Texte intégral
JEAN-JACQUES BOURDIN
Michel SAPIN, revenons d'abord sur ce qui s'est passé à Villeneuve-sur-Lot, est-ce que le Front républicain a encore un sens ?
MICHEL SAPIN
Je n'aime pas trop le terme de Front républicain parce que ça peut donner le sentiment d'une alliance, or il ne s'agit pas de cela. Il s'agit de savoir ce qui est important, est-ce que ce sont les valeurs républicaines ou est-ce que ce sont les valeurs qui sont portées par d'autres et qui sont totalement antinomiques avec les valeurs républicaines, que sont celles du Front national. Donc, que l'on dise le rassemblement de ceux qui ont en commun ces grandes valeurs, fondamentales, de la démocratie, de l'Europe, oui, mais Front républicain, je le répète, ça donne le sentiment, on a connu ça dans l'Histoire
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ça ne veut plus rien dire.
MICHEL SAPIN
Je ne l'utilise pas, nous l'utilisons d'ailleurs peu, il est plus utilisé par la presse pour le décrire, que par les acteurs eux-mêmes, par contre que, évidemment, lorsqu'il y a à choisir entre un candidat du Front national et un autre candidat républicain on fasse le choix du candidat républicain, ça me paraît
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous auriez voté Jean-Louis COSTES ?
MICHEL SAPIN
Ça me paraît tellement naturel
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous auriez voté Jean-Louis COSTES ?
MICHEL SAPIN
Evidemment, et ça me paraît tellement naturel, que ce n'est même pas la peine de le dire.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Michel SAPIN, c'est toujours la peine de le dire, de dire les choses. Michel SAPIN, tout de même, +7100 voix entre les deux tours pour le candidat du Front national, j'ajoute beaucoup de bulletins nuls, moins d'abstentions, mais beaucoup de bulletins exprimés mais
MICHEL SAPIN
Encore beaucoup d'abstentions.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, mais de bulletins exprimés, ni pour l'un, ni pour l'autre. Ça veut dire quoi ? Ça veut dire que beaucoup d'électeurs de gauche n'ont pas fait le choix, justement, du candidat UMP. Ou même ont fait le choix du Front national.
MICHEL SAPIN
Dans cette circonscription-là, vous avez deux phénomènes qui se cumulent. Un premier phénomène, c'est la situation politique nationale, on ne peut pas dire qu'aujourd'hui il y ait une poussée en faveur de la gauche au pouvoir, les difficultés, le moment, et je comprends tout à fait que les Français de gauche puissent s'interroger, et donc ne se mobilisent pas, ils ne se sont pas mobilisés. Et puis il y a un deuxième phénomène, qui est quand même caractéristique de cette circonscription, c'est que s'il y a eu une élection, c'est que le député sortant, qui était en l'occurrence ministre, a failli, et a failli gravement. Et quand vous avez un tel choc, nous nous l'avons ressenti comme un choc au niveau du gouvernement, mais dans la circonscription, ceux qui ont cru en lui, ceux qui ont cru en CAHUZAC pendant des années et des années, qui l'avaient porté si haut d'ailleurs aux dernières élections législatives, il avait fait plus de 60%, vous vous rendez compte le coup de massue ? Vous vous rendez compte la déception ? Je comprends que certains d'entre eux ont préféré rester à la maison.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, ou voté pour le Front national.
MICHEL SAPIN
Non, je ne suis pas sûr on n'est pas capable de faire le décompte des uns et des autres.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Non, mais parce qu'il y a l'électorat il faudra regarder, l'électorat dit populaire, les classes, ceux qui souffrent dans leur quotidien, qui sont attirés, forcément, et ils viennent souvent des milieux les plus modestes, c'est une partie de votre électorat Michel SAPIN.
MICHEL SAPIN
Mais ça je n'en sais rien, je ne suis pas sûr de ça.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous n'en savez rien ?
MICHEL SAPIN
Mais non, pas vous non plus.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Non.
MICHEL SAPIN
Vous n'êtes pas dans l'urne.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Non.
MICHEL SAPIN
Vous ne savez pas qui met quoi
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais je les entends.
MICHEL SAPIN
Bien sûr, moi aussi je les entends.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous aussi.
MICHEL SAPIN
Mais bien sûr je les entends, et je les vois plutôt aujourd'hui me dire, je suis déçu, donc je ne me déplace pas.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Michel SAPIN quand même, Lionel JOSPIN est au pouvoir, que se passe-t-il ? Le Front national est qualifié pour le second tour. François HOLLANDE est au pouvoir, que se passe-t-il maintenant ? De plus en plus souvent le Front national est qualifié pour le second tour. Ça veut dire quoi ? Ça veut dire que quand le PS est au pouvoir, le Front national est au second tour ?
MICHEL SAPIN
Ce raccourci est tentant.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Le raccourci n'est pas tentant, il est réel.
MICHEL SAPIN
Si, il est tentant, mais vous savez bien qu'il est caricatural. Qu'est-ce qui se passe lorsque la gauche est au pouvoir ? Je vois aussi une droite qui change de langage, et qui prend un langage qui est un langage qui, pour une certaine partie de la droite, se rapproche de plus en plus du langage du Front national. Et donc, lorsque la gauche est au pouvoir, une partie de la droite se radicalise, et par-là même donne une forme de valeur républicaine à des propositions qui ne le sont pas. C'est pour ça que
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous voulez dire par là que l'UMP, aujourd'hui, valide les idées du Front national ?
MICHEL SAPIN
Je ne dirai pas l'UMP dans son ensemble, mais une partie de l'UMP. Je prends aujourd'hui, disons les choses, Jean-François COPE, par les mots qu'il utilise, par la violence des termes qu'il utilise, valide en partie les idées du Front national. Il croit les combattre en utilisant les mêmes mots, en utilisant les mêmes thèmes, mais il valide les idées et les propositions du Front national. On a connu ça à chaque fois, dans l'Histoire, depuis 30 ans, à chaque fois dans l'Histoire on l'a connu ainsi. C'est une erreur grave. Et de ce point de vue-là d'autres à droite ne font pas cette erreur, et critiquent Jean-François COPE pour le faire.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous pensez à qui ?
MICHEL SAPIN
D'autres à droite, que ce soit au centre
JEAN-JACQUES BOURDIN
François FILLON ?
MICHEL SAPIN
Ou que ce sont, ou que ce soit Francois FILLON, n'ont pas la même attitude, et c'est eux qui ont raison, et c'est COPE qui a tort.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Et Arnaud MONTEBOURG qui accusé José-Manuel BARROSO, le président de la Commission européenne, d'être le carburant du Front national, il a raison ou il a tort ?
MICHEL SAPIN
Il faut toujours faire attention aux termes, surtout par rapport à quelqu'un qui est aujourd'hui en fonctions. Mais ce qui est certain
JEAN-JACQUES BOURDIN
Il a raison ou il a tort ?
MICHEL SAPIN
J'entendais monsieur JUPPE dire que monsieur BARROSO était archaïque, qu'il parlait un langage d'un autre temps, c'était dans la bouche de monsieur JUPPE. Je suis ministre, je ne parlerais pas comme cela, parce que monsieur BARROSO est un responsable
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, le président.
MICHEL SAPIN
Le président de la Commission, avec lequel nous avons à discuter, à débattre et à passer des compromis. Mais il faut que, au niveau européen, chacun fasse très attention.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais il a raison ou tort, Arnaud MONTEBOURG ?
MICHEL SAPIN
Au niveau européen, que chacun fasse très attention. Lorsque la Commission dit à la France, il faut réduire les déficits, elle a raison. Lorsque la Commission rappelle qu'il faut aller le plus vite possible vers 3% de déficit, elle a raison. Mais quand la Commission écrit, noir sur blanc, des mesures extrêmement précises, que la France devrait, de son point de vue, prendre, elle a tort. C'est à la France, c'est à chaque pays, démocratique, souverain, sous l'autorité d'un président de la République élu, et d'un Parlement élu, c'est à la France de prendre les décisions concrètes.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais vous lui avez dit à monsieur BARROSO qu'il avait tort ?
MICHEL SAPIN
Moi je ne le rencontre pas tous les jours.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Non non, mais le gouvernement l'a dit ? Le président de la République le lui a dit ?
