Texte intégral
MAXIME SWITEK
Ce matin je reçois donc le ministre délégué chargé de lEconomie sociale et solidaire, et de la Consommation. Bonjour Benoît HAMON.
BENOIT HAMON
Bonjour.
MAXIME SWITEK
Est-ce que vous pourriez participer à un gouvernement dont Manuel VALLS serait le Premier ministre ?
BENOIT HAMON
La question ne se pose pas, donc il ne faut pas envisager un gouvernement après Jean-Marc AYRAULT. Pour linstant il y a le gouvernement de Jean-Marc AYRAULT, qui est mobilisé sur des sujets importants, le chômage notamment, lemploi, on a un rebond de croissance, ça justifie dautant plus, ce qui avait été lengagement du président de la République, dinverser la courbe du chômage à la fin de lannée. Il y a beaucoup de gens qui ne croient plus en la parole politique, mais on démontre quà force defforts, de politiques ciblées, intelligentes, on est en capacité de retourner une conjoncture économique qui nétait pas bonne, et cest une bonne nouvelle, à la rentrée, et dinverser la courbe du chômage.
MAXIME SWITEK
On va reparler du chômage et de la croissance, mais vous dites la question de Manuel VALLS ne se pose pas, sauf que visiblement, pour certains ministres elle se pose. Pascal CANFIN, votre collègue chargé du développement, dit « moi, si Manuel VALLS était Premier ministre, je ne serais pas dans ce gouvernement. »
BENOIT HAMON
Mais moi je pense quil faut sortir de la politique fiction, être dans la réalité, la réalité aujourdhui cest quil y a un Premier ministre, Jean-Marc AYRAULT, et que cest autour de lui quon travaille.
MAXIME SWITEK
Mais la réalité cest aussi que visiblement, dans ce gouvernement, il y a des désaccords. On voit les critiques des ministres Verts, Pascal CANFIN, Cécile DUFLOT, les Verts qui se réunissent dailleurs pour leurs journées dété à partir daujourdhui à Marseille. Vu le désaccord quaffichent les ministres Verts avec un membre important du gouvernement, est-ce quils peuvent rester dans ce gouvernement ?
BENOIT HAMON
Ils ont exprimé un désaccord sur quoi ? Sur la question du regroupement familial et ce qui pourrait être une révision du regroupement familial. Le président de la République a dit hier que le débat nétait pas ouvert, donc quil était clos, en quelque sorte, et donc il ny a plus à avoir de raison de sinquiéter sur ce qui pourrait être la participation des écologistes à un gouvernement, puisque ce sujet nest pas un sujet ouvert et que le président de la République a considéré quil y avait dautres priorités, en cette rentrée, que de parler dune mesure qui concerne 16 000 personnes par an et qui, pour le regroupement familial, est couvert par la Convention européenne des droits de lhomme, qui oblige tous les pays à faire en sorte que lon puisse vivre avec sa famille. Donc ce nest pas un sujet politique pour la rentrée, et moi je veux dire à tous mes amis quil faut quon se concentre sur lessentiel, et lessentiel cest lemploi, le pouvoir dachat, et pas douvrir des débats qui sont des débats, pour le coup, qui intéressent sans doute ceux qui préfèrent parler de lécume des vagues que de lessentiel.
MAXIME SWITEK
La relance, la croissance, on y vient. Comment est-ce que vous pouvez faire, vous, ministre délégué à la Consommation notamment, pour soutenir cette consommation et soutenir la croissance ?
BENOIT HAMON
Il y a une série de mesures quon peut prendre, notamment pour faire en sorte que les prix baissent. On en prend une très importante, qui me vaut dailleurs dêtre critiqué par les compagnies dassurance, on va permettre aux Français de résilier, quand ils le souhaitent, leurs assurances obligatoires, au terme de la première année. Aujourdhui, quand vous assurez votre véhicule, quand vous assurez votre logement, vous ne pouvez pas résilier quand vous le souhaitez votre assurance. On veut remettre de la fluidité sur ce marché-là
MAXIME SWITEK
Ça, ce sera à partir de quand ?
