Texte intégral
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Bienvenue Marisol TOURAINE, bonjour.
MARISOL TOURAINE
Bonjour Jean-Pierre ELKABBACH.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
LE PARISIEN révèle que des logiciels de prescriptions médicales dysfonctionnent, en ce moment, de plus en plus souvent. Ils mettraient des patients en danger. Je pense que vous êtes informée, quest-ce que vous décidez ?
MARISOL TOURAINE
Si des logiciels dysfonctionnent, ils seront évidemment retirés, il nest pas acceptable que la vie de patients, ou lavenir des patients, soit mis en danger pour cette raison. Cela dit, je veux quand même rappeler quune prescription cela reste un acte individuel et que le logiciel daide à la prescription ne peut pas se substituer à la prescription personnalisée, individualisée, par le médecin, et je ne voudrais pas quà travers cette affaire on jette une fois de plus un soupçon généralisé sur la manière dont les Français, les patients, sont accueillis dans les hôpitaux, où un travail très remarquable se fait.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Mais vous réclamez plus de vigilance et de présence de la part des médecins ?
MARISOL TOURAINE
Il va falloir regarder très précisément ce qui a pu se passer dans le cas identifié aujourdhui, mais en tout cas si des logiciels ont dysfonctionné, ils seront retirés, cela ne fait aucun doute.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
On dit que la certification de ces logiciels est prévue pour 2015, est-ce que vous allez agir pour, peut-être, quelle soit avancée, pour plus de sécurité ?
MARISOL TOURAINE
Les logiciels qui fonctionnent seront évidemment maintenus, sil y a des dysfonctionnements identifiés, les logiciels seront retirés, car cela nest pas évidemment acceptable que de mauvais logiciels fonctionnent dans les hôpitaux.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Donc vous lancez ce matin une enquête ?
MARISOL TOURAINE
On va voir comment les choses peuvent être et si une enquête est nécessaire, elle sera évidemment lancée.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Il ne sagit pas de mettre en doute, évidemment, les nouvelles technologies, si utiles en matière médicale, on a toujours besoin
MARISOL TOURAINE
Non seulement il ne sagit pas de mettre en doute les nouvelles technologies médicales, mais il sagit de dire que cest une incitation supplémentaire pour que nous allions vers la mise en place de dossiers médicaux personnalisés. Il faut quun patient, qui arrive à lhôpital, puisse avoir un dossier, qui a été constitué par son médecin traitant, et quon ne refasse pas les examens à linfini, cest la meilleure façon de bien suivre et de bien soigner les malades.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Par le médecin, et pas seulement par la machine.
MARISOL TOURAINE
Exactement.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Jean-Marc AYRAULT, plan numéro 2, il promet 12 milliards deuros pour les investissements dans les 12 ans à venir, la santé cette fois-ci va recevoir 400 millions, cest la portion congrue ça !
MARISOL TOURAINE
Un premier plan a déjà été lancé, qui a fait de la santé un enjeu majeur. 45 milliards, au cours des 10 prochaines années, vont être investis dans les hôpitaux pour créer des hôpitaux davenir, des plateaux techniques modernes, pour sécuriser les hôpitaux qui aujourdhui ne le sont pas, et faire en sorte que
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Eviter les dysfonctionnements des logiciels
MARISOL TOURAINE
Oui, pas simplement ça, et faire en sorte quil y ait aussi de meilleures conditions de travail pour le personnel. Mais vous avez raison de souligner quà côté de cela un investissement numérique, de 80 millions deuros, est annoncé, précisément pour faire en sorte que tout ce qui est informatique, tout ce qui est communication, soit amélioré dans les hôpitaux, et il y a quelques jours nous avons réuni le comité de filière des industries de santé pour marquer la volonté que cette filière soit considérée comme une filière davenir.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Mais vous dites, Marisol TOURAINE, il faut redéployer les moyens, il faut économiser, il faut être attentif aux dépenses.
MARISOL TOURAINE
Il faut être plus efficace, bien entendu. Mais vous savez, il y a un rapport qui vient dêtre publié
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Justement, le rapport annuel de lAssurance Maladie demande au gouvernement déconomiser, lan prochain, 2,5 milliards sur les dépenses de santé. Alors là, quelles économies vous prévoyez, ou vous demandez ?
MARISOL TOURAINE
Jean-Pierre ELKABBACH, en 2013, lannée dernière, pour cette année, 2,4 milliards ont été économisés, et sans que cela se traduise par la moindre diminution de prise en charge pour les Français.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Donc ça continue.
MARISOL TOURAINE
Donc nous allons engager le même travail, la loi de financement de la Sécurité Sociale est actuellement en préparation, je veux rappeler que lannée dernière ces économies, enfin cette année, ces économies sont tenues, le comité dalerte a constaté que nous faisions même mieux que ce que nous avions annoncé en termes déconomies, et dans le même temps des droits renforcés pour les femmes en matière de contraception, des hôpitaux qui ont reçu des investissements, la volonté daméliorer la prise en charge des personnes âgées. Donc, on ne peut pas dire quavec le gouvernement actuel économies rime avec austérité, je veux insister sur ce point, parce quavec la droite on faisait des économies sur le dos des patients, aujourdhui nous le faisons pour faire en sorte que les patients soient mieux soignés et mieux traités.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Quel déficit vous prévoyez à la fin de lannée pour la Sécurité Sociale ?
