Texte intégral
Mesdames et Messieurs,
Je remercie Sophie MAKARIOU de nous accueillir aujourdhui au musée GUIMET pour cette conférence de presse consacrée à la politique du patrimoine. Après avoir mené à bien le projet du département des arts de lIslam au LOUVRE, vous voici, chère Sophie, face à un nouveau défi : redonner au musée GUIMET le rayonnement que méritent tant la qualité exceptionnelle de ses collections que la compétence remarquable de ses personnels. Je tiens à vous exprimer de nouveau ma confiance et le soutien total du ministère de la culture pour votre réussite et celle du musée.
Chers amis, vous avez tous, à un titre ou un autre, un lien, un attachement professionnel ou personnel à la politique du patrimoine. 2013 est une année riche en anniversaires pour le patrimoine, puisque nous célébrons à la fois le centenaire de la loi de 1913 et le trentième anniversaire des journées européennes du patrimoine. Jaccueillerai demain matin les nombreux visiteurs qui viennent découvrir le Palais royal. Je ne doute pas que cette manifestation connaîtra un grand succès cette année encore.
Cette popularité, elle n'est pas imméritée, bien entendu, elle est le fruit d'un héritage qui est le nôtre, du patrimoine que nous ont légué les époques et les siècles, mais c'est aussi et surtout le fruit de politiques qui ont été menées en matière de valorisation, de conservation du patrimoine. Cela nous oblige. Il faut au ministère de la culture une politique forte en matière de patrimoine. Cette politique il faut en tracer les lignes, la doctrine si j'ose dire. C'est le but de cette conférence de presse aujourd'hui. Nous devons cette politique à nos concitoyens parce que le patrimoine c'est le bien commun de l'ensemble de la collectivité nationale.
C'est ce qui lie les Français entre eux, c'est ce qui lie les Français à leur histoire.
À leur passé, mais aussi à leur avenir et il nous appartient de définir ce que nous considérons comme digne, comme nécessaire de transmettre aux générations futures, mais aussi comme trace de notre époque, de ceux qui nous ont précédés, notamment au XXe siècle.
Nous devons aussi cette ambition culturelle en matière de patrimoine aux dizaines de millions de visiteurs étrangers qui viennent chaque année en France, qui viennent découvrir les richesses de nos musées et la splendeur de nos monuments de tous les styles. Mais aussi les visiteurs qui, venant en France pour des raisons professionnelles autres, viennent à la rencontre de cet environnement exceptionnel. La France c'est le patrimoine, mais un patrimoine qui n'est pas confit dans une contemplation nostalgique du passé, un patrimoine qui est constamment valorisé selon les techniques les plus modernes et selon les réflexions les plus fines, les plus abouties et les plus pertinentes. Nous devons donc aussi cette politique ambitieuse à l'impérieuse nécessité de continuer à faire de la France la première destination touristique au Monde et, on le sait, c'est 100% des visiteurs étrangers qui viennent pour le patrimoine français. Mais aussi et on l'oublie trop souvent les investissements, les investisseurs étrangers qui font aussi des implantations économiques en France parce qu'ils prennent en compte l'ensemble de l'environnement d'un pays.
Nos monuments doivent être entretenus et restaurés pour répondre à cette attente si forte. Cest une responsabilité collective, dont le ministère de la culture est le pivot. Nous possédons des édifices exceptionnels, nous soutenons des restaurations réalisées par lensemble des propriétaires du patrimoine classé ou inscrit. Je rappelle, à ce titre, que lentretien et la restauration du patrimoine c'est aussi un secteur économique dexcellence, qui porte des emplois hautement qualifiés, non délocalisables, très valorisants et très gratifiants pour ceux qui les exercent. Et j'ai toujours le souvenir, de ce sculpteur de pierre à Rouen, qui expliquait qu'a travers ses gestes, il retrouvait évidement les techniques plusieurs fois centenaires qui avaient présidé à la réalisation de nombreux édifices mais qu'en même temps il pouvait exprimer sa créativité propre tout en sinsérant dans le respect de ces gestes et donc des artisans qui l'avaient précédé. Et ce bonheur là, il est incomparable et évidemment pour la jeunesse, pour lemploi dans notre pays, pour les filières de formation professionnelle que nous voulons favoriser, c'est une mine irremplaçable. Et pourtant, malgré cela, malgré ces atouts formidables de notre pays, malgré ces métiers hautement qualifiés, ces filières de formation, des doutes se sont exprimés depuis plusieurs années sur la nécessité même de laction de lEtat en matière de patrimoine : pourquoi ne pas créer une agence qui se bornerait à financer des projets, pourquoi ne pas, tout bonnement, supprimer le ministère de la culture, comme si finalement la politique en matière de patrimoine pouvait s'autogérer, ou en tout cas continuer comme ca sans quil y ait besoin dimpulsion, dinflexion, dorientation fortes au niveau politique.
Pour ma part je pense exactement le contraire. Ce nest pas parce que le patrimoine rassemble évidemment lensemble des Français quil ne faut pas quil y ait la définition politique de ce quest aujourdhui une politique patrimoniale.
Une année dexpérience, de contacts avec les institutions et les professionnels, je remercie tous les directeurs et responsables détablissement que je vois dans la salle aujourdhui, les décisions que jai été amenée à prendre, mamènent au contraire, au constat que le patrimoine exige une politique nationale très forte portée par le ministère de la culture.
