Texte intégral
Mesdames et messieurs,
Cette journée tombe à point nommé, au lendemain du vote solennel à lAssemblée Nationale de la loi sur la sécurisation de lemploi, moment important de la mobilisation pour lemploi :
important pas les outils et les changements que cette loi apporte pour sécuriser lemploi,
mais important aussi par la confiance que manifestent les partenaires sociaux et les parlementaires à notre ministère, à vous ici présents, pour que lEtat joue plus fortement son rôle de garant.
Je suis venu ce matin vous porter un merci et un message.
Je vais donc être court et direct. Je sais quil y a beaucoup dautres sujets qui vous intéressent dont jaurais pu vous parler comme le projet « ministère fort » par exemple, ou la future réforme de la formation professionnelle, ou la décentralisation mais ce nest pas le propos aujourdhui, dans cette journée tournée vers la mobilisation pour lemploi. Une mobilisation pour lemploi dont vous savez quelle est votre responsabilité, aujourdhui comme demain après les lois de décentralisation de la formation professionnelle.
1) Un merci tout dabord pour votre engagement et celui de vos équipes, depuis 10 mois. Notre pays traverse un moment de grande difficulté, comme beaucoup dautres en Europe, avec un niveau record du chômage, et vous êtes nous sommes- en première ligne. Vos équipes font face -celles de Pôle emploi, celles des Direcctes- à une attente énorme de la part des demandeurs demploi et des jeunes qui entrent sur le marché du travail, de la part des entreprises qui se restructurent, de la part des élus qui veulent agir sur leur territoire. Et de la part du Ministre que je suis, et de tout le Gouvernement. Ce Gouvernement a une grande ambition pour la politique active de lemploi, a pris beaucoup dinitiatives depuis 10 mois des emplois davenir au contrat de génération, des commissaires au redressement productif à la création de 2000 + 2000 = 4000 CDI à Pôle emploi, de laccord puis la loi de sécurisation de lemploi à la future décentralisation.
Le succès de ces initiatives repose sur vous. Sachez que je suis parfaitement conscient des efforts qui vous sont demandés ainsi quà vos équipes, et je veux vous témoigner pour cela ma reconnaissance et celle de tout le Gouvernement.
2) Un message, vous nen serez pas surpris, qui sinscrit dans le titre de cette journée : mobilisation !
Depuis 10 mois, le Gouvernement agi sur différents fronts et différents horizons.
Le premier de ces horizons, cest la réponse à lurgence sociale et je vais dabord insister sur cette urgence. Lurgence des 500 000 jeunes sortis du système scolaire sans diplôme et qui ne sont aujourdhui ni en emploi ni en formation, c'est-à-dire laissés pour compte. Pour eux, nous avons créé les emplois davenir.
Les emplois d'avenir ne sont pas un contrat aidé de plus.
Nous avons tous fait le constat que des contrats de trop courte durée ne sont pas des tremplins durables vers lemploi. Cest pourquoi, les emplois davenir durent jusquà 3 ans. Nous avons, nous tous ici, fait un autre constat : sils ne délivrent pas une qualification, les contrats aidés ont une utilité limitée, seulement immédiate, alors que nous voulons au contraire lancer les jeunes dans une carrière. Cest pourquoi, la qualification fait partie intégrante des emplois davenir.
La montée en charge de ce nouveau dispositif est progressive, cest normal, et je reste très serein face aux pressions médiatiques sur le thème « ça patine, ça ne marche pas ». La période «de chauffe » se termine cependant, et jattends maintenant de voir le rythme des prescriptions saccélérer.
Il faut le faire, cela vous a été dit mais je vous le redis, sans renoncer à lambition qualitative des emplois davenir et en particulier à la cible des jeunes peu ou pas qualifiés. Des consignes claires ont été données à vos préfets par le Président de la République, le 29 mars, et nous allons leur écrire à chacun avec Manuel Valls pour bien appuyer ce message.
Dans le prolongement des emplois davenir, nous améliorons notre approche des contrats aidés et nos partenariats avec les acteurs de l'insertion. Cet effort qualitatif sincarne dans lallongement de la durée des nouveaux contrats CAE pour atteindre une durée moyenne de 12 mois.
Tout doucement, un début de frémissement se fait sentir. Là aussi, je vous le dis ce matin, il devra samplifier dans les prochaines semaines. Cest lintérêt des bénéficiaires, des employeurs et de nous-mêmes.
Ces mesures apportent autant de solutions individuelles face à lurgence. Elles sont nécessaires, profondément utiles, mais en aucun cas suffisantes.
