Texte intégral
Je voulais saluer nos amis allemands et nos lauréats français.
Vous êtes dans une Maison qui, que vous soyez allemand ou français, est la vôtre. Pour les Français, parce que vous avez choisi de nous rejoindre et pour nos amis allemands parce que nos relations sont si proches que nous sommes appelés à travailler ensemble tout au long de notre parcours professionnel.
Je ne vais pas vous faire un long discours sur l'amitié franco-allemande. Si vous avez choisi cette carrière, c'est parce que vous êtes convaincus que cette amitié est une question absolument centrale, qui restera centrale mais qui doit lutter contre un certain nombre de vents contraires. Il est vrai que l'on a deux situations qui sont assez contradictoires :
Nous avons besoin de plus en plus de l'Europe car nos nations, quelque soit leur taille et leur puissance, ne peuvent pas bâtir leur avenir seules. Donc, l'Europe est indispensable.
De plus, nous savons par expérience que, même si le couple franco-allemand n'est pas exclusif, rien n'est possible sans l'accord entre les Français et les Allemands.
Cette amitié, ce partenariat - voici le paradoxe - rencontre un certain nombre d'obstacles. On dira que cela a toujours été le cas. Oui, il est vrai qu'il y a toujours eu telle ou telle difficulté à surmonter, mais il faut faire attention parce que la puissance propulsive qui a permis le développement du partenariat franco-allemand, depuis maintenant de nombreuses décennies, s'affaiblit sans que le relais soit pris d'une façon suffisante.
Cette puissance propulsive, quelle était-elle ? C'était la guerre, ou plutôt la paix. Nos pays sont des pays qui, depuis des siècles, se sont faits la guerre et il s'est trouvé des hommes d'État qui ont décidé d'y mettre un terme. Donc, le carburant du partenariat franco-allemand c'était le souvenir dramatique de la guerre et la nécessité de la paix et de la démocratie.
Bien évidemment, nous avons, en Allemagne, en France ainsi que dans d'autres pays d'Europe, renforcé notre démocratie. Les deux moteurs se sont donc considérablement affaiblis. Personne n'imagine qu'il puisse y avoir un conflit armé entre la France et l'Allemagne, cela n'a pas de sens, et la démocratie, heureusement, est maintenant établie non seulement dans nos deux pays, depuis longtemps, mais dans les pays d'Europe.
Ce qui a constitué la force propulsive de l'Europe s'est éteint. On peut s'en féliciter en disant que cela veut dire que des risques ont disparu. Le relais cependant doit être pris par d'autres éléments qui ne sont pas tournés vers le passé mais tournés vers le futur : ce sont la prospérité, la transition écologique, une politique de défense commune, une politique extérieure commune, une communauté européenne de l'énergie, la création d'emplois, etc.
C'est d'autant plus difficile que chaque pays, chaque gouvernement, en fonction de telle ou telle considération, hésite à aller dans cette direction alors qu'elle est très nécessaire.
C'est donc sur votre génération, en tant que diplomates, que va reposer cette nouvelle force propulsive. Je vous en parle car les diplomates, contrairement à une image qui est parfois donnée d'eux, ne sont pas isolés dans leur tour d'ivoire ; ils n'ont pas à parler seulement aux diplomates. Dans votre génération, je pense que la diplomatie sera de plus en plus ouverte sur la société civile et pas simplement une diplomatie d'État à État.
C'est à vous que reviendra non seulement de construire cette Europe - ce sera votre métier -, mais aussi de la faire aimer, ce qui est plus compliqué. C'est la raison pour laquelle le fait que nous ayons pris l'habitude de faire cette réunion commune, une fois en Allemagne - j'y étais l'an dernier avec mon ami Guido Westerwelle -, une fois en France, ce n'est pas simplement un symbole, mais une habitude à entretenir et à laquelle il faut apporter tous ses efforts.
