Texte intégral
Monsieur le président, Mesdames et Messieurs les députés, je voudrais, dans ma responsabilité de ministre de la Défense, répondre à deux questions majeures qui ont été abordées au cours de ce débat. La première : sommes-nous sûrs que lattaque du 21 août est chimique et quelle a été conduite par le régime de Bachard EL-ASSAD ?
Oui, elle est chimique. Peu importe, à cet égard, la nature de lagent chimique employé même si, comme le président de la République la dit, plusieurs éléments nous montrent à nous et à nos partenaires que du sarin a été utilisé dans les armes qui ont été déployées.
À cet égard, que ce soit du sarin, de lypérite, du VX ou dautres produits, y compris des incapacitants civils, mais déployés à haute dose, voire des cocktails ce qui est lhypothèse la plus vraisemblable , tous les éléments déclassifiés, que ce soit par nos services ou par les services de nos partenaires, démontrent amplement le caractère chimique de lattaque. Dailleurs, aujourdhui, personne ne le nie, pas même Bachar EL-ASSAD.
Je précise dailleurs à cet égard mais je crois que chacun le sait que la mission SELLSTRÖM, la mission des NATIONS UNIES, ne dira rien dautre que cest une action chimique puisque son mandat nest pas de dire qui a ordonné mais de constater quil y a eu une action chimique, une attaque chimique. Ce que chacun admet aujourdhui.
Deuxièmement, cest de la responsabilité du régime de Bachar EL-ASSAD pour huit raisons fondamentales et cumulatives que je vais décliner. Première raison, le régime de Bachar EL-ASSAD a en stock plus de mille tonnes dagents chimiques et il a déployé les vecteurs nécessaires pour les utiliser et il les a utilisés. Rappelez-vous les événements du mois davril, Saraqeb et Jobar, où nous avons pu montrer par les échantillons quil sagissait de gaz sarin et ces échantillons ont été communiqués aux NATIONS UNIES.
Nous avons les éléments identifiés qui nous montrent que des préparatifs spécifiques ont été conduits par le régime dans les jours précédant le 21 août. Quand je dis des préparatifs spécifiques, ce sont des préparatifs dédiés à une intervention chimique.
Troisièmement, la reconstitution de la séquence militaire de lattaque du 21 août, que le Premier ministre a communiquée à vos représentants lundi soir, la reconstitution de cette séquence militaire montre que les tirs sont partis, nombreux tirs sont partis des zones contrôlées par le régime vers les quartiers de la Ghouta est, quartiers aux mains de lopposition.
Quatrièmement, la séquence opérationnelle et la complexité de lattaque dont on ne parle pas, à mon avis, assez est une séquence militaire parfaitement coordonnée conformément aux tactiques de létat-major syrien, cest-à-dire quavant lattaque chimique, il y a eu une préparation aérienne et quil y a eu une préparation dartillerie et que pendant ces actions militaires, il y avait en même temps lattaque chimique à partir de 03h du matin et quil y a eu ensuite sur les mêmes sites une offensive terrestre à partir de 06h et quensuite, il y a eu de nouveau sur les mêmes sites des bombardements aériens et dartillerie intenses. Donc il y a là une cohérence technique, un exercice militaire de grande ampleur et bien coordonné.
Cinquièmement, le régime a tout fait ensuite pour détruire les preuves de son implication dans cette opération soit en bombardant les sites déjà touchés, soit en engageant des incendies pour éliminer les traces et faire évaporer les gaz.
Sixièmement, lampleur de lattaque chimique, la multiplicité des sites de cibles est telle que seul le régime pouvait engager par ses moyens une intervention dune telle dimension.
Septièmement, nous navons jamais eu, ni nous ni nos partenaires, ni nos services ni les services de nos partenaires, le moindre indice, la moindre preuve de possession et encore moins demploi dagents chimiques par lopposition syrienne, a fortiori dans des telles quantités.
Et huitièmement, lattaque qui a été portée fait pleinement sens, dun point de vue strictement stratégique pour le régime de Damas, puisquil était soumis à une offensive imminente de lopposition dans des quartiers sensibles, en particulier dans des quartiers Ghouta ouest et Ghouta est où se trouvent les deux aéroports de la région de Damas.
