Déclaration de Mme Nicole Bricq, ministre du commerce extérieur, sur les relations économiques entre la France et le Vietnam, Paris le 25 septembre 2013.

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Circonstance : Rencontre au Medef international à l'occasion de la visite en France du Premier ministre du Vietnam, Paris le 25 septembre 2013

Texte intégral

Monsieur le Premier ministre,
Messieurs les Ministres,
Messieurs les Ambassadeurs,
Mesdames, Messieurs,


Voici cinq mois, j’ai eu le plaisir de me rendre dans votre pays. Depuis, nous avons travaillé à l’élaboration du partenariat stratégique que nous signons aujourd’hui.

Si nous avons souhaité nous engager dans cette relation, c’est parce que nous n’ignorons rien du passé qui nous unit. Nos relations culturelles, économiques et scientifiques, humaines avant tout, sont fortes et anciennes.

Mais ce partenariat stratégique est surtout tourné vers l’avenir. Car à l’avenir, le Vietnam, pays de 90 millions d’habitants, au cœur de l’Asie du Sud-Est, jouera un rôle prééminent. La France a vocation à être le partenaire stratégique de votre pays au sein de l’Union Européenne.

J’ai eu le plaisir de lancer à Hanoï l’Année France-Vietnam. Je l’avais dit alors, ces années croisées doivent être l’occasion de sortir des images d’Epinal, de nourrir la relation franco-vietnamienne moderne, celle du XXIème siècle.

La France est une terre de recherche et d’innovation, pleine de talents et de compétences ; un pays qui œuvre à la reconquête de son appareil productif et reste la première terre en Europe pour l’accueil des investissements industriels.

Le Vietnam est un pays qui émerge à grandes enjambées, un pays de forte croissance qui constitue une base industrielle, un membre à part entière des nouveaux émergents, les CIVETS.

Dès mon arrivée au Ministère du Commerce extérieur, j’ai fait du développement de notre commerce bilatéral une priorité.

Je veux, devant vous, chefs d’entreprises, rappeler la feuille de route ambitieuse que nous nous sommes fixés dans le domaine économique. Je l’ai toujours affirmé, un partenariat stratégique solide implique un contenu économique robuste.

Quand j’ai regardé les chiffres de notre relation commerciale, j’ai constaté qu’ils étaient à la fois déséquilibrés et peu satisfaisants avec une part de marché de 1% (inférieure à la moyenne de celle dont nous disposons avec les pays de l’ASEAN) et un déséquilibre structurel de notre balance commerciale (2 milliards d’euros en 2012).

En outre, plusieurs des grands projets qui nous lient n’aboutissent pas.

J’ai donc fixé un objectif : doubler, d’ici quatre ans, notre part de marché.

Pour y parvenir, j’encourage les entreprises françaises à investir sur place, au Vietnam, à y nouer des partenariats, à y créer de l’emploi.

Comment y parvenir ?

1. d’abord en maintenant un dialogue institutionnel continu et en veillant au redémarrage effectif des grands projets.

En avril dernier, avec mon collègue vietnamien Ministre du Plan et de l’Investissement, nous avons lancé la première session du Dialogue Economique de Haut Niveau. Cette instance, qui se réunira annuellement, fera le point sur ce qui avance ou bloque. Notre culture, c’est celle du résultat. J’observe d’ailleurs que de nombreux dossiers ont progressé. Je veux citer :

- l’accord de principe qui sera officialisé tout à l’heure, entre la Banque d’Etat du Vietnam et notre Autorité de Contrôle Prudentiel pour l’octroi d’une licence à BNP-Paribas. Je tenais à vous remercier personnellement, M. le Premier ministre, pour le rôle que vous avez joué dans ce dossier ;
- le lancement réussi du premier satellite vietnamien, grâce au concours financier de la France et au savoir-faire exceptionnel d’Arianespace et d’EADS Astrium. Nous souhaitons que ce partenariat se poursuive, s’amplifie ;
- le lancement du projet de rénovation des équipements de l’hôpital de Can Tho, qui célèbrera 20 ans de coopération dans le domaine de la santé ;
- l’avancée du projet ferroviaire de Yen Vien Lao Cai ;
- enfin, sur la ligne 3 du métro d’Hanoï je salue la signature des premiers contrats de génie civil et souhaite que nous allions encore plus vite.