BENOIT HAMON
A partir de la loi, qui a déjà été votée à lAssemblée nationale, qui vient au Sénat, jespère que ça va maintenant être adopté assez vite. Pourquoi ? parce que cest quand même 5% des dépenses des ménages qui sont sur leurs assurances obligatoires, et on sest rendu compte quil y avait une forme dasymétrie entre le fait quun assureur peut se séparer de vous quand il le souhaite, mais vous, vous ne pouvez pas changer de contrat dassurance comme vous le souhaitez, donc on va mettre de la fluidité sur ce marché, de façon à faire baisser les prix et contribuer ainsi à améliorer le pouvoir dachat. Mais il y a une multitude de mesures. Et je nen retiendrais quune autre, dun mot, le fait que demain les consommateurs français, grâce à la loi que nous allons adopter définitivement, puissent se retourner contre les grands groupes grâce à ce quon appelle « laction de groupe. » Quand vous êtes victime dun litige de consommation, que tout seul, face à un grand groupe, vous nobtenez jamais satisfaction, demain, grâce à laction de groupe, les associations de consommateurs sempareront de ces dossiers-là et vous serez indemnisé du préjudice que vous avez subi. Ça nexistait pas en France, cela va être permis grâce à la loi que je défends devant le Parlement, et ça va redonner, très concrètement, du pouvoir dachat, redistribuer une forme de rente économique quavaient constituée certains grands groupes, au détriment de vous consommateurs.
MAXIME SWITEK
Alors, vous parlez de pouvoir dachat, vous parlez de baisse des prix, sauf que, sauf que, la TVA va augmenter, ça on le sait déjà, la CSG sans doute aussi, le pouvoir dachat, mécaniquement, va baisser.
BENOIT HAMON
Oui, mais observez, la rentrée scolaire, la Répression des fraudes vient de faire une enquête, pour montrer quoi, que
MAXIME SWITEK
Les prix sont fixes.
BENOIT HAMON
Oui, mais que ça va, pour une bonne partie des dépenses, être en dessous de linflation, alors quon a revalorisé lallocation de rentrée scolaire une fois nouvelle. Donc, on voit bien quil y a, aujourdhui, des gains de pouvoir dachat qui sont réalisés. Cependant, vous évoquez laugmentation de la TVA
MAXIME SWITEK
A partir du 1er janvier prochain.
BENOIT HAMON
Elle est directement liée au financement, et je le rappelle à monsieur GATTAZ, qui va lui aussi faire ses universités dété, au financement du crédit dimpôt
MAXIME SWITEK
Le patron du MEDEF.
BENOIT HAMON
Oui, qui permet daméliorer la compétitivité de nos entreprises. Cette mesure elle est destinée à faire de lemploi, et la priorité, quon lentende bien, du gouvernement, cest de sortir de cette ornière dans laquelle est la France depuis maintenant des années et des années, qui est celle dun chômage de masse. nous voulons renouer avec lobjectif du plein emploi, c'est-à-dire quil faut faire des efforts, et faire des efforts en arbitrant toujours en faveur des mesures les plus favorables à lemploi, doù la nécessité, aujourdhui, de soutenir la compétitivité de nos entreprises, doù la nécessité de financer des programmes comme les emplois davenir, il y a déjà 50 000 jeunes qui ont retrouvé, qui ont trouvé, un emploi grâce aux programmes demplois davenir, il y en aura 50 000 supplémentaires dici la fin de lannée. Nos priorités sont là-dessus, et ça tombe bien, il y a un rebond de croissance que personne nespérait. Au passage, je veux juste le dire, les experts qui se sont encore trompés sur ce qui allait se passer en France.
MAXIME SWITEK
Mais justement, avec cette hausse de la TVA, et peut-être de la CSG à venir, sans doute, est-ce quon ne va pas tuer un des vecteurs de croissance ?
BENOIT HAMON
Nous ne croyons pas, nous essayons de trouver un équilibre entre dune part le niveau des prélèvements obligatoires, la réduction de la dépense publique, elle a un coût, parce que cest aussi parfois un service public quil faut réorganiser, des fonctionnaires qui sinquiètent sur les conditions dans lesquelles ils exercent leurs missions, et la croissance. et si nous navions pas obtenu, je veux juste le rappeler, ce que navaient jamais obtenu nos prédécesseurs, la réorientation des politiques européennes auprès de Bruxelles, le fait de retarder, pour la France, la date à partir de laquelle nous serons obligés darriver à 3% de déficit public, si nous navions pas obtenu, par le rapport de force politique, par lexercice dun leadership politique par François HOLLANDE, au niveau européen, ce changement des politiques européennes, nous nen serions pas là. La croissance que nous retrouvons, linversion de la courbe du chômage, elles ne procèdent pas juste du miracle économique extérieur à léconomie française, elles procèdent aussi de choix politiques réalisés depuis 1 an.
MAXIME SWITEK
Encore un mot des prix. Vous lavez peut-être entendu tout à lheure dans le journal de 8H00, une étude de lassociation de consommateurs CLCV dénonce le manque de transparence des auto-écoles en matière de tarifs et elle met en lumière des disparités énormes entre les régions. A Paris le permis peut coûter jusquà 1425 euros, cest 2 fois plus cher quà Lille. Clairement, les auto-écoles, certaines auto-écoles, abusent, quest-ce que vous pouvez faire, vous ministre ?
