Texte intégral
Madame le Maire, Chère Martine,
Monsieur le Directeur du Palais des Beaux Arts de Lille,
Monsieur le Préfet,
Monsieur le Président de l'Institut français
Mesdames et Messieurs,
Chers Amis,
Je remercie beaucoup Martine Aubry et Bruno Girveau de nous accueillir dans ce superbe Palais des Beaux Arts de Lille, l'un des plus remarquables musées de France. On connaît Martine Aubry, comme une femme politique de premier plan. On sait aussi quel est l'intérêt qu'elle porte à la culture. Son discours était la plus belle preuve du fait que ce n'est pas quelque chose de l'extérieur, mais vraiment ressenti. Parmi les nombreuses raisons qui expliquent notre amitié personnelle, je peux vous en faire la confidence, il y a un goût partagé pour la culture. Au delà de cet aspect personnel, c'est pour moi l'occasion de saluer la réussite de la politique culturelle de cette ville, qui se traduit, notamment par une grande fréquentation des musées et par un très fort rayonnement international. Martine Aubry a rappelé un souvenir encore présent pour chacune et chacun d'entre vous : Lille capitale européenne de la culture. Elle a rappelé son souci - que je partage - que l'éducation artistique ait les moyens de son ambition. Enfin, ce qui est moins connu, c'est que le rayonnement de Lille s'appuie sur de nombreux partenariats avec les pays du Sud, particulièrement en Afrique et dans le monde arabe. Lille est un symbole de la diplomatie des territoires, que le Quai d'Orsay encourage et accompagne.
Le rayonnement de Lille doit beaucoup au talent et à l'engagement de Martine Aubry. Il est aussi le fruit de l'action de Pierre Mauroy, à qui je veux rendre hommage dans ce lieu dont il a permis le renouveau dans les années 90.
Cet établissement où nous nous trouvons ce soir a été l'un des tout premiers musées de notre pays, né de la volonté de la jeune République de donner à voir des oeuvres d'art au plus grand nombre. Lieu de diffusion de la culture française mais aussi d'accueil des cultures étrangères et de dialogue avec elles, ce Palais des Beaux Arts de Lille offre à notre rencontre le cadre idéal. C'est un beau symbole que se réunisse précisément ici l'ensemble du réseau de coopération et d'action culturelle de la France à l'étranger, qui porte notre culture et nos valeurs au-delà de nos frontières.
Mesdames et Messieurs les Conseillers, les Attachés et Agents du réseau,
Je suis heureux de vous retrouver à l'occasion de cette réunion annuelle.
J'ai visité 56 pays depuis un an. Je rencontre beaucoup d'entre vous au cours de mes déplacements à l'étranger. Cela me permet d'apprécier la qualité de votre travail, dont je veux vous remercier, effectué dans des conditions parfois difficiles et de mesurer combien le rôle de notre réseau de coopération et d'action culturelle est primordial ; ce qui justifie votre nombre, 6.000 sur les 15.000 du ministère des affaires étrangères.
La France - j'avais développé ce thème devant vous l'an dernier - est une «puissance d'influence». Le rayonnement de notre pays ne résulte pas seulement de son poids politique, militaire, diplomatique ou économique. Il est aussi le fruit de la diffusion de sa culture, de sa langue, de ses valeurs, de tous les attributs dits «informels» de la puissance. Notre réseau de coopération et d'action culturelle constitue le point d'appui de cette influence. Il en est, vous en êtes les principaux acteurs à travers le monde. Vous agissez en conséquence. Pour agir, il faut des orientations claires : je consacrerai l'essentiel de mon propos à vous présenter aussi clairement que possible celles que je vous fixe.
Non sans avoir auparavant insisté sur la cohérence nécessaire de votre action, de notre action au service de notre diplomatie d'ensemble : la politique d'influence est un tout, et vous êtes chacune et chacun dans votre rôle porteur de cette totalité. Cette action prend des formes diverses pour soutenir et développer notre influence : accompagner le développement international de nos entreprises (y compris les PME et les ETI), agir pour l'attractivité de notre territoire, diffuser la culture française, encourager l'apprentissage de notre langue, favoriser l'accueil des étudiants étrangers, soutenir le développement des pays partenaires, ces différents modes d'action se complètent et se renforcent. Ces domaines doivent être bien articulés entre eux afin de se soutenir mutuellement. J'y reviendrai.
* Une nouvelle diplomatie culturelle internationale
Mesdames et Messieurs,
Avec le président de la République et le gouvernement, en particulier Aurélie Filippetti, je souhaite donner une impulsion nouvelle à notre action culturelle internationale. Celle-ci constitue, historiquement, le coeur de notre diplomatie d'influence. Nous célébrons cette année le 130ème anniversaire de l'Alliance française, à laquelle je rends hommage. Le Service des oeuvres françaises à l'étranger, lointain ancêtre de la direction générale de la mondialisation, a été créé, lui, en 1920 afin de développer les échanges culturels et scientifiques. Nous sommes donc dans le «temps long» et nullement dans le caprice d'un jour.
En France, on sait que rien de grand ne se fait sans culture : cela vaut aussi concernant notre diplomatie. Pour la France et pour notre action extérieure, la culture constitue un immense atout que nous devons valoriser et «utiliser» au maximum. Tout en faisant valoir dans ce domaine notre singularité, qui nous éloigne de toute posture égoïste ou égotiste : nous ne séparons pas en effet le rayonnement de la culture française et l'hospitalité à l'égard des cultures étrangères. Pour nous, faire rayonner une culture, c'est d'abord la faire résonner avec d'autres.
Cette ouverture et cette attention à l'échange font la force de notre action culturelle et elles lui donnent son sens. C'est pourquoi - non par narcissisme ou par repli - nous sommes si profondément attachés à la diversité culturelle. Nous avons défendu récemment la diversité culturelle et la spécificité des services audiovisuels comme nous l'avons toujours fait dans les négociations internationales bilatérales et multilatérales. Nous l'avons fait avec succès, mais nous devrons rester extrêmement vigilants concernant l'exclusion des services audiovisuels du champ de la négociation du futur accord de libre échange avec les États-Unis. Nous souhaitons la mise en oeuvre pleine et entière de la convention sur la diversité des expressions culturelles, conclue dans le cadre de l'UNESCO, et de ses conséquences dans le nouveau paysage numérique.
Pour faire rayonner et résonner notre culture, nous devons d'abord valoriser pleinement nos atouts. Plusieurs domaines d'action, plusieurs thèmes doivent recueillir une attention particulière de votre part.
- La diffusion du français. C'est une de nos grandes priorités. Notre belle langue est aujourd'hui parlée par 220 millions de personnes, elle pourrait l'être bientôt par plus de 700 millions avec le développement de l'Afrique ! Il s'agit d'un socle exceptionnel d'influence. Le développement démographique et économique de ce continent devrait être bénéfique, à la fois à l'Afrique elle-même et à la francophonie, et nous devons mobiliser nos efforts et moyens en ce sens. C'est une des raisons pour lesquelles nous mettons en oeuvre avec Yamina Benguigui une diplomatie francophone ambitieuse. Un plan d'action a été adopté à l'automne dernier. Le pilier de notre mobilisation, c'est le réseau d'enseignement français à l'étranger, à travers l'AEFE et la Mission laïque française. Nous devons le consolider afin de répondre aux attentes des expatriés tout en contribuant à notre rayonnement. Tel est le sens de la mission que j'ai confiée à Mme Conway-Mouret, sur les conclusions de laquelle je me pencherai prochainement.
