Texte intégral
Fêter les 30 ans des Frac aux Abattoirs est plus qu’un symbole, c’est un manifeste.
30 ans après la volonté de constituer et donner à voir une collection d’art contemporain dans chaque région de France, c’est réaffirmer l’impérieuse nécessité de faire entrer l’art dans la vie en investissant des lieux qui ne sont pas dédiés à la culture.
Fêter les 30 ans des Frac aux Abattoirs, c’est montrer que l’ambition fondatrice de décentralisation et de démocratisation culturelles prend une nouvelle dimension. 30 ans plus tard, c’est la circulation des oeuvres et de nos collections qui est au coeur des enjeux. De même qu’au début des années 90 l’art contemporain investissait les anciens abattoirs de la ville de Toulouse, il nous faut faire entrer l’art dans la vie des gens, et, sur les pas des Frac, investir les écoles, les gares et même les entreprises.
Alors que nous fêtons vos 30 ans, je voudrais redire devant vous tous qui en êtes les présidents et les directeurs, mon engagement auprès de ces institutions qui ont su se saisir de leur singularité et de leurs différences pour mieux remplir leur mission. Cet engagement, il se manifeste par un geste fort : dans un contexte budgétaire extrêmement contraint, les moyens prévus en 2014 pour les arts plastiques permettent de consolider l’effort en faveur des Frac. Car ce sont ces différences et ces singularités qui en font de véritables acteurs de la démocratisation culturelle, au plus près des spécificités des territoires.
Comme les Frac, nos Régions ont 30 ans : ce double anniversaire est à l’image du rôle essentiel de la culture sur le développement de nos territoires. Je salue les Régions, et particulièrement l’ARF que Monsieur Malvy représente, pour leur soutien inconditionnel aux côtés des Frac. Elles ont compris, et je m’en félicite, que faire le pari de la culture, c’était faire celui de l’avenir. Celui d’un territoire attractif, riche de la diversité et de la vitalité de sa création.
C’est tout le sens de l’exposition des Pléiades, qui met en avant la singularité de chacun des Frac pour mieux montrer leur complémentarité. Si conjuguées, les collections des 23 Frac figurent parmi les plus importantes au monde consacrées à l’art contemporain, elles sont aussi parmi les plus contrastées. C’est cette multiplicité des approches, cette diversité des regards portés depuis le début de l’année par chacun de vos Frac qui fait tout l’intérêt de cette exposition coproduite par les Abattoirs et Platform. Donnant tout son sens à l’intitulé de cette manifestation anniversaire, chacun des Frac brille ainsi de sa singularité au coeur d’une constellation plus vive et lumineuse que jamais.
Une constellation qui s’est métamorphosée à travers les projets ambitieux et innovants des Frac nouvelles générations. J’ai pu encore m’en rendre compte à Orléans au début du mois lors de l’inauguration du Frac Centre : ces nouvelles structures qui s’érigent au coeur de la Cité sont le signe de la vitalité et de la diversité de notre création contemporaine mais aussi du dynamisme d’un réseau résolument tourné vers l’avenir.
Les Frac sont exemplaires des priorités que je veux donner à la politique culturelle de la France.
La véritable démocratisation culturelle, l’accès du plus grand nombre à la culture passe à mes yeux par la circulation des oeuvres et l’éducation artistique et culturelle. Et alors que les Frac fêtent leurs 30 ans, je voudrais souligner devant vous tous mon ambition pour vos institutions qui sont les bras armés de ma politique culturelle.
La diversité et l’étendue de vos collections respectives le prouvent, la richesse culturelle de la France est indéniable de même que la vitalité de sa création contemporaine que nous avons toujours soutenue. Cette richesse il nous faut la partager. Car ces collections qui irriguent chacune de nos régions, elles sont à tous.
C’est pour cela que je veux les rendre accessibles aux gens, où qu’ils se trouvent. Je veux que les oeuvres, parce qu’elles sont notre bien commun, circulent au-delà des espaces et des institutions dédiés.
Les Frac sont pionniers en matière de circulation des oeuvres et je veux m’appuyer sur leur expérience.
