Interview de M. Pierre Moscovici, ministre de l'économie et des finances, à "RMC" le 2 juillet 2013, sur les déficits publics, la nouvelle mise en examen de Bernard Tapie, sur l'espionnage par les Etats-Unis de l'Union européenne.

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Média : Emission Forum RMC FR3 - RMC

Texte intégral

JEAN-JACQUES BOURDIN
Pierre MOSCOVICI est notre invité, ministre de l’Economie et des Finances. Pierre MOSCOVICI, bonjour.
PIERRE MOSCOVICI
Bonjour.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ah ! C’est un jour important puisqu’à l’Assemblée nationale première discussion sur les orientations budgétaires pour 2014…
PIERRE MOSCOVICI
Ce soir même ! Oui.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui ! Ce soir même, nous allons en parler. Mais je voudrais regarder l’actualité avec vous, Bernard TAPIE était hier soir sur FRANCE 2 : Je suis victime d’un complot dit-il, moi et Nicolas SARKOZY qui est visé. Quelle réponse faites-vous ce matin ?
PIERRE MOSCOVICI
Je n’ai pas regardé FRANCE 2 hier soir, j’avais du travail, il fallait préparer justement ce débat d’orientation budgétaire, mais enfin j’ai bien vu ce qui s’était dit et je ne veux absolument pas polémiquer avec Bernard TAPIE parce que je suis le dernier à pouvoir le faire puisque je suis moi, en tant que ministre de l’Economie et des Finances, une partie à l’instance et chargé au sein du gouvernement de veiller à la préservation des intérêts patrimoniaux de l’Etat. Mais ce que je peux dire, c’est que la thèse du complot est une thèse absurde, ce qui nous guide et ce qui me guide c’est 2 choses : d’abord, permettre à la justice de bien fonctionner, et n’en déplaise à monsieur TAPIE dans ce gouvernement nous avons une règle c’est de respecter l’indépendance de la justice totalement ; et puis la deuxième chose qui me guide, c’est de veiller à la protection des intérêts patrimoniaux de l’Etat, c’est-à-dire des Français et des contribuables Français, et la question que nous sommes amenés à nous poser c’est ont-ils été lésés ?
JEAN-JACQUES BOURDIN
Est-ce que l’Etat a été volé ?
PIERRE MOSCOVICI
Alors à partir du moment où il y a eu un certain nombre de mises en examen, dont celle de monsieur TAPIE, avec… ça veut dire des indices graves et concordants, et les chefs d’accusation ou de mise en examen c’est une escroquerie en bande organisée, il y a là un certain nombre de faits qui laisse à penser qu’il y a pu y avoir une fraude. Vous voyez, je m’exprime de façon prudente. Qu’avons-nous fait ? Premièrement, nous nous sommes portés partie civile et, quand je dis nous, c’est à la fois l’Etat, aussi ce qu’on appelle le PFR qui est chargé de la restructuration de l’ensemble et le CDR qui a succédé au CREDIT LYONNAIS pour sa défaisance. Bon ! Trois parties civiles. Et notre entrée dans le dossier nous a conduit en effet à aller plus loin, puisqu’une de ces instances, le CDR, a estimé – c’était vendredi dernier – qu’il était fondé de contester le recours à l’arbitrage et donc d’en demander la révision et, donc, il y a une procédure qui a été lancée de ce point de vue-là. Pourquoi ? Parce que, encore une fois, ce sont les intérêts de l’Etat, ce sont les intérêts des citoyens. Y a-t-il eu fraude ou pas ? Voilà la question qui est maintenant posée, et c’est à la justice de…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Est-ce que vous demandez à Bernard TAPIE de rendre l’argent obtenu ?
PIERRE MOSCOVICI
Mais moi je respecte le droit, à partir du moment où il y a un recours en révision qu’il suive son cours et c’est la justice qui décidera. Cela dit, l’Etat…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Si la justice le décide ?
PIERRE MOSCOVICI
Eh bien c’est à l’Etat…
JEAN-JACQUES BOURDIN
L’Etat jouera son rôle.
PIERRE MOSCOVICI
L’Etat est aussi…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui ! Mais comme l’argent de Bernard TAPIE est à l’étranger, Pierre MOSCOVICI…
PIERRE MOSCOVICI
L’Etat est aussi en capacité, puisqu’il est partie civile, de faire un certain nombre de suggestions à la justice, parce qu’il y a une règle dans cette…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Quelles suggestions allez-vous faire à la justice ?
