Texte intégral
Monsieur le président,
Mesdames et Messieurs les députés,
Monsieur le député,
Tous les membres du gouvernement, sauf obligation internationale, étaient présents à la cérémonie du 14 Juillet et au défilé. Je dois dire, Monsieur le député, que vous ne faites pas honneur à la France par vos propos particulièrement minables et polémiques.
Je ne vais pas commenter davantage, mais avec tous ceux qui étaient là, ces millions de Français qui ont suivi à la télévision publique, pendant cinq heures, les manifestations du 14 Juillet, auront vu que ce qui nous rassemblait, au-dessus des polémiques, au-dessus des mesquineries c'était les valeurs de la France, les valeurs de la République : Liberté, Égalité, Fraternité.
J'ajouterai aussi que, lorsque les soldats de l'armée malienne ont défilé devant nous et devant le Président Traoré, par intérim, je dois dire que nous étions fiers de nos armées, de nos soldats, qui ont au nom de la France, au nom de la liberté, contre le terrorisme mené un combat exemplaire, et nous étions fiers que défilent aux côtés des soldats français, les soldats d'Afrique et de l'armée malienne. C'est cela que j'aurais aimé entendre dire, et vous ne l'avez pas dit. Mais moi j'ai la France au cur et à l'esprit, et rien d'autre Monsieur le député.
Alors oui, je crois que ce jour-là les Français étaient fiers de dire : vive la République et vive la France !
Source http://www.gouvernement.fr, le 18 juillet 2013|N|N|N|N|Texte intégral70450|Bonjour à toutes et à tous.
Je viens de présider le troisième Comité Interministériel pour la Modernisation de l'Action Publique. Beaucoup de ministres, la quasi-totalité des ministres ont participé à cette réunion où nous avons pris beaucoup de décisions.
Quel est l'objectif ? Modernisation de l'action publique, cela peut paraître un terme assez vague. En réalité, il s'agit de commencer par évaluer toutes les actions publiques, toutes les politiques publiques pour voir si elles sont efficaces, pour voir si elles sont justes, si elles sont utiles à la compétitivité du pays, de nos entreprises, au développement de nos territoires, et pour voir si l'argent des contribuables est bien utilisé, utilement. Et si possible c'est l'objectif faire des économies, réduire notre déficit.
Ce travail est engagé depuis plus d'un an, et peu à peu, porte ses fruits. L'évaluation je vais prendre un exemple très concret qui nous a conduits à un certain nombre de décisions aujourd'hui concerne les aides aux entreprises. Toutes les aides aux entreprises ont été évaluées et nous nous sommes rendu compte qu'il y avait des doublons, qu'il y avait des aides inutiles, peu efficaces et donc nous avons décidé de les concentrer sur ce qui sera utile pour leur développement : l'investissement, l'innovation, l'industrie parce que c'est un secteur qui a besoin d'être aidé particulièrement pour les avancées technologiques, et puis aussi les aides à l'export que nous avons réorganisées. Au total, nous allons faire une économie de 1,5 milliard sans préjudices mais avec beaucoup plus d'efficacité. Donc tout le monde est gagnant, le contribuable, mais aussi les entreprises puisqu'il s'agit des aides aux entreprises.
Le président de la République avait annoncé un choc de simplification. Il est vrai que souvent on croule sous la paperasse, les procédures, la lenteur et cela concerne aussi bien les citoyens, cela concerne les collectivités locales, cela concerne les entreprises et cela décourage l'initiative. Là, nous avons pris 200 mesures de simplification. Je ne vais donc pas toutes les citer. Vous en connaissez déjà une, qui est très concrète pour tous les Français, c'est la carte d'identité. Elle est renouvelable au bout de dix ans. Nous avons décidé qu'elle serait désormais renouvelable au bout de quinze ans. Les chèques Restaurant, il y a plus de 3,3 millions de salariés qui les utilisent. C'est beaucoup de papier C'est beaucoup de papier pour les salariés, c'est beaucoup de papier aussi pour les entreprises, les fournisseurs, les restaurants par exemple. C'est 160 000 points de vente qui sont concernés. Donc, fini le papier. Tout sera numérisé avec une carte, comme une carte de crédit, ce qui facilitera la vie des salariés mais aussi des entreprises qui seront payées plus vite. Et puis cela coûtera moins cher, là encore. Une économie et plus d'efficacité.
Concernant la simplification, plus générale, sur les entreprises, le député Thierry Mandon a fait beaucoup de propositions très concrètes que nous avons quasiment toutes retenues. J'en citerai une, c'est toutes les déclarations comptables qui sont faites. Il est normal de faire des déclarations comptables, mais parfois pour les très petites entreprises, on demande autant que pour une très grande. Donc nous avons décidé de simplifier la vie de ces très petites entreprises, de ces petites et moyennes entreprises, ce qui concerne un tiers des entreprises françaises qui vont voir leur vie changer. Parce qu'à chaque fois, il faut faire appel à des concours extérieurs, et cela coûte de l'argent et cela fait perdre beaucoup de temps. Un autre exemple, ce sont les délais de paiement pour les petites entreprises. Ils vont être raccourcis. Autre exemple, quand vous créez une entreprise, vous devez déposer un enregistrement, mais qui coûte cher. Surtout quand on crée une entreprise, on a besoin d'argent. On a décidé de diminuer de 50 % le coût de cet enregistrement.
Plus globalement, le travail qui a été fait par tous les membres du gouvernement et je salue particulièrement le travail de Marylise Lebranchu qui est ministre de la Réforme de l'Etat et de la décentralisation, mais aussi de la Fonction publique tous les ministres se sont mobilisés, toutes les administrations se sont mobilisées, les préfets se sont mobilisés. Et là, nous avons des résultats ! Cela se sent. Nous allons poursuivre ce travail de modernisation, de simplification. Parce que ce qui est important, c'est que les Français aient confiance dans l'action publique. Ils sont attachés à leurs services publics, mais ils veulent qu'ils soient efficaces, qu'ils soient utiles, qu'ils soient compréhensibles.
Nous avons beaucoup travaillé sur ces points, nous allons poursuivre. Le prochain Comité interministériel aura lieu avant la fin de l'année, mais d'ores et déjà, je peux vous dire que toutes ces initiatives permettent de faire des économies, que nous avons évaluées à 3 milliards de diminution du déficit. Or tout cela contribue à améliorer la vie des Français, améliorer l'efficacité de nos entreprises, et en même temps améliore l'usage de l'argent public. Cela veut dire aussi supprimer toute une série d'organismes. Nous en avons supprimé 100 lors de la dernière réunion. Nous venons de supprimer 68 commissions, j'allais dire inutiles, mais il y en a sans doute d'autres, nous allons poursuivre les investigations.
Et puis il y a nécessité, parfois, non pas de supprimer mais de conserver et d'améliorer, c'est cela la modernisation. Cela ne peut pas se faire sans les agents, sans les fonctionnaires qui sont associés, qui sont consultés, que ce soit dans les départements ou que ce soit à l'échelle de l'Etat. Je vais prendre un exemple concret. Nous avons pour toute la politique contractuelle de l'Etat, les contrats de ville, la lutte contre l'exclusion, mais aussi le développement et l'aménagement du territoire, trois organismes : la Délégation à l'aménagement du territoire, l'Agence pour la cohésion sociale et puis la Délégation interministérielle pour la ville. Nous avons décidé de fusionner ces trois organismes pour qu'ils soient plus efficaces dans un Commissariat à l'égalité et au développement des territoires, et qui va être au travail dans les prochains mois parce qu'il va avoir une mission très précise, c'est négocier, via les préfets de région avec les régions, les départements, les villes, de nouveaux contrats de plan pour mettre en oeuvre tout le programme d'investissement que j'ai annoncé la semaine dernière.
Donc un Etat plus efficace, ce n'est pas un Etat absent. Ce n'est pas un Etat qui démissionne. C'est un Etat qui affirme son rôle et qui est garant du pacte social républicain. Je vous remercie.
Source http://www.gouvernement.fr, le 18 juillet 2013 |N|N|N|N|Texte intégral 70451|LE PREMIER MINISTRE (traduction) : « Au nom de Dieu clément et miséricordieux, je voudrais remercier le président de la République française pour les propos quil vient de tenir lors de cette visite et lentretien que nous avons eu ici, aujourdhui, au Palais du Gouvernement avec le groupe de ministres et la délégation qui accompagnent le Président. Nous avons ainsi pu passer en revue les domaines de coopération les plus importants. Comme la dit le Président dans son intervention, nous avons réitéré notre engagement à renforcer et affermir ces relations privilégiées entre la Tunisie et la France. Nous avons uvré à en élargir le domaine. Ces relations sont surtout basées sur la confiance mutuelle, le respect mutuel et un désir commun de renforcer ces relations comme je le disais. Les accords qui ont été signés aujourdhui au Palais de Carthage, en présence des deux Présidents, ne font que renforcer cette orientation pour le soutien et laffermissement de cette relation à lavenir. Jai également profité de cette occasion pour adresser mes remerciements à la France davoir été aux côtés de la Tunisie dans le processus révolutionnaire et dans la période postrévolutionnaire ; et pour le soutien que la Tunisie est en train de recevoir dans de très nombreux domaines ; et pour le soutien accordé à la Tunisie dans ses négociations avec la Communauté européenne pour obtenir le statut de partenaire privilégié ; et pour tout ce qui sen suit de discussions à lavenir où nous espérons obtenir une coopération ouverte dans de très nombreux domaines. Cet entretien était également une occasion pour informer le président de la République française sur le point où on en est la Tunisie dans son processus démocratique : quelles sont les difficultés auxquelles nous devons faire face, comment nous y faisons face Le Président a rappelé et cela nous a beaucoup touchés que la Tunisie, ayant été la première révolution du Printemps arabe, a ouvert la voie. Jusquà aujourdhui, nous constatons que la révolution tunisienne est celle qui est la plus proche de réussir dans ce processus démocratique. Nous constatons, au vu des autres processus de transition démocratique, quil y a des difficultés, quil y a parfois des échecs momentanées, mais que, jusquà aujourdhui, la Tunisie est en train de marcher sur la bonne voie. Nous marchons dun pas ferme grâce à la prise de conscience de ses responsables politiques et parce que nous comptons sur la légalité, sur le consensus, sur un dialogue ouvert. Nous espérons être quasiment à la fin de ce processus que nous allons pouvoir conclure par des élections, que nous espérons pouvoir tenir avant la fin de cette année. La coopération entre la Tunisie et la France est forte et profonde et nous espérons quelle se renforcera à lavenir. Cest un point de presse aujourdhui, avec le président de la République française. Je souhaiterais donc que vous adressiez vos questions au Président. Le Président MARZOUKI a participé, aux côtés du Président français, à une conférence de presse au cours de laquelle il a éclairci un certain nombre de points. Je voudrais donc que vous adressiez vos questions au Président exclusivement. Nous ne voulons pas prendre beaucoup de son temps. Je vous remercie de votre attention ».
QUESTION : « Monsieur le Président, bonjour, Monsieur le Premier ministre, une question concernant la possibilité qui avait été évoquée de convertir une partie de la dette publique tunisienne à légard de la France en mécanisme daide, pouvez-vous nous en dire davantage, où en est ce dossier, quel montant serait concerné, est-ce que des domaines ont déjà été envisagés pour les investissements possibles dans le cadre de cette reconversion, à quelle échéance vous pensez que ces dossiers peuvent aboutir et en particulier les contrats de coopération envisagés aujourdhui rentreraient dans le cadre de ces mécanismes de reconversion ? »
LE PRESIDENT : « Dabord, je lai rappelé, la France est un des principaux pays, qui aide et soutient la Tunisie. Nous voulons ce soutien par rapport à ce qui est notre relation historique, sans doute, sûrement, par rapport à lintensité des échanges entre nos deux pays et du nombre dentreprises présentes en France, mais aussi, par rapport à la responsabilité historique qui est celle de la Tunisie aujourdhui. Pour être plus concret encore, sur la période 2013-2014, il y a 500 millions deuros daide directe à des projets, qui passent notamment par lAgence française de développement. Nous sommes le premier bailleur de fonds étranger de la Tunisie. Nous allons ajouter à cette somme lopération qui est souhaitée par les Tunisiens et je pense qui peut être une très belle illustration de ce quest une politique de développement. Nous allons ajouter jusqu'à 60 millions deuros de conversion de dette en investissements. Les projets seront définis avec les Tunisiens et la visite daujourdhui et de demain y contribuera. Le plus tôt sera le mieux. Ce qui pourra être engagé dès cette année, le sera. A lévidence, lessentiel se fera lannée prochaine. Mais sur le plan financier, chacun comprend lidée, cest que plutôt que dannuler une dette, ou plutôt que den faire un moratoire, le report ou la renégociation, nous préférons linvestir directement sur un projet. Et nous voulons lui donner un aspect de partenariat. Ce nest pas la France qui choisit les projets, cest la Tunisie avec nous. Par ailleurs, nous voulons mobiliser lUnion européenne sur cette idée de conversion de dette et de linscrire dans le partenariat de Deauville, dont la France est à lorigine ».
QUESTION : « Monsieur le Président, bonjour. Vous avez parlé de coopération multilatérale voire multidimensionnelle entre la Tunisie et la France. Vous savez quen France il y a une forte communauté tunisienne de lordre de 700 000 citoyens dont partie de nationalité tunisienne, dautres franco-tunisiens. Cette communauté tunisienne irrigue le tissu culturel et économique français. Comment faire pour créer des méthodes de travail pour transformer les liens que les Franco-tunisiens et les Tunisiens de France ont avec la Tunisie pour en faire une passerelle de développement mutuellement bénéficiaire ? »
LE PRESIDENT : « Cest une chance que davoir 700 00 Tunisiens en France, parfois avec la double nationalité, qui veulent à la fois être en France pour servir le pays qui les a accueillis, et en même temps sont fidèles à leur pays dorigine. Ces Tunisiens sont souvent bien formés, sont eux-mêmes parfois dans le domaine économique. Nous devons donc en faire des instruments de développement utiles pour la Tunisie. Par rapport à des projets de formation professionnelle que nous voulons développer en Tunisie, il serait possible dutiliser ce potentiel, ce capital humain dans cette direction. Qui connaît le mieux les Tunisiens si ce nest les Tunisiens eux-mêmes ? Qui peut être le mieux placé pour les former, que des Tunisiens. A cet égard, il y a un programme qui a été lancé par la France pour former des enseignants en langue française. Là aussi, dans lensemble du monde, en particulier francophone.
Nous pouvons appuyer aussi par des Tunisiens venant enseigner ici, les efforts que nous faisons pour le développement de notre langue, appuyer sur des projets qui peuvent être technologiques. Voilà le sens de ce que nous voulons faire avec les Tunisiens de France ».|N|N|N|N|Texte intégral 70452|La France sait toujours se faire attendre. Je ne demande pas plus de lumière, ni plus de son, simplement votre attention en vous remerciant encore pour votre accueil ! Je salue cette initiative qui a été prise par lUnion tunisienne du travail, de lindustrie, du commerce et de lartisanat et par le MEDEF, qui nous permet membres du Gouvernement français, membres du Gouvernement tunisien, chefs dentreprise de définir le cadre de ce que peut être une nouvelle coopération.
Je veux saluer la Présidente de lUTICA, parce quelle est la première femme qui a été élue à la tête dune organisation patronale dans le monde arabe, prouvant une nouvelle fois que la Tunisie est davant-garde. En outre, vous venez dobtenir un prix prestigieux le Women Business Award qui a été décerné par les pays participant au partenariat de Deauville et qui est quasiment, on peut le dire, le prix Nobel du patronat. Je veux saluer, une nouvelle fois, le président de la République tunisienne, mon ami Moncef MARZOUKI. Parce que laccueil qui mest fait pour cette visite dEtat situe la responsabilité de nos deux pays dans cette période que nous traversons, mais surtout le niveau de notre amitié. Cest dû à lHistoire, à la réalité humaine mais aussi à la qualité des relations personnelles que nous pouvons tisser entre chefs dEtat et ministres de nos deux gouvernements.
Je lévoquais, la Tunisie vit un moment historique et les entreprises ont aussi un rôle à jouer pour que votre pays réussisse pleinement sa transition démocratique. Moncef MARZOUKI lévoquait : une révolution produit, à la fois, de lespoir, parfois de linquiétude, mais elle ne peut réussir que si parallèlement le développement économique connait une nouvelle accélération. Il ne peut y avoir de transition démocratique que sil y a une mobilisation de lensemble des forces qui font la production dun pays. En servant léconomie tunisienne, vous servez la transition démocratique. De la même manière, les entreprises françaises qui viennent depuis longtemps ici en Tunisie, investir, créer de lactivité, vont chercher, non seulement et cest bien légitime un retour de leur investissement, ce quon appelle un profit, mais également vont rendre service à la Tunisie toute entière. Non pas quil y ait une volonté morale parfois léconomie et la morale ne font pas bon ménage mais au moins ce que nous pouvons retrouver là, cest une conception de lentreprise citoyenne au service du développement dun pays ami.
La Tunisie peut compter sur le soutien de la France. Mon pays est le premier bailleur daide publique pour le développement pour la Tunisie qui, à travers tous ses instruments, arrive à mobiliser des centaines de millions deuros : 500 millions d pour la période 2013/2014. Au-delà des chiffres, ses projets sont considérables pour la Tunisie. Cest la mise en place du réseau ferroviaire du Grand Tunis, dont les protocoles financiers sont signés aujourdhui même. Ce sont également des projets agricoles, des projets urbains. La France est prête à poursuivre non seulement son aide mais à la transformer, jen ai fait lannonce devant lAssemblée constituante ce matin. Je lavais dit, dès hier, au Président MARZOUKI ainsi quau Premier ministre. La France va réaliser une conversion de dette pour des projets dinvestissements, cest-à-dire permettre quune créance se transforme en activité économique. La France est le premier fournisseur de la Tunisie pour près de 4 milliards deuros. Mais ce qui est aussi très important, cest que la France est le premier client de la Tunisie pour un montant comparable. Le marché français absorbe un tiers des exportations de la Tunisie. Quand votre économie est dynamique, la nôtre se trouve confortée et réciproquement. Cest vrai, quen ce moment, il y a une récession en Europe et que cela peut altérer vos capacités de développement. Néanmoins, malgré ce qui sest produit dans lannée 2012 avec les incertitudes quengendre nécessairement une révolution, je note que la croissance tunisienne a été supérieure à 3 % lannée dernière. Il y a ici une dynamique qui ne demande quà être encouragée. La France veut être le premier investisseur en Tunisie. Il y a déjà plus de 1350 entreprises qui sont présentes, employant 125 000 personnes. Nous pouvions avoir la crainte, cela peut arriver quand il y a des doutes sur un système politique, que les entreprises françaises se rétractent dans leur choix dinvestissement. Cela a été tout linverse, elles se sont non seulement maintenues, ici sur leur marché, mais elles ont encore augmenté leur participation. Je veux en citer quelques exemples : des grands groupes comme BIC et AUCHAN sont venus renforcer leur présence en Tunisie ; une entreprise bancaire, CIC, est venue mettre sa participation dans la Banque de Tunisie ; SOFIPROTEOL vient douvrir, dans le domaine agricole, une nouvelle usine dans la région de Testour avec un lien qui a été voulu par ses dirigeants avec des éleveurs tunisiens. Cest vrai pour les grands groupes, cest vrai aussi pour les PME. Je veux saluer justement cette particularité qui est que beaucoup de PME françaises sont présentes sur le marché tunisien. Cela veut dire que vous leur avez fait le meilleur accueil. 80 % des entreprises installées en Tunisie sont des PME. Il y a eu ce lien entre PME françaises et PME tunisiennes. Notre coopération est dynamique dans de nombreux secteurs souvent traditionnels : les équipements électroniques, laéronautique. Nous avons encore signé un marché, hier, avec lachat de plusieurs avions Airbus. Ce que je veux, à travers la nouvelle période qui souvre, cest que nous puissions offrir de nouveaux domaines de coopération, de partenariats, dinvestissements.