Oui, Mesdames et Messieurs les députés, cest une attaque massive tuant des centaines de civils, engagée par le régime qui poursuit son uvre de terreur et de liquidation de son peuple comme la dit Bachar EL-ASSAD dans une interview récente.
Je voudrais maintenant parler des objectifs politico-militaires de lintervention. Mais auparavant, Monsieur BORLOO nest plus là mais je pense que ce que je vais lui dire lui sera rapporté. Il a fait référence à un concept tactique de zone dexclusion aérienne, voire de corridor humanitaire. Je voudrais lui dire et je suis prêt à lui expliquer de vive voix que pour prendre une telle initiative, il faut une très grande quantité davions, cest-à-dire dans laction et dans la durée, cest-à-dire poser un acte de guerre long sans pour autant régler le problème de larme chimique qui peut, par ailleurs, être utilisée. Et là, il y aurait effectivement début dun conflit et dune guerre de longue durée. Je me permets de lui faire cette observation dun strict point de vue militaire.
Je dis cela sans aucune agressivité, avec une volonté dexplication que lon doit à lensemble de la représentation nationale. Je voudrais aussi lui dire que sa préoccupation sur le Liban, elle est la nôtre. Mais le Liban, aujourdhui, subit de plein fouet les conséquences de la crise syrienne à la fois en termes humanitaires et en termes sécuritaires comme en témoigne lafflux des réfugiés et la multiplication des incidents sécuritaires soit en interne, soit aux frontières, à Tripoli, dans la Bekaa. Nous sommes, nous aussi, tout à fait attachés à la stabilité et la souveraineté du Liban et nous appuyons, nous soutenons la politique de distanciation cest le terme qui est utilisé par le président SLEIMAN et nous appelons toutes les forces politiques à sy conformer.
Dailleurs, je voudrais rappeler à Monsieur BORLOO quà linitiative de la France, le 10 juillet dernier, il y a eu une déclaration unanime du Conseil de sécurité soulignant cet impératif de distanciation du Liban et de garantie de son identité politique. Ceci étant, la préoccupation sécuritaire, nous la partageons et vous imaginez que nous avons déjà pris des dispositions de sécurisation à la fois de nos ressortissants et des forces françaises au sud-Liban.
Je voudrais, sur lobjectif politico-militaire, vous dire ceci : les objectifs sont parfaitement clairs et circonscrits. Comme la dit le président de la République, notre réaction a deux grands objectifs stratégiques, tous liés à la rupture dun tabou par Bachar EL-ASSAD, lemploi darmes chimiques contre sa population. Il sagit dune part de sanctionner lemploi dagents chimiques par Bachar entre les populations civiles et il sagit dautre part de le dissuader de recommencer et de rétablir linterdiction demploi darmes de destruction massive.
Ces deux objectifs doivent permettre de définir une réponse ferme, significative, ciblée et proportionnée à la violation dune norme essentielle du droit international. Ces deux objectifs guident les travaux de planification militaire avec notamment trois principes : pas dintervention au sol, une action de rétorsion contre les capacités syriennes et une limitation stricte des dommages collatéraux.
Cette réponse portera un coup darrêt à lescalade de la violence par le régime et permettra ainsi de rompre avec une logique dimpunité qui fait obstacle aujourdhui à lindispensable solution politique. Cette réponse que je viens de décrire ne vise pas à renverser le régime syrien mais à changer la dynamique politique en mettant fin à cette logique dimpunité du régime aujourdhui. Un régime qui est persuadé de pouvoir gagner militairement en utilisant des armes de destruction massive en toute impunité na aucune raison, aucune raison de venir négocier une sortie politique. Dailleurs, dans sa déclaration hier au « Figaro », Bachar EL-ASSAD ne dit pas autre chose.
Mesdames et Messieurs les députés, la France décide pour elle-même car elle a des capacités militaires et de renseignement que peu de pays ont. Elle a des responsabilités spécifiques sur la scène internationale. Elle a une certaine vision du respect de lordre international, de ce que lon appelle le multilatéralisme efficace. Elle a aussi des devoirs de sécurité nationale directement en jeu et ces devoirs lui créent la responsabilité dintervenir. Je vous remercie.