- Le soutien à nos industries culturelles et créatives est également décisif. Créatrices d'emplois et de richesses en France, elles représentent déjà 5 % de nos exportations. Il est impérieux de renforcer la part des contenus et des créations français sur le marché mondial. Nous y travaillons, notamment avec Aurélie Filippetti. Je pense au livre, première industrie culturelle en France, à la musique, au cinéma, à la télévision, mais aussi, à des secteurs comme le jeu vidéo, l'architecture, le design ou les arts visuels contemporains. Je souhaite qu'une relation plus étroite soit établie, par le biais de conventions, avec les principaux acteurs français de l'export dans ces domaines. Une meilleure coordination des efforts à l'exportation, au premier chef entre les professionnels eux-mêmes, démultipliera l'efficacité de notre action. J'ai aussi décidé de confier expressément à tous les attachés et chargés de mission sectoriels du réseau une mission d'appui à la promotion de nos industries culturelles dans leur champ de compétence. Notre art de vivre, nos métiers d'art, notre gastronomie, nos marques concourent aussi à notre rayonnement culturel.
- Dans un monde où l'image domine et façonne les esprits, l'audiovisuel et le cinéma jouent un rôle de premier plan dans la diffusion et le rayonnement de la pensée et de la langue françaises. L'Agence France presse remplit une fonction importante. Nous disposons d'acteurs performants - France médias monde (c'est-à-dire RFI, France 24 et Monte Carlo Doualiya), TV5 Monde, Unifrance, TV France international. Ils doivent mieux se coordonner avec notre réseau, au service notamment de la promotion des industries audiovisuelles. Ces médias doivent disposer de stratégies adaptées à chaque région. C'est en voie de réalisation.
- Les échanges universitaires et scientifiques constituent un autre axe important. Nous devons rester un grand pays d'accueil et nous efforcer de recruter les meilleurs étudiants et les meilleurs chercheurs étrangers. Nous avons déjà engagé une simplification des procédures afin de faciliter la délivrance des visas. Cette politique plus efficace des visas doit prendre en compte l'exigence d'attractivité de notre territoire comme c'est le cas dans d'autres domaines, avec par exemple la facilitation récente des conditions d'obtention des visas pour favoriser les tournages de films aux retombées économiques et touristiques positives pour notre pays.
- Il nous faut aussi encourager les partenariats permettant le développement international de nos établissements d'enseignement supérieur et de recherche et de nos entreprises. Dans cette perspective, j'ai demandé à Campus France d'élaborer un outil permettant le suivi et l'animation du réseau des anciens étudiants ou alumni, car les étudiants étrangers accueillis en France peuvent constituer autant de relais de notre influence si nous savons cultiver durablement le lien entre eux et notre pays. Quelle n'a pas été ma surprise de constater que jusqu'à présent ces réseaux n'existaient pas. Il faut - et ce n'est pas très difficile avec les nouveaux instruments technologiques - mettre en place un réseau qui nous permettra, au-delà des diplomates professionnels, d'avoir des dizaines, voire des centaines de milliers d'ambassadeurs qui peuvent être des ambassadeurs formidables de la France. Dans le domaine de la recherche, je souligne que nous souhaitons renforcer la coordination entre nos Instituts français de recherche à l'étranger et les grandes Écoles françaises (Athènes, Rome, Extrême-Orient...) qui dépendent du ministère de l'Enseignement supérieur et de la recherche.
- Enfin, je veux que, sans esprit de propagande, notre réseau - c'est une évidence - porte les valeurs de la France. Cette promotion de nos valeurs figure dans le mandat des différents acteurs de l'action culturelle extérieure. Il s'agit de faire de notre réseau un lieu de pédagogie et un lieu de débat libre, particulièrement là où c'est difficile.
À côté de ces priorités thématiques, dont la présentation rapide n'est pas exhaustive, nous devons aussi examiner, plutôt réexaminer, un certain nombre de nos modes d'action.
- Il nous faut revisiter la géographie de notre présence et adapter nos moyens selon les pays. Nous devons être encore davantage présents dans les pays qu'on appelle à fort potentiel. Je pense notamment aux grands émergents et aux néo-émergents. Si notre politique étrangère doit couvrir bien sûr tous les pays, elle doit aussi prendre en compte les lignes de force du monde contemporain.
En Europe, notre objectif principal est de développer un espace commun pour la culture et la connaissance et de soutenir la diversité culturelle en diffusant notre langue, nos médias, notre création artistique et culturelle.
Sur les rives Sud et Est de la Méditerranée, nous devons accompagner les aspirations démocratiques en soutenant le développement des libertés dans les sphères de la culture et de l'éducation, des médias et d'internet. Nous devons consolider le rôle régional de la France, par la diffusion de nos contenus et de notre langue.
En Afrique et dans la francophonie du Sud, nous devons apporter une aide au développement culturel, économique et social, en soutenant la création, la lutte contre la fracture numérique, l'accès à l'éducation et à la formation, tout en consolidant le rayonnement de la langue française et l'unité de la famille francophone.
Dans les pays prescripteurs, qu'ils soient anciens comme les grands pays occidentaux ou nouveaux comme les pays émergents et néo-émergents, nous devons renforcer l'influence de la France. Nos efforts doivent porter sur l'intermédiation, la constitution de relais et de partenariats plus que sur seulement programmation culturelle.
- La cartographie de notre réseau devra donc continuer à s'adapter pour forger une «diplomatie de demain». Notre réseau scientifique et universitaire devra tenir compte des priorités de notre politique d'attractivité, du potentiel de développement de notre coopération avec les pays émergents et des possibilités de mutualisation avec les bureaux de représentation des établissements universitaires et des organismes de recherche français présents à l'étranger. Cette adaptation, soyons lucides, se traduit et se traduira nécessairement par certaines mesures de redéploiement à partir de nos dispositifs historiquement les mieux dotés au profit de nos postes dans les pays émergents. Nous devrons nous interroger sur la pertinence de la présence d'antennes de nos instituts hors villes capitales et élaborer ensemble des solutions. Le réseau de nos experts techniques internationaux devra être réexaminé dans un souci de hiérarchisation des priorités sectorielles et géographiques et de coordination.
- Les postes - c'est le plus souvent le cas - doivent évidemment orienter leur action en fonction de leurs publics cibles, qui, c'est une observation qui est faite souvent par vous tous, gagneront à être mieux identifiés. Il s'agit d'élargir nos publics au-delà des «élites» seules francophones pour conquérir davantage aussi la jeunesse, les nouvelles classes moyennes, la société civile. Mais chaque pays est différent et notre stratégie doit être différenciée. Il est donc essentiel que le public de notre action culturelle soit systématiquement évalué pour nous aider à passer d'une politique de l'offre à une meilleure connaissance de la demande.
- Je voudrais aussi insister sur la révolution numérique. Il me paraît indispensable que les acteurs de la diplomatie culturelle, que vous êtes, continuent d'investir ces nouveaux espaces et renforcent leur utilisation des outils numériques qui bouleversent les pratiques culturelles. Le soutien de l'Institut français au projet «aFripédia» de développement de contenus africains francophones sur Wikipédia est un bon exemple, qu'il faut encore développer. J'ai également décidé de soutenir la conversion des salles du réseau à la projection numérique afin que la diffusion de notre cinéma bénéficie des technologies les plus avancées. La France prendra des initiatives pour que les questions culturelles soient pleinement prises en compte dans les travaux européens sur l'économie numérique, en particulier, même s'il s'agit d'un sujet très délicat, en matière de fiscalité. Ce sera l'un des enjeux d'une réunion du Conseil européen en octobre prochain.