MICHEL SAPIN
Il m'a semblé que le président de la République avait dit quelque chose, justement dans le sens de ce que je viens de décrire. La Commission doit montrer une direction, elle est dans son rôle, elle n'est pas là pour détailler la vie de chacun de nos pays d'Europe. Si on veut redonner du sens
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc la Commission est le carburant du Front national ?
MICHEL SAPIN
Si on veut redonner du sens à l'idée européenne
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous êtes d'accord avec Arnaud MONTEBOURG.
MICHEL SAPIN
Je n'ai pas à être d'accord ou pas d'accord, donc vous me pousserez jusqu'au bout, mais je ne vous répondrai pas.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Je vous pousserai jusqu'au bout parce que c'est un résumé très fort, très engagé, d'un ministre, comme vous.
MICHEL SAPIN
C'est un résumé très engagé, qui a son sens, mais je vais le dire à ma manière, parce que je ne suis pas dans les mots
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, j'ai compris, vous n'êtes pas Arnaud MONTEBOURG.
MICHEL SAPIN
Voilà, je ne suis pas Arnaud MONTEBOURG et je ne suis pas dans les mots qui pourraient, à un moment donné, être considérés comme blessants, mais la vérité est celle-là. Si l'on veut que l'Europe ait un sens, si on veut que l'Europe soit de nouveau un élément d'espoir et non pas un élément de contraintes, il faut que chacun se respecte. Respecter la Commission lorsqu'elle est dans son rôle, et que la Commission respecte chacun des pays lorsqu'elle prend
JEAN-JACQUES BOURDIN
L'élection européenne c'est dans 1 an, on est d'accord, il y a évidemment la menace de tous les partis qui rejettent l'Europe que vous voulez, Europe presque fédérale
MICHEL SAPIN
Une Europe forte, une Europe qui construit.
JEAN-JACQUES BOURDIN
J'ai dit un gros mot ou quoi ?
MICHEL SAPIN
Non non, ce n'est pas un gros mot, mais il peut y avoir des débats là-dessus.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ah bon !
MICHEL SAPIN
Chaque mot a un sens.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Je le sais, je le fais volontairement.
MICHEL SAPIN
Non, mais une Europe forte, une Europe qui construit l'avenir, une Europe qui apporte des solutions, au lieu d'être perçue par chacun des Français comme étant une Europe des problèmes, voilà ce qu'il faut redonner comme souffle à l'Europe.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais alors où elle est l'Europe de la relance, la politique de relance en Europe ?
MICHEL SAPIN
Mais c'est ce que nous faisons, c'est que
JEAN-JACQUES BOURDIN
Où est-ce que vous faites ?
MICHEL SAPIN
C'est ce que le président de la République, François HOLLANDE, à chaque sommet, il va le refaire encore à la fin de cette semaine, à chaque sommet demande, exige
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais qu'est-ce qu'il va dire à la fin de la semaine ?
MICHEL SAPIN
Eh bien justement, des décisions seront prises, qui seront des décisions de relance
JEAN-JACQUES BOURDIN
Lesquelles ?
MICHEL SAPIN
Des décisions de soutien vous voulez que je prenne un exemple ?
JEAN-JACQUES BOURDIN
Allez-y.
MICHEL SAPIN
Il y a aujourd'hui, en Europe, plus de 26% de jeunes de moins de 25 ans au chômage, globalement.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, globalement.
MICHEL SAPIN
Il y a des pays, en Europe, où il y a 30%, 40%, 50%, en Grèce, 60% des jeunes de moins de 25 ans qui sont au chômage, c'est insupportable, mais ce n'est pas insupportable pour le pays, c'est insupportable pour l'idée européenne, et donc à la fin de cette semaine
JEAN-JACQUES BOURDIN
Alors qu'est-ce que vous allez demander à l'Europe ?
MICHEL SAPIN
Ce que nous demandons, ce que j'ai construit avec ma collègue allemande, ce que nous avons construit avec l'Espagne et avec l'Italie, ce que nous proposons à l'Union européenne, ce que le président de la République va proposer, c'est ce plan jeunes pour que, au niveau européen on dégage des milliards, plusieurs milliards
JEAN-JACQUES BOURDIN
Combien ?
MICHEL SAPIN
Il y a 6 milliards sur la table, tout de suite, il faut que ces 6 milliards soient utilisés
JEAN-JACQUES BOURDIN
Pour toute l'Europe, c'est faible.
MICHEL SAPIN
Eh bien toute l'Europe, sur 6 ans, ce n'est pas possible, parce que lutter contre le chômage des jeunes ce n'est pas pour 2019, c'est pour tout de suite, donc faisons en sorte que ces 6 milliards puissent être mis dès maintenant, là, là, dès le 1er juillet, puissent être mis au profit des politiques menées dans chacun des pays, mais en faveur de l'emploi des jeunes. En France ce sont les Emplois d'Avenir, c'est le Contrat de Génération, et bien d'autres politiques en faveur de l'emploi des jeunes. C'est comme cela qu'on redonnera du sens à l'Europe, il faut une Europe qui soit efficace, qui apporte, je le répète, des solutions, au lieu de donner toujours le sentiment des contraintes, des disciplines, et à la fin du désespoir.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Tiens, parlons des jeunes, et on va s'engager sur le terrain du chômage. Les jeunes, les jeunes, qui pensent à l'avenir bien sûr, lorsqu'on les interroge en Europe, « est-ce que votre avenir est prometteur ? », vous savez ce que répondent les Français ? 27% seulement des jeunes Français pensent que leur avenir est prometteur, contre 60% des Danois, et même 32% des Espagnols, qui sont dans la panade pourtant, Michel SAPIN. Je croyais que c'était
MICHEL SAPIN
Mais où que l'on soit, je ne suis pas Danois, je ne sais pas la vérité de ces chiffres, la chose qui est certaine, c'est que dans une Europe telle que je viens de vous la décrire
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ce sont des enquêtes sérieuses.
MICHEL SAPIN
Telle que je viens de vous la décrire, la jeunesse européenne ne croit plus, ne croit plus en elle-même, le croit plus mais c'est notre boulot, c'est là qu'il faut réagir, et c'est là que nous apportons des solutions. Et quand nous disons, je vous l'ai déjà dit ici, je le répèterai plusieurs fois, c'est les Emplois d'Avenir. quand nous disons, il y a 500 000 jeunes, sans emploi, sans formation, en France, ce n'est pas supportable, donc on met en place 150 000 Emplois d'Avenir, qui leur sont réservés, à ceux-là, qui sont si loin du boulot, qui sont si loin de la formation, qui sont, au fond, si loin de la société, qui font certainement partie de ceux qui ne croient absolument en aucun avenir, on leur redonne un avenir, Emplois d'Avenir, c'est leur redonner un avenir, redonner confiance. Vous savez, je vais aller cet après-midi à Aubervilliers, en Seine-Saint-Denis, je vais voir, je ne sais plus, une dizaine de ces Emplois d'Avenir, mais ce sera comme d'habitude, mais ce sont des jeunes transformés, ce sont des jeunes qui ont dans le regard, qui ont dans leur visage, tout d'un coup une forme d'espoir, une forme de reconnaissance. Vous savez ce qu'ils me disent ? « Je n'avais plus confiance en moi, parce qu'on ne me faisait plus confiance », et là on leur fait confiance, et ils vont retrouver confiance, parce qu'on leur fait confiance.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Les chiffres du chômage pour le mois de mai ?
MICHEL SAPIN
Ils seront connus mercredi soir.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ils seront bons ?
MICHEL SAPIN
Ils ne seront pas forcément bons.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ils seront mauvais donc ?
MICHEL SAPIN
Mais je n'en sais rien, je ne les connais pas.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Comment, vous ne les connaissez pas ?
MICHEL SAPIN
Je ne les connais pas.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous avez la tendance.
MICHEL SAPIN
Non, je n'ai aucune tendance, ils paraissent mercredi soir. Mais il faut
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ils seront bons ou mauvais ?
MICHEL SAPIN
Ils seront mercredi soir.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais ils ne seront pas très bons quoi !
MICHEL SAPIN
C'est vous qui saurez s'ils sont bons ou il faut voir la tendance. La tendance est une tendance qui était une tendance et qui est une tendance à la hausse du chômage.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Là donc on va continuer
MICHEL SAPIN
Ecoutez-moi jusqu'au bout.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Allez-y.
