Texte intégral
Monsieur le Consul,
Monsieur le Préfet,
Mesdames et Messieurs les Élus,
Monsieur le Président du Conseil exécutif,
Monsieur le Maire,
Monsieur le Président de la Koumia,
Mesdames et Messieurs les Anciens combattants,
Mesdames, Messieurs
Ici à Teghime est gravé dans la pierre et la terre le souvenir du sacrifice des Marocains pour la Corse et pour la France, le souvenir de cette histoire commune, ciment de lamitié franco-marocaine.
Je vous remercie, Monsieur le Contrôleur Général des Armées, davoir rappelé ces faits darmes dont le souvenir nous réunit aujourdhui et de nous accueillir pour cette cérémonie d'hommage aux goumiers marocains, ici à Teghime.
Teghime, je le disais, est l'un de ces lieux qui portent la mémoire de lengagement des troupes marocaines dans la Libération de la France.
Dès le 11 septembre 1943, soit deux jours après le début de l'insurrection corse, un corps de débarquement est constitué en Afrique du Nord, qui rassemble plus de 6 500 hommes. Il sagit de détachements de la 4e division marocaine de montagne, comprenant notamment le 4e régiment de spahis marocains et le 1er régiment de tirailleurs marocains.
Équipés à la hâte de tenues américaines, ces hommes, qui avaient déjà fait la démonstration de leur courage dans la campagne de Tunisie, s'apprêtent à embarquer pour la Corse. Le 2e groupement de tabors marocains et le 1er Bataillon de choc participent également à lopération.
A la fin du mois de septembre, les troupes marocaines déclenchent « lattaque des cols ». Les tirailleurs marocains se lancent à la conquête du col de San Stefano.
Très vite, et à lissue de combats acharnés, les Marocains prennent les cols de San Leonardo et de San Stefano. Plusieurs distinctions ont été attribuées au 1errégiment de tirailleurs marocains pour cette action, mais parmi elle, une, plus que les autres retient mon attention : « Magnifique unité qui, au cours dune audacieuse opération de nuit, a enlevé le 30 septembre 1943, la position du col de San Stefano, solidement tenue et organisée. A, par son action digne des plus hauts faits darmes des Troupes marocains, ouvert la route à notre progression ».
Loin de leurs terres et épuisés par deux semaines dâpres combats dans les maquis corses, dont ils ignoraient tout quelques jours auparavant, les soldats marocains maintiennent sans relâche la pression sur les troupes ennemies. La faim, la fatigue, la souffrance physique sont leur quotidien. Ils puisent alors dans la fidélité de leur pays à la France et la volonté délever la liberté au-dessus de la barbarie, la force de poursuivre.
Ils voient tomber leurs camarades au champ dhonneur français.
Ils voient leurs frères darmes corses mourir sur leurs propres terres.
Cest larrivée du 2e groupement de tabors marocains qui permet de repousser définitivement lennemi. Au soir du 2 octobre, le col de Teghime est franchi telle une frontière conduisant vers le pays de la liberté.
Le 4 octobre, les goumiers entrent dans la ville de Bastia, tandis que des commandos du bataillon de choc français, leurs compagnons darmes avec qui ils venaient de tant partager, hissent le drapeau tricolore sur la mairie.
Sur le plan militaire, leur action a été déterminante dans la libération du premier département français, acquise après seulement trois semaines de combats.
Je rends aujourdhui un hommage appuyé aux troupes marocaines engagées en Corse en septembre et octobre 1943, et je souhaite rappeler le sacrifice de ces hommes, pour la France : sur un total de 75 tués et 250 blessés dans larmée française, les pertes marocaines en constituent plus des deux tiers, avec notamment 41 goumiers « morts au Champ dHonneur ».
Les Marocains ont fait le sacrifice de leur vie pour la France, prêts à donner leur sang et leur jeunesse pour un pays dont ils partageaient les valeurs.
La France noublie pas les 170 tués et 300 blessés parmi les résistants corses qui reposent aujourdhui aux côtés de leurs frères darmes marocains, dans les cimetières, mais aussi dans nos mémoires.
Ce monument, ici, à Teghime est là pour le rappeler à quiconque, civil ou militaire, jeune ou moins jeune, résidant corse ou touriste, qui emprunte ce chemin de mémoire.
Leur engagement dans les combats de la Libération de la Corse est le signe dune fidélité, dun dévouement et dune loyauté qui les avaient conduits déjà à participer à la campagne de Tunisie, qui les poussèrent ensuite à poursuivre le combat de la liberté lors de la campagne dItalie.
Et permettez-moi à cet instant de rappeler ces quelques mots prononcés par le roi Mohammed V, le 3 septembre 1939 : « A partir de ce jour et jusqu'à ce que l'étendard de la France et de ses Alliés soient couronnés de gloire, nous lui devons un concours sans réserve, ne lui marchandez aucune de nos ressources et ne reculez devant aucun sacrifice ».
