Texte intégral
Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs,
Mesdames et Messieurs,
Chers Amis,
Je suis heureux d'ouvrir notre traditionnelle conférence des ambassadeurs et de vous y accueillir. Toute cette année, j'ai pu mesurer avec mes collègues qui siègent à mes côtés, l'ampleur de votre engagement, la qualité de votre travail et l'importance du résultat obtenu.
Depuis notre précédente réunion il y a un an, les sujets à traiter n'ont pas manqué. Il y a les crises, il y a eu le Mali, il y a la Syrie, l'Égypte, d'autres, des transitions arabes, les otages. Il y a nos priorités d'ensemble à mettre en oeuvre, la diplomatie économique, une nouvelle politique des visas, l'adaptation de notre réseau notamment.
Je veux, sur tous ces sujets, m'adressant aux ambassadeurs, saluer votre efficacité, votre professionnalisme, celui de tous vos collaborateurs, et un mot que l'on ne prononce peut-être pas souvent mais qui est particulièrement mérité, votre courage. Je pense particulièrement à toutes celles et à tous ceux qui ont dû faire face physiquement à ce qu'il est convenu d'appeler les risques du métier. Et je veux vous dire pour tout cela, au nom du président de la République et du gouvernement, merci. Je vous le dirai beaucoup plus longuement dans le vrai discours que je prononcerai à la fin de cette conférence, demain en fin d'après-midi puisque malheureusement, mes collègues et moi-même devront vous quitter dans quelques minutes : conseil des ministres, conseil de défense, je n'ai pas besoin d'insister sur l'actualité.
L'an dernier, j'avais placé notre conférence sous le signe de la diplomatie économique. Il s'agissait de mobiliser l'ensemble de notre réseau au service de la priorité numéro un de notre pays, le redressement économique. Des résultats importants ont été obtenus et je salue l'engagement de tous. Nous en tirerons un premier bilan lors d'une réunion plénière cet après-midi et nous envisagerons les nouvelles actions à engager car cette priorité économique évidemment demeure.
Cette année, le thème général que j'ai choisi est «La France, puissance d'influence». L'objectif, c'est de fixer un cap pour notre diplomatie dans le cadre d'un exercice gouvernemental plus large qui se situe à horizon de dix ans. Précisément, ce terme de puissance d'influence ou de puissance repère, que le président de la République a utilisé à juste titre hier résume bien la singularité de la France. Nous sommes sans doute moins grands que d'autres mais nous disposons dans de très nombreux domaines d'une capacité de peser bien supérieure à ce qui se déduirait mécaniquement de notre seul poids économique, culturel ou militaire. Notre objectif doit être de préserver et de renforcer cette influence pour maintenir notre capacité à affirmer nos intérêts et nos valeurs. Dans cette perspective, le président de la République hier, le Premier ministre ce soir, ont donné et donneront des indications sur l'analyse d'ensemble et la feuille de route du gouvernement. Pour ma part, comme je vous l'indiquais, il y a un instant, j'y reviendrai en conclusion.
J'attends avec mes collègues ministres de ces deux journées qu'elles permettent de fixer dans tous les domaines, les priorités qui doivent être les nôtres, pour que dans un monde bouleversé où les pays émergents auront, à l'horizon de dix ans, pris un poids encore plus important, la France continue d'être un acteur global dont la parole est respectée et une puissance économique attractive, une puissance dont la culture est admirée et dont la langue est parlée sur tous les continents. Bref, un pays qui compte et qui aura su tirer parti des possibilités offertes par la recomposition du monde.
Comme vous, je suis en effet convaincu que grâce à ses atouts, à condition bien sûr que les choix soient pertinents, la France possède toutes ses chances.
La première séance plénière est consacrée à l'influence de la France face aux changements du monde et aux nouveaux rapports de force. Elle va présenter le cadre général de l'analyse avec des éclairages sur la nouvelle géographie de la puissance, sur l'affirmation de l'Europe et sur notre insertion dans la mondialisation économique et je remercie beaucoup celles et ceux qui ont bien voulu être nos invités.
