Texte intégral
Q - Nous avons plus que jamais besoin du positionnement de la France pour régler ces conflits devenus innombrables. Qu'apportez-vous au vu de la nouvelle donne ? Nous citons, en référence, l'évolution de la situation dans et entre les deux Congo.
R - D'abord, je dirais que je suis très heureux de me trouver ce soir pour quelques heures à Libreville, d'autant que c'est la première fois que j'ai l'occasion de me rendre dans ce pays important d'Afrique. Je n'ai pas voulu entamer ce périple, comme vous dites, en Afrique sans m'arrêter au Gabon et sans avoir une soirée d'entretiens, avec le président Bongo, compte tenu du rôle éminent et tout à fait remarquable qu'il joue à l'heure actuelle dans son pays naturellement, mais aussi par rapport à l'ensemble des problèmes et des conflits qui, malheureusement, se sont multipliés dans cette région. Donc, je suis là pour lui apporter le salut et le soutien des autorités françaises dans les efforts tout à fait méritoires qu'il mène pour rétablir la paix dans différentes régions voisines. Au-delà, vous me permettrez de lui réserver la primeur de mes analyses et des questions, puisque je n'ai pas encore commencé à avoir des échanges avec lui.
Q - Monsieur le Ministre, après Libreville, il est prévu que vous vous rendiez dans plusieurs villes africaines, dont Johannesbourg en Afrique du Sud, un pays que l'on dit acquis à la méthode américaine. Avez-vous des assurances que votre message sera compris ?
R - Je me rends en effet dans plusieurs pays d'Afrique. Vous avez vous-même employé l'expression de périple pour bien montrer aujourd'hui que la fidélité de la France est entière par rapport à ses amis africains et ses partenaires africains de longue date. Mon étape de ce soir à Libreville le montre, comme la journée que je passerai en Côte d'Ivoire également. Mais la France s'intéresse également, naturellement, et s'ouvre à d'autres pays importants sur le continent, comme l'Afrique du Sud et comme l'Ethiopie où je me rendrais aussi : j'irai voir les dirigeants de ce pays et les représentants de l'ensemble de l'Afrique au siège de l'OUA. Voilà une marque d'intérêt de la France pour ce grand continent, qui connaît naturellement des problèmes, mais aussi qui connaît, notamment dans votre région, un développement très encourageant sur tous les plans. Un périple de ce type devait commencer par un pays ami de la France et de très longue date./.
Q - Vous allez vous rendre en Afrique du Sud, un pays d'obédience américaine, Monsieur Védrine. Etes-vous sûr que le message que vous apportez là-bas sera compris ?
R - Si vous permettez, je dirais d'abord que je suis venu au Gabon, ce soir, pour indiquer au président Bongo qu'aussi bien le président de la République, Jacques Chirac, que le Premier ministre, Lionel Jospin et le gouvernement français, continuent à soutenir et soutiennent, même plus que jamais, la médiation entreprise avec beaucoup de persévérance par le président Bongo. C'est le seul effort qui nous semble en mesure de parvenir à une solution dans cette affaire tout à fait navrante du Congo-Brazzaville. S'il est confirmé qu'un cessez-le-feu a pu être obtenu, ce serait un résultat très considérable et naturellement, nous soutiendrons et continuerons à soutenir le président Bongo dans tous les efforts qu'il déploiera par la suite pour concrétiser ce résultat espéré et attendu et pour persévérer au-delà de la solution politique. Il faut en effet dans cette affaire revenir naturellement vers une solution politique et tourner le dos à tous les affrontements qui utilisent les armes. C'est l'un des points, je crois, très important, central de notre conversation. Pour le reste, j'aurais l'occasion en Afrique du Sud comme en Ethiopie, comme en Côte d'Ivoire, d'avoir des entretiens très larges et j'expliquerai partout comment la politique française est composée de fidélité et de maintien d'un engagement important en Afrique. En même temps, il faut en permanence s'adapter à une nouvelle réalité de l'Afrique aujourd'hui. Je suis certain d'être très bien entendu en Afrique du Sud, comme dans les autres Etats, puisque c'est la question que vous me posez.
Q - Monsieur le Ministre, au-delà de l'obtention du cessez-le-feu au Congo, comment réagissez-vous lorsque les autorités de Brazzaville vous regardent d'un mauvais oeil, vous accusant de soutenir la partie de l'ancien président Sassou N'Guesso ?
R - Je ne réagis pas, d'une part parce que cela ne parait pas fondé : chacun a pu observer depuis que cette malheureuse tragédie s'est développée, que la France avait eu pour politique constante très claire et très cohérente, de ne pas s'immiscer dans des conflits internes qui, encore une fois, sont regrettables, et de soutenir la médiation internationale entreprise par le président Bongo, avec le soutien du représentant des Nations unies, M. Sahnoun, et d'autres chefs africains. C'est notre politique et notre seule politique. Donc, les commentaires, mettons-les sur le compte de l'énervement et des tensions que provoque cette crise, dont il faut sortir.
Q - Dans ce qu'on appelle votre pré-carré, Monsieur le Ministre, il y a quand même des crises autres que celle du Congo. Il y a également celle des Comores. Il y a aussi celle du Sénégal avec les velléités sécessionnistes dans la région Sud en Casamance. Qu'est-ce que la France apporte concrètement pour essayer de faire en sorte que ces crises cessent ?
R - Après un entretien tout à fait intéressant avec le président Bongo, je ne crois pas que je sois venu là pour passer en revue tous les problèmes qui se posent dans toute l'Afrique, et pas spécialement d'ailleurs, chez les amis de la France et dans les pays qui sont des partenaires anciens, très liés à notre pays et qui le resteront à l'avenir, puisque notre volonté et notre engagement ne sont pas en cause. Donc, on ne va pas énumérer toutes les questions qui se posent partout. Ce n'est pas le lieu./.
