Texte intégral
Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs les Ministres, Mesdames et Messieurs les Députés,
À l'heure où le chômage en Europe atteint vingt-six millions de personnes, dont cinq millions de jeunes, les objectifs de la France en vue du sommet qui se réunira demain et après-demain à Bruxelles, sont clairs : donner la priorité absolue à l'emploi et à la croissance, et poursuivre ainsi la réorientation de la construction européenne engagée il y a un an par le président de la République française. Ces objectifs se traduiront par des demandes dans trois directions.
Première direction : élaborer un plan pour l'emploi des jeunes. Parce que nous avons obtenu à Bruxelles la garantie jeunesse ou encore le fonds de 6 milliards d'euros pour l'emploi des jeunes, et parce que l'Allemagne s'est ralliée à notre cause en acceptant de faire figurer cette priorité dans l'accord franco-allemand du 30 mai dernier, nous avons demandé l'inscription d'un point spécifique à l'ordre du jour du Conseil européen concernant l'emploi des jeunes.
Nous voulons donner une impulsion significative à la mise en place urgente des 6 milliards d'euros supplémentaires prévus par le budget européen. Aussi plaiderons-nous pour une utilisation concentrée de ce budget sur les deux seules années 2014 et 2015. La France pourrait ainsi bénéficier de près de 600 millions d'euros, dont nous préparons dès aujourd'hui l'utilisation dans les territoires, en particulier les bassins d'emploi les plus touchés.
Nous voulons également promouvoir massivement la mobilité des apprentis, des jeunes travailleurs, en mobilisant les moyens du nouveau fonds Erasmus Plus, qui devraient passer de 8 à 13 milliards.
Deuxième demande : une action en faveur de la croissance. Pour développer l'emploi, nous avons besoin de dynamiser la croissance. Telle doit être la priorité de la politique économique de l'Union. C'est ce que nous avons soutenu tout au long du semestre européen. Un an après l'adoption du pacte européen pour la croissance et l'emploi, les rapports de la Commission et de la Banque européenne d'investissement en soulignent les réalisations. Au plan européen, ce sont par exemple 39 milliards d'euros de fonds qui ont été réorientés en France. L'augmentation du capital de la Banque européenne d'investissement va permettre dès cette année d'injecter 7 milliards d'euros par an pendant trois ans dans notre économie.
Ces prêts serviront à soutenir les projets innovants des entreprises, mais aussi les projets d'investissement et d'infrastructures des collectivités territoriales.
Pour aller plus loin, nous demandons un plan d'investissement pour l'Europe. Cela implique notamment la mise en place, d'ici à la fin de l'année, de nouveaux instruments au profit, cette fois-ci, des PME. Ce plan doit s'appuyer sur l'ensemble des ressources financières disponibles, notamment les instruments du prochain budget pour l'Europe tels que l'augmentation des fonds pour la recherche et l'innovation et celle de l'enveloppe des infrastructures d'interconnexion en matière d'énergie, de transport et de télécommunications.
Enfin, troisième demande : l'Union économique et monétaire (UEM). Pour la consolider, nous devons lutter contre l'évasion et la fraude fiscales, repousser la spéculation, protéger les petits épargnants et les contribuables et mettre le secteur bancaire au service de l'économie réelle. Tel est l'objet de l'union bancaire, sur laquelle nous progressons avec ténacité.
Pour que cet approfondissement de l'UEM se fasse au bénéfice de nos concitoyens, nous allons renforcer sa dimension sociale, qui a été totalement oubliée par le passé. C'est aussi une demande unanime des partenaires sociaux, qui se sont exprimés la semaine dernière à l'occasion de la table ronde sur l'Europe sociale présidée et animée par Michel Sapin.
Autant de priorités pour la France, autant de points en faveur d'une Europe de la croissance, pour l'emploi, d'une Europe qui répond aux aspirations de ses concitoyens : voilà les objectifs de la France pour que ce Conseil européen soit un pas de plus dans la réorientation de la construction européenne. Voilà l'Europe que nous voulons.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 28 juin 2013