- Tout cela ne vaut évidemment que si nous savons être très attentifs à ce qui fait la vraie richesse de notre réseau : c'est-à-dire vous mêmes, dans la diversité de vos compétences et de vos expériences. Cette richesse peut sans doute être encore mieux valorisée et j'ai demandé à la direction des ressources humaines du Quai d'Orsay de porter une attention augmentée au suivi des vos parcours professionnels. Il s'agit en particulier de faciliter les allers et retours entre le réseau et la France, de valoriser les expériences de chacun et de permettre aux agents, notamment par la formation, d'être totalement en phase avec les nouvelles réalités culturelles et de développement. Nous savons que nos moyens sont et seront limités, nous devons optimiser nos moyens humains et budgétaires. Cela passe et passera aussi par la mobilisation de ressources complémentaires à la dotation de l'État. En 2012, notre réseau a levé près de 300 millions d'euros de recettes propres et de cofinancements, soit un ratio d'autofinancement de 68 % en moyenne. C'est un bon résultat et je tiens à vous en féliciter et vous dire en même temps qu'il faudra poursuivre avec vous dans cette voie.
Le dernier élément de la nouvelle stratégie culturelle sur lequel je souhaite insister c'est le renforcement du pilotage du réseau, au niveau de notre administration centrale et des postes.
Le pilotage stratégique par le ministère a été renforcé par la création d'une direction de la coopération culturelle, universitaire et de la recherche. Celle-ci regroupe l'ensemble des outils de la diplomatie d'influence et exerce la tutelle sur nos grands opérateurs (l'Institut français, Campus France, AEFE, CFI...). Confiée à Mme Hélène Duchêne, que je remercie pour avoir accompagné la mise en place de cette nouvelle organisation et qui va désormais diriger l'ensemble de nos affaires stratégiques, elle sera désormais animée à partir de la rentrée par Mme Anne Grillo, qui connaît vos préoccupations et l'ensemble de ces sujets. Je lui fais pleine confiance.
S'agissant des postes sur le terrain, je souhaite que nos ambassadeurs renforcent désormais la place de la diplomatie culturelle dans leur plan d'action. Le volet culturel de ces plans devra s'articuler autour des principaux axes de notre stratégie culturelle et préciser, selon chaque situation, les priorités et les modalités. Les ambassadeurs, qui ont pour mission de coordonner l'ensemble des moyens de la France à l'étranger, réuniront désormais auprès d'eux un Conseil de la culture, de l'audiovisuel et de l'attractivité. Celui-ci rassemblera les services culturels, les services économiques, les services consulaires, les responsables des établissements d'enseignement et des acteurs économiques locaux des domaines de la culture, de l'audiovisuel et du tourisme. Il élargira le rôle du précédent Conseil d'orientation stratégique de l'Institut français afin d'élargir les thématiques et de mettre l'accent sur l'attractivité de la France, en étant notamment très attentif, car tout est lié, à la délivrance efficace et rapide des visas pour les talents que la France souhaite s'attacher.
La mise en oeuvre de cette stratégie exige bien sûr une bonne articulation avec l'ensemble des opérateurs du rayonnement culturel. Je pense à l'AEFE, à Campus France, à France expertise internationale, aux opérateurs de l'audiovisuel extérieur et aux deux grands acteurs complémentaires de la coopération et de la diffusion culturelles que sont l'Alliance française et l'Institut français.
La Fondation alliance française, qui coordonne le réseau des Alliances, travaille en relation étroite avec notre ministère dans l'exercice de ses missions d'enseignement du français et d'échanges culturels. Le statut d'associations de droit local permet aux Alliances françaises d'inscrire leur action tout à fait remarquable au coeur de la société civile locale, dans un maillage territorial qui est sans égal. L'implantation des Alliances est en général complémentaire de celle des instituts. Une nouvelle convention triennale sera signée à l'automne prochain, pour la période 2014-2016, afin de renouveler ce partenariat en veillant à assurer la mutualisation des moyens et la bonne coordination des actions entre les Alliances françaises et le réseau culturel.
L'opérateur culturel du ministère des affaires étrangères, l'Institut français, a été créé plus récemment, en 2010. La loi a prévu une expérimentation de trois ans pour apprécier l'opportunité ou non de lui rattacher l'ensemble de notre réseau culturel public. Cette expérimentation est en cours dans douze pays représentatifs de la diversité de notre présence culturelle. Les enseignements complets ne pourront être tirés qu'au terme du processus, au vu du troisième rapport, qui sera transmis au Parlement avant le 31 octobre 2013, comme le prévoit la loi. À ce stade, l'expérimentation n'a pas montré d'avantage décisif en faveur d'un rattachement général. Une décision définitive devra être prise avant la fin de l'année afin que notre réseau, qui a connu de nombreuses mutations, puisse profiter d'un cadre enfin stabilisé au service de notre influence. Mais l'Institut français a d'ores et déjà donné au réseau une plus grande visibilité et une identité commune autour d'une image modernisée. Ses plateformes numériques sont des outils innovants de diffusion permettant d'élargir nos publics. Son action de formation en fait aussi un acteur essentiel de la professionnalisation de notre réseau. Quelle que soit la décision finale que nous soyons amenés à prendre, nous préserverons ces acquis, en particulier les avantages attachés à la marque unique «Institut français», désormais clairement identifiée.
On peut envisager que l'Institut français, sans procéder à un nouveau et vaste meccano, soit conforté dans son rôle d'opérateur culturel au service de l'ensemble du réseau et que certaines missions nouvelles lui soient confiées. Je pense notamment à la création d'un Observatoire des publics, en lien avec les postes, afin de mieux connaître notre public cible, de bien cerner la demande et de permettre au réseau d'y répondre. L'Institut devra aussi renforcer son rôle d'interface entre les postes et les très nombreux acteurs culturels français en mettant à la disposition de l'ensemble du réseau une base de données des offres d'expertise et de coopération. Quoiqu'il en soit, un nouveau contrat d'objectifs et de moyens sera discuté cette année, pour la période 2014-2016.
* Culture, diplomatie économique, développement : trois domaines d'action complémentaires
Mesdames et Messieurs,
Cette politique culturelle extérieure que je viens de décrire à grands traits s'insère dans le cadre plus général de notre action diplomatique et elle doit veiller à cette action diplomatique dans son ensemble. Je pense particulièrement à l'articulation avec notre diplomatie économique et avec notre politique du développement.
Comme vous le savez, j'ai fait de la diplomatie économique, une des grandes priorités de l'action du Quai d'Orsay. Il s'agit pour le Quai d'Orsay et son réseau de prendre toute leur part à l'effort national indispensable à son redressement économique. Je suis lucide : les diplomates ne m'ont pas attendu pour être actifs sur le plan économique. Mais il fallait développer, systématiser et mieux coordonner nos interventions. Nos postes ont donc renforcé le volet économique de leur action, soutenus depuis Paris par la nouvelle direction des entreprises et de l'économie internationale. Dans le même esprit, j'ai nommé des représentants spéciaux dans un tout petit nombre de pays clefs - dont Martine Aubry que je remercie d'avoir accepté de remplir ce rôle majeur pour la Chine, ainsi que plusieurs ambassadeurs pour accompagner le développement international de nos entreprises à partir de nos régions.
