Texte intégral
Monsieur le Premier ministre, cher Victor Ponta,
Mesdames, Messieurs les Ministres de France et de Roumanie,
Mesdames et Messieurs,
Monsieur le Président Iliescu, que je reconnais
et beaucoup d'autres personnalités que je voudrais associer en les saluant
et vous tous,
Mesdames et Messieurs, Chers Amis, vous dire le plaisir que j'ai d'être ici aujourd'hui.
Ce n'est pas un moment comme un autre, c'est la fête nationale de la France, c'est le 14 juillet, fête nationale, fête de la Révolution française et de la République française quelques heures avant qu'elle ait lieu à Paris sous la présidence de François Hollande aux Champs-Elysées.
Cette année d'ailleurs, pour respecter une tradition, nous aurons des invités étrangers à cette grande fête nationale et populaire qui se déroule dans chacune des communes de France, des 36.000 communes de France. Nous aurons des invités étrangers qui seront nos amis africains, ceux bien sûr du Mali, mais aussi d'autres nations africaines qui, avec la France, ont combattu contre le terrorisme avec succès et pour ouvrir la voie à une étape politique et démocratique puisqu'à la fin du mois de juillet des élections auront lieu au Mali pour l'élection présidentielle.
Je profite de cette occasion pour dire un grand merci, Monsieur le Premier ministre, à la Roumanie car la Roumanie nous a soutenus dès les premiers instants politiquement mais aussi pour la formation des soldats de l'armée malienne.
C'est une tradition d'inviter des étrangers en France pour la fête nationale mais c'est plus rare qu'un Premier ministre se déplace en dehors du territoire national pour la fête nationale. Cela aurait pu se produire il y a quelques années puisque mon prédécesseur Lionel Jospin était venu en 2001 au mois de juillet mais c'était après, c'était 10 jours après, donc il n'avait pas pu fêter le 14 juillet. C'est donc pour moi un motif de fierté, un motif de satisfaction et c'est aussi une volonté de m'inscrire dans une belle histoire des relations franco-roumaines.
En m'inscrivant dans les pas de ceux qui avaient montré le chemin et qui n'auraient jamais dû être interrompus, je pense à la visite de Charles de Gaulle en mai 1968 qui a été le premier chef d'Etat occidental à se rendre en Roumanie communiste à l'époque. Et en 1991, peu de temps après sa deuxième élection c'est François Mitterrand, Président de la République française, qui avait été le premier président d'une Europe à peine débarrassée du rideau de fer à prendre le chemin de la Roumanie postrévolutionnaire. Donc deux actes politiques très forts et quand je disais que c'est dans ces pas qu'il faut s'inscrire, c'est ce que vous venez de rappeler, Monsieur le Premier ministre, c'est ce que nous avons fait ensemble.
Nous sommes ici dans l'ambassade de France et je voudrais encore une fois vous remercier, Monsieur l'Ambassadeur, pour la qualité de votre accueil, de la préparation de cette visite avec beaucoup d'efficacité, de compétence et de professionnalisme et de disponibilité. Vous m'avez accueilli dans ce bâtiment, dans cette résidence qui porte justement la marque de cette relation puisque c'est depuis 120 ans l'ambassade de France et j'ai tenu à y loger parce que c'est à la fois un beau lieu mais c'était aussi un symbole pour saluer cette histoire commune qui est la nôtre.
Vous avez rappelé la France, grande sœur de la Roumanie comme on disait parfois mais je trouve que cette formule est un peu paternaliste et qu'elle est donc dépassée. Aujourd'hui, ce sont deux partenaires égaux pleinement engagés dans la construction d'une Europe plus unie et plus solidaire qui avancent ensemble. Et donc il était temps qu''un Premier ministre revienne en Roumanie, ça n'était pas arrivé depuis 2007. Depuis votre visite en février dernier où nous avons signé la feuille de route pour concrétiser pour les cinq ans qui viennent l'accord stratégique qui existe entre la France et la Roumanie, j'ai tenu à ce que votre invitation soit honorée le plus vite possible, c'est le sens de ma visite aujourd'hui.
Je ne reprendrai pas tout ce que nous avons évoqué ensemble avec beaucoup de points de vue communs après ma visite au président de la Roumanie. Nous avons beaucoup discuté, échangé ainsi qu'avec les membres du gouvernement, de votre gouvernement, de mon gouvernement, des échanges économiques comme ce midi avec les représentants du monde de l'entreprise, des entreprises françaises et roumaines, ou aussi la visite ce matin à DACIA où j'ai essayé aussi non seulement la DACIA, qui est votre voiture de fonction ; mais aussi, avec vous, la ZOE qui est la voiture Renault électrique qui, j'espère, pourra bientôt rouler massivement en Roumanie.
Il y a eu aussi des accords qui ont été signés. Il y a eu aussi d'autres échanges, d'autres réunions mais on me demandait tout à l'heure : « Qu'est-ce qui vous a le plus marqué dans cette visite, dans ce trop bref séjour ? » Je dis « trop bref » parce que ça me donne vraiment envie d'y revenir dans ce beau pays et puis de découvrir aussi toutes les facettes des paysages, du patrimoine, de la diversité de la vie économique, sociale et culturelle de votre pays.
