Texte intégral
Q - Je voudrais demander votre réaction suite à l'accord sur la Serbie et le Kosovo.
R - Il y a un signe très positif adressé aux deux pays. Ils le méritent, leurs dirigeants font preuve de grand courage politique, y compris à l'égard de leurs populations respectives.
On est en plus sur une perspective d'engagement des négociations à moyen terme, puisqu'on a indiqué qu'au plus tard, ce serait en début d'année 2014 ; on a même dit, je crois, janvier 2014, au plus tard, ce qui n'empêche pas que l'on puisse le faire avant. En France, nous sommes très soucieux que l'on ait le même traitement, c'est-à-dire que ce soit symétrique, que l'on avance en même temps avec les mêmes exigences, les mêmes ouvertures, pour l'adhésion de la Serbie comme pour l'association du Kosovo. C'est aussi le message que j'irai donner à ces pays en septembre prochain.
Q - Est-ce qu'il y a un accord définitif pour lancer les négociations en janvier 2014 au plus tard, ou est-ce que ça pourrait changer ?
R - Je ne pense pas que cela puisse changer parce que nous avons beaucoup discuté sur la période la plus éloignée possible pour donner des éléments de souplesse à certains pays qui, comme vous le savez, ont encore des discussions à gérer d'un point de vue institutionnel dans leur propre pays, mais vous savez quels sont ces pays...
Q - Pour revenir sur le budget, les négociations sont dans l'impasse...
R - Elles ne sont pas dans l'impasse, je confirme qu'elles continuent. Il n'y a pas de blocage.
Q - Est-ce que le Conseil est prêt à répondre aux exigences du Parlement, notamment en matière de flexibilité dans l'utilisation des fonds ?
R - Je le redis, il n'y a pas de blocage, les discussions continuent. Le mandat a été renouvelé à la présidence irlandaise pour mener à bien la discussion, avec l'objectif de trouver un accord, qui, s'il était là, serait partagé par tous et qui s'il n'était pas au rendez-vous, devrait être porté au débit de chacun, de la Commission, du Conseil comme du Parlement européen. À une année des élections européennes, il n'est dans l'intérêt de personne qu'on ait un blocage institutionnel, ne serait-ce que de quelques mois, compte tenu du fait notamment que dans le cadre financier pluriannuel, il y a beaucoup d'outils au service d'une politique de l'emploi et de la relance
Donc, les contacts vont être repris à l'issue de ce rendez-vous d'aujourd'hui. Ce que je note, c'est que l'on n'est pas très loin d'un accord, s'il y a preuve de bonne volonté de part et d'autre. Il faut que les institutions se respectent dans leur jeu institutionnel.
Q - Sur la flexibilité ?
R - Sur la flexibilité, effectivement, il y a des marges, encore, on peut encore tirer un peu sur l'élastique. Il y a aussi la demande, que l'on trouve très légitime, du Parlement européen, de conforter le fonds d'aide aux plus démunis, avec une enveloppe souhaitée par le Parlement européen de 3 milliards et demi. Il y a aussi une demande de «front-loading» sur l'aspect recherche et développement. Ce n'est pas une fin de non-recevoir que l'on doit faire au Parlement sur cette question.
Certains pays font preuve de beaucoup plus d'ouverture que d'autres, c'est légitime. La France, en tout cas, est ouverte au dialogue et souhaite que nous trouvions un accord. Et c'est ce que je dirai aussi aux parlementaires à mon retour.
Q - Sur la Turquie, vous êtes content de l'accord auquel on est arrivé aujourd'hui ?
R - Pour la France, c'est l'aboutissement positif d'un changement de stratégie, qui avait été décidé en début d'année 2013, puisque c'est la France qui avait ouvert la possibilité du dialogue sur le chapitre 22. On aurait pu commencer les discussions dans les semaines qui viennent. Il a été décidé que ce serait dans quelques mois.