Mesdames et Messieurs, cette priorité économique vous concerne aussi : il revient à l'ensemble des agents du ministère de mettre en oeuvre une sorte de réflexe économique, qui n'est en rien une subordination du culturel à l'économique, mais tout simplement la recherche d'une pleine efficacité transversale de notre action. Les moyens d'influence du ministère doivent en effet être coordonnés au service de nos intérêts. Par exemple, le réseau soutient depuis longtemps l'exportation de nos produits culturels, ce qui contribue à valoriser l'ensemble de la «marque France» par la promotion de la culture et de l'image de notre pays. Le réseau scolaire français à l'étranger accompagne l'expansion internationale de nos entreprises et facilite l'expatriation de nos compatriotes. Je pense que nous pouvons faire encore davantage. Par exemple, alors que la communauté francophone est promise à un développement rapide, notamment en Afrique, la dimension économique de la francophonie doit être mise en valeur. Des secteurs stratégiques pour notre pays doivent faire l'objet d'une attention renforcée notamment le tourisme notamment. L'ensemble de notre réseau doit y contribuer par la promotion de notre patrimoine matériel et immatériel et de nos métiers d'art. Entourés de nos scientifiques, le réseau doit renforcer la dimension «recherche et développement» de son action, se positionner au plus près des grands centres mondiaux d'innovation qui intéressent nos pôles de compétitivité. Dans cet esprit, l'attribution des bourses pour la formation en France des étudiants étrangers sera davantage ciblée sur les pays à fort potentiel et sur les disciplines correspondant aux intérêts économiques et scientifiques français.
Le développement constitue un autre enjeu majeur qui vous concerne directement. Malgré un contexte budgétaire difficile, la France a fait le choix de maintenir son effort de solidarité et nous sommes un acteur tout à fait majeur puisque nous représentons près de 10 % de l'aide mondiale, ce qui fait de notre pays le 4ème bailleur mondial. D'un point de vue qualitatif, nous avons travaillé avec Pascal Canfin à une refondation de la politique de développement, dont la mise en oeuvre repose aussi largement sur vous, avec le concours, bien sûr, de l'Agence française de développement, dont je salue la nouvelle directrice générale, Anne Paugam.
Trois objectifs ont été assignés par le président François Hollande et le gouvernement à la politique de développement : l'économie, la préservation de la planète et la stabilité des objectifs.
- L'économie, car notre action pour le développement doit veiller à promouvoir l'offre française et les entreprises françaises. Nos partenaires le font. Il serait étrange que nous négligions cet aspect.
- La préservation de la planète, car une politique de développement cohérente est aussi une politique écologique. Deux échéances importantes auront lieu en 2015. La négociation aux Nations unies d'un nouveau cadre mondial de l'action pour le développement durable afin de prendre la suite des Objectifs du millénaire. Et surtout, fin 2015 la 21ème conférence des parties à la convention sur le changement climatique qui sera accueillie par la France. Jusqu'à présent, nous avions prévu Paris le Bourget mais il faudra qu'il y ait des démultiplications ailleurs. Le Quai d'Orsay assurera le pilotage de cette négociation capitale. Notre mobilisation, tous acteurs confondus, sera totale pour en assurer le succès et la conclusion d'un accord ambitieux. Je précise, pour situer les ordres de grandeur qu'à cette occasion, nous accueillerons 25.000 personnes et que les précédentes rencontres n'ont pas été des succès marquants, ce qui explique peut-être que la France soit le seul candidat à accueillir cette conférence et ce qui lui donne des chances d'être retenue.
- Dernière dimension, la stabilité démocratique, car développement et démocratie sont liés. Dans ce domaine notamment, la culture est décisive et fait partie intégrante de notre agenda pour le développement. L'une des missions de la politique culturelle extérieure de la France est de promouvoir le dialogue, le rapprochement entre les cultures, la cohésion sociale. L'accès à la culture et à l'information est un facteur de promotion des valeurs de liberté, de démocratie, d'égalité. Nous sommes tous porteurs du message que les échanges culturels doivent contribuer aux transitions démocratiques.
Pour mettre en oeuvre ces options, une loi d'orientation sur le développement sera présentée au Parlement avant la fin de l'année. Le dialogue et la concertation avec les acteurs du développement seront renforcés par la mise en place d'un Conseil national du développement et de la solidarité internationale. Nous visons une façon nouvelle d'agir pour le développement. La culture y a sa pleine place.
Mesdames et Messieurs,
De nombreux rapports ont été produits, souvent excellents, sur tous ces sujets. Ils doivent être confrontés avec votre propre expérience, laquelle est absolument irremplaçable. Moi-même, j'ai voulu prendre le temps de cette première année, très remplie, au Quai d'Orsay pour y voir bien clair et tirer mes propres conclusions.
À partir de tout cela, j'ai souhaité vous présenter aujourd'hui les grandes lignes de notre stratégie culturelle et le cadre dans lequel je souhaite qu'elle s'insère. Elle participe de notre action au service du rayonnement général de notre pays. La diplomatie culturelle, la diplomatie économique, la diplomatie du développement, la diplomatie des territoires sont autant de champs d'action qui concourent au même objectif : l'influence de notre pays dans le monde.
La cohérence d'ensemble de notre action est d'autant plus nécessaire que nos moyens sont évidemment limités et que la compétition internationale de l'influence va s'aiguiser. Cette exigence a été traduite dans l'adaptation de l'organisation de notre administration centrale, en particulier à la DGM, votre direction de tutelle, dont j'ai voulu que l'organigramme soit simplifié et rendu plus cohérent.
Bien évidemment, ces orientations, parfois ces décisions devront s'adapter avec le temps, elles ne vaudront que par votre capacité à les faire vivre.
En politique, il peut y avoir des dons et à partir des choix d'ensemble que je viens de définir et qui sont assez clairs je l'espère, il faudra s'adapter à la diversité des terrains, tenir compte des spécificités, des contraintes, de l'imprévu, savoir dresser des bilans et nous remettre en cause si nécessaire. La réussite s'appuiera sur votre savoir faire internationalement reconnu et auquel je fais une totale confiance.
Mesdames et Messieurs,
Notre réseau de coopération et d'action culturelle est décisif pour l'avenir de la France. Je suis convaincu qu'investir dans notre présence à l'étranger, c'est permettre à la culture française et à nos valeurs, dans un monde dangereux, incertain et éclaté, de demeurer une référence positive, porteuse d'émancipation et d'espoir.
En diffusant ces valeurs et en les faisant vivre, vous contribuez non seulement à la promotion de la France, vous participez à un enrichissement culturel et intellectuel collectif. Je pense aux mots de Mario Vargas Llosa pour qui les cultures «doivent vivre à l'air libre, être exposées aux comparaisons constantes avec d'autres cultures qui les renouvellent et les enrichissent, en leur permettant de se développer et de s'adapter au flot constant de la vie» Et puisque nous sommes dans ce beau musée, je pense aussi à un des chefs d'oeuvre qu'il contient, «Olga au col de fourrure» de Picasso, mélange exceptionnel de classicisme et de modernité. Ces mots de Vargas Llosa et ce tableau de Picasso illustrent assez bien votre rôle transversal et fondamental de «passeur» de notre culture dans l'espace et dans le temps. Ils disent avec force la palette large qui est la vôtre et l'importance de votre mission quotidienne que je viens de rappeler et qui, dans une certaine mesure est prohibitive.