BENOIT HAMON
Regarder ça de près, et je peux vous assurer quon va regarder ça de près. Nous étions concentrés sur les vacances des Français, les restaurants, les équipements de loisirs, les hôtels, les loisirs sportifs, pendant lété, avec la Répression des fraudes, cest la rentrée, cette question des conditions dans lesquelles on paye son permis de conduire, et aujourdhui, pour pouvoir être mobile, pour pouvoir avoir un emploi, il faut souvent avoir le permis de conduire, nous allons regarder ça de près, et moi je salue le travail du mouvement consumériste et des organisations de consommateurs, parce quelles aident beaucoup la Direction Générale de la Consommation, de la Concurrence et de la Répression des fraudes, mon administration, à faire en sorte de lutter contre ces pratiques commerciales trompeuses parfois, ces défauts détiquetage, ces défauts dinformation
MAXIME SWITEK
Mais ça veut dire que, là ce matin, vous allez passer la consigne, à vos troupes, daller vérifier ça sur le terrain ?
BENOIT HAMON
Très concrètement, moi je vais me saisir de cette alerte de la CLCV pour demander à la Répression des fraudes de faire la lumière sur ce qui se passe dans les écoles de conduite, oui.
MAXIME SWITEK
Benoît HAMON, je reviens à la politique. Est-ce que vous avez lu lEXPRESS hier ?
BENOIT HAMON
Oui, ah oui !...
MAXIME SWITEK
LEXPRESS vous surnomme « le planqué », sous-entendu on ne vous entend plus beaucoup depuis que vous êtes au gouvernement, comme si vous attendiez une promotion en cas de remaniement. « Le planqué », comment vous réagissez ?
BENOIT HAMON
Je pense quil y a des fois il ne faut pas trop parler. Je vous le dis, je le dis aussi, cest valable pas que pour moi, mais il y a des domaines dans lesquels le ministère de la parole ça ne sert pas à grand chose sauf à masquer limpuissance dans les faits, dans la réalité. Et on la vu sous Nicolas SARKOZY, qui était le spécialiste de la parole, et derrière les résultats ne suivaient pas. Et je pense quil y a des fois en faire un peu moins devant les caméras et un peu plus dans son bureau et sur le terrain, ce nest pas plus mal, et que ça déplaise à 1 journaliste sur 10, en même temps ça ne va pas me faire pleurer non plus.
MAXIME SWITEK
Mais est-ce que vous êtes daccord pour dire quon vous entend moins critiquer, par exemple, la politique de rigueur du gouvernement ?
BENOIT HAMON
Je suis membre de ce gouvernement.
MAXIME SWITEK
Mais ça a été un de vos chevaux de bataille avant dentrer dans le gouvernement, de critiquer la rigueur.
BENOIT HAMON
Ce qui ne mempêche pas dexprimer mon point de vue auprès du Premier ministre, du président de la République et de mes collègues, et je le fais, et un certain nombre de sujets ont obtenu des orientations économiques aussi en fonction de ce que jai pu exprimer, avec dautres, à lintérieur du gouvernement, et je parle notamment des questions européennes. Donc la question, pour moi, nest pas de savoir si je fais une rentrée fracassante en sortant des sujets que je mettrai dans le débat public juste pour exister, de manière à faire diversion du reste. Il y a besoin, aujourdhui, de cohésion, de solidarité, moi je suis entièrement mobilisé sur un sujet qui nest pas simple, cest de faire en sorte que, comme ministre économique, avec dautres, de ce gouvernement, la croissance soit bien au rendez-vous, que derrière cette croissance soit riche en emplois, que les emplois arrivent partout, notamment dans les territoires les plus en difficulté. On a un peu parlé des quartiers pendant lété, on a parlé de violence dans les quartiers, mais il ne faut jamais oublier que les problématiques des quartiers sont des problématiques demploi, ce sont des problématiques de pauvreté, des problématiques déducation, et que la responsabilité dun gouvernement de gauche cest dappréhender ces difficultés, ces inégalités, pas simplement sous langle de la sécurité, cest important mais ça ne résume pas les problèmes des quartiers, mais sous langle de lemploi, de léducation, cest une partie de mon boulot aussi, et moi je préfère être discret et efficace, que bruyant et inefficace.
MAXIME SWITEK
Mais je reviens à la rigueur Benoît HAMON, ça veut dire que là, luniversité dété du PS souvre à La Rochelle demain, on ne va pas vous entendre, on ne va pas vous entendre réclamer une nouvelle politique économique au gouvernement, une politique de relance par exemple ?
