Texte intégral
JEAN-PIERRE ELKABBACH
On sait que le chômage va augmenter ou va continuer à augmenter, on sait que le président de la République, le Premier ministre et vous-même, vous êtes convaincus que fin 2013 la courbe du chômage va s'inverser. Mais s'inverser ou se stabiliser d'abord ?
MICHEL SAPIN
Non, s'inverser, ça commence par une stabilisation mais s'inverser. Nous ne sommes pas dans des prévisions, nous ne sommes pas dans des invocations, on n'est pas à la messe à faire des prières, nous sommes dans l'action. Et nous avons lancé des programmes, des projets, des politiques qui ne peuvent porter leurs fruits que progressivement, mais elles sont lancées celles-là
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Est-ce que vous savez
MICHEL SAPIN
Et elles vont porter leurs fruits.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Oui, et si vous vous trompez ?
MICHEL SAPIN
Mais il ne s'agit pas de se tromper, il s'agit d'être efficace
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Non mais si ça ne se produit pas, si à Noël le cadeau de Noël n'arrive pas ?
MICHEL SAPIN
Mais ce n'est pas un cadeau de Noël, c'est une politique que nous menons, et nous le faisons de la manière la plus pertinente
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Et si elle ne donne pas le résultat prévu !
MICHEL SAPIN
La plus efficace, et elle donnera les résultats que nous prévoyons mais surtout, que nous faisons et que nous faisons avec l'ensemble des acteurs de l'emploi. Les acteurs de l'emploi c'est les entreprises, les acteurs de l'emploi c'est les collectivités locales, les acteurs de l'emploi ce sont les associations, enfin tous ceux qui aujourd'hui ont la capacité de créer des emplois pour lutter contre le chômage.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Et lancer des initiatives. Mais vous savez que l'opposition critique, c'est son rôle
MICHEL SAPIN
Oui, c'est assez habituel.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Mais là, le MEDEF et les chefs d'entreprise angoissent, les syndicats appellent à la mobilisation on a entendu tout à l'heure Véronique DESCACQ. Pour la société française Michel SAPIN, quel est le seuil de chômage dangereux pour la cohésion nationale ?
MICHEL SAPIN
Par définition, plus il y a de chômeurs moins c'est bon pour la société. Mais on a déjà passé les 3 millions de chômeurs, ça nous est arrivé dans notre vie. Ce qui est le plus mauvais, ce qui est le plus dangereux pour la cohésion de notre société, c'est le nombre des jeunes sans emploi, sans formation, c'est 500.000 jeunes sans emploi, sans formation, c'est ceux-là où c'est le plus dur et plus et c'est pour cela qu'il y a les contrats de génération dans les entreprises, qu'il y a les emplois d'avenir dans les collectivités locales et dans les associations, et maintenant dans les entreprises. C'est à ça qu'il faut répondre, c'est là
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Et pourquoi vous ne dites pas aussi la décision franco-allemande, HOLLANDE MERKEL, d'aider le chômage des jeunes, etc. ?
MICHEL SAPIN
Mais cette décision est très importante
JEAN-PIERRE ELKABBACH
C'est un chômage sinistre en Europe.
