Déclaration de M. Jean-Marc Ayrault, Premier ministre, en réponse à une question sur la position de la France concernant la Syrie, à l'Assemblée nationale le 11 septembre 2013.

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Auteur(s) moral(aux) : Premier ministre

Circonstance : Question au gouvernement posée par M. Noël Mamère, député (EELV) de la Gironde, à l'Assemblée nationale le 11 septembre 2013

Texte intégral

Monsieur le Député, vous avez raison, la France a fait preuve de la plus grande détermination. C'était le cas la semaine dernière lors du débat sur la situation en Syrie dans cet hémicycle ; je remercie d'ailleurs les députés de la majorité d'avoir compris qu'il fallait, après ce que le secrétaire général des Nations unies a appelé un crime contre l'humanité, dire clairement au régime de Bachar Al-Assad que l'usage des armes chimiques, qui a causé près de 1.500 morts, devait susciter la réponse la plus claire et la plus ferme.
C'est la France qui a pris l'initiative d'aller jusqu'au bout dans cette fermeté. C'est l'honneur de la France d'avoir tenu bon, d'avoir commencé à faire reculer le régime syrien et à faire prendre conscience à la communauté internationale de la nécessité de se mobiliser.
Sur ce sujet, c'est l'ensemble de la représentation nationale qui devrait se rassembler (...).
S'agissant de la question syrienne, la France a toujours privilégié la solution politique. À Saint-Pétersbourg, alors que l'on disait la France isolée, la France a rassemblé une majorité des membres du G20 pour condamner le régime de Bachar Al-Assad et l'usage des armes chimiques.
François Hollande a fait preuve de patience, de pédagogie, de clarté et de détermination. Le lendemain, à Vilnius, le ministre des affaires étrangères, Laurent Fabius a également pu obtenir une déclaration dans le même sens de tous les Européens. Croyez-vous que tout cela a été inutile ? Cela a fait bouger les lignes.
Aujourd'hui, la menace de la France est la suivante : si nécessaire, nous interviendrons avec une coalition pour poser un acte fort de dissuasion, pour que le droit international soit respecté, pour que la prolifération des armes chimiques comme de l'arme nucléaire ne soit pas la pratique quotidienne. La France a permis que les choses bougent sur le plan diplomatique. Oui, sur le plan diplomatique !
S'agissant de la proposition russe, qui consiste à faire l'inventaire des armes chimiques, je vous rappelle qu'il y a encore quelques jours, M. Bachar Al-Assad niait le fait qu'il disposait de telles armes. Aujourd'hui, nul ne peut nier - lui le premier - que c'est ce pays qui dispose de l'arsenal chimique le plus important au monde : 1 000 tonnes !
Par ailleurs, la Russie propose de contrôler et démanteler : nous l'avons prise au mot. Hier, le ministre des affaires étrangères, Laurent Fabius, a tenu une conférence de presse ; la France a pris une initiative dans le cadre du Conseil de sécurité des Nations unies.
Nous voulons des actes concrets. L'acte concret que nous voulons, c'est l'inventaire de l'arsenal, sa vérification et sa destruction. Voilà ce que nous attendons du Conseil de sécurité ! Dès lors, nous verrons bien la sincérité des uns et la sincérité des autres (...).
Enfin, Monsieur le Député, vous avez évoqué les réfugiés, qui sont plus de 2 millions, en particulier dans la région. La situation est terrible. La France a déjà pris ses responsabilités et commencé à accueillir des réfugiés : 95 % de ceux qui entrent dans le cadre ont été accueillis. Notre coopération avec le HCR est entière.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 13 septembre 2013