Ce qui m'a le plus touché, c'est la rencontre que j'ai eue dans une librairie il y a quelques heures maintenant, cet après-midi, avec des artistes. Des hommes et des femmes du monde de la culture qui parlent merveilleusement la langue française et qui m'ont fait passer ce message justement que ce qui est essentiel dans la relation entre la France et la Roumanie : c'est la culture, c'est la langue, ce sont des valeurs que nous partageons et, même si vous êtes membres de l'Organisation internationale de la francophonie depuis plusieurs années et que vous êtes un membre actif, dynamique, il faut aller au-delà.
C'est le message que m'ont transmis ces écrivains, ces cinéastes, ces chercheurs, ces académiciens, ces hommes et femmes de théâtre. Ils m'ont dit : « C'est le levier qui nous permettra d'avoir une relation durable et forte » et il faut sans cesse renouveler cette connaissance mutuelle de notre culture commune. Invitons les artistes à venir en Roumanie, invitons les artistes roumains à venir en France et faisons connaitre, en particulier en France, et j'assume parfaitement cet engagement, la Roumanie.
On a trop souvent voulu résumer dans ces derniers mois les relations entre la France et la Roumanie au problème rom. Bien sûr qu'il y a un problème rom et d'ailleurs vous êtes le premier chef de gouvernement, monsieur le Premier ministre, à l'avoir abordé aussi franchement et avoir dit : « La communauté Rom a vocation à vivre dans son pays et pour ça il faut s'en donner les moyens ». Nous avons aussi partagé l'ambition de lutter contre la criminalité organisée qui exploite les êtres humains et les contraint à la mendicité ou à des trafics ou à la prostitution avec une coopération policière et judiciaire renforcée.
La France a aussi sa part à prendre, mais moi je ne rentrerai jamais dans une logique de simplisme et de stigmatisation. Je veux comme vous régler les problèmes, les traiter mais ne pas résumer notre relation à cette question. Les chefs d'entreprise que j'ai rencontrés, les universitaires que j'ai vus, ceux que j'ai vus aussi hier au lycée Anna de Noailles m'ont dit la même chose et c'est notre devoir justement d'agir pour que la Roumanie et la France continuent de jouer totalement leur rôle non seulement dans la relation bilatérale mais aussi en Europe. Et c'est ce que je vous ai dit, Monsieur le Premier ministre, en vous remerciant à propos du Mali de notre convergence de vues.
Nous nous retrouvons souvent dans les débats européens, je pense, et cela a été remarqué, avec notre combat commun pour défendre l'exception culturelle, la culture qui n'est pas une marchandise comme une autre dans les relations commerciales à construire entre l'Europe et les Etats-Unis. Nous avons tenu bon, vous avez tenu bon, et je crois que ça a été un événement majeur. Mais c'est vrai aussi dans la négociation pour la réforme de la politique agricole commune : nous étions ensemble, comme nous sommes sur les mêmes positions concernant la Syrie et bien d'autres questions.
Donc c'est important que les Français au nom desquels je parle aujourd'hui, au nom du gouvernement français, connaissent mieux la Roumanie, connaissent ce grand pays de plus de 20 millions d'habitants en Europe centrale et en Europe de l'est dont les portes ont été fermées tant d'années, ces 40 années de dictature communiste qui ont fait souffrir votre pays et son peuple.
Et vous avez réussi à surmonter, à reconstruire, à rebâtir une nation démocratique. C'est ce combat que vous poursuivez et c'est pour ça que votre pays est en train de progresser et je voudrais saluer tous les efforts que vous avez entrepris, que vous allez continuer à entreprendre.
C'est ce que je voulais vous dire ce soir, c'est un message de confiance, un message d'amitié, un message de volonté. De volonté pour renforcer la relation économique, culturelle, scientifique entre nos deux peuples et nos deux nations, renforcer notre présence dans la construction d'une Europe que nous voulons plus ambitieuse sur le plan de la croissance et de l'emploi, que nous voulons plus solidaire pour traiter la question de l'énergie, la sécurisation des approvisionnements, l'interconnexion des réseaux. Je sais que c'est un sujet qui vous préoccupe sur le plan économique mais aussi sur le plan stratégique, mais aussi pour porter des valeurs, faire en sorte aussi que la jeunesse trop touchée par le chômage se dise que l'Europe est son avenir et qu'elle puisse y trouver une nouvelle espérance.
C'est notre responsabilité si nous ne voulons pas que l'année prochaine les partis populistes, xénophobes ou eurosceptiques soient les plus nombreux, en tout cas trop nombreux au Parlement européen. Donc agissons ensemble, nous avons une responsabilité mais, Monsieur le Premier ministre, je sais que nous avons une volonté, alors je m'arrêterai là.
Monsieur l'Ambassadeur, vous avez su préparer une belle fête pour la fête nationale de la République française et je vous en félicite et j'associe à ces félicitations toutes vos équipes et tous ceux qui vous ont apporté leur concours pour que cette fête ait lieu.
C'est aussi la fête de notre amitié, alors merci à vous tous et à vous toutes, Mesdames et Messieurs, d'avoir répondu à l'invitation de la France, Français ou Roumains ou Franco-roumains.
Vive l'amitié franco-roumaine,
Vive la Roumanie,
Vive la République
Et vive la France !
Source http://www.gouvernement.fr, le 15 juillet 2013