Entretien de M. Laurent Fabius, ministre des affaires étrangères, avec France Info le 13 août 2013, sur l'élection présidentielle et l'intervention militaire française au Mali.

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Média : France Info

Texte intégral


Le président de la République s'est entretenu au téléphone avec le président sortant, M.Traoré, ainsi qu'avec le nouveau président élu, M. Keita. J'ai moi-même eu un contact avec mon collègue et ami M. Coulibaly, ministre des affaires étrangères.
Les choses se sont passées d'une façon formidable, bien que beaucoup de difficultés restent à régler. Il convient notamment de relever le pays, d'assurer son unité, opérer un dialogue avec le Nord, et assurer le développement économique.
La France était aux côtés du Mali dans les moments difficiles, elle le restera au moment du redressement.
Q - Pour la France, c'est un engagement à long terme ? En matière de développement, de sécurité...
R - Oui, bien sûr. Pas seulement d'ailleurs en ce qui concerne le Mali mais pour l'ensemble de la zone du Sahel.
Q - Il était prévu que 1.000 soldats français restent à la fin de l'année au Mali. On reste dans cet étiage ?
R - Oui. Mais il faut être en même temps très pragmatique. Nous allons demeurer avec, évidemment, un nombre d'hommes beaucoup plus restreint parce que, d'une part, dans la région nous avons une certaine présence, et que nous voulons absolument éviter qu'il y ait un retour de groupes terroristes.
Q - N'avez-vous pas peur, la présence française restant dans le temps, que finalement on vous accuse de vouloir interférer (la France) dans la politique malienne, de vouloir contrôler cette politique malienne ?
R - Nous nous en garderons bien.
Quand nous sommes intervenus militairement, on nous a assuré : «vous n'y arriverez pas, c'est imprudent». Ensuite, on nous a dit : «vous êtes trop présents». Après, il y a eu les élections et on nous a dit cette fois que la date n'était pas la bonne.
Mais, dès le début, nous avions fait un relevé de toutes les erreurs à éviter, en insistant toujours sur l'essentiel : c'est au peuple malien et aux autorités maliennes de prendre leurs décisions. C'est ainsi, je crois, que l'on peut avoir une pratique démocratique sur le plan national et être utile sur le plan international.
S'agissant du risque que vous évoquez, nous n'y céderons donc pas.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 20 août 2013