Premier domaine, la filière agricole et agroalimentaire. Une convention de partenariat, entre les ministres français et tunisiens de lAgriculture, a été signée hier permettant de structurer des filières davenir comme le lait, lhuile dolive et les céréales. Il sagit, aussi bien pour la France que pour la Tunisie, de monter en gamme comme lon dit. Cela vaut aussi pour lagriculture et lindustrie agroalimentaire. Deuxième domaine, lalliance numérique, cest-à-dire les nouvelles technologies. Il y a eu, là-aussi, un partenariat exceptionnel entre entreprises françaises et entreprises tunisiennes avec des prolongements commerciaux permettant la colocalisation, car nous savons bien, parlons franchement, quil y a toujours un risque en ces domaines du numérique, des centres dappels ; que ce qui est installé en Tunisie pourrait être défavorable à lemploi en France. Justement, ce type de convention permet de rassurer, les uns et les autres, pour que ce qui se fait en Tunisie soit favorable à lactivité en France et que nous ne nous mettions pas à nous concurrencer inutilement. Créer de lemploi et en France et en Tunisie dans le secteur des nouvelles technologies, cest possible justement à travers un réseau de PME et de start-up que nous avons réussi à fédérer. Troisième domaine, les énergies renouvelables. Le président de la République tunisienne me disait : cest lavenir de la Tunisie. Depuis deux ans, le Gouvernement français a dégagé plusieurs millions deuros pour monter des projets dans le solaire et dans léolien en Tunisie avec des villages qui vont être dotés des dernières technologies, dans le domaine notamment photovoltaïque ou des énergies marines. Là-aussi, ce que nous ferons pour la Tunisie sera utile pour la France, notamment dans la perspective de la transition énergétique, avec la montée des énergies renouvelables, avec des technologies nouvelles qui feront que le prix de ces énergies baissera. Car nous savons bien que le prix des énergies fossiles va augmenter et que nous pourrons ainsi permettre cette substitution, utile pour lenvironnement, utile pour lemploi. De nombreux chefs dentreprise maccompagnent et je veux les en remercier. Ils maccompagnent pas simplement pour me faire plaisir, cela peut arriver, mais ils maccompagnent parce quils ont compris quils avaient de nombreux projets à bâtir avec la Tunisie, des contacts utiles grâce à votre forum avec des industriels et des entrepreneurs tunisiens. Il y a des alliances à nouer. Je pense à la réalisation de grands travaux, à ce qui va se faire pour le port de Rades, pour les stations dépuration deaux de traitement de déchets de nombreuses villes, pour des centrales électriques Il y a également un consortium qui a été créé par la société Corail Rail, qui vient de remporter lappel doffres pour le réseau rapide de Tunis. Tout cela prouve que nous pouvons agir ensemble. Jai également souhaité, cela a été exaucé, que les entreprises françaises et tunisiennes, qui sont fortes de leur complémentarité, puissent sunir pour aller conquérir un certain nombre de marchés dans lensemble de la région. Par exemple, Schneider Electric apporte son soutien au premier groupe privé tunisien Poulina pour mettre en place un certain nombre de données. Plusieurs entreprises tunisiennes développeront leurs liens industriels avec de grandes sociétés françaises. Cest le cas de Telnet et de Sifax, qui se sont rapprochés dAirbus et de Safran et dAltran. Tout cela va dans le sens de cette complémentarité, de ce partenariat, de ce co-développement que je souhaitais. Les touristes français représentent un contingent, comme lon dit, égal à lensemble des touristes britanniques, allemands et italiens réunis. La France a donc, depuis longtemps, en matière touristique, fait le choix de la Tunisie. Elle donne conseil aux voyageurs. Le ministre des Affaires étrangères les prodigue sur un site qui, paraît-il, est lun des plus visités de France, peut-être même davantage que celui de lElysée ! Mais jen comprends la raison, non pas parce quil annonce la météo mais parce que le site du ministère des Affaires étrangères renseigne tous les Français - et dailleurs, bon nombre dEuropéens - qui sinterrogent sur leur lieu de vacances en terme de sécurité. Le site du ministère des Affaires étrangères signale que ce sont les régions touristiques de la Tunisie qui sont les plus sûrs du monde. Jencourage donc tous ceux qui, en France ou ailleurs, sinterrogent sur leur lieu de vacances à venir ici en Tunisie, comme je lai fait, même si ce nétait pas simplement pour des vacances. Mesdames et Messieurs, tout le sens de mon propos est à la fois économique et politique. Il est économique parce que la France a confiance dans la dynamique de croissance, ici, en Tunisie. Mon propos est économique, parce que nous avons à bâtir une coopération nouvelle, un partenariat exceptionnel. Il est économique parce que nous avons même à inventer des mécanismes et des dispositifs de co-développement. Il est économique, parce que je crois que cest lintérêt et de nos entreprises françaises et des entreprises tunisiennes davoir des alliances. Mais il est aussi politique, car si nous voulons que la révolution réussisse en Tunisie, si nous voulons que la transition démocratique puisse être accomplie, si nous voulons quil y ait un cadre stable, une sécurité pour les investissements mais aussi pour que les Tunisiens puissent vivre en liberté, alors nous devons tout faire pour que léconomie tunisienne puisse être encouragée, soutenue, stimulée. Vous avez souhaité mettre votre forum sous le slogan des opportunités. Mesdames et Messieurs, quand lamitié rencontre lopportunité ou les opportunités, cela sappelle la confiance. Merci.|N|N|N|N|Texte intégral 70453|Monsieur le Président de lAssemblée nationale constituante,
Monsieur le Premier ministre,
Mesdames et Messieurs les ministres,
Mesdames et Messieurs les députés,
Cest un honneur de madresser à vous, au nom de la France. Un honneur, parce que vous êtes la première Assemblée élue au suffrage universel en Tunisie dans des conditions de liberté et de pluralisme. Un honneur, parce que vous êtes une Assemblée issue dun processus révolutionnaire. Un honneur, parce que vous préparez une Constitution qui est le texte fondamental dans une grande démocratie pour séparer et organiser les pouvoirs, pour permettre à lEtat de droit dêtre respecté, pour garantir les libertés, pour permettre la participation de tous à la vie publique. Un honneur, parce que, au-delà de cette Constitution, vous préparez les élections qui auront lieu et qui seront également le signe de la vitalité de la démocratie tunisienne. Je suis sûr que, malgré toutes les épreuves il en existe toujours toutes les difficultés, la Tunisie saura montrer une nouvelle fois lexemple. La Tunisie a toujours été pionnière. Au XIXe siècle, cest elle qui inaugura la grande tradition constitutionaliste du monde arabe avec la « loi de lÉtat tunisien ». Cétait en 1861. Cest en Tunisie que le mouvement réformiste arabe sest affirmé avec Kheireddine PACHA et Mohamed SNOUSSI. La Tunisie, au cours du XXème siècle, a été en avant-garde en gagnant plus tôt que dautres son indépendance, en fondant sa République et en accordant aux femmes un statut unique dans le monde arabe. Même sous le temps de loppression et de la dictature, la Tunisie a su montrer le chemin. Des hommes et des femmes ont eu le courage de réclamer justice et de porter les droits de lHomme. Pour beaucoup, ce fut un combat douloureux. La France aujourdhui exprime à ceux qui ont éprouvé dans leurs chairs les affres de la dictature, à ceux qui ont été arrêtés, torturés pour leurs convictions, la France exprime aujourdhui, ici, par ma voix, son immense respect. La Tunisie a également montré lexemple avec le Printemps arabe en janvier 2011. Le geste, à Sidi Bouzid, de Mohamed BOUAZIZI a changé le cours de lHistoire de lhistoire de la Tunisie, mais aussi de lhistoire du monde. Et je veux ici solennellement saluer sa mémoire.
Ce fut le début dun processus. Dautres peuples se sont mis en mouvement après la Tunisie. Il appartient à chacun dentre eux de montrer la voie, de chercher le bon chemin. Cette voie peut être heurtée, parfois violente, cest le cas en Libye. Cette voie peut être interrompue, cest le cas aujourdhui en Egypte. Cette voie peut déboucher sur une guerre, cest le cas, hélas, en Syrie. Mais la leçon que le peuple tunisien a donnée au monde, cest quil ne peut pas y avoir de stabilité, il ne peut pas y avoir de développement, il ne peut pas y avoir de progrès sans la liberté. Et cest cette liberté-là qui est en marche partout. Je sais que vous avez dimmenses défis à relever. La France sait ce quest une révolution, sa puissance irréversible, lécho quelle suscite dans le peuple, mais également la difficulté dinscrire dans le temps toutes les conquêtes, dêtre à la hauteur de lespérance créée et en même temps de ne pas donner une illusion impossible. Oui ! La France comprend les impatiences qui peuvent exister ici, en Tunisie, le désir de résultat pas simplement, dailleurs, en Tunisie et lexigence de garantie. Je sais donc ce que vous affrontez. Dabord, lhéritage de lancien régime mais aussi la crise économique en Europe qui vous frappe, linsécurité dans la région qui vous touche, sans parler de la violence et elle existe, y compris à lintérieur de la part de ceux qui nacceptent pas les principes de votre révolution. En cet instant, jai une pensée pour Chokri BELAID, homme de conviction tué pour ses idées. Et je forme le vu, qui est le vôtre, que toute la lumière soit faite sur son assassinat et que ses assassins soient justement jugés et punis. Mais la Tunisie a montré encore ces derniers jours quelle est capable de dépasser ce qui peut la diviser, de surmonter toutes les épreuves, tous les défis. Je veux, à loccasion de ma visite, dans le moment précis que vous traversez, dans les doutes et les espérances qui sont les vôtres, montrer que la relation entre la France et la Tunisie peut être refondée dans ce contexte. Je suis le premier président de la République française à venir en Tunisie depuis votre révolution. Cest un symbole mais cest aussi une volonté de refonder la relation entre la France et la Tunisie. Refonder notre relation, cest dabord assumer la vérité. Cest pourquoi, je me rendrai, aujourdhui même, au mausolée de Farhat HACHED. Je dirai à sa veuve, à son fils ainsi quaux représentants de lUGTT que je mengage, au nom de la France, à rechercher et à faire toute la clarté sur son assassinat en 1952. Jai dores et déjà donné instruction pour que toutes les archives soient rendues publiques sans aucune exception. A linitiative du maire de Paris, Bertrand DELANOE, enfant de Bizerte, une place de la capitale française porte désormais le nom de Farhat HACHED. Cest lune des expressions de lestime des Français pour ce héros du mouvement national tunisien. Refonder notre relation, cest respecter pleinement lhistoire de la Tunisie, la lutte pour son indépendance, les mouvements qui lont portée, sa capacité à forger sa propre identité, à définir une relation sereine avec la France. Je reconnais lapport dHabib BOURGUIBA à cette construction-là et, là aussi, je salue sa mémoire. Refonder notre relation, cest tirer toutes les leçons du passé, même le plus brûlant, car il y a des blessures, je les connais. Il y a eu des incompréhensions, je les ai mesurées au moment de la révolution tunisienne. A ce moment-là, à Paris et partout en France, des Tunisiens venaient me voir espérant le soutien de la France dans ce moment décisif disaient leur déception mais aussi leur attente. Ils voyaient également que nombre de mes concitoyens dans les mondes associatif, politique, syndical étaient solidaires de la révolution tunisienne. Cest bien là lessentiel. Et je remercie le président MARZOUKI quand il est venu à Paris davoir dit que la France des citoyens navait pas fait défaut à la Tunisie. Refonder notre relation, cest exprimer la confiance de la France dans la Tunisie nouvelle. La France est prête à travailler avec les représentants du peuple tunisien tous les représentants du peuple tunisien élus démocratiquement dans le pluralisme. Parce que le message de la France sadresse à tous les Tunisiens et à celles et ceux qui sont désignés dans cette Assemblée, puis dans la future pour les représenter. La France sait que lislam et la démocratie sont compatibles. De grandes voix tunisiennes, comme celle de Mohamed CHARFI, lont dit avec grande force. La France sait aussi que lidentité tunisienne se nourrit dapports multiples et que le progrès politique, économique, social demande la participation de tous dans la démocratie, dans le respect des libertés, dans légalité des droits. La France vous encourage, sans vous donner de leçon. La France aussi participe des inquiétudes lorsquelles existent, et les exprime à chaque fois quelle pense que cest utile et que cest nécessaire. La France et la Tunisie sont liées, lune à lautre, par la culture, les femmes et les hommes qui ont fait ce que nous sommes ; par notre histoire mais aussi par ce présent qui permet à de nombreuses familles issues de la Tunisie de vivre en France et à dautres françaises de sétablir en Tunisie. Cest ce qui fait notre force, cette communauté parfois de destin que nous partageons. La France et la Tunisie ont besoin lune de lautre, la France est prête à travailler avec vous dans tous les secteurs où vous pouvez solliciter son concours. Au cours de ma visite, les ministres ici présents ont signé, avec les vôtres, de nombreuses conventions et accords. Ils formeront le cadre de notre coopération. La France, Monsieur le Président, est déjà le premier bailleur de fonds publics au développement pour la Tunisie. Elle continuera de mobiliser les pays du partenariat de Deauville et lensemble de lUnion européenne, pour vous permettre de connaître le meilleur développement pour votre pays. Je mobiliserai tous les instruments, à notre disposition. Les engagements de la France pour la Tunisie sélèvent déjà à plus d1,5 milliard. Pour 2013 et 2014, nos perspectives sont de délivrer 500 millions deuros de plus. LAgence Française de Développement investira notamment dans la réhabilitation des quartiers de vos villes, lalimentation en eau, la formation professionnelle, les liaisons ferroviaires, le développement agricole. En plus de cet appui, la France réalisera, pour la Tunisie, une opération que vous avez vous-mêmes autorités tunisiennes, représentants du peuple tunisien exprimée : la conversion de dette, c'est-à-dire la transformation de ce quest une créance de la France en investissements pour la Tunisie. Notre coopération, cest aussi les entreprises. Elles sont plus de 1 350 françaises à être installées en Tunisie, à y faire travailler plus de 125 000 personnes. Ces chiffres nont pas diminué depuis la Révolution, et toute mon action, avec celle du gouvernement, cest de faire en sorte quil y ait plus dentreprises qui viennent ici, en Tunisie, pour votre développement, mais aussi pour lactivité économique en France. Monsieur le Président, vous avez insisté sur le tourisme. Je ne veux pas réduire la Tunisie au tourisme, car la Tunisie a plein datouts, plein de capacités. Mais elle a aussi, par la qualité de ses paysages, par son climat, et par lhospitalité de sa population, toutes les possibilités davoir une économie touristique dynamique. Là encore, jirai dans ce haut lieu du tourisme quest Sidi Bousaïd, et jinvite, à travers cette visite que jeffectue à votre invitation, tous les Français à venir nombreux passer leurs vacances en Tunisie. Notre coopération est aussi dans lAdministration, dans lEcole Nationale dAdministration. On pourrait en dire tellement de choses en France, mais tellement de bien en Tunisie ! Nous ferons en sorte que lexpertise puisse être partagée, dans ces domaines comme dans celui du droit. Jai bien conscience, cela ma été rappelé par le gouvernement hier, de ce que vous attendez de la France, sur cette question du droit, du respect des règles, de la lutte contre la corruption, de ce qui vous a été volé par le régime déchu. Je vous laffirme ici : tout ce qui a été mal acquis vous sera rendu. Jai donc demandé que tout soit mis en uvre pour accélérer les procédures, faciliter lidentification des biens. Un magistrat français sera bientôt installé à Tunis pour y veiller, et nous en ferons lévaluation à chaque étape. Enfin, notre coopération est tournée vers la jeunesse, la jeunesse de France, la jeunesse de Tunisie. Près de 20 000 Tunisiens étudient en France, 4 000 étudiants sy inscrivent chaque année, 1 000 bénéficient dune bourse accordée par le gouvernement français. Je sais les problèmes qui ont été posés et jai donc veillé à ce que les règles de circulation des étudiants étrangers soient assouplies. Jai demandé dabroger et ce fut fait dès les premiers jours de mon mandat une instruction administrative qui empêchait les étudiants déjà présents en France de pouvoir travailler. Mais je veux faire en sorte que nous puissions améliorer la mobilité entre nos deux pays, tout en luttant contre limmigration clandestine. Je ne veux pas capter la jeunesse tunisienne, je veux simplement que celle qui veut étudier en France dans de bonnes conditions puisse le faire, pour retourner ensuite dans votre pays, exprimer le talent, la compétence et lexpérience, qui auront été développés dans notre pays. La France contribuera à réaliser aussi des projets importants de formation ici en Tunisie, comme dans le Centre de formation professionnelle de Gafsa, ou encore lEcole nationale dIngénieurs de Bizerte. Ce partenariat entre la France et la Tunisie, pour léducation, pour la formation, doit être placé au meilleur niveau dexcellence. Je veux que nous puissions avoir aussi une coopération en matière de culture, de recherche, pour que nous puissions donner le meilleur de nous-mêmes. Donner le meilleur de nous-mêmes aussi pour la Méditerranée, que nous avons en partage, cette « blanche mer citoyenne », une Méditerranée de projets, là aussi, autour de la sécurité alimentaire, de laccès à leau, des universités. Travaillons ensemble ! Ici, il y a des représentants des régions françaises, et notamment de la Méditerranée, de Provence-Alpes-Côte-Dazur, et dautres. Vous avez souhaité une coopération décentralisée. Elle sera non seulement engagée elle lest déjà mais poursuivie, amplifiée, pour que nous portions des projets communs. Enfin, nous avons, la Tunisie et la France, à travailler pour la paix. Je veux vous assurer de mon engagement à lutter contre toutes les menaces auxquelles lAfrique du Nord, lEurope, et la France, sont exposées. Cette menace a un nom, cest le terrorisme. Au Mali, la France est intervenue, à la demande du président TRAORE, pour empêcher que des groupes terroristes ne mettent la main sur lensemble du pays. Laction conduite avec les armées africaines a permis, non seulement de réussir à les chasser, mais de préparer une transition politique, puisque des élections auront lieu, sans doute, sûrement, à la fin du mois de juillet, puisque cest la date qui a été fixée. Nous devons donc tout faire pour que cet exemple soit donné à dautres pays et que nous puissions garantir la sécurité du Sahel. Je sais bien que vous êtes concernés aussi car quand des groupes terroristes sont chassés dun pays, ils se réfugient dans dautres et tentent de le menacer et de déstabiliser. Je sais ce que vous les affrontez, ici même. Avec quel courage vous avez fait face à ceux qui voulaient utiliser les armes contre votre révolution ! En Egypte, les événements récents nous montrent combien les processus de transition démocratique sont fragiles et peuvent être mis en échec. Car cest un échec quand un Président, élu démocratiquement, est déposé par larmée. Cest un échec quand des millions dEgyptiens veulent aussi, après un an, exprimer leur aspiration à la liberté. Alors, que devons-nous dire ? Cette chose simple, cest que tout doit être fait maintenant, dans ce pays, pour retrouver pleinement la démocratie, la liberté, le pluralisme et, le plus vite possible, des élections. La France est également du côté du peuple syrien, qui fait face à la barbarie dun régime, et qui endure une guerre qui massacre la population civile. 100 000 morts en Syrie. La France a alors décidé de prendre toutes ses responsabilités et daider lopposition autant quil le faudra, à condition, bien sûr, que les groupes dinfluence terroriste soient mis de côté, et pour que tout soit fait pour que la Syrie puisse être, elle aussi, un grand pays démocratique. Jai entendu ce que vous avez dit aussi, Monsieur le Président, sur le conflit israélo-palestinien et sur cette volonté qui doit être la nôtre celle de lEurope, celle de la France de faire revenir les parties prenantes à la négociation pour que soit enfin décidée, négociée, et obtenue la création dun Etat palestinien. Monsieur le Président, Mesdames, et Messieurs les députés, je mesure, je lai dit, ce quest votre responsabilité : terminer lélaboration de votre Constitution, préparer les élections de manière incontestable, comme vous lavez fait en 2011, être capable de donner espoir à la Tunisie. Ce sont de grands défis mais vous nêtes pas seuls, vous avez vos amis et la France compte parmi ceux que vous pouvez considérer comme tels. Nous avons trois principes qui nous rassemblent. Le premier, cest la démocratie, le droit pour tous les citoyens de choisir librement, souverainement, leurs représentants, dans le cadre de légalité, du respect des minorités, de la liberté de la presse, de la circulation sans entrave des opinions et des idées, légalité des droits entre les femmes et les hommes. Vous avez décidé, vous, cette Assemblée, de préserver cet acquis fondamental de la Tunisie, et surtout de votre histoire et des luttes de votre mouvement féministe, qui fait, à juste raison, votre fierté. Le second principe, cest celui de la confiance. La France a confiance dans la Tunisie, la France a confiance dans sa capacité à construire un avenir, un développement, une démocratie. La France a confiance dans léconomie tunisienne, dans les horizons qui peuvent finalement être définis, dessinés par nous, ensemble, pour donner de lespoir à nos peuples respectifs. Enfin, le dernier principe, cest celui de la responsabilité : responsabilité de la Tunisie pour réussir sa révolution, responsabilité de la France, pour vous appuyer, autant quil sera nécessaire. Votre tâche est considérable, et dans lHistoire il arrive des moments où un peuple décide, non seulement pour lui-même, mais pour les autres. Nous avons, nous la France, cet orgueil qui nous est parfois reproché en tout cas cette ambition que nous portons, cette fierté davoir, il y a déjà longtemps, fait notre révolution, den être toujours les héritiers et de dire partout que nous sommes les défenseurs de droits qui appartiennent à lhumanité toute entière. Nous avons toujours cette idée que nous ne sommes pas nimporte quel pays, nous la France, parce que nous avons été la patrie des Lumières, de lespérance, de la liberté. Quand un autre peuple nous reconnaît comme tel, nous voyons cette flamme dans nos yeux, les uns les autres, pour partager cette même démarche, cette même ambition. Maintenant, cest vous, vous la Tunisie, qui avez finalement, à la fois cette fierté, mais aussi cette responsabilité. Vous portez un espoir qui va bien au-delà du peuple tunisien, bien au-delà des peuples arabes, et cest ce qui nous rend solidaires France et Tunisie. Vive lamitié entre la France et la Tunisie !|N|N|N|N|Texte intégral 70454|LE PRESIDENT - Bien, Mesdames, Messieurs, ce voyage, cette visite dÉtat sachève bientôt. Je vais rencontrer tout à lheure des personnalités de la société civile, les responsables des partis dopposition puis enfin la communauté française. Jaurai également un entretien avec le consul honoraire de Benghazi qui a été victime dune agression pour ne pas dire dun attentat et qui nous donnera son témoignage et nous lui prodiguerons toute notre solidarité et notre admiration dêtre sorti comme il est sorti indemne de ce piège.