MICHEL SAPIN
Mais cette décision est très importante parce que le problème du chômage des jeunes, ce n'est pas que la France, c'est l'ensemble de l'Europe, l'ensemble de l'Union européenne, et parfois à des niveaux considérablement plus élevés qu'en France. Mais ça, ça portera ses fruits en 2014 ou en 2015, nous sommes en 2013 et nous battons en 2013 avec les outils, avec les politiques qui sont déjà décidées et qui sont en train d'être mises en oeuvre. Donc on n'est pas en train de repousser l'horizon, nous nous battons pour que l'horizon ne bouge pas de la fin de 2013
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Alors est-ce que
MICHEL SAPIN
A la fin de 2013, le nombre des chômeurs diminuera.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
EUROPE 1 prend l'exemple de Vitré, une des villes où le taux de chômage est le plus bas, Vitré y arrive, on se dit « pourquoi pas les autres », et il y a des initiatives qui ont été proposées avec Bruce TOUSSAINT tout à l'heure, on va prendre quelques exemples. Véronique DESCACQ, numéro 2 de la CFDT, demande que soit lancé un chantier patronat syndicats avec comme objectif, plus de formations professionnelles, plus de mobilité, d'attractivité de certains métiers, elle dit : en perspectives, 500.000 emplois. Vous lui répondez
MICHEL SAPIN
C'est la bonne voie, c'est la bonne solution, pas pour la fin 2013 par définition puisque des chantiers comme ceux-là ne sont pas des chantiers qui portent leurs fruits tout de suite. Mais pour les années qui viennent, 2014-2019, c'est la bonne voie, c'est ce que nous voulons, c'est ce qu'a demandé
JEAN-PIERRE ELKABBACH
C'est la réforme de la formation professionnelle.
MICHEL SAPIN
C'est ce qu'a demandé le président de la République, il y aura donc une grande réforme de la formation professionnelle, elle sera menée de la même manière que la réforme du marché du travail, la sécurisation de l'emploi, c'est une volonté gouvernementale et présidentielle, une négociation entre les partenaires sociaux, c'est eux qui font ça ensuite dans les entreprises, et une loi qui sera présentée
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Mais il faut attendre
MICHEL SAPIN
Au Parlement à la fin de cette année.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Il faut attendre pour les résultats. La loi sur la sécurisation de l'emploi
MICHEL SAPIN
Par définition.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
On ne peut pas l'accélérer ?
MICHEL SAPIN
Elle est devant le Conseil constitutionnel. Le meilleur moyen eut été d'éviter de retarder ainsi, mais c'est l'opposition comme vous le disiez vous-même elle critique parfois de manière inutile. Mais de toute façon, cette loi sera appliquée le 1er juillet prochain.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Charles BEIGBEDER, dégressivité des indemnités chômage, qui veut être indemnisé doit passer obligatoirement au bout de 6 mois a-t-il dit par la formation. Et en perspective, selon lui, 400.000 emploi.
MICHEL SAPIN
Oui mais ça, c'est une vieille sérénade que nous joue le patronat français ou une partie du patronat français
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Mais elle est peut-être belle si elle a des résultats.
MICHEL SAPIN
Vous pensez que c'est au moment où le chômage augmente qu'il faut commencer par diminuer le niveau des allocations de chômeurs ? Vous pensez que les 38.000 chômeurs de plus de ce mois-ci, ils sont au chômage parce qu'ils voulaient être au chômage et qu'ils refusaient un emploi ? Non, ça n'est pas la réalité
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Ce n'est pas la solution pour Michel SAPIN, bon !
MICHEL SAPIN
Donc ce n'est pas la solution en tous les cas, ce n'est pas la solution pour nous. Par contre, la formation professionnelle des chômeurs oui, ça c'est une politique qui est indispensable, il faut augmenter les moyens en faveur de la formation de ceux qui sont au chômage, pour qu'ils trouvent un emploi éventuellement dans un autre secteur que celui où ils ont perdu leur emploi.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Michel GODET propose de donner des chances à des entrepreneurs d'insertion, comme Pierre CHOUX de Dijon, que vous connaissez d'ailleurs
MICHEL SAPIN
Oui, bien sûr.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Qui vous a rencontré, qui a rencontré le Premier ministre Jean-Marc AYRAULT apparemment sans résultat. Il paraît que ces entrepreneurs d'insertion accompagnent des chômeurs de plus de 6 mois qui sont souvent jugés inemployable. Un département sur cinq emploie cette méthode qui doit être encouragée, en perspective 1.000 emplois par an, il faut faire un effort !
MICHEL SAPIN
Ce n'est pas le nombre des emplois, vous voyez bien que ce n'est pas à la mesure de la lutte contre le chômage, mais c'est très important, c'est aussi un secteur absolument décisif
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Donc vous lui répondez « oui, je vous encourage » ?