Mesdames et Messieurs,
J'ai une totale confiance en vous. Merci.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 24 juillet 2013
Monsieur le Directeur du Palais des Beaux Arts de Lille,
Monsieur le Préfet,
Monsieur le Président de l'Institut français
Mesdames et Messieurs,
Chers Amis,
Je remercie beaucoup Martine Aubry et Bruno Girveau de nous accueillir dans ce superbe Palais des Beaux Arts de Lille, l'un des plus remarquables musées de France. On connaît Martine Aubry, comme une femme politique de premier plan. On sait aussi quel est l'intérêt qu'elle porte à la culture. Son discours était la plus belle preuve du fait que ce n'est pas quelque chose de l'extérieur, mais vraiment ressenti. Parmi les nombreuses raisons qui expliquent notre amitié personnelle, je peux vous en faire la confidence, il y a un goût partagé pour la culture. Au delà de cet aspect personnel, c'est pour moi l'occasion de saluer la réussite de la politique culturelle de cette ville, qui se traduit, notamment par une grande fréquentation des musées et par un très fort rayonnement international. Martine Aubry a rappelé un souvenir encore présent pour chacune et chacun d'entre vous : Lille capitale européenne de la culture. Elle a rappelé son souci - que je partage - que l'éducation artistique ait les moyens de son ambition. Enfin, ce qui est moins connu, c'est que le rayonnement de Lille s'appuie sur de nombreux partenariats avec les pays du Sud, particulièrement en Afrique et dans le monde arabe. Lille est un symbole de la diplomatie des territoires, que le Quai d'Orsay encourage et accompagne.
Le rayonnement de Lille doit beaucoup au talent et à l'engagement de Martine Aubry. Il est aussi le fruit de l'action de Pierre Mauroy, à qui je veux rendre hommage dans ce lieu dont il a permis le renouveau dans les années 90.
Cet établissement où nous nous trouvons ce soir a été l'un des tout premiers musées de notre pays, né de la volonté de la jeune République de donner à voir des oeuvres d'art au plus grand nombre. Lieu de diffusion de la culture française mais aussi d'accueil des cultures étrangères et de dialogue avec elles, ce Palais des Beaux Arts de Lille offre à notre rencontre le cadre idéal. C'est un beau symbole que se réunisse précisément ici l'ensemble du réseau de coopération et d'action culturelle de la France à l'étranger, qui porte notre culture et nos valeurs au-delà de nos frontières.
Mesdames et Messieurs les Conseillers, les Attachés et Agents du réseau,
Je suis heureux de vous retrouver à l'occasion de cette réunion annuelle.
J'ai visité 56 pays depuis un an. Je rencontre beaucoup d'entre vous au cours de mes déplacements à l'étranger. Cela me permet d'apprécier la qualité de votre travail, dont je veux vous remercier, effectué dans des conditions parfois difficiles et de mesurer combien le rôle de notre réseau de coopération et d'action culturelle est primordial ; ce qui justifie votre nombre, 6.000 sur les 15.000 du ministère des affaires étrangères.
La France - j'avais développé ce thème devant vous l'an dernier - est une «puissance d'influence». Le rayonnement de notre pays ne résulte pas seulement de son poids politique, militaire, diplomatique ou économique. Il est aussi le fruit de la diffusion de sa culture, de sa langue, de ses valeurs, de tous les attributs dits «informels» de la puissance. Notre réseau de coopération et d'action culturelle constitue le point d'appui de cette influence. Il en est, vous en êtes les principaux acteurs à travers le monde. Vous agissez en conséquence. Pour agir, il faut des orientations claires : je consacrerai l'essentiel de mon propos à vous présenter aussi clairement que possible celles que je vous fixe.
Non sans avoir auparavant insisté sur la cohérence nécessaire de votre action, de notre action au service de notre diplomatie d'ensemble : la politique d'influence est un tout, et vous êtes chacune et chacun dans votre rôle porteur de cette totalité. Cette action prend des formes diverses pour soutenir et développer notre influence : accompagner le développement international de nos entreprises (y compris les PME et les ETI), agir pour l'attractivité de notre territoire, diffuser la culture française, encourager l'apprentissage de notre langue, favoriser l'accueil des étudiants étrangers, soutenir le développement des pays partenaires, ces différents modes d'action se complètent et se renforcent. Ces domaines doivent être bien articulés entre eux afin de se soutenir mutuellement. J'y reviendrai.
* Une nouvelle diplomatie culturelle internationale
Mesdames et Messieurs,
Avec le président de la République et le gouvernement, en particulier Aurélie Filippetti, je souhaite donner une impulsion nouvelle à notre action culturelle internationale. Celle-ci constitue, historiquement, le coeur de notre diplomatie d'influence. Nous célébrons cette année le 130ème anniversaire de l'Alliance française, à laquelle je rends hommage. Le Service des oeuvres françaises à l'étranger, lointain ancêtre de la direction générale de la mondialisation, a été créé, lui, en 1920 afin de développer les échanges culturels et scientifiques. Nous sommes donc dans le «temps long» et nullement dans le caprice d'un jour.
En France, on sait que rien de grand ne se fait sans culture : cela vaut aussi concernant notre diplomatie. Pour la France et pour notre action extérieure, la culture constitue un immense atout que nous devons valoriser et «utiliser» au maximum. Tout en faisant valoir dans ce domaine notre singularité, qui nous éloigne de toute posture égoïste ou égotiste : nous ne séparons pas en effet le rayonnement de la culture française et l'hospitalité à l'égard des cultures étrangères. Pour nous, faire rayonner une culture, c'est d'abord la faire résonner avec d'autres.
Cette ouverture et cette attention à l'échange font la force de notre action culturelle et elles lui donnent son sens. C'est pourquoi - non par narcissisme ou par repli - nous sommes si profondément attachés à la diversité culturelle. Nous avons défendu récemment la diversité culturelle et la spécificité des services audiovisuels comme nous l'avons toujours fait dans les négociations internationales bilatérales et multilatérales. Nous l'avons fait avec succès, mais nous devrons rester extrêmement vigilants concernant l'exclusion des services audiovisuels du champ de la négociation du futur accord de libre échange avec les États-Unis. Nous souhaitons la mise en oeuvre pleine et entière de la convention sur la diversité des expressions culturelles, conclue dans le cadre de l'UNESCO, et de ses conséquences dans le nouveau paysage numérique.
Pour faire rayonner et résonner notre culture, nous devons d'abord valoriser pleinement nos atouts. Plusieurs domaines d'action, plusieurs thèmes doivent recueillir une attention particulière de votre part.
- La diffusion du français. C'est une de nos grandes priorités. Notre belle langue est aujourd'hui parlée par 220 millions de personnes, elle pourrait l'être bientôt par plus de 700 millions avec le développement de l'Afrique ! Il s'agit d'un socle exceptionnel d'influence. Le développement démographique et économique de ce continent devrait être bénéfique, à la fois à l'Afrique elle-même et à la francophonie, et nous devons mobiliser nos efforts et moyens en ce sens. C'est une des raisons pour lesquelles nous mettons en oeuvre avec Yamina Benguigui une diplomatie francophone ambitieuse. Un plan d'action a été adopté à l'automne dernier. Le pilier de notre mobilisation, c'est le réseau d'enseignement français à l'étranger, à travers l'AEFE et la Mission laïque française. Nous devons le consolider afin de répondre aux attentes des expatriés tout en contribuant à notre rayonnement. Tel est le sens de la mission que j'ai confiée à Mme Conway-Mouret, sur les conclusions de laquelle je me pencherai prochainement.
