Interview de M. Michel Sapin, ministre du travail, de l'emploi, de la formation professionnelle et du dialogue social à RMC le 25 octobre 2013, sur la situation économique, le chômage et le dialogue social.

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Texte intégral


JEAN-JACQUES BOURDIN
Ne faut-il pas avoir beaucoup de courage pour commenter tous les mois les chiffres du chômage, Michel SAPIN ?
MICHEL SAPIN
Il faut commenter la réalité, donc commentons la réalité...
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui ! Oui.
MICHEL SAPIN
Les ministres sont aussi là pour commenter. Ils sont d'abord là pour commenter la réalité, la regarder en face et la modifier, la faire bouger...
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui !
MICHEL SAPIN
Si un ministre était là uniquement pour faire du commentaire et ne pas agir, ce n'est pas la peine, il y en a d'autres pour faire des commentaires : vous, les observateurs, des économistes comme on dit. Non ! Moi je suis là aussi pour agir. C'est quoi la réalité aujourd'hui du chômage ?
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui ! Quelle est la réalité ?
MICHEL SAPIN
Elle n'est pas simple à commenter ! Pourquoi ? D'abord parce que le chômage continue à augmenter, globalement, si on regarde comme ça d'un mois à l'autre, si on fait des moyennes, le chômage continue à augmenter - beaucoup moins vite – mais quand je dis beaucoup moins vite…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Alors j'ai juste un chiffre, parce que moi ce qui m'intéresse c'est les chiffres d'une année sur l'autre, septembre 2012 – septembre 2013 : + 8%...
MICHEL SAPIN
Oui ! Evidemment. Puisque le gros du chômage c'était au début de l'année, lorsqu'il y avait, souvenez-vous de ce slogan si je puis dire - parce que c'est un slogan extrêmement dur pour ceux qui en sont les victimes – 1.000 chômeurs de plus par jour, c'était 30.000 chômeurs par jour…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Par mois !
MICHEL SAPIN
Par mois, 1.000 par jour.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui !
MICHEL SAPIN
On avait connu 60.000, 80.000, mais ce n'est pas une raison…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui ! Ce n'est pas une raison.
MICHEL SAPIN
Bon ! Ça, c'était au début de cette année. Ensuite, au milieu de l'année, disons au mois de juin, on est arrivés à 500 par jour – c'est toujours trop 500 par jour – aujourd'hui, nous sommes à moins de 200 par jour – c'est toujours trop 200 par jour – mais vous voyez bien quelle est la direction dans laquelle nous allons. Donc, oui, vous avez raison de dire : en un an, ça fait 8%, mais, si je regarde de mois en mois, les choses ralentissent. Mais quand je dis le chômage ralenti, je dis qu'il y a encore des chômeurs et, tant qu'il y a un chômeur de plus chaque mois… ce n'est pas des chiffres, ce n'est pas des courbes…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Alors on ne va pas se quereller sur les chiffres…
MICHEL SAPIN
Ce sont des personnes. Voilà !
JEAN-JACQUES BOURDIN
On ne va pas se quereller sur les chiffres.
MICHEL SAPIN
Et donc tant qu'il y a une personne de plus au chômage, moi ça ne me va pas.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bon ! Alors on ne va pas se quereller sur les chiffres. Nicolas SARKOZAY parlait d'une baisse tendancielle de l'augmentation, vous vous souvenez…
MICHEL SAPIN
J'essaie d'éviter ce genre d'expression !
JEAN-JACQUES BOURDIN
Eh bien… Oui ! Enfin aujourd'hui la tendance est à l'amélioration de la baisse quoi, c'est ce que dit…
MICHEL SAPIN
Ce n'est pas l'amélioration de la baisse, c'est une amélioration de la hausse.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui ! Oui. Non ! Mais je plaisante, il y a longtemps que je fais ça, des jeux de mots…
MICHEL SAPIN
Donc ne faisons pas de jeux de mots…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Voilà !
MICHEL SAPIN
Ne prenons pas des jeux de mots…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais François HOLLANDE a un peu fait ça…
MICHEL SAPIN
Mais non ! Il dit…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Eh bien…
MICHEL SAPIN
Il dit exactement la réalité des choses.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui ! Bon.
MICHEL SAPIN
Il y en avait 30.000 par mois au début de l'année, puis 15.000 par mois, il y en aujourd'hui 5.000 par mois, donc 5.000 c'est trop mais c'est 5.000 c'est déjà moins…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui ! Mais dites-moi…
MICHEL SAPIN
Que 30.000 par mois.
JEAN-JACQUES BOURDIN
D'accord ! 30.000 par mois…
MICHEL SAPIN
Et vers quoi nous voulons aller ? 0 et en dessous de 0...
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui ! Ah ça on est d'accord, on va en parler.
MICHEL SAPIN
Moins quelque chose.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais dites-moi 30.000 au début de l'année, mais le chômage était plus bas au début de l'année…
MICHEL SAPIN
Par définition oui, ça…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Eh bien oui ! Eh bien évidemment.