MICHEL SAPIN
Mais non seulement on encourage mais il le sait très bien, d'ailleurs nous travaillons avec eux à là aussi une réforme pour qu'il y ait plus d'argent, mais de manière plus efficace. Parce que là qu'est-ce qu'ils font ? Ils je parlais de ces jeunes sans emploi et sans formation
JEAN-PIERRE ELKABBACH
C'est local !
MICHEL SAPIN
Oui, mais là ce sont parfois des beaucoup plus âgés qui sont au chômage depuis 3 ans, 4 ans, 5 ans, qui sont totalement comme on dit dans le jargon inemployables. Et là ils ont une attention particulière, ils ont un travail avec eux qui est considérable et que je veux saluer.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Jean-Louis SCHILANSKY : favoriser la recherche et l'exploitation du gaz de schiste, en perspective 10.000 emplois. Le gaz de schiste, ça
MICHEL SAPIN
C'est tout le débat sur le gaz de schiste
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Ça reste là, ça vous reste là !
MICHEL SAPIN
Tout le problème, c'est de savoir si on ne fait pas plus de dégâts pour l'environnement que l'on apporte quelque chose à l'emploi.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Est-ce que vous vous engagez Michel SAPIN à alléger les charges des entreprises, à les encourager, à leur donner confiance puisqu'elles sont maintenant
MICHEL SAPIN
Nous le faisons
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Vous le reconnaissez, les moteurs de l'économie ?
MICHEL SAPIN
Il y a 20 milliards il y a 20 milliards sur la table en faveur
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Combien cette année on m'a dit que c'était 500 millions aujourd'hui.
MICHEL SAPIN
Là, aujourd'hui, mais c'est
JEAN-PIERRE ELKABBACH
500 millions en 2013.
MICHEL SAPIN
20 milliards à leur portée, donc toutes ces entreprises qui demandent un allègement de charges, qu'elles commencent par mettre en oeuvre le crédit d'impôt compétitivité emploi. 20 milliards, ce n'est pas rien 20 milliards sur la table, 20 milliards à disposition des entreprises
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Mais vous ne leur reprenez pas autrement !
MICHEL SAPIN
On ne leur reprend pas, c'est 20 milliards pour l'emploi, 20 milliards pour l'investissement.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
La Commission de Bruxelles a agacé le président de la République et pas lui seulement d'ailleurs parce qu'elle détaille la prochaine réforme française des retraites. Elle vous demande d'allonger la durée des cotisations, d'adapter les règles d'indexation des retraites en épargnant les petites retraites, et surtout elle vous demande d'augmenter l'âge légal de départ. Est-ce que vous allez tenir compte de ces je ne vais pas dire pressions, de ces exigences, invitations ?
MICHEL SAPIN
Chacun doit être dans son rôle. La Commission est dans son rôle lorsqu'elle rappelle à la France la nécessité de diminuer les déficits, de maîtriser les dépenses. Mais le rôle d'un gouvernement, en France comme ailleurs, c'est de fixer les moyens d'atteindre ces objectifs. Il n'appartient pas à la Commission de dicter à quelque gouvernement que ce soit, dans le détail, les mesures. Sinon, ce n'est même pas la peine qu'il y ait un Parlement, ce n'est pas la peine qu'il y ait un gouvernement
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Donc vous parlez
MICHEL SAPIN
Ce n'est même pas la peine qu'il y ait des partenaires sociaux en France pour discuter de cela.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Ça, dès qu'on parle de la Commission, vous êtes tous énervés. Claude BARTOLONE
MICHEL SAPIN
Non, mais du tout mais chacun notre rôle.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Le président socialiste de l'Assemblée nationale est paraît-il courroucé contre les bureaucrates européens, inacceptable, donc il a raison de s'énerver puisque vous vous énervez aussi.
