Déclaration de M. Jean-Yves Le Drian, ministre de la défense, sur la présence militaire française en Afghanistan, à Kaboul le 24 juin 2013.

Prononcé le

Intervenant(s) : 

Circonstance : Déplacement en Afghanistan, le 24 juin 2013

Texte intégral


Monsieur l’ambassadeur,
Mon général,
Officiers, sous-officiers, soldats de l’opération PAMIR,
Je suis heureux d’être avec vous à Kaboul. C’est ma cinquième venue en Afghanistan en un peu plus d’un an. Une fois de plus, je mesure la qualité du travail que vous accomplissez ici. Je pense évidemment au désengagement logistique, conduit depuis l’été dernier. Mais je pense aussi à ce que nous continuons de faire, au profit des forces afghanes. C’est aujourd’hui le sens de notre engagement au sein de la coalition. Car si elle évolue, la mission en Afghanistan continue, et je souhaite aussi le rappeler par ma venue.
Je veux d’abord féliciter tous ceux qui ont travaillé, ne comptant ni les heures ni l’énergie dépensée, pour relever le défi du désengagement de nos matériels et de nos équipements. Certains étaient présents sur le théâtre afghan depuis plus de dix ans. Cette manœuvre logistique complexe, sensible, je suis heureux de pouvoir dire qu’elle est désormais quasiment terminée, conformément au calendrier exigeant que j’étais venu partager avec vous.
Au regard du chemin parcouru, vous avez toutes les raisons d’être fiers.
Il y a un an, suite aux décisions du président de la République, et fort des résultats obtenus vis-à-vis de l’insurrection dans notre zone de responsabilité, nous préparions le transfert du district de Surobi aux Afghans. Quelques mois plus tard, juste avant Noël, c’était au tour de la province de Kapisa d’être transférée aux forces de sécurité afghanes. Enfin, nous venons de partir du camp de Warehouse – je sais que les derniers, parmi vous, l’ont quitté tout juste hier. L’adaptation de notre mission, comme le désengagement de nos matériels, ont été réalisés en bonne intelligence avec les autorités afghanes et nos alliés. Je tiens à les en remercier ici.
Le 31 décembre dernier, j’étais venu pour marquer la fin de la première étape, celle du désengagement des forces combattantes. Je reviens donc aujourd’hui pour clore cette seconde étape. Les chiffres donnent la mesure du défi qu’aura représenté le désengagement logistique : en un an, ce sont près de 2400 véhicules et containeurs [environ 1300 containeurs et 1100 véhicules à roues].
Si une partie de ces matériels a utilisé la voie aérienne, d’autres empruntent désormais les voies d’acheminement terrestres via l’Ouzbékistan, le Kazakhstan, la Russie et la Lettonie. Je m’étais personnellement impliqué dès l’été dernier pour la mise en œuvre de ces voies, et je me félicite que leur ouverture et leur combinaison permettent aujourd’hui de tenir les délais.
Pour clore cette manœuvre, il reste un ultime effort à fournir. Nous terminerons ce travail d’ici le dernier trimestre 2013, après la période des fortes chaleurs. Là encore, je sais pouvoir compter sur votre professionnalisme, votre engagement, pour le réussir sans encombre.
Au-delà du désengagement dans toutes ses formes, l’enjeu aujourd’hui est bien de préparer la suite. Notre mission en Afghanistan n’est pas terminée ; elle prend une autre forme ; elle demeure tout aussi nécessaire, et c’est ce que je suis venu vous dire. Vous en êtes pleinement conscients, c’est une période cruciale pour l’Afghanistan, et je veux que les Français sachent que nous restons engagés avec nos alliés auprès de nos amis afghans.
Notre présence reposera dans quelques jours sur un contingent d’environ 500 soldats, dont vous assurez l’ossature. Votre mission est claire : développer la coopération franco-afghane, pour inscrire dans la durée l’action que nous avons menée, et toujours faire preuve d’une solidarité sans faille avec la Coalition.
Jusqu’au bout, je veux le dire devant vous, nous resterons un allié solide et solidaire. Plusieurs de nos partenaires de la FIAS poursuivent en province leur travail aux cotés des Afghans, que ce soit dans les provinces ou comme nous, ici à Kaboul. Leur action s’inscrit ainsi dans la même dynamique de transition que nous avons réalisée en Kapisa - Surobi. Il convient donc de les soutenir, car le succès, jusqu’au bout, ne pourra être que collectif.