La réduire à lallocation de crédits et au contrôle des règles est une erreur, mais plus quune erreur, ce serait une faute par rapport à lhistoire car si nous avons hérité dun patrimoine en France cest parce quil y a eu toujours à la tête de lEtat des volontarismes politiques très forts pour inscrire dans limaginaire collectif le fait que le patrimoine dépasse la simple notion de la pierre.
On a vu alors par le passé des initiatives incohérentes, les projets inachevés par défaut darbitrage et un déséquilibre territorial. Mon objectif est donc, depuis mon arrivée, de construire pas à pas un ministère qui puisse concevoir, décider et qui agisse.
Un ministère qui conçoit, parce que celles et ceux qui font vivre le patrimoine au quotidien dans les services déconcentrés comme dans les opérateurs, attendent quun cap leur soit fixé. On a souvent reproché, aux établissements publics et notamment, aux établissements publics parisiens leur trop grande autonomie : la nature a horreur du vide et il ne pouvait donc pas en être autrement si le ministère était incapable de formuler des priorités. Jai voulu associer les opérateurs à la conception de ces priorités, jai confié par exemple à Alain SEBAN un rapport sur la circulation des uvres et à Henri LOYRETTE, puis Jean-Luc MARTINEZ un rapport sur léducation artistique et culturelle. Dautres parmi vous serons associés sur dautres chantiers.
Je veux saluer tous ces établissements publics. Ce sont eux qui prennent la plus grande part de leffort budgétaire demandé au ministère de la culture dans le cadre du rétablissement des comptes publics. Et ils assument avec un grand sens des responsabilités cette mission, avec aussi beaucoup de professionnalisme, sans rien perdre de leur capacité et volonté à porter de nouveaux et de vrais projets.
Un ministère qui décide, parce que les projets les plus importants nécessitent des arbitrages du ministère pour devenir réalité. Je prends lexemple du centre de réserves de Cergy qui était lillustration des conséquences néfastes dun défaut de décision. Au départ, on partait dune nécessité objective : il fallait évidemment mettre les réserves inondables du Louvre à labri dune crue de la Seine. Une collectivité territoriale, là aussi très volontariste et exemplaire en matière dambition culturelle, Cergy, sest mobilisée de façon exemplaire autour de Dominique LEFEBVRE pour accueillir le projet. Mais petit à petit sest construit alors une véritable « usine à gaz », un centre de réserves à géométrie variable auquel les institutions les plus diverses participent, avec des ambitions et des objectifs de plus en plus épars, pour finalement se retirer une à une. Et tout ceci évidemment sans aucun arbitrage sur le financement.
Ces atermoiements perpétuels, ce manque de méthode ont nuit à la crédibilité du ministère de la culture. Cette crédibilité nous est essentielle. Car nous devons toujours conquérir cette crédibilité. Et notamment auprès des instances décisionnaires en matière budgétaire. Il est donc important de viser au plus juste. Au plus près des besoins de nos concitoyens, des collectivités, au plus près de nos capacités sans réduire nos ambitions. Cest pourquoi jai demandé au ministère, à ses services et je remercie Vincent Berjot à la direction générale des patrimoines, au Louvre et je remercie Jean-Luc Martinez et Henri Loyrette avant lui, de remettre ce dossier à plat et de construire une solution alternative. Cette solution est maintenant trouvée, et elle sera réalisée.
Décider, cest aussi assumer une politique de nominations. Cette politique requiert une méthode, mise en place pour la nomination de Jean-Luc MARTINEZ au Louvre, reprise pour celle de Sophie MAKARIOU ici-même et que je continuerai à appliquer et à suivre. Elle repose sur des principes simples, transparents, connus de tous : le caractère public de la vacance du poste, la sélection des candidats à partir dun projet écrit et dentretiens, dabord au niveau de la direction générale des patrimoines, de mon cabinet, enfin avec moi même. Avec pour ligne constante une conviction : celle que le corps des conservateurs du patrimoine est parfaitement en mesure de fournir des personnalités tout à fait aptes à diriger nos grandes institutions patrimoniales.
Je veux saluer cette excellence française en matière de patrimoine et saluer aussi nos filières de formation remarquables avec lesquels jai le plaisir de dialoguer depuis un an.
Sachons que nos institutions patrimoniales sont constamment sollicitées par dautres pays pour dispenser leur savoir-faire, le faire partager, pour former aussi.
Elles constituent pour moi une composante essentielle de la « marque France » que le gouvernement promeut à létranger et nous pouvons en être fiers à lintérieur de nos propres frontières.
La force de ces institutions tient pour beaucoup à la qualité des agents du ministère de la culture qui y travaillent. Et lexpérience montre que le recours à lexternalisation nest garant ni déconomies, ni dune plus grande efficacité. Le plus souvent, et je dis cela sans dogmatisme aucun mais avec pragmatisme, les agents du ministère sont en situation dassumer les missions patrimoniales dont nous avons la charge. Si lexternalisation doit continuer à être envisagée, ce nest que dans un cadre précis. Jai donc donné instruction pour quune charte de lexternalisation au ministère de la culture et de la communication soit finalisée dici le début de lannée 2014, pour définir les cas dans lesquels on peut y recourir.
Mais, jai aussi décidé après un examen rigoureux dinternaliser les emplois de surveillance du musée Picasso, qui rouvrira en 2014. Cette activité dont lexternalisation avait été initialement prévue sera donc assumée par des agents de létablissement public. Je lie cela à mon souhait que les personnels daccueil, de surveillance et de magasinage des musées puissent participer à la médiation envers les visiteurs. Je souhaite engager une concertation avec les organisations syndicales et accroître dès 2014 loffre de formation à la médiation au bénéfice de ces personnels. Là encore, nos agents sont les premiers au contact des publics et ils assument de fait cette fonction daccompagnement et de médiation.