Sachez que cette figure marque aujourdhui nos esprits, nos mémoires et nos curs car elle est le reflet du souvenir de lengagement marocain à nos côtés durant toute la Seconde Guerre mondiale et le reflet du combat commun mené contre le nazisme à travers toute lEurope.
Les Marocains engagés sur le théâtre corse, dont sept sont parmi nous aujourdhui, ont fait preuve dun courage, dun esprit de sacrifice et dune ténacité admirables.
Et je dois dire que cest une émotion toute particulière pour moi que de pouvoir vous rendre hommage avant que le Président de la République ne vous remette la Légion dhonneur demain, aux côtés des combattants corses, unis par le souvenir de votre fraternité darmes.
A travers cette décoration, cest aussi un hommage rendu à tous les soldats dAfrique du Nord et des anciennes colonies venus sauver lhonneur de la France. Et vous savez combien je tiens à ce que la contribution de ces hommes et de ces femmes soit rappelée, chaque fois que possible, tout au long des deux cycles commémoratifs du Centenaire de la Grande Guerre et du 70e anniversaire des libérations du territoire.
Mesdames et Messieurs, lhistoire que nous commémorons aujourdhui est celle du triomphe des valeurs de justice, de liberté et de solidarité, acquises au prix du sang et des larmes. Elle est le signe dune France riche de sa diversité et riche de son histoire. Elle est le signe dune fraternité darmes qui éclaira lhorizon sombre dun espoir de paix. Elle est le signe enfin dune France rassemblée autour dune mémoire apaisée et partagée.
Ce message de rassemblement, de fraternité et de tolérance, rappelé aujourdhui à travers les récits de nos Anciens, français et marocains, civils et combattants de la liberté, est celui que jadresse à la jeunesse de France et dailleurs. Car préserver cette mémoire commune est la seule garantie dune paix durable et solide au sein de la société mais aussi entre les Nations.
Et je fais ici le vu que les relations de la France avec ses partenaires étrangers soient à limage de lincroyable amitié qui unit la France au Maroc, une amitié dont lhistoire commune commémorée aujourdhui est le ciment. Nous confions le souvenir de cette histoire et la mémoire partagée à nos enfants français de Corse, français dailleurs, et marocains, pour quils la maintiennent en vie, quils la nourrissent et quils lélèvent en modèle au-delà des frontières.
Je vous remercie.
Source http://www.defense.gouv.fr, le 7 octobre 2013
Monsieur le Préfet,
Mesdames et Messieurs les Élus,
Monsieur le Président du Conseil exécutif,
Monsieur le Maire,
Monsieur le Président de la Koumia,
Mesdames et Messieurs les Anciens combattants,
Mesdames, Messieurs
Ici à Teghime est gravé dans la pierre et la terre le souvenir du sacrifice des Marocains pour la Corse et pour la France, le souvenir de cette histoire commune, ciment de lamitié franco-marocaine.
Je vous remercie, Monsieur le Contrôleur Général des Armées, davoir rappelé ces faits darmes dont le souvenir nous réunit aujourdhui et de nous accueillir pour cette cérémonie d'hommage aux goumiers marocains, ici à Teghime.
Teghime, je le disais, est l'un de ces lieux qui portent la mémoire de lengagement des troupes marocaines dans la Libération de la France.
Dès le 11 septembre 1943, soit deux jours après le début de l'insurrection corse, un corps de débarquement est constitué en Afrique du Nord, qui rassemble plus de 6 500 hommes. Il sagit de détachements de la 4e division marocaine de montagne, comprenant notamment le 4e régiment de spahis marocains et le 1er régiment de tirailleurs marocains.
Équipés à la hâte de tenues américaines, ces hommes, qui avaient déjà fait la démonstration de leur courage dans la campagne de Tunisie, s'apprêtent à embarquer pour la Corse. Le 2e groupement de tabors marocains et le 1er Bataillon de choc participent également à lopération.
A la fin du mois de septembre, les troupes marocaines déclenchent « lattaque des cols ». Les tirailleurs marocains se lancent à la conquête du col de San Stefano.
Très vite, et à lissue de combats acharnés, les Marocains prennent les cols de San Leonardo et de San Stefano. Plusieurs distinctions ont été attribuées au 1errégiment de tirailleurs marocains pour cette action, mais parmi elle, une, plus que les autres retient mon attention : « Magnifique unité qui, au cours dune audacieuse opération de nuit, a enlevé le 30 septembre 1943, la position du col de San Stefano, solidement tenue et organisée. A, par son action digne des plus hauts faits darmes des Troupes marocains, ouvert la route à notre progression ».
Loin de leurs terres et épuisés par deux semaines dâpres combats dans les maquis corses, dont ils ignoraient tout quelques jours auparavant, les soldats marocains maintiennent sans relâche la pression sur les troupes ennemies. La faim, la fatigue, la souffrance physique sont leur quotidien. Ils puisent alors dans la fidélité de leur pays à la France et la volonté délever la liberté au-dessus de la barbarie, la force de poursuivre.