Vous avez choisi un métier formidable. Je compte sur vous, comme les autorités allemandes comptent sur vous. Je pense que nous avons, dans nos deux pays, des diplomates de grande qualité, reconnus comme tels. Pour moi qui ai une expérience assez longue de différents ministères, je mesure que le Quai d'Orsay n'est pas une administration - c'est la même chose au ministère des Affaires étrangères allemand - dans laquelle on se retrouve par hasard.
Je ne dis pas qu'il y a des administrations où l'on se retrouve par hasard, mais que vous avez choisi ces métiers parce que vous êtes passionnés par la chose internationale, parce que vous avez une certaine idée de ce que doit être le développement européen et parce que vous ne vous dite pas en arrivant le matin au travail : «Encore une journée à passer !», au contraire. Je mesure que c'est une responsabilité que l'on n'assume pas sans passion.
Pour moi qui dirige cette Maison -et c'est la même chose pour mon homologue allemand -, c'est une grande chance de pouvoir compter sur des hommes et des femmes qui exercent leur métier avec compétence - vous êtes formés pour cela - et, en même temps, avec passion. Je crois que ce sont les deux caractéristiques qui permettent de vous réunir tous.
Voilà, en quelques mots, ce que je voulais vous dire. Évidemment, le contact entre Allemands et Français, me dit-on, ne va pas être très long, mais il y a des amitiés de quarante ans qui se nouent en quelques jours. Et puis, il y a bien sûr aussi - du côté allemand et du côté français -, les contacts que vous pourrez entretenir et qui vous seront extrêmement utiles dans la suite de votre carrière professionnelle.
Je vous souhaite beaucoup de succès. Je vous souhaite à la fois la réussite professionnelle et le bonheur personnel. Je vous suggère aussi de ne jamais oublier que même si tous les hommes sont frères, vous défendez des valeurs communes mais vous défendez aussi des intérêts qui sont, bien sûr, ceux de chacun de vos pays et ceux, plus généralement, de l'Europe.
En tout cas, j'ai confiance en vous. Alors, bonne réussite professionnelle ! Et - je suis sûr de parler également au nom de mon ami, Guido Westerwelle - nous sommes heureux et fiers de pouvoir compter sur vous.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 16 juillet 2013
Vous êtes dans une Maison qui, que vous soyez allemand ou français, est la vôtre. Pour les Français, parce que vous avez choisi de nous rejoindre et pour nos amis allemands parce que nos relations sont si proches que nous sommes appelés à travailler ensemble tout au long de notre parcours professionnel.
Je ne vais pas vous faire un long discours sur l'amitié franco-allemande. Si vous avez choisi cette carrière, c'est parce que vous êtes convaincus que cette amitié est une question absolument centrale, qui restera centrale mais qui doit lutter contre un certain nombre de vents contraires. Il est vrai que l'on a deux situations qui sont assez contradictoires :
Nous avons besoin de plus en plus de l'Europe car nos nations, quelque soit leur taille et leur puissance, ne peuvent pas bâtir leur avenir seules. Donc, l'Europe est indispensable.
De plus, nous savons par expérience que, même si le couple franco-allemand n'est pas exclusif, rien n'est possible sans l'accord entre les Français et les Allemands.
Cette amitié, ce partenariat - voici le paradoxe - rencontre un certain nombre d'obstacles. On dira que cela a toujours été le cas. Oui, il est vrai qu'il y a toujours eu telle ou telle difficulté à surmonter, mais il faut faire attention parce que la puissance propulsive qui a permis le développement du partenariat franco-allemand, depuis maintenant de nombreuses décennies, s'affaiblit sans que le relais soit pris d'une façon suffisante.
Cette puissance propulsive, quelle était-elle ? C'était la guerre, ou plutôt la paix. Nos pays sont des pays qui, depuis des siècles, se sont faits la guerre et il s'est trouvé des hommes d'État qui ont décidé d'y mettre un terme. Donc, le carburant du partenariat franco-allemand c'était le souvenir dramatique de la guerre et la nécessité de la paix et de la démocratie.