Il nous faut aussi avancer sur les conditions demplois dans certains établissements. Ainsi ai-je décidé de réduire lemploi précaire à lInstitut national de recherches archéologiques préventives (INRAP), comme je my étais engagée dès mon arrivée au ministère. La direction générale de lINRAP, je salue Pierre Dubreuil et le président Jacob, a signé ce lundi 9 septembre 2013, en ma présence, un accord social unanime qui permettra de recruter en contrat à durée indéterminée, sur la période 2013-2015, 160 agents actuellement salariés en contrat à durée déterminée par létablissement, réduisant ainsi dun tiers la part de lemploi précaire à lINRAP.
Enfin, dans les mois qui viennent, des concours de recrutement de fonctionnaires seront ouverts pour recruter des architectes en chef des monuments historiques, ce qui ne sétait pas produit depuis 2003, et alors que cette spécialité, qui comptait encore 52 fonctionnaires au 1er octobre 2006, nen comprendra plus que 36 au 31 décembre prochain et il est donc urgent de pouvoir relancer ce concours. Un concours de jardiniers sera également ouvert, cette spécialité, pourtant indispensable à lentretien des grands domaines de lEtat comme Versailles, Saint-Cloud, Compiègne ou Fontainebleau, ayant perdu 35 % de ses effectifs en 20 ans. Et là encore nous avons besoin de spécialistes, dartisans qui connaissent aussi les établissements dans lesquels ils travaillent.
Un ministère qui agit, parce que les institutions du ministère de la culture doivent prouver au quotidien ce quelles apportent à la collectivité. Une politique du patrimoine qui ne placerait pas le public au cur de son ambition naurait pas de sens. Ces publics sont très divers : ce sont les usagers de ladministration qui demandent une autorisation de larchitecte des bâtiments de France, les aménageurs qui sollicitent le service public de larchéologie préventive, les chercheurs qui fréquentent les services darchives publics et les visiteurs des monuments et des musées. Satisfaire tous ces publics est une tâche très difficile et pourtant elle simpose à chacun dentre nous, au ministère de la culture, à ses institutions et à ses agents.
Une place toute particulière doit être faite à linitiation à la culture, à cet objectif fondamental de démocratisation culturelle qui était au cur du projet dAndré MALRAUX et qui demeure aujourdhui plus que jamais un défi à relever. Mon ambition est, à présent, de construire un lien fort et durable entre la culture et léducation populaire. Cétait lobjectif initial du ministère de la culture, mais vous connaissez les péripéties dans les constructions des périmètres du ministère et les échecs à unifier le ministère de la culture avec léducation populaire ; aujourdhui nous devons parvenir à réunir nos forces.
Valérie FOURNEYRON et moi-même nous y sommes attelées et cest une belle ambition. Celle évidemment de porter la question de léducation artistique et culturelle pas seulement dans le cadre scolaire ou périscolaire mais bien en lien avec cette grande idée de léducation populaire.
Dans cette perspective, le rapport sur léducation artistique et culturelle de Jean-Luc MARTINEZ comprend des propositions très intéressantes, visant notamment à mieux coordonner laction des musées nationaux et des autres institutions du patrimoine en matière déducation artistique et culturelle. Jévoquerai plus amplement ce rapport le 16 septembre prochain, lors dune conférence de presse consacrée à ce sujet.
Je souhaite aussi rapprocher autant que possible les uvres des citoyens, dans la limite bien sûr de ce que permettent leur préservation et leur sécurité, car je veux toujours rappeler que les collections publiques appartiennent à tous.
Cet objectif de démocratisation culturelle part de ce prérequis : les collections publiques sont les collections de lensemble de la nation. Pour mettre en uvre cet objectif jai demandé à Alain SEBAN de rédiger un rapport proposant des solutions pour une meilleure circulation de ces collections sur lensemble de notre territoire. Les propositions de ce rapport sur la levée des contraintes juridiques et techniques faisant obstacle à cette circulation seront mises en uvre.
Mais surtout, je veux que, le ministère de la culture puisse organiser des opérations hors les murs de circulation des uvres qui sont conservées aujourdhui dans les fonds régionaux dart contemporain ou les musées.
Les modalités de mise en uvre de cette opération sont en cours dexpertise. Mais je puis dores et déjà vous annoncer que les entreprises sont pour moi des lieux très adaptés à une telle initiative, parce quelles offrent la possibilité de placer lart au cur de cette réalité quotidienne, celle du travail, pour des millions de Français qui sont engagés dans la vie active, qui sont dans des temps de la vie ou finalement entre la journée de travail, la vie personnelle, le temps qui est consacré ou peut être consacré aux activités culturelles se réduit. Cest pourquoi il me semblait pertinent daller chercher le monde du travail là où il se trouve, dans les entreprises et au cur du salariat.
Les partenariats entre établissements nationaux peuvent aussi apporter une réponse à cette ambition. Ainsi, les collections du château de Versailles vont contribuer à faire vivre certains lieux choisis du Centre des monuments nationaux (CMN), cher Philippe Belaval, tels que la maison de George Sand à Nohant ou le palais du Tau à Reims où se tiendra en 2014 une exposition consacrée aux sacres royaux.