Sur cette base, le programme se déploiera ensuite autour de quatre lignes directrices. D'abord les crises, car elles sont l'urgence. Crise au Moyen-Orient, Syrie, Égypte, Iran et plus globalement, ce qu'il est convenu d'appeler les printemps arabes. Le Sahel aussi en y incluant la Libye. Sur ces deux théâtres, la France agit pour essayer de trouver des solutions. Nous sommes en bonne voie au Mali mais se pose la question de la sécurité et de la stabilité de l'ensemble de la région. Face au drame syrien, face, dans un autre contexte, à la crise égyptienne, face au nucléaire iranien, nous devrons continuer nos efforts. Ces réunions seront l'occasion d'envisager notre action pour l'année qui vient. Nous devrons à cette fin agir avec l'Europe, ce qui sera le thème de la dernière séance plénière au cours de laquelle je recevrai mes collègues italien et polonais, Mme Bonino et M. Sikorski.
Par ailleurs, une part importante de notre conférence sera consacrée à la diplomatie économique. Ce n'est pas parce qu'il y a une conférence des ambassadeurs chaque année que l'on doit changer les priorités chaque année. L'économie est le socle de notre influence et on ne peut traiter l'un sans l'autre. Outre la séance plénière de cet après-midi, plusieurs réunions aborderont des sujets spécifiques, la francophonie économique, enjeu majeur et souvent méconnu, le tourisme qualifié hier opportunément par le président de la République de grande cause nationale. Je souhaite en effet, que notre réseau se mobilise davantage afin de contribuer au développement du tourisme en France. C'est un gisement énorme d'emplois non délocalisables et de revenus. En effet, comme il a été dit hier, si la France est la première destination touristique mondiale, elle n'est pas du tout la première puissance en termes de recettes. Comparons-nous avec l'Espagne : nous avons 30 % de touristes en plus et 30 % de recettes en moins.
Alors j'ai souhaité mettre en avant deux secteurs exportateurs importants pour l'avenir. Le secteur énergétique : avantages comparatifs indéniables pour notre pays alors que les enjeux du développement durable se posent partout et que nous devons construire dans les prochaines années un nouveau modèle énergétique. Les secteurs agro-alimentaires sont un autre domaine d'excellence que nous devons porter encore davantage à l'exportation.
Le troisième thème directeur sera les défis de l'influence. Ce matin, la deuxième séance plénière sera consacrée aux projets que nous proposons à l'Europe et pour l'Europe, fondés sur une stratégie de croissance équilibrée et sur l'intégration solidaire. Nous devons mettre tout notre poids pour que le modèle que nous proposons soit au coeur du débat européen qui va s'amplifier compte tenu des échéances électorales, du renouvellement du parlement européen et de la commission l'an prochain.
Demain, nous aborderons en plénière un des grands piliers de notre influence, la culture. Celle-ci est évidemment une de nos forces mais dans un contexte où la concurrence pour l'influence va s'exacerber, nous devons adapter notre stratégie culturelle à cette réalité nouvelle.
Pour ce qui est des réunions thématiques seront abordées aujourd'hui, la question des Français à l'étranger et la diplomatie que j'appelle des territoires. C'est un aspect moins connu de notre diplomatie démultipliée qui doit être davantage valorisée. Cet après-midi, nous allons parler de l'avenir de la politique de développement, engagement majeur de la France, quatrième bailleur mondial qui contribue et doit contribuer encore davantage à notre influence.
Demain, nous parlerons de la préparation de la conférence de Paris sur le climat en 2015. Cette conférence qui semble lointaine mais que nous commençons à préparer dès maintenant, permettra à la France de s'affirmer comme moteur de la lutte contre le réchauffement climatique et d'asseoir son statut de puissance engagée et responsable face aux enjeux environnementaux. Vous aurez, Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs, à vous mobiliser fortement sur cette échéance qui semble lointaine, décembre 2015, mais qui commence dès maintenant - si nous voulons arriver, ce qui ne sera pas facile - à un succès. À nous de tout faire pour que cette conférence soit positive.
