Interview de M. Bernard Cazeneuve, ministre du budget, à RTL le 10 juillet 2013, sur l'augmentation du prix de l'électricité qui pèse sur le budget des ménages.

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Média : Emission L'Invité de RTL - RTL

Texte intégral

JEAN-MICHEL APHATIE
Bonjour Bernard CAZENEUVE.
BERNARD CAZENEUVE
Bonjour.
JEAN-MICHEL APHATIE
Le gouvernement a décidé d'augmenter le prix de l'électricité, 5% le 1er août prochain, 5% encore le 1er août 2014 et la critique et vive même parmi vos amis, écoutez Ségolène ROYAL.
SEGOLENE ROYAL
Non je ne suis pas favorable à cela, je trouve que ça manque de transparence, que les gens sont pris un peu en otages par cette hausse d'électricité.
JEAN-MICHEL APHATIE
Les gens sont pris en otages par la hausse de l'électricité ; qu'est-ce que vous répondez Bernard CAZENEUVE ?
BERNARD CAZENEUVE
Il faut dire quelle est la réalité qu'il y a derrière cette hausse. Au cours des dernières années, nous n'avons pas pris les mesures qui devaient être prises, je ne parle pas de ce gouvernement, je parle du précédent, concernant la mobilisation nécessaire d'un certain nombre de sommes pour des investissements dont nous avons besoin pour assurer la sécurité de notre approvisionnement énergétique. Les précautions n'ont pas été prises concernant les investissements qui doivent être faits sur les centrales nucléaires en fin de vie par exemple, et c'est ce stock d'économies qui n'ont pas été faites, ce retard qui a été accumulé qu'il faut aujourd'hui étaler dans le temps. Nous sommes arrivés avec une situation où nous avons été dans l'obligation de faire face à ce mur de provisions non effectuées et que nous devons aujourd'hui étaler dans le temps...
JEAN-MICHEL APHATIE
C'est l'héritage en fait l'augmentation de l'électricité ?
BERNARD CAZENEUVE
Mais il s'agit de regarder quelles sont les conclusions du comité de régulation de l'énergie pour se rendre compte qu'au cours des dernières années, il y a eu un stock d'investissements qui n'ont pas été effectués dont on avait besoin pour assurer la sécurité de l'approvisionnement énergétique et qu'il nous faut bien aujourd'hui répercuter. C'est la raison pour laquelle lorsque je vois monsieur BALKANI et d'autres orateurs à l'Assemblée nationale s'indigner du fait que nous réparions ce qu'ils n'ont pas fait hier, j'y vois une forme d'arrogance et d'outrance qui ne se justifie pas.
JEAN-MICHEL APHATIE
Le journal LE FIGARO dit que le projet d'arrêté que le gouvernement présentera le 16 juillet à l'autorité de régulation prévoit même une hausse, 5% aussi en 2015. Vous le confirmez Bernard CAZENEUVE ?
BERNARD CAZENEUVE
Alors ce que nous sommes en train de faire, c'est de remettre les choses en ordre. C'est-à-dire de créer les conditions d'investissement qui permettent d'assurer et nous l'assumons parce que c'est une responsabilité gouvernementale qui peut être aisément assumée, de faire en sorte qu'il y ait une sécurité de notre approvisionnement énergétique et une sécurité du fonctionnement de nos centrales nucléaires. Un certain nombre de centrales nucléaires sont en fin de vie, il faut procéder à des investissements, ces investissement n'ont pas été répercutés sur les prix au cours des dernières années, nous le faisons aujourd'hui parce que nous sommes tout simplement dans l'obligation de le faire.
JEAN-MICHEL APHATIE
Donc c'est une manière de confirmer qu'en 2015 aussi, le retard pris sera ...
BERNARD CAZENEUVE
C'est une manière de confirmer que nous sommes en train d'assainir une situation dont nous héritons et le moins qu'on puisse dire, qu'elle n'est ni saine, ni transparente.
JEAN-MICHEL APHATIE
Donc 2015 aussi ?
BERNARD CAZENEUVE
Je ne vous ai pas dit ça !
JEAN-MICHEL APHATIE
Mais vous le suggérez fortement.
BERNARD CAZENEUVE
Non, je vous dis que nous avons pris une décision sur 2014 et que nous continuerons à assainir.
JEAN-MICHEL APHATIE
Et dans le projet d'arrêté vous ne voulez pas confirmer, peut-être que vous ne le savez pas, si en 2015 l'électricité va augmenter aussi.
BERNARD CAZENEUVE
Ce que je peux vous dire c'est que nous ferons en sorte que le désordre dont nous héritons ne se poursuive pas.
JEAN-MICHEL APHATIE
Ca j'ai compris, d'accord, donc on verra ce qu'il y aura exactement dans le projet d'arrêté qui sera présenté le 16 juillet. L'URSSAF note que les emplois à domicile sont en chute libre, la mise en cause, donc soutien scolaire etc...
BERNARD CAZENEUVE