Enfin, je souhaite mettre en place de nouveaux partenariats pour faire profiter le monde du travail de loffre du ministère de la culture. Une convention va être conclue en ce sens dans les prochaines semaines, avec la caisse centrale dactivités sociales du personnel des industries électriques et gazières, qui couvre 650 000 salariés en France. Cest donc un très bel accord qui va être un premier pas mais un pas de taille pour retisser un lien entre le monde du travail et celui de la culture.
Mais le ministère de la culture ne peut agir seul en matière de patrimoine, et lenjeu de demain réside pour lui dans sa capacité à construire des partenariats efficaces avec lensemble des acteurs impliqués dans ce domaine. Rien ne se fera, à lavenir, sans ces partenariats.
Ces partenaires, ce sont dabord, bien sûr, les autres ministères et administrations de lEtat. Le ministère de la culture a ses spécificités, mais rien ne serait plus dangereux, pour lui, que de mener la politique du splendide isolement. Lorsque le ministère sait construire un partenariat avec ses homologues, les dossiers les plus complexes peuvent avancer.
Cest le cas, en matière darchives, avec le projet VITAM, porté par les ministères de la culture, de la défense et des affaires étrangères, et qui va permettre de collecter, de conserver et de communiquer au public les documents numériques produits par les ministères et administrations centrales de lEtat. Cette question de larchivage numérique est centrale et cruciale car la mémoire de notre temps passe beaucoup par les supports numériques qui sont volatiles et extrêmement fragiles. Et cest ainsi la mémoire du temps qui est menacée de disparition faute de solutions techniques.
Ce sera lindispensable complément numérique du centre de Pierrefitte-sur-Seine inauguré par le Président de la République le 11 février dernier. Ce projet consensuel de modernisation de lEtat au service de notre mémoire collective sera proposé par le ministère de la culture et ses partenaires au financement du programme dinvestissement davenir.
Jattache également une grande importance à limplication du ministère de la culture dans les commémorations nationales qui font partie de la manière dont nous construisons notre histoire et nous nous la représentons. Ces commémorations sont le fruit dun travail interministériel, cest la commémoration du soixante-dixième anniversaire des débarquements et du centenaire de la Première guerre mondiale.
Le Président de la République lui-même interviendra le 4 octobre et au début du mois de novembre prochains pour définir lesprit et annoncer le programme de ces commémorations, coordonnées par Kader ARIF, ministre délégué aux anciens combattants.
Les opérateurs du ministère se sont déjà fortement mobilisés sur ce thème, comme le montre la remarquable exposition « 1917 » réalisée en 2012 par le centre Pompidou Metz. Cette mobilisation va saccroître, et, pour le seul domaine du patrimoine, des expositions importantes et nombreuses vont être proposées au public à partir de 2014. Elles auront pour axes lévocation de lhistoire du conflit et de ses prémices, avec notamment les expositions « Jaurès » aux Archives nationales et « Eté 1914, les derniers jours du monde ancien » à la Bibliothèque nationale de France ; les conséquences de la guerre sur la société dans son ensemble, avec notamment lexposition « Les désastres de la guerre » au Louvre-Lens ; enfin limpact de la guerre sur toutes les formes de création artistique, avec notamment lexposition « Picasso pacifiste » au musée Picasso et un projet dexposition passionnant sur « les écrivains et la grande guerre » à la Bibliothèque nationale de France, alors que nous célébrons cette année le centenaire de « Du côté de chez Swann ».
Les services darchives publics, archives nationales et départementales, seront également mobilisés autour de ces commémorations. Ce ne sont là que quelques exemples, tant les initiatives culturelles sont nombreuses autour de ces commémorations, et ce au-delà même du domaine du patrimoine. Je veillerai naturellement à ce que ces initiatives soient parfaitement intégrées au programme défini par le Président de la République pour lensemble des ministères. Et sur ces commémorations, il est important que la spécificité du ministère de la culture soit préservée non pas pour nous même mais par ce quil est toujours difficile de commémorer une guerre et il serait pour le moins paradoxal que lon ne commémore que les batailles et les faits militaires. Le ministère de la culture peut et doit porter cette volonté très forte de travailler sur limpact de la guerre sur la société et comment mieux mesurer cet impact sur la société quà travers les artistes qui se sont nourris et qui ont été marqués profondément voir déchirés dans leur chair par cette guerre. Limpact artistique et esthétique qua eu cette guerre est la traduction de limpact que cette guerre a eu sur lensemble de la société dans toutes ses dimensions sociales et sociétales. Il est donc de notre responsabilité que le ministère de la culture, ses opérateurs puissent travailler, discuter autour de cet aspect là du premier conflit.
Ces partenaires, ce sont, également, les collectivités territoriales. Jai accordé depuis mon arrivée une grande importance à ce dialogue avec ces acteurs, quil sagisse de la concertation autour du projet de loi sur les patrimoines ou de la conduite de projets communs. Cette concertation permet aujourdhui, notamment, de régler la question des réserves inondables du Louvre, puisquun accord de partenariat va prochainement être conclu entre la région Nord-Pas-de-Calais, le Louvre et le ministère de la culture pour linstallation de ces réserves sur le site du Louvre à Lens. Je remercie Daniel PERCHERON pour son engagement indéfectible en faveur du patrimoine et des musées. Ce projet sera financé par la région et par les retours financiers du projet de Louvre Abou-Dabi, sur lequel je vais revenir. Une convention tripartite sera signée par le ministère de la culture, le Louvre et la région dans quelques semaines.