Ils voient tomber leurs camarades au champ dhonneur français.
Ils voient leurs frères darmes corses mourir sur leurs propres terres.
Cest larrivée du 2e groupement de tabors marocains qui permet de repousser définitivement lennemi. Au soir du 2 octobre, le col de Teghime est franchi telle une frontière conduisant vers le pays de la liberté.
Le 4 octobre, les goumiers entrent dans la ville de Bastia, tandis que des commandos du bataillon de choc français, leurs compagnons darmes avec qui ils venaient de tant partager, hissent le drapeau tricolore sur la mairie.
Sur le plan militaire, leur action a été déterminante dans la libération du premier département français, acquise après seulement trois semaines de combats.
Je rends aujourdhui un hommage appuyé aux troupes marocaines engagées en Corse en septembre et octobre 1943, et je souhaite rappeler le sacrifice de ces hommes, pour la France : sur un total de 75 tués et 250 blessés dans larmée française, les pertes marocaines en constituent plus des deux tiers, avec notamment 41 goumiers « morts au Champ dHonneur ».
Les Marocains ont fait le sacrifice de leur vie pour la France, prêts à donner leur sang et leur jeunesse pour un pays dont ils partageaient les valeurs.
La France noublie pas les 170 tués et 300 blessés parmi les résistants corses qui reposent aujourdhui aux côtés de leurs frères darmes marocains, dans les cimetières, mais aussi dans nos mémoires.
Ce monument, ici, à Teghime est là pour le rappeler à quiconque, civil ou militaire, jeune ou moins jeune, résidant corse ou touriste, qui emprunte ce chemin de mémoire.
Leur engagement dans les combats de la Libération de la Corse est le signe dune fidélité, dun dévouement et dune loyauté qui les avaient conduits déjà à participer à la campagne de Tunisie, qui les poussèrent ensuite à poursuivre le combat de la liberté lors de la campagne dItalie.
Et permettez-moi à cet instant de rappeler ces quelques mots prononcés par le roi Mohammed V, le 3 septembre 1939 : « A partir de ce jour et jusqu'à ce que l'étendard de la France et de ses Alliés soient couronnés de gloire, nous lui devons un concours sans réserve, ne lui marchandez aucune de nos ressources et ne reculez devant aucun sacrifice ».
Sachez que cette figure marque aujourdhui nos esprits, nos mémoires et nos curs car elle est le reflet du souvenir de lengagement marocain à nos côtés durant toute la Seconde Guerre mondiale et le reflet du combat commun mené contre le nazisme à travers toute lEurope.
Les Marocains engagés sur le théâtre corse, dont sept sont parmi nous aujourdhui, ont fait preuve dun courage, dun esprit de sacrifice et dune ténacité admirables.
Et je dois dire que cest une émotion toute particulière pour moi que de pouvoir vous rendre hommage avant que le Président de la République ne vous remette la Légion dhonneur demain, aux côtés des combattants corses, unis par le souvenir de votre fraternité darmes.
A travers cette décoration, cest aussi un hommage rendu à tous les soldats dAfrique du Nord et des anciennes colonies venus sauver lhonneur de la France. Et vous savez combien je tiens à ce que la contribution de ces hommes et de ces femmes soit rappelée, chaque fois que possible, tout au long des deux cycles commémoratifs du Centenaire de la Grande Guerre et du 70e anniversaire des libérations du territoire.
Mesdames et Messieurs, lhistoire que nous commémorons aujourdhui est celle du triomphe des valeurs de justice, de liberté et de solidarité, acquises au prix du sang et des larmes. Elle est le signe dune France riche de sa diversité et riche de son histoire. Elle est le signe dune fraternité darmes qui éclaira lhorizon sombre dun espoir de paix. Elle est le signe enfin dune France rassemblée autour dune mémoire apaisée et partagée.
Ce message de rassemblement, de fraternité et de tolérance, rappelé aujourdhui à travers les récits de nos Anciens, français et marocains, civils et combattants de la liberté, est celui que jadresse à la jeunesse de France et dailleurs. Car préserver cette mémoire commune est la seule garantie dune paix durable et solide au sein de la société mais aussi entre les Nations.
Et je fais ici le vu que les relations de la France avec ses partenaires étrangers soient à limage de lincroyable amitié qui unit la France au Maroc, une amitié dont lhistoire commune commémorée aujourdhui est le ciment. Nous confions le souvenir de cette histoire et la mémoire partagée à nos enfants français de Corse, français dailleurs, et marocains, pour quils la maintiennent en vie, quils la nourrissent et quils lélèvent en modèle au-delà des frontières.
Je vous remercie.
Source http://www.defense.gouv.fr, le 7 octobre 2013