PIERRE MOSCOVICI
Par exemple de prendre des mesures conservatoires qui permettent de s’assurer éventuellement de la réparation du préjudice…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ca veut dire quoi des mesures conservatoires ?
PIERRE MOSCOVICI
Ca veut dire une mesure conservatoire…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Soyons plus clairs…
PIERRE MOSCOVICI
Non ! Mais je suis clair.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Soyons plus clairs pour l’auditeur ?
PIERRE MOSCOVICI
Mais ça veut dire de s’assurer que, s’il devait y avoir à tel ou tel moment un recours et donc la nécessité de rembourser, on puisse s’assurer que ces sommes sont disponibles.
JEAN-JACQUES BOURDIN
C'est-à-dire que vous allez demander à la justice de s’assurer…
PIERRE MOSCOVICI
Non ! Nous ne demandons pas à la justice, nous suggérons à la justice, parce que…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Nous suggérons à la justice.
PIERRE MOSCOVICI
Parce que cette…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous suggérez à la justice de faire en sorte…
PIERRE MOSCOVICI
De prendre…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Qu’elle se renseigne…
PIERRE MOSCOVICI
Non ! De prendre les mesures conservatoires.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Sur les placements faits par Bernard TAPIE…
PIERRE MOSCOVICI
Non ! Non, non, pas du tout, pas du tout…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Et savoir si Bernard TAPIE a les moyens…
PIERRE MOSCOVICI
Pas du tout. Je crois…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Eventuellement de rembourser l’Etat…
PIERRE MOSCOVICI
Il faut…
JEAN-JACQUES BOURDIN
C’est ça ?
PIERRE MOSCOVICI
Il faut que vous compreniez une chose…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Non ! Mais c’est ça, Pierre MOSCOVICI ?
PIERRE MOSCOVICI
Mais non ! Jean-Jacques BOURDIN, c’est la justice qui décide de tout. Parce que…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui ! Mais ça je…
PIERRE MOSCOVICI
Non ! Non.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous suggérez à la justice…
PIERRE MOSCOVICI
Non ! Non. Moi… Nous sommes partie civile dans le dossier, nous avons le droit de faire un certain nombre de suggestions, on le fait…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui ! C’est vrai.
PIERRE MOSCOVICI
Mais, au fond, qu’est-ce que nous avons fait ? Je vais le résumer et puis je vais m’arrêter là, parce qu’encore une fois je suis le dernier à pouvoir faire les commentaires sur cette affaire…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui ! Oui, on ne va pas passer la matinée sur Bernard TAPIE.
PIERRE MOSCOVICI
1) Nous nous sommes portés partie civile parce qu'il pouvait apparaître que les intérêts de l’Etat avaient été lésés et notre rôle c’est de les défendre, et c’est à la fois l’Etat, le CDR et le PFR ; 2) Le CDR a estimé, compte tenu des indices graves et concordants qui avaient été décelés par les juges, d’engager la procédure pour un recours en révision, il l’a fait vendredi dernier, c’était dans les délais…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bien !
PIERRE MOSCOVICI
Et ça veut dire que, s’il apparaissait qu’il y avait une fraude, à ce moment-là il faudrait en obtenir réparation ; Et 3) Nous avons suggéré au juge…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Suggéré ! Oui.
PIERRE MOSCOVI
De prendre les mesures conservatoires qui permettraient d’assurer la réparation du préjudice si celui-ci…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Le juge doit s’assurer que Bernard TAPIE…
PIERRE MOSCOVICI
Non ! Le juge ne doit rien, le juge fait ce qu’il croit devoir faire, mais l’Etat…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui ! Mais vous lui suggérez de s’assurer que Bernard TAPIE a les sommes disponibles…
PIERRE MOSCOVICI
Non ! Nous…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Pour pouvoir éventuellement rembourser ?
PIERRE MOSCOVICI
Nous avons fait ce que nous devions.
JEAN-JACQUES BOURDIN
C’est bien résumé, non ?
PIERRE MOSCOVICI
Jean-Jacques BOURDIN ! Je vous laisse vos propos…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Est-ce que c’est bien résumé ?
PIERRE MOSCOVICI
Je prends les miens…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui ! Mais…
PIERRE MOSCOVICI
Et je dis encore une fois que, comme ministre de l’Economie et des Finances et sans aucune forme de complot, de manière très claire et au nom de l’Etat qui a pu être lésé dans cette affaire-là, je ferai tout pour que la vérité éclate à la place qui est la mienne tranquillement.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bien ! L’espionnage des Etats Unis : Nous fournirons à nos alliés toutes les informations demandées, dit Barack OBAMA, est-ce que ça vous suffit ?