BENOIT HAMON
Mais, la politique de relance, aujourdhui, elle existe à travers des choix politiques qui, en tout cas, proposent un équilibre entre la réduction des déficits et la croissance. Vous allez mentendre, comme beaucoup dautres, sur des sujets qui sont des sujets sérieux. Moi je prépare une deuxième loi qui va permettre aux salariés de reprendre leur entreprise, ça énerve monsieur GATTAZ, alors que le MEDEF, il y a quelques années, se préoccupait de ces entreprises qui ferment alors quelles sont en bonne santé et quelles ne trouvent pas de repreneur. Et aujourdhui, dailleurs dans une forme de militantisme personnelle, il soppose à une mesure qui va faciliter les conditions dans lesquelles un chef dentreprise va proposer à ses salariés de reprendre ce quils connaissent le mieux, c'est-à-dire leur outil de travail. Eh bien moi je passe des
MAXIME SWITEK
Et on peut espérer gagner combien demplois avec ça ?
BENOIT HAMON
100 000 emplois
MAXIME SWITEK
100 000, par an ?
BENOIT HAMON
Mais pas simplement sur cette mesure-là, mais sur la loi sur léconomie sociale et solidaire, elle a été évaluée, il y a eu une étude dimpact qui dit quelle peut créer, dici la fin du quinquennat, 100 000 emplois. Moi je suis sur des sujets comme ceux-là, qui vont changer les règles du jeu, donner davantage de pouvoir aux salariés. Voilà des terrains sur lesquels la gauche change concrètement les conditions dans lesquelles on crée de la richesse. Toutes les entreprises ne seront pas dirigées par leurs salariés, mais quand parfois elles peuvent lêtre, et quand ça se traduit par des résultats économiques, du maintien de lemploi, il ne faut faire léconomie daucune solution. Eh bien ce gouvernement, sur lemploi, ne fera limpasse sur aucune solution, même si, idéologiquement, certains se crispent, et je peux comprendre quils se crispent parce quils ne partagent pas les mêmes orientations politiques que nous, mais je leur dis notre responsabilité politique cest daller chercher les emplois les uns après les autres, et nous ne relâcherons pas notre effort sur ce terrain.
MAXIME SWITEK
Est-ce que vous ressentez, comme Pierre MOSCOVICI, votre collègue au gouvernement, un ras-le-bol fiscal de la part des Français ?
BENOIT HAMON
Jentends, je vais dire, payer plus dimpôts
MAXIME SWITEK
Ce sont les mots du ministre.
BENOIT HAMON
Oui, oui, jai bien entendu ce qua dit Pierre MOSCOVICI, il y a des Français qui expriment une forme de fatigue à payer des impôts, surtout quand ils ont le sentiment que la succession de ces efforts ne se traduit pas par des résultats. Je veux rappeler que leffort nous lavons fait porter sur ceux qui nen payaient plus beaucoup alors quils étaient très riches, en alignant la fiscalité du capital sur celle du travail, en faisant en sorte que les ménages les plus riches payent, cest dabord sur eux que nous avons fait peser leffort fiscal.
MAXIME SWITEK
Mais là la TVA et la CSG ce sera pour tout le monde.
BENOIT HAMON
Je ne conteste pas ; et si demain cet arbitrage na pas été rendu, ça ne vous a pas échappé
MAXIME SWITEK
Cest vrai.
BENOIT HAMON
Sur la CSG il devait y avoir un arbitrage, ce serait pour équilibrer le système par répartition, jobserve que sur le sujet des retraites, ce sur quoi insiste aujourdhui beaucoup le Premier ministre et qui na jamais été fait, cest la question de la pénibilité. Trouvez-vous normal, aujourdhui, quun ouvrier, qui a eu un travail pénible toute sa vie, qui a cotisé pour pouvoir partir à la retraite, eh bien nait pas un bénéfice au moment de partir à la retraite alors quil va vivre beaucoup moins longtemps que tous les autres. Eh bien en réalité on a un système qui est si injuste que ce sont les ouvriers, qui payent, qui cotisent, pour la retraite de ceux qui vont vivre longtemps, qui sont qui ? Les cadres ou ceux qui nont pas eu de métier pénible. Eh bien il faut que sur les métiers pénibles, demain, un trimestre travaillé ça vaille plus quun trimestre cotisé, de façon à ce quon puisse permettre à ceux-là, qui ont eu une vie difficile, de pouvoir vivre plus longtemps à la retraite.
MAXIME SWITEK
Et ce sera lobjet de la réforme des retraites dont on va beaucoup, beaucoup reparler, dans les semaines qui viennent. Merci Benoît HAMON.
BENOIT HAMON
Merci à vous.
MAXIME SWITEK
Merci davoir accepté notre invitation.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 23 août 2013
Ce matin je reçois donc le ministre délégué chargé de lEconomie sociale et solidaire, et de la Consommation. Bonjour Benoît HAMON.
BENOIT HAMON
Bonjour.
MAXIME SWITEK
Est-ce que vous pourriez participer à un gouvernement dont Manuel VALLS serait le Premier ministre ?
BENOIT HAMON
La question ne se pose pas, donc il ne faut pas envisager un gouvernement après Jean-Marc AYRAULT. Pour linstant il y a le gouvernement de Jean-Marc AYRAULT, qui est mobilisé sur des sujets importants, le chômage notamment, lemploi, on a un rebond de croissance, ça justifie dautant plus, ce qui avait été lengagement du président de la République, dinverser la courbe du chômage à la fin de lannée. Il y a beaucoup de gens qui ne croient plus en la parole politique, mais on démontre quà force defforts, de politiques ciblées, intelligentes, on est en capacité de retourner une conjoncture économique qui nétait pas bonne, et cest une bonne nouvelle, à la rentrée, et dinverser la courbe du chômage.
MAXIME SWITEK
On va reparler du chômage et de la croissance, mais vous dites la question de Manuel VALLS ne se pose pas, sauf que visiblement, pour certains ministres elle se pose. Pascal CANFIN, votre collègue chargé du développement, dit « moi, si Manuel VALLS était Premier ministre, je ne serais pas dans ce gouvernement. »
BENOIT HAMON
Mais moi je pense quil faut sortir de la politique fiction, être dans la réalité, la réalité aujourdhui cest quil y a un Premier ministre, Jean-Marc AYRAULT, et que cest autour de lui quon travaille.
MAXIME SWITEK
Mais la réalité cest aussi que visiblement, dans ce gouvernement, il y a des désaccords. On voit les critiques des ministres Verts, Pascal CANFIN, Cécile DUFLOT, les Verts qui se réunissent dailleurs pour leurs journées dété à partir daujourdhui à Marseille. Vu le désaccord quaffichent les ministres Verts avec un membre important du gouvernement, est-ce quils peuvent rester dans ce gouvernement ?
BENOIT HAMON
Ils ont exprimé un désaccord sur quoi ? Sur la question du regroupement familial et ce qui pourrait être une révision du regroupement familial. Le président de la République a dit hier que le débat nétait pas ouvert, donc quil était clos, en quelque sorte, et donc il ny a plus à avoir de raison de sinquiéter sur ce qui pourrait être la participation des écologistes à un gouvernement, puisque ce sujet nest pas un sujet ouvert et que le président de la République a considéré quil y avait dautres priorités, en cette rentrée, que de parler dune mesure qui concerne 16 000 personnes par an et qui, pour le regroupement familial, est couvert par la Convention européenne des droits de lhomme, qui oblige tous les pays à faire en sorte que lon puisse vivre avec sa famille. Donc ce nest pas un sujet politique pour la rentrée, et moi je veux dire à tous mes amis quil faut quon se concentre sur lessentiel, et lessentiel cest lemploi, le pouvoir dachat, et pas douvrir des débats qui sont des débats, pour le coup, qui intéressent sans doute ceux qui préfèrent parler de lécume des vagues que de lessentiel.
MAXIME SWITEK
La relance, la croissance, on y vient. Comment est-ce que vous pouvez faire, vous, ministre délégué à la Consommation notamment, pour soutenir cette consommation et soutenir la croissance ?
BENOIT HAMON
Il y a une série de mesures quon peut prendre, notamment pour faire en sorte que les prix baissent. On en prend une très importante, qui me vaut dailleurs dêtre critiqué par les compagnies dassurance, on va permettre aux Français de résilier, quand ils le souhaitent, leurs assurances obligatoires, au terme de la première année. Aujourdhui, quand vous assurez votre véhicule, quand vous assurez votre logement, vous ne pouvez pas résilier quand vous le souhaitez votre assurance. On veut remettre de la fluidité sur ce marché-là
MAXIME SWITEK
Ça, ce sera à partir de quand ?