Je n’oublie pas les autres succès, dans le cadre de l’aéronautique, de la coopération entre nos agences de soutien à l’internationalisation, du développement des Partenariats Public Privé avec Vinci (centrale électrique) ou GDF-Suez (terminal GNL de Son My).

Je tiens, enfin, à évoquer la question du nucléaire.

Le nucléaire civil constitue un axe majeur de coopération industrielle et technologique sur le long terme. L’ATMEA1, réacteur de 3ème génération satisfaisant aux plus hauts standards de sûreté, fait partie des technologies soutenues par la France.

La France est prête à vous accompagner dans la mise en œuvre de votre programme via son expertise dans de nombreux domaines (technique, sûreté, formation, financement des projets). Elle souhaite, aux côtés du Japon, être votre partenaire.

Certains projets avancent moins vite, mais je ne veux retenir aujourd’hui que les bonnes nouvelles. Nous aborderons les autres, en toute franchise et amitié, tout à l’heure à Matignon. Comptez sur moi, dans le même état d’esprit que mon collègue, M. Vinh, pour veiller sur le respect des engagements pris et la prise d’initiatives nouvelles.

2. Un nouveau paradigme : l’attention portée aux PME et ETI.

Lors de ma venue, un important Forum d’affaires avait été organisé. Plus de 1100 rendez-vous ont été organisés avec plus de 700 entreprises vietnamiennes. Et plusieurs de ces rencontres ont d’ores et déjà donné lieu à des résultats concrets. J’en veux pour preuves celles qui ont pu signer des contrats dans le domaine des applications mobiles, d’autres qui ont obtenu des commandes de bouteilles de vins substantielles, plusieurs d’entre-elles qui ont pu trouver un agent ou un partenaire industriel.

Je n’oppose pas grandes et les petites entreprises. J’ai nettement insisté sur les grands projets pour la valeur d’exemples qu’ils comportent.

Mais si nous voulons créer des flux réguliers, pérennes, il faut veiller au renforcement de la présence de nos PME et ETI au sein de nos flux commerciaux, qui est aussi la priorité de mon gouvernement.

Pour ce faire, d’autres Fora de ce type seront organisés, notamment dans les nouveaux secteurs que nous avons identifiés et correspondent à la demande locale.

3. Des moyens : maintenir une coopération financière substantielle et faciliter les flux d’affaires.

La France est le second partenaire financier bilatéral du Vietnam, aussi bien avec l’Agence Française de Développement qu’avec les outils des Ministères économiques, en particulier la Réserve Pays Emergents. Elle a vocation à rester parmi les premiers. Les projets qui bénéficient de cet appui doivent être mis en œuvre dans le respect des délais et des cahiers des charges afin d’éviter les surcoûts et les complications administratives susceptibles de les bloquer.

Pour faire vivre ce partenariat sur le plan financier, il nous faut l’orienter vers de nouveaux secteurs, vers de nouveaux besoins. C’est ce que nous avons commencé à faire dans le domaine de la santé, avec ce premier projet de rénovation d’hôpital au niveau mondial.

Je souhaite aussi que nous étudiions les possibilités d’intervenir de la même manière, c’est-à-dire via la RPE, dans l’agro-alimentaire, les TIC, les énergies renouvelables.

Cela pourrait continuer à appuyer notre partenariat stratégique sur le plan financier.

Au niveau strictement commercial maintenant, je l’ai dit, la France est l’interlocuteur-clef du Vietnam en Europe. Nous soutenons depuis le départ les négociations d’un accord de libre- échange entre le Vietnam et l’UE, car il contribuera à l’augmentation de nos échanges. Nous serons, là aussi, aux côtés des autorités vietnamiennes, y compris sur le plan technique, car c’est notre intérêt mutuel que les barrières au commerce entre nos grands pays soient levés.

Entre nos deux pays s’établit, Monsieur le Premier Ministre, Messieurs les Ministres, une nouvelle relation, une relation d’avenir et de confiance, dont l’ambition est à la hauteur de l’amitié qui nous rassemble.

« Du bois solide, dit-on chez vous, vaut mieux que du bois bien peint ». C’est toute l’ambition, Monsieur le Premier Ministre, de notre nouvelle relation.


Vive la France !
Vive le Vietnam !
Vive l’amitié franco-vietnamienne !


Source http://www.commerce-exterieur.gouv.fr, le 26 septembre 2013