PIERRE MOSCOVICI
Non ! Il faut que les informations soient fournies. Hier le Président de la République s’est exprimé à Lorient avec force, il l’a fait au nom de la nation, j’ai noté que pour une fois même les représentants de l’opposition comme François FILLON l’avaient approuvé disant que c’était des pratiques, si elles s’avéraient, qui étaient contraire à la fois à toutes les traditions diplomatiques - la sécurité, les transmissions des institutions ou des organes diplomatiques ça fait partie des droits de la diplomatie - et puis c’est aussi tout à fait contraire au lien de confiance qui doit nous lier avec des alliés, nous sommes des alliés des Etats-Unis, nous sommes des amis, ils sont nos amis et nos alliés, nous appartenons par exemple ensemble à une organisation qui s’appelle l’OTAN…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bien sûr !
PIERRE MOSCOVICI
Et, dès lors, cette pratique est une pratique qui n’est pas recevable, qui n’est pas acceptable et le Président de la République a eu raison de demander que cela cesse. Donc que le président OBAMA informe, oui, mais que cela cesse dès lors qu’il y a des éléments là encore qui peuvent faire penser qu’il y a des pratiques qui ne sont pas conformes à…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Et si, si les réponses sont insuffisantes, est-ce qu’il faut ne pas engager les négociations de libre échange entre l’Europe et les Etats-Unis ?
PIERRE MOSCOVICI
Mais, là encore, le président a été très clair. Vous savez, de quoi s’agit-il ? Ces négociations de libre échange….
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui ! Oui.
PIERRE MOSCOVICI
Elles sont potentiellement, dès lors qu’elles permettent d’abaisser un certain nombre de barrières, positives pour l’économie française. Nous avons consenti, ça n’a pas été facile, à leur ouverture en demandant – et ça c’est très important parce que le gouvernement français vous vous en souvenez l’a obtenu – qu’on exclut l’audiovisuel et qu’il y ait une forme d’exception culturelle…
JEAN-JACQUES BOURDIN
…. L’exception culturelle ! Oui.
PIERRE MOSCOVICI
Très bien. Mais il ne peut y avoir ce type de négociations ou ce type de transactions, ou ce type de discussions, que dès lors qu’on est dans un climat de parfaite confiance et le Président de la République a dit de manière très claire qu’il fallait que la question de l’espionnage éventuel des institutions soit résolue avant…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Avant ! C’est-à-dire si les négo…
PIERRE MOSCOVICI
Qu’il s’agisse…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Si les réponses ne sont pas suffisantes, vous n’ouvrirez pas les négociations ?
PIERRE MOSCOVICI
Eh bien c’est ce que le Président de la République a dit ! Et je pense, si vous voulez, que cela concerne à la fois la France et nos partenaires européens - parce que ce n’est pas la France qui négocie….
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui ! Eh bien bien sûr.
PIERRE MOSCOVICI
C’est l’Union européenne - et il faut qu’il y ait une attitude par rapport à ça qui soit une attitude à la fois d’amitié maintenue mais aussi de fermeté, nous avons droit à des explications et, par ailleurs…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Et qu’elles viennent vite ces questions…
PIERRE MOSCOVICI
Il faut qu’elles viennent vite !
JEAN-JACQUES BOURDIN
Parce que ces négociations doivent s’ouvrir rapidement.
PIERRE MOSCOVICI
Oui ! Oh, ce n’est pas une question de jour ou de semaine s’il le faut, mais encore une fois ce qu’il faut surtout – et c’est ce qu’a dit François HOLLANDE et il m’a semblé qu’il l’avait dit avec fermeté et presque avec colère – il faut que ça cesse, ce n’est pas possible entre alliés.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bon ! Donc si on n’a rien dans les jours qui viennent, on reporte l’ouverture des négociations ?
PIERRE MOSCOVICI
Je l’imagine ! Ce n’est pas mon portefeuille ministériel mais je peux le penser, mais le Président de la République l’a dit de façon très claire.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Un report, pourquoi pas ?
PIERRE MOSCOVICI
Eh bien oui !
JEAN-JACQUES BOURDIN
Eh oui ! Pourquoi pas, pourquoi pas un report ?
PIERRE MOSCOVICI
Oui ! Pourquoi pas, bien sûr. Mais vous savez vous me faites commenter une parole qui est extrêmement claire de la part du président…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Non ! Non, mais attendez, je… c’est pour avoir une précision supplémentaire.