Mesdames, Messieurs, ce voyage, cette visite avait pour moi un seul objet, cétait dappuyer, au nom de la France, la transition démocratique en Tunisie dans le contexte que lon sait et de dire notre amitié au peuple tunisien dans son ensemble et lui affirmer que la France serait toujours à ses côtés quelles que soient les circonstances pour réussir la révolution tunisienne. Il ne sagit pas de nous ingérer ni de donner la leçon mais de faire en sorte que ce qui sest produit en Tunisie puisse être un succès pour la Tunisie, pour la relation entre la France et la Tunisie, mais plus largement, pour offrir un exemple à la Méditerranée dans son ensemble et à tous les peuples qui luttent pour leur liberté.
Les rencontres que jai eues avec le président de la République, Moncef MARZOUKI, avec le gouvernement et le Premier ministre, avec aussi lAssemblée nationale constituante, navaient que ce seul objectif, non pas choisir entre les uns et les autres, non pas participer au débat public telle nest pas la place de la France , mais tout simplement dire que, soucieux des libertés, des droits, de légalité des femmes par rapport aux hommes, nous voulons, nous souhaitons que la Tunisie puisse accomplir sa révolution jusquau bout avec une Constitution qui garantira lÉtat de droit, qui fixera les pouvoirs et les contrepouvoirs, permettra de donner aussi des garanties en matière de liberté et dégalité, puis ensuite, avec des élections libres. Je rappelle que la Tunisie na connu quun scrutin libre depuis lindépendance, celui de 2011, et que cest donc avec grande méticulosité, grande exigence que les Tunisiens préparent le prochain scrutin, les prochains scrutins.
La France sera aussi aux côtés des Tunisiens en favorisant le développement économique. Cest pourquoi la délégation qui maccompagnait, au-delà des ministres, au-delà des élus et je les en remercie qui sont ici, était constituée de chefs dentreprise nombreux qui, présents déjà en Tunisie depuis des années, entendaient nouer des nouveaux partenariats dans le cadre dune coopération refondée telle que je lai présentée aussi bien aux acteurs politiques quéconomiques, avec un modèle, le codéveloppement, une innovation majeure, la conversation de la dette, et avec aussi le souci de créer des alliances qui permettront aux Tunisiens et aux Français de pouvoir dabord tirer le meilleur parti de ce potentiel formidable qui est davoir des Tunisiens qui vient en France, souvent avec une double nationalité, et des Français qui sont en Tunisie et qui peuvent se rassembler pour porter des initiatives et des projets.
Mais nous pouvons aussi faire davantage, nouer ces alliances pour aller conquérir des marchés ensemble en Afrique et au-delà. Nous avons aussi affirmé le principe dune communauté méditerranéenne, cest-à-dire de ce dialogue, de cette initiative qui a été tentée tellement de fois, pas toujours réussie, pour quil y ait un vrai partenariat entre lEurope et la Méditerranée. Nous avons signé bon nombre daccords dans bien des domaines économiques. Je ne vais pas ici les citer tous : lagroalimentaire, les énergies, les nouvelles technologies, le tourisme. Le tourisme qui est une des richesses de la Tunisie. Et si jai tenu à faire cette conférence de presse ici, dans ce lieu prestigieux et dans ce cadre fabuleux, cest aussi pour convaincre que nos compatriotes et beaucoup dautres peuvent venir en Tunisie passer des vacances, sans oublier la France, parce quil y a ici toutes les conditions dun séjour sûr et agréable. Et quand on est en Tunisie, après, on a le mal du pays, on revient en France et on découvre dautres paysages.
Voilà ce que jai entendu porter et aussi un message en direction de la jeunesse, des créateurs, des hommes et des femmes qui veulent circuler, que nous faciliterons tous ces échanges, toute cette mobilité tant demandée et pas toujours facilitée jusquà présent. Nous avons déjà pris beaucoup de mesures. Jen remercie lambassade, les services consulaires. Cent mille visas sont délivrés. Cest considérable ! Nous pouvons faire encore plus vite sans doute. Nous avons visité ce matin un musée splendide où le LOUVRE sest impliqué. Nous avons eu également des échanges avec les jeunes, les volontaires. Je remercie Martin HIRSCH comme je remercie Jack LANG aussi pour lINSTITUT DU MONDE ARABE. Bref, je ne vais pas ici faire la liste de tous ceux, toutes celles qui contribuent à lamitié entre la Tunisie et la France.
Ce que je retiens aussi, cest lattente qui est portée sur la France, lespérance, la confiance. Nous avons encore eu un témoignage à Tunis où, en plus, nous venions de faire un acte fort, symbolique qui consiste à remettre des archives par rapport à un acte qui sest produit en 1952, par rapport à un héros du peuple tunisien. Je pense que ce geste devait être fait. Il était plus que temps, il nétait pas trop tard. Voilà, Mesdames et Messieurs, les messages que je voulais vous délivrer. Je suis prêt à répondre à vos questions.
QUESTION - (Inaudible). Monsieur le président, la position de la France est confuse par rapport à lincertitude de lagenda politique du gouvernement tunisien. Les accords économiques occultent-ils la dimension « droit-hommiste » de la France ?
LE PRESIDENT - Sûrement pas ! Tout au long de cette visite, je nai cessé de rappeler que, pour nous, la révolution tunisienne, cétaient les droits de lhomme, légalité entre les femmes et les hommes, lindépendance de la justice, lÉtat de droit, les libertés, le pluralisme de la presse. Plusieurs cas nous ont été évoqués par les associations que jai rencontrées, par les jeunes, par les femmes. Sur tous ces cas, je men suis ouvert avec les autorités tunisiennes. Pas besoin déchange. Si je ne venais ici que pour des contrats, je ne serais pas dans la dimension que jai voulu donner à cette visite dÉtat et que les Tunisiens dans leur ensemble ont voulu également porter par rapport à cette visite du premier président de la République française après la révolution tunisienne. Et par rapport à lagenda, je men suis enquis auprès des autorités et du Parlement, enfin de lAssemblée constituante. Jai été, de ce point de vue, rassuré. Que ma-t-il été dit ? Mais je vérifierai car le temps est court par rapport à ce qui ma été présenté. Quau mois de septembre, la Constitution pouvait être adoptée par lAssemblée constituante, que lAssemblée travaillerait même tout le mois daoût si cétait nécessaire, quensuite, lélection présidentielle pourrait avoir lieu ou à la fin de lannée ou au tout début de lannée prochaine, les élections législatives suivraient. Je ne suis pas larbitre. On ne ma pas fait venir pour savoir si cétait ce mois-ci ou ce mois-là. Jai considéré que, par rapport à ce quétait la transition, cétait un agenda qui me paraissait conforme au bel esprit de la révolution tunisienne.
QUESTION - Bonjour Monsieur le président. Roselyne FEBVRE de FRANCE 24.
LE PRESIDENT - Oui.
QUESTION - Ce matin, vous avez évoqué les valeurs positives de la Tunisie. Ce qui vous a permis dailleurs de glisser quelques subtiles recommandations. Alors, pensez-vous que les événements en Égypte vont servir davertissement à la Tunisie ? Vont-ils en tirer les leçons ? Jaimerais avoir votre analyse personnelle sur ce sujet.
LE PRESIDENT - Je vais parler de lÉgypte et puis je reviendrai en Tunisie parce que même si des comparaisons peuvent être faites, il y a des réalités différentes. Quest-ce qui se passe en Égypte ? Depuis plusieurs semaines, des mouvements considérables et larmée qui prend la responsabilité de déposer le président. Je lai dit, cest un échec, un échec pour tous ceux qui soutenaient ce processus. Il y a des risques. On voit bien les tensions qui peuvent encore survenir et se durcir, sintensifier, des appels à des manifestations, des arrestations, des morts. Que doit dire la France et pas seule avec la communauté internationale ? Le retour le plus vite possible au processus politique de la démocratie, du pluralisme donc des élections et demander à tous les protagonistes, quel que soit leur sentiment, leur rancune ou leurs craintes, de chercher le rassemblement et lapaisement pour revenir au processus politique et donc pour arriver le plus vite possible à des élections incontestables. La comparaison maintenant. La responsabilité de la Tunisie est très grande, cest ainsi, surtout avec ce qui se passe en Libye je parlais de la violence qui sy est installée et de linsécurité , ce qui se passe en Égypte avec, pour le moment, une incertitude et la crainte de linterruption dun processus même si tout doit être fait pour le reprendre, ce qui se passe en Syrie (une guerre civile). Donc, quelle est la responsabilité du peuple tunisien, des responsables tunisiens ? Tous, quils soient dans la coalition au pouvoir, quils soient dans lopposition, cest de réussir, de montrer que le printemps arabe peut connaître son aboutissement au service de la liberté et de la démocratie. Oui, cest une responsabilité très grande qua la Tunisie puisquelle a été la première à faire le printemps arabe, à faire la révolution, à renverser une dictature, à engager une transition politique. Et tous mes interlocuteurs et jen aurai sûrement confirmation du côté des forces politiques dites de lopposition sont conscients de lenjeu pour la Tunisie et pour lensemble du monde arabe. Jai senti cet esprit de gravité parmi tous mes interlocuteurs au plus haut niveau. Mais aussi par rapport à la jeunesse, au monde associatif qui sest engagé, la Tunisie doit réussir. Et la responsabilité de la France, elle est aussi élevée. Nous navons pas été là au moment de la révolution. Je ne parle pas de moi. La France, elle na pas été là où elle devait être au moment de la révolution. Elle sera aux côtés des Tunisiens pour toute la période de la transition et, jespère, bien au-delà.
QUESTION - (Inaudible).
QUESTION - Je répète ma question ?
QUESTION - Bien
LE PRESIDENT - Je la répèterai (inaudible) parce que je peux Jai le micro, moi.
QUESTION - Sachant quAL-QAÏDA, qui est traquée en Afghanistan et au Pakistan, cherche depuis quelque temps à simplanter dans le Sahel et en Afrique du Nord. Et craignez-vous, Monsieur le président, quaprès lintervention française au Mali, que la France puisse être la cible dattentats terroristes en représailles ? Merci.
LE PRESIDENT - Cette question-là, elle ma été posée dès le premier jour de lintervention française au Mali avec les armées africaines et nous, nous prenons toutes les mesures nous permettant de conjurer ces menaces. Mais je réponds directement à votre question : a-t-on parlé avec les autorités tunisiennes du terrorisme et de la lutte implacable quil convient de mener contre lui ? Oui, nous en avons parlé et nous soutiendrons tous les efforts de la Tunisie pour parvenir là où ce problème se pose, dans une partie du territoire, à ce combat-là contre le terrorisme. Cest une lutte qui nous concerne tous, pas la Tunisie simplement mais tout le Maghreb, lAfrique de lOuest. Quobserve-t-on en Libye ? Des groupes terroristes y sont installés ! On nous signale puisque maintenant, tout est public quil y a des groupes terroristes qui sont passés du Mali et sont allés se mettre en Libye pour mener des actions. Et dailleurs, elles ont été intentées ces actions au Niger. Il y a donc à coordonner nos efforts, à fournir des matériels qui peuvent correspondre aussi à cette exigence. Nous en avons parlé avec le gouvernement tunisien qui prend, là aussi, cette bataille, cette lutte très au sérieux. Pour le Mali, je peux vous confirmer que suite aux accords qui ont été passés dis de Ouagadougou entre le gouvernement malien et les représentants de ce quon appelle les Touaregs et les différentes populations du Nord-Mali, le ministre des Affaires étrangères a particulièrement suivi cette question et nous avons eu cette conclusion dun accord. Et aujourdhui, même, les premiers éléments armés maliens sont à Kidal. Ce qui prouve bien que nous avons permis non seulement de chasser des groupes terroristes, mais de retrouver, pour le Mali, lintégrité totale de son territoire.
QUESTION - Monsieur le président, bonjour. Jérémy BROSSARD, BFM TV. En France, le Conseil constitutionnel a invalidé les comptes de campagne de Nicolas SARKOZY. Votre prédécesseur annonce quil se retire du Conseil constitutionnel. Ses proches, certains dentre eux en tout cas, crient à un complot politique. Vous êtes le garant, le gardien des institutions en France. Quel regard vous portez sur cette situation qui est pour le moins assez inédite ? Merci.
LE PRESIDENT - Je nai pas à commenter et encore moins dici, en Tunisie, les comportements, les déclarations des acteurs ou des responsables politiques. En revanche, je suis le garant des institutions. Cest la fonction qui ma été donnée par les Français le 6 mai dernier et qui me conduit à rappeler que le Conseil constitutionnel est une institution de la République qui, par son indépendance, règle des questions qui sont de sa seule autorité, des décisions qui simposent à tous. Et donc le Conseil constitutionnel doit être respecté, pleinement respecté, entièrement respecté et personne ne peut suspecter, mettre en cause cette institution sans alors mettre en cause lensemble des institutions. Voilà, sil ny a pas dautres questions sur la Constitution française ou la Constitution tunisienne, je vous remercie
QUESTION - Monsieur le président, pour la RADIO TÉLÉVISION SUISSE sil vous plaît. Ici, à votre gauche.
LE PRESIDENT - Oui.
QUESTION - Vous avez fait le choix de ne pas vous rendre dans lintérieur de la Tunisie où est pourtant partie la révolution et où on peut entendre la gronde, la grogne de temps en temps. Pourquoi ce choix que dêtre resté sur Tunis et son entourage ?
LE PRESIDENT - Mais vous pensez que je ne vais venir quune fois dans mon mandat en Tunisie ? Donc cétait la première visite je le disais que je faisais comme président de la République. Première visite quun chef dÉtat français faisait depuis la révolution. Je devais rencontrer les principaux responsables, aller devant lAssemblée nationale constituante, rencontrer les chefs dentreprise, voir les associations, avoir aussi à cur de parler à la communauté française. Si je peux vous donner une impression personnelle, je nai pas eu beaucoup de temps pour faire tout cela mais jai eu tellement denvie dy revenir que jirai dans la Tunisie de lintérieur. Merci.|N|N|N|N|Texte intégral 70455|Q - On va se pencher sur ce fameux dossier des mariages forcés, je prononçais tout à l'heure ce chiffre de 70.000 victimes chaque année en France. Vous avez un axe prioritaire, ce sont ces Françaises qui sont parties à l'étranger, parties forcées, c'est ça ?
R - C'est un phénomène dont nous connaissons l'existence, mais on n'en a jamais vraiment mesuré l'étendue. En début d'année, j'ai lancé une enquête auprès de notre réseau diplomatique et consulaire, pour savoir quels sont les pays où nous devons traiter le rapatriement de certaines de ces jeunes filles, et leur accompagnement par les consulats.
Cela m'a permis de faire deux choses : d'abord, d'établir une typologie des pays à risque ; et puis de voir comment ces jeunes filles sont traitées. Ces jeunes filles sont en grande détresse, elles arrivent souvent sans identité, sans papiers parce que leur passeport leur a été retiré, leur téléphone supprimé. Parfois, elles ont été séquestrées et elles se retrouvent finalement dans un consulat devant des agents consulaires qui doivent d'abord s'assurer de leur identité, de leur état civil. Il faut en effet s'assurer qu'elles sont bien françaises, puis elles seront conseillées et bénéficieront parfois également d'un appui pour rentrer en France. C'est donc une charge très lourde.
