Texte intégral
Je voudrais d'abord remercier très chaleureusement mon collègue et ami le ministre des relations extérieures du Mexique. Je veux remercier les autorités mexicaines et, en particulier, le président Enrique Peña Nieto de la chaleur de leur accueil. J'y ai été extrêmement sensible et l'importante délégation française qui m'accompagnait y a été très sensible aussi.
Mesdames et Messieurs, cette visite souhaitée par le président de la République française marque et ouvre une nouvelle page positive, très positive même dans les relations entre le Mexique et la France. Nos deux pays ont toutes les raisons non seulement d'être amis mais, sur le plan économique, sur le plan culturel, diplomatique, sur le plan éducatif et culturel cette amitié nous permet d'être extrêmement proches. Les événements, au cours de ces dernières années, ont pu freiner notre travail. Désormais, ces événements sont derrière nous et le président Nieto et le président Hollande ont décidé de renforcer les liens entre le Mexique et la France. C'est ce que marque ce voyage.
Au cours de ce voyage, j'ai eu le plaisir et l'honneur de rencontrer toute une série de responsables mexicains. D'abord, bien sûr, le président de la République qui nous a reçus ce matin et qui a installé le conseil stratégique franco-mexicain. J'ai eu de nombreux entretiens avec mon collègue et ami le ministre des relations extérieures et j'ai pu aussi déjeuner avec mon collègue de l'économie ou d'autres ministres. J'ai pu rencontrer également le maire de la ville de Mexico, les gouverneurs de plusieurs États, toute une série de personnalités du monde économique, culturel et éducatif. J'ai parlé ce matin au recteur de la grande université et beaucoup d'autres.
J'ai eu l'occasion de m'adresser pour le 14 juillet, à la communauté à la fois des Mexicains et des Français et ce matin, j'ai eu l'occasion de m'adresser dans ce ministère à toute une série de spécialistes des relations franco-mexicaines ainsi qu'à une promotion de l'Institut diplomatique.
Chaque fois, j'ai tenu le même langage qui est celui de la proximité, de l'amitié, le langage de la construction commune du futur entre le Mexique et la France. Au cours de ce séjour, nous avons installé - c'est le président Nieto qui l'a fait - le conseil stratégique franco-mexicain. Mon ami et collègue le ministre des relations extérieures vous en a donné la composition. Il est présidé du côté français par l'ambassadeur de France, Philippe Faure, qui connaît très bien le Mexique et du côté mexicain par l'ancien ministre M. Jorge Castañeda.
Les membres qui composent ce conseil, par leur qualité, montrent l'importance que vous y attachez. Je citerai en particulier de très grands responsables d'entreprises, de grands responsables culturels des milieux de la santé, des écrivains et des membres de la société civile très connus pour leur engagement en faveur de la coopération entre le Mexique et la France. Je citerai aussi du côté français le président de la grande région Provence Alpes Côte d'Azur qui est en même temps le président du groupe d'amitié des députés et qui oeuvrent pour l'amitié entre la France et le Mexique, M. Michel Vauzelle.
Nous avons beaucoup travaillé avec ce comité stratégique. Nous nous sommes donné rendez-vous à Paris, au mois de novembre, et ensuite lors de la visite que fera au premier semestre de l'année prochaine le président François Hollande au Mexique, sachant qu'il est prévu que le président mexicain vienne en France au cours du second semestre de cette même année.
Cette visite du président Hollande revêtira une importance particulière puisqu'elle se fera à l'occasion du cinquantième anniversaire du voyage historique du président Charles de Gaulle, voyage à l'occasion duquel il tint ses fameux propos avec ce discours qui restera dans les mémoires sur l'amitié, la coopération, «mano en la mano con el pueblo Mexicano».
Ce voyage aura donc une portée très forte et déjà, à l'occasion de ce voyage, nous pourrons tirer un premier bilan de l'action du conseil stratégique franco-mexicain.
