Déclaration de Mme Valérie Fourneyron, ministre des sports, de la jeunesse, de l'éducation populaire et de la vie associative, sur la politique gouvernementale et les mesures en faveur de la jeunesse et des jeunes, Vichy le 11 octobre 2013.

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Circonstance : 12èmes rencontres nationales des professionnels et des élus de la Jeunesse à Vichy le 11 octobre 2013

Texte intégral


Je suis ravie d'être ici avec vous et d'assister à ces rencontres, qui donnent à entendre la voix des acteurs des politiques de jeunesse, élus, professionnels et associatifs. Il est important pour notre gouvernement de cultiver cette forme de dialogue. J'ai d'ailleurs déjà rencontré récemment, sur le terrain, un certain nombre d'organisations et d'associations représentées ici.
Je tenais aussi à être présente pour marquer mon attachement au travail réalisé par les collectivités locales. Je connais bien, par expérience, les contraintes auxquelles vous êtes confrontés, tout autant que les actions que vous menez, et la passion qui vous anime. J'ai moi-même une expérience d'élue locale, je ne l'ai pas oubliée : elle dicte mon action au quotidien. Je tiens donc à rendre hommage à votre immense travail, parfaitement illustré par le propos de Bernard Pozzoli que nous venons d'entendre.
Je voudrais aujourd'hui avec vous faire un bilan rapide de l'action du gouvernement en matière de jeunesse, et dresser quelques perspectives d'avenir. Nous pourrons ensuite en discuter, je suis disposée à répondre à vos questions et à débattre – si besoin est ! – sur le sujet. J'ai en effet entendu les questions, toutes légitimes, que vous vous posez et que Bernard Pozzoli a résumées. Je veux que vous quittiez ce lieu, tout à l'heure, en ayant le sentiment d'avoir été entendus, et convaincus qu'une vraie politique jeunesse est en route. Car vous êtes des partenaires essentiels de notre action !
Nous voulons oublier les travers de nos prédécesseurs, nous faisons table rase des us et coutumes passés ! Nous sommes là pour co-construire la politique jeunesse de demain, avec vous.
Sans forfanterie, je pense que nous sommes sur la voie de la réussite et il serait impensable de s'arrêter en si bon chemin. Je ne prendrai qu'un exemple, les emplois d'avenir. Par delà les chiffres (60 000 emplois déjà signés), écoutons ce que disent les jeunes engagés dans ce dispositif : « Ca me lance dans l'avenir », « Je me sens bien », « Je me retrouve », « Ca m'a sauvée » ! Voilà ce que disaient ces jeunes, interrogés mardi dans Le Monde ! Ils témoignent que cet emploi est une chance, qu'il les engage enfin dans la vie professionnelle et remet même leur vie personnelle sur de bons rails. Mais surtout ils expriment leur satisfaction d'avoir été enfin écoutés ! Ils ont enfin le sentiment d'avoir de la VALEUR.
C'est pour cette raison même que le Président de la République a fait de la jeunesse sa priorité, dès le début de son mandat, et a fixé un cap extrêmement ambitieux au gouvernement.
Il s'agit de bâtir un nouveau modèle français qui redonne espoir à toute une génération. Ce modèle a ceci de nouveau qu'il repose sur la co-construction et la confiance. Confiance que nous témoignons aux jeunes, dans l'espoir qu'ils reprennent confiance à leur tour dans leurs institutions. Fini le temps de la stigmatisation, des clichés, de la défiance.
La traduction concrète de cet objectif tient en 4 principes clairs :
• Nous privilégions le droit commun pour tout ce qui concerne l'accès des jeunes aux droits sociaux • nous favorisons et accompagnons l'autonomie des jeunes
• nous luttons contre les inégalités et les discriminations
• nous encourageons la participation des jeunes au débat public.
Ce changement de méthode se traduit dans les faits : depuis un an et demi, nous construisons un projet volontariste. En février dernier, le Comité Interministériel de la Jeunesse présidé par le Premier Ministre a mobilisé tout l'Etat, principal absent des réflexions sur la jeunesse ces dernières années, en impliquant 24 ministères. Une interministérialité inédite ! En 2014, aura lieu le second Comité Interministériel de la Jeunesse, qui permettra de faire le point sur les avancées et d'anticiper de nouvelles mesures. Mais surtout, il entérinera cette décision de co-construire avec les acteurs et les structures concernées, et surtout avec les jeunes.
J'ai par ailleurs demandé que le CIJ soit décliné dans toutes les régions. C'est ainsi que les préfets organisent des Comités d'Administration Régionale (CAR) sur les questions de jeunesse. 21 régions sur 22 ont déjà organisé de telles réunions. Et je souhaite que la réflexion soit à l'avenir largement partagée avec vous, les acteurs locaux et les collectivités territoriales, afin de produire des plans d'action adaptés.