BENOIT HAMON
A partir de la loi, qui a déjà été votée à lAssemblée nationale, qui vient au Sénat, jespère que ça va maintenant être adopté assez vite. Pourquoi ? parce que cest quand même 5% des dépenses des ménages qui sont sur leurs assurances obligatoires, et on sest rendu compte quil y avait une forme dasymétrie entre le fait quun assureur peut se séparer de vous quand il le souhaite, mais vous, vous ne pouvez pas changer de contrat dassurance comme vous le souhaitez, donc on va mettre de la fluidité sur ce marché, de façon à faire baisser les prix et contribuer ainsi à améliorer le pouvoir dachat. Mais il y a une multitude de mesures. Et je nen retiendrais quune autre, dun mot, le fait que demain les consommateurs français, grâce à la loi que nous allons adopter définitivement, puissent se retourner contre les grands groupes grâce à ce quon appelle « laction de groupe. » Quand vous êtes victime dun litige de consommation, que tout seul, face à un grand groupe, vous nobtenez jamais satisfaction, demain, grâce à laction de groupe, les associations de consommateurs sempareront de ces dossiers-là et vous serez indemnisé du préjudice que vous avez subi. Ça nexistait pas en France, cela va être permis grâce à la loi que je défends devant le Parlement, et ça va redonner, très concrètement, du pouvoir dachat, redistribuer une forme de rente économique quavaient constituée certains grands groupes, au détriment de vous consommateurs.
MAXIME SWITEK
Alors, vous parlez de pouvoir dachat, vous parlez de baisse des prix, sauf que, sauf que, la TVA va augmenter, ça on le sait déjà, la CSG sans doute aussi, le pouvoir dachat, mécaniquement, va baisser.
BENOIT HAMON
Oui, mais observez, la rentrée scolaire, la Répression des fraudes vient de faire une enquête, pour montrer quoi, que
MAXIME SWITEK
Les prix sont fixes.
BENOIT HAMON
Oui, mais que ça va, pour une bonne partie des dépenses, être en dessous de linflation, alors quon a revalorisé lallocation de rentrée scolaire une fois nouvelle. Donc, on voit bien quil y a, aujourdhui, des gains de pouvoir dachat qui sont réalisés. Cependant, vous évoquez laugmentation de la TVA
MAXIME SWITEK
A partir du 1er janvier prochain.
BENOIT HAMON
Elle est directement liée au financement, et je le rappelle à monsieur GATTAZ, qui va lui aussi faire ses universités dété, au financement du crédit dimpôt
MAXIME SWITEK
Le patron du MEDEF.
BENOIT HAMON
Oui, qui permet daméliorer la compétitivité de nos entreprises. Cette mesure elle est destinée à faire de lemploi, et la priorité, quon lentende bien, du gouvernement, cest de sortir de cette ornière dans laquelle est la France depuis maintenant des années et des années, qui est celle dun chômage de masse. nous voulons renouer avec lobjectif du plein emploi, c'est-à-dire quil faut faire des efforts, et faire des efforts en arbitrant toujours en faveur des mesures les plus favorables à lemploi, doù la nécessité, aujourdhui, de soutenir la compétitivité de nos entreprises, doù la nécessité de financer des programmes comme les emplois davenir, il y a déjà 50 000 jeunes qui ont retrouvé, qui ont trouvé, un emploi grâce aux programmes demplois davenir, il y en aura 50 000 supplémentaires dici la fin de lannée. Nos priorités sont là-dessus, et ça tombe bien, il y a un rebond de croissance que personne nespérait. Au passage, je veux juste le dire, les experts qui se sont encore trompés sur ce qui allait se passer en France.
MAXIME SWITEK
Mais justement, avec cette hausse de la TVA, et peut-être de la CSG à venir, sans doute, est-ce quon ne va pas tuer un des vecteurs de croissance ?
BENOIT HAMON
Nous ne croyons pas, nous essayons de trouver un équilibre entre dune part le niveau des prélèvements obligatoires, la réduction de la dépense publique, elle a un coût, parce que cest aussi parfois un service public quil faut réorganiser, des fonctionnaires qui sinquiètent sur les conditions dans lesquelles ils exercent leurs missions, et la croissance. et si nous navions pas obtenu, je veux juste le rappeler, ce que navaient jamais obtenu nos prédécesseurs, la réorientation des politiques européennes auprès de Bruxelles, le fait de retarder, pour la France, la date à partir de laquelle nous serons obligés darriver à 3% de déficit public, si nous navions pas obtenu, par le rapport de force politique, par lexercice dun leadership politique par François HOLLANDE, au niveau européen, ce changement des politiques européennes, nous nen serions pas là. La croissance que nous retrouvons, linversion de la courbe du chômage, elles ne procèdent pas juste du miracle économique extérieur à léconomie française, elles procèdent aussi de choix politiques réalisés depuis 1 an.
MAXIME SWITEK
Encore un mot des prix. Vous lavez peut-être entendu tout à lheure dans le journal de 8H00, une étude de lassociation de consommateurs CLCV dénonce le manque de transparence des auto-écoles en matière de tarifs et elle met en lumière des disparités énormes entre les régions. A Paris le permis peut coûter jusquà 1425 euros, cest 2 fois plus cher quà Lille. Clairement, les auto-écoles, certaines auto-écoles, abusent, quest-ce que vous pouvez faire, vous ministre ?