Ce qui est bien, c'est que l'on n'ait pas rompu le dialogue avec un partenaire stratégique, à l'égard de qui il faut avoir à la fois l'ouverture du dialogue pour un arrimage à l'Europe souhaité par ce pays, et en même temps le rappel des règles fondatrices, des principes de l'Union européenne, c'est ce que j'ai dit aussi très clairement à M. Bagis, notamment sur l'expression de la démocratie. C'est d'ailleurs l'intérêt de la Turquie que de le prendre en compte, c'est un signe qui est envoyé aux pays de l'Union européenne. Ce ne peut pas être que donnant d'un côté, c'est donnant-donnant. Là, l'Union a fait la preuve qu'elle a donné quelque chose dans les négociations aujourd'hui.
Q - Sur la Turquie, malgré tout, on a l'impression qu'on recule pour mieux sauter, qu'on ne saute jamais. On a, dans le temps, l'impression que c'est une lente agonie déguisée en résurrection ?
R - L'agonie se serait transformée en extrême onction aujourd'hui, si effectivement le Conseil affaires générales avait fermé la porte à la négociation sur le chapitre 22. Au contraire, je trouve que c'est un signe positif à l'égard d'un grand partenaire de l'Union européenne, un partenaire stratégique à qui nous disons «nous sommes capables de travailler ensemble, nous allons nous y mettre d'ici quelques mois», donc ce n'est pas une agonie, au contraire, c'est une relance de discussions (...).
Q - Mais tout de même, les désordres sur la voie publique... On ne peut pas dire que M. Erdogan ces dernières semaines donne à penser qu'il n'a peut-être pas exactement les mêmes valeurs en partage que le gouvernement turc actuel ?
R - Très clairement. Nous avons un dialogue direct, franc, y compris à l'égard de mon homologue turc que j'ai rencontré la semaine dernière. Je lui ai indiqué que nous étions ouverts pour les négociations sur le chapitre «politique régionale», mais que pour autant, les avancées se feraient seulement avec le plein respect de l'État de droit, de ce qui fonde aussi la construction européenne, de la liberté de manifester. Nous avons condamné l'usage excessif de la force, nous l'avons dit.
Le plus facile aurait peut-être été de fermer la porte, mais quelle aurait été la conséquence, y compris pour les Turcs eux-mêmes ? Je ne suis pas sûr que les gens qui manifestaient dans la rue auraient souhaité que l'Union européenne ferme la porte du dialogue entre l'Union et la Turquie.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 28 juin 2013
R - Il y a un signe très positif adressé aux deux pays. Ils le méritent, leurs dirigeants font preuve de grand courage politique, y compris à l'égard de leurs populations respectives.
On est en plus sur une perspective d'engagement des négociations à moyen terme, puisqu'on a indiqué qu'au plus tard, ce serait en début d'année 2014 ; on a même dit, je crois, janvier 2014, au plus tard, ce qui n'empêche pas que l'on puisse le faire avant. En France, nous sommes très soucieux que l'on ait le même traitement, c'est-à-dire que ce soit symétrique, que l'on avance en même temps avec les mêmes exigences, les mêmes ouvertures, pour l'adhésion de la Serbie comme pour l'association du Kosovo. C'est aussi le message que j'irai donner à ces pays en septembre prochain.
Q - Est-ce qu'il y a un accord définitif pour lancer les négociations en janvier 2014 au plus tard, ou est-ce que ça pourrait changer ?
R - Je ne pense pas que cela puisse changer parce que nous avons beaucoup discuté sur la période la plus éloignée possible pour donner des éléments de souplesse à certains pays qui, comme vous le savez, ont encore des discussions à gérer d'un point de vue institutionnel dans leur propre pays, mais vous savez quels sont ces pays...
Q - Pour revenir sur le budget, les négociations sont dans l'impasse...
R - Elles ne sont pas dans l'impasse, je confirme qu'elles continuent. Il n'y a pas de blocage.
Q - Est-ce que le Conseil est prêt à répondre aux exigences du Parlement, notamment en matière de flexibilité dans l'utilisation des fonds ?