Le ministère de la culture approfondira parallèlement son partenariat avec Cergy, que Dominique LEFEBVRE a mobilisée autour du patrimoine, tant sur le plan de lexpertise, avec le laboratoire dexcellence PATRIMA, qui associe notamment le Louvre, Versailles, les Archives nationales et la Bibliothèque nationale de France, que sur celui de la diffusion et de la médiation. Sur ce second point, jai demandé au musée du Louvre de proposer à Cergy un partenariat venant compléter ceux déjà existants avec le musée du quai Branly, cher Stéphane Martin, et le centre Pompidou.
Sagissant des réserves des autres musées un temps associés au projet de Cergy, létude menée à ma demande par la direction générale des patrimoines sur les musées parisiens riverains de la Seine montre que les risques liés à une crue exceptionnelle peuvent être maîtrisés, même si, pour certains, le sujet de la rationalisation des réserves se pose et devra être traité.
Cette problématique des réserves concerne dailleurs également limage, quelle soit fixe ou animée, et qui constitue une composante essentielle de notre patrimoine. Des réponses devront également être apportées avec les principaux acteurs du ministère, le centre national de la cinématographie, linstitut national de laudiovisuel et les cinémathèques. Il en va de même pour les réserves de lécole nationale supérieure des beaux-arts et du fonds national pour lart contemporain.
Ces partenaires, ce sont, enfin, les Etats étrangers, dans ce cadre mondialisé qui fait aujourdhui notre quotidien et qui concerne le monde du patrimoine comme le reste de la société.
Et je voudrais ici évoquer le projet de Louvre Abou-Dabi. Deux choses mont frappée lors de mon déplacement en avril dernier : lampleur extraordinaire et la beauté du projet de Jean Nouvel ; lengagement très fort des Emiriens pour la réussite de ce nouveau musée, comme en atteste, je lai constaté de mes propres yeux, la qualité des acquisitions réalisées. Je crois que le Louvre Abou-Dabi est en train de franchir une nouvelle étape, qui léloigne des polémiques ayant accompagné son lancement et lui confère désormais la dimension de la plus grande réalisation culturelle portée par notre pays hors de nos frontières. Mon rôle est daider le projet à franchir cette étape. Cela passe, notamment, par linstallation sur place de léquipe de lagence France-Museums, souhaitée à juste titre par les Emiriens et que Marc LADREIT DE LACHARRIERE est en train de mettre en uvre. Un effort nouveau est également réalisé depuis cet été pour la formation sur place des Emiriens aux métiers des musées par les équipes de lagence France-Museums. Cétait lun des aspects importants de laccord entre les deux pays.
Enfin, les principaux musées français qui prêteront des uvres vont sinvestir plus fortement encore pour la réussite de ce projet. Ces évolutions, permettront de tenir nos engagements vis-à-vis des Emiriens et douvrir le musée avant la fin de lannée 2015. Nous tenons là la matière dune magnifique réalisation, qui sera le symbole de ce dialogue des civilisations par la culture si nécessaire, dans un contexte géopolitique tendu, à notre avenir commun. Cela permettra de faire rayonner la place et lexcellence des métiers de la culture et du patrimoine au delà de nos frontières.
Je retournerai sur place en novembre, à loccasion de la réunion sur place, pour la première fois, des instances de gouvernance de lagence France-Museums et de la manifestation dart contemporain Abou-Dabi art, pour constater les progrès réalisés.
Voici, mesdames et messieurs, les principes de mon action en matière de patrimoine. Ces principes sont ambitieux, parce quils reposent sur la conviction que la politique du patrimoine doit être nationale et donc portée par lEtat, et pragmatiques, parce quils conduisent à préférer lutile au spectaculaire, le partenariat au « cavalier seul », le possible au « grand projet » chimérique. Notre devise doit être de rendre possible ce qui est utile.
Les projets qui viennent dêtre évoqués ont été retenus sur le fondement de ces principes, et je voudrais à présent en évoquer dautres, transversaux dabord, puis spécifiques à tel ou tel secteur du patrimoine, que je vais également porter pour les mêmes raisons.
Parmi les projets transversaux, figure le projet de loi sur les patrimoines, que je conçois comme la traduction législative de la politique que je viens dexposer. Le cur de ce projet est une réforme très ambitieuse des espaces protégés au titre du patrimoine. On compte actuellement une dizaine de catégories despaces soumis chacun à des règles différentes, selon quil sagit de secteurs sauvegardés, de zones de protection du patrimoine, de larchitecture et du paysage, daires de valorisation du patrimoine
Je propose de fusionner la dizaine de catégories actuelles en une seule, les « cités historiques ». Cette nouvelle catégorie sera tout aussi exigeante que les catégories actuelles sur le plan de la protection, mais elle permettra de mettre fin à un amoncellement de normes qui rendent les règles applicables aux espaces patrimoniaux peu compréhensibles et lisibles pour les citoyens.
Il sagit de simplifier pour mieux protéger. Je lie cela à une proposition de réforme des abords de monuments historiques, qui permettra de substituer progressivement à la règle des 500 mètres des aires de protection intelligentes, adaptées en fonction des spécificités de lenvironnement de chaque bâtiment classé ou inscrit. Je souhaite également mieux protéger dans la loi les domaines nationaux tels que Versailles, Saint-Cloud ou Fontainebleau, dont le démembrement doit absolument être évité car ils sont le fruit de notre histoire, et intégrer dans notre droit les conséquences des protections au titre du patrimoine de lhumanité.