Il faut agir aussi sur le collectif de travail, sur les pratiques de gestion des ressources Humaines dans les entreprises, dans les branches, dans les filières dactivité.
Cest votre responsabilité, celle de tout le ministère, dans les pôles « 3E » des direcctes mais aussi dans les pôles « T », dans les DUT, à Pôle emploi, dans les services de ladministration centrale. Vous avez déjà -et vous aurez de plus en plus- des responsabilités dans ce domaine, et des nouveaux outils pour exercer cette responsabilité et exercer cette mission de transformation des pratiques dans un sens favorable à lemploi.
Trois exemples, évidement pas choisis au hasard :
1. Premier exemple : la gestion des âges avec le contrat de génération.
Nous connaissons le défi à relever : la France se distingue par un taux de chômage élevé chez les jeunes ET chez les seniors ; longtemps la politique de lemploi a consisté à les opposer, à faire partir les senior en préretraite et recruter des jeunes en contrats aidés ; à linverse de cette approche, le contrat de génération solidarise les deux extrémités de la chaîne des âges et permet de lutter contre leurs chômages respectifs.
Il est opérationnel depuis le 18 mars. Il faut désormais que tous les chefs dentreprise le sachent, particulièrement dans les PME de moins de 300 salariés, notre cible principale. Nous avons besoin de vous pour relayer les messages et faire de la pédagogie auprès des entreprises, comme auprès des organisations professionnelles et des chambres consulaires. Pôle emploi sera au coeur du système pour promouvoir le Contrat de Génération dans sa relation entreprise, et pour mettre en place puis verser laide de 4000 par an une aide qui couvre léquivalent du quart du salaire brut du jeune au niveau du SMIC. Il faut le faire savoir !
Dans les grandes entreprises, ce sera votre rôle, les Direcctes, dexercer votre vigilance sur les accords « contrats de génération » - mais surtout les plan daction quil vous appartiendra de valider, pas dun coup de tampon mais à partir dune vraie analyse des engagements pour lembauche en CDI de jeunes, pour le maintien en emploi des seniors, pour la transmission des compétences.
2. Deuxième exemple, le déploiement des politiques emploi-compétences sectorielles.
En cohérence avec laction du ministère du Redressement productif, la politique contractuelle qui permet de mobiliser lensemble des acteurs dune filière autour dun projet commun, doit constituer le volet emploi-compétences des stratégies de filière et des contrats de filière qui émergeront. Son objectif est de promouvoir la GPEC dans les petites entreprises et pour les salariés les plus fragiles.
Cette approche favorise la mise en place des leviers partagés de sécurisation des parcours, au premier rang desquels des dispositifs de reconnaissance des compétences transversales permettant de passer dune filière à une autre, de certifications inter branches et de mobilité sécurisée, dans la droite ligne de lANI du 11 janvier.
Sécuriser lactivité, cest aussi organiser les transitions professionnelles, entre les secteurs qui croissent et ceux qui déclinent. Comme prévu par le pacte national pour la croissance, la compétitivité et lemploi, le gouvernement a mis en place, dans des territoires où le tissu économique est en forte mutation, des plateformes d'appui pour aider les TPE/PME à renforcer leur compétitivité et les salariés à s'adapter sans passer par la case chômage.
13 bassins sont concernés par la création de « plates-formes ». Je vous épargne la liste, mais vous savez, chacun, à quel point elles sont essentielles sur vos territoires. Cest une logique nouvelle : agir sur les transitions, de faire en sorte quelles ne soient pas des ruptures, mais des progrès, des opportunités, des nouveaux départs.
Les plateformes constituent une réponse à un constat partagé : dans les territoires où lemploi et les métiers évoluent rapidement, les entreprises surtout les PME ont du mal à anticiper ces changements. Parallèlement, les salariés dont lemploi est fragilisé à court ou moyen terme ne sont pas pris en charge dans le cadre de laccompagnement classique du service public de lemploi. Chaque acteur lEtat, les Régions, les entreprises, les organisations professionnelles et syndicales, les OPCA et les OPACIF, les universités détiennent une partie de la réponse, mais leurs interventions restent insuffisamment coordonnées. Les plateformes seront le maillon qui les lie. Elles doivent permettre aux TPE/PME de mieux anticiper les évolutions économiques pour s'y adapter et avoir toujours un temps d'avance. Pour les salariés, elles ont vocation à sécuriser leurs parcours professionnels par ladaptation de leurs compétences ou la préparation de leur reconversion, en évitant quils passent par une période de chômage.