Source http://www.defense.gouv.fr, le 5 septembre 2013
Oui, elle est chimique. Peu importe, à cet égard, la nature de lagent chimique employé même si, comme le président de la République la dit, plusieurs éléments nous montrent à nous et à nos partenaires que du sarin a été utilisé dans les armes qui ont été déployées.
À cet égard, que ce soit du sarin, de lypérite, du VX ou dautres produits, y compris des incapacitants civils, mais déployés à haute dose, voire des cocktails ce qui est lhypothèse la plus vraisemblable , tous les éléments déclassifiés, que ce soit par nos services ou par les services de nos partenaires, démontrent amplement le caractère chimique de lattaque. Dailleurs, aujourdhui, personne ne le nie, pas même Bachar EL-ASSAD.
Je précise dailleurs à cet égard mais je crois que chacun le sait que la mission SELLSTRÖM, la mission des NATIONS UNIES, ne dira rien dautre que cest une action chimique puisque son mandat nest pas de dire qui a ordonné mais de constater quil y a eu une action chimique, une attaque chimique. Ce que chacun admet aujourdhui.
Deuxièmement, cest de la responsabilité du régime de Bachar EL-ASSAD pour huit raisons fondamentales et cumulatives que je vais décliner. Première raison, le régime de Bachar EL-ASSAD a en stock plus de mille tonnes dagents chimiques et il a déployé les vecteurs nécessaires pour les utiliser et il les a utilisés. Rappelez-vous les événements du mois davril, Saraqeb et Jobar, où nous avons pu montrer par les échantillons quil sagissait de gaz sarin et ces échantillons ont été communiqués aux NATIONS UNIES.
Nous avons les éléments identifiés qui nous montrent que des préparatifs spécifiques ont été conduits par le régime dans les jours précédant le 21 août. Quand je dis des préparatifs spécifiques, ce sont des préparatifs dédiés à une intervention chimique.
Troisièmement, la reconstitution de la séquence militaire de lattaque du 21 août, que le Premier ministre a communiquée à vos représentants lundi soir, la reconstitution de cette séquence militaire montre que les tirs sont partis, nombreux tirs sont partis des zones contrôlées par le régime vers les quartiers de la Ghouta est, quartiers aux mains de lopposition.
Quatrièmement, la séquence opérationnelle et la complexité de lattaque dont on ne parle pas, à mon avis, assez est une séquence militaire parfaitement coordonnée conformément aux tactiques de létat-major syrien, cest-à-dire quavant lattaque chimique, il y a eu une préparation aérienne et quil y a eu une préparation dartillerie et que pendant ces actions militaires, il y avait en même temps lattaque chimique à partir de 03h du matin et quil y a eu ensuite sur les mêmes sites une offensive terrestre à partir de 06h et quensuite, il y a eu de nouveau sur les mêmes sites des bombardements aériens et dartillerie intenses. Donc il y a là une cohérence technique, un exercice militaire de grande ampleur et bien coordonné.
Cinquièmement, le régime a tout fait ensuite pour détruire les preuves de son implication dans cette opération soit en bombardant les sites déjà touchés, soit en engageant des incendies pour éliminer les traces et faire évaporer les gaz.
Sixièmement, lampleur de lattaque chimique, la multiplicité des sites de cibles est telle que seul le régime pouvait engager par ses moyens une intervention dune telle dimension.
Septièmement, nous navons jamais eu, ni nous ni nos partenaires, ni nos services ni les services de nos partenaires, le moindre indice, la moindre preuve de possession et encore moins demploi dagents chimiques par lopposition syrienne, a fortiori dans des telles quantités.
Et huitièmement, lattaque qui a été portée fait pleinement sens, dun point de vue strictement stratégique pour le régime de Damas, puisquil était soumis à une offensive imminente de lopposition dans des quartiers sensibles, en particulier dans des quartiers Ghouta ouest et Ghouta est où se trouvent les deux aéroports de la région de Damas.