Mais je prévois aussi de proposer des dispositions permettant de favoriser la circulation des collections, de renouveler les conditions de la reconnaissance des institutions au titre des « musées de France », je remercie Marie-Chistine Labourdette pour son travail, de promouvoir la qualité architecturale ou encore de mieux contrôler lexportation des biens culturels. Je souhaite, enfin, tirer les conséquences législatives du Livre blanc sur larchéologie préventive et réduire certains délais daccès aux archives publiques.
Il sagit donc dun chantier législatif de très grande ampleur, qui permettra pour la première fois à la représentation nationale daborder la question des patrimoines dans leur ensemble. Je compte soumettre ce projet au conseil des Ministres en décembre prochain, après les concertations interministérielles indispensables.
Je souhaite aussi profiter des moyens dégagés par larrêt de grands projets pour financer des réalisations correspondant à un besoin réel et à lambition qui est la mienne de faire en sorte quen en tous lieux du territoire, la rencontre entre le public et les collections soit un plaisir.
Ce plaisir va se décliner. Et je souhaite attirer votre attention sur le projet de la maison des cultures et des mémoires de la Guyane. Ce beau projet, consistant à créer un pôle de conservation et de diffusion des mémoires orales, écrites et matérielles des peuples de Guyane, avait été décidé en 2011 en partenariat avec les collectivités territoriales, mais aucun financement navait été prévu dans le budget de lEtat. Jai décidé de soutenir ce projet, qui regroupera dans un monument historique situé au cur de Cayenne, lancien hôpital Jean-Martial, deux musées, les archives départementales, le service de linventaire régional et un pôle consacré au multilinguisme. Ce dernier aspect est essentiel, car toutes les langues de France appartiennent, elles aussi à notre patrimoine, comme le rappellent, si besoin en était, les travaux du comité consultatif sur les langues régionales et la pluralité linguistique dont les conclusions mont été remises en juillet dernier. La Guyane bénéficie dun patrimoine culturel et linguistique dexception : elle mérite cette belle réalisation. Les premiers crédits nécessaires seront mobilisés en 2014. Et je veux remercier Michel COLARDELLE, le directeur des affaires culturelles de la Guyane qui a conçu et porté ce projet avec force. Alors quil va bientôt prendre sa retraite, je tiens à saluer ce grand serviteur du patrimoine.
Dans le domaine des musées, je veux quun effort particulier soit effectué en faveur détablissements ou despaces que la logique des « grands projets » a laissés sur le bord de la route.
Cest le cas du musée de Cluny. Cest un musée en plein cur de Paris qui a reçu 365 000 visiteurs en 2012, mais dont laccueil est désormais totalement inadapté à une telle fréquentation. Jai donc décidé de porter le projet de construction dun bâtiment daccueil, qui permettra non seulement de mieux accueillir les visiteurs, mais aussi de mieux les orienter au sein du musée. Ce chantier devrait démarrer au début de lannée 2015. Dans un second temps, la question de la meilleure protection et de la mise en valeur des vestiges archéologiques devra être posée, et des études seront réalisées en ce sens.
La problématique de laccueil concerne aussi le musée du Louvre, puisque la pyramide avait été conçue pour accueillir 4,5 millions de visiteurs par an, alors que nous frôlons aujourdhui les 10 millions. Le confort des visiteurs comme des agents chargés de laccueil en est fortement altéré. Des travaux seront donc engagés en 2014, afin de déplacer la réception des groupes hors de la pyramide et de prévoir des conditions daccueil plus simples et plus fluides. Il ne sagit pas là encore de vouloir accueillir toujours plus de visiteurs, mais de mieux, de bien les accueillir et de faire en sorte que ce premier contact avec le musée quest lespace daccueil soit positif et agréable. Car de là découlera lensemble de la visite et limpression qui en sera retirée.
Le château-musée de Compiègne doit aussi faire lobjet dune attention particulière. Il abrite le musée national de la voiture et du tourisme, une remarquable collection de véhicules anciens, allant du XVIIIe siècle aux années 1920. Cette collection exceptionnelle en Europe nest pas conservée dans des conditions satisfaisantes et laccès du public nest que très partiel. Elle pourrait trouver sa place dans les anciennes écuries du château construites par Gabriel. Des contacts approfondis sont en cours avec lInstitut français du cheval et de léquitation, actuel propriétaire des haras, pour voir comment valoriser ces collections autour de la thématique du cheval. Les collectivités territoriales ont également manifesté leur intérêt et je soutiens laboutissement de ce beau projet.
Je me dois aussi de veiller au bon fonctionnement des réalisations récentes en matière de musées relevant totalement ou partiellement du ministère, quil sagisse du musée des civilisations de lEurope et de la Méditerranée, du Louvre-Lens ou du centre Pompidou-Metz. Sagissant de ce centre, les premières années de fonctionnement montrent une fréquentation formidable mais labsence de collections permanentes crée une certaine déception chez les visiteurs qui viennent dans une période sans expositions temporaires. Jai donc demandé au centre Pompidou de me faire des propositions en vue de linstallation de collections permanentes sur ce site, que jexaminerai prochainement avec les collectivités locales assurant son fonctionnement.
Notre objectif cest donc de faire du musée, non pas un espace de consommation culturelle mais bien le lieu public et intime dune relation très personnelle à la beauté et à lart.
Sortir de la logique consumériste, cela va nous permettre de travailler aussi sur lamélioration des parcours de visite et sur limprégnation finalement par les visiteurs du sens qui est donné à ces visites et à la muséographie.