BENOIT HAMON
Regarder ça de près, et je peux vous assurer quon va regarder ça de près. Nous étions concentrés sur les vacances des Français, les restaurants, les équipements de loisirs, les hôtels, les loisirs sportifs, pendant lété, avec la Répression des fraudes, cest la rentrée, cette question des conditions dans lesquelles on paye son permis de conduire, et aujourdhui, pour pouvoir être mobile, pour pouvoir avoir un emploi, il faut souvent avoir le permis de conduire, nous allons regarder ça de près, et moi je salue le travail du mouvement consumériste et des organisations de consommateurs, parce quelles aident beaucoup la Direction Générale de la Consommation, de la Concurrence et de la Répression des fraudes, mon administration, à faire en sorte de lutter contre ces pratiques commerciales trompeuses parfois, ces défauts détiquetage, ces défauts dinformation
MAXIME SWITEK
Mais ça veut dire que, là ce matin, vous allez passer la consigne, à vos troupes, daller vérifier ça sur le terrain ?
BENOIT HAMON
Très concrètement, moi je vais me saisir de cette alerte de la CLCV pour demander à la Répression des fraudes de faire la lumière sur ce qui se passe dans les écoles de conduite, oui.
MAXIME SWITEK
Benoît HAMON, je reviens à la politique. Est-ce que vous avez lu lEXPRESS hier ?
BENOIT HAMON
Oui, ah oui !...
MAXIME SWITEK
LEXPRESS vous surnomme « le planqué », sous-entendu on ne vous entend plus beaucoup depuis que vous êtes au gouvernement, comme si vous attendiez une promotion en cas de remaniement. « Le planqué », comment vous réagissez ?
BENOIT HAMON
Je pense quil y a des fois il ne faut pas trop parler. Je vous le dis, je le dis aussi, cest valable pas que pour moi, mais il y a des domaines dans lesquels le ministère de la parole ça ne sert pas à grand chose sauf à masquer limpuissance dans les faits, dans la réalité. Et on la vu sous Nicolas SARKOZY, qui était le spécialiste de la parole, et derrière les résultats ne suivaient pas. Et je pense quil y a des fois en faire un peu moins devant les caméras et un peu plus dans son bureau et sur le terrain, ce nest pas plus mal, et que ça déplaise à 1 journaliste sur 10, en même temps ça ne va pas me faire pleurer non plus.
MAXIME SWITEK
Mais est-ce que vous êtes daccord pour dire quon vous entend moins critiquer, par exemple, la politique de rigueur du gouvernement ?
BENOIT HAMON
Je suis membre de ce gouvernement.
MAXIME SWITEK
Mais ça a été un de vos chevaux de bataille avant dentrer dans le gouvernement, de critiquer la rigueur.
BENOIT HAMON
Ce qui ne mempêche pas dexprimer mon point de vue auprès du Premier ministre, du président de la République et de mes collègues, et je le fais, et un certain nombre de sujets ont obtenu des orientations économiques aussi en fonction de ce que jai pu exprimer, avec dautres, à lintérieur du gouvernement, et je parle notamment des questions européennes. Donc la question, pour moi, nest pas de savoir si je fais une rentrée fracassante en sortant des sujets que je mettrai dans le débat public juste pour exister, de manière à faire diversion du reste. Il y a besoin, aujourdhui, de cohésion, de solidarité, moi je suis entièrement mobilisé sur un sujet qui nest pas simple, cest de faire en sorte que, comme ministre économique, avec dautres, de ce gouvernement, la croissance soit bien au rendez-vous, que derrière cette croissance soit riche en emplois, que les emplois arrivent partout, notamment dans les territoires les plus en difficulté. On a un peu parlé des quartiers pendant lété, on a parlé de violence dans les quartiers, mais il ne faut jamais oublier que les problématiques des quartiers sont des problématiques demploi, ce sont des problématiques de pauvreté, des problématiques déducation, et que la responsabilité dun gouvernement de gauche cest dappréhender ces difficultés, ces inégalités, pas simplement sous langle de la sécurité, cest important mais ça ne résume pas les problèmes des quartiers, mais sous langle de lemploi, de léducation, cest une partie de mon boulot aussi, et moi je préfère être discret et efficace, que bruyant et inefficace.
MAXIME SWITEK
Mais je reviens à la rigueur Benoît HAMON, ça veut dire que là, luniversité dété du PS souvre à La Rochelle demain, on ne va pas vous entendre, on ne va pas vous entendre réclamer une nouvelle politique économique au gouvernement, une politique de relance par exemple ?