MARISOL TOURAINE
Globalement parlant, c'est-à-dire Sécurité Sociale + fonds de solidarité vieillesse, comme lannée dernière, autour de 17,5 milliards. Malheureusement, la dégradation de la conjoncture économique fait que malgré les économies plus importantes que ce qui ont été
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Et il y aura un déficit plus important.
MARISOL TOURAINE
Non, il sera stabilisé par rapport à lannée précédente.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Et la Cour des comptes va faire son rapport en septembre.
MARISOL TOURAINE
Non non, jinsiste. Lannée dernière le déficit a été diminué de plus de 3 milliards, 3,5 milliards, cette année le déficit sera stabilisé, il ne diminuera pas, puisque les recettes sont moins importantes que ce qui était attendu, mais les économies, le plan déconomies, lui, il est parfaitement tenu.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Des économies vous sont suggérées, par exemple pas de nuit à lhôpital pour les 700 à 800 000 opérations annuelles de la cataracte. Vous dites oui, non ?
MARISOL TOURAINE
Nous allons regarder cela. Le développement de la chirurgie ambulatoire, c'est-à-dire le fait de ne pas rester à lhôpital la nuit, est évidemment une orientation tout à fait importante, que nous avons déjà relancée cette année. Nous devons poursuivre les économies en matière de consommation de médicaments, parce que même si des efforts ont été réalisés
JEAN-PIERRE ELKABBACH
48 boîtes de médicaments par français.
MARISOL TOURAINE
Oui, pour la première fois cette année on consomme moins, en valeur, de médicaments, c'est-à-dire quon dépense moins en médicaments, que les années précédentes, pour autant la France reste dans le peloton de tête
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Mais vous dites cest trop.
MARISOL TOURAINE
Cest trop, ça reste trop, par rapport à certains pays voisins.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Il est conseillé de faire des économies sur les biologistes, les radiologues, utiliser
MARISOL TOURAINE
Tout cela va faire lobjet du travail des prochaines semaines.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Utiliser la voiture personnelle plutôt que lambulance, qui est excessive, etc.
MARISOL TOURAINE
Le contenu du projet de loi sera annoncé à la fin du mois de septembre.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
De toute façon les frais de santé vont augmenter, est-ce quil faudra accorder plus de place aux mutuelles, aux assurances, et sy faire ?
MARISOL TOURAINE
Les organismes complémentaires ont un rôle à jouer, mais lAssurance Maladie doit être le socle de notre système de santé, et moi je veux garantir, à chaque Français, quil sera bien soigné et bien pris en charge grâce à lAssurance Maladie.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Politique. Est-ce que le président de la République va parler le 14 juillet ?
MARISOL TOURAINE
Lintervention du 14 juillet, qui est le jour de la Fête nationale, est devenue un moment rituel de la relation particulière qui unit le président avec les Français. Le contenu de cette intervention, la forme de cette intervention, elle dépend évidemment du président de la République, moi je crois que cela fait partie des moments de rencontre privilégiés entre le président et les Français.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Donc vous souhaitez quil parle ?
MARISOL TOURAINE
Moi je pense que ça fait partie des rencontres habituelles, et auxquelles les Français sattendent.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Donc il va parler ?
MARISOL TOURAINE
Je ne sais pas sil parlera, cest de sa responsabilité, je constate simplement que cest devenu, au fond, le moment où le président sexprime, dune façon qui lui appartient de déterminer, aux Français.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
La politique. La gauche du PS se bat pour obtenir le report de la réforme des retraites après les élections européennes et municipales, est-ce que vous leur accorderez ce report ?
MARISOL TOURAINE
Je commence demain à recevoir, à un rythme intensif, lensemble des organisations syndicales et patronales, pour définir ce que peut être le contenu de cette réforme, ce rythme intensif va se poursuivre tout au long de lété, ce qui nous permettra de présenter un projet de loi au début du mois de septembre, comme prévu. La réforme des retraites est nécessaire, elle est nécessaire parce quil y va de la confiance des Français dans lavenir de nos retraites.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Donc vous dites à laile gauche du PS, la réforme des retraites aura lieu dans le calendrier prévu ?
MARISOL TOURAINE
Hier le Parti socialiste a débattu dun texte sur lavenir des retraites, personne ne sest opposé à ce texte, et je constate quil y a un accord très général pour dire quil y a un déficit, auquel nous devons faire face, si nous voulons rendre confiance aux Français dans leur système de retraite. Mais je le dis, ça ne doit pas être considéré comme une réforme anxiogène, cest une réforme davenir, pour conforter la confiance des Français dans les retraites.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Eh bien faites-là dans ces conditions. Dernière question Marisol TOURAINE. Finalement, pour le Furosémide, est-ce que vous confirmez que cétait la maladresse dun couple âgé qui a mélangé les médicaments ?
MARISOL TOURAINE
Cest sans doute une maladresse individuelle, moi je veux rappeler que nous devons maintenir notre confiance dans les médicaments génériques, et je crois que lentreprise a pris les bonnes démarches pour rassurer les patients en faisant en sorte de retirer les lots, disons litigieux, du marché, cest une démarche lourde de conséquences, mais cest une démarche de précaution nécessaire.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Plus de peur que de mal.
MARISOL TOURAINE
Cest une bonne chose.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 23 juillet 2013