MICHEL SAPIN
Moi je ne suis pas là pour manipuler les chiffres.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Allez-y, allez-y, non non
MICHEL SAPIN
On ne manie pas, on ne joue pas avec les chiffres
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ça je suis d'accord.
MICHEL SAPIN
En plus, là aussi je vous l'ai dit, derrière les chiffres c'est des personnes, et ce sont des personnes qui sont en grande difficulté.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Je suis d'accord.
MICHEL SAPIN
Donc moi je n'aime pas les gens qui disent, on manipule, on trafique, non, on ne trafique pas les gens, les gens ils sont là, ils sont dans la difficulté, ils recherchent un espoir, on vient de le dire. Donc la tendance est une tendance à la hausse, mais moi je vois qu'il y a un certain nombre de signes qui sont des signes positifs. Quand l'intérim reprend, en France, et depuis 3 mois il reprend, c'est qu'il y a une reprise d'activité. Lorsque c'est des chiffres de la COS (phon), c'est un organisme auquel les entreprises font des déclarations d'embauches, lorsque je vois que le chiffre des déclarations d'embauches augmente, je me dis qu'il se passe quelque chose dans notre société. Personne ne veut le voir, parce que, je le comprends, c'est tellement dur, depuis 5 ans le chômage ne cesse d'augmenter, donc tout le monde est pessimiste, tout le monde est dans cette forme de pessimisme global, personne ne veut voir ces chiffres, moi je les vois ces chiffres, et je n'en fais pas pour autant, aujourd'hui, bien entendu la moindre victoire, mais je vois ces chiffres. Et je veux, et c'est ce que nous ferons, même si le chômage
JEAN-JACQUES BOURDIN
Et nous verrons ça à la rentrée, si j'ai bien compris.
MICHEL SAPIN
Même si le chômage continue à augmenter au cours de l'été, je veux effectivement qu'à la fin de cette année, et nous y arriverons, la courbe du chômage s'inverse, pour redonner de la confiance et de l'espoir.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc ça va continuer à augmenter, là, évidemment, sur le mois de mai
MICHEL SAPIN
Mais vous verrez, vous ferez le commentaire jeudi matin
JEAN-JACQUES BOURDIN
Juin, juillet, août mais oui, non, mais, Michel SAPIN, vous savez bien que ça va, mais bon, c'est comme ça, c'est la tendance d'ailleurs
MICHEL SAPIN
Si, c'est grave, vous alliez dire : ce n'est pas grave
JEAN-JACQUES BOURDIN
Si c'est grave, ah, ah, volontairement, je vous provoque !
MICHEL SAPIN
Non, c'est grave, mais non, c'est grave, et vous me provoquez, mais c'est grave
JEAN-JACQUES BOURDIN
Volontairement. Alors
MICHEL SAPIN
Parce que, à chaque fois que quelqu'un est au chômage en plus, c'est de la désespérance en plus
JEAN-JACQUES BOURDIN
Eh bien oui
MICHEL SAPIN
Et à chaque fois que le chômage dure, ce sont des chômeurs de longue durée, oui, mais on ne reste pas les bras ballants par rapport à cela, vous ne m'avez pas posé la question, mais j'entends certains dire : il y a un programme caché pour lutter contre le chômage
JEAN-JACQUES BOURDIN
Non, non, non, non, attendez, voilà, on va entrer dans le détail !
MICHEL SAPIN
Eh bien, mon programme, il n'a rien de caché
JEAN-JACQUES BOURDIN
Eh bien, on va entrer dans le détail, c'est quoi, l'un des programmes cachés, c'est ce que dit l'opposition, c'est ce que disent beaucoup, vous annoncez un plan destiné à pourvoir les offres d'emploi non satisfaites, c'est ça l'idée
MICHEL SAPIN
C'est quand même une belle idée, non ?
JEAN-JACQUES BOURDIN
Non, non, mais attendez, je ne dis pas que d'abord, combien d'offres
MICHEL SAPIN
Il n'y a pas besoin de se cacher
JEAN-JACQUES BOURDIN
Combien d'offres non satisfaites ?
MICHEL SAPIN
Personne ne le sait vraiment
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ah, oui, on ne sait pas ?
MICHEL SAPIN
Eh bien oui, non, personne ne le sait vraiment
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ça peut être difficile à chiffrer
MICHEL SAPIN
C'est difficile à chiffrer. Personne ne le sait vraiment
JEAN-JACQUES BOURDIN
On est d'accord.
MICHEL SAPIN
Et c'est pour ça que moi, je veux être dans le concret, je ne veux pas être dans les chiffres qu'on jette, parce que, à un moment donné, la droite disait : il y a 500.000 emplois non pourvus, l'ANPE a fait pardon, Pôle Emploi a fait un travail un peu précis, arrive aux alentours de 100.000 emplois qui n'auraient pas été pourvus au cours du dernier trimestre, moi, ce que je veux, c'est être concret, donc là, au mois de juillet, et c'est une des décisions décisions prises à la grande conférence de jeudi et vendredi derniers, au mois de juillet, nous allons faire un recensement précis avec les filières, les patrons, dans les filières avec Pôle Emploi qui connaît, avec les missions locales, avec les syndicats, nous allons faire un recensement, filière par filière, métier par métier, région par région, et à ceux-là, à ces vrais emplois vacants, nous allons essayer de permettre de trouver quelqu'un qui est au chômage, et qui ne demande qu'une seule chose, c'est à retravailler, simplement, il lui manque quoi ? La qualification qui lui permet d'occuper cet emploi, c'est quand même, c'est vrai que c'est extrêmement choquant
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc la formation, de la formation, donc recensement
MICHEL SAPIN
Mais vos auditeurs, ils disent : voilà, je suis sûr qu'il y en a qui appellent en disant : j'ai un emploi, je ne trouve personne
JEAN-JACQUES BOURDIN
Moi, j'aime le concret, Michel SAPIN
MICHEL SAPIN
Je cherche un emploi, je cherche quelqu'un, je ne le trouve pas, et il y a des chômeurs
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, mais sans arrêt, j'ai ça, sans arrêt
MICHEL SAPIN
Oui, sans arrêt, mais le chômeur, il n'a pas forcément la bonne position, la bonne formation. Nous allons offrir 30.000 formations
JEAN-JACQUES BOURDIN
40
MICHEL SAPIN
A des chômeurs, 30 là, là ! On fait le recensement en juillet, et au mois de septembre, on met en place un programme de 30.000 formations
JEAN-JACQUES BOURDIN
La formation
MICHEL SAPIN
Pour des gens, des chômeurs, en chair et en os, qui recherchent un emploi et qui n'ont pas
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais dites-moi, ces chômeurs en formation ne seront plus comptabilisés
MICHEL SAPIN
Peut-être et alors !
JEAN-JACQUES BOURDIN
Dans les chiffres du chômage.
MICHEL SAPIN
Et alors ?
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ça fera baisser les chiffres
MICHEL SAPIN
Et on arrête ? Et on ne fait pas de formations ?
JEAN-JACQUES BOURDIN
Non, non, non, mais ça fait baisser les chiffres du chômage !