Parallèlement, comme l'a indiqué mon collègue et ami, une première décision concrète a été prise de la part d'entrepreneurs privés qui ont décidé de créer un fonds dans le domaine aéronautique doté de 250 à 500 millions de dollars qui va permettre à des entreprises françaises et mexicaines, en particuliers les PME, de développer toute une série de projets dans ce secteur. Le président de la RATP qui m'accompagne m'a également signalé qu'à l'occasion de ce voyage, il avait signé un MOU (memorandum of understanding) avec le métro de Mexico, ce qui laisse présager de nombreux travaux entre cette grande société d'aménagement en matière de transport qu'est la RATP et le Mexique.
Notre coopération va s'étendre à beaucoup de domaines, comme l'aéronautique mais cela concerne aussi l'ensemble des transports, la ville durable, les télécommunications. Cela peut également concerner, en fonction des décisions du gouvernement mexicain, le secteur de l'énergie, de l'ingénierie, de la santé, de la culture, de l'éducation. À cet égard, j'ai eu le plaisir ce matin, en rencontrant le recteur de votre très grande université - plus de 300.000 étudiants je crois - de confirmer que la Sorbonne, en France, serait heureuse d'accueillir une unité qui en Europe permettra à votre grande université d'être présente et d'introduire une coopération avec la grande université de la Sorbonne de Paris.
Voilà toute une série d'éléments qui, j'en suis sûr, font de ce voyage une réussite.
Je veux remercier chaleureusement nos amis mexicains qui ont fait le maximum pour que ce séjour soit à la fois fructueux et chaleureux. Je ne suis resté ici que deux jours mais on m'avait bâti un programme qui finalement comportait ce que l'on fait d'habitude en une semaine. Ainsi sont les choses. En tout cas, je garderai de cette étape le meilleur des souvenirs et je suis sûr, pour reprendre en terminant les propos que je tenais en commençant, que cette visite, par les marques d'attention qui ont été prodiguées par nos amis mexicains, par l'espérance de coopération forte qui s'est traduite dans nos rencontres, par la volonté qui mène la partie française, cette visite marquera une nouvelle page très positive dans les relations entre le Mexique et la France.
Q - Pourriez-vous nous donner des explications sur la fermeture de l'espace aérien au président Morales ? Comment établir une relation de confiance entre deux pays quand se produit ce type d'évènement ?
R - L'incident qui a eu lieu avec l'avion du président Morales est tout à fait regrettable. J'ai présenté, au nom de la France, nos regrets et nos excuses. En fait, l'enquête que nous avons menée a conclu à un malentendu d'ordre technique et administratif. Ceux qui ont cru devoir prendre cette position ne savait pas qu'il y avait le président Morales dans l'avion en question. Dès que le président de la République française a appris qu'il s'agissait de lui, bien évidemment, immédiatement, une autorisation de survol a été donnée mais, malheureusement, c'était trop tard.
C'est ce que j'ai expliqué à mon collègue, le ministre des affaires étrangères de Bolivie. Je pense que chacun l'a bien compris. Des regrets et excuses ont été exprimés et le président Morales, bien sûr, est le très bienvenu en France. Il avait d'ailleurs été accueilli avec chaleur l'an passé et chaque fois qu'il souhaitera venir, nous serons ravis de l'accueillir. Nous avons développé une relation confiante et positive avec l'ensemble des pays d'Amérique latine et c'est dans cet esprit que nous nous sommes expliqués.
Q - Vous avez parlé d'un fonds d'investissement. Il est spécifiquement aéronautique, apparemment. Est-ce que ce concept peut s'étendre à d'autres secteurs ? Ce fonds semble correspondre à des entreprises au Mexique. Est-ce qu'il y a un équivalent en France pour des entreprises mexicaines ?
R - L'idée de ce fonds est la suivante :
Il est destiné à des entreprises du secteur aéronautique au sens large. M. Philippe Faure qui a été l'un des artisans de cette première réalisation pense que d'autres fonds du même type pourront être bâtis dans d'autres secteurs : l'agro-alimentaire, la vie rurale, etc. Il y a des investisseurs mexicains et des investisseurs français qui sont tout à fait prêts à abonder ce fonds. Concrètement, il s'agit, par exemple lorsque des PME françaises dans le secteur aéronautique veulent travailler au Mexique, que ce fond puisse, le cas échéant, prendre des participations dans ces entreprises ; ce qui permet du coup de les doter de capitaux plus importants qui peuvent venir travailler au Mexique. Mais vous avez raison de signaler que l'inverse aussi peut exister car nous souhaitons qu'il y ait aussi beaucoup d'investissements dans les deux sens.