Enfin et c'est bien normal, plusieurs réunions seront consacrées à l'adaptation de notre maison. La première plénière de demain va aborder le sujet de façon générale, une réunion traitera de la sécurité de nos implantations et de nos ressortissants, questions également liées à la géographie des crises et des conflits.
Avant de vous rejoindre pour ouvrir formellement notre conférence, j'ai présidé une réunion consacrée à la place des femmes dans notre ministère, place qui après une année a déjà permis d'importantes avancées et qui doit être encore accrue.
J'ai lancé, c'est toujours dangereux, une plaisanterie que je renouvelle devant vous parce qu'il y a beaucoup plus d'hommes que dans la séance précédente. Ayant au cours des années dû défendre à l'Assemblée nationale et au Sénat un texte sur la parité et ne trouvant pas auprès des parlementaires hommes un grand enthousiasme, je leur avais dit à l'époque : «Messieurs, il faut voter pour la parité, cela vous défendra plus tard».
Je pense que cela devient de plus en plus vrai et je m'en réjouis.
La première plénière sera donc une adaptation générale, sécurité des ressortissants et des implantations, la place des femmes.
À côté de notre conférence «in» - pour insuffler un air avignonnais - le programme «off» avec des réunions géographiques et thématiques sur des sujets plus précis, les exportations d'armement, la criminalité organisée, les indications de la diplomatie économique, la Corée du nord, la préparation du prochain sommet Afrique-France, l'élargissement de l'Union européenne, le partenariat oriental et d'autres encore. Des réunions «off» permettront également de compléter le traitement de la diplomatie d'influence de la France sur un certain nombre de sujets qui n'auront pas pu être abordés dans la conférence «in», je pense à un point important qui est la stratégie sportive internationale pour les pays qui sont passionnés de judo, je pense que la présence de M. Teddy Riner est aussi importante que d'autres présences auxquelles nous sommes plus accoutumées, ainsi que la coopération outremer.
Enfin, je souligne une innovation, vendredi, avec ceux d'entre vous qui sont disponibles et qui sont plus particulièrement concernés par le sujet, je me rendrai à Toulouse pour une visite des usines Airbus et pour avoir des échanges avec la direction de cette magnifique entreprise. Cela nous permettra, sous le regard des médias, de resserrer notre relation étroite de travail avec Airbus et d'amplifier notre action pour la performance à l'exportation de notre magnifique avionneur puisqu'il y aura des ambassadeurs français et des ambassadeurs des pays dont j'ai compris qu'ils pouvaient être clients en France.
Mesdames et Messieurs, Chers Amis, ces journées permettront ainsi d'aborder l'ensemble de vos activités, de recueillir vos analyses et de vous donner un cap.
Ce que j'ai appris des journées analogues de l'an dernier, c'est qu'il y a, au-delà de toutes les nourritures intellectuelles, une atmosphère qui se crée, des échanges qui ont lieu et j'ai tout lieu de penser que, comme l'an dernier, ce sera un grand succès. Ce sont deux journées chargées, à l'image de l'année à venir, marquée en outre en décembre par un conseil européen important consacré à la relance de l'Europe de la défense. En décembre également, se tiendra la réunion du sommet Afrique-France sur la sécurité et notre action décidée face aux crises qui menacent la stabilité du monde. Il faudra du travail, de la détermination, de l'audace et je sais qu'aucune et aucun d'entre vous n'en manque. Je tiens, pour finir, à remercier chaleureusement tous les participants, particulièrement les personnalités extérieures qui nous font l'honneur et la gentillesse d'apporter leur contribution à nos travaux.
Je vous propose, réservant l'essentiel de mon discours pour demain soir, d'ouvrir sans plus tarder, la première séance plénière.
Je vous souhaite donc, Mesdames et Messieurs, une excellente conférence 2013.
Merci beaucoup.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 29 août 2013