Sagissant du patrimoine bâti, je suis naturellement avec une grande attention les débats liés à sa protection. Les termes de ces débats passionnés sont bien connus : la volonté daménagement et de modernisation du tissu urbain ou de constructions existantes se heurte parfois à la conservation de tel ou tel élément architectural, quil soit protégé ou non au titre des monuments historiques.
Je ne suis pas tenante dune ligne radicale qui conduirait à dire quil faut tout protéger, tout conserver. Cela conduirait à figer nos villes et nos espaces publics dans une forme de « muséification », alors que lhistoire de ces lieux est celle de leur transformation constante. Pour autant, je fais le constat que, dans de nombreux cas, la destruction / reconstruction est privilégiée à la réhabilitation du patrimoine existant. Jentends les impératifs économiques et techniques qui peuvent conduire à ces choix, mais je voudrais rappeler que le patrimoine, y compris le plus récent, peut être un extraordinaire atout pour lattractivité des villes. Notre pays a aujourdhui beaucoup plus conscience quil y a trente ans de limportance du patrimoine et je souhaite que nous progressions encore collectivement dans cette voie.
Ce rapport plus mature que nous devons construire avec notre patrimoine doit notamment conduire à nous écarter de tout projet de restitution à lidentique de tout ou partie dédifices anciens. Loin de constituer des restaurations, ces opérations falsifient laspect des monuments tels que lhistoire nous les a transmis. Alors que, sur certains édifices, des restaurations sont urgentes, la dépense dargent et dénergie pour des opérations inutiles et trompeuses apparaît pour le moins vaine.
Je tiens à ce quune attention particulière soit portée au patrimoine du XXe siècle. Les associations de défense du patrimoine attirent fréquemment notre attention collective sur les atteintes portées à ce patrimoine et elles ont raison. Les difficultés bien réelles liées notamment à la réutilisation ne doivent pas conduire à la disparition systématique de ce patrimoine : nous occulterions ainsi tout un pan de notre histoire, quelle soit architecturale, urbaine ou industrielle. Je suis très attachée, notamment, à ce que la mémoire du monde du travail soit, dans la mesure du possible, préservée dans notre environnement urbain et paysager. Il sagit de respect vis-à-vis des gens qui ont travaillé dans ces lieux et vis-à-vis de lhistoire de ces lieux. Jai pu observer il y a quelques jours lors dun déplacement en Allemagne pour les journées du patrimoine allemand, des réalisations exceptionnelles de préservation du patrimoine industriel.
Jenvisage, dans cette perspective, trois catégories de mesures. Premièrement, je vais demander à la direction générale des patrimoines de constituer, dès le début de lannée 2014, un groupe de travail ouvert aux architectes, aux spécialistes du patrimoine du XXe siècle, aux aménageurs, aux associations et aux élus, dont le mandat sera de proposer des solutions innovantes pour mieux préserver ce patrimoine et le réutiliser. Deuxièmement, sur le fondement des propositions de ce groupe, instruction sera donnée aux directions régionales des affaires culturelles dintensifier leur campagne de labellisation au titre du patrimoine du XXe siècle. Troisièmement, je proposerai dans le cadre du projet de loi sur les patrimoines une disposition donnant à ce label une valeur législative et instaurant, pour les édifices labellisés, une consultation préalable du ministère de la culture avant toute destruction.
Au-delà du patrimoine du XXe siècle non protégé au titre des monuments historiques, se pose la question du sort des édifices de toute nature dont lintérêt, souvent réel, ne justifie pas systématiquement une telle protection. Ce débat concerne en particulier les églises rurales, puisque plusieurs cas récents de destruction ont fait polémique. Je ne suis favorable ni à lassouplissement des critères de protection au titre des monuments historiques pour cette catégorie dédifices, ni à ce quun dispositif particulier de labellisation leur soit dédié. Il est, en revanche, tout à fait possible de prévoir une protection des églises et, plus généralement, du patrimoine dintérêt local, dans le cadre des documents durbanisme.
Je salue également le travail mené sur ce thème par la fédération du patrimoine, à laquelle linspection des patrimoines du ministère de la culture va contribuer.
Sagissant de larchéologie, je voudrais dabord rappeler que les engagements que javais pris à Saint-Rémy-de-Provence au mois de juin, lors des journées de larchéologie, quelques jours après ma prise de fonctions ont tous été tenus : le montant de la redevance darchéologie préventive a été porté en loi de finances à 122 millions deuros, au lieu des 105 millions deuros qui étaient la cible initiale, il a été mis fin au remboursement intégral de certains travaux daménagement par le fonds national darchéologie préventive, les engagements sociaux sont devenus réalité.
Le livre blanc sur larchéologie préventive, dont javais également souhaité la rédaction, ma été remis au printemps dernier. Jai ensuite laissé un temps de concertation pour que les différents acteurs de la discipline puissent se prononcer sur les conclusions de ce travail conduit par Dominique GARCIA. La grande majorité des conclusions du Livre blanc va être mise en uvre, tant, je lai dit, dans leur dimension législative dans le cadre du projet de loi sur les patrimoines, je pense par exemple à la propriété publique du patrimoine mobilier découvert lors des fouilles, mais aussi sur des aspects scientifiques et techniques, dans la limite des moyens budgétaires alloués à la discipline.