MICHEL SAPIN
Je ne m'énerve pas, je dis « chacun dans son rôle ».
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Claude BARTOLONE s'en prend également à vous-même et à votre entourage, il paraît que dans Le MONDE, vous avez critiqué des retards dans les emplois d'avenir en Seine-Saint-Denis, dont il est député. Est-ce que les collectivités locales n'en font pas assez
MICHEL SAPIN
Claude BARTOLONE a un caractère bouillant, c'est une de ses qualités, et lorsqu'on fait des remarques sur son département, il considère que c'est une critique contre lui-même, ça n'est pas le cas. Mais ce que je constate, s'agissant de ces emplois d'avenir, pour les jeunes sans formation, sans emploi, c'est que ça marche très bien, beaucoup plus que 25.000, ça marche très bien dans les zones rurales. Dans mon département, ils ont dépassé leur objectif, dans le Cher ils ont dépassé leur objectif, dans la Creuse ils ont dépassé leur objectif. Et là où c'est plus difficile parce qu'objectivement c'est plus difficile, c'est dans les zones très urbanisées, et pourtant c'est là qu'il y a le plus de jeunes en difficulté.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Michel SAPIN
MICHEL SAPIN
Donc chacun doit faire un effort, chacun doit se mobiliser et chacun doit se sentir concerné et non pas critiqué.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Hier Gilles CARREZ, qui préside la Commission des finances de l'Assemblée nationale, a rappelé que vous étiez en 92 ministre de l'Economie de Pierre BEREGOVOY
MICHEL SAPIN
Oui, et c'est même moi d'ailleurs qui ai fait sortir le dossier.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Des turpitudes du CREDIT LYONNAIS.
MICHEL SAPIN
Absolument.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Donc la banque publique à l'époque a roulé et escroqué Bernard TAPIE, vous le reconnaissez
MICHEL SAPIN
Non, ce n'est pas qu'elle a roulé, c'est monsieur TAPIE a fait un certain nombre de choses très particulières à l'époque, mais couvertes par le CREDIT LYONNAIS. Et c'est moi qui à l'époque ça a été reconnu par toutes les autorités de la République ai dit : maintenant on doit mettre à jour l'ensemble des modalités de gestion de cette banque.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Est-ce que Bernard TAPIE a raison aujourd'hui de réclamer justice pour un préjudice important qu'il a subi aussi ?
MICHEL SAPIN
La justice est en train de travailler sur le sujet
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Non mais la réponse, réponse.
MICHEL SAPIN
La justice travaille sur le sujet, je ne vais pas me substituer à la justice, mais il y a une chose qui est certaine c'est que la procédure qui a été utilisée, qui a été choisie qui est celle de l'arbitrage, a été une procédure défavorable à l'Etat. Et il serait tout à fait légitime de remettre en cause cette procédure
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Et de récupérer
MICHEL SAPIN
Qui a été défavorable à l'Etat, c'est-à-dire défavorable à chacun des contribuables français.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Vous savez que Gilles CARREZ a utilisé cette formule :
GILLES CARREZ
Je trouve assez cocasse que bon ! L'Etat aujourd'hui dirigé par les socialiste demande réparation pour des faits qui ont été commis, il y a 20 ans, par l'Etat dirigé également à l'époque par des socialistes et parfois les mêmes.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Michel SAPIN, réponse.
MICHEL SAPIN
La décision qui a été prise par Nicolas SARKOZY d'un arbitrage en faveur de monsieur TAPIE, elle ne date pas de 1992, elle date d'il y a quelques années. Et c'est celle-là qui doit être mise en cause.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Donc vous confirmez que c'est une vraie bataille politique ?
MICHEL SAPIN
Non.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Mais c'en est une.