Depuis un an, nous avons déjà considérablement avancé ! Du premier CIJ est né un train de mesures que vous connaissez déjà, qui ont sécurisé les points les plus fragiles du parcours des jeunes. Le logement d'abord, grâce au travail mené par Cécile Duflot sur l'encadrement des loyers. La formation : je reviendrai tout à l'heure sur la réforme de l'orientation. L'emploi aussi, bien sûr ! Nous avons mis en place les Emplois d'Avenir, les contrats de génération. Pour les étudiants enfin, ma collègue Geneviève Fioraso, a amorcé une vaste réforme du système des bourses.
2014 sera une année capitale, qui verra aboutir un autre train de mesures, tout aussi ambitieuses.
Pour les soutenir, il faut des moyens. Nous consacrerons l'an prochain à la Jeunesse 81 milliards d'euros sur l'ensemble du budget de l'Etat, soit 6 milliards de plus que l'année dernière. Au sein du Ministère que j'ai en charge, les crédits en faveur de la jeunesse, de la vie associative et de l'éducation populaire s'établiront en 2014 à 449 millions d'euros, soit une hausse de 28% par rapport à 2013 ! Vous l'avez compris, nous sommes déterminés à investir pour la jeunesse.
Notre action concernera tous les secteurs. J'en donne quelques exemples.
Quand on débute dans la vie, on a d'abord besoin d'une formation et d'un emploi. Nous allons donc réformer l'orientation et créer un service public de l'orientation. Il sera gratuit, et réunira toutes les ressources dont les jeunes ont besoin. Il est expérimenté dans 8 régions pilotes (dont l'Auvergne), et évalué avant d'être étendu. Nous lançons par ailleurs, après un processus de concertation assez rare associant les collectivités, les missions locales, les associations et les jeunes eux-mêmes, la « garantie jeune », qui s'adresse à ceux qui ne sont suivis par personne, et qui les amènera vers une formation ou un emploi. Ils se réinsèreront grâce à un accompagnement renforcé et une garantie de ressources.
Dans le domaine du logement, une réflexion conjointe des organisations de jeunes et du Ministère du logement est en cours sur la Garantie Universelle des Loyers, qui aidera les jeunes à accéder au parc locatif privé, dont ils sont trop souvent exclus.
Parmi tous les chantiers du CIJ, celui de la mobilité est aussi une priorité. Nous nous sommes donné deux objectifs : augmenter le nombre de jeunes Français qui vivent une expérience de mobilité et diversifier leur origine sociale. Pour ce faire, le programme « Erasmus Plus » pourrait bénéficier de 16 milliards d'euros de fonds européens, afin que le dispositif soit étendu aux étudiants issus des familles modestes, aux jeunes en formation dans les filières technologiques, professionnelles et en apprentissage, mais aussi pour qu'il assure des actions d'éducation non formelle. Des crédits seront également alloués à la création de plateformes régionales de mobilité co-pilotées par l'Etat et les Conseils régionaux.
Avec ces exemples, on peut dire qu'une nouvelle méthode se met en place ! Mes collègues au sein du Gouvernement me confient souvent leur plaisir à travailler avec les jeunes sur ces réformes. Et rien ne fait plus plaisir à la Ministre de la jeunesse que je suis !
Conduire une politique aussi ambitieuse nécessite un dialogue sincère et constructif entre l'Etat et tous les acteurs impliqués. D'où ma présence aujourd'hui.
Je ne sais pas s'il faut un chef de file, et si les régions doivent l'être. Par contre, je sais que le travail doit être collectif et qu'au niveau national comme au niveau local, des cadres de travail doivent être mis en place. Cela prend du temps, tout ne se fait pas en un jour. Après 10 ans de gouvernement conservateur, il faut redonner une place à l'Etat, sans pour autant revenir à un Etat omnipotent. Il faut donc travailler ensemble, c'est le sens de mon action !
Pour travailler efficacement, il nous faut des lieux de concertation adéquats et un levier juridique. Je m'explique : Dans le souci de mieux représenter les jeunes, je souhaite que le prochain CIJ soit précédé d'une Conférence de la jeunesse, sur le modèle de la Conférence environnementale, associant l'Etat, les collectivités locales, les partenaires sociaux, les associations de jeunesse et d'éducation populaire et les organisations de jeunes. Il est indispensable que nous ayons un tel organe de concertation au niveau national. Au niveau régional, j'ai proposé que les CAR évoluent vers les Conférences territoriales de l'action publique : elles auront vocation à débattre de la coordination des politiques publiques et je souhaite que vous y soyez associés.
D'un point de vue juridique, je disais tout à l'heure qu'il fallait privilégier le droit commun. Puisque la jeunesse est une priorité, nous devons obliger l'État et les parlementaires à évaluer les conséquences sur la jeunesse de chaque projet soumis au Parlement. Cela pourrait prendre la forme d'une Clause d'impact jeunesse. Cette clause serait un outil important d'aide à la décision publique, et garantirait aux jeunes un accès au débat. Par le passé, un dispositif de ce type aurait probablement fait faire bien des économies ! Et mis au rebut bien des mesures aux conséquences néfastes pour les nouvelles générations !