PIERRE MOSCOVICI
Il a dit : On ne peut pas avoir de négociation ou de transaction sur tout domaine une fois obtenu des garanties, nous avons besoin de ces garanties pour ouvrir des négociations, voilà ce que je vous dis.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui ! Est-ce que la France doit offrir l’asile politique à Monsieur SNOWDEN ?
PIERRE MOSCOVICI
La question ne nous n’est pas posée !
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais si, lui le demande.
PIERRE MOSCOVICI
Non ! Non, non, la question ne nous est pas posée.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Lui le demande l’asile politique, Monsieur SNOWDEN.
PIERRE MOSCOVICI
Eh bien la question n’est pas posée. Ca, pour le coup, ce n’est vraiment pas ma…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui ! Non, ce n’est pas vo…
PIERRE MOSCOVICI
Mon domaine, mais je… (brouhaha)…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui ! Mais d’accord. Mais enfin vous pensez que c’est le rôle de la France ?
PIERRE MOSCOVICI
On ne va pas répondre à des questions hypothétiques et donc…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ah ! C’est demandé, il l’a demandé à 21 pays dont la France.
PIERRE MOSCOVICI
Oui ! Mais la question sera traitée par qui de droit, mais la question n'est pas posée sérieusement aujourd’hui.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bon. Pierre MOSCOVICI ! Les déficits publics, 3,7 en 2013…
PIERRE MOSCOVICI
Oui !
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vraiment 3,7% ?
PIERRE MOSCOVICI
Je n’en sais rien !
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous maintenez ce chiffre ?
PIERRE MOSCOVICI
Non ! Non, non, je vais vous expliquer les choses.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Parce qu’on est à - moi aussi et puis après je vous laisse - 3,8, entre 3,8 et 4,1 dit la Cour des comptes, raisonnables les chiffres de la Cour des comptes ?
PIERRE MOSCOVICI
Oui ! Raisonnables. Mais prenons les choses quand même dans l’ordre parce qu’il faut les comprendre ! D’abord, quand nous sommes arrivés aux responsabilités, la France filait allégrement sur des déficits à 5,5 du PIB avec 600 milliards d’euros de dettes accumulées pendant les 5 années de Nicolas SARKOZY et, moi, je veux dire à tous ceux qui nous font des leçons, aux Gilles CARREZ, aux autres, à la droite, en un mot à l’opposition, qu’ils ont une responsabilité devant les Français qui est extrêmement lourde. Vous vous souvenez que François FILLON disait : Je suis à la tête d’un Etat en faillite, c’était doublement faux, l’Etat n’était pas en faillite et il n’était pas à sa tête. Mais enfin, si l’Etat était proche de la faillite en 207 avec 600 milliards d’euros de dettes publiques, ces gens qui nous donnent des leçons ils ont laissé aux Français une facture incroyable et notre tâche à nous c’est de réduire le déficit. Alors nous le faisons comment ?
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui ! Enfin vous êtes à 1.870 milliards de dettes…
PIERRE MOSCOVICI
Mais je le sais ! Je suis le premier à le savoir.
JEAN-JACQUES BOURDIN
C'est-à-dire que + 36 milliards sur le premier trimestre 2013, Pierre MOSCOVICI…
PIERRE MOSCOVICI
Je suis le premier à le savoir, Jean-Jacques BOURDIN…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ca veut dire + 4,5% de dettes en un an…
PIERRE MOSCOVICI
Oui ! Mais je suis le premier à le savoir.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc, vous êtes comme les autres ?
PIERRE MOSCOVICI
Non ! Non.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Si je vous dis, pardon l’expression…
PIERRE MOSCOVICI
Mais, attendez. Non, non, non. Parce que ce que je dis moi c’est que notre tâche à nous c’est de réduire les déficits publics, et c’est ce que nous faisons. Alors nous le faisons comment ? D’abord, première chose – et c’est fondamental et ça les Français doivent le savoir – en maîtrisant la dépense publique et la Cour des comptes le dit de manière très claire : avec notre gestion, la dépense publique est tenue - et c’est fondamental – et quand je dis dépense publique c’est la dépense de l’Etat ; Et j’ajoute, puisque vous parlez Du projet de loi de finance pour 2014, que nous confirmerons ce soir qu’il y aura 9 milliards d’économies documentées déjà et que la dépense de l’Etat baissera de 1,5 milliard d’euros en 2014. Donc, ça, c’est la première chose.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui !
PIERRE MOSCOVICI
Mais après… Vous me demandez quel sera le niveau du déficit ? Je ne peux pas vous le dire aujourd’hui ! Pourquoi ? De quoi ça dépend ? Ca dépend des recettes fiscales, de quoi dépendent les recettes fiscales ? De la croissance ! Or ce qu’on sait c’est que la croissance dans la Zone Euro - et la France n’est pas à l’écart de la Zone Euro – a été extrêmement faible, on verra de combien, est-ce que c’est + 0,1 comme nous le pensons ou – 0,1 comme le dit la Commission ? Et nous ne ferons pas de collectif budgétaire, je le dis ici - contrairement à ce que voudrait la droite - parce que nous sommes sérieux, donc nous contrôlons les dépenses, nous voulons réduire les déficits mais nous ne voulons pas ajouter dans une période de récession de l’austérité à la situation de la France quitte à la…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous en ajouterez de l’austérité en 2014 et 2015, Pierre MOSCOVICI ?
PIERRE MOSCOVICI
Non ! Nous continuerons à faire du sérieux.
JEAN-JACQUES BOURDIN
14 milliards d’euros d’économies en 2014, combien…
PIERRE MOSCOVICI
Vous êtes contre les économies, Jean-Jacques BOURDIN ?
JEAN-JACQUES BOURDIN
Non ! Non, mais je ne suis pas contre, moi je ne porte aucun jugement Pierre MOSCOVICI, ce n’est pas à moi de juger.
PIERRE MOSCOVICI
Non ! Alors est-ce que vous me permettez de vous dire ce qu’est la différence…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais je vous ma question : 14 milliards d’euros d’économies en 2014, c’est d’accord ?
PIERRE MOSCOVICI
Absolument !
JEAN-JACQUES BOURDIN
Combien en 2015 ?
PIERRE MOSCOVICI
Ah ! Ca sera du même ordre.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vraiment ?
PIERRE MOSCOVICI
Vraiment.
JEAN-JACQUES BOURDIN
14 milliards aussi ?
PIERRE MOSCOVICI
Attendez ! Je…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Sans augmenter les impôts ?
PIERRE MOSCOVICI
Attendez !
JEAN-JACQUES BOURDIN
Alors allez-y, allez-y, allez-y.
PIERRE MOSCOVICI
Si vous me permettez.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Allez !
PIERRE MOSCOVICI
Alors, première chose, je vais essayer d’expliquer ce qu’est la différence entre le sérieux et l’austérité - et ça n’est pas sémantique…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui ! Mais on est pressés par le temps et…
PIERRE MOSCOVICI
Oui ! Mais ce ne sont pas…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Alors allez-y, allez-y.
PIERRE MOSCOVICI
Mais ce n’est pas QUESTIONS POUR UN CHAMPION…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Non ! Non, non.
PIERRE MOSCOVICI
Ce n’est pas : Donnez-moi un chiffre et puis paf, paf, paf…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Non ! Non, non.
PIERRE MOSCOVICI
Ce n’est pas comme ça qu’on fait chez vous.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Non ! Non, je suis d’accord.
PIERRE MOSCOVICI
Bon ! D’accord.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Je suis d’accord.
PIERRE MOSCOVICI
Alors à partir de ce moment-là si vous voulez il faut réduire ce qu’on appelle les déficits dits structurels, ce sont des déficits indépendants des aléas de la conjoncture, alors ça peut se dégrader ou s’améliorer pour atteindre les vrais chiffres, ce qu’on… 4%, 3 !%, en fonction de la croissance, quand la croissance diminue logiquement le déficit augmente mais le déficit structurel, lui, il est mesuré par la maîtrise de la dépense. Ce gouvernement maîtrisera la dépense…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bon ! Alors…
PIERRE MOSCOVICI
Et ce gouvernement réduira le déficit structurel, j’ai dit 14 milliards cette année, je dis 14 milliards cette année, et, pour 2015, l’effort structurel - je n’ai pas le chiffre, c’est quand même dans un an…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui ! Evidemment…
PIERRE MOSCOVICI
Il sera probablement du même ordre. Et il faut comprendre que nous le ferons, mais nous le ferons comment ? En préservant nos priorités, parce qu’il y a des budgets qui vont augmenter ?
JEAN-JACQUES BOURDIN
J’ai regardé ! Mais j’ai regardé en détail…
PIERRE MOSCOVICI
Mais je le dis à ceux qui nous écoutent ! Vous, vous avez regardé, mais il faut qu’on sache le Président de la République veut toujours inverser la courbe du chômage d’ici à la fin 2013, que nous le ferons ; il faut savoir aussi que le budget de l’emploi du coup va augmenter de 1,1 milliard et que nous mettrons aussi - et c’est normal – des emplois aidés pour offrir des solutions à ceux qui n’en n’ont pas, 110.000 de plus pour cette année ; que nous ferons les emplois d’avenir, que nous ferons les emplois de génération et que nous créerons des emplois dans l’Education nationale parce que notre système éducatif en a besoin ; Enfin, nous prendrons en compte la sécurité. Donc réduction de la dette publique mais préservation de nos priorités. Pour ce qui est des impôts…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Voilà !