MICHEL SAPIN
Ce n'est pas une bataille politique, si on voit du point de vue politique, ça n'a aucun intérêt. La défense de l'intérêt de l'Etat, la défense de l'intérêt des contribuables, c'est peut-être de la politique source : Service d'information du Gouvernement, le 3 juin 2013
On sait que le chômage va augmenter ou va continuer à augmenter, on sait que le président de la République, le Premier ministre et vous-même, vous êtes convaincus que fin 2013 la courbe du chômage va s'inverser. Mais s'inverser ou se stabiliser d'abord ?
MICHEL SAPIN
Non, s'inverser, ça commence par une stabilisation mais s'inverser. Nous ne sommes pas dans des prévisions, nous ne sommes pas dans des invocations, on n'est pas à la messe à faire des prières, nous sommes dans l'action. Et nous avons lancé des programmes, des projets, des politiques qui ne peuvent porter leurs fruits que progressivement, mais elles sont lancées celles-là
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Est-ce que vous savez
MICHEL SAPIN
Et elles vont porter leurs fruits.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Oui, et si vous vous trompez ?
MICHEL SAPIN
Mais il ne s'agit pas de se tromper, il s'agit d'être efficace
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Non mais si ça ne se produit pas, si à Noël le cadeau de Noël n'arrive pas ?
MICHEL SAPIN
Mais ce n'est pas un cadeau de Noël, c'est une politique que nous menons, et nous le faisons de la manière la plus pertinente
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Et si elle ne donne pas le résultat prévu !
MICHEL SAPIN
La plus efficace, et elle donnera les résultats que nous prévoyons mais surtout, que nous faisons et que nous faisons avec l'ensemble des acteurs de l'emploi. Les acteurs de l'emploi c'est les entreprises, les acteurs de l'emploi c'est les collectivités locales, les acteurs de l'emploi ce sont les associations, enfin tous ceux qui aujourd'hui ont la capacité de créer des emplois pour lutter contre le chômage.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Et lancer des initiatives. Mais vous savez que l'opposition critique, c'est son rôle
MICHEL SAPIN
Oui, c'est assez habituel.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Mais là, le MEDEF et les chefs d'entreprise angoissent, les syndicats appellent à la mobilisation on a entendu tout à l'heure Véronique DESCACQ. Pour la société française Michel SAPIN, quel est le seuil de chômage dangereux pour la cohésion nationale ?
MICHEL SAPIN
Par définition, plus il y a de chômeurs moins c'est bon pour la société. Mais on a déjà passé les 3 millions de chômeurs, ça nous est arrivé dans notre vie. Ce qui est le plus mauvais, ce qui est le plus dangereux pour la cohésion de notre société, c'est le nombre des jeunes sans emploi, sans formation, c'est 500.000 jeunes sans emploi, sans formation, c'est ceux-là où c'est le plus dur et plus et c'est pour cela qu'il y a les contrats de génération dans les entreprises, qu'il y a les emplois d'avenir dans les collectivités locales et dans les associations, et maintenant dans les entreprises. C'est à ça qu'il faut répondre, c'est là
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Et pourquoi vous ne dites pas aussi la décision franco-allemande, HOLLANDE MERKEL, d'aider le chômage des jeunes, etc. ?
MICHEL SAPIN
Mais cette décision est très importante
JEAN-PIERRE ELKABBACH
C'est un chômage sinistre en Europe.