Toutefois, certaines questions méritent encore dêtre approfondies. En particulier, la situation actuelle de concurrence sur lexécution des fouilles prescrites place souvent lINRAP en position défavorable, car cet opérateur national doit assumer des coûts de structure indispensables pour répondre aux obligations de service public et de présence sur l'ensemble du territoire. Et ces obligations lui sont imposées par la loi. Jai donc demandé à mes services dexplorer les pistes qui permettraient, sans remettre en cause le principe dune intervention dautres acteurs que lINRAP dans lexécution des fouilles, de mieux prendre en compte les charges spécifiques et particulières de service public auquel cet Institut national doit faire face. Je souhaite aussi que lon parvienne à construire avec les services darchéologie préventive des collectivités territoriales, un partenariat plus efficace pour cette notion de pôle public, sans pour autant que cela soit une tutelle de l'INRAP qui soit instaurée sur ces services des collectivités locales.
Larchéologie préventive mérite vraiment cette attention car cest, vous le savez, grâce à larchéologie, préventive ou programmée, que la connaissance historique peut progresser au-delà des sources écrites ou en leur absence. Jai constaté à plusieurs reprises lors de mes déplacements les extraordinaires découvertes et les qualités des métiers de l'archéologie et je veux encore une fois réaffirmer mon attachement et mon soutien entier à cette discipline.
Je vais également poursuivre la création de centres de conservation et détudes destinés à collecter, conserver et mettre à la disposition des chercheurs les objets mobiliers issus des campagnes de fouille. Un tel centre, le pôle de recherches interdisciplinaires archéologiques de Moselle (PRIAM), va être créé à Metz, ville qui mest chère, mais aussi une ville dont le sous-sol recèle des vestiges particulièrement riches, et cela se fait avec lintercommunalité de Metz métropole. La construction sera lancée en 2014.
Je souhaite également soutenir, toujours en partenariat avec les collectivités territoriales, la création dun centre de même nature à Marseille. Ce centre pourra collecter les vestiges trouvés dans le cadre de campagnes darchéologie sous-marines menées par le département des recherches archéologiques, subaquatiques et sous-marines (DRASSM) du ministère de la culture, et qui sont actuellement stockés dans des locaux inadaptés. Je sais que la ville de Marseille a manifesté son intérêt pour ce projet, ce dont je me réjouis. Il y aura donc des études de faisabilité dans les prochains mois, et c'est encore la démonstration de la fertilité des ces partenariats responsables et assumés entre l'Etat et les collectivités locales au bénéfice de lintérêt général.
Sagissant, enfin, des archives, le Président de la République a inauguré il y a quelques mois le nouveau centre des Archives nationales à Pierrefitte-sur-Seine. Ce nouveau site est désormais ouvert au public et accomplit des débuts très prometteurs. Le défi à relever est à présent est celui de larchivage électronique et jai dit tout à lheure mon soutien au projet VITAM. Mais j'ai également parlé, de la nécessite de revenir sur certaines dispositions concernant les délais daccès aux archives, nous devons aujourd'hui faciliter laccès aux archives pour les chercheur et pour nos concitoyens amateurs.
Je tiens aussi à affirmer mon attachement au réseau des archives départementales. Le partage de compétences entre lÉtat et les collectivités territoriales au sein de ce réseau donne, depuis 1986, des résultats remarquables pour le plus grand bénéfice du public et de lintérêt général, c'est laccès à la mémoire nationale qui est en jeu avec les archives, c'est bien-sur létablissement, par un retour aux sources, d'un récit historique qui soit fiable.
Les archives départementales sont le secteur culturel le plus avancé en matière doffre numérique. Cette politique très volontariste de mise en ligne menée depuis plus de dix ans avec le soutien technique et financier de lEtat permet désormais à bon nombre de personnes de travailler sans avoir à se déplacer. J'avais visité les archives départementales du Tarn, ou il y a plus de 60 millions de pages vues, ce qui constitue un succès remarquable. Ces succès me conduisent à estimer que léquilibre institutionnel trouvé en 1986 est efficace et quil doit être préservé.
Mesdames et messieurs, lexposé qui précède, qui était je crois nécessaire et indispensable, montre lextraordinaire dynamisme, toute l'énergie du monde du patrimoine dans toutes ses composantes. Il montre aussi que lexercice de rétablissement de léquilibre des comptes publics nempêche pas l'action, cela nempêche pas de mener à bien de nouveaux et passionnants projets, des projets justes, des projets utiles. Les ressources financières pour concrétiser ces projets existent, nous les avons dégagées. Elles ne reposent pas entièrement sur le budget de lÉtat, cela se fait par des partenariats responsables et utiles avec les collectivités locales notamment.
Dune manière plus générale, jestime que, plus de cinquante ans après la création du ministère de la culture, la politique de lEtat en matière de patrimoine doit connaître un changement complet de paradigme pour conserver son efficacité et sa crédibilité, et parce qu'il y a un besoin de patrimoine dans notre pays, un besoin de politique en matière de patrimoine, un besoin de discours sur le patrimoine : les gens y sont attachés. La popularité des nos journées européennes du patrimoine, la fréquentation toujours croissante de nos établissements, musées ou monuments, le montre. Nous avons une responsabilité vis-à-vis de cette popularité. C'est aussi un défi formidable et un chantier exaltant de savoir faire vivre et fructifier, savoir faire partager et transmettre ce magnifique héritage historique. C'est notre fierté d'homme qui travaillons dans le domaine de la culture et du patrimoine mais notre fierté tout simplement d'homme et de femme citoyens, amoureux de notre histoire, amoureux de notre pays dans toutes sa diversité et ses diversités et désireux de le faire partager au plus grand nombre.
Je vous remercie.
Source http://www.culturecommunication.gouv.fr, le 17 septembre 2013