Déclaration de Mme Hélène Conway-Mouret, ministre des Français de l'étranger, sur la communauté française en Corée du Sud, à Geoge le 26 juillet 2013.

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Circonstance : Déplacement en Corée du Sud, le 26 juillet 2013

Texte intégral


Mesdames et Messieurs,
Rencontrer des communautés de Français établis hors de France est toujours un moment de découvertes passionnantes. La diversité des pays où s’établissent certains de nos compatriotes, les histoires individuelles, familiales ou parfois plus collectives qui motivent ces parcours, sont autant de moyens d’appréhender la réalité de la vie des hommes, des femmes, des enfants qui, pour quelques années au départ, et parfois pour beaucoup plus longtemps, organisent leur vie hors de France et contribuent donc aussi au rayonnement de notre pays.
Le cas de la communauté française en Corée est tout à fait exemplaire du dynamisme économique et culturel qui caractérise ce pays, je m’en rends compte depuis mon arrivée à Séoul avec Monsieur le Premier ministre hier. Ce pays était me dit-on au niveau de développement du Bengladesh il y a une cinquantaine d’années, au sortir de la Guerre de Corée qui a rendu la péninsule exsangue. Mais aujourd’hui la Corée est membre de l’OCDE et du G20, et son revenu annuel a maintenant bien dépassé 20 000 US dollars par habitant. La Corée est devenue un acteur bien en vue dans notre monde globalisée, et elle ne cesse de s’ouvrir sur le monde et l’international, elle que l’on appelait autrefois le « royaume ermite ».
Dans ces conditions, il n’est pas étonnant que la communauté française de Corée ait connu elle aussi une transformation profonde de sa physionomie, ainsi qu’une croissance très importante. Le nombre de Français immatriculés en Corée a ainsi augmenté de 50 % depuis les années 1990, et dépasse à présent 2 300 personnes. C’est une communauté aujourd’hui relativement jeune, et pour le moment au 2/3 masculine : 39 ans est la moyenne d’âge des adultes, et 29 ans est la moyenne d’âge de la communauté française lorsqu’on prend en compte les enfants. Ce sont près de 2 500 inscrits que nous comptons en Corée en incluant les membres de famille étrangers de nos compatriotes. Et notons au passage que 12 % des Français établis en Corée sont binationaux, alors que le nombre de mariages mixtes franco-coréens ne cessent lui aussi d’augmenter pour tourner à un rythme annuel de croisière d’un par semaine.
Mais comme vous le savez aussi, pour diverses raisons, toutes les personnes ne s’inscrivent pas nécessairement au consulat. De ce fait, en incluant notamment toutes les populations étudiantes françaises en cours d’échanges universitaires en Corée, on voisine les 2 900 Français. Et si l’on compte encore tous les Français qui viennent ici quelques jours pour affaires, pour participer à des colloques ou des conférences, et de plus en plus aussi pour des raisons touristiques, il y a tout lieu d’estimer qu’à un instant donné, plus de 3 000 de nos compatriotes se trouvent en Corée.
Les Français établis en Corée sont très majoritairement des actifs, à 70 %, et les communautés françaises du Sud de la Corée, ici à Geoje, ou encore à Busan et Ulsan, confirment bien cette tendance. Mais je dois dire aussi que votre communauté de Geoje, et plus largement celles du Sud loin de Séoul, sont aux avants postes. Même si les expatriés français vivent aux 2/3 à Séoul et dans son agglomération, vous êtes en train d’ouvrir ici à la communauté française une « nouvelle frontière ». Géographique tout d’abord, mais aussi économique et industrielle.
J’ai pu m’en rendre compte aujourd’hui, et je saisis cette occasion pour remercier les responsables de la société Technip qui m’ont invitée à visiter leurs installations. Ils m’ont fait comprendre leurs projets technologiquement très innovants, et m’ont permis de mesurer que chaque jour, ses personnels, mais aussi les collaborateurs de nombreuses sociétés françaises font rayonner le savoir-faire industriel et technologique de notre pays dans des domaines de pointe où notre excellence est reconnue et recherchée pour l’exploitation gazière et pétrolière. Cette visite ici à Geoje parmi vous, m’a aussi permis de prendre la mesure des chantiers navals coréens qui jouent un rôle si important dans les relations économiques et commerciales entre la France et la Corée.
Au-delà de ces défis économiques, auxquels vous apportez le meilleur de vous-mêmes, la communauté française de Geoje, les communautés d’Ulsan ou de Satcheon qui ont beaucoup de point commun avec vous puisqu’elles aussi se sont formées autour de grandes entreprises françaises et de projets industriels (Total, Eurocopter), ouvrent aussi une nouvelle frontière géographique. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : le nombre de Français dans ces régions du Sud et à Busan a augmenté de 30 % ces 5 dernières années. Et aujourd’hui, ce sont 200 Français qui sont établis à Geoje.
Il en résulte pour vous des besoins nouveaux, et parfois différents des Français établis à Séoul ou dans les très grandes métropoles de Corée. Cette journée à Geoje m’a ainsi permis de visiter le centre scolaire français d’Okpo, fondé par Total à l’origine et repris désormais par Technip avec l’appui de la Mission Laïque, pour accueillir près de 70 enfants à la prochaine rentrée de septembre. Cette formule de scolarisation offre une solution tout à fait adaptée à des communautés comme les vôtres, regroupées autour de noyaux mais très éloignées du Lycée français le plus proche à Séoul. Je salue l’initiative de ces écoles d’entreprises, et encourage tous les acteurs de la communauté française qui le peuvent à y apporter leur concours.
La question de la scolarisation montre que des solutions nouvelles existent pour satisfaire les attentes de différentes communautés françaises. Le consulat de France lui aussi a pris la mesure de votre présence ici à Geoje et dans le Sud de la Corée. Il organise ainsi régulièrement des tournées consulaires pour venir à votre rencontre et pour vous aider à traiter les questions administratives qui se posent à vous. L’administration électronique continuera à faire des progrès pour effectuer des démarches officielles. Et au-delà des démarches administratives, que ce soit pour vous diffuser des informations utiles à la sécurité des communautés françaises en Corée, ou pour vous aider à partager la vie sociale et culturelle de vos compatriotes ici, l’Ambassade a ouvert depuis ce printemps une page Facebook que je vous invite bien sûr à suivre.
Et parlant de la vie culturelle française en Corée, je dois aussi souligner que Busan, avec son Alliance française, est pour nous un pôle très actif de diffusion de notre langue, de notre culture, de notre cinéma au moment du festival notamment. J’en profite pour saluer le dynamisme de notre consul honoraire à Busan, Monsieur KIM Hyung-soo, (qui n’a malheureusement pas pu nous rejoindre aujourd’hui) qui ne ménage pas ses efforts non plus.
Mais c’est aussi en saluant la dynamique associative à l’oeuvre parmi la communauté française, en Corée en général, et particulièrement ici à Geoje, que je souhaite conclure mes propos. Les associations sont un relai de convivialité et d’entraide au quotidien parmi les Français expatriés, pour échanger des informations très pratiques et parfois très locales, profiter de l’expérience de ceux qui sont arrivés depuis plus longtemps, et pour faire vivre entre vous la fraternité qui est au coeur de la devise de notre République.
Source http://www.helene-conway.com, le 30 juillet 2013