Déclaration de Mme Aurélie Filippetti, ministre de la culture et de la communication, sur la commémoration et les célébrations autour de Jean-Philippe Rameau, Paris le 18 septembre 2013.

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Circonstance : Réunion du Comité d'honneur de l'année Rameau à Versailles le 18 septembre 2013

Texte intégral


Je me réjouis d’être parmi vous tous qui êtes au cœur des célébrations du 250ème anniversaire de la mort de Rameau et je souhaite, ce soir, saluer l’engagement de chacun d’entre vous.
Si le génie de Rameau a pu diviser en son temps par son audace et sa nouveauté, c’est pour cette raison aussi qu’il mobilise aujourd’hui tant d’énergies et de forces vives.
Beaucoup ont vu en Rameau le précurseur de la musique moderne. Désireux de remettre la musique au cœur de pièces jusqu’alors dominées par la narration et la danse, il a su imposer l’harmonie « qui remue les passions », comme il le disait lui-même.
Cette forme musicale nouvelle dont il est l’auteur est révolutionnaire pour nombre de ses contemporains. Elle l’est encore aujourd’hui pour nous à bien des égards et c’est là aussi l’objet de cette commémoration.
C’est cette dimension éminemment moderne, révolutionnaire, de Rameau que je souhaite saluer en ce 250ème anniversaire.
Cette particularité du génie de Rameau, le Centre de musique baroque de Versailles (CMBV) que Jean-François Dubos préside est le partenaire idéal pour la mettre en valeur. Depuis 25 ans, le CMBV œuvre à la découverte et la redécouverte de la musique baroque, à la sensibilisation du public qu’il guide à travers notre patrimoine baroque national et à son rayonnement à travers le monde. C’est pour cela que j’ai souhaité lui confier, sous votre direction Cher Hervé Burckel de Tell, la coordination des célébrations de cet anniversaire.
Mieux faire connaître cet homme dont le génie illumina le 18ème siècle et transforma durablement notre paysage musical, c’est le ton de cette année placée sous le signe de Rameau que le Comité d’honneur, sous votre présidence, Chère Catherine Pégard et avec le soutien de chacun de ses membres que je salue, aura à cœur d’animer.
A la manière de celui qui a su faire preuve de tant d’audace créative pour ouvrir des horizons nouveaux à ses contemporains, nous devons tout au long de cette année Rameau, conquérir et toucher de nouveaux territoires.
Ces nouveaux territoires, c’est d’abord le public, en particulier les plus jeunes.
Le programme d’actions culturelles et pédagogiques à destination du jeune public s’inscrit pleinement dans l’ambition de mon grand projet d’éducation artistique et culturelle.
Je me réjouis des initiatives qui permettent, un peu partout sur le territoire, de faire découvrir ce qui, pour beaucoup de jeunes, est un territoire inconnu où ils osent rarement s’aventurer : l’œuvre de Rameau et au-delà la musique baroque.
Les élèves du primaire et du secondaire de la ville de Trappes pourront ainsi, grâce au soutien de l’Académie des Yvelines, du Conseil général des Yvelines et de la Région Ile-de-France, bénéficier d’un programme éducatif et artistique s’articulant autour d’une œuvre de Rameau, la Parodie pour marionnette d’Hippolyte et Aricie, tout au long de l’année scolaire. Des rencontres musicales seront aussi organisées entre les élèves des trois collèges Rameau de France, à Versailles, Tours et Dijon, avec le concours des académies concernées.
Ces nouveaux territoires, ils sont aussi artistiques. Car les génies passés sont de nature à nourrir la création contemporaine.
Comme Rameau a su être précurseur en son temps, il est important de créer des passerelles entre son œuvre et les arts du 21ème siècle pour renouer avec la hardiesse et l’esprit novateur de Rameau.
Ces passerelles ne peuvent connaître de restriction au seul champ musical, car si Rameau était compositeur, l’expressivité de sa musique convoque tous les champs de la création artistique, la danse, les arts visuels… C’est pour cela que ces commémorations associeront des musiciens, le compositeur Gérard Pesson à qui une œuvre pour clavecin sera commandée, les orchestres symphoniques et les chœurs, mais aussi des designers et des plasticiens, je pense par exemple au partenariat entre la Monnaie de Paris et Christian Lacroix.
Nul doute que Rameau aurait apprécié, lui le coloriste, le compositeur de tableaux musicaux, être ainsi associé aux arts visuels et voir sa musique rassembler ainsi tous les arts en une synesthésie par-delà les siècles.
Ces territoires nouveaux, ils sont, enfin, géographiques.
L’année Rameau s’inscrit dans un contexte musical international en plein renouveau avec des concerts, des spectacles et des colloques programmés en Allemagne, au Royaume-Unis, en Autriche, en Belgique, au Canada, en Espagne ou en Hongrie en s’appuyant sur le réseau des centres culturels français.
Elle s’ouvre aussi à la Chine, à l’occasion du 50ème anniversaire des relations diplomatiques franco-chinoises et l’année France-Chine pilotée, Cher Xavier Darcos, par l’Institut Français avec un projet porté dans le cadre du festival Croisements qui se déroule d’avril à juin à travers toute la Chine continentale, pour mieux faire connaître le génie musical français.
Je voudrais rappeler que l’objectif de ces commémorations, et ce qui en fait toute la richesse, est double : elles sont un pont jeté entre patrimoine et création. Avec l’Année Rameau, il s’agit de restituer au plus grand nombre notre patrimoine national dont Rameau est un des joyaux.
Mais il s’agit aussi, à l’exemple de l’audace du génie de Rameau, d’explorer de nouveaux territoires et d’encourager la créativité autour de l’œuvre du précurseur de la modernité.
« Tout l’avenir est présent à mes yeux ».
Le texte même de Dardanus, une de ses tragédies lyriques, nous présente Rameau en visionnaire. Cette audace, ce souffle novateur ne doivent cesser de nous inspirer.
Je vous remercie.
Source http://www.culturecommunication.gouv.fr, le 2 octobre 2013