BENOIT HAMON
Mais, la politique de relance, aujourdhui, elle existe à travers des choix politiques qui, en tout cas, proposent un équilibre entre la réduction des déficits et la croissance. Vous allez mentendre, comme beaucoup dautres, sur des sujets qui sont des sujets sérieux. Moi je prépare une deuxième loi qui va permettre aux salariés de reprendre leur entreprise, ça énerve monsieur GATTAZ, alors que le MEDEF, il y a quelques années, se préoccupait de ces entreprises qui ferment alors quelles sont en bonne santé et quelles ne trouvent pas de repreneur. Et aujourdhui, dailleurs dans une forme de militantisme personnelle, il soppose à une mesure qui va faciliter les conditions dans lesquelles un chef dentreprise va proposer à ses salariés de reprendre ce quils connaissent le mieux, c'est-à-dire leur outil de travail. Eh bien moi je passe des
MAXIME SWITEK
Et on peut espérer gagner combien demplois avec ça ?
BENOIT HAMON
100 000 emplois
MAXIME SWITEK
100 000, par an ?
BENOIT HAMON
Mais pas simplement sur cette mesure-là, mais sur la loi sur léconomie sociale et solidaire, elle a été évaluée, il y a eu une étude dimpact qui dit quelle peut créer, dici la fin du quinquennat, 100 000 emplois. Moi je suis sur des sujets comme ceux-là, qui vont changer les règles du jeu, donner davantage de pouvoir aux salariés. Voilà des terrains sur lesquels la gauche change concrètement les conditions dans lesquelles on crée de la richesse. Toutes les entreprises ne seront pas dirigées par leurs salariés, mais quand parfois elles peuvent lêtre, et quand ça se traduit par des résultats économiques, du maintien de lemploi, il ne faut faire léconomie daucune solution. Eh bien ce gouvernement, sur lemploi, ne fera limpasse sur aucune solution, même si, idéologiquement, certains se crispent, et je peux comprendre quils se crispent parce quils ne partagent pas les mêmes orientations politiques que nous, mais je leur dis notre responsabilité politique cest daller chercher les emplois les uns après les autres, et nous ne relâcherons pas notre effort sur ce terrain.
MAXIME SWITEK
Est-ce que vous ressentez, comme Pierre MOSCOVICI, votre collègue au gouvernement, un ras-le-bol fiscal de la part des Français ?
BENOIT HAMON
Jentends, je vais dire, payer plus dimpôts
MAXIME SWITEK
Ce sont les mots du ministre.
BENOIT HAMON
Oui, oui, jai bien entendu ce qua dit Pierre MOSCOVICI, il y a des Français qui expriment une forme de fatigue à payer des impôts, surtout quand ils ont le sentiment que la succession de ces efforts ne se traduit pas par des résultats. Je veux rappeler que leffort nous lavons fait porter sur ceux qui nen payaient plus beaucoup alors quils étaient très riches, en alignant la fiscalité du capital sur celle du travail, en faisant en sorte que les ménages les plus riches payent, cest dabord sur eux que nous avons fait peser leffort fiscal.
MAXIME SWITEK
Mais là la TVA et la CSG ce sera pour tout le monde.
BENOIT HAMON
Je ne conteste pas ; et si demain cet arbitrage na pas été rendu, ça ne vous a pas échappé
MAXIME SWITEK
Cest vrai.
BENOIT HAMON
Sur la CSG il devait y avoir un arbitrage, ce serait pour équilibrer le système par répartition, jobserve que sur le sujet des retraites, ce sur quoi insiste aujourdhui beaucoup le Premier ministre et qui na jamais été fait, cest la question de la pénibilité. Trouvez-vous normal, aujourdhui, quun ouvrier, qui a eu un travail pénible toute sa vie, qui a cotisé pour pouvoir partir à la retraite, eh bien nait pas un bénéfice au moment de partir à la retraite alors quil va vivre beaucoup moins longtemps que tous les autres. Eh bien en réalité on a un système qui est si injuste que ce sont les ouvriers, qui payent, qui cotisent, pour la retraite de ceux qui vont vivre longtemps, qui sont qui ? Les cadres ou ceux qui nont pas eu de métier pénible. Eh bien il faut que sur les métiers pénibles, demain, un trimestre travaillé ça vaille plus quun trimestre cotisé, de façon à ce quon puisse permettre à ceux-là, qui ont eu une vie difficile, de pouvoir vivre plus longtemps à la retraite.
MAXIME SWITEK
Et ce sera lobjet de la réforme des retraites dont on va beaucoup, beaucoup reparler, dans les semaines qui viennent. Merci Benoît HAMON.
BENOIT HAMON
Merci à vous.
MAXIME SWITEK
Merci davoir accepté notre invitation.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 23 août 2013