3. Enfin troisième exemple, et jen finirai pas là : la nouvelle procédure de licenciements collectifs issue de lANI du 11 janvier et de la loi en examen au Parlement.
Nous sommes en train de réformer le marché du travail. Bien sûr, le texte nest pas encore passé au Sénat, puis il faudra les décrets dapplication, mais enfin, cest en marche, et si je ne parle que des PSE ce sera applicable au 1er juillet prochain autant dire demain matin..
Cette réforme sera bientôt à vous, entre vos mains, dans lépreuve de vérité du concret et du terrain. Pour cela, il y aura des directives et un cadrage précis, mais il faut déjà se pénétrer du sens politique de cette réforme profonde : laccord puis la loi sur la sécurisation de lemploi change la donne. Plus quune loi, cest en quelque sorte une nouvelle culture de la négociation qui va émerger, pour permettre aux partenaires sociaux de trouver ensemble des solutions pour lemploi.
Ce modèle qui émerge na pas encore de nom, mais cela pourrait être « ladaptation négociée ». Et cette « adaptation négociée » prendra place partout, dans lentreprise, la branche, la filière, mais aussi au niveau national interprofessionnel. « Le dialogue social préalable à la loi » entrera prochainement dans la Constitution. Là encore, ce nest pas un réglage technique, cest une manière de faire grandir la société en arrimant la démocratie sociale à la démocratie politique.
Jen reviens aux enjeux opérationnels de la sécurisation de lemploi devant nous, et en particulier aux licenciements collectifs. Le texte voté hier à lAssemblée nationale vous donne vous redonne pour les plus anciens- un rôle important, central, stratégique : pour être valide un PSE devra avoir été soit conclu par un accord majoritaire dans lentreprise, soit avoir été homologué par ladministration du travail, vous les Direcctes. Vous ne vous prononcerez pas sur lexistence du motif économique, mais vous serez les garants de la qualité du dialogue social à travers le contrôle de la procédure, mais aussi les garants de la qualité des reclassements à travers lhomologation des PSE.
Cela implique que vous procédiez demain à une analyse fine de la proportionnalité et de la qualité des mesures de reclassement mises en place en fonction des entreprises. Vous devrez enfin être vigilants dans la mise en oeuvre de ces PSE.
Vous aurez donc demain un nouveau pouvoir, je madresse là en particulier aux Direcctes, un grand pouvoir et donc une grande responsabilité, dautant quil ny aura pas de recours devant le Ministre. Vous serez dotés des directives et des formations adéquates, mais chacun voit ben que les premières décisions seront cruciales et devront être cohérente sur le territoire.
Je sais que ce sujet-comme les autres dailleurs de mon intervention, est à lordre du jour des ateliers de cette journée, je ne développe pas davantage.
Mesdames et messieurs, voilà lambition politique et la manière dont jentends que notre ministère et ses opérateurs la portent.
Pour cela jai besoin de vous tous, à Pôle emploi, dans les Direcctes, dans les DUT, dans les administrations centrales.
Ce qui m'amène à nous, nous tous, car pour mener la bataille de l'emploi, il faut des équipes mobilisées :
sûres de la cause à défendre sur ce point je nai pas de doute-
prêtes à s'y engager avec conviction sur ce point aussi aucun doute
bien armées, il me semble que vous lêtes de mieux en mieux, à Pôle emploi avec la nouvelle offre de service « Pôle emploi 2015 » et les renforts de 4000 CDI, avec les nouveaux outils dont jai parlé, avec demain cette nouvelle loi sur la sécurisation de lemploi.
Enfin des équipes capables de « faire système » dans un ministère que j'ai appelé un "ministère fort", tout simplement parce que cest ce quattendent de nous citoyens et entreprises. Après une première étape dite des "rencontres interrégionales" conclue en décembre dernier, nous sommes dans la phase de l'échange avec les agents. Elle se conclura dans quelques semaines, au début de lété, par des décisions dont nous aurons loccasion de reparler.
Pour conclure, je sais que les chantiers sont nombreux et que la période est difficile. Nous devons en même temps être très présents sur les multiples fronts de lemploi et porter des changements en interne, dans les Direccte comme à Pôle emploi.
Je voudrais vous dire que je suis certain que nous serons -que vous serez- à la hauteur de ces défis.
Jattends de cette journée quelle renforce la cohésion indispensable au sein des Direccte et du service public de lemploi pour mener ces combats de lemploi. Mon directeur de Cabinet sera là cet après midi pour entendre vos conclusions.
Bon travail !
Je vous remercie.
Source Http://www.emploi.gouv.fr, le 3 juin 2013