Par ailleurs, le retour en France peut être compliqué parce qu'il faut se souvenir que le mariage a été organisé à partir de la France, à partir de la famille qui a envoyé la jeune fille, pendant l'été, dans son pays d'origine. Il peut y avoir des difficultés pour réintégrer la famille, réintégrer la France. Nous avons donc aussi besoin, en France, d'avoir une prise en charge de ces jeunes filles.
Q - Vous parliez de souffrance tout à l'heure, de détresse. C'est très concret pour ces jeunes femmes ?
R - Oui. Ce sont des jeunes filles qui se retrouvent souvent dans des situations très difficiles, qui ont été violées, séquestrées et qui ont pu s'échapper. Ce que nous voulons aujourd'hui, c'est pouvoir les informer, leur faire connaître leurs droits, leur faire savoir qu'elles ont droit à une protection consulaire à l'étranger et que des agents des consulats sont à leur écoute et, surtout, peuvent ensuite les accompagner.
Q - Globalement elles sont jeunes ? Est-ce qu'elles ont régulièrement en dessous de dix-huit ans ?
R - Dans les dix cas que nous sommes en train de traiter, elles ont entre quatorze et vingt-quatre ans.
Q - Est-ce que vous pouvez faire preuve de sévérité à l'égard des maris, de ceux qui les forcent ?
R - Il est important que ces jeunes filles saisissent la justice.
Q - Vous recevez un rapport aujourd'hui sur ce thème-là...
R - Oui. Il s'agit d'une enquête que j'ai lancée en début d'année auprès de nos postes diplomatiques et consulaires, avec une synthèse qui a été faite sur les cas traités. Nous examinons entre douze et quinze cas par an depuis les cinq dernières années. Mais je pense que le phénomène est beaucoup plus étendu que cela puisqu'en six mois déjà, maintenant qu'il y a une prise de conscience de ce phénomène, nous avons une dizaine de cas à traiter.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 18 juillet 2013 |N|N|N|N|Texte intégral 70456|Mesdames, Messieurs,
Alain MIMOUN vient de nous quitter. Cétait un combattant courageux, un sportif exceptionnel et un patriote fervent.
Alain MIMOUN était né à Telagh, dans le nord de lAlgérie, le 1er janvier 1921.
Alain MIMOUN est mort à Champigny, dans le Val-de-Marne, le 27 juin 2013.
Entre ces deux dates, sétend une longue et belle vie faite dendurance, de sacrifices, et de victoires.
La première de ces victoires fut modeste, cétait de décrocher le certificat détudes primaires, le titre de gloire des enfants de la troisième République. Il lobtint avec la mention « bien », et son ambition alors était de devenir instituteur. Mais la bourse qui aurait pu financer ses études lui fut refusée. Ce fut pour Alain MIMOUN une blessure. Mais loin de se détourner de la France, il décida de la servir pour être pleinement reconnu par elle.
Il sengagea donc à 19 ans dans larmée.
Il se bat alors sur le front belge, où il est témoin de « létrange défaite » de 1940. Il intègre le régiment de sapeurs-démineurs en Algérie et participe pendant six mois, de novembre 1942 à mai 1943, au combat contre lAfrika Korps de ROMMEL. Il aurait pu sarrêter là. Cétait déjà une belle et grande victoire. Mais non, il rejoint lItalie comme caporal dans le corps expéditionnaire du maréchal JUIN. Il prend part à la bataille de Monte Cassino, en janvier 1944 il est grièvement blessé à la jambe, au point que les médecins sinterrogent, lamputation est envisagée. La vie dAlain MIMOUN se joue là. Il se relève, se soigne et repart au combat. Il manque le débarquement en Normandie, quimporte, il sera de celui de Provence jusquà la victoire finale.
A la Libération, il court pour un autre destin. Depuis ce jour de 1947 où Alain MIMOUN est devenu champion de France de course de fond, il collectionne les titres nationaux et mondiaux, jusquaux Jeux olympiques de Melbourne en 1956 où il remporte la médaille dor du marathon.
Ces succès, il les doit à des vertus qui ont fait la personnalité dAlain MIMOUN et qui peuvent encore aujourdhui, plus que jamais, avoir valeur dexemple.
La première de ces vertus cest la persévérance. Alain MIMOUN aimait comparer sa carrière à « un château » : « Ma médaille dargent, disait-il, à Londres en 1948, ce sont les fondations ; mes deux médailles dHelsinki, en 1950, ce sont les murs ; ma médaille dor de Melbourne, cest le toit ». La maison est finie.
La seconde de ces vertus cest la volonté. Lathlétisme, il lavait découvert fortuitement, à larmée. Mais, par la suite, il na plus laissé aucune place au hasard. Chaque matin, pendant des heures, il sentraînait. Chaque soir, il mesurait le chemin parcouru. Il courait et il courait encore. Il sobstinait, parce que tout ce qui nétait pas excellence lui paraissait médiocrité. Il ne sarrêtait jamais. Il y a à peine 10 ans, à loccasion des championnats du monde dathlétisme, certains le voyaient à 82 ans, faire le tour du stade de France, chaussé de ses mocassins de ville Rien ne lui faisait peur. Il courait. Il courait encore.
Alain MIMOUN, cétait le courage. Il a souvent raconté à ses proches la course mythique de Melbourne. Il sélançait contre le champion ZATOPEK. Peu de commentateurs lui accordaient la moindre chance de victoire. Mais lui, il y croyait. Il y croyait non seulement au premier kilomètre, le plus facile, mais au trentième, déjà loin du départ, toujours loin de larrivée. Il courait sous une chaleur de 40 degrés, ses jambes lui faisaient mal et il ne trouvait plus son souffle alors il sécria dans une voix intérieure « Fainéant, tu ne vas pas lâcher maintenant ! ». Alors il a couru et a gagné.
Quelque chose le portait, quelque chose de plus puissant que tout, cétait lamour de la France. « Je rêvais, disait-il, de voir le drapeau français au milieu du stade, je rêvais dentendre la Marseillaise, cétait mon obsession. ».
Alain MIMOUN, né en Algérie, avait choisi la France. Il était imprégné de son histoire.
La France, pour Alain MIMOUN, cétait un choix, une passion, une fierté, un idéal.
La France, pour Alain MIMOUN, cétait de hautes figures. Cétait le chevalier BAYARD, dont un portrait ornait sa maison de Champigny. Cétait le général de GAULLE, qui fut sa référence, et qui lui avait dit un jour : « Mimoun, vous et moi, nous avons un point commun : nous durons ». Il a duré jusquà aujourdhui. Une haute figure, cétait aussi Jacques CHIRAC, avec lequel il partageait, au-delà des idées, un territoire, une terre, un département, la Corrèze.
Son épouse, Germaine, venait de Tulle, une belle ville. Ensemble, ils sétaient installés à Bugeat, sur le plateau de Millevaches où Alain MIMOUN courait bien sûr, mais où il avait contribué au développement dun Centre pour sportifs qui porte aujourdhui son nom. Cest là, à Bugeat, quil reposera aux côtés de Germaine, disparue il y a trois mois.
Alain MIMOUN était un grand champion mais aussi un homme simple, doué de la véritable humilité, celle qui est plus forte que lorgueil.
La vie dAlain MIMOUN est une leçon. Il a vaincu les fatalités, il a dépassé ses propres limites. Il savait souffrir pour laccomplissement de lui-même et la réussite de son pays.
Aujourdhui, devant sa famille, devant ses proches, devant ses amis sportifs, devant aussi le régiment dans lequel il a servi, cest toute la France qui rend hommage à Alain MIMOUN, à celui qui a couru tout au long de son existence sur des champs de bataille pour porter nos couleurs, sur les pistes des stades pour faire retentir la Marseillaise.
Pour Alain MIMOUN qui a couru, cherchant la gloire pour son pays, un pays quil aimait plus que tout. Un pays qui lui exprime par ma voix aujourdhui sa plus sincère reconnaissance.Vive la République et vive la France !|N|N|N|N|Texte intégral 70457|
La France exprime son indignation devant la poursuite des bombardements massifs sur la ville martyre de Homs. Nous condamnons avec la plus grande force l'utilisation indiscriminée, par le régime syrien, de l'ensemble des moyens militaires à sa disposition, pour frapper massivement une population civile otage des combats.
La France souhaite que ces crimes ne restent pas impunis.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 18 juillet 2013|N|N|N|N|Texte intégral 70458|
Votre attachement à Madagascar n'a d'égal que le mien pour l'enseignement français à l'étranger.
Cette restructuration du réseau, indispensable, s'est faite dans la concertation depuis 2007 ; elle a été accompagnée de mesures d'aide : bourses pour les élèves français, exonération des frais de première inscription pour les élèves malgaches, forfait transport de 500 euros par an pour deux aller et retour par avion. Les élèves qui ne pourront se déplacer bénéficieront de l'enseignement du Cned.
Aucune modification du réseau n'interviendra dans les prochaines années. Notre souci est de bâtir un enseignement français de qualité à Madagascar.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 18 juillet 2013|N|N|N|N|Texte intégral 70459|
Mesdames, Messieurs les Membres du Conseil d'administration du GIP,
Mesdames, Messieurs les participants à l'Assemblée générale,
C'est un honneur et un plaisir pour moi de pouvoir ouvrir votre 5ème conseil d'administration et votre 2ème assemblée générale depuis la création du GIP au printemps 2012. Ce GIP a été créé pour assurer la coordination des Commémorations. Le Département y est représenté par le Secrétaire général adjoint, M. Jean-François Blarel. L'Institut français y est également représenté.
La tenue de votre conseil dans ces murs du ministère des affaires étrangères a tout son sens : en effet il me semble tout à fait souhaitable de valoriser le rôle qu'ont pu jouer nombre de nos compatriotes résidant à l'étranger dans les deux conflits mondiaux.
Trois types de pays sont en définitive concernés par les commémorations des deux derniers conflits mondiaux dont mon collègue Kader Arif a la charge :
- les combattants des anciennes colonies / pays du champ ;
- les anciens combattants Français de l'étranger ayant combattu dans les FFL ;
- les Français de l'étranger (parfois binationaux) ayant combattu sous uniformes étrangers (en Amérique latine par exemple, nombreux cas de Français engagés dans l'armée américaine).
Dès le début des réflexions liées à la commémoration des deux conflits mondiaux, j'ai souhaité m'investir personnellement dans les programmations qui se dérouleront tout au long des années 2014, 2015 et 2016.
J'envisage pour ma part trois types d'actions qui pourraient être menées spécifiquement sur la problématique des Français de l'étranger dans le cadre des commémorations à venir :
- une action pédagogique auprès des lycéens français de l'étranger en liaison avec le GIP, l'AEFE et le Centre national de documentation pédagogique
- une action patrimoniale et mémorielle visant à exploiter les archives disponibles sur la mémoire des Français de l'étranger ayant répondu à l'appel de la mère patrie. La valorisation de ces archives de personnes connues ou inconnues, de femmes ou de minorités s'étant illustrés, pourrait faire l'objet de livre mémoire et le cas échéant d'exposition dématérialisée sur internet et itinérante à l'étranger.
- enfin une action plus politique : à l'occasion de déplacements conjoints à l'étranger que j'envisage de réaliser avec Kader Arif. Un module «mémoire» pourrait être intégré à chaque déplacement. Nous aurons d'ailleurs d'ici la fin du mois l'occasion d'accompagner ensemble le Premier ministre en Corée du Sud.
J'ai souhaité mobiliser la direction des archives du Département sur les documents qui pourraient concerner des Français de l'étranger impliqués dans les deux derniers conflits mondiaux. Je devrais rencontrer prochainement à ce sujet le nouveau directeur des archives, M. Richard Boidin afin que le travail de recherche réalisé tant par le Département que par nos postes puisse être effectué en coordination avec la FACS, la Fédération nationale des anciens combattants résidant hors de France.
J'ai en effet demandé en début d'année que nos postes diplomatiques et consulaires soient interrogés afin qu'ils puissent dresser un état des lieux de leurs anciens combattants localement et des propositions de ce qui pourrait être mis en oeuvre dans le cadre de ces cycles de commémorations en fonction de ce qu'ils perçoivent sur place.
Je compte sur la mobilisation du GIP et des services des archives tant du Département que du ministère de la défense pour faire remonter dès que possible des ressources documentaires susceptibles de donner corps à cette action patrimoniale et mémorielle que nous devons mener compte tenu de l'implication souvent méconnue de nos concitoyens de l'étranger lors des deux conflits mondiaux.
J'aurai le plaisir de vous retrouver en fin de matinée autour d'un verre pour échanger avec vous sur cette problématique et je souhaite une excellente réunion de votre conseil d'administration et une assemblée générale fructueuse.
Je vous remercie.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 18 juillet 2013|N|N|N|N|Texte intégral 70460|Monsieur le Député,
Vous avez décrit la situation d'une façon malheureusement juste. Bien évidemment, les dispositions sont prises, dès aujourd'hui, pour renforcer la protection de nos entreprises et pour faire en sorte que tous nos concitoyens inscrits au registre des français de l'étranger soient prévenus. Des dispositions sont prises aussi, en ce qui concerne la France, pour assurer la protection de tous les bâtiments égyptiens.
Mais votre question porte plus généralement sur la situation égyptienne. Comment la résumer en un mot ? La réalité, ce sont les violences et l'urgence est au contraire au rassemblement. C'est autour de ces deux idées que la France a dit sa disponibilité. Ces violences, vous l'avez rappelé, ont fait plus de 50 morts lundi. Elles sont inacceptables, tout comme l'appel au soulèvement. Il faut qu'il y ait une enquête. Nous demandons à chacun d'agir, en particulier au nouveau président, pour que le rassemblement soit également présent dans le gouvernement. Il est nécessaire que ce rassemblement permette d'aller rapidement aux élections afin que l'on retrouve un processus démocratique. Voilà je crois ce qui est conforme à la tradition de la France.
J'ai fait connaître notre disponibilité aux nouvelles autorités égyptiennes, au ministre des affaires étrangères, et j'ai l'intention de prendre contact - le président de la République me l'a demandé - avec le nouveau président. Je pense que ces deux principes : refus de la violence et nécessité du rassemblement, sont conformes à la tradition de la France et aux intérêts supérieurs de l'Égypte qui, comme vous l'avez rappelé, est un grand pays dont il faut assurer autant que possible la stabilisation.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 18 juillet 2013 |N|N|N|N|Texte intégral 70461|
- Quelle est tout dabord votre définition et votre vision de la francophonie, que lon a tendance, à tort, à limiter à la promotion de la langue française ?
Vous avez raison, la francophonie cest bien sûr la promotion de la langue française dans le monde, mais cest plus que cela. Pour moi, le ministère de la Francophonie est un ministère dinfluence au service des valeurs et des peuples de langue française. Les sujets sont nombreux. Je milite pour un espace francophone où les barrières à la mobilité sestompent pour les étudiants, les artistes, les professeurs et les chercheurs.
Je mattache aussi à défendre la vision dune francophonie politique, une francophonie des droits de lHomme. A ce titre, la France et les 77 pays membres de lOrganisation internationale de la francophonie (OIF) travaillent main dans la main. La langue est un vecteur, la langue est un ciment mais elle est aussi un outil de promotion de la démocratie et de l'aide au développement.
Dans presque toutes les rencontres effectuées depuis le début du quinquennat, jinsiste en préambule sur le fait que la francophonie daujourdhui sincarne pleinement en étant désencombrée" de la charge de lhistoire coloniale. Cest capital. La francophonie devient une chance économique et culturelle.
- Le premier Forum des femmes francophones que vous avez organisé en mars dernier a mis en lumière la régression inadmissible de leurs droits dans certains pays. Comment la francophonie peut-elle prévenir les violences et garantir les droits des femmes ?
Ce forum a permis une avancée fondamentale : libérer la parole. Je reçois chaque jour des lettres de participantes qui me remercient davoir initié ce mouvement. Car il sagit dun véritable mouvement qui naurait pas vu le jour sans laide du secrétaire général de lOIF, le président Abdou Diouf.
Aujourdhui, nous lançons une deuxième phase, celle de laction politique et diplomatique. Le prochain Sommet de la francophonie aura lieu au Sénégal à lautomne 2014. Jétais à Dakar lundi dernier pour rencontrer le président Macky Sall et les organisateurs du sommet. Jai demandé à lOIF, et les responsables sénégalais sont daccord, que la question des droits des femmes soit une des priorités de cet événement. Il est temps que les chefs dEtat et de gouvernement sengagent. Il faut des actes.
Je me bats pour que le respect des droits des femmes soit inscrit dans les textes fondateurs de lOIF. Et je ne suis pas seule dans ce combat : des milliers de femmes comptent sur nous.
- Depuis votre prise de fonctions, vous avez effectué plus dune trentaine de déplacements à travers le monde qui comprennent systématiquement un volet économique. Quels en sont les objectifs ?
La francophonie est un formidable levier de croissance et demploi pour les entreprises. Le problème cest que beaucoup dentrepreneurs nen ont pas conscience ! Alors même que lAfrique, très largement francophone, sera demain lun des moteurs de léconomie mondiale !
Lappartenance à lespace francophone favorise louverture commerciale et stimule les échanges internationaux. A chacun de mes déplacements je demande à rencontrer les entrepreneurs et les dirigeants de filiales pour comprendre les difficultés quils peuvent rencontrer sur le terrain. A Paris, je mefforce de sensibiliser les patrons du CAC 40 mais aussi les patrons de PME.
Je fais un constat : être francophone offre un avantage compétitif face à des pays comme la Chine ou lInde. Dailleurs, cest en partie pour cela que la Chine se met de plus en plus au français. La francophonie est un investissement davenir, il ne faut pas le négliger.
- Sur le territoire français, comment développez-vous la francophonie dans toutes les dimensions évoquées ?
Je mène une réflexion interministérielle, notamment avec mon collègue François Lamy en charge de la politique de la ville. Mon objectif cest de ramener du français dans les territoires en souffrance. Dabord auprès des jeunes qui ne maîtrisent pas le "français du monde du travail". Apprendre à rédiger une lettre de motivation, mener un entretien dembauche ; cest aussi cela le français. Je souhaite que les entreprises soient parties prenantes de ces formations. Car lesprit de ce dispositif cest du "gagnant-gagnant" pour les entreprises comme pour les apprenants.
La francophonie en France cest aussi mon souhait de généraliser ce que jappelle lEcole des mamans pour les mères immigrées qui ont trop longtemps été les oubliées de la République.
- Le Gouvernement fait de la jeunesse une priorité. Quel est votre regard sur la perte de confiance des jeunes générations ? Un message à adresser aux jeunes de lespace francophone ?
Chez les jeunes, il y a un vrai désir de francophonie. On le voit lors de grandes manifestations comme le Forum mondial de la langue française de Québec où des milliers de jeunes ont fait le déplacement en juillet 2012. Je sais que la période nest pas facile mais je sais aussi que leur soif dengagement est intacte. Ce que je veux leur dire cest que la francophonie a beaucoup à leur apporter que ce soit en matière de formation, de carrière, déchanges ou même de rencontres. La francophonie ce nest pas accessoire : cest le début dune belle aventure.