MICHEL SAPIN
Mais cette décision est très importante parce que le problème du chômage des jeunes, ce n'est pas que la France, c'est l'ensemble de l'Europe, l'ensemble de l'Union européenne, et parfois à des niveaux considérablement plus élevés qu'en France. Mais ça, ça portera ses fruits en 2014 ou en 2015, nous sommes en 2013 et nous battons en 2013 avec les outils, avec les politiques qui sont déjà décidées et qui sont en train d'être mises en oeuvre. Donc on n'est pas en train de repousser l'horizon, nous nous battons pour que l'horizon ne bouge pas de la fin de 2013
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Alors est-ce que
MICHEL SAPIN
A la fin de 2013, le nombre des chômeurs diminuera.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
EUROPE 1 prend l'exemple de Vitré, une des villes où le taux de chômage est le plus bas, Vitré y arrive, on se dit « pourquoi pas les autres », et il y a des initiatives qui ont été proposées avec Bruce TOUSSAINT tout à l'heure, on va prendre quelques exemples. Véronique DESCACQ, numéro 2 de la CFDT, demande que soit lancé un chantier patronat syndicats avec comme objectif, plus de formations professionnelles, plus de mobilité, d'attractivité de certains métiers, elle dit : en perspectives, 500.000 emplois. Vous lui répondez
MICHEL SAPIN
C'est la bonne voie, c'est la bonne solution, pas pour la fin 2013 par définition puisque des chantiers comme ceux-là ne sont pas des chantiers qui portent leurs fruits tout de suite. Mais pour les années qui viennent, 2014-2019, c'est la bonne voie, c'est ce que nous voulons, c'est ce qu'a demandé
JEAN-PIERRE ELKABBACH
C'est la réforme de la formation professionnelle.
MICHEL SAPIN
C'est ce qu'a demandé le président de la République, il y aura donc une grande réforme de la formation professionnelle, elle sera menée de la même manière que la réforme du marché du travail, la sécurisation de l'emploi, c'est une volonté gouvernementale et présidentielle, une négociation entre les partenaires sociaux, c'est eux qui font ça ensuite dans les entreprises, et une loi qui sera présentée
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Mais il faut attendre
MICHEL SAPIN
Au Parlement à la fin de cette année.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Il faut attendre pour les résultats. La loi sur la sécurisation de l'emploi
MICHEL SAPIN
Par définition.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
On ne peut pas l'accélérer ?
MICHEL SAPIN
Elle est devant le Conseil constitutionnel. Le meilleur moyen eut été d'éviter de retarder ainsi, mais c'est l'opposition comme vous le disiez vous-même elle critique parfois de manière inutile. Mais de toute façon, cette loi sera appliquée le 1er juillet prochain.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Charles BEIGBEDER, dégressivité des indemnités chômage, qui veut être indemnisé doit passer obligatoirement au bout de 6 mois a-t-il dit par la formation. Et en perspective, selon lui, 400.000 emploi.
MICHEL SAPIN
Oui mais ça, c'est une vieille sérénade que nous joue le patronat français ou une partie du patronat français
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Mais elle est peut-être belle si elle a des résultats.
MICHEL SAPIN
Vous pensez que c'est au moment où le chômage augmente qu'il faut commencer par diminuer le niveau des allocations de chômeurs ? Vous pensez que les 38.000 chômeurs de plus de ce mois-ci, ils sont au chômage parce qu'ils voulaient être au chômage et qu'ils refusaient un emploi ? Non, ça n'est pas la réalité
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Ce n'est pas la solution pour Michel SAPIN, bon !
MICHEL SAPIN
Donc ce n'est pas la solution en tous les cas, ce n'est pas la solution pour nous. Par contre, la formation professionnelle des chômeurs oui, ça c'est une politique qui est indispensable, il faut augmenter les moyens en faveur de la formation de ceux qui sont au chômage, pour qu'ils trouvent un emploi éventuellement dans un autre secteur que celui où ils ont perdu leur emploi.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Michel GODET propose de donner des chances à des entrepreneurs d'insertion, comme Pierre CHOUX de Dijon, que vous connaissez d'ailleurs
MICHEL SAPIN
Oui, bien sûr.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Qui vous a rencontré, qui a rencontré le Premier ministre Jean-Marc AYRAULT apparemment sans résultat. Il paraît que ces entrepreneurs d'insertion accompagnent des chômeurs de plus de 6 mois qui sont souvent jugés inemployable. Un département sur cinq emploie cette méthode qui doit être encouragée, en perspective 1.000 emplois par an, il faut faire un effort !
MICHEL SAPIN
Ce n'est pas le nombre des emplois, vous voyez bien que ce n'est pas à la mesure de la lutte contre le chômage, mais c'est très important, c'est aussi un secteur absolument décisif
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Donc vous lui répondez « oui, je vous encourage » ?