PIERRE MOSCOVICI
Nous sommes encore en phase…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Pas de hausse d’impôts ?
PIERRE MOSCOVICI
Ah ! Il y aura sans doute des prélèvements obligatoires. Mais je vais vous dire une chose…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Hausse des prélèvements obligatoires ?
PIERRE MOSCOVICI
Attendez ! Je vais vous dire une chose, je vais vous dire les choses de façon…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Non ! Mais c’est important parce qu’on bat déjà des records.
PIERRE MOSCOVICI
Oui !
JEAN-JACQUES BOURDIN
Nous sommes les champions d’Europe des prélèvements obligatoires.
PIERRE MOSCOVICI
Mais, Jean-Jacques BOURDIN, il n’y a pas de mystère dans cette affaire-là.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc, hausse des prélèvements obligatoires.
PIERRE MOSCOVICI
Attendez ! Attendez, laissez-moi expliquer un peu les choses.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Alors allez-y, allez-y.
PIERRE MOSCOVICI
Mais cette pédagogie est importante.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Allez-y ! Allez-y, allez-y.
PIERRE MOSCOVICI
Nous avons envoyé à la Commission européenne ce qu’on appelle un programme de stabilité, qui dit quelle est la trajectoire des finances publiques année après année et comment nous réduisons les déficits publics…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui !
PIERRE MOSCOVICI
La première année nous avons réduit le déficit, parce qu’il a baissé, de 5,5 à 4,8 – on verra de combien l’an prochain. Comment ? Avec 2/3 de prélèvements, c’est vrai que les Français les ont cette année…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Payés ! Oui, oui.
PIERRE MOSCOVICI
Et 1/3 d’économies ; Pour l’année prochaine, nous ferons 1/3 de prélèvements et 2/3 d’économies…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc les impôts augmenteront un petit peu en 2014.
PIERRE MOSCOVICI
La différence entre impôts et prélèvements obligatoires, oui. Il y aura des impôts, oui bien sûr.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Il y aura des impôts en plus en 2014.
PIERRE MOSCOVICI
Oui, bien sûr, il y aura des impôts, mais encore une fois ces impôts ils obéiront toujours à deux règles, d’abord… trois. Un, ils seront deux fois moins importants que les économies, ça c’est fondamental, deux…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous inversez la tendance.
PIERRE MOSCOVICI
On inverse la tendance, c’est fondamental, c'est-à-dire qu’ils seront beaucoup…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc, impôts, deux tiers, économies.
PIERRE MOSCOVICI
Ce qui veut dire que ce sera beaucoup moins que l’an passé, et j’ajoute que nous viserons toujours la justice sociale, et aussi, que pour les entreprises…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bon.
PIERRE MOSCOVICI
Mais attendez, je dis ça parce que c’est important.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Justement, je voulais rentrer dans les détails.
PIERRE MOSCOVICI
Pour les entreprises, je pense que les entreprises, en France, ont besoin de stabilité, elles ont besoin de prévisibilité, et il faudra que l’imposition des entreprises leur permette de rester compétitives, c’est fondamental pour moi parce que j’ai la conviction, j’ai la conviction, forte, que cette économie ne redémarrera que si nous sommes capables de doper notre compétitivité, et pour ça de permettre aux entreprises d’investir.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ça, tout le monde en est d’accord.
PIERRE MOSCOVICI
Tout le monde est d’accord, mais il faut le faire.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Alourdissement de la fiscalité sur l’assurance-vie ou pas ?
PIERRE MOSCOVICI
Mais attendez, ce n’est pas « Questions pour un champion », on n’en n’est pas aux arbitrages fiscaux.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais vous avez un avis, non ?
PIERRE MOSCOVICI
J’ai toujours…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ce n’est pas « Questions pour un champion », c’est « Questions pour un responsable politique au pouvoir », pardon.
PIERRE MOSCOVICI
Oui, mais mon avis je le réserve dans les… ces discussions elles ont lieu avec le président de la République, le ministre du Budget…
JEAN-JACQUES BOURDIN
D’accord, et la fiscalité écologique, est-ce que la fiscalité sur le gasoil va augmenter ?