Source http://www.gouvernement.fr, le 16 juillet 2013
Mesdames et Messieurs les députés,
Monsieur le député,
Tous les membres du gouvernement, sauf obligation internationale, étaient présents à la cérémonie du 14 Juillet et au défilé. Je dois dire, Monsieur le député, que vous ne faites pas honneur à la France par vos propos particulièrement minables et polémiques.
Je ne vais pas commenter davantage, mais avec tous ceux qui étaient là, ces millions de Français qui ont suivi à la télévision publique, pendant cinq heures, les manifestations du 14 Juillet, auront vu que ce qui nous rassemblait, au-dessus des polémiques, au-dessus des mesquineries c'était les valeurs de la France, les valeurs de la République : Liberté, Égalité, Fraternité.
J'ajouterai aussi que, lorsque les soldats de l'armée malienne ont défilé devant nous et devant le Président Traoré, par intérim, je dois dire que nous étions fiers de nos armées, de nos soldats, qui ont au nom de la France, au nom de la liberté, contre le terrorisme mené un combat exemplaire, et nous étions fiers que défilent aux côtés des soldats français, les soldats d'Afrique et de l'armée malienne. C'est cela que j'aurais aimé entendre dire, et vous ne l'avez pas dit. Mais moi j'ai la France au cur et à l'esprit, et rien d'autre Monsieur le député.
Alors oui, je crois que ce jour-là les Français étaient fiers de dire : vive la République et vive la France !
Source http://www.gouvernement.fr, le 18 juillet 2013|N|N|N|N|Texte intégral70450|Bonjour à toutes et à tous.
Je viens de présider le troisième Comité Interministériel pour la Modernisation de l'Action Publique. Beaucoup de ministres, la quasi-totalité des ministres ont participé à cette réunion où nous avons pris beaucoup de décisions.
Quel est l'objectif ? Modernisation de l'action publique, cela peut paraître un terme assez vague. En réalité, il s'agit de commencer par évaluer toutes les actions publiques, toutes les politiques publiques pour voir si elles sont efficaces, pour voir si elles sont justes, si elles sont utiles à la compétitivité du pays, de nos entreprises, au développement de nos territoires, et pour voir si l'argent des contribuables est bien utilisé, utilement. Et si possible c'est l'objectif faire des économies, réduire notre déficit.
Ce travail est engagé depuis plus d'un an, et peu à peu, porte ses fruits. L'évaluation je vais prendre un exemple très concret qui nous a conduits à un certain nombre de décisions aujourd'hui concerne les aides aux entreprises. Toutes les aides aux entreprises ont été évaluées et nous nous sommes rendu compte qu'il y avait des doublons, qu'il y avait des aides inutiles, peu efficaces et donc nous avons décidé de les concentrer sur ce qui sera utile pour leur développement : l'investissement, l'innovation, l'industrie parce que c'est un secteur qui a besoin d'être aidé particulièrement pour les avancées technologiques, et puis aussi les aides à l'export que nous avons réorganisées. Au total, nous allons faire une économie de 1,5 milliard sans préjudices mais avec beaucoup plus d'efficacité. Donc tout le monde est gagnant, le contribuable, mais aussi les entreprises puisqu'il s'agit des aides aux entreprises.
Le président de la République avait annoncé un choc de simplification. Il est vrai que souvent on croule sous la paperasse, les procédures, la lenteur et cela concerne aussi bien les citoyens, cela concerne les collectivités locales, cela concerne les entreprises et cela décourage l'initiative. Là, nous avons pris 200 mesures de simplification. Je ne vais donc pas toutes les citer. Vous en connaissez déjà une, qui est très concrète pour tous les Français, c'est la carte d'identité. Elle est renouvelable au bout de dix ans. Nous avons décidé qu'elle serait désormais renouvelable au bout de quinze ans. Les chèques Restaurant, il y a plus de 3,3 millions de salariés qui les utilisent. C'est beaucoup de papier C'est beaucoup de papier pour les salariés, c'est beaucoup de papier aussi pour les entreprises, les fournisseurs, les restaurants par exemple. C'est 160 000 points de vente qui sont concernés. Donc, fini le papier. Tout sera numérisé avec une carte, comme une carte de crédit, ce qui facilitera la vie des salariés mais aussi des entreprises qui seront payées plus vite. Et puis cela coûtera moins cher, là encore. Une économie et plus d'efficacité.
Concernant la simplification, plus générale, sur les entreprises, le député Thierry Mandon a fait beaucoup de propositions très concrètes que nous avons quasiment toutes retenues. J'en citerai une, c'est toutes les déclarations comptables qui sont faites. Il est normal de faire des déclarations comptables, mais parfois pour les très petites entreprises, on demande autant que pour une très grande. Donc nous avons décidé de simplifier la vie de ces très petites entreprises, de ces petites et moyennes entreprises, ce qui concerne un tiers des entreprises françaises qui vont voir leur vie changer. Parce qu'à chaque fois, il faut faire appel à des concours extérieurs, et cela coûte de l'argent et cela fait perdre beaucoup de temps. Un autre exemple, ce sont les délais de paiement pour les petites entreprises. Ils vont être raccourcis. Autre exemple, quand vous créez une entreprise, vous devez déposer un enregistrement, mais qui coûte cher. Surtout quand on crée une entreprise, on a besoin d'argent. On a décidé de diminuer de 50 % le coût de cet enregistrement.
Plus globalement, le travail qui a été fait par tous les membres du gouvernement et je salue particulièrement le travail de Marylise Lebranchu qui est ministre de la Réforme de l'Etat et de la décentralisation, mais aussi de la Fonction publique tous les ministres se sont mobilisés, toutes les administrations se sont mobilisées, les préfets se sont mobilisés. Et là, nous avons des résultats ! Cela se sent. Nous allons poursuivre ce travail de modernisation, de simplification. Parce que ce qui est important, c'est que les Français aient confiance dans l'action publique. Ils sont attachés à leurs services publics, mais ils veulent qu'ils soient efficaces, qu'ils soient utiles, qu'ils soient compréhensibles.
Nous avons beaucoup travaillé sur ces points, nous allons poursuivre. Le prochain Comité interministériel aura lieu avant la fin de l'année, mais d'ores et déjà, je peux vous dire que toutes ces initiatives permettent de faire des économies, que nous avons évaluées à 3 milliards de diminution du déficit. Or tout cela contribue à améliorer la vie des Français, améliorer l'efficacité de nos entreprises, et en même temps améliore l'usage de l'argent public. Cela veut dire aussi supprimer toute une série d'organismes. Nous en avons supprimé 100 lors de la dernière réunion. Nous venons de supprimer 68 commissions, j'allais dire inutiles, mais il y en a sans doute d'autres, nous allons poursuivre les investigations.
Et puis il y a nécessité, parfois, non pas de supprimer mais de conserver et d'améliorer, c'est cela la modernisation. Cela ne peut pas se faire sans les agents, sans les fonctionnaires qui sont associés, qui sont consultés, que ce soit dans les départements ou que ce soit à l'échelle de l'Etat. Je vais prendre un exemple concret. Nous avons pour toute la politique contractuelle de l'Etat, les contrats de ville, la lutte contre l'exclusion, mais aussi le développement et l'aménagement du territoire, trois organismes : la Délégation à l'aménagement du territoire, l'Agence pour la cohésion sociale et puis la Délégation interministérielle pour la ville. Nous avons décidé de fusionner ces trois organismes pour qu'ils soient plus efficaces dans un Commissariat à l'égalité et au développement des territoires, et qui va être au travail dans les prochains mois parce qu'il va avoir une mission très précise, c'est négocier, via les préfets de région avec les régions, les départements, les villes, de nouveaux contrats de plan pour mettre en oeuvre tout le programme d'investissement que j'ai annoncé la semaine dernière.
Donc un Etat plus efficace, ce n'est pas un Etat absent. Ce n'est pas un Etat qui démissionne. C'est un Etat qui affirme son rôle et qui est garant du pacte social républicain. Je vous remercie.
Source http://www.gouvernement.fr, le 18 juillet 2013 |N|N|N|N|Texte intégral 70451|LE PREMIER MINISTRE (traduction) : « Au nom de Dieu clément et miséricordieux, je voudrais remercier le président de la République française pour les propos quil vient de tenir lors de cette visite et lentretien que nous avons eu ici, aujourdhui, au Palais du Gouvernement avec le groupe de ministres et la délégation qui accompagnent le Président. Nous avons ainsi pu passer en revue les domaines de coopération les plus importants. Comme la dit le Président dans son intervention, nous avons réitéré notre engagement à renforcer et affermir ces relations privilégiées entre la Tunisie et la France. Nous avons uvré à en élargir le domaine. Ces relations sont surtout basées sur la confiance mutuelle, le respect mutuel et un désir commun de renforcer ces relations comme je le disais. Les accords qui ont été signés aujourdhui au Palais de Carthage, en présence des deux Présidents, ne font que renforcer cette orientation pour le soutien et laffermissement de cette relation à lavenir. Jai également profité de cette occasion pour adresser mes remerciements à la France davoir été aux côtés de la Tunisie dans le processus révolutionnaire et dans la période postrévolutionnaire ; et pour le soutien que la Tunisie est en train de recevoir dans de très nombreux domaines ; et pour le soutien accordé à la Tunisie dans ses négociations avec la Communauté européenne pour obtenir le statut de partenaire privilégié ; et pour tout ce qui sen suit de discussions à lavenir où nous espérons obtenir une coopération ouverte dans de très nombreux domaines. Cet entretien était également une occasion pour informer le président de la République française sur le point où on en est la Tunisie dans son processus démocratique : quelles sont les difficultés auxquelles nous devons faire face, comment nous y faisons face Le Président a rappelé et cela nous a beaucoup touchés que la Tunisie, ayant été la première révolution du Printemps arabe, a ouvert la voie. Jusquà aujourdhui, nous constatons que la révolution tunisienne est celle qui est la plus proche de réussir dans ce processus démocratique. Nous constatons, au vu des autres processus de transition démocratique, quil y a des difficultés, quil y a parfois des échecs momentanées, mais que, jusquà aujourdhui, la Tunisie est en train de marcher sur la bonne voie. Nous marchons dun pas ferme grâce à la prise de conscience de ses responsables politiques et parce que nous comptons sur la légalité, sur le consensus, sur un dialogue ouvert. Nous espérons être quasiment à la fin de ce processus que nous allons pouvoir conclure par des élections, que nous espérons pouvoir tenir avant la fin de cette année. La coopération entre la Tunisie et la France est forte et profonde et nous espérons quelle se renforcera à lavenir. Cest un point de presse aujourdhui, avec le président de la République française. Je souhaiterais donc que vous adressiez vos questions au Président. Le Président MARZOUKI a participé, aux côtés du Président français, à une conférence de presse au cours de laquelle il a éclairci un certain nombre de points. Je voudrais donc que vous adressiez vos questions au Président exclusivement. Nous ne voulons pas prendre beaucoup de son temps. Je vous remercie de votre attention ».
QUESTION : « Monsieur le Président, bonjour, Monsieur le Premier ministre, une question concernant la possibilité qui avait été évoquée de convertir une partie de la dette publique tunisienne à légard de la France en mécanisme daide, pouvez-vous nous en dire davantage, où en est ce dossier, quel montant serait concerné, est-ce que des domaines ont déjà été envisagés pour les investissements possibles dans le cadre de cette reconversion, à quelle échéance vous pensez que ces dossiers peuvent aboutir et en particulier les contrats de coopération envisagés aujourdhui rentreraient dans le cadre de ces mécanismes de reconversion ? »
LE PRESIDENT : « Dabord, je lai rappelé, la France est un des principaux pays, qui aide et soutient la Tunisie. Nous voulons ce soutien par rapport à ce qui est notre relation historique, sans doute, sûrement, par rapport à lintensité des échanges entre nos deux pays et du nombre dentreprises présentes en France, mais aussi, par rapport à la responsabilité historique qui est celle de la Tunisie aujourdhui. Pour être plus concret encore, sur la période 2013-2014, il y a 500 millions deuros daide directe à des projets, qui passent notamment par lAgence française de développement. Nous sommes le premier bailleur de fonds étranger de la Tunisie. Nous allons ajouter à cette somme lopération qui est souhaitée par les Tunisiens et je pense qui peut être une très belle illustration de ce quest une politique de développement. Nous allons ajouter jusqu'à 60 millions deuros de conversion de dette en investissements. Les projets seront définis avec les Tunisiens et la visite daujourdhui et de demain y contribuera. Le plus tôt sera le mieux. Ce qui pourra être engagé dès cette année, le sera. A lévidence, lessentiel se fera lannée prochaine. Mais sur le plan financier, chacun comprend lidée, cest que plutôt que dannuler une dette, ou plutôt que den faire un moratoire, le report ou la renégociation, nous préférons linvestir directement sur un projet. Et nous voulons lui donner un aspect de partenariat. Ce nest pas la France qui choisit les projets, cest la Tunisie avec nous. Par ailleurs, nous voulons mobiliser lUnion européenne sur cette idée de conversion de dette et de linscrire dans le partenariat de Deauville, dont la France est à lorigine ».
QUESTION : « Monsieur le Président, bonjour. Vous avez parlé de coopération multilatérale voire multidimensionnelle entre la Tunisie et la France. Vous savez quen France il y a une forte communauté tunisienne de lordre de 700 000 citoyens dont partie de nationalité tunisienne, dautres franco-tunisiens. Cette communauté tunisienne irrigue le tissu culturel et économique français. Comment faire pour créer des méthodes de travail pour transformer les liens que les Franco-tunisiens et les Tunisiens de France ont avec la Tunisie pour en faire une passerelle de développement mutuellement bénéficiaire ? »
LE PRESIDENT : « Cest une chance que davoir 700 00 Tunisiens en France, parfois avec la double nationalité, qui veulent à la fois être en France pour servir le pays qui les a accueillis, et en même temps sont fidèles à leur pays dorigine. Ces Tunisiens sont souvent bien formés, sont eux-mêmes parfois dans le domaine économique. Nous devons donc en faire des instruments de développement utiles pour la Tunisie. Par rapport à des projets de formation professionnelle que nous voulons développer en Tunisie, il serait possible dutiliser ce potentiel, ce capital humain dans cette direction. Qui connaît le mieux les Tunisiens si ce nest les Tunisiens eux-mêmes ? Qui peut être le mieux placé pour les former, que des Tunisiens. A cet égard, il y a un programme qui a été lancé par la France pour former des enseignants en langue française. Là aussi, dans lensemble du monde, en particulier francophone.
Nous pouvons appuyer aussi par des Tunisiens venant enseigner ici, les efforts que nous faisons pour le développement de notre langue, appuyer sur des projets qui peuvent être technologiques. Voilà le sens de ce que nous voulons faire avec les Tunisiens de France ».|N|N|N|N|Texte intégral 70452|La France sait toujours se faire attendre. Je ne demande pas plus de lumière, ni plus de son, simplement votre attention en vous remerciant encore pour votre accueil ! Je salue cette initiative qui a été prise par lUnion tunisienne du travail, de lindustrie, du commerce et de lartisanat et par le MEDEF, qui nous permet membres du Gouvernement français, membres du Gouvernement tunisien, chefs dentreprise de définir le cadre de ce que peut être une nouvelle coopération.
Je veux saluer la Présidente de lUTICA, parce quelle est la première femme qui a été élue à la tête dune organisation patronale dans le monde arabe, prouvant une nouvelle fois que la Tunisie est davant-garde. En outre, vous venez dobtenir un prix prestigieux le Women Business Award qui a été décerné par les pays participant au partenariat de Deauville et qui est quasiment, on peut le dire, le prix Nobel du patronat. Je veux saluer, une nouvelle fois, le président de la République tunisienne, mon ami Moncef MARZOUKI. Parce que laccueil qui mest fait pour cette visite dEtat situe la responsabilité de nos deux pays dans cette période que nous traversons, mais surtout le niveau de notre amitié. Cest dû à lHistoire, à la réalité humaine mais aussi à la qualité des relations personnelles que nous pouvons tisser entre chefs dEtat et ministres de nos deux gouvernements.
Je lévoquais, la Tunisie vit un moment historique et les entreprises ont aussi un rôle à jouer pour que votre pays réussisse pleinement sa transition démocratique. Moncef MARZOUKI lévoquait : une révolution produit, à la fois, de lespoir, parfois de linquiétude, mais elle ne peut réussir que si parallèlement le développement économique connait une nouvelle accélération. Il ne peut y avoir de transition démocratique que sil y a une mobilisation de lensemble des forces qui font la production dun pays. En servant léconomie tunisienne, vous servez la transition démocratique. De la même manière, les entreprises françaises qui viennent depuis longtemps ici en Tunisie, investir, créer de lactivité, vont chercher, non seulement et cest bien légitime un retour de leur investissement, ce quon appelle un profit, mais également vont rendre service à la Tunisie toute entière. Non pas quil y ait une volonté morale parfois léconomie et la morale ne font pas bon ménage mais au moins ce que nous pouvons retrouver là, cest une conception de lentreprise citoyenne au service du développement dun pays ami.
La Tunisie peut compter sur le soutien de la France. Mon pays est le premier bailleur daide publique pour le développement pour la Tunisie qui, à travers tous ses instruments, arrive à mobiliser des centaines de millions deuros : 500 millions d pour la période 2013/2014. Au-delà des chiffres, ses projets sont considérables pour la Tunisie. Cest la mise en place du réseau ferroviaire du Grand Tunis, dont les protocoles financiers sont signés aujourdhui même. Ce sont également des projets agricoles, des projets urbains. La France est prête à poursuivre non seulement son aide mais à la transformer, jen ai fait lannonce devant lAssemblée constituante ce matin. Je lavais dit, dès hier, au Président MARZOUKI ainsi quau Premier ministre. La France va réaliser une conversion de dette pour des projets dinvestissements, cest-à-dire permettre quune créance se transforme en activité économique. La France est le premier fournisseur de la Tunisie pour près de 4 milliards deuros. Mais ce qui est aussi très important, cest que la France est le premier client de la Tunisie pour un montant comparable. Le marché français absorbe un tiers des exportations de la Tunisie. Quand votre économie est dynamique, la nôtre se trouve confortée et réciproquement. Cest vrai, quen ce moment, il y a une récession en Europe et que cela peut altérer vos capacités de développement. Néanmoins, malgré ce qui sest produit dans lannée 2012 avec les incertitudes quengendre nécessairement une révolution, je note que la croissance tunisienne a été supérieure à 3 % lannée dernière. Il y a ici une dynamique qui ne demande quà être encouragée. La France veut être le premier investisseur en Tunisie. Il y a déjà plus de 1350 entreprises qui sont présentes, employant 125 000 personnes. Nous pouvions avoir la crainte, cela peut arriver quand il y a des doutes sur un système politique, que les entreprises françaises se rétractent dans leur choix dinvestissement. Cela a été tout linverse, elles se sont non seulement maintenues, ici sur leur marché, mais elles ont encore augmenté leur participation. Je veux en citer quelques exemples : des grands groupes comme BIC et AUCHAN sont venus renforcer leur présence en Tunisie ; une entreprise bancaire, CIC, est venue mettre sa participation dans la Banque de Tunisie ; SOFIPROTEOL vient douvrir, dans le domaine agricole, une nouvelle usine dans la région de Testour avec un lien qui a été voulu par ses dirigeants avec des éleveurs tunisiens. Cest vrai pour les grands groupes, cest vrai aussi pour les PME. Je veux saluer justement cette particularité qui est que beaucoup de PME françaises sont présentes sur le marché tunisien. Cela veut dire que vous leur avez fait le meilleur accueil. 80 % des entreprises installées en Tunisie sont des PME. Il y a eu ce lien entre PME françaises et PME tunisiennes. Notre coopération est dynamique dans de nombreux secteurs souvent traditionnels : les équipements électroniques, laéronautique. Nous avons encore signé un marché, hier, avec lachat de plusieurs avions Airbus. Ce que je veux, à travers la nouvelle période qui souvre, cest que nous puissions offrir de nouveaux domaines de coopération, de partenariats, dinvestissements.