Oui, Mesdames et Messieurs les députés, cest une attaque massive tuant des centaines de civils, engagée par le régime qui poursuit son uvre de terreur et de liquidation de son peuple comme la dit Bachar EL-ASSAD dans une interview récente.
Je voudrais maintenant parler des objectifs politico-militaires de lintervention. Mais auparavant, Monsieur BORLOO nest plus là mais je pense que ce que je vais lui dire lui sera rapporté. Il a fait référence à un concept tactique de zone dexclusion aérienne, voire de corridor humanitaire. Je voudrais lui dire et je suis prêt à lui expliquer de vive voix que pour prendre une telle initiative, il faut une très grande quantité davions, cest-à-dire dans laction et dans la durée, cest-à-dire poser un acte de guerre long sans pour autant régler le problème de larme chimique qui peut, par ailleurs, être utilisée. Et là, il y aurait effectivement début dun conflit et dune guerre de longue durée. Je me permets de lui faire cette observation dun strict point de vue militaire.
Je dis cela sans aucune agressivité, avec une volonté dexplication que lon doit à lensemble de la représentation nationale. Je voudrais aussi lui dire que sa préoccupation sur le Liban, elle est la nôtre. Mais le Liban, aujourdhui, subit de plein fouet les conséquences de la crise syrienne à la fois en termes humanitaires et en termes sécuritaires comme en témoigne lafflux des réfugiés et la multiplication des incidents sécuritaires soit en interne, soit aux frontières, à Tripoli, dans la Bekaa. Nous sommes, nous aussi, tout à fait attachés à la stabilité et la souveraineté du Liban et nous appuyons, nous soutenons la politique de distanciation cest le terme qui est utilisé par le président SLEIMAN et nous appelons toutes les forces politiques à sy conformer.
Dailleurs, je voudrais rappeler à Monsieur BORLOO quà linitiative de la France, le 10 juillet dernier, il y a eu une déclaration unanime du Conseil de sécurité soulignant cet impératif de distanciation du Liban et de garantie de son identité politique. Ceci étant, la préoccupation sécuritaire, nous la partageons et vous imaginez que nous avons déjà pris des dispositions de sécurisation à la fois de nos ressortissants et des forces françaises au sud-Liban.
Je voudrais, sur lobjectif politico-militaire, vous dire ceci : les objectifs sont parfaitement clairs et circonscrits. Comme la dit le président de la République, notre réaction a deux grands objectifs stratégiques, tous liés à la rupture dun tabou par Bachar EL-ASSAD, lemploi darmes chimiques contre sa population. Il sagit dune part de sanctionner lemploi dagents chimiques par Bachar entre les populations civiles et il sagit dautre part de le dissuader de recommencer et de rétablir linterdiction demploi darmes de destruction massive.
Ces deux objectifs doivent permettre de définir une réponse ferme, significative, ciblée et proportionnée à la violation dune norme essentielle du droit international. Ces deux objectifs guident les travaux de planification militaire avec notamment trois principes : pas dintervention au sol, une action de rétorsion contre les capacités syriennes et une limitation stricte des dommages collatéraux.
Cette réponse portera un coup darrêt à lescalade de la violence par le régime et permettra ainsi de rompre avec une logique dimpunité qui fait obstacle aujourdhui à lindispensable solution politique. Cette réponse que je viens de décrire ne vise pas à renverser le régime syrien mais à changer la dynamique politique en mettant fin à cette logique dimpunité du régime aujourdhui. Un régime qui est persuadé de pouvoir gagner militairement en utilisant des armes de destruction massive en toute impunité na aucune raison, aucune raison de venir négocier une sortie politique. Dailleurs, dans sa déclaration hier au « Figaro », Bachar EL-ASSAD ne dit pas autre chose.
Mesdames et Messieurs les députés, la France décide pour elle-même car elle a des capacités militaires et de renseignement que peu de pays ont. Elle a des responsabilités spécifiques sur la scène internationale. Elle a une certaine vision du respect de lordre international, de ce que lon appelle le multilatéralisme efficace. Elle a aussi des devoirs de sécurité nationale directement en jeu et ces devoirs lui créent la responsabilité dintervenir. Je vous remercie.
Source http://www.defense.gouv.fr, le 5 septembre 2013