PIERRE MOSCOVICI
C’est pareil.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ce n’est pas tranché ?
PIERRE MOSCOVICI
Mais non ce n’est pas tranché. Je veux dire un mot là-dessus. Il faut une fiscalité écologique…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Attendez, Jean-Vincent PLACE – attendez, je vous coupe là – parce qu’il était mon invité…
PIERRE MOSCOVICI
Vous n’arrêtez pas.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Il y a quelques temps, et il m’a dit « c’est fait, j’ai cru comprendre que le gouvernement était entre 2 et 3 centimes par an, et même Pierre MOSCOVICI me l’a dit droit les yeux dans les yeux. »
PIERRE MOSCOVICI
Les yeux dans les yeux, je m’en suis expliqué avec lui, il a donné un avis, je lui ai répondu, non, ce n’est pas fait, ce n’est pas tranché. Il y aura de la fiscalité écologique dans le budget 2014, nous allons en parler, entre nous tranquillement. Mais, vous savez, il y a un rapport qui a été rendu par un monsieur qui s’appelle Christian DE PERTHUIS, il ouvre plusieurs pistes, il y a en effet le diesel, le gasoil, mais il y a aussi une fiscalité incitative…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Il n’y a pas que le gasoil, mais il y a le gasoil.
PIERRE MOSCOVICI
Qui permette aussi de financer les énergies renouvelables.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Il y a le gasoil.
PIERRE MOSCOVICI
Bien sûr, ça fait partie des hypothèses, mais rien n’est tranché, pas d’arbitrages fiscaux faits aujourd’hui, voilà mon message.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Et la TVA non plus ?
PIERRE MOSCOVICI
Pas d’arbitrages fiscaux…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais ce sont des responsables socialistes qui disent…
PIERRE MOSCOVICI
Ils ont le droit d’exprimer des opinions.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, qui disent, le taux supérieur de TVA pourrait passer à 21.
PIERRE MOSCOVICI
Jean-Jacques BOURDIN, nous aurons ce débat d’orientation budgétaire ce soir, mais ce que je peux vous dire c’est que ce qui est déjà sécurisé, fait, ce sont les économies en dépenses, de dépenses, parce que c’est fondamental, parce que ça c’est le signal qu’on doit donner à l’économie, et pour ce qui est de la fiscalité, n’ouvrons pas le concours Lépine maintenant, nous avons encore le temps des arbitrages, puisque le projet de loi de Finances sera déposé le 25 septembre. J’espère que vous me réinviterez.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Evidemment que je vous réinviterai, mais évidemment…
PIERRE MOSCOVICI
On en parlera en détail.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Evidemment. Puisque vous voulez faire des économies, eh bien vous allez geler, une année de plus, le traitement des fonctionnaires.
PIERRE MOSCOVICI
Mais non, mais non…
JEAN-JACQUES BOURDIN
La masse salariale c’est plus de 80 milliards.
PIERRE MOSCOVICI
Oui, le point d’indice.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Le point d’indice, oui.
PIERRE MOSCOVICI
Mais il reste…
JEAN-JACQUES BOURDIN
En 2015 aussi.
PIERRE MOSCOVICI
Il reste d’autres manières pour les fonctionnaires de gagner de l’argent.
JEAN-JACQUES BOURDIN
D’accord, mais enfin vous allez geler le point d’indice en 2014, vous l’avez dit, mais en 2015 aussi.
PIERRE MOSCOVICI
Mais attendez, on n’est pas sur 2015, on est sur 2014, mais, Jean-Jacques BOURDIN, je voudrais quand même qu’on comprenne une chose, ce pays, la France, a besoin d’être redressé, il a besoin de redresser ses comptes publics, et vous ne pouvez pas, et je ne peux pas, et personne ne pourra, redresser les comptes publics sans toucher ni aux dépenses, ni aux impôts, ça c’est la situation dont nous avons hérité.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc plus d’efforts, encore plus d’efforts.
PIERRE MOSCOVICI
De l’effort, nous avons toujours dit qu’il faudrait des efforts, mais un effort, un, justement partagé, deux, avec des vraies priorités qui sont l’emploi, l’éducation, la sécurité, trois, avec de la justice, de la justice, de la justice…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Voilà, de l’effort dans la justice, mais encore plus d’efforts, c’est ça ?
PIERRE MOSCOVICI
Et quatre… non pas plus d’efforts, pas plus d’efforts. Alors, pour le coup, en termes d’efforts… en termes d’efforts structurels, il y en aura moins en 2014 qu’en 2013, ça c’est clair, c’est net, c’est précis. Nous avons demandé beaucoup plus aux Français l’année dernière, mais il en faudra encore cette année, et encore en 2015.