Premier domaine, la filière agricole et agroalimentaire. Une convention de partenariat, entre les ministres français et tunisiens de lAgriculture, a été signée hier permettant de structurer des filières davenir comme le lait, lhuile dolive et les céréales. Il sagit, aussi bien pour la France que pour la Tunisie, de monter en gamme comme lon dit. Cela vaut aussi pour lagriculture et lindustrie agroalimentaire. Deuxième domaine, lalliance numérique, cest-à-dire les nouvelles technologies. Il y a eu, là-aussi, un partenariat exceptionnel entre entreprises françaises et entreprises tunisiennes avec des prolongements commerciaux permettant la colocalisation, car nous savons bien, parlons franchement, quil y a toujours un risque en ces domaines du numérique, des centres dappels ; que ce qui est installé en Tunisie pourrait être défavorable à lemploi en France. Justement, ce type de convention permet de rassurer, les uns et les autres, pour que ce qui se fait en Tunisie soit favorable à lactivité en France et que nous ne nous mettions pas à nous concurrencer inutilement. Créer de lemploi et en France et en Tunisie dans le secteur des nouvelles technologies, cest possible justement à travers un réseau de PME et de start-up que nous avons réussi à fédérer. Troisième domaine, les énergies renouvelables. Le président de la République tunisienne me disait : cest lavenir de la Tunisie. Depuis deux ans, le Gouvernement français a dégagé plusieurs millions deuros pour monter des projets dans le solaire et dans léolien en Tunisie avec des villages qui vont être dotés des dernières technologies, dans le domaine notamment photovoltaïque ou des énergies marines. Là-aussi, ce que nous ferons pour la Tunisie sera utile pour la France, notamment dans la perspective de la transition énergétique, avec la montée des énergies renouvelables, avec des technologies nouvelles qui feront que le prix de ces énergies baissera. Car nous savons bien que le prix des énergies fossiles va augmenter et que nous pourrons ainsi permettre cette substitution, utile pour lenvironnement, utile pour lemploi. De nombreux chefs dentreprise maccompagnent et je veux les en remercier. Ils maccompagnent pas simplement pour me faire plaisir, cela peut arriver, mais ils maccompagnent parce quils ont compris quils avaient de nombreux projets à bâtir avec la Tunisie, des contacts utiles grâce à votre forum avec des industriels et des entrepreneurs tunisiens. Il y a des alliances à nouer. Je pense à la réalisation de grands travaux, à ce qui va se faire pour le port de Rades, pour les stations dépuration deaux de traitement de déchets de nombreuses villes, pour des centrales électriques Il y a également un consortium qui a été créé par la société Corail Rail, qui vient de remporter lappel doffres pour le réseau rapide de Tunis. Tout cela prouve que nous pouvons agir ensemble. Jai également souhaité, cela a été exaucé, que les entreprises françaises et tunisiennes, qui sont fortes de leur complémentarité, puissent sunir pour aller conquérir un certain nombre de marchés dans lensemble de la région. Par exemple, Schneider Electric apporte son soutien au premier groupe privé tunisien Poulina pour mettre en place un certain nombre de données. Plusieurs entreprises tunisiennes développeront leurs liens industriels avec de grandes sociétés françaises. Cest le cas de Telnet et de Sifax, qui se sont rapprochés dAirbus et de Safran et dAltran. Tout cela va dans le sens de cette complémentarité, de ce partenariat, de ce co-développement que je souhaitais. Les touristes français représentent un contingent, comme lon dit, égal à lensemble des touristes britanniques, allemands et italiens réunis. La France a donc, depuis longtemps, en matière touristique, fait le choix de la Tunisie. Elle donne conseil aux voyageurs. Le ministre des Affaires étrangères les prodigue sur un site qui, paraît-il, est lun des plus visités de France, peut-être même davantage que celui de lElysée ! Mais jen comprends la raison, non pas parce quil annonce la météo mais parce que le site du ministère des Affaires étrangères renseigne tous les Français - et dailleurs, bon nombre dEuropéens - qui sinterrogent sur leur lieu de vacances en terme de sécurité. Le site du ministère des Affaires étrangères signale que ce sont les régions touristiques de la Tunisie qui sont les plus sûrs du monde. Jencourage donc tous ceux qui, en France ou ailleurs, sinterrogent sur leur lieu de vacances à venir ici en Tunisie, comme je lai fait, même si ce nétait pas simplement pour des vacances. Mesdames et Messieurs, tout le sens de mon propos est à la fois économique et politique. Il est économique parce que la France a confiance dans la dynamique de croissance, ici, en Tunisie. Mon propos est économique, parce que nous avons à bâtir une coopération nouvelle, un partenariat exceptionnel. Il est économique parce que nous avons même à inventer des mécanismes et des dispositifs de co-développement. Il est économique, parce que je crois que cest lintérêt et de nos entreprises françaises et des entreprises tunisiennes davoir des alliances. Mais il est aussi politique, car si nous voulons que la révolution réussisse en Tunisie, si nous voulons que la transition démocratique puisse être accomplie, si nous voulons quil y ait un cadre stable, une sécurité pour les investissements mais aussi pour que les Tunisiens puissent vivre en liberté, alors nous devons tout faire pour que léconomie tunisienne puisse être encouragée, soutenue, stimulée. Vous avez souhaité mettre votre forum sous le slogan des opportunités. Mesdames et Messieurs, quand lamitié rencontre lopportunité ou les opportunités, cela sappelle la confiance. Merci.|N|N|N|N|Texte intégral 70453|Monsieur le Président de lAssemblée nationale constituante,
Monsieur le Premier ministre,
Mesdames et Messieurs les ministres,
Mesdames et Messieurs les députés,
Cest un honneur de madresser à vous, au nom de la France. Un honneur, parce que vous êtes la première Assemblée élue au suffrage universel en Tunisie dans des conditions de liberté et de pluralisme. Un honneur, parce que vous êtes une Assemblée issue dun processus révolutionnaire. Un honneur, parce que vous préparez une Constitution qui est le texte fondamental dans une grande démocratie pour séparer et organiser les pouvoirs, pour permettre à lEtat de droit dêtre respecté, pour garantir les libertés, pour permettre la participation de tous à la vie publique. Un honneur, parce que, au-delà de cette Constitution, vous préparez les élections qui auront lieu et qui seront également le signe de la vitalité de la démocratie tunisienne. Je suis sûr que, malgré toutes les épreuves il en existe toujours toutes les difficultés, la Tunisie saura montrer une nouvelle fois lexemple. La Tunisie a toujours été pionnière. Au XIXe siècle, cest elle qui inaugura la grande tradition constitutionaliste du monde arabe avec la « loi de lÉtat tunisien ». Cétait en 1861. Cest en Tunisie que le mouvement réformiste arabe sest affirmé avec Kheireddine PACHA et Mohamed SNOUSSI. La Tunisie, au cours du XXème siècle, a été en avant-garde en gagnant plus tôt que dautres son indépendance, en fondant sa République et en accordant aux femmes un statut unique dans le monde arabe. Même sous le temps de loppression et de la dictature, la Tunisie a su montrer le chemin. Des hommes et des femmes ont eu le courage de réclamer justice et de porter les droits de lHomme. Pour beaucoup, ce fut un combat douloureux. La France aujourdhui exprime à ceux qui ont éprouvé dans leurs chairs les affres de la dictature, à ceux qui ont été arrêtés, torturés pour leurs convictions, la France exprime aujourdhui, ici, par ma voix, son immense respect. La Tunisie a également montré lexemple avec le Printemps arabe en janvier 2011. Le geste, à Sidi Bouzid, de Mohamed BOUAZIZI a changé le cours de lHistoire de lhistoire de la Tunisie, mais aussi de lhistoire du monde. Et je veux ici solennellement saluer sa mémoire.
Ce fut le début dun processus. Dautres peuples se sont mis en mouvement après la Tunisie. Il appartient à chacun dentre eux de montrer la voie, de chercher le bon chemin. Cette voie peut être heurtée, parfois violente, cest le cas en Libye. Cette voie peut être interrompue, cest le cas aujourdhui en Egypte. Cette voie peut déboucher sur une guerre, cest le cas, hélas, en Syrie. Mais la leçon que le peuple tunisien a donnée au monde, cest quil ne peut pas y avoir de stabilité, il ne peut pas y avoir de développement, il ne peut pas y avoir de progrès sans la liberté. Et cest cette liberté-là qui est en marche partout. Je sais que vous avez dimmenses défis à relever. La France sait ce quest une révolution, sa puissance irréversible, lécho quelle suscite dans le peuple, mais également la difficulté dinscrire dans le temps toutes les conquêtes, dêtre à la hauteur de lespérance créée et en même temps de ne pas donner une illusion impossible. Oui ! La France comprend les impatiences qui peuvent exister ici, en Tunisie, le désir de résultat pas simplement, dailleurs, en Tunisie et lexigence de garantie. Je sais donc ce que vous affrontez. Dabord, lhéritage de lancien régime mais aussi la crise économique en Europe qui vous frappe, linsécurité dans la région qui vous touche, sans parler de la violence et elle existe, y compris à lintérieur de la part de ceux qui nacceptent pas les principes de votre révolution. En cet instant, jai une pensée pour Chokri BELAID, homme de conviction tué pour ses idées. Et je forme le vu, qui est le vôtre, que toute la lumière soit faite sur son assassinat et que ses assassins soient justement jugés et punis. Mais la Tunisie a montré encore ces derniers jours quelle est capable de dépasser ce qui peut la diviser, de surmonter toutes les épreuves, tous les défis. Je veux, à loccasion de ma visite, dans le moment précis que vous traversez, dans les doutes et les espérances qui sont les vôtres, montrer que la relation entre la France et la Tunisie peut être refondée dans ce contexte. Je suis le premier président de la République française à venir en Tunisie depuis votre révolution. Cest un symbole mais cest aussi une volonté de refonder la relation entre la France et la Tunisie. Refonder notre relation, cest dabord assumer la vérité. Cest pourquoi, je me rendrai, aujourdhui même, au mausolée de Farhat HACHED. Je dirai à sa veuve, à son fils ainsi quaux représentants de lUGTT que je mengage, au nom de la France, à rechercher et à faire toute la clarté sur son assassinat en 1952. Jai dores et déjà donné instruction pour que toutes les archives soient rendues publiques sans aucune exception. A linitiative du maire de Paris, Bertrand DELANOE, enfant de Bizerte, une place de la capitale française porte désormais le nom de Farhat HACHED. Cest lune des expressions de lestime des Français pour ce héros du mouvement national tunisien. Refonder notre relation, cest respecter pleinement lhistoire de la Tunisie, la lutte pour son indépendance, les mouvements qui lont portée, sa capacité à forger sa propre identité, à définir une relation sereine avec la France. Je reconnais lapport dHabib BOURGUIBA à cette construction-là et, là aussi, je salue sa mémoire. Refonder notre relation, cest tirer toutes les leçons du passé, même le plus brûlant, car il y a des blessures, je les connais. Il y a eu des incompréhensions, je les ai mesurées au moment de la révolution tunisienne. A ce moment-là, à Paris et partout en France, des Tunisiens venaient me voir espérant le soutien de la France dans ce moment décisif disaient leur déception mais aussi leur attente. Ils voyaient également que nombre de mes concitoyens dans les mondes associatif, politique, syndical étaient solidaires de la révolution tunisienne. Cest bien là lessentiel. Et je remercie le président MARZOUKI quand il est venu à Paris davoir dit que la France des citoyens navait pas fait défaut à la Tunisie. Refonder notre relation, cest exprimer la confiance de la France dans la Tunisie nouvelle. La France est prête à travailler avec les représentants du peuple tunisien tous les représentants du peuple tunisien élus démocratiquement dans le pluralisme. Parce que le message de la France sadresse à tous les Tunisiens et à celles et ceux qui sont désignés dans cette Assemblée, puis dans la future pour les représenter. La France sait que lislam et la démocratie sont compatibles. De grandes voix tunisiennes, comme celle de Mohamed CHARFI, lont dit avec grande force. La France sait aussi que lidentité tunisienne se nourrit dapports multiples et que le progrès politique, économique, social demande la participation de tous dans la démocratie, dans le respect des libertés, dans légalité des droits. La France vous encourage, sans vous donner de leçon. La France aussi participe des inquiétudes lorsquelles existent, et les exprime à chaque fois quelle pense que cest utile et que cest nécessaire. La France et la Tunisie sont liées, lune à lautre, par la culture, les femmes et les hommes qui ont fait ce que nous sommes ; par notre histoire mais aussi par ce présent qui permet à de nombreuses familles issues de la Tunisie de vivre en France et à dautres françaises de sétablir en Tunisie. Cest ce qui fait notre force, cette communauté parfois de destin que nous partageons. La France et la Tunisie ont besoin lune de lautre, la France est prête à travailler avec vous dans tous les secteurs où vous pouvez solliciter son concours. Au cours de ma visite, les ministres ici présents ont signé, avec les vôtres, de nombreuses conventions et accords. Ils formeront le cadre de notre coopération. La France, Monsieur le Président, est déjà le premier bailleur de fonds publics au développement pour la Tunisie. Elle continuera de mobiliser les pays du partenariat de Deauville et lensemble de lUnion européenne, pour vous permettre de connaître le meilleur développement pour votre pays. Je mobiliserai tous les instruments, à notre disposition. Les engagements de la France pour la Tunisie sélèvent déjà à plus d1,5 milliard. Pour 2013 et 2014, nos perspectives sont de délivrer 500 millions deuros de plus. LAgence Française de Développement investira notamment dans la réhabilitation des quartiers de vos villes, lalimentation en eau, la formation professionnelle, les liaisons ferroviaires, le développement agricole. En plus de cet appui, la France réalisera, pour la Tunisie, une opération que vous avez vous-mêmes autorités tunisiennes, représentants du peuple tunisien exprimée : la conversion de dette, c'est-à-dire la transformation de ce quest une créance de la France en investissements pour la Tunisie. Notre coopération, cest aussi les entreprises. Elles sont plus de 1 350 françaises à être installées en Tunisie, à y faire travailler plus de 125 000 personnes. Ces chiffres nont pas diminué depuis la Révolution, et toute mon action, avec celle du gouvernement, cest de faire en sorte quil y ait plus dentreprises qui viennent ici, en Tunisie, pour votre développement, mais aussi pour lactivité économique en France. Monsieur le Président, vous avez insisté sur le tourisme. Je ne veux pas réduire la Tunisie au tourisme, car la Tunisie a plein datouts, plein de capacités. Mais elle a aussi, par la qualité de ses paysages, par son climat, et par lhospitalité de sa population, toutes les possibilités davoir une économie touristique dynamique. Là encore, jirai dans ce haut lieu du tourisme quest Sidi Bousaïd, et jinvite, à travers cette visite que jeffectue à votre invitation, tous les Français à venir nombreux passer leurs vacances en Tunisie. Notre coopération est aussi dans lAdministration, dans lEcole Nationale dAdministration. On pourrait en dire tellement de choses en France, mais tellement de bien en Tunisie ! Nous ferons en sorte que lexpertise puisse être partagée, dans ces domaines comme dans celui du droit. Jai bien conscience, cela ma été rappelé par le gouvernement hier, de ce que vous attendez de la France, sur cette question du droit, du respect des règles, de la lutte contre la corruption, de ce qui vous a été volé par le régime déchu. Je vous laffirme ici : tout ce qui a été mal acquis vous sera rendu. Jai donc demandé que tout soit mis en uvre pour accélérer les procédures, faciliter lidentification des biens. Un magistrat français sera bientôt installé à Tunis pour y veiller, et nous en ferons lévaluation à chaque étape. Enfin, notre coopération est tournée vers la jeunesse, la jeunesse de France, la jeunesse de Tunisie. Près de 20 000 Tunisiens étudient en France, 4 000 étudiants sy inscrivent chaque année, 1 000 bénéficient dune bourse accordée par le gouvernement français. Je sais les problèmes qui ont été posés et jai donc veillé à ce que les règles de circulation des étudiants étrangers soient assouplies. Jai demandé dabroger et ce fut fait dès les premiers jours de mon mandat une instruction administrative qui empêchait les étudiants déjà présents en France de pouvoir travailler. Mais je veux faire en sorte que nous puissions améliorer la mobilité entre nos deux pays, tout en luttant contre limmigration clandestine. Je ne veux pas capter la jeunesse tunisienne, je veux simplement que celle qui veut étudier en France dans de bonnes conditions puisse le faire, pour retourner ensuite dans votre pays, exprimer le talent, la compétence et lexpérience, qui auront été développés dans notre pays. La France contribuera à réaliser aussi des projets importants de formation ici en Tunisie, comme dans le Centre de formation professionnelle de Gafsa, ou encore lEcole nationale dIngénieurs de Bizerte. Ce partenariat entre la France et la Tunisie, pour léducation, pour la formation, doit être placé au meilleur niveau dexcellence. Je veux que nous puissions avoir aussi une coopération en matière de culture, de recherche, pour que nous puissions donner le meilleur de nous-mêmes. Donner le meilleur de nous-mêmes aussi pour la Méditerranée, que nous avons en partage, cette « blanche mer citoyenne », une Méditerranée de projets, là aussi, autour de la sécurité alimentaire, de laccès à leau, des universités. Travaillons ensemble ! Ici, il y a des représentants des régions françaises, et notamment de la Méditerranée, de Provence-Alpes-Côte-Dazur, et dautres. Vous avez souhaité une coopération décentralisée. Elle sera non seulement engagée elle lest déjà mais poursuivie, amplifiée, pour que nous portions des projets communs. Enfin, nous avons, la Tunisie et la France, à travailler pour la paix. Je veux vous assurer de mon engagement à lutter contre toutes les menaces auxquelles lAfrique du Nord, lEurope, et la France, sont exposées. Cette menace a un nom, cest le terrorisme. Au Mali, la France est intervenue, à la demande du président TRAORE, pour empêcher que des groupes terroristes ne mettent la main sur lensemble du pays. Laction conduite avec les armées africaines a permis, non seulement de réussir à les chasser, mais de préparer une transition politique, puisque des élections auront lieu, sans doute, sûrement, à la fin du mois de juillet, puisque cest la date qui a été fixée. Nous devons donc tout faire pour que cet exemple soit donné à dautres pays et que nous puissions garantir la sécurité du Sahel. Je sais bien que vous êtes concernés aussi car quand des groupes terroristes sont chassés dun pays, ils se réfugient dans dautres et tentent de le menacer et de déstabiliser. Je sais ce que vous les affrontez, ici même. Avec quel courage vous avez fait face à ceux qui voulaient utiliser les armes contre votre révolution ! En Egypte, les événements récents nous montrent combien les processus de transition démocratique sont fragiles et peuvent être mis en échec. Car cest un échec quand un Président, élu démocratiquement, est déposé par larmée. Cest un échec quand des millions dEgyptiens veulent aussi, après un an, exprimer leur aspiration à la liberté. Alors, que devons-nous dire ? Cette chose simple, cest que tout doit être fait maintenant, dans ce pays, pour retrouver pleinement la démocratie, la liberté, le pluralisme et, le plus vite possible, des élections. La France est également du côté du peuple syrien, qui fait face à la barbarie dun régime, et qui endure une guerre qui massacre la population civile. 100 000 morts en Syrie. La France a alors décidé de prendre toutes ses responsabilités et daider lopposition autant quil le faudra, à condition, bien sûr, que les groupes dinfluence terroriste soient mis de côté, et pour que tout soit fait pour que la Syrie puisse être, elle aussi, un grand pays démocratique. Jai entendu ce que vous avez dit aussi, Monsieur le Président, sur le conflit israélo-palestinien et sur cette volonté qui doit être la nôtre celle de lEurope, celle de la France de faire revenir les parties prenantes à la négociation pour que soit enfin décidée, négociée, et obtenue la création dun Etat palestinien. Monsieur le Président, Mesdames, et Messieurs les députés, je mesure, je lai dit, ce quest votre responsabilité : terminer lélaboration de votre Constitution, préparer les élections de manière incontestable, comme vous lavez fait en 2011, être capable de donner espoir à la Tunisie. Ce sont de grands défis mais vous nêtes pas seuls, vous avez vos amis et la France compte parmi ceux que vous pouvez considérer comme tels. Nous avons trois principes qui nous rassemblent. Le premier, cest la démocratie, le droit pour tous les citoyens de choisir librement, souverainement, leurs représentants, dans le cadre de légalité, du respect des minorités, de la liberté de la presse, de la circulation sans entrave des opinions et des idées, légalité des droits entre les femmes et les hommes. Vous avez décidé, vous, cette Assemblée, de préserver cet acquis fondamental de la Tunisie, et surtout de votre histoire et des luttes de votre mouvement féministe, qui fait, à juste raison, votre fierté. Le second principe, cest celui de la confiance. La France a confiance dans la Tunisie, la France a confiance dans sa capacité à construire un avenir, un développement, une démocratie. La France a confiance dans léconomie tunisienne, dans les horizons qui peuvent finalement être définis, dessinés par nous, ensemble, pour donner de lespoir à nos peuples respectifs. Enfin, le dernier principe, cest celui de la responsabilité : responsabilité de la Tunisie pour réussir sa révolution, responsabilité de la France, pour vous appuyer, autant quil sera nécessaire. Votre tâche est considérable, et dans lHistoire il arrive des moments où un peuple décide, non seulement pour lui-même, mais pour les autres. Nous avons, nous la France, cet orgueil qui nous est parfois reproché en tout cas cette ambition que nous portons, cette fierté davoir, il y a déjà longtemps, fait notre révolution, den être toujours les héritiers et de dire partout que nous sommes les défenseurs de droits qui appartiennent à lhumanité toute entière. Nous avons toujours cette idée que nous ne sommes pas nimporte quel pays, nous la France, parce que nous avons été la patrie des Lumières, de lespérance, de la liberté. Quand un autre peuple nous reconnaît comme tel, nous voyons cette flamme dans nos yeux, les uns les autres, pour partager cette même démarche, cette même ambition. Maintenant, cest vous, vous la Tunisie, qui avez finalement, à la fois cette fierté, mais aussi cette responsabilité. Vous portez un espoir qui va bien au-delà du peuple tunisien, bien au-delà des peuples arabes, et cest ce qui nous rend solidaires France et Tunisie. Vive lamitié entre la France et la Tunisie !|N|N|N|N|Texte intégral 70454|LE PRESIDENT - Bien, Mesdames, Messieurs, ce voyage, cette visite dÉtat sachève bientôt. Je vais rencontrer tout à lheure des personnalités de la société civile, les responsables des partis dopposition puis enfin la communauté française. Jaurai également un entretien avec le consul honoraire de Benghazi qui a été victime dune agression pour ne pas dire dun attentat et qui nous donnera son témoignage et nous lui prodiguerons toute notre solidarité et notre admiration dêtre sorti comme il est sorti indemne de ce piège.