- Le soutien à nos industries culturelles et créatives est également décisif. Créatrices d'emplois et de richesses en France, elles représentent déjà 5 % de nos exportations. Il est impérieux de renforcer la part des contenus et des créations français sur le marché mondial. Nous y travaillons, notamment avec Aurélie Filippetti. Je pense au livre, première industrie culturelle en France, à la musique, au cinéma, à la télévision, mais aussi, à des secteurs comme le jeu vidéo, l'architecture, le design ou les arts visuels contemporains. Je souhaite qu'une relation plus étroite soit établie, par le biais de conventions, avec les principaux acteurs français de l'export dans ces domaines. Une meilleure coordination des efforts à l'exportation, au premier chef entre les professionnels eux-mêmes, démultipliera l'efficacité de notre action. J'ai aussi décidé de confier expressément à tous les attachés et chargés de mission sectoriels du réseau une mission d'appui à la promotion de nos industries culturelles dans leur champ de compétence. Notre art de vivre, nos métiers d'art, notre gastronomie, nos marques concourent aussi à notre rayonnement culturel.
- Dans un monde où l'image domine et façonne les esprits, l'audiovisuel et le cinéma jouent un rôle de premier plan dans la diffusion et le rayonnement de la pensée et de la langue françaises. L'Agence France presse remplit une fonction importante. Nous disposons d'acteurs performants - France médias monde (c'est-à-dire RFI, France 24 et Monte Carlo Doualiya), TV5 Monde, Unifrance, TV France international. Ils doivent mieux se coordonner avec notre réseau, au service notamment de la promotion des industries audiovisuelles. Ces médias doivent disposer de stratégies adaptées à chaque région. C'est en voie de réalisation.
- Les échanges universitaires et scientifiques constituent un autre axe important. Nous devons rester un grand pays d'accueil et nous efforcer de recruter les meilleurs étudiants et les meilleurs chercheurs étrangers. Nous avons déjà engagé une simplification des procédures afin de faciliter la délivrance des visas. Cette politique plus efficace des visas doit prendre en compte l'exigence d'attractivité de notre territoire comme c'est le cas dans d'autres domaines, avec par exemple la facilitation récente des conditions d'obtention des visas pour favoriser les tournages de films aux retombées économiques et touristiques positives pour notre pays.
- Il nous faut aussi encourager les partenariats permettant le développement international de nos établissements d'enseignement supérieur et de recherche et de nos entreprises. Dans cette perspective, j'ai demandé à Campus France d'élaborer un outil permettant le suivi et l'animation du réseau des anciens étudiants ou alumni, car les étudiants étrangers accueillis en France peuvent constituer autant de relais de notre influence si nous savons cultiver durablement le lien entre eux et notre pays. Quelle n'a pas été ma surprise de constater que jusqu'à présent ces réseaux n'existaient pas. Il faut - et ce n'est pas très difficile avec les nouveaux instruments technologiques - mettre en place un réseau qui nous permettra, au-delà des diplomates professionnels, d'avoir des dizaines, voire des centaines de milliers d'ambassadeurs qui peuvent être des ambassadeurs formidables de la France. Dans le domaine de la recherche, je souligne que nous souhaitons renforcer la coordination entre nos Instituts français de recherche à l'étranger et les grandes Écoles françaises (Athènes, Rome, Extrême-Orient...) qui dépendent du ministère de l'Enseignement supérieur et de la recherche.
- Enfin, je veux que, sans esprit de propagande, notre réseau - c'est une évidence - porte les valeurs de la France. Cette promotion de nos valeurs figure dans le mandat des différents acteurs de l'action culturelle extérieure. Il s'agit de faire de notre réseau un lieu de pédagogie et un lieu de débat libre, particulièrement là où c'est difficile.
À côté de ces priorités thématiques, dont la présentation rapide n'est pas exhaustive, nous devons aussi examiner, plutôt réexaminer, un certain nombre de nos modes d'action.
- Il nous faut revisiter la géographie de notre présence et adapter nos moyens selon les pays. Nous devons être encore davantage présents dans les pays qu'on appelle à fort potentiel. Je pense notamment aux grands émergents et aux néo-émergents. Si notre politique étrangère doit couvrir bien sûr tous les pays, elle doit aussi prendre en compte les lignes de force du monde contemporain.
En Europe, notre objectif principal est de développer un espace commun pour la culture et la connaissance et de soutenir la diversité culturelle en diffusant notre langue, nos médias, notre création artistique et culturelle.
Sur les rives Sud et Est de la Méditerranée, nous devons accompagner les aspirations démocratiques en soutenant le développement des libertés dans les sphères de la culture et de l'éducation, des médias et d'internet. Nous devons consolider le rôle régional de la France, par la diffusion de nos contenus et de notre langue.
En Afrique et dans la francophonie du Sud, nous devons apporter une aide au développement culturel, économique et social, en soutenant la création, la lutte contre la fracture numérique, l'accès à l'éducation et à la formation, tout en consolidant le rayonnement de la langue française et l'unité de la famille francophone.
Dans les pays prescripteurs, qu'ils soient anciens comme les grands pays occidentaux ou nouveaux comme les pays émergents et néo-émergents, nous devons renforcer l'influence de la France. Nos efforts doivent porter sur l'intermédiation, la constitution de relais et de partenariats plus que sur seulement programmation culturelle.
- La cartographie de notre réseau devra donc continuer à s'adapter pour forger une «diplomatie de demain». Notre réseau scientifique et universitaire devra tenir compte des priorités de notre politique d'attractivité, du potentiel de développement de notre coopération avec les pays émergents et des possibilités de mutualisation avec les bureaux de représentation des établissements universitaires et des organismes de recherche français présents à l'étranger. Cette adaptation, soyons lucides, se traduit et se traduira nécessairement par certaines mesures de redéploiement à partir de nos dispositifs historiquement les mieux dotés au profit de nos postes dans les pays émergents. Nous devrons nous interroger sur la pertinence de la présence d'antennes de nos instituts hors villes capitales et élaborer ensemble des solutions. Le réseau de nos experts techniques internationaux devra être réexaminé dans un souci de hiérarchisation des priorités sectorielles et géographiques et de coordination.
- Les postes - c'est le plus souvent le cas - doivent évidemment orienter leur action en fonction de leurs publics cibles, qui, c'est une observation qui est faite souvent par vous tous, gagneront à être mieux identifiés. Il s'agit d'élargir nos publics au-delà des «élites» seules francophones pour conquérir davantage aussi la jeunesse, les nouvelles classes moyennes, la société civile. Mais chaque pays est différent et notre stratégie doit être différenciée. Il est donc essentiel que le public de notre action culturelle soit systématiquement évalué pour nous aider à passer d'une politique de l'offre à une meilleure connaissance de la demande.
- Je voudrais aussi insister sur la révolution numérique. Il me paraît indispensable que les acteurs de la diplomatie culturelle, que vous êtes, continuent d'investir ces nouveaux espaces et renforcent leur utilisation des outils numériques qui bouleversent les pratiques culturelles. Le soutien de l'Institut français au projet «aFripédia» de développement de contenus africains francophones sur Wikipédia est un bon exemple, qu'il faut encore développer. J'ai également décidé de soutenir la conversion des salles du réseau à la projection numérique afin que la diffusion de notre cinéma bénéficie des technologies les plus avancées. La France prendra des initiatives pour que les questions culturelles soient pleinement prises en compte dans les travaux européens sur l'économie numérique, en particulier, même s'il s'agit d'un sujet très délicat, en matière de fiscalité. Ce sera l'un des enjeux d'une réunion du Conseil européen en octobre prochain.