MICHEL SAPIN
Mais non seulement on encourage mais il le sait très bien, d'ailleurs nous travaillons avec eux à là aussi une réforme pour qu'il y ait plus d'argent, mais de manière plus efficace. Parce que là qu'est-ce qu'ils font ? Ils je parlais de ces jeunes sans emploi et sans formation
JEAN-PIERRE ELKABBACH
C'est local !
MICHEL SAPIN
Oui, mais là ce sont parfois des beaucoup plus âgés qui sont au chômage depuis 3 ans, 4 ans, 5 ans, qui sont totalement comme on dit dans le jargon inemployables. Et là ils ont une attention particulière, ils ont un travail avec eux qui est considérable et que je veux saluer.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Jean-Louis SCHILANSKY : favoriser la recherche et l'exploitation du gaz de schiste, en perspective 10.000 emplois. Le gaz de schiste, ça
MICHEL SAPIN
C'est tout le débat sur le gaz de schiste
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Ça reste là, ça vous reste là !
MICHEL SAPIN
Tout le problème, c'est de savoir si on ne fait pas plus de dégâts pour l'environnement que l'on apporte quelque chose à l'emploi.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Est-ce que vous vous engagez Michel SAPIN à alléger les charges des entreprises, à les encourager, à leur donner confiance puisqu'elles sont maintenant
MICHEL SAPIN
Nous le faisons
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Vous le reconnaissez, les moteurs de l'économie ?
MICHEL SAPIN
Il y a 20 milliards il y a 20 milliards sur la table en faveur
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Combien cette année on m'a dit que c'était 500 millions aujourd'hui.
MICHEL SAPIN
Là, aujourd'hui, mais c'est
JEAN-PIERRE ELKABBACH
500 millions en 2013.
MICHEL SAPIN
20 milliards à leur portée, donc toutes ces entreprises qui demandent un allègement de charges, qu'elles commencent par mettre en oeuvre le crédit d'impôt compétitivité emploi. 20 milliards, ce n'est pas rien 20 milliards sur la table, 20 milliards à disposition des entreprises
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Mais vous ne leur reprenez pas autrement !
MICHEL SAPIN
On ne leur reprend pas, c'est 20 milliards pour l'emploi, 20 milliards pour l'investissement.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
La Commission de Bruxelles a agacé le président de la République et pas lui seulement d'ailleurs parce qu'elle détaille la prochaine réforme française des retraites. Elle vous demande d'allonger la durée des cotisations, d'adapter les règles d'indexation des retraites en épargnant les petites retraites, et surtout elle vous demande d'augmenter l'âge légal de départ. Est-ce que vous allez tenir compte de ces je ne vais pas dire pressions, de ces exigences, invitations ?
MICHEL SAPIN
Chacun doit être dans son rôle. La Commission est dans son rôle lorsqu'elle rappelle à la France la nécessité de diminuer les déficits, de maîtriser les dépenses. Mais le rôle d'un gouvernement, en France comme ailleurs, c'est de fixer les moyens d'atteindre ces objectifs. Il n'appartient pas à la Commission de dicter à quelque gouvernement que ce soit, dans le détail, les mesures. Sinon, ce n'est même pas la peine qu'il y ait un Parlement, ce n'est pas la peine qu'il y ait un gouvernement
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Donc vous parlez
MICHEL SAPIN
Ce n'est même pas la peine qu'il y ait des partenaires sociaux en France pour discuter de cela.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Ça, dès qu'on parle de la Commission, vous êtes tous énervés. Claude BARTOLONE
MICHEL SAPIN
Non, mais du tout mais chacun notre rôle.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Le président socialiste de l'Assemblée nationale est paraît-il courroucé contre les bureaucrates européens, inacceptable, donc il a raison de s'énerver puisque vous vous énervez aussi.
MICHEL SAPIN
Je ne m'énerve pas, je dis « chacun dans son rôle ».