MICHEL SAPIN
Bon, voilà, non, mais ça m'amuse toujours ça
JEAN-JACQUES BOURDIN
Michel SAPIN
MICHEL SAPIN
Eh bien, quand il y a des emplois en plus, ça fait baisser les chiffres du chômage, eh bien, tant mieux, s'il y a des emplois en plus, s'il y a de la formation en plus
JEAN-JACQUES BOURDIN
Des emplois, formation
MICHEL SAPIN
Ah mais oui, mais formation avec un emploi en face, ce n'est pas
JEAN-JACQUES BOURDIN
Avec un emploi
MICHEL SAPIN
Non, non, non, écoutez-moi
JEAN-JACQUES BOURDIN
Voilà
MICHEL SAPIN
Je vous ai dit : on repère les emplois vacants, là, il y en a un qui manque, il y a un chaudronnier qui est recherché dans une usine d'aéronautique, vous le savez ça
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, oui
MICHEL SAPIN
On sort du Bourget, enfin, bon
JEAN-JACQUES BOURDIN
On manque beaucoup de chaudronniers, oui, c'est vrai
MICHEL SAPIN
Ils cherchent des chaudronniers ça s'appelle des chaudronniers
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais oui, je sais
MICHEL SAPIN
Bon, ça fait un peu vieux comme terme
JEAN-JACQUES BOURDIN
Non, pas du tout
MICHEL SAPIN
Mais c'est un métier extrêmement moderne
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais non, mais moi, je suis
MICHEL SAPIN
Extrêmement moderne
JEAN-JACQUES BOURDIN
Et on en manque
MICHEL SAPIN
C'est un métier extrêmement qualifié, eh bien, on en manque, il manque
JEAN-JACQUES BOURDIN
Comme dans la restauration, sans cesse, j'entends des restaurateurs d'hôtellerie nous dire : on n'a pas de main d'oeuvre
MICHEL SAPIN
Oui, il y a en face des gens qui ont perdu ou qui risquent de perdre leur emploi dans l'automobile, et ce n'est pas exactement le métier on a l'impression que c'est la même chose la carrosserie et la chaudronnerie
JEAN-JACQUES BOURDIN
Formation
MICHEL SAPIN
Formation, donc c'est un vrai emploi qui est vacant, c'est un vrai chômeur qui cherche de l'emploi, et c'est la formation qui permet d'y répondre, ce n'est pas du stage parking ça !
JEAN-JACQUES BOURDIN
Alors combien ça va coûter ?
MICHEL SAPIN
On est en train de regarder, là aussi, mois de juillet, on va regarder combien ça coûte, ça sera aux alentours de 150 millions et on va essayer de faire en sorte que tout le monde
JEAN-JACQUES BOURDIN
Et qui va financer ?
MICHEL SAPIN
Que tout le monde s'y mette, que les partenaires sociaux, ceux qui gèrent les fonds de la formation professionnelle, c'est aussi fait pour ça les fonds de la formation professionnelle, pour permettre à quelqu'un qui recherche un emploi de trouver cet emploi, pour permettre à un employeur d'avoir le salarié qui correspond à ses besoins. Donc la formation professionnelle, les fonds de la formation professionnelle
JEAN-JACQUES BOURDIN
On va en parler
MICHEL SAPIN
Les régions qui ont aussi comme tâche d'aider les chômeurs à se former, et l'Etat, qui mettra aussi la main à sa poche
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc 150 millions d'euros pour ces 30.000 emplois
MICHEL SAPIN
Et ça permettra de mettre en place un bon programme, qui n'est pas du stage parking, ce n'est pas fait pour sortir
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ça, j'ai compris, oui, c'est vraiment des emplois
MICHEL SAPIN
Vous avez compris ? Vrais emplois, vrais chômeurs
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vrais emplois, vrais chômeurs
MICHEL SAPIN
On trouve des solutions, c'est du concret ça !
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, bon, réforme de la formation professionnelle justement, quand ?
MICHEL SAPIN
Alors, on la lance, là, c'est une des décisions prises à la grande conférence, mais ça, c'est la réforme moyen/long terme
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, moyen/long terme
MICHEL SAPIN
Parce que là, on le fait dans l'urgence
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ça, j'ai compris, ça, sur les emplois à pourvoir dans l'immédiat
MICHEL SAPIN
Mais il vaudrait mieux qu'on n'ait pas à faire les choses dans l'urgence. Oui, mais il vaudrait mieux qu'on n'ait pas à le faire dans l'urgence. Il vaudrait mieux que d'une manière de naturelle
JEAN-JACQUES BOURDIN
Exactement
MICHEL SAPIN
D'une manière qui se reconduit chaque mois, chaque année, la formation professionnelle soit plus ajustée à la situation d'aujourd'hui. Et je vais vous dire les choses très simplement, vous savez de quand date cette très belle politique de formation professionnelle en France ? De 1971, c'est une loi qu'on appelait la loi DELORS, parce que Jacques DELORS était le conseiller de Jacques CHABAN-DELMAS, Premier ministre à l'époque. Et à l'époque, il n'y avait pas de chômeurs. Et donc la formation professionnelle, elle était tournée uniquement et c'était normal vers les salariés qui avaient des postes, et aujourd'hui, on a plus de trois millions de chômeurs. On a presque cinq millions de gens qui cherchent un emploi. Il faut donc que la formation professionnelle soit d'abord et avant toute chose tournée vers ceux qui cherchent un emploi. Eh bien, c'est ça la grande reconversion qu'il faut mettre en place
JEAN-JACQUES BOURDIN
Quand ?
MICHEL SAPIN
Alors ça se lance à partir de maintenant, là, dans quelques jours, je vais saisir les partenaires sociaux, il faut que vous le sachiez, vous le savez, la moitié de l'argent qui va à la formation professionnelle
JEAN-JACQUES BOURDIN
Combien ? 32 milliards d'euros, dit-on ?
MICHEL SAPIN
Ça, c'est le total, oui
JEAN-JACQUES BOURDIN
C'est le total, le total
MICHEL SAPIN
Il faut faire attention à ces chiffres-là
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, parce que moi, j'ai vu ces chiffres
MICHEL SAPIN
Parce qu'il y a de tout, voilà, si jamais, vous, vous suivez une formation professionnelle, en vous payant vous-même votre formation professionnelle pour apprendre à parler au micro, non, vous n'en avez pas besoin, mais on peut toujours
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, non, mais on peut toujours
MICHEL SAPIN
Eh bien, celle-là est comptée dans les 32 milliards, donc voilà, juste, je laisse ça de côté. Non, il y a la moitié de cette somme qui est gérée par les partenaires sociaux. C'est déjà beaucoup
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, c'est dix milliards, quinze milliards
MICHEL SAPIN
C'est déjà une grosse somme. Donc il faut que ce soient les partenaires sociaux, c'est les patrons et les syndicats qui négocient une réforme de la formation professionnelle
JEAN-JACQUES BOURDIN
Et la réforme, ça va être quoi en gros ?
MICHEL SAPIN
Eh bien, c'est qui a besoin de la formation professionnelle aujourd'hui ? Les jeunes, les 500 millions-là (sic) les 500.000, pardon. Il faut qu'ils aient des millions justement pour leur permettre d'être mieux formés. Nous le faisons avec les emplois d'avenir, mais il faut le faire de manière pérenne. Ce sont les chômeurs qui recherchent un emploi, et de même que de l'autre côté, les entreprises qui recherchent des salariés, il faut une formation qui soit tournée vers les chômeurs, et ce sont
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais les chômeurs sont déjà formés, non ?
MICHEL SAPIN
Non, ils sont très peu
JEAN-JACQUES BOURDIN
Très peu ?
MICHEL SAPIN
Beaucoup mais trop peu
JEAN-JACQUES BOURDIN
Insuffisamment ?
MICHEL SAPIN
Mais ce n'est pas qu'ils soient insuffisamment en terme de qualité, c'est insuffisamment en terme de nombre
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, de nombre.
MICHEL SAPIN
Et tellement tard, ils attendent, ils attendent, ils attendent, ils attendent, avant parce qu'il n'y a pas assez d'argent, parce que l'argent est orienté vers d'autres domaines. Donc il faut réorienter l'argent de ce côté-là. Et puis, il y a aussi très attention à cela les salariés dans les entreprises, mais qui ont une faible qualification, ceux-là, c'est les premiers qui font les frais de la moindre difficulté dans l'entreprise, c'est les premiers licenciés. Donc il faut aussi penser à eux, et il faut aussi leur permettre d'acquérir une meilleure formation, voilà concrètement
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc la réforme concrètement ?
MICHEL SAPIN
Lancée, là, je l'ai saisie
JEAN-JACQUES BOURDIN
Là ?
MICHEL SAPIN
Là, dans quelques jours
JEAN-JACQUES BOURDIN
Et à l'Assemblée, quand ?
MICHEL SAPIN
Le président de la République a souhaité qu'une loi soit déposée avant la fin de l'année, et la grande réforme de la formation professionnelle, elle sera votée dans les semaines qui suivront. Voyez qu'on est concret, on agit
JEAN-JACQUES BOURDIN
En 2014, début 2014
MICHEL SAPIN
On n'est pas là seulement pour compter les chômeurs.Source : Service d'information du Gouvernement, le 24 juin 2013
Michel SAPIN, revenons d'abord sur ce qui s'est passé à Villeneuve-sur-Lot, est-ce que le Front républicain a encore un sens ?