(source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 19 octobre 2001)
R - D'abord, je dirais que je suis très heureux de me trouver ce soir pour quelques heures à Libreville, d'autant que c'est la première fois que j'ai l'occasion de me rendre dans ce pays important d'Afrique. Je n'ai pas voulu entamer ce périple, comme vous dites, en Afrique sans m'arrêter au Gabon et sans avoir une soirée d'entretiens, avec le président Bongo, compte tenu du rôle éminent et tout à fait remarquable qu'il joue à l'heure actuelle dans son pays naturellement, mais aussi par rapport à l'ensemble des problèmes et des conflits qui, malheureusement, se sont multipliés dans cette région. Donc, je suis là pour lui apporter le salut et le soutien des autorités françaises dans les efforts tout à fait méritoires qu'il mène pour rétablir la paix dans différentes régions voisines. Au-delà, vous me permettrez de lui réserver la primeur de mes analyses et des questions, puisque je n'ai pas encore commencé à avoir des échanges avec lui.
Q - Monsieur le Ministre, après Libreville, il est prévu que vous vous rendiez dans plusieurs villes africaines, dont Johannesbourg en Afrique du Sud, un pays que l'on dit acquis à la méthode américaine. Avez-vous des assurances que votre message sera compris ?
R - Je me rends en effet dans plusieurs pays d'Afrique. Vous avez vous-même employé l'expression de périple pour bien montrer aujourd'hui que la fidélité de la France est entière par rapport à ses amis africains et ses partenaires africains de longue date. Mon étape de ce soir à Libreville le montre, comme la journée que je passerai en Côte d'Ivoire également. Mais la France s'intéresse également, naturellement, et s'ouvre à d'autres pays importants sur le continent, comme l'Afrique du Sud et comme l'Ethiopie où je me rendrais aussi : j'irai voir les dirigeants de ce pays et les représentants de l'ensemble de l'Afrique au siège de l'OUA. Voilà une marque d'intérêt de la France pour ce grand continent, qui connaît naturellement des problèmes, mais aussi qui connaît, notamment dans votre région, un développement très encourageant sur tous les plans. Un périple de ce type devait commencer par un pays ami de la France et de très longue date./.
Q - Vous allez vous rendre en Afrique du Sud, un pays d'obédience américaine, Monsieur Védrine. Etes-vous sûr que le message que vous apportez là-bas sera compris ?
R - Si vous permettez, je dirais d'abord que je suis venu au Gabon, ce soir, pour indiquer au président Bongo qu'aussi bien le président de la République, Jacques Chirac, que le Premier ministre, Lionel Jospin et le gouvernement français, continuent à soutenir et soutiennent, même plus que jamais, la médiation entreprise avec beaucoup de persévérance par le président Bongo. C'est le seul effort qui nous semble en mesure de parvenir à une solution dans cette affaire tout à fait navrante du Congo-Brazzaville. S'il est confirmé qu'un cessez-le-feu a pu être obtenu, ce serait un résultat très considérable et naturellement, nous soutiendrons et continuerons à soutenir le président Bongo dans tous les efforts qu'il déploiera par la suite pour concrétiser ce résultat espéré et attendu et pour persévérer au-delà de la solution politique. Il faut en effet dans cette affaire revenir naturellement vers une solution politique et tourner le dos à tous les affrontements qui utilisent les armes. C'est l'un des points, je crois, très important, central de notre conversation. Pour le reste, j'aurais l'occasion en Afrique du Sud comme en Ethiopie, comme en Côte d'Ivoire, d'avoir des entretiens très larges et j'expliquerai partout comment la politique française est composée de fidélité et de maintien d'un engagement important en Afrique. En même temps, il faut en permanence s'adapter à une nouvelle réalité de l'Afrique aujourd'hui. Je suis certain d'être très bien entendu en Afrique du Sud, comme dans les autres Etats, puisque c'est la question que vous me posez.
Q - Monsieur le Ministre, au-delà de l'obtention du cessez-le-feu au Congo, comment réagissez-vous lorsque les autorités de Brazzaville vous regardent d'un mauvais oeil, vous accusant de soutenir la partie de l'ancien président Sassou N'Guesso ?
R - Je ne réagis pas, d'une part parce que cela ne parait pas fondé : chacun a pu observer depuis que cette malheureuse tragédie s'est développée, que la France avait eu pour politique constante très claire et très cohérente, de ne pas s'immiscer dans des conflits internes qui, encore une fois, sont regrettables, et de soutenir la médiation internationale entreprise par le président Bongo, avec le soutien du représentant des Nations unies, M. Sahnoun, et d'autres chefs africains. C'est notre politique et notre seule politique. Donc, les commentaires, mettons-les sur le compte de l'énervement et des tensions que provoque cette crise, dont il faut sortir.
Q - Dans ce qu'on appelle votre pré-carré, Monsieur le Ministre, il y a quand même des crises autres que celle du Congo. Il y a également celle des Comores. Il y a aussi celle du Sénégal avec les velléités sécessionnistes dans la région Sud en Casamance. Qu'est-ce que la France apporte concrètement pour essayer de faire en sorte que ces crises cessent ?
R - Après un entretien tout à fait intéressant avec le président Bongo, je ne crois pas que je sois venu là pour passer en revue tous les problèmes qui se posent dans toute l'Afrique, et pas spécialement d'ailleurs, chez les amis de la France et dans les pays qui sont des partenaires anciens, très liés à notre pays et qui le resteront à l'avenir, puisque notre volonté et notre engagement ne sont pas en cause. Donc, on ne va pas énumérer toutes les questions qui se posent partout. Ce n'est pas le lieu./.
(source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 19 octobre 2001)