- Tout cela ne vaut évidemment que si nous savons être très attentifs à ce qui fait la vraie richesse de notre réseau : c'est-à-dire vous mêmes, dans la diversité de vos compétences et de vos expériences. Cette richesse peut sans doute être encore mieux valorisée et j'ai demandé à la direction des ressources humaines du Quai d'Orsay de porter une attention augmentée au suivi des vos parcours professionnels. Il s'agit en particulier de faciliter les allers et retours entre le réseau et la France, de valoriser les expériences de chacun et de permettre aux agents, notamment par la formation, d'être totalement en phase avec les nouvelles réalités culturelles et de développement. Nous savons que nos moyens sont et seront limités, nous devons optimiser nos moyens humains et budgétaires. Cela passe et passera aussi par la mobilisation de ressources complémentaires à la dotation de l'État. En 2012, notre réseau a levé près de 300 millions d'euros de recettes propres et de cofinancements, soit un ratio d'autofinancement de 68 % en moyenne. C'est un bon résultat et je tiens à vous en féliciter et vous dire en même temps qu'il faudra poursuivre avec vous dans cette voie.
Le dernier élément de la nouvelle stratégie culturelle sur lequel je souhaite insister c'est le renforcement du pilotage du réseau, au niveau de notre administration centrale et des postes.
Le pilotage stratégique par le ministère a été renforcé par la création d'une direction de la coopération culturelle, universitaire et de la recherche. Celle-ci regroupe l'ensemble des outils de la diplomatie d'influence et exerce la tutelle sur nos grands opérateurs (l'Institut français, Campus France, AEFE, CFI...). Confiée à Mme Hélène Duchêne, que je remercie pour avoir accompagné la mise en place de cette nouvelle organisation et qui va désormais diriger l'ensemble de nos affaires stratégiques, elle sera désormais animée à partir de la rentrée par Mme Anne Grillo, qui connaît vos préoccupations et l'ensemble de ces sujets. Je lui fais pleine confiance.
S'agissant des postes sur le terrain, je souhaite que nos ambassadeurs renforcent désormais la place de la diplomatie culturelle dans leur plan d'action. Le volet culturel de ces plans devra s'articuler autour des principaux axes de notre stratégie culturelle et préciser, selon chaque situation, les priorités et les modalités. Les ambassadeurs, qui ont pour mission de coordonner l'ensemble des moyens de la France à l'étranger, réuniront désormais auprès d'eux un Conseil de la culture, de l'audiovisuel et de l'attractivité. Celui-ci rassemblera les services culturels, les services économiques, les services consulaires, les responsables des établissements d'enseignement et des acteurs économiques locaux des domaines de la culture, de l'audiovisuel et du tourisme. Il élargira le rôle du précédent Conseil d'orientation stratégique de l'Institut français afin d'élargir les thématiques et de mettre l'accent sur l'attractivité de la France, en étant notamment très attentif, car tout est lié, à la délivrance efficace et rapide des visas pour les talents que la France souhaite s'attacher.
La mise en oeuvre de cette stratégie exige bien sûr une bonne articulation avec l'ensemble des opérateurs du rayonnement culturel. Je pense à l'AEFE, à Campus France, à France expertise internationale, aux opérateurs de l'audiovisuel extérieur et aux deux grands acteurs complémentaires de la coopération et de la diffusion culturelles que sont l'Alliance française et l'Institut français.
La Fondation alliance française, qui coordonne le réseau des Alliances, travaille en relation étroite avec notre ministère dans l'exercice de ses missions d'enseignement du français et d'échanges culturels. Le statut d'associations de droit local permet aux Alliances françaises d'inscrire leur action tout à fait remarquable au coeur de la société civile locale, dans un maillage territorial qui est sans égal. L'implantation des Alliances est en général complémentaire de celle des instituts. Une nouvelle convention triennale sera signée à l'automne prochain, pour la période 2014-2016, afin de renouveler ce partenariat en veillant à assurer la mutualisation des moyens et la bonne coordination des actions entre les Alliances françaises et le réseau culturel.
L'opérateur culturel du ministère des affaires étrangères, l'Institut français, a été créé plus récemment, en 2010. La loi a prévu une expérimentation de trois ans pour apprécier l'opportunité ou non de lui rattacher l'ensemble de notre réseau culturel public. Cette expérimentation est en cours dans douze pays représentatifs de la diversité de notre présence culturelle. Les enseignements complets ne pourront être tirés qu'au terme du processus, au vu du troisième rapport, qui sera transmis au Parlement avant le 31 octobre 2013, comme le prévoit la loi. À ce stade, l'expérimentation n'a pas montré d'avantage décisif en faveur d'un rattachement général. Une décision définitive devra être prise avant la fin de l'année afin que notre réseau, qui a connu de nombreuses mutations, puisse profiter d'un cadre enfin stabilisé au service de notre influence. Mais l'Institut français a d'ores et déjà donné au réseau une plus grande visibilité et une identité commune autour d'une image modernisée. Ses plateformes numériques sont des outils innovants de diffusion permettant d'élargir nos publics. Son action de formation en fait aussi un acteur essentiel de la professionnalisation de notre réseau. Quelle que soit la décision finale que nous soyons amenés à prendre, nous préserverons ces acquis, en particulier les avantages attachés à la marque unique «Institut français», désormais clairement identifiée.
On peut envisager que l'Institut français, sans procéder à un nouveau et vaste meccano, soit conforté dans son rôle d'opérateur culturel au service de l'ensemble du réseau et que certaines missions nouvelles lui soient confiées. Je pense notamment à la création d'un Observatoire des publics, en lien avec les postes, afin de mieux connaître notre public cible, de bien cerner la demande et de permettre au réseau d'y répondre. L'Institut devra aussi renforcer son rôle d'interface entre les postes et les très nombreux acteurs culturels français en mettant à la disposition de l'ensemble du réseau une base de données des offres d'expertise et de coopération. Quoiqu'il en soit, un nouveau contrat d'objectifs et de moyens sera discuté cette année, pour la période 2014-2016.
* Culture, diplomatie économique, développement : trois domaines d'action complémentaires
Mesdames et Messieurs,
Cette politique culturelle extérieure que je viens de décrire à grands traits s'insère dans le cadre plus général de notre action diplomatique et elle doit veiller à cette action diplomatique dans son ensemble. Je pense particulièrement à l'articulation avec notre diplomatie économique et avec notre politique du développement.
Comme vous le savez, j'ai fait de la diplomatie économique, une des grandes priorités de l'action du Quai d'Orsay. Il s'agit pour le Quai d'Orsay et son réseau de prendre toute leur part à l'effort national indispensable à son redressement économique. Je suis lucide : les diplomates ne m'ont pas attendu pour être actifs sur le plan économique. Mais il fallait développer, systématiser et mieux coordonner nos interventions. Nos postes ont donc renforcé le volet économique de leur action, soutenus depuis Paris par la nouvelle direction des entreprises et de l'économie internationale. Dans le même esprit, j'ai nommé des représentants spéciaux dans un tout petit nombre de pays clefs - dont Martine Aubry que je remercie d'avoir accepté de remplir ce rôle majeur pour la Chine, ainsi que plusieurs ambassadeurs pour accompagner le développement international de nos entreprises à partir de nos régions.