Pour le moment, cette opération est lancée pour le secteur aéronautique. On nous a dit entre 250 et 500 millions de dollars ; c'est déjà une somme importante et ce sont des capitaux privés. Je vous confirme que cela pourra s'appliquer à travers d'autres fonds et à d'autres secteurs.
Q - Je voudrais aborder un thème qui a, d'une certaine manière, affecté la relation franco-mexicaine, Florence Cassez. L'accueil qu'elle a reçu en France par le gouvernement français a provoqué ici de la surprise et même un certain malaise. Que diriez-vous aujourd'hui à ceux qui ont pu se sentir offensés ?
R - J'ai compris votre question dans ces grandes lignes, peut-être pas dans son détail, mais je vais vous répondre.
S'agissant de Mme Cassez, la justice mexicaine s'est prononcée en toute indépendance. Nous n'avons pas de commentaires particuliers à faire, nous considérons que cette affaire est derrière nous et nous n'avons pas l'intention d'y revenir. Je pense que c'est un épisode qui a été vécu, souvent très douloureusement, mais maintenant les choses sont bien derrière nous. La justice mexicaine a tranché en pleine indépendance et il nous appartient à tous de respecter ce qu'elle a décidé.
Q - Durant cette visite, vous avez mentionné plusieurs fois les points communs et les valeurs communes entre la France et le Mexique. Selon vous, quels sont les points communs entre le parti socialiste et le PRI ?
R - Comme vous l'avez noté, je m'exprime au nom de la France et mes collègues s'expriment bien sûr au nom du Mexique.
Je crois qu'il y a incontestablement des valeurs communes entre le Mexique et la France et ce depuis longtemps à travers la diversité du gouvernement et du régime : l'attachement au droit de la personne humaine ; le combat commun pour l'abolition universelle de la peine de mort, pour le respect du droit international, pour la solution pacifique des conflits, pour l'attachement au multilatéralisme ; la volonté d'agir, comme nous l'avons fait ensemble et je m'en réjouis, pour trouver des solutions au grave problème de l'environnement.
C'est toute une série de valeurs qui nous rapprochent et qui expliquent que, sur de grands sujets et au moment de grandes décisions, quels que soient encore une fois le gouvernement et les régimes, le Mexique et la France aient été côte à côte. Je rappelais ce matin dans la conférence que j'ai faite qu'au moment où se posaient les graves questions concernant Le Salvador, nous étions côte à côte. Lorsque se posaient les questions extrêmement difficiles aux Nations unies à propos de l'Irak - vous vous souvenez, il y avait des décisions très difficiles à prendre et des décisions très importantes -, la France et le Mexique avaient été la main dans la main. Ce sont ces exemples et beaucoup d'autres qui me permettent de dire que nos valeurs sont communes.
Q - (Sur la garde des enfants de Mme Maud Versini)
R - Il s'agit d'une affaire privée. Les tribunaux mexicains sont saisis et je n'ai pas de commentaire à faire.
Q - On a appris hier le décès de l'otage Philippe Verdon - l'Élysée a confirmé la nouvelle ce matin. Pourriez-vous nous donner votre réaction ? Est-ce que cela va changer quelque chose dans la gestion de la situation des otages français ?
R - Le président de la République française s'est exprimé sur ce point en disant - et bien sûr je partage cette position - que nous sommes aux côtés de la famille. C'est évidemment un choc, une nouvelle extrêmement triste, que nous pressentions puisqu'il y a déjà plusieurs semaines, nous avions communiqué à la famille de M. Verdon des indications reçues, selon lesquelles, malheureusement, il serait décédé.
Nous avons eu confirmation de cela tout récemment. Il y a encore des investigations précises à mener mais je peux vous dire qu'il n'y a pas de doute ; notre compatriote, malheureusement, a été tué. Ceux qui ont commis cet assassinat devront rendre des comptes, parce qu'il n'y a pas d'impunité.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 22 juillet 2013