MICHEL SAPIN
Je n'aime pas trop le terme de Front républicain parce que ça peut donner le sentiment d'une alliance, or il ne s'agit pas de cela. Il s'agit de savoir ce qui est important, est-ce que ce sont les valeurs républicaines ou est-ce que ce sont les valeurs qui sont portées par d'autres et qui sont totalement antinomiques avec les valeurs républicaines, que sont celles du Front national. Donc, que l'on dise le rassemblement de ceux qui ont en commun ces grandes valeurs, fondamentales, de la démocratie, de l'Europe, oui, mais Front républicain, je le répète, ça donne le sentiment, on a connu ça dans l'Histoire
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ça ne veut plus rien dire.
MICHEL SAPIN
Je ne l'utilise pas, nous l'utilisons d'ailleurs peu, il est plus utilisé par la presse pour le décrire, que par les acteurs eux-mêmes, par contre que, évidemment, lorsqu'il y a à choisir entre un candidat du Front national et un autre candidat républicain on fasse le choix du candidat républicain, ça me paraît
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous auriez voté Jean-Louis COSTES ?
MICHEL SAPIN
Ça me paraît tellement naturel
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous auriez voté Jean-Louis COSTES ?
MICHEL SAPIN
Evidemment, et ça me paraît tellement naturel, que ce n'est même pas la peine de le dire.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Michel SAPIN, c'est toujours la peine de le dire, de dire les choses. Michel SAPIN, tout de même, +7100 voix entre les deux tours pour le candidat du Front national, j'ajoute beaucoup de bulletins nuls, moins d'abstentions, mais beaucoup de bulletins exprimés mais
MICHEL SAPIN
Encore beaucoup d'abstentions.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, mais de bulletins exprimés, ni pour l'un, ni pour l'autre. Ça veut dire quoi ? Ça veut dire que beaucoup d'électeurs de gauche n'ont pas fait le choix, justement, du candidat UMP. Ou même ont fait le choix du Front national.
MICHEL SAPIN
Dans cette circonscription-là, vous avez deux phénomènes qui se cumulent. Un premier phénomène, c'est la situation politique nationale, on ne peut pas dire qu'aujourd'hui il y ait une poussée en faveur de la gauche au pouvoir, les difficultés, le moment, et je comprends tout à fait que les Français de gauche puissent s'interroger, et donc ne se mobilisent pas, ils ne se sont pas mobilisés. Et puis il y a un deuxième phénomène, qui est quand même caractéristique de cette circonscription, c'est que s'il y a eu une élection, c'est que le député sortant, qui était en l'occurrence ministre, a failli, et a failli gravement. Et quand vous avez un tel choc, nous nous l'avons ressenti comme un choc au niveau du gouvernement, mais dans la circonscription, ceux qui ont cru en lui, ceux qui ont cru en CAHUZAC pendant des années et des années, qui l'avaient porté si haut d'ailleurs aux dernières élections législatives, il avait fait plus de 60%, vous vous rendez compte le coup de massue ? Vous vous rendez compte la déception ? Je comprends que certains d'entre eux ont préféré rester à la maison.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, ou voté pour le Front national.
MICHEL SAPIN
Non, je ne suis pas sûr on n'est pas capable de faire le décompte des uns et des autres.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Non, mais parce qu'il y a l'électorat il faudra regarder, l'électorat dit populaire, les classes, ceux qui souffrent dans leur quotidien, qui sont attirés, forcément, et ils viennent souvent des milieux les plus modestes, c'est une partie de votre électorat Michel SAPIN.
MICHEL SAPIN
Mais ça je n'en sais rien, je ne suis pas sûr de ça.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous n'en savez rien ?
MICHEL SAPIN
Mais non, pas vous non plus.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Non.
MICHEL SAPIN
Vous n'êtes pas dans l'urne.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Non.
MICHEL SAPIN
Vous ne savez pas qui met quoi
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais je les entends.
MICHEL SAPIN
Bien sûr, moi aussi je les entends.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous aussi.
MICHEL SAPIN
Mais bien sûr je les entends, et je les vois plutôt aujourd'hui me dire, je suis déçu, donc je ne me déplace pas.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Michel SAPIN quand même, Lionel JOSPIN est au pouvoir, que se passe-t-il ? Le Front national est qualifié pour le second tour. François HOLLANDE est au pouvoir, que se passe-t-il maintenant ? De plus en plus souvent le Front national est qualifié pour le second tour. Ça veut dire quoi ? Ça veut dire que quand le PS est au pouvoir, le Front national est au second tour ?
MICHEL SAPIN
Ce raccourci est tentant.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Le raccourci n'est pas tentant, il est réel.
MICHEL SAPIN
Si, il est tentant, mais vous savez bien qu'il est caricatural. Qu'est-ce qui se passe lorsque la gauche est au pouvoir ? Je vois aussi une droite qui change de langage, et qui prend un langage qui est un langage qui, pour une certaine partie de la droite, se rapproche de plus en plus du langage du Front national. Et donc, lorsque la gauche est au pouvoir, une partie de la droite se radicalise, et par-là même donne une forme de valeur républicaine à des propositions qui ne le sont pas. C'est pour ça que
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous voulez dire par là que l'UMP, aujourd'hui, valide les idées du Front national ?
MICHEL SAPIN
Je ne dirai pas l'UMP dans son ensemble, mais une partie de l'UMP. Je prends aujourd'hui, disons les choses, Jean-François COPE, par les mots qu'il utilise, par la violence des termes qu'il utilise, valide en partie les idées du Front national. Il croit les combattre en utilisant les mêmes mots, en utilisant les mêmes thèmes, mais il valide les idées et les propositions du Front national. On a connu ça à chaque fois, dans l'Histoire, depuis 30 ans, à chaque fois dans l'Histoire on l'a connu ainsi. C'est une erreur grave. Et de ce point de vue-là d'autres à droite ne font pas cette erreur, et critiquent Jean-François COPE pour le faire.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous pensez à qui ?
MICHEL SAPIN
D'autres à droite, que ce soit au centre
JEAN-JACQUES BOURDIN
François FILLON ?
MICHEL SAPIN
Ou que ce sont, ou que ce soit Francois FILLON, n'ont pas la même attitude, et c'est eux qui ont raison, et c'est COPE qui a tort.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Et Arnaud MONTEBOURG qui accusé José-Manuel BARROSO, le président de la Commission européenne, d'être le carburant du Front national, il a raison ou il a tort ?
MICHEL SAPIN
Il faut toujours faire attention aux termes, surtout par rapport à quelqu'un qui est aujourd'hui en fonctions. Mais ce qui est certain
JEAN-JACQUES BOURDIN
Il a raison ou il a tort ?
MICHEL SAPIN
J'entendais monsieur JUPPE dire que monsieur BARROSO était archaïque, qu'il parlait un langage d'un autre temps, c'était dans la bouche de monsieur JUPPE. Je suis ministre, je ne parlerais pas comme cela, parce que monsieur BARROSO est un responsable
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, le président.
MICHEL SAPIN
Le président de la Commission, avec lequel nous avons à discuter, à débattre et à passer des compromis. Mais il faut que, au niveau européen, chacun fasse très attention.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais il a raison ou tort, Arnaud MONTEBOURG ?
MICHEL SAPIN
Au niveau européen, que chacun fasse très attention. Lorsque la Commission dit à la France, il faut réduire les déficits, elle a raison. Lorsque la Commission rappelle qu'il faut aller le plus vite possible vers 3% de déficit, elle a raison. Mais quand la Commission écrit, noir sur blanc, des mesures extrêmement précises, que la France devrait, de son point de vue, prendre, elle a tort. C'est à la France, c'est à chaque pays, démocratique, souverain, sous l'autorité d'un président de la République élu, et d'un Parlement élu, c'est à la France de prendre les décisions concrètes.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais vous lui avez dit à monsieur BARROSO qu'il avait tort ?
MICHEL SAPIN
Moi je ne le rencontre pas tous les jours.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Non non, mais le gouvernement l'a dit ? Le président de la République le lui a dit ?