Conduire une politique aussi ambitieuse nécessite enfin d'en accompagner tous les acteurs, en particulier les associations et les organisations de jeunesse et d'éducation populaire, afin d'assurer leur pérennité.
Là aussi, nous changeons de méthode ! Je travaille avec les acteurs et leurs coordinations. Il en est ainsi avec la CPCA pour la vie associative, le CNAJEP pour le secteur de la jeunesse et de l'éducation populaire, et le Forum Français de la jeunesse pour les questions de jeunesse. Travailler avec ces acteurs, cela signifie d'abord soutenir les associations, leur donner des outils pour optimiser leur fonctionnement.
Nous y travaillons : des chantiers sont en cours sur l'engagement bénévole, ou sur la sécurisation des relations contractuelles avec les collectivités publiques et des modalités de financement public.
En complément, à la fin de l'année, le Premier Ministre signera une nouvelle charte d'engagement entre l'Etat, les associations et les collectivités territoriales. Cette nouvelle charte associera les collectivités territoriales et reconnaîtra le rôle essentiel que les associations jouent dans la société civile.
Je n'oublie pas que les organisations de jeunes en particulier, bien que dynamiques, peuvent être fragiles ! Elles se retrouvent parfois dans des situations inconfortables et souhaitent voir leur avenir sécurisé.
Une cellule d'accompagnement de toutes les organisations de jeunes vient donc d'être mise en place au sein du Ministère, pour appuyer la création et le développement d'organisations de jeunes, dirigées par des jeunes, et pour consolider les structures existantes. Cette cellule n'est pas une solution miracle, mais elle est là pour les accompagner, pour imaginer avec elles les évolutions législatives et réglementaires qui pourraient leur faciliter la vie.
Pour aller plus loin dans l'intégration des organisations de jeunes dans le débat public, nous avons également besoin d'initiatives innovantes ! Nous lancerons en décembre un appel à projets à destination des organisations de jeunes. J'ai réservé sur mon budget 2 millions d'euros pour cet appel à projets. Il marque bien notre souhait collectif de voir s'accroître l'engagement des jeunes et la consolidation des organisations de jeunes dans leur rôle de porte-voix.
Il est aussi important de retrouver des jeunes dans les lieux collectifs. Au regard du travail accompli au Conseil Économique, Social et Environnemental par le Groupe des Organisations étudiantes et mouvements de jeunesse, nous avons souhaité donner aux jeunes une place dans les CESER. Les désignations sont faites en ce moment, et je suis très surprise des résistances qui sont à l'œuvre.
Toutes ces mesures sont des réponses concrètes à vos sollicitations. Cette collaboration que nous avons initiée avec vous, nous voulons la faire perdurer !
Nous voulons préparer la France de 2025. Car 2025, c'est demain. Un demain qui sera celui de la jeunesse, un demain qui se construit aujourd'hui.
Dans un peu plus de 10 ans, les jeunes d'aujourd'hui auront alors 25, 30, 35, voire 40 ans pour les plus âgés d'entre eux. Ils seront des acteurs importants de la vie publique et prépareront, à leur tour, l'arrivée d'une nouvelle génération.
Le débat proposé par le Président de la République et le Premier Ministre est important et les jeunes doivent y participer. Je veillerai à ce qu'ils soient associés à la grande consultation sur 2025. Car s'adresser aux jeunes n'est pour nous ni vain, ni démagogique, comme certains veulent le croire : c'est indispensable.
J'ai d'ailleurs accompagné le lancement de l'opération « Génération Quoi ? », en partenariat avec France Télévisions. Ce projet à grande échelle va enfin permettre aux jeunes de s'exprimer et de se définir ! Et je les encourage à s'emparer de cet outil inédit.
Voilà donc, en quelques mots, les fondements de notre action. Elle s'ancre dans un changement de méthode radical, dans un effort durable, et une ambition interministérielle. Nous voulons conforter la place des jeunes, leur permettre de s'organiser, et de peser à long terme dans le débat public. Je n'oublie pas que la jeunesse française a aussi une ambition politique et une place légitime à occuper dans ce domaine. 2014 est une année d'élections, c'est une opportunité à saisir, si nous voulons que les jeunes aient leur mot à dire ! Nous avons besoin d'un renouvellement de la classe politique, et nous l'obtiendrons grâce à la loi de non-cumul des mandats. Mais dès à présent, un maximum de jeunes doit participer à ces élections, en votant bien sûr, et en étant candidats.
Alors oui, tout n'avance pas aussi vite que nous le voudrions, vous comme moi. Mais croyez-moi, cela bouge, progressivement. Nous partons de loin et quand je vois ce qui a été fait depuis un an, je ne pense pas que nous ayons à en rougir. N'oublions pas le passé. Ayons conscience des résistances, trouvons les moyens de convaincre et poursuivons ensemble ce combat. Un combat pour les jeunes générations, un combat pour leur permettre de prendre leur place, toute leur place, avec confiance et espoir !
Merci à tous
source http://www.sports.gouv.fr, le 14 octobre 2013