promoteur fervent de notre relation. Je vous remercie pour l’amitié et la confiance que vous portez à notre pays. Je salue votre engagement en France, à l’UNESCO, pour la diversité culturelle.

L’Uruguay au 19ème siècle s’est développé grâce à une immigration française considérable. Ces racines de peuplement communes c’est la source de l’attachement charnel à la France. La culture française fait partie intégrante de la culture uruguayenne.

Aujourd’hui, j’ai eu le privilège d’être reçue par le Président Mujica. Comme l’a dit le Président, la France n’est pas seulement bienvenue en Uruguay : elle est "très très" bienvenue.

J’ai remis au Président uruguayen l’invitation du Président Hollande qui serait "très très" honoré de pouvoir le recevoir en France. C’est le signe de notre volonté de construire une relation plus intense, une relation basée sur nos valeurs communes ; des valeurs fondées sur la solidarité, la promotion de la paix et le respect des diversités culturelles et linguistiques.

L’Uruguay est un atout pour l’espace francophone. C’est un pays à la tradition démocratique forte. C’est un pays qui se bat en permanence pour la justice sociale. C’est un pays qui fait de la promotion de l’égalité entre les hommes et les femmes une de ses principales priorités.

Je suis particulièrement fière que l’Uruguay ait pris sa place dans l’espace francophone depuis le sommet de Kinshasa comme Premier pays sud américain à rejoindre l’OIF. Votre pays est un pionner de l’élargissement de l’espace francophone à d’autres continents et d’autres nations.

La Francophonie ne se résume pas à la France. La Francophonie c’est un espace de 77 nations, de 220 millions de locuteurs et à l’horizon 2050 nous serons plus de 700 millions de locuteurs dont 80% en Afrique.

Le français n’est pas seulement une langue. C’est une porte ouverte vers l’accès à de nombreuses cultures. L’espace francophone, c’est aussi un espace économique, un espace de mobilité. Cet espace peut donner des perspectives à la jeunesse. En Uruguay cet espace donnera des perspectives renforcées aux jeunes des quartiers et à tous les uruguayens.

Parmi les valeurs de l’espace francophone il en est une qui me tient particulièrement à cour : le respect des droits des femmes.

J’ai fait du combat pour les droits des femmes ma priorité. Le 20 mars dernier, à Paris, j’ai organisé le premier forum mondial des femmes francophones qui m’a permis de réunir plus de 700 femmes venues de plus de 70 pays différents. Avec le soutien du Président de la République française François Hollande, avec celui du ministre des affaires étrangères Laurent Fabius, et du Secrétaire général de l’OIF, Abou Diouf, ce forum a remporté un beau succès.

Ce n’est certes qu’une étape dans le long combat des femmes pour la dignité et l’égalité. Mais c’est un moment important pour la famille francophone qui est en train de faire de ce combat une priorité.

Aujourd’hui les acquis des femmes sont partout menacés. Ces acquis ne sont plus des acquis. Que ce soit à l’Est de la République du Congo, où un conflit sans image, fait des femmes et des fillettes des butins de guerre, où le viol est utilisé comme une arme de destruction massive quotidiennement. Que ce soit au Mali, où les femmes ont été les premières victimes des terroristes.
Que ce soit en République Centrafricaine, où les exactions de ces derniers jours ont fait des femmes des cibles vivantes pour des forces militaires incontrôlées.

Les acquis des femmes sont menacés quand, en Tunisie, la première esquisse de la nouvelle constitution évoquait la "complémentarité" homme/femme et non plus l’égalité. Les révolutions arabes dont les femmes ont été les moteurs ont débouché malheureusement bien souvent sur la fragilisation de la situation des femmes.
Dans bien d’autres pays les violences domestiques ne faiblissent pas. Il existe certes souvent des politiques renforcées pour l’égalité sociale et politique. Je suis d’ailleurs fière d’appartenir à un gouvernement entièrement paritaire, ce qui est une nouveauté dans l’histoire de notre République.

J’ai réinscrit le droit des femmes dans la Francophonie ; c’est déjà une petite victoire. Au prochain Sommet de la Francophonie en 2014, à Dakar, je souhaite que l’on élève le niveau de protection juridique pour les femmes francophones. Le thème des femmes sera prioritaire lors de ce prochain sommet, comme le souhaite le Président sénégalais Macky Sall.

Je sais pouvoir compter sur les autorités uruguayennes pour mener ce combat. Le Ministère de l’Education et de la Culture apporte une attention particulière à la situation des femmes et notamment des femmes uruguayennes d’origine africaine. L’Uruguay mène aussi des politiques d’égalité et de renforcement des droits des femmes très significatives.

C’est un combat qui s’inscrit dans le combat plus large pour les droits de l’homme.

Je salue à ce propos la présidence uruguayenne au Conseil des droits de l’Homme de l’ONU et l’engagement de votre pays dans les forces de maintien de la paix des Nations Unies, en Haïti et en République Démocratique du Congo, deux pays francophones.

La France, l’Uruguay, ont su nouer une coopération intense dans de nombreux domaines. Je veux souligner en particulier le rôle majeur joué par le lycée français de Montevideo : il compte mille élèves et une qualité pédagogique de haut niveau. Je salue le rôle joué par le réseau de 10 Alliances française dans le pays dont celle particulièrement active de Montevideo.Au plan scientifique, notre travail commun est exceptionnel. L’Institut Pasteur de Montevideo est la figure de proue de cette coopération. Dans les domaines universitaire et linguistique, nos échanges sont nombreux et vont croître encore. Dans le domaine culturel, bien sûr, la tradition française et notre création contemporaine sont très présentes sur cette rive du Rio de la Plata et les formations partagées de jeunes artistes et professionnels français et uruguayens se développent.
Je me réjouis également de la forte présence économique française et de ces investissements spectaculaires que les entreprises hexagonales sont en train de réaliser et qui soulignent le potentiel de l???Uruguay. Je pense en particulier au retour d’Air France, à l’ouverture du Sofitel de Carrasco et à l’investissement de Total dans la prospection pétrolière. Inch Allah. Voilà de belles réussites pour notre pays qui a fait de la diplomatie économique une de ses principales priorités en matière de politique étrangère.

Je suis très heureuse, enfin, de rencontrer les représentants d’une communauté française dont le nombre a crû de près de 40% en cinq ans ; C’est le signe encore de l’attraction qu’exerce ce beau pays sur nos compatriotes.

Je suis à votre écoute, comme l’est ce Gouvernement qui apporte une attention particulière aux français hors de France.

Aujourd’hui, le Président Mujica m’a dit cette phrase très forte : "ensemble nous pouvons essayer de tout multiplier". Nous avons donc de très beaux projets à mener ensemble. Et nous les mènerons grâce à vous tous et à votre soutien.
Je vous remercie.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 17 juin 2013