Extraits d'un entretien de M. Thierry Repentin, ministre des affaires européennes, avec Itélé le 24 juillet 2013, sur le classement du Hezbollah sur la liste noire du terrorisme, les aides européennes en faveur de l'emploi et sur les institutions de l'Europe.

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Média : Itélé

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Q - Autre forme du danger islamiste : l'Europe a classé sur la liste noire du terrorisme la branche armée du Hezbollah mais pas les services de sécurité, pas la branche politique. Est-ce que ce n'est pas un sabre de bois ?
R - Non. Je crois que c'est une décision très importante qui a été prise lundi en Conseil des affaires étrangères, à Bruxelles, avec la présence de Laurent Fabius. C'est pour dire que nous avons à l'échelle européenne la certitude que la branche armée du Hezbollah est à l'origine de faits terroristes en Europe et que ce doit être condamné. Cela emporte des conditions juridiques - le gel des avoirs du Hezbollah armé -, et éventuellement aussi des poursuites pénales à l'égard de concitoyens européens qui rejoindraient le Hezbollah armé. Dans d'autres conflits, cela s'est fait : la séparation entre le pouvoir politique et la branche armée d'un pouvoir politique.
Q - Cela va fâcher l'Europe avec le Liban...
R - Justement, s'il y a une séparation entre le parti politique et la branche armée, c'est pour continuer à dialoguer avec le Liban car le Hezbollah est une partie composante du paysage politique libanais. Il faut soutenir actuellement le Liban, très proche de la Syrie, pays qui doit accueillir notamment plus d'un million de réfugiés syriens sur son territoire. Il ne faut pas déstabiliser le gouvernement libanais.
Q - On connaîtra ce soir les chiffres du chômage pour la France en juin. D'ores et déjà, l'ACOSS note une baisse de 6,5 pourcents des embauches. Les nouveaux diplômés, les jeunes, vont arriver sur le marché là maintenant. La reprise n'est pas là, contrairement à ce que dit le président.
R - Écoutez, je suis élu d'un territoire où nous avons au contraire des signes très positifs et encourageants dans le carnet de commandes des entreprises. C'est la région notamment des Alpes. Par ailleurs, Je dois dire qu'il y a de nouveaux outils qui vont arriver et qui viennent d'ailleurs de l'Union européenne. Le Parlement européen va voter, en octobre prochain, une aide pour les jeunes de vingt-cinq ans qui sont sortis du dispositif scolaire depuis quatre mois sans emploi. On va élargir le dispositif Erasmus à d'autres jeunes qui sont dans l'enseignement supérieur. On va augmenter les crédits de recherche pour les entreprises. La Banque européenne d'investissement va nous amener sept milliards. Tout cela, ce sont des outils que nous allons chercher en Europe, en appui des politiques nationales.
Q - Opérationnel quand ? Dès fin septembre ou il faut attendre un an et demi que l'argent arrive ?
R - Tout cela sera opérationnel le 1er janvier 2014. Pour la Banque européenne d'investissement, d'ores et déjà aujourd'hui, il y a sept milliards d'euros pour des territoires qui ont des projets et des entreprises qui cherchent du financement.
Q - Benoît Hamon présente aujourd'hui en Conseil des ministres son projet de loi sur l'économie sociale et solidaire. Est-ce que ce n'est pas une réponse un peu caritative à la crise ?
R - Non, parce que c'est un acteur effectivement important de l'économie française notamment dans le monde associatif, ou dans le monde de l'habitation à loyer modéré par exemple que j'ai bien connu. Il y a une dimension d'acteurs économiques qui créent de l'emploi, qui font des chantiers, qu'il faut accompagner, y compris par des crédits européens, puisqu'ils y sont éligibles. Il ne faut rien négliger en temps de crise pour relancer et soutenir l'économie, la lutte contre le chômage.
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Q - En mai 2014, il y aura les élections européennes.
R - Oui.
Q - Est-ce que la France réclame le poste de président de la Commission ?
R - Il sera temps de voir cela après les élections mais la France a la légitimité pour le demander. Nous sommes un des grands pays de l'Union européenne.
Q - Cela pourrait aider qu'un président de la Commission soit issu d'un grand pays comme le nôtre plutôt que du Luxembourg ou du Portugal ?
R - Il faut un président fort à la tête de l'Union européenne. Aujourd'hui, dans le débat international économique, il faut une Europe soudée, puissante et il faut donc un président qui incarne ce dynamisme.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 30 juillet 2013