Bien évidemment, nous avons, en Allemagne, en France ainsi que dans d'autres pays d'Europe, renforcé notre démocratie. Les deux moteurs se sont donc considérablement affaiblis. Personne n'imagine qu'il puisse y avoir un conflit armé entre la France et l'Allemagne, cela n'a pas de sens, et la démocratie, heureusement, est maintenant établie non seulement dans nos deux pays, depuis longtemps, mais dans les pays d'Europe.
Ce qui a constitué la force propulsive de l'Europe s'est éteint. On peut s'en féliciter en disant que cela veut dire que des risques ont disparu. Le relais cependant doit être pris par d'autres éléments qui ne sont pas tournés vers le passé mais tournés vers le futur : ce sont la prospérité, la transition écologique, une politique de défense commune, une politique extérieure commune, une communauté européenne de l'énergie, la création d'emplois, etc.
C'est d'autant plus difficile que chaque pays, chaque gouvernement, en fonction de telle ou telle considération, hésite à aller dans cette direction alors qu'elle est très nécessaire.
C'est donc sur votre génération, en tant que diplomates, que va reposer cette nouvelle force propulsive. Je vous en parle car les diplomates, contrairement à une image qui est parfois donnée d'eux, ne sont pas isolés dans leur tour d'ivoire ; ils n'ont pas à parler seulement aux diplomates. Dans votre génération, je pense que la diplomatie sera de plus en plus ouverte sur la société civile et pas simplement une diplomatie d'État à État.
C'est à vous que reviendra non seulement de construire cette Europe - ce sera votre métier -, mais aussi de la faire aimer, ce qui est plus compliqué. C'est la raison pour laquelle le fait que nous ayons pris l'habitude de faire cette réunion commune, une fois en Allemagne - j'y étais l'an dernier avec mon ami Guido Westerwelle -, une fois en France, ce n'est pas simplement un symbole, mais une habitude à entretenir et à laquelle il faut apporter tous ses efforts.
Vous avez choisi un métier formidable. Je compte sur vous, comme les autorités allemandes comptent sur vous. Je pense que nous avons, dans nos deux pays, des diplomates de grande qualité, reconnus comme tels. Pour moi qui ai une expérience assez longue de différents ministères, je mesure que le Quai d'Orsay n'est pas une administration - c'est la même chose au ministère des Affaires étrangères allemand - dans laquelle on se retrouve par hasard.
Je ne dis pas qu'il y a des administrations où l'on se retrouve par hasard, mais que vous avez choisi ces métiers parce que vous êtes passionnés par la chose internationale, parce que vous avez une certaine idée de ce que doit être le développement européen et parce que vous ne vous dite pas en arrivant le matin au travail : «Encore une journée à passer !», au contraire. Je mesure que c'est une responsabilité que l'on n'assume pas sans passion.
Pour moi qui dirige cette Maison -et c'est la même chose pour mon homologue allemand -, c'est une grande chance de pouvoir compter sur des hommes et des femmes qui exercent leur métier avec compétence - vous êtes formés pour cela - et, en même temps, avec passion. Je crois que ce sont les deux caractéristiques qui permettent de vous réunir tous.
Voilà, en quelques mots, ce que je voulais vous dire. Évidemment, le contact entre Allemands et Français, me dit-on, ne va pas être très long, mais il y a des amitiés de quarante ans qui se nouent en quelques jours. Et puis, il y a bien sûr aussi - du côté allemand et du côté français -, les contacts que vous pourrez entretenir et qui vous seront extrêmement utiles dans la suite de votre carrière professionnelle.
Je vous souhaite beaucoup de succès. Je vous souhaite à la fois la réussite professionnelle et le bonheur personnel. Je vous suggère aussi de ne jamais oublier que même si tous les hommes sont frères, vous défendez des valeurs communes mais vous défendez aussi des intérêts qui sont, bien sûr, ceux de chacun de vos pays et ceux, plus généralement, de l'Europe.
En tout cas, j'ai confiance en vous. Alors, bonne réussite professionnelle ! Et - je suis sûr de parler également au nom de mon ami, Guido Westerwelle - nous sommes heureux et fiers de pouvoir compter sur vous.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 16 juillet 2013