MICHEL SAPIN
Il m'a semblé que le président de la République avait dit quelque chose, justement dans le sens de ce que je viens de décrire. La Commission doit montrer une direction, elle est dans son rôle, elle n'est pas là pour détailler la vie de chacun de nos pays d'Europe. Si on veut redonner du sens
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc la Commission est le carburant du Front national ?
MICHEL SAPIN
Si on veut redonner du sens à l'idée européenne
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous êtes d'accord avec Arnaud MONTEBOURG.
MICHEL SAPIN
Je n'ai pas à être d'accord ou pas d'accord, donc vous me pousserez jusqu'au bout, mais je ne vous répondrai pas.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Je vous pousserai jusqu'au bout parce que c'est un résumé très fort, très engagé, d'un ministre, comme vous.
MICHEL SAPIN
C'est un résumé très engagé, qui a son sens, mais je vais le dire à ma manière, parce que je ne suis pas dans les mots
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, j'ai compris, vous n'êtes pas Arnaud MONTEBOURG.
MICHEL SAPIN
Voilà, je ne suis pas Arnaud MONTEBOURG et je ne suis pas dans les mots qui pourraient, à un moment donné, être considérés comme blessants, mais la vérité est celle-là. Si l'on veut que l'Europe ait un sens, si on veut que l'Europe soit de nouveau un élément d'espoir et non pas un élément de contraintes, il faut que chacun se respecte. Respecter la Commission lorsqu'elle est dans son rôle, et que la Commission respecte chacun des pays lorsqu'elle prend
JEAN-JACQUES BOURDIN
L'élection européenne c'est dans 1 an, on est d'accord, il y a évidemment la menace de tous les partis qui rejettent l'Europe que vous voulez, Europe presque fédérale
MICHEL SAPIN
Une Europe forte, une Europe qui construit.
JEAN-JACQUES BOURDIN
J'ai dit un gros mot ou quoi ?
MICHEL SAPIN
Non non, ce n'est pas un gros mot, mais il peut y avoir des débats là-dessus.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ah bon !
MICHEL SAPIN
Chaque mot a un sens.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Je le sais, je le fais volontairement.
MICHEL SAPIN
Non, mais une Europe forte, une Europe qui construit l'avenir, une Europe qui apporte des solutions, au lieu d'être perçue par chacun des Français comme étant une Europe des problèmes, voilà ce qu'il faut redonner comme souffle à l'Europe.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais alors où elle est l'Europe de la relance, la politique de relance en Europe ?
MICHEL SAPIN
Mais c'est ce que nous faisons, c'est que
JEAN-JACQUES BOURDIN
Où est-ce que vous faites ?
MICHEL SAPIN
C'est ce que le président de la République, François HOLLANDE, à chaque sommet, il va le refaire encore à la fin de cette semaine, à chaque sommet demande, exige
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais qu'est-ce qu'il va dire à la fin de la semaine ?
MICHEL SAPIN
Eh bien justement, des décisions seront prises, qui seront des décisions de relance
JEAN-JACQUES BOURDIN
Lesquelles ?
MICHEL SAPIN
Des décisions de soutien vous voulez que je prenne un exemple ?
JEAN-JACQUES BOURDIN
Allez-y.
MICHEL SAPIN
Il y a aujourd'hui, en Europe, plus de 26% de jeunes de moins de 25 ans au chômage, globalement.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, globalement.
MICHEL SAPIN
Il y a des pays, en Europe, où il y a 30%, 40%, 50%, en Grèce, 60% des jeunes de moins de 25 ans qui sont au chômage, c'est insupportable, mais ce n'est pas insupportable pour le pays, c'est insupportable pour l'idée européenne, et donc à la fin de cette semaine
JEAN-JACQUES BOURDIN
Alors qu'est-ce que vous allez demander à l'Europe ?
MICHEL SAPIN
Ce que nous demandons, ce que j'ai construit avec ma collègue allemande, ce que nous avons construit avec l'Espagne et avec l'Italie, ce que nous proposons à l'Union européenne, ce que le président de la République va proposer, c'est ce plan jeunes pour que, au niveau européen on dégage des milliards, plusieurs milliards
JEAN-JACQUES BOURDIN
Combien ?
MICHEL SAPIN
Il y a 6 milliards sur la table, tout de suite, il faut que ces 6 milliards soient utilisés
JEAN-JACQUES BOURDIN
Pour toute l'Europe, c'est faible.
MICHEL SAPIN
Eh bien toute l'Europe, sur 6 ans, ce n'est pas possible, parce que lutter contre le chômage des jeunes ce n'est pas pour 2019, c'est pour tout de suite, donc faisons en sorte que ces 6 milliards puissent être mis dès maintenant, là, là, dès le 1er juillet, puissent être mis au profit des politiques menées dans chacun des pays, mais en faveur de l'emploi des jeunes. En France ce sont les Emplois d'Avenir, c'est le Contrat de Génération, et bien d'autres politiques en faveur de l'emploi des jeunes. C'est comme cela qu'on redonnera du sens à l'Europe, il faut une Europe qui soit efficace, qui apporte, je le répète, des solutions, au lieu de donner toujours le sentiment des contraintes, des disciplines, et à la fin du désespoir.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Tiens, parlons des jeunes, et on va s'engager sur le terrain du chômage. Les jeunes, les jeunes, qui pensent à l'avenir bien sûr, lorsqu'on les interroge en Europe, « est-ce que votre avenir est prometteur ? », vous savez ce que répondent les Français ? 27% seulement des jeunes Français pensent que leur avenir est prometteur, contre 60% des Danois, et même 32% des Espagnols, qui sont dans la panade pourtant, Michel SAPIN. Je croyais que c'était
MICHEL SAPIN
Mais où que l'on soit, je ne suis pas Danois, je ne sais pas la vérité de ces chiffres, la chose qui est certaine, c'est que dans une Europe telle que je viens de vous la décrire
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ce sont des enquêtes sérieuses.
MICHEL SAPIN
Telle que je viens de vous la décrire, la jeunesse européenne ne croit plus, ne croit plus en elle-même, le croit plus mais c'est notre boulot, c'est là qu'il faut réagir, et c'est là que nous apportons des solutions. Et quand nous disons, je vous l'ai déjà dit ici, je le répèterai plusieurs fois, c'est les Emplois d'Avenir. quand nous disons, il y a 500 000 jeunes, sans emploi, sans formation, en France, ce n'est pas supportable, donc on met en place 150 000 Emplois d'Avenir, qui leur sont réservés, à ceux-là, qui sont si loin du boulot, qui sont si loin de la formation, qui sont, au fond, si loin de la société, qui font certainement partie de ceux qui ne croient absolument en aucun avenir, on leur redonne un avenir, Emplois d'Avenir, c'est leur redonner un avenir, redonner confiance. Vous savez, je vais aller cet après-midi à Aubervilliers, en Seine-Saint-Denis, je vais voir, je ne sais plus, une dizaine de ces Emplois d'Avenir, mais ce sera comme d'habitude, mais ce sont des jeunes transformés, ce sont des jeunes qui ont dans le regard, qui ont dans leur visage, tout d'un coup une forme d'espoir, une forme de reconnaissance. Vous savez ce qu'ils me disent ? « Je n'avais plus confiance en moi, parce qu'on ne me faisait plus confiance », et là on leur fait confiance, et ils vont retrouver confiance, parce qu'on leur fait confiance.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Les chiffres du chômage pour le mois de mai ?
MICHEL SAPIN
Ils seront connus mercredi soir.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ils seront bons ?
MICHEL SAPIN
Ils ne seront pas forcément bons.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ils seront mauvais donc ?
MICHEL SAPIN
Mais je n'en sais rien, je ne les connais pas.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Comment, vous ne les connaissez pas ?
MICHEL SAPIN
Je ne les connais pas.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous avez la tendance.
MICHEL SAPIN
Non, je n'ai aucune tendance, ils paraissent mercredi soir. Mais il faut
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ils seront bons ou mauvais ?
MICHEL SAPIN
Ils seront mercredi soir.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais ils ne seront pas très bons quoi !
MICHEL SAPIN
C'est vous qui saurez s'ils sont bons ou il faut voir la tendance. La tendance est une tendance qui était une tendance et qui est une tendance à la hausse du chômage.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Là donc on va continuer
MICHEL SAPIN
Ecoutez-moi jusqu'au bout.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Allez-y.