Mesdames, Messieurs, ce voyage, cette visite avait pour moi un seul objet, cétait dappuyer, au nom de la France, la transition démocratique en Tunisie dans le contexte que lon sait et de dire notre amitié au peuple tunisien dans son ensemble et lui affirmer que la France serait toujours à ses côtés quelles que soient les circonstances pour réussir la révolution tunisienne. Il ne sagit pas de nous ingérer ni de donner la leçon mais de faire en sorte que ce qui sest produit en Tunisie puisse être un succès pour la Tunisie, pour la relation entre la France et la Tunisie, mais plus largement, pour offrir un exemple à la Méditerranée dans son ensemble et à tous les peuples qui luttent pour leur liberté.
Les rencontres que jai eues avec le président de la République, Moncef MARZOUKI, avec le gouvernement et le Premier ministre, avec aussi lAssemblée nationale constituante, navaient que ce seul objectif, non pas choisir entre les uns et les autres, non pas participer au débat public telle nest pas la place de la France , mais tout simplement dire que, soucieux des libertés, des droits, de légalité des femmes par rapport aux hommes, nous voulons, nous souhaitons que la Tunisie puisse accomplir sa révolution jusquau bout avec une Constitution qui garantira lÉtat de droit, qui fixera les pouvoirs et les contrepouvoirs, permettra de donner aussi des garanties en matière de liberté et dégalité, puis ensuite, avec des élections libres. Je rappelle que la Tunisie na connu quun scrutin libre depuis lindépendance, celui de 2011, et que cest donc avec grande méticulosité, grande exigence que les Tunisiens préparent le prochain scrutin, les prochains scrutins.
La France sera aussi aux côtés des Tunisiens en favorisant le développement économique. Cest pourquoi la délégation qui maccompagnait, au-delà des ministres, au-delà des élus et je les en remercie qui sont ici, était constituée de chefs dentreprise nombreux qui, présents déjà en Tunisie depuis des années, entendaient nouer des nouveaux partenariats dans le cadre dune coopération refondée telle que je lai présentée aussi bien aux acteurs politiques quéconomiques, avec un modèle, le codéveloppement, une innovation majeure, la conversation de la dette, et avec aussi le souci de créer des alliances qui permettront aux Tunisiens et aux Français de pouvoir dabord tirer le meilleur parti de ce potentiel formidable qui est davoir des Tunisiens qui vient en France, souvent avec une double nationalité, et des Français qui sont en Tunisie et qui peuvent se rassembler pour porter des initiatives et des projets.
Mais nous pouvons aussi faire davantage, nouer ces alliances pour aller conquérir des marchés ensemble en Afrique et au-delà. Nous avons aussi affirmé le principe dune communauté méditerranéenne, cest-à-dire de ce dialogue, de cette initiative qui a été tentée tellement de fois, pas toujours réussie, pour quil y ait un vrai partenariat entre lEurope et la Méditerranée. Nous avons signé bon nombre daccords dans bien des domaines économiques. Je ne vais pas ici les citer tous : lagroalimentaire, les énergies, les nouvelles technologies, le tourisme. Le tourisme qui est une des richesses de la Tunisie. Et si jai tenu à faire cette conférence de presse ici, dans ce lieu prestigieux et dans ce cadre fabuleux, cest aussi pour convaincre que nos compatriotes et beaucoup dautres peuvent venir en Tunisie passer des vacances, sans oublier la France, parce quil y a ici toutes les conditions dun séjour sûr et agréable. Et quand on est en Tunisie, après, on a le mal du pays, on revient en France et on découvre dautres paysages.
Voilà ce que jai entendu porter et aussi un message en direction de la jeunesse, des créateurs, des hommes et des femmes qui veulent circuler, que nous faciliterons tous ces échanges, toute cette mobilité tant demandée et pas toujours facilitée jusquà présent. Nous avons déjà pris beaucoup de mesures. Jen remercie lambassade, les services consulaires. Cent mille visas sont délivrés. Cest considérable ! Nous pouvons faire encore plus vite sans doute. Nous avons visité ce matin un musée splendide où le LOUVRE sest impliqué. Nous avons eu également des échanges avec les jeunes, les volontaires. Je remercie Martin HIRSCH comme je remercie Jack LANG aussi pour lINSTITUT DU MONDE ARABE. Bref, je ne vais pas ici faire la liste de tous ceux, toutes celles qui contribuent à lamitié entre la Tunisie et la France.
Ce que je retiens aussi, cest lattente qui est portée sur la France, lespérance, la confiance. Nous avons encore eu un témoignage à Tunis où, en plus, nous venions de faire un acte fort, symbolique qui consiste à remettre des archives par rapport à un acte qui sest produit en 1952, par rapport à un héros du peuple tunisien. Je pense que ce geste devait être fait. Il était plus que temps, il nétait pas trop tard. Voilà, Mesdames et Messieurs, les messages que je voulais vous délivrer. Je suis prêt à répondre à vos questions.
QUESTION - (Inaudible). Monsieur le président, la position de la France est confuse par rapport à lincertitude de lagenda politique du gouvernement tunisien. Les accords économiques occultent-ils la dimension « droit-hommiste » de la France ?
LE PRESIDENT - Sûrement pas ! Tout au long de cette visite, je nai cessé de rappeler que, pour nous, la révolution tunisienne, cétaient les droits de lhomme, légalité entre les femmes et les hommes, lindépendance de la justice, lÉtat de droit, les libertés, le pluralisme de la presse. Plusieurs cas nous ont été évoqués par les associations que jai rencontrées, par les jeunes, par les femmes. Sur tous ces cas, je men suis ouvert avec les autorités tunisiennes. Pas besoin déchange. Si je ne venais ici que pour des contrats, je ne serais pas dans la dimension que jai voulu donner à cette visite dÉtat et que les Tunisiens dans leur ensemble ont voulu également porter par rapport à cette visite du premier président de la République française après la révolution tunisienne. Et par rapport à lagenda, je men suis enquis auprès des autorités et du Parlement, enfin de lAssemblée constituante. Jai été, de ce point de vue, rassuré. Que ma-t-il été dit ? Mais je vérifierai car le temps est court par rapport à ce qui ma été présenté. Quau mois de septembre, la Constitution pouvait être adoptée par lAssemblée constituante, que lAssemblée travaillerait même tout le mois daoût si cétait nécessaire, quensuite, lélection présidentielle pourrait avoir lieu ou à la fin de lannée ou au tout début de lannée prochaine, les élections législatives suivraient. Je ne suis pas larbitre. On ne ma pas fait venir pour savoir si cétait ce mois-ci ou ce mois-là. Jai considéré que, par rapport à ce quétait la transition, cétait un agenda qui me paraissait conforme au bel esprit de la révolution tunisienne.
QUESTION - Bonjour Monsieur le président. Roselyne FEBVRE de FRANCE 24.
LE PRESIDENT - Oui.
QUESTION - Ce matin, vous avez évoqué les valeurs positives de la Tunisie. Ce qui vous a permis dailleurs de glisser quelques subtiles recommandations. Alors, pensez-vous que les événements en Égypte vont servir davertissement à la Tunisie ? Vont-ils en tirer les leçons ? Jaimerais avoir votre analyse personnelle sur ce sujet.
LE PRESIDENT - Je vais parler de lÉgypte et puis je reviendrai en Tunisie parce que même si des comparaisons peuvent être faites, il y a des réalités différentes. Quest-ce qui se passe en Égypte ? Depuis plusieurs semaines, des mouvements considérables et larmée qui prend la responsabilité de déposer le président. Je lai dit, cest un échec, un échec pour tous ceux qui soutenaient ce processus. Il y a des risques. On voit bien les tensions qui peuvent encore survenir et se durcir, sintensifier, des appels à des manifestations, des arrestations, des morts. Que doit dire la France et pas seule avec la communauté internationale ? Le retour le plus vite possible au processus politique de la démocratie, du pluralisme donc des élections et demander à tous les protagonistes, quel que soit leur sentiment, leur rancune ou leurs craintes, de chercher le rassemblement et lapaisement pour revenir au processus politique et donc pour arriver le plus vite possible à des élections incontestables. La comparaison maintenant. La responsabilité de la Tunisie est très grande, cest ainsi, surtout avec ce qui se passe en Libye je parlais de la violence qui sy est installée et de linsécurité , ce qui se passe en Égypte avec, pour le moment, une incertitude et la crainte de linterruption dun processus même si tout doit être fait pour le reprendre, ce qui se passe en Syrie (une guerre civile). Donc, quelle est la responsabilité du peuple tunisien, des responsables tunisiens ? Tous, quils soient dans la coalition au pouvoir, quils soient dans lopposition, cest de réussir, de montrer que le printemps arabe peut connaître son aboutissement au service de la liberté et de la démocratie. Oui, cest une responsabilité très grande qua la Tunisie puisquelle a été la première à faire le printemps arabe, à faire la révolution, à renverser une dictature, à engager une transition politique. Et tous mes interlocuteurs et jen aurai sûrement confirmation du côté des forces politiques dites de lopposition sont conscients de lenjeu pour la Tunisie et pour lensemble du monde arabe. Jai senti cet esprit de gravité parmi tous mes interlocuteurs au plus haut niveau. Mais aussi par rapport à la jeunesse, au monde associatif qui sest engagé, la Tunisie doit réussir. Et la responsabilité de la France, elle est aussi élevée. Nous navons pas été là au moment de la révolution. Je ne parle pas de moi. La France, elle na pas été là où elle devait être au moment de la révolution. Elle sera aux côtés des Tunisiens pour toute la période de la transition et, jespère, bien au-delà.
QUESTION - (Inaudible).
QUESTION - Je répète ma question ?
QUESTION - Bien
LE PRESIDENT - Je la répèterai (inaudible) parce que je peux Jai le micro, moi.
QUESTION - Sachant quAL-QAÏDA, qui est traquée en Afghanistan et au Pakistan, cherche depuis quelque temps à simplanter dans le Sahel et en Afrique du Nord. Et craignez-vous, Monsieur le président, quaprès lintervention française au Mali, que la France puisse être la cible dattentats terroristes en représailles ? Merci.
LE PRESIDENT - Cette question-là, elle ma été posée dès le premier jour de lintervention française au Mali avec les armées africaines et nous, nous prenons toutes les mesures nous permettant de conjurer ces menaces. Mais je réponds directement à votre question : a-t-on parlé avec les autorités tunisiennes du terrorisme et de la lutte implacable quil convient de mener contre lui ? Oui, nous en avons parlé et nous soutiendrons tous les efforts de la Tunisie pour parvenir là où ce problème se pose, dans une partie du territoire, à ce combat-là contre le terrorisme. Cest une lutte qui nous concerne tous, pas la Tunisie simplement mais tout le Maghreb, lAfrique de lOuest. Quobserve-t-on en Libye ? Des groupes terroristes y sont installés ! On nous signale puisque maintenant, tout est public quil y a des groupes terroristes qui sont passés du Mali et sont allés se mettre en Libye pour mener des actions. Et dailleurs, elles ont été intentées ces actions au Niger. Il y a donc à coordonner nos efforts, à fournir des matériels qui peuvent correspondre aussi à cette exigence. Nous en avons parlé avec le gouvernement tunisien qui prend, là aussi, cette bataille, cette lutte très au sérieux. Pour le Mali, je peux vous confirmer que suite aux accords qui ont été passés dis de Ouagadougou entre le gouvernement malien et les représentants de ce quon appelle les Touaregs et les différentes populations du Nord-Mali, le ministre des Affaires étrangères a particulièrement suivi cette question et nous avons eu cette conclusion dun accord. Et aujourdhui, même, les premiers éléments armés maliens sont à Kidal. Ce qui prouve bien que nous avons permis non seulement de chasser des groupes terroristes, mais de retrouver, pour le Mali, lintégrité totale de son territoire.
QUESTION - Monsieur le président, bonjour. Jérémy BROSSARD, BFM TV. En France, le Conseil constitutionnel a invalidé les comptes de campagne de Nicolas SARKOZY. Votre prédécesseur annonce quil se retire du Conseil constitutionnel. Ses proches, certains dentre eux en tout cas, crient à un complot politique. Vous êtes le garant, le gardien des institutions en France. Quel regard vous portez sur cette situation qui est pour le moins assez inédite ? Merci.
LE PRESIDENT - Je nai pas à commenter et encore moins dici, en Tunisie, les comportements, les déclarations des acteurs ou des responsables politiques. En revanche, je suis le garant des institutions. Cest la fonction qui ma été donnée par les Français le 6 mai dernier et qui me conduit à rappeler que le Conseil constitutionnel est une institution de la République qui, par son indépendance, règle des questions qui sont de sa seule autorité, des décisions qui simposent à tous. Et donc le Conseil constitutionnel doit être respecté, pleinement respecté, entièrement respecté et personne ne peut suspecter, mettre en cause cette institution sans alors mettre en cause lensemble des institutions. Voilà, sil ny a pas dautres questions sur la Constitution française ou la Constitution tunisienne, je vous remercie
QUESTION - Monsieur le président, pour la RADIO TÉLÉVISION SUISSE sil vous plaît. Ici, à votre gauche.
LE PRESIDENT - Oui.
QUESTION - Vous avez fait le choix de ne pas vous rendre dans lintérieur de la Tunisie où est pourtant partie la révolution et où on peut entendre la gronde, la grogne de temps en temps. Pourquoi ce choix que dêtre resté sur Tunis et son entourage ?
LE PRESIDENT - Mais vous pensez que je ne vais venir quune fois dans mon mandat en Tunisie ? Donc cétait la première visite je le disais que je faisais comme président de la République. Première visite quun chef dÉtat français faisait depuis la révolution. Je devais rencontrer les principaux responsables, aller devant lAssemblée nationale constituante, rencontrer les chefs dentreprise, voir les associations, avoir aussi à cur de parler à la communauté française. Si je peux vous donner une impression personnelle, je nai pas eu beaucoup de temps pour faire tout cela mais jai eu tellement denvie dy revenir que jirai dans la Tunisie de lintérieur. Merci.|N|N|N|N|Texte intégral 70455|Q - On va se pencher sur ce fameux dossier des mariages forcés, je prononçais tout à l'heure ce chiffre de 70.000 victimes chaque année en France. Vous avez un axe prioritaire, ce sont ces Françaises qui sont parties à l'étranger, parties forcées, c'est ça ?
R - C'est un phénomène dont nous connaissons l'existence, mais on n'en a jamais vraiment mesuré l'étendue. En début d'année, j'ai lancé une enquête auprès de notre réseau diplomatique et consulaire, pour savoir quels sont les pays où nous devons traiter le rapatriement de certaines de ces jeunes filles, et leur accompagnement par les consulats.
Cela m'a permis de faire deux choses : d'abord, d'établir une typologie des pays à risque ; et puis de voir comment ces jeunes filles sont traitées. Ces jeunes filles sont en grande détresse, elles arrivent souvent sans identité, sans papiers parce que leur passeport leur a été retiré, leur téléphone supprimé. Parfois, elles ont été séquestrées et elles se retrouvent finalement dans un consulat devant des agents consulaires qui doivent d'abord s'assurer de leur identité, de leur état civil. Il faut en effet s'assurer qu'elles sont bien françaises, puis elles seront conseillées et bénéficieront parfois également d'un appui pour rentrer en France. C'est donc une charge très lourde.