R - Je le redis, il n'y a pas de blocage, les discussions continuent. Le mandat a été renouvelé à la présidence irlandaise pour mener à bien la discussion, avec l'objectif de trouver un accord, qui, s'il était là, serait partagé par tous et qui s'il n'était pas au rendez-vous, devrait être porté au débit de chacun, de la Commission, du Conseil comme du Parlement européen. À une année des élections européennes, il n'est dans l'intérêt de personne qu'on ait un blocage institutionnel, ne serait-ce que de quelques mois, compte tenu du fait notamment que dans le cadre financier pluriannuel, il y a beaucoup d'outils au service d'une politique de l'emploi et de la relance
Donc, les contacts vont être repris à l'issue de ce rendez-vous d'aujourd'hui. Ce que je note, c'est que l'on n'est pas très loin d'un accord, s'il y a preuve de bonne volonté de part et d'autre. Il faut que les institutions se respectent dans leur jeu institutionnel.
Q - Sur la flexibilité ?
R - Sur la flexibilité, effectivement, il y a des marges, encore, on peut encore tirer un peu sur l'élastique. Il y a aussi la demande, que l'on trouve très légitime, du Parlement européen, de conforter le fonds d'aide aux plus démunis, avec une enveloppe souhaitée par le Parlement européen de 3 milliards et demi. Il y a aussi une demande de «front-loading» sur l'aspect recherche et développement. Ce n'est pas une fin de non-recevoir que l'on doit faire au Parlement sur cette question.
Certains pays font preuve de beaucoup plus d'ouverture que d'autres, c'est légitime. La France, en tout cas, est ouverte au dialogue et souhaite que nous trouvions un accord. Et c'est ce que je dirai aussi aux parlementaires à mon retour.
Q - Sur la Turquie, vous êtes content de l'accord auquel on est arrivé aujourd'hui ?
R - Pour la France, c'est l'aboutissement positif d'un changement de stratégie, qui avait été décidé en début d'année 2013, puisque c'est la France qui avait ouvert la possibilité du dialogue sur le chapitre 22. On aurait pu commencer les discussions dans les semaines qui viennent. Il a été décidé que ce serait dans quelques mois.
Ce qui est bien, c'est que l'on n'ait pas rompu le dialogue avec un partenaire stratégique, à l'égard de qui il faut avoir à la fois l'ouverture du dialogue pour un arrimage à l'Europe souhaité par ce pays, et en même temps le rappel des règles fondatrices, des principes de l'Union européenne, c'est ce que j'ai dit aussi très clairement à M. Bagis, notamment sur l'expression de la démocratie. C'est d'ailleurs l'intérêt de la Turquie que de le prendre en compte, c'est un signe qui est envoyé aux pays de l'Union européenne. Ce ne peut pas être que donnant d'un côté, c'est donnant-donnant. Là, l'Union a fait la preuve qu'elle a donné quelque chose dans les négociations aujourd'hui.
Q - Sur la Turquie, malgré tout, on a l'impression qu'on recule pour mieux sauter, qu'on ne saute jamais. On a, dans le temps, l'impression que c'est une lente agonie déguisée en résurrection ?
R - L'agonie se serait transformée en extrême onction aujourd'hui, si effectivement le Conseil affaires générales avait fermé la porte à la négociation sur le chapitre 22. Au contraire, je trouve que c'est un signe positif à l'égard d'un grand partenaire de l'Union européenne, un partenaire stratégique à qui nous disons «nous sommes capables de travailler ensemble, nous allons nous y mettre d'ici quelques mois», donc ce n'est pas une agonie, au contraire, c'est une relance de discussions (...).
Q - Mais tout de même, les désordres sur la voie publique... On ne peut pas dire que M. Erdogan ces dernières semaines donne à penser qu'il n'a peut-être pas exactement les mêmes valeurs en partage que le gouvernement turc actuel ?
R - Très clairement. Nous avons un dialogue direct, franc, y compris à l'égard de mon homologue turc que j'ai rencontré la semaine dernière. Je lui ai indiqué que nous étions ouverts pour les négociations sur le chapitre «politique régionale», mais que pour autant, les avancées se feraient seulement avec le plein respect de l'État de droit, de ce qui fonde aussi la construction européenne, de la liberté de manifester. Nous avons condamné l'usage excessif de la force, nous l'avons dit.
Le plus facile aurait peut-être été de fermer la porte, mais quelle aurait été la conséquence, y compris pour les Turcs eux-mêmes ? Je ne suis pas sûr que les gens qui manifestaient dans la rue auraient souhaité que l'Union européenne ferme la porte du dialogue entre l'Union et la Turquie.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 28 juin 2013