J’ai voulu que vos expériences nourrissent nos réflexions : faire circuler les oeuvres, c’est améliorer la législation pour faciliter les prêts et les dépôts dans les musées mais aussi dans tous les endroits qui ne sont pas des musées : des mairies, des hôpitaux, des prisons. C’est ce que vous faites au quotidien à travers les 500 expositions que vos organisez chaque année. Vos expériences ont ainsi considérablement éclairé les propositions qui m’ont été remises par Alain Seban de même que celles des groupes de travail sur les collections d’art contemporain que j’ai souhaité réunir pour réfléchir à une plus juste et plus large circulation des oeuvres.
Faire entrer l’art dans la vie des gens, c’est investir tous les espaces qui leur sont familiers : les espaces de loisirs, de consommation mais aussi ceux de travail.
Vous avez voulu faire de la gare un espace de rencontre et de confrontation entre le public et l’art contemporain. Et avez ainsi transformé plus de trente gares en espaces d’exposition. Et pour mieux fêter vos 30 ans, vous avez voulu jouer sur la surprise du voyageur et faire appel à son imagination autour de ces portes ouvertes sur l’art et nos territoires. Cette expérience doit nous servir d’exemple et je veillerai à prendre toutes les dispositions législatives et réglementaires nécessaires pour le rendre possible pour les collections nationales aussi et dans d’autres lieux.
Je pense particulièrement au monde de l’entreprise. Les Français passent beaucoup de temps sur leur lieu de travail et ont souvent peu de temps à consacrer à des activités culturelles. Pour toucher le monde du travail où il se trouve, il faut faire entrer l’art dans les entreprises.
Faire entrer l’art dans la vie des gens, c’est aussi, et c’est très important pour moi, porter une attention toute particulière à l’accès des jeunes à la culture. C’est la priorité du Président de la République et j’en ai fait mon grand projet pour le quinquennat.
Là encore, les Frac sont en première ligne.
Nous venons de signer une convention nationale pour l’opération « un établissement, une oeuvre » qui permet d’inscrire la création contemporaine dans les nouveaux parcours d’éducation artistique et culturelle. Avec cette convention, nous nous appuyons sur votre expérience en matière d’accompagnement des publics et des enseignants pour faire entrer l’art contemporain dans nos écoles, nos collèges et nos lycées.
L’éducation artistique et culturelle passe aussi par le numérique qui est un formidable outil de généralisation et un des plus sûrs moyens de toucher le public, et notamment les plus jeunes, où il se trouve.
Lors de la conférence de presse sur l’éducation artistique et culturelle, j’ai exprimé la volonté de créer, à travers les sites de nos établissements culturels, une véritable expérience interactive en ligne. Les Frac ont ouvert la voie en permettant au public d’accéder aux 25 000 oeuvres qui constituent vos collections respectives.
Ce site remarquablement conçu par toute l’équipe de Videomuseum avec le soutien du ministère de la Culture, permet de naviguer librement à travers toutes les collections des Frac. D’un clic, on peut explorer l’intégralité de la collection d’un Frac ou bien l’oeuvre d’un artiste ou encore retrouver une oeuvre dont on aurait oublié l’auteur. On peut aussi, en plus des informations sur l’oeuvre, suivre son parcours, d’exposition en exposition. C’est un formidable outil pédagogique qui invite à la découverte et aiguise la curiosité. C’est aussi un moyen, pour les plus jeunes, de partager leurs découvertes et leurs coups de coeur artistiques sur les réseaux sociaux.
Je souhaite que cette initiative, comme celle du Pompidou Virtuel, soient imitées car elles font de nos jeunes de véritables acteurs et non plus de simples objets de notre politique culturelle : en partageant leurs découvertes sur leur mur Facebook ou leur compte Twitter, ils ne sont plus simplement les bénéficiaires de l’éducation artistique et culturelle, ils s’en font aussi les relais. C’est par là, par la reconnaissance des pratiques culturelles des jeunes, que passe véritablement la culture pour tous, qui doit, aussi, être celle de tous, par tous.
Cette belle initiative est la preuve que 30 ans après leur création, les Frac sont encore à l’avant-garde de nos politiques culturelles. Après la décentralisation et la démocratisation culturelle dans les années 80, ils ont su se saisir des enjeux que j’ai définis comme les priorités de mon ministère pour ce quinquennat : la circulation des oeuvres, l’éducation artistique et culturelle et le numérique.
Je vous remercie.
Source http://www.culturecommunication.gouv.fr, le 30 septembre 2013