Mesdames et Messieurs, cette priorité économique vous concerne aussi : il revient à l'ensemble des agents du ministère de mettre en oeuvre une sorte de réflexe économique, qui n'est en rien une subordination du culturel à l'économique, mais tout simplement la recherche d'une pleine efficacité transversale de notre action. Les moyens d'influence du ministère doivent en effet être coordonnés au service de nos intérêts. Par exemple, le réseau soutient depuis longtemps l'exportation de nos produits culturels, ce qui contribue à valoriser l'ensemble de la «marque France» par la promotion de la culture et de l'image de notre pays. Le réseau scolaire français à l'étranger accompagne l'expansion internationale de nos entreprises et facilite l'expatriation de nos compatriotes. Je pense que nous pouvons faire encore davantage. Par exemple, alors que la communauté francophone est promise à un développement rapide, notamment en Afrique, la dimension économique de la francophonie doit être mise en valeur. Des secteurs stratégiques pour notre pays doivent faire l'objet d'une attention renforcée notamment le tourisme notamment. L'ensemble de notre réseau doit y contribuer par la promotion de notre patrimoine matériel et immatériel et de nos métiers d'art. Entourés de nos scientifiques, le réseau doit renforcer la dimension «recherche et développement» de son action, se positionner au plus près des grands centres mondiaux d'innovation qui intéressent nos pôles de compétitivité. Dans cet esprit, l'attribution des bourses pour la formation en France des étudiants étrangers sera davantage ciblée sur les pays à fort potentiel et sur les disciplines correspondant aux intérêts économiques et scientifiques français.
Le développement constitue un autre enjeu majeur qui vous concerne directement. Malgré un contexte budgétaire difficile, la France a fait le choix de maintenir son effort de solidarité et nous sommes un acteur tout à fait majeur puisque nous représentons près de 10 % de l'aide mondiale, ce qui fait de notre pays le 4ème bailleur mondial. D'un point de vue qualitatif, nous avons travaillé avec Pascal Canfin à une refondation de la politique de développement, dont la mise en oeuvre repose aussi largement sur vous, avec le concours, bien sûr, de l'Agence française de développement, dont je salue la nouvelle directrice générale, Anne Paugam.
Trois objectifs ont été assignés par le président François Hollande et le gouvernement à la politique de développement : l'économie, la préservation de la planète et la stabilité des objectifs.
- L'économie, car notre action pour le développement doit veiller à promouvoir l'offre française et les entreprises françaises. Nos partenaires le font. Il serait étrange que nous négligions cet aspect.
- La préservation de la planète, car une politique de développement cohérente est aussi une politique écologique. Deux échéances importantes auront lieu en 2015. La négociation aux Nations unies d'un nouveau cadre mondial de l'action pour le développement durable afin de prendre la suite des Objectifs du millénaire. Et surtout, fin 2015 la 21ème conférence des parties à la convention sur le changement climatique qui sera accueillie par la France. Jusqu'à présent, nous avions prévu Paris le Bourget mais il faudra qu'il y ait des démultiplications ailleurs. Le Quai d'Orsay assurera le pilotage de cette négociation capitale. Notre mobilisation, tous acteurs confondus, sera totale pour en assurer le succès et la conclusion d'un accord ambitieux. Je précise, pour situer les ordres de grandeur qu'à cette occasion, nous accueillerons 25.000 personnes et que les précédentes rencontres n'ont pas été des succès marquants, ce qui explique peut-être que la France soit le seul candidat à accueillir cette conférence et ce qui lui donne des chances d'être retenue.
- Dernière dimension, la stabilité démocratique, car développement et démocratie sont liés. Dans ce domaine notamment, la culture est décisive et fait partie intégrante de notre agenda pour le développement. L'une des missions de la politique culturelle extérieure de la France est de promouvoir le dialogue, le rapprochement entre les cultures, la cohésion sociale. L'accès à la culture et à l'information est un facteur de promotion des valeurs de liberté, de démocratie, d'égalité. Nous sommes tous porteurs du message que les échanges culturels doivent contribuer aux transitions démocratiques.
Pour mettre en oeuvre ces options, une loi d'orientation sur le développement sera présentée au Parlement avant la fin de l'année. Le dialogue et la concertation avec les acteurs du développement seront renforcés par la mise en place d'un Conseil national du développement et de la solidarité internationale. Nous visons une façon nouvelle d'agir pour le développement. La culture y a sa pleine place.
Mesdames et Messieurs,
De nombreux rapports ont été produits, souvent excellents, sur tous ces sujets. Ils doivent être confrontés avec votre propre expérience, laquelle est absolument irremplaçable. Moi-même, j'ai voulu prendre le temps de cette première année, très remplie, au Quai d'Orsay pour y voir bien clair et tirer mes propres conclusions.
À partir de tout cela, j'ai souhaité vous présenter aujourd'hui les grandes lignes de notre stratégie culturelle et le cadre dans lequel je souhaite qu'elle s'insère. Elle participe de notre action au service du rayonnement général de notre pays. La diplomatie culturelle, la diplomatie économique, la diplomatie du développement, la diplomatie des territoires sont autant de champs d'action qui concourent au même objectif : l'influence de notre pays dans le monde.
La cohérence d'ensemble de notre action est d'autant plus nécessaire que nos moyens sont évidemment limités et que la compétition internationale de l'influence va s'aiguiser. Cette exigence a été traduite dans l'adaptation de l'organisation de notre administration centrale, en particulier à la DGM, votre direction de tutelle, dont j'ai voulu que l'organigramme soit simplifié et rendu plus cohérent.
Bien évidemment, ces orientations, parfois ces décisions devront s'adapter avec le temps, elles ne vaudront que par votre capacité à les faire vivre.
En politique, il peut y avoir des dons et à partir des choix d'ensemble que je viens de définir et qui sont assez clairs je l'espère, il faudra s'adapter à la diversité des terrains, tenir compte des spécificités, des contraintes, de l'imprévu, savoir dresser des bilans et nous remettre en cause si nécessaire. La réussite s'appuiera sur votre savoir faire internationalement reconnu et auquel je fais une totale confiance.
Mesdames et Messieurs,
Notre réseau de coopération et d'action culturelle est décisif pour l'avenir de la France. Je suis convaincu qu'investir dans notre présence à l'étranger, c'est permettre à la culture française et à nos valeurs, dans un monde dangereux, incertain et éclaté, de demeurer une référence positive, porteuse d'émancipation et d'espoir.
En diffusant ces valeurs et en les faisant vivre, vous contribuez non seulement à la promotion de la France, vous participez à un enrichissement culturel et intellectuel collectif. Je pense aux mots de Mario Vargas Llosa pour qui les cultures «doivent vivre à l'air libre, être exposées aux comparaisons constantes avec d'autres cultures qui les renouvellent et les enrichissent, en leur permettant de se développer et de s'adapter au flot constant de la vie» Et puisque nous sommes dans ce beau musée, je pense aussi à un des chefs d'oeuvre qu'il contient, «Olga au col de fourrure» de Picasso, mélange exceptionnel de classicisme et de modernité. Ces mots de Vargas Llosa et ce tableau de Picasso illustrent assez bien votre rôle transversal et fondamental de «passeur» de notre culture dans l'espace et dans le temps. Ils disent avec force la palette large qui est la vôtre et l'importance de votre mission quotidienne que je viens de rappeler et qui, dans une certaine mesure est prohibitive.
Mesdames et Messieurs,
J'ai une totale confiance en vous. Merci.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 24 juillet 2013