MICHEL SAPIN
Moi je ne suis pas là pour manipuler les chiffres.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Allez-y, allez-y, non non
MICHEL SAPIN
On ne manie pas, on ne joue pas avec les chiffres
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ça je suis d'accord.
MICHEL SAPIN
En plus, là aussi je vous l'ai dit, derrière les chiffres c'est des personnes, et ce sont des personnes qui sont en grande difficulté.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Je suis d'accord.
MICHEL SAPIN
Donc moi je n'aime pas les gens qui disent, on manipule, on trafique, non, on ne trafique pas les gens, les gens ils sont là, ils sont dans la difficulté, ils recherchent un espoir, on vient de le dire. Donc la tendance est une tendance à la hausse, mais moi je vois qu'il y a un certain nombre de signes qui sont des signes positifs. Quand l'intérim reprend, en France, et depuis 3 mois il reprend, c'est qu'il y a une reprise d'activité. Lorsque c'est des chiffres de la COS (phon), c'est un organisme auquel les entreprises font des déclarations d'embauches, lorsque je vois que le chiffre des déclarations d'embauches augmente, je me dis qu'il se passe quelque chose dans notre société. Personne ne veut le voir, parce que, je le comprends, c'est tellement dur, depuis 5 ans le chômage ne cesse d'augmenter, donc tout le monde est pessimiste, tout le monde est dans cette forme de pessimisme global, personne ne veut voir ces chiffres, moi je les vois ces chiffres, et je n'en fais pas pour autant, aujourd'hui, bien entendu la moindre victoire, mais je vois ces chiffres. Et je veux, et c'est ce que nous ferons, même si le chômage
JEAN-JACQUES BOURDIN
Et nous verrons ça à la rentrée, si j'ai bien compris.
MICHEL SAPIN
Même si le chômage continue à augmenter au cours de l'été, je veux effectivement qu'à la fin de cette année, et nous y arriverons, la courbe du chômage s'inverse, pour redonner de la confiance et de l'espoir.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc ça va continuer à augmenter, là, évidemment, sur le mois de mai
MICHEL SAPIN
Mais vous verrez, vous ferez le commentaire jeudi matin
JEAN-JACQUES BOURDIN
Juin, juillet, août mais oui, non, mais, Michel SAPIN, vous savez bien que ça va, mais bon, c'est comme ça, c'est la tendance d'ailleurs
MICHEL SAPIN
Si, c'est grave, vous alliez dire : ce n'est pas grave
JEAN-JACQUES BOURDIN
Si c'est grave, ah, ah, volontairement, je vous provoque !
MICHEL SAPIN
Non, c'est grave, mais non, c'est grave, et vous me provoquez, mais c'est grave
JEAN-JACQUES BOURDIN
Volontairement. Alors
MICHEL SAPIN
Parce que, à chaque fois que quelqu'un est au chômage en plus, c'est de la désespérance en plus
JEAN-JACQUES BOURDIN
Eh bien oui
MICHEL SAPIN
Et à chaque fois que le chômage dure, ce sont des chômeurs de longue durée, oui, mais on ne reste pas les bras ballants par rapport à cela, vous ne m'avez pas posé la question, mais j'entends certains dire : il y a un programme caché pour lutter contre le chômage
JEAN-JACQUES BOURDIN
Non, non, non, non, attendez, voilà, on va entrer dans le détail !
MICHEL SAPIN
Eh bien, mon programme, il n'a rien de caché
JEAN-JACQUES BOURDIN
Eh bien, on va entrer dans le détail, c'est quoi, l'un des programmes cachés, c'est ce que dit l'opposition, c'est ce que disent beaucoup, vous annoncez un plan destiné à pourvoir les offres d'emploi non satisfaites, c'est ça l'idée
MICHEL SAPIN
C'est quand même une belle idée, non ?
JEAN-JACQUES BOURDIN
Non, non, mais attendez, je ne dis pas que d'abord, combien d'offres
MICHEL SAPIN
Il n'y a pas besoin de se cacher
JEAN-JACQUES BOURDIN
Combien d'offres non satisfaites ?
MICHEL SAPIN
Personne ne le sait vraiment
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ah, oui, on ne sait pas ?
MICHEL SAPIN
Eh bien oui, non, personne ne le sait vraiment
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ça peut être difficile à chiffrer
MICHEL SAPIN
C'est difficile à chiffrer. Personne ne le sait vraiment
JEAN-JACQUES BOURDIN
On est d'accord.
MICHEL SAPIN
Et c'est pour ça que moi, je veux être dans le concret, je ne veux pas être dans les chiffres qu'on jette, parce que, à un moment donné, la droite disait : il y a 500.000 emplois non pourvus, l'ANPE a fait pardon, Pôle Emploi a fait un travail un peu précis, arrive aux alentours de 100.000 emplois qui n'auraient pas été pourvus au cours du dernier trimestre, moi, ce que je veux, c'est être concret, donc là, au mois de juillet, et c'est une des décisions décisions prises à la grande conférence de jeudi et vendredi derniers, au mois de juillet, nous allons faire un recensement précis avec les filières, les patrons, dans les filières avec Pôle Emploi qui connaît, avec les missions locales, avec les syndicats, nous allons faire un recensement, filière par filière, métier par métier, région par région, et à ceux-là, à ces vrais emplois vacants, nous allons essayer de permettre de trouver quelqu'un qui est au chômage, et qui ne demande qu'une seule chose, c'est à retravailler, simplement, il lui manque quoi ? La qualification qui lui permet d'occuper cet emploi, c'est quand même, c'est vrai que c'est extrêmement choquant
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc la formation, de la formation, donc recensement
MICHEL SAPIN
Mais vos auditeurs, ils disent : voilà, je suis sûr qu'il y en a qui appellent en disant : j'ai un emploi, je ne trouve personne
JEAN-JACQUES BOURDIN
Moi, j'aime le concret, Michel SAPIN
MICHEL SAPIN
Je cherche un emploi, je cherche quelqu'un, je ne le trouve pas, et il y a des chômeurs
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, mais sans arrêt, j'ai ça, sans arrêt
MICHEL SAPIN
Oui, sans arrêt, mais le chômeur, il n'a pas forcément la bonne position, la bonne formation. Nous allons offrir 30.000 formations
JEAN-JACQUES BOURDIN
40
MICHEL SAPIN
A des chômeurs, 30 là, là ! On fait le recensement en juillet, et au mois de septembre, on met en place un programme de 30.000 formations
JEAN-JACQUES BOURDIN
La formation
MICHEL SAPIN
Pour des gens, des chômeurs, en chair et en os, qui recherchent un emploi et qui n'ont pas
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais dites-moi, ces chômeurs en formation ne seront plus comptabilisés
MICHEL SAPIN
Peut-être et alors !
JEAN-JACQUES BOURDIN
Dans les chiffres du chômage.
MICHEL SAPIN
Et alors ?
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ça fera baisser les chiffres
MICHEL SAPIN
Et on arrête ? Et on ne fait pas de formations ?
JEAN-JACQUES BOURDIN
Non, non, non, mais ça fait baisser les chiffres du chômage !