Par ailleurs, le retour en France peut être compliqué parce qu'il faut se souvenir que le mariage a été organisé à partir de la France, à partir de la famille qui a envoyé la jeune fille, pendant l'été, dans son pays d'origine. Il peut y avoir des difficultés pour réintégrer la famille, réintégrer la France. Nous avons donc aussi besoin, en France, d'avoir une prise en charge de ces jeunes filles.
Q - Vous parliez de souffrance tout à l'heure, de détresse. C'est très concret pour ces jeunes femmes ?
R - Oui. Ce sont des jeunes filles qui se retrouvent souvent dans des situations très difficiles, qui ont été violées, séquestrées et qui ont pu s'échapper. Ce que nous voulons aujourd'hui, c'est pouvoir les informer, leur faire connaître leurs droits, leur faire savoir qu'elles ont droit à une protection consulaire à l'étranger et que des agents des consulats sont à leur écoute et, surtout, peuvent ensuite les accompagner.
Q - Globalement elles sont jeunes ? Est-ce qu'elles ont régulièrement en dessous de dix-huit ans ?
R - Dans les dix cas que nous sommes en train de traiter, elles ont entre quatorze et vingt-quatre ans.
Q - Est-ce que vous pouvez faire preuve de sévérité à l'égard des maris, de ceux qui les forcent ?
R - Il est important que ces jeunes filles saisissent la justice.
Q - Vous recevez un rapport aujourd'hui sur ce thème-là...
R - Oui. Il s'agit d'une enquête que j'ai lancée en début d'année auprès de nos postes diplomatiques et consulaires, avec une synthèse qui a été faite sur les cas traités. Nous examinons entre douze et quinze cas par an depuis les cinq dernières années. Mais je pense que le phénomène est beaucoup plus étendu que cela puisqu'en six mois déjà, maintenant qu'il y a une prise de conscience de ce phénomène, nous avons une dizaine de cas à traiter.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 18 juillet 2013 |N|N|N|N|Texte intégral 70456|Mesdames, Messieurs,
Alain MIMOUN vient de nous quitter. Cétait un combattant courageux, un sportif exceptionnel et un patriote fervent.
Alain MIMOUN était né à Telagh, dans le nord de lAlgérie, le 1er janvier 1921.
Alain MIMOUN est mort à Champigny, dans le Val-de-Marne, le 27 juin 2013.
Entre ces deux dates, sétend une longue et belle vie faite dendurance, de sacrifices, et de victoires.
La première de ces victoires fut modeste, cétait de décrocher le certificat détudes primaires, le titre de gloire des enfants de la troisième République. Il lobtint avec la mention « bien », et son ambition alors était de devenir instituteur. Mais la bourse qui aurait pu financer ses études lui fut refusée. Ce fut pour Alain MIMOUN une blessure. Mais loin de se détourner de la France, il décida de la servir pour être pleinement reconnu par elle.
Il sengagea donc à 19 ans dans larmée.
Il se bat alors sur le front belge, où il est témoin de « létrange défaite » de 1940. Il intègre le régiment de sapeurs-démineurs en Algérie et participe pendant six mois, de novembre 1942 à mai 1943, au combat contre lAfrika Korps de ROMMEL. Il aurait pu sarrêter là. Cétait déjà une belle et grande victoire. Mais non, il rejoint lItalie comme caporal dans le corps expéditionnaire du maréchal JUIN. Il prend part à la bataille de Monte Cassino, en janvier 1944 il est grièvement blessé à la jambe, au point que les médecins sinterrogent, lamputation est envisagée. La vie dAlain MIMOUN se joue là. Il se relève, se soigne et repart au combat. Il manque le débarquement en Normandie, quimporte, il sera de celui de Provence jusquà la victoire finale.
A la Libération, il court pour un autre destin. Depuis ce jour de 1947 où Alain MIMOUN est devenu champion de France de course de fond, il collectionne les titres nationaux et mondiaux, jusquaux Jeux olympiques de Melbourne en 1956 où il remporte la médaille dor du marathon.
Ces succès, il les doit à des vertus qui ont fait la personnalité dAlain MIMOUN et qui peuvent encore aujourdhui, plus que jamais, avoir valeur dexemple.
La première de ces vertus cest la persévérance. Alain MIMOUN aimait comparer sa carrière à « un château » : « Ma médaille dargent, disait-il, à Londres en 1948, ce sont les fondations ; mes deux médailles dHelsinki, en 1950, ce sont les murs ; ma médaille dor de Melbourne, cest le toit ». La maison est finie.
La seconde de ces vertus cest la volonté. Lathlétisme, il lavait découvert fortuitement, à larmée. Mais, par la suite, il na plus laissé aucune place au hasard. Chaque matin, pendant des heures, il sentraînait. Chaque soir, il mesurait le chemin parcouru. Il courait et il courait encore. Il sobstinait, parce que tout ce qui nétait pas excellence lui paraissait médiocrité. Il ne sarrêtait jamais. Il y a à peine 10 ans, à loccasion des championnats du monde dathlétisme, certains le voyaient à 82 ans, faire le tour du stade de France, chaussé de ses mocassins de ville Rien ne lui faisait peur. Il courait. Il courait encore.
Alain MIMOUN, cétait le courage. Il a souvent raconté à ses proches la course mythique de Melbourne. Il sélançait contre le champion ZATOPEK. Peu de commentateurs lui accordaient la moindre chance de victoire. Mais lui, il y croyait. Il y croyait non seulement au premier kilomètre, le plus facile, mais au trentième, déjà loin du départ, toujours loin de larrivée. Il courait sous une chaleur de 40 degrés, ses jambes lui faisaient mal et il ne trouvait plus son souffle alors il sécria dans une voix intérieure « Fainéant, tu ne vas pas lâcher maintenant ! ». Alors il a couru et a gagné.
Quelque chose le portait, quelque chose de plus puissant que tout, cétait lamour de la France. « Je rêvais, disait-il, de voir le drapeau français au milieu du stade, je rêvais dentendre la Marseillaise, cétait mon obsession. ».
Alain MIMOUN, né en Algérie, avait choisi la France. Il était imprégné de son histoire.
La France, pour Alain MIMOUN, cétait un choix, une passion, une fierté, un idéal.
La France, pour Alain MIMOUN, cétait de hautes figures. Cétait le chevalier BAYARD, dont un portrait ornait sa maison de Champigny. Cétait le général de GAULLE, qui fut sa référence, et qui lui avait dit un jour : « Mimoun, vous et moi, nous avons un point commun : nous durons ». Il a duré jusquà aujourdhui. Une haute figure, cétait aussi Jacques CHIRAC, avec lequel il partageait, au-delà des idées, un territoire, une terre, un département, la Corrèze.
Son épouse, Germaine, venait de Tulle, une belle ville. Ensemble, ils sétaient installés à Bugeat, sur le plateau de Millevaches où Alain MIMOUN courait bien sûr, mais où il avait contribué au développement dun Centre pour sportifs qui porte aujourdhui son nom. Cest là, à Bugeat, quil reposera aux côtés de Germaine, disparue il y a trois mois.
Alain MIMOUN était un grand champion mais aussi un homme simple, doué de la véritable humilité, celle qui est plus forte que lorgueil.
La vie dAlain MIMOUN est une leçon. Il a vaincu les fatalités, il a dépassé ses propres limites. Il savait souffrir pour laccomplissement de lui-même et la réussite de son pays.
Aujourdhui, devant sa famille, devant ses proches, devant ses amis sportifs, devant aussi le régiment dans lequel il a servi, cest toute la France qui rend hommage à Alain MIMOUN, à celui qui a couru tout au long de son existence sur des champs de bataille pour porter nos couleurs, sur les pistes des stades pour faire retentir la Marseillaise.
Pour Alain MIMOUN qui a couru, cherchant la gloire pour son pays, un pays quil aimait plus que tout. Un pays qui lui exprime par ma voix aujourdhui sa plus sincère reconnaissance.Vive la République et vive la France !|N|N|N|N|Texte intégral 70457|
La France exprime son indignation devant la poursuite des bombardements massifs sur la ville martyre de Homs. Nous condamnons avec la plus grande force l'utilisation indiscriminée, par le régime syrien, de l'ensemble des moyens militaires à sa disposition, pour frapper massivement une population civile otage des combats.
La France souhaite que ces crimes ne restent pas impunis.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 18 juillet 2013|N|N|N|N|Texte intégral 70458|
Votre attachement à Madagascar n'a d'égal que le mien pour l'enseignement français à l'étranger.
Cette restructuration du réseau, indispensable, s'est faite dans la concertation depuis 2007 ; elle a été accompagnée de mesures d'aide : bourses pour les élèves français, exonération des frais de première inscription pour les élèves malgaches, forfait transport de 500 euros par an pour deux aller et retour par avion. Les élèves qui ne pourront se déplacer bénéficieront de l'enseignement du Cned.
Aucune modification du réseau n'interviendra dans les prochaines années. Notre souci est de bâtir un enseignement français de qualité à Madagascar.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 18 juillet 2013|N|N|N|N|Texte intégral 70459|
Mesdames, Messieurs les Membres du Conseil d'administration du GIP,
Mesdames, Messieurs les participants à l'Assemblée générale,
C'est un honneur et un plaisir pour moi de pouvoir ouvrir votre 5ème conseil d'administration et votre 2ème assemblée générale depuis la création du GIP au printemps 2012. Ce GIP a été créé pour assurer la coordination des Commémorations. Le Département y est représenté par le Secrétaire général adjoint, M. Jean-François Blarel. L'Institut français y est également représenté.
La tenue de votre conseil dans ces murs du ministère des affaires étrangères a tout son sens : en effet il me semble tout à fait souhaitable de valoriser le rôle qu'ont pu jouer nombre de nos compatriotes résidant à l'étranger dans les deux conflits mondiaux.
Trois types de pays sont en définitive concernés par les commémorations des deux derniers conflits mondiaux dont mon collègue Kader Arif a la charge :
- les combattants des anciennes colonies / pays du champ ;
- les anciens combattants Français de l'étranger ayant combattu dans les FFL ;
- les Français de l'étranger (parfois binationaux) ayant combattu sous uniformes étrangers (en Amérique latine par exemple, nombreux cas de Français engagés dans l'armée américaine).
Dès le début des réflexions liées à la commémoration des deux conflits mondiaux, j'ai souhaité m'investir personnellement dans les programmations qui se dérouleront tout au long des années 2014, 2015 et 2016.
J'envisage pour ma part trois types d'actions qui pourraient être menées spécifiquement sur la problématique des Français de l'étranger dans le cadre des commémorations à venir :
- une action pédagogique auprès des lycéens français de l'étranger en liaison avec le GIP, l'AEFE et le Centre national de documentation pédagogique
- une action patrimoniale et mémorielle visant à exploiter les archives disponibles sur la mémoire des Français de l'étranger ayant répondu à l'appel de la mère patrie. La valorisation de ces archives de personnes connues ou inconnues, de femmes ou de minorités s'étant illustrés, pourrait faire l'objet de livre mémoire et le cas échéant d'exposition dématérialisée sur internet et itinérante à l'étranger.
- enfin une action plus politique : à l'occasion de déplacements conjoints à l'étranger que j'envisage de réaliser avec Kader Arif. Un module «mémoire» pourrait être intégré à chaque déplacement. Nous aurons d'ailleurs d'ici la fin du mois l'occasion d'accompagner ensemble le Premier ministre en Corée du Sud.
J'ai souhaité mobiliser la direction des archives du Département sur les documents qui pourraient concerner des Français de l'étranger impliqués dans les deux derniers conflits mondiaux. Je devrais rencontrer prochainement à ce sujet le nouveau directeur des archives, M. Richard Boidin afin que le travail de recherche réalisé tant par le Département que par nos postes puisse être effectué en coordination avec la FACS, la Fédération nationale des anciens combattants résidant hors de France.
J'ai en effet demandé en début d'année que nos postes diplomatiques et consulaires soient interrogés afin qu'ils puissent dresser un état des lieux de leurs anciens combattants localement et des propositions de ce qui pourrait être mis en oeuvre dans le cadre de ces cycles de commémorations en fonction de ce qu'ils perçoivent sur place.
Je compte sur la mobilisation du GIP et des services des archives tant du Département que du ministère de la défense pour faire remonter dès que possible des ressources documentaires susceptibles de donner corps à cette action patrimoniale et mémorielle que nous devons mener compte tenu de l'implication souvent méconnue de nos concitoyens de l'étranger lors des deux conflits mondiaux.
J'aurai le plaisir de vous retrouver en fin de matinée autour d'un verre pour échanger avec vous sur cette problématique et je souhaite une excellente réunion de votre conseil d'administration et une assemblée générale fructueuse.
Je vous remercie.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 18 juillet 2013|N|N|N|N|Texte intégral 70460|Monsieur le Député,
Vous avez décrit la situation d'une façon malheureusement juste. Bien évidemment, les dispositions sont prises, dès aujourd'hui, pour renforcer la protection de nos entreprises et pour faire en sorte que tous nos concitoyens inscrits au registre des français de l'étranger soient prévenus. Des dispositions sont prises aussi, en ce qui concerne la France, pour assurer la protection de tous les bâtiments égyptiens.
Mais votre question porte plus généralement sur la situation égyptienne. Comment la résumer en un mot ? La réalité, ce sont les violences et l'urgence est au contraire au rassemblement. C'est autour de ces deux idées que la France a dit sa disponibilité. Ces violences, vous l'avez rappelé, ont fait plus de 50 morts lundi. Elles sont inacceptables, tout comme l'appel au soulèvement. Il faut qu'il y ait une enquête. Nous demandons à chacun d'agir, en particulier au nouveau président, pour que le rassemblement soit également présent dans le gouvernement. Il est nécessaire que ce rassemblement permette d'aller rapidement aux élections afin que l'on retrouve un processus démocratique. Voilà je crois ce qui est conforme à la tradition de la France.
J'ai fait connaître notre disponibilité aux nouvelles autorités égyptiennes, au ministre des affaires étrangères, et j'ai l'intention de prendre contact - le président de la République me l'a demandé - avec le nouveau président. Je pense que ces deux principes : refus de la violence et nécessité du rassemblement, sont conformes à la tradition de la France et aux intérêts supérieurs de l'Égypte qui, comme vous l'avez rappelé, est un grand pays dont il faut assurer autant que possible la stabilisation.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 18 juillet 2013 |N|N|N|N|Texte intégral 70461|
- Quelle est tout dabord votre définition et votre vision de la francophonie, que lon a tendance, à tort, à limiter à la promotion de la langue française ?
Vous avez raison, la francophonie cest bien sûr la promotion de la langue française dans le monde, mais cest plus que cela. Pour moi, le ministère de la Francophonie est un ministère dinfluence au service des valeurs et des peuples de langue française. Les sujets sont nombreux. Je milite pour un espace francophone où les barrières à la mobilité sestompent pour les étudiants, les artistes, les professeurs et les chercheurs.
Je mattache aussi à défendre la vision dune francophonie politique, une francophonie des droits de lHomme. A ce titre, la France et les 77 pays membres de lOrganisation internationale de la francophonie (OIF) travaillent main dans la main. La langue est un vecteur, la langue est un ciment mais elle est aussi un outil de promotion de la démocratie et de l'aide au développement.
Dans presque toutes les rencontres effectuées depuis le début du quinquennat, jinsiste en préambule sur le fait que la francophonie daujourdhui sincarne pleinement en étant désencombrée" de la charge de lhistoire coloniale. Cest capital. La francophonie devient une chance économique et culturelle.
- Le premier Forum des femmes francophones que vous avez organisé en mars dernier a mis en lumière la régression inadmissible de leurs droits dans certains pays. Comment la francophonie peut-elle prévenir les violences et garantir les droits des femmes ?
Ce forum a permis une avancée fondamentale : libérer la parole. Je reçois chaque jour des lettres de participantes qui me remercient davoir initié ce mouvement. Car il sagit dun véritable mouvement qui naurait pas vu le jour sans laide du secrétaire général de lOIF, le président Abdou Diouf.
Aujourdhui, nous lançons une deuxième phase, celle de laction politique et diplomatique. Le prochain Sommet de la francophonie aura lieu au Sénégal à lautomne 2014. Jétais à Dakar lundi dernier pour rencontrer le président Macky Sall et les organisateurs du sommet. Jai demandé à lOIF, et les responsables sénégalais sont daccord, que la question des droits des femmes soit une des priorités de cet événement. Il est temps que les chefs dEtat et de gouvernement sengagent. Il faut des actes.
Je me bats pour que le respect des droits des femmes soit inscrit dans les textes fondateurs de lOIF. Et je ne suis pas seule dans ce combat : des milliers de femmes comptent sur nous.
- Depuis votre prise de fonctions, vous avez effectué plus dune trentaine de déplacements à travers le monde qui comprennent systématiquement un volet économique. Quels en sont les objectifs ?
La francophonie est un formidable levier de croissance et demploi pour les entreprises. Le problème cest que beaucoup dentrepreneurs nen ont pas conscience ! Alors même que lAfrique, très largement francophone, sera demain lun des moteurs de léconomie mondiale !
Lappartenance à lespace francophone favorise louverture commerciale et stimule les échanges internationaux. A chacun de mes déplacements je demande à rencontrer les entrepreneurs et les dirigeants de filiales pour comprendre les difficultés quils peuvent rencontrer sur le terrain. A Paris, je mefforce de sensibiliser les patrons du CAC 40 mais aussi les patrons de PME.
Je fais un constat : être francophone offre un avantage compétitif face à des pays comme la Chine ou lInde. Dailleurs, cest en partie pour cela que la Chine se met de plus en plus au français. La francophonie est un investissement davenir, il ne faut pas le négliger.
- Sur le territoire français, comment développez-vous la francophonie dans toutes les dimensions évoquées ?
Je mène une réflexion interministérielle, notamment avec mon collègue François Lamy en charge de la politique de la ville. Mon objectif cest de ramener du français dans les territoires en souffrance. Dabord auprès des jeunes qui ne maîtrisent pas le "français du monde du travail". Apprendre à rédiger une lettre de motivation, mener un entretien dembauche ; cest aussi cela le français. Je souhaite que les entreprises soient parties prenantes de ces formations. Car lesprit de ce dispositif cest du "gagnant-gagnant" pour les entreprises comme pour les apprenants.
La francophonie en France cest aussi mon souhait de généraliser ce que jappelle lEcole des mamans pour les mères immigrées qui ont trop longtemps été les oubliées de la République.
- Le Gouvernement fait de la jeunesse une priorité. Quel est votre regard sur la perte de confiance des jeunes générations ? Un message à adresser aux jeunes de lespace francophone ?
Chez les jeunes, il y a un vrai désir de francophonie. On le voit lors de grandes manifestations comme le Forum mondial de la langue française de Québec où des milliers de jeunes ont fait le déplacement en juillet 2012. Je sais que la période nest pas facile mais je sais aussi que leur soif dengagement est intacte. Ce que je veux leur dire cest que la francophonie a beaucoup à leur apporter que ce soit en matière de formation, de carrière, déchanges ou même de rencontres. La francophonie ce nest pas accessoire : cest le début dune belle aventure.
Source http://www.gouvernement.fr, le 16 juillet 2013