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Claude BARTOLONE s'en prend également à vous-même et à votre entourage, il paraît que dans Le MONDE, vous avez critiqué des retards dans les emplois d'avenir en Seine-Saint-Denis, dont il est député. Est-ce que les collectivités locales n'en font pas assez
MICHEL SAPIN
Claude BARTOLONE a un caractère bouillant, c'est une de ses qualités, et lorsqu'on fait des remarques sur son département, il considère que c'est une critique contre lui-même, ça n'est pas le cas. Mais ce que je constate, s'agissant de ces emplois d'avenir, pour les jeunes sans formation, sans emploi, c'est que ça marche très bien, beaucoup plus que 25.000, ça marche très bien dans les zones rurales. Dans mon département, ils ont dépassé leur objectif, dans le Cher ils ont dépassé leur objectif, dans la Creuse ils ont dépassé leur objectif. Et là où c'est plus difficile parce qu'objectivement c'est plus difficile, c'est dans les zones très urbanisées, et pourtant c'est là qu'il y a le plus de jeunes en difficulté.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Michel SAPIN
MICHEL SAPIN
Donc chacun doit faire un effort, chacun doit se mobiliser et chacun doit se sentir concerné et non pas critiqué.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Hier Gilles CARREZ, qui préside la Commission des finances de l'Assemblée nationale, a rappelé que vous étiez en 92 ministre de l'Economie de Pierre BEREGOVOY
MICHEL SAPIN
Oui, et c'est même moi d'ailleurs qui ai fait sortir le dossier.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Des turpitudes du CREDIT LYONNAIS.
MICHEL SAPIN
Absolument.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Donc la banque publique à l'époque a roulé et escroqué Bernard TAPIE, vous le reconnaissez
MICHEL SAPIN
Non, ce n'est pas qu'elle a roulé, c'est monsieur TAPIE a fait un certain nombre de choses très particulières à l'époque, mais couvertes par le CREDIT LYONNAIS. Et c'est moi qui à l'époque ça a été reconnu par toutes les autorités de la République ai dit : maintenant on doit mettre à jour l'ensemble des modalités de gestion de cette banque.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Est-ce que Bernard TAPIE a raison aujourd'hui de réclamer justice pour un préjudice important qu'il a subi aussi ?
MICHEL SAPIN
La justice est en train de travailler sur le sujet
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Non mais la réponse, réponse.
MICHEL SAPIN
La justice travaille sur le sujet, je ne vais pas me substituer à la justice, mais il y a une chose qui est certaine c'est que la procédure qui a été utilisée, qui a été choisie qui est celle de l'arbitrage, a été une procédure défavorable à l'Etat. Et il serait tout à fait légitime de remettre en cause cette procédure
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Et de récupérer
MICHEL SAPIN
Qui a été défavorable à l'Etat, c'est-à-dire défavorable à chacun des contribuables français.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Vous savez que Gilles CARREZ a utilisé cette formule :
GILLES CARREZ
Je trouve assez cocasse que bon ! L'Etat aujourd'hui dirigé par les socialiste demande réparation pour des faits qui ont été commis, il y a 20 ans, par l'Etat dirigé également à l'époque par des socialistes et parfois les mêmes.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Michel SAPIN, réponse.
MICHEL SAPIN
La décision qui a été prise par Nicolas SARKOZY d'un arbitrage en faveur de monsieur TAPIE, elle ne date pas de 1992, elle date d'il y a quelques années. Et c'est celle-là qui doit être mise en cause.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Donc vous confirmez que c'est une vraie bataille politique ?
MICHEL SAPIN
Non.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Mais c'en est une.
MICHEL SAPIN
Ce n'est pas une bataille politique, si on voit du point de vue politique, ça n'a aucun intérêt. La défense de l'intérêt de l'Etat, la défense de l'intérêt des contribuables, c'est peut-être de la politique source : Service d'information du Gouvernement, le 3 juin 2013