Les emplois à domicile sont en chute libre depuis... il y a plusieurs éléments d'explication à ça...
JEAN-MICHEL APHATIE
Les charges sur les salaires qui ont augmenté sans aucune raison...
BERNARD CAZENEUVE
Non, non, je vous vois venir, vous êtes très prévisible monsieur APHATIE, la raison n'est pas celle-ci. Il y a plusieurs éléments qui rentrent en ligne de compte, d'abord, les emplois à domicile diminuent depuis 2008 parce que lorsqu'il y a une crise très forte qui peut amputer le pouvoir d'achat d'un certain nombre de ménage qui ont recours à des emplois à domicile, le premier poste sur lequel on procède à des économies, c'est précisément celui-ci. Il y a deux autres éléments qui rentrent en ligne de compte. Nous avions des contentieux très forts avec l'Union européenne résultants de l'application du taux réduit de TVA à un certain nombre d'emplois à domicile. Ces contentieux étaient très coûteux pour la France, je veux quand même rappeler qu'à travers le contentieux sur les organismes de placements collectifs en valeur mobilière, sur les emplois à domicile...
JEAN-MICHEL APHATIE
Sans entrer dans le détail...
BERNARD CAZENEUVE
...nous avons dû provisionner des sommes considérables. Deuxièmement nous avons décidé de faire en sorte que les cotisations sociales soient payées au réel et pas au forfait. Au réel pourquoi ?
JEAN-MICHEL APHATIE
Pas au forfait, ce qui expliquerait la chute des emplois.
BERNARD CAZENEUVE
Non, ça n'explique pas la chute des emplois puisque les emplois qui diminuent le plus sont les emplois au réel et pas au forfait, donc c'est bien le signe que ce n'est pas cette mesure qui impacte l'évolution du nombre d'emplois à domicile ; ce que l'on peut dire c'est qu'il y a la crise, il y a l'application du taux réduit de TVA aux emplois à domicile qui n'est plus possible pour des raisons qui tiennent de la réglementation européenne, et il y a le recours à des sociétés qui offrent un service global, qui sont ces sociétés de prestations services qui assurent le paiement des charges et qui constituent aujourd'hui une facilité pour ceux qui ont besoin du concours des emplois à domicile.
JEAN-MICHEL APHATIE
Le Premier ministre a présenté hier un plan d'investissement, 12 milliards d'euros, l'une des mesures phares c'est l'installation du compteur électrique intelligent dans les domiciles, beaucoup d'auditeurs de RTL s'inquiètent ce matin, qui va payer le compteur ? Si vous vous en facilitez l'installation, c'est une charge supplémentaire pour les ménages qui vont devoir héberger ce compteur ?
BERNARD CAZENEUVE
Non ce n'est pas une charge supplémentaire...
JEAN-MICHEL APHATIE
Qui va payer le compteur ?
BERNARD CAZENEUVE
Le compteur sera payé par EDF, donc...
JEAN-MICHEL APHATIE
Par EDF donc ce n'est pas une charge supplémentaire pour les utilisateurs ?
BERNARD CAZENEUVE
Non ce n'est pas une charge supplémentaire, c'est au contraire destiné à diminuer la facture énergétique des ménages, c'est près de 3 millions de compteurs qui seront installés dans les années qui viennent, c'est donc la possibilité pour des ménages qui sont confrontés à la précarité énergétique de voir diminuer leur facture d'électricité. C'est donc une bonne mesure si l'on veut faire en sorte qu'il y ait une meilleure maîtrise de la consommation de l'énergie et une meilleure maîtrise de la facture énergétique payée par les ménages qui ampute leur pouvoir d'achat.
JEAN-MICHEL APHATIE
Et donc les consommateurs eux ne seront pas taxés de manière supplémentaire.
BERNARD CAZENEUVE
Mais au contraire, ce compteur permettra aux consommateurs de faire des économies.
JEAN-MICHEL APHATIE
Ce n'est pas toujours ce que constatent les utilisateurs du compteur intelligent, mais on verra ça à l'usage.
BERNARD CAZENEUVE
Mais c'est en tout cas l'objectif que nous poursuivons.
JEAN-MICHEL APHATIE
Allez, dernière information il parait que ça vient de tomber, les biens de Bernard TAPIE sont tombés, vous avez des informations Bernard CAZENEUVE ?
BERNARD CAZENEUVE
Je n'en ai pas et la justice agit de façon indépendante sans qu'il soit nécessaire que les ministres commentent.
JEAN-MICHEL APHATIE
Bernard CAZENEUVE qui ne commente pas toutes les informations était l'invité de RTL ce matin, bonne journée.
BERNARD CAZENEUVE
Si j'avais commenté, vous pourriez me le reprocher.
JEAN-MICHEL APHATIE
Non, moi je ne vous reprocherais rien, je vous en féliciterais, d'autres pourraient vous le reprocher, mais pas moi.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 23 juillet 2013