En parallèle, la France renforce donc, de manière progressive, sa coopération avec l’Afghanistan. Le traité d’amitié, sur lequel s’adosse désormais notre action, est au cœur de ma visite et des entretiens que je viens d’avoir avec les autorités afghanes. Ensemble, nous avons convenu d’actions concrètes. Vous en êtes les premiers acteurs. A travers vous, la France s’engage pour les années à venir.
Je tiens donc à féliciter tous ceux qui contribuent à ces actions sur le sol afghan, sous l’autorité du général ADAM, qui assure depuis le mois d’octobre 2012 à la fois le commandement de la plate-forme de KAIA et le commandement des éléments français présents en Afghanistan.
Je pense d’abord à la mission Epidote qui, depuis le début de notre engagement, se consacre à la formation des forces armées afghanes. Que ce soit auprès des officiers, des sous-officiers ou des militaires du rang, votre action est reconnue et saluée par les plus hautes autorités de l’Etat. L’enjeu est maintenant d’accompagner ceux que vous côtoyez vers une plus grande autonomie afin qu’ils puissent, à leur tour, instruire leurs frères d’armes et prendre part au développement de leur pays. Dans le cadre du traité d’amitié, nous poursuivrons cet effort dans les prochaines années
Je pense ensuite à l’hôpital militaire Role 3 de KAIA, qui participe à la fois au soutien sanitaire de la coalition et aux soins des populations afghanes. Les vies que vous avez sauvées – celles de nos soldats, celles des militaires de la coalition, celles des populations afghanes – sont le plus beau témoignage de votre engagement et de votre professionnalisme. Beaucoup en France ont en mémoire votre action, comme de nombreux habitants de Kaboul vous sont reconnaissants pour votre dévouement.
Je n’oublie pas le commandement de la plateforme aéroportuaire militaire de Kaboul, que nous assurons depuis le dernier trimestre 2012.Dans un espace multinational complexe, vous assurez la sécurité, le bon fonctionnement quotidien et le soutien des états-majors de la FIAS, mais aussi de très nombreuses entités co-localisées sur cette grande emprise. Ce travail discret mais difficile n’a qu’un seul objectif : transmettre d’ici quelques mois, dans d’excellentes conditions, le plein contrôle de l’aéroport aux Afghans. C’est un objectif ambitieux. Il doit guider votre action.
Un certain nombre d’entre vous participent aussi, au sein de la chaine de commandement de la FIAS, à la conduite des opérations et à la préparation de l’avenir. Sachez combien je suis attaché à la réussite de cette dernière étape car c’est maintenant que s’organise de manière pratique la transition. L’opération Resolute Support, qui prendra le relai de l’ISAF, ne sera pas une simple transposition de nos missions actuelles, mais bien un nouvel élan donné à nos relations tout en respectant la pleine souveraineté du peuple afghan. Nous y prendrons notre place, selon des modalités à définir et qui seront conformes aux engagements du Président de la République à Chicago, dès lors que les travaux de planification de l’Alliance auront été suffisamment précisés.
Je voudrais enfin saluer celles et ceux qui soutiennent au quotidien le contingent français. Votre travail demeure indispensable pour réussir l’ensemble des missions qui continuent d’être les nôtres et que je viens d’évoquer.
Je suis heureux de retrouver ici le professionnalisme hors pair et le dévouement sans faille de nos armées, que j’ai rencontrés sur les autres théâtres que j’ai déjà pu visiter cette année. Je pense évidemment à vos camarades engagés au Mali.
Avec la fin de ce désengagement logistique, notre présence en Afghanistan se tourne plus que jamais vers l’avenir. Vous êtes les premiers artisans de ce changement, et je suis heureux et fier de vous voir écrire ici, à Kaboul, une nouvelle page de notre engagement. La mission n’est pas terminée, elle évolue, et pour vous porter dans cette nouvelle étape, au service du peuple afghan, au service de la paix, vous pouvez compter sur la confiance de la Nation, ainsi que mon plus entier soutien.
Source http://www.defense.gouv.fr, le 25 juin 2013