JEAN-JACQUES BOURDIN
La lutte contre la fraude fiscale…
PIERRE MOSCOVICI
Essentielle pour moi.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Monsieur FALCIANI sera auditionné aujourd’hui à l’Assemblée nationale, l’ancien informaticien d’HSBC, il a déclaré avoir tenté d’alerter Jérôme CAHUZAC en 2010 sur les fichiers d’évadés fiscaux. Vous étiez au courant ou pas ?
PIERRE MOSCOVICI
Non, absolument pas.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, en 2010, Jérôme CAHUZAC était président de la commission…
PIERRE MOSCOVICI
Mais ce que je peux vous dire, parce que ça c’est fondamental, c’est structurant, c’est que la lutte contre la fraude fiscale, aujourd’hui c’est un impératif pour deux raisons. D’abord c’est un impératif moral, parce que c’est insupportable qu’un certain nombre de personnes, qui en plus ont des revenus élevés, s’autorisent des comportements d’exil, s’évadent par rapport à leur propre pays, c’est non civique, et ensuite c’est un problème d’intérêt économique, parce que c’est une manière essentielle de lutter contre les déficits. Je préfère, en effet, de l’argent qui rentre de la fraude fiscale, plutôt que des coupes budgétaires excessives ou des impôts supplémentaires.
JEAN-JACQUES BOURDIN
2 milliards, 2,5 milliards…
PIERRE MOSCOVICI
2 milliards, 2,5 milliards, Bernard CAZENEUVE a donné le bon chiffre, mais surtout, qu’est-ce que nous avons fait ? Un, nous mettons en place une nouvelle loi et un nouveau plan pour lutter contre la fraude fiscale, très important…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Quand ?
PIERRE MOSCOVICI
Tout de suite, la loi est en discussion devant l’Assemblée nationale, pour renforcer les pouvoirs de la police, pour renforcer les pouvoirs de la justice, renforcer la coopération entre nous, renforcer les sanctions, et faire en sorte que les exilés fiscaux puissent, en transparence, venir en France et donc que les avoirs soient rapatriés.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Combien aujourd’hui se sont manifestés ?
PIERRE MOSCOVICI
Disons que le flux a probablement triplé par rapport à ce qui existait avant.
JEAN-JACQUES BOURDIN
C'est-à-dire, ça représente quoi ?
PIERRE MOSCOVICI
J’ai donné un chiffre l’autre jour qui était de 95 par mois.
JEAN-JACQUES BOURDIN
95 par mois.
PIERRE MOSCOVICI
C’est le chiffre qu’on m’a donné, mais en tout cas ça va beaucoup… et deuxièmement, il y a la coopération internationale et européenne. Il y a ce qu’on appelle l’échange automatique d’informations, les Américains ont pris ça, ça s’appelle le FATCA, et nous voulons l’appliquer à toute l’Europe d’ici à 2015.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous êtes en négociations ?
PIERRE MOSCOVICI
Oui, non seulement on est en négociations avec les Etats-Unis d’abord, et à partir du moment où on a passé l’accord avec les Etats-Unis, on le passe avec tous les Etats qui l’ont passé avec les Etats-Unis, et ensuite nous sommes en négociations au sein de l’Union européenne. Et j’ajoute deux choses. La première c’est que dans la loi bancaire, la réforme bancaire, que je fais voter en ce moment devant le Parlement, nous avons fait voter un amendement qui dit que l’échange automatique d’informations doit s’appliquer aux banques à partir du moment où il sera la règle dans l’Union européenne. Deuxième chose, je suis en discussion avec la Suisse, notre voisin, pour améliorer un accord très ancien, qui date de 1953, sur les droits de succession, qui est très avantageux pour ceux qui ayant des ayants-droit en France, eh bien placent l’argent en Suisse. Et donc nous sommes en train de travailler avec eux parce que la Suisse aussi, même la Suisse – même la Suisse – la Suisse est soucieuse de davantage de transparence, et j’espère que cet accord aboutira…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Merci Pierre MOSCOVICI.
PIERRE MOSCOVICI
Dans les tous prochains jours ou semaines.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Dans les tous prochains jours il y aura cet accord avec la Suisse ?
PIERRE MOSCOVICI
Oui, parce que cette lutte contre la fraude fiscale, cette lutte contre l’évasion fiscale, la simplification, la transparence, c’est pour moi un impératif, je dirais presque une obsession.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Merci Pierre MOSCOVICI.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 16 juillet 2013