MICHEL SAPIN
Bon, voilà, non, mais ça m'amuse toujours ça
JEAN-JACQUES BOURDIN
Michel SAPIN
MICHEL SAPIN
Eh bien, quand il y a des emplois en plus, ça fait baisser les chiffres du chômage, eh bien, tant mieux, s'il y a des emplois en plus, s'il y a de la formation en plus
JEAN-JACQUES BOURDIN
Des emplois, formation
MICHEL SAPIN
Ah mais oui, mais formation avec un emploi en face, ce n'est pas
JEAN-JACQUES BOURDIN
Avec un emploi
MICHEL SAPIN
Non, non, non, écoutez-moi
JEAN-JACQUES BOURDIN
Voilà
MICHEL SAPIN
Je vous ai dit : on repère les emplois vacants, là, il y en a un qui manque, il y a un chaudronnier qui est recherché dans une usine d'aéronautique, vous le savez ça
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, oui
MICHEL SAPIN
On sort du Bourget, enfin, bon
JEAN-JACQUES BOURDIN
On manque beaucoup de chaudronniers, oui, c'est vrai
MICHEL SAPIN
Ils cherchent des chaudronniers ça s'appelle des chaudronniers
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais oui, je sais
MICHEL SAPIN
Bon, ça fait un peu vieux comme terme
JEAN-JACQUES BOURDIN
Non, pas du tout
MICHEL SAPIN
Mais c'est un métier extrêmement moderne
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais non, mais moi, je suis
MICHEL SAPIN
Extrêmement moderne
JEAN-JACQUES BOURDIN
Et on en manque
MICHEL SAPIN
C'est un métier extrêmement qualifié, eh bien, on en manque, il manque
JEAN-JACQUES BOURDIN
Comme dans la restauration, sans cesse, j'entends des restaurateurs d'hôtellerie nous dire : on n'a pas de main d'oeuvre
MICHEL SAPIN
Oui, il y a en face des gens qui ont perdu ou qui risquent de perdre leur emploi dans l'automobile, et ce n'est pas exactement le métier on a l'impression que c'est la même chose la carrosserie et la chaudronnerie
JEAN-JACQUES BOURDIN
Formation
MICHEL SAPIN
Formation, donc c'est un vrai emploi qui est vacant, c'est un vrai chômeur qui cherche de l'emploi, et c'est la formation qui permet d'y répondre, ce n'est pas du stage parking ça !
JEAN-JACQUES BOURDIN
Alors combien ça va coûter ?
MICHEL SAPIN
On est en train de regarder, là aussi, mois de juillet, on va regarder combien ça coûte, ça sera aux alentours de 150 millions et on va essayer de faire en sorte que tout le monde
JEAN-JACQUES BOURDIN
Et qui va financer ?
MICHEL SAPIN
Que tout le monde s'y mette, que les partenaires sociaux, ceux qui gèrent les fonds de la formation professionnelle, c'est aussi fait pour ça les fonds de la formation professionnelle, pour permettre à quelqu'un qui recherche un emploi de trouver cet emploi, pour permettre à un employeur d'avoir le salarié qui correspond à ses besoins. Donc la formation professionnelle, les fonds de la formation professionnelle
JEAN-JACQUES BOURDIN
On va en parler
MICHEL SAPIN
Les régions qui ont aussi comme tâche d'aider les chômeurs à se former, et l'Etat, qui mettra aussi la main à sa poche
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc 150 millions d'euros pour ces 30.000 emplois
MICHEL SAPIN
Et ça permettra de mettre en place un bon programme, qui n'est pas du stage parking, ce n'est pas fait pour sortir
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ça, j'ai compris, oui, c'est vraiment des emplois
MICHEL SAPIN
Vous avez compris ? Vrais emplois, vrais chômeurs
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vrais emplois, vrais chômeurs
MICHEL SAPIN
On trouve des solutions, c'est du concret ça !
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, bon, réforme de la formation professionnelle justement, quand ?
MICHEL SAPIN
Alors, on la lance, là, c'est une des décisions prises à la grande conférence, mais ça, c'est la réforme moyen/long terme
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, moyen/long terme
MICHEL SAPIN
Parce que là, on le fait dans l'urgence
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ça, j'ai compris, ça, sur les emplois à pourvoir dans l'immédiat
MICHEL SAPIN
Mais il vaudrait mieux qu'on n'ait pas à faire les choses dans l'urgence. Oui, mais il vaudrait mieux qu'on n'ait pas à le faire dans l'urgence. Il vaudrait mieux que d'une manière de naturelle
JEAN-JACQUES BOURDIN
Exactement
MICHEL SAPIN
D'une manière qui se reconduit chaque mois, chaque année, la formation professionnelle soit plus ajustée à la situation d'aujourd'hui. Et je vais vous dire les choses très simplement, vous savez de quand date cette très belle politique de formation professionnelle en France ? De 1971, c'est une loi qu'on appelait la loi DELORS, parce que Jacques DELORS était le conseiller de Jacques CHABAN-DELMAS, Premier ministre à l'époque. Et à l'époque, il n'y avait pas de chômeurs. Et donc la formation professionnelle, elle était tournée uniquement et c'était normal vers les salariés qui avaient des postes, et aujourd'hui, on a plus de trois millions de chômeurs. On a presque cinq millions de gens qui cherchent un emploi. Il faut donc que la formation professionnelle soit d'abord et avant toute chose tournée vers ceux qui cherchent un emploi. Eh bien, c'est ça la grande reconversion qu'il faut mettre en place
JEAN-JACQUES BOURDIN
Quand ?
MICHEL SAPIN
Alors ça se lance à partir de maintenant, là, dans quelques jours, je vais saisir les partenaires sociaux, il faut que vous le sachiez, vous le savez, la moitié de l'argent qui va à la formation professionnelle
JEAN-JACQUES BOURDIN
Combien ? 32 milliards d'euros, dit-on ?
MICHEL SAPIN
Ça, c'est le total, oui
JEAN-JACQUES BOURDIN
C'est le total, le total
MICHEL SAPIN
Il faut faire attention à ces chiffres-là
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, parce que moi, j'ai vu ces chiffres
MICHEL SAPIN
Parce qu'il y a de tout, voilà, si jamais, vous, vous suivez une formation professionnelle, en vous payant vous-même votre formation professionnelle pour apprendre à parler au micro, non, vous n'en avez pas besoin, mais on peut toujours
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, non, mais on peut toujours
MICHEL SAPIN
Eh bien, celle-là est comptée dans les 32 milliards, donc voilà, juste, je laisse ça de côté. Non, il y a la moitié de cette somme qui est gérée par les partenaires sociaux. C'est déjà beaucoup
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, c'est dix milliards, quinze milliards
MICHEL SAPIN
C'est déjà une grosse somme. Donc il faut que ce soient les partenaires sociaux, c'est les patrons et les syndicats qui négocient une réforme de la formation professionnelle
JEAN-JACQUES BOURDIN
Et la réforme, ça va être quoi en gros ?
MICHEL SAPIN
Eh bien, c'est qui a besoin de la formation professionnelle aujourd'hui ? Les jeunes, les 500 millions-là (sic) les 500.000, pardon. Il faut qu'ils aient des millions justement pour leur permettre d'être mieux formés. Nous le faisons avec les emplois d'avenir, mais il faut le faire de manière pérenne. Ce sont les chômeurs qui recherchent un emploi, et de même que de l'autre côté, les entreprises qui recherchent des salariés, il faut une formation qui soit tournée vers les chômeurs, et ce sont
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais les chômeurs sont déjà formés, non ?
MICHEL SAPIN
Non, ils sont très peu
JEAN-JACQUES BOURDIN
Très peu ?
MICHEL SAPIN
Beaucoup mais trop peu
JEAN-JACQUES BOURDIN
Insuffisamment ?
MICHEL SAPIN
Mais ce n'est pas qu'ils soient insuffisamment en terme de qualité, c'est insuffisamment en terme de nombre
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, de nombre.
MICHEL SAPIN
Et tellement tard, ils attendent, ils attendent, ils attendent, ils attendent, avant parce qu'il n'y a pas assez d'argent, parce que l'argent est orienté vers d'autres domaines. Donc il faut réorienter l'argent de ce côté-là. Et puis, il y a aussi très attention à cela les salariés dans les entreprises, mais qui ont une faible qualification, ceux-là, c'est les premiers qui font les frais de la moindre difficulté dans l'entreprise, c'est les premiers licenciés. Donc il faut aussi penser à eux, et il faut aussi leur permettre d'acquérir une meilleure formation, voilà concrètement
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc la réforme concrètement ?
MICHEL SAPIN
Lancée, là, je l'ai saisie
JEAN-JACQUES BOURDIN
Là ?
MICHEL SAPIN
Là, dans quelques jours
JEAN-JACQUES BOURDIN
Et à l'Assemblée, quand ?
MICHEL SAPIN
Le président de la République a souhaité qu'une loi soit déposée avant la fin de l'année, et la grande réforme de la formation professionnelle, elle sera votée dans les semaines qui suivront. Voyez qu'on est concret, on agit
JEAN-JACQUES BOURDIN
En 2014, début 2014
MICHEL SAPIN
On n'est pas là seulement pour compter les chômeurs.Source : Service d'information du Gouvernement, le 24 juin 2013