MICHEL SAPIN
Là, vous avez…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Alors plus on monte…
MICHEL SAPIN
Là, vous avez le même type d'aphorisme, quand ça monte, ça monte.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais Michel SAPIN, pardonnez-moi, mais plus on monte, plus le chiffre est élevé et moins la hausse sera forte…
MICHEL SAPIN
Evidemment !
JEAN-JACQUES BOURDIN
Puisqu'on est à un niveau tellement haut…
MICHEL SAPIN
Oh ! La, la. Là, vous êtes dans une explication statistique qui est déjà trop compliquée pour moi.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Non ! Mais je vous explique pourquoi. Michel SAPIN, eh bien je vous explique pourquoi, parce que le niveau du chômage est très aujourd'hui, non ?
MICHEL SAPIN
Oui ! Bien sûr il est très élevé, il est évidemment très élevé…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Très élevé.
MICHEL SAPIN
Il est évidemment trop élevé et je pourrais rentrer dans le détail…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui !
MICHEL SAPIN
Il est beaucoup moins élevé, aujourd'hui il baisse pour les moins de 25 ans et ça fait 5 mois consécutifs, 5 mois ça commence à…
JEAN-JACQUES BOURDIN
On va parler des Contrats aidés !
MICHEL SAPIN
Oui ! On en reparlera, mais ce n'est pas seulement les Contrats aidés, c'est les Emplois d'avenir, etc. Donc le chômage des jeunes, on parlait des jeunes, qui est ce qu'il y a de plus terrible - enfin le plus destructeur dans une société - celui-là il baisse pour le cinquième mois consécutif. Mais moi je vais vous prendre un autre chiffre, parce que je regarde la réalité en face…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Allez-y !
MICHEL SAPIN
Le chômage de très longue durée, il augmente - c'est-à-dire que le nombre de ceux qui se trouvent depuis plus de 2 ans au chômage augmente – et, plus vous êtes longtemps au chômage, plus c'est difficile pour vous de revenir dans l'emploi…
JEAN-JACQUES BOURDIN
De retrouver du travail !
MICHEL SAPIN
Et, donc, il faut aussi que nous nous occupions…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Alors on va en parler !
MICHEL SAPIN
Souvent plus âgés d'ailleurs…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous avez raison !
MICHEL SAPIN
Plutôt aux alentours de 50 ans, ceux-là aussi il faut que le chômage baisse pour eux, et c'est d'ailleurs quand le chômage baissera pour eux comme il baisse pour les jeunes que le chômage baissera en France.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bon ! Alors on va y revenir, parce que ça m'intéresse…
MICHEL SAPIN
Et ça c'est devant nous là…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Non ! Non, mais…
MICHEL SAPIN
C'est ce que nous faisons-là.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous avez raison, Michel SAPIN on va y revenir. Chômage, est-ce que ça va baisser avant la fin de l'année ?
MICHEL SAPIN
Oui ! C'est l'objectif, baisser…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Non ! Mais c'est l'objectif ou est-ce que ça…
MICHEL SAPIN
On emploie souvent le terme de pari, on a fait un pari, mais moi je ne fais pas des paris, je ne suis pas…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais lorsque le Président de la République nous parle d'inverser la courbe, il n'avait pas fait un pari ?
MICHEL SAPIN
Non ! Ce n'est pas un pari…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ah bon !
MICHEL SAPIN
Il nous fixe un objectif. Quand on veut se battre, quand on veut mobiliser des troupes, lorsqu'on veut mobiliser ceux qui sont sur…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Il avait dit : la courbe sera inversée avant la fin de l'année…
MICHEL SAPIN
Oui ! Bien sûr, c'est bien.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bon ! C'était donc un pari.
MICHEL SAPIN
Non ! C'est un objectif.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bon ! Enfin bon.
MICHEL SAPIN
Eh bien, écoutez, on va peut-être parler des clubs de foot...
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui ! Mais enfin…
MICHEL SAPIN
Mais on n'est pas en train de parier…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Je vais en parler ! Oui.
MICHEL SAPIN
On n'est pas en train de parier pour savoir…
JEAN-JACQUES BOURDIN
On est d'accord !
MICHEL SAPIN
S'il y aura 3 buts ou s'il y aura 4 buts…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Alors, alors est-ce que la fameuse courbe…
MICHEL SAPIN
On agit.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Est-ce que la fameuse courbe sera inversée d'ici la fin de l'année ?
MICHEL SAPIN
Oui ! Mais arrêtons…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui ou pas ?
MICHEL SAPIN
Vous êtes le premier à me dire qu'il faut arrêter de parler de courbe, donc je vais arrêter de parler de courbe...
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais ce n'est pas moi qui en ait parlé en premier, c'est vous Michel SAPIN...
MICHEL SAPIN
Oui ! Mais je vais le dire en langage très simple…
JEAN-JACQUES BOURDIN
C'est François HOLLANDE…
MICHEL SAPIN
Je vais le dire encore plus simple.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ca va vous coller à la peau cette histoire d'inversion de la courbe ?
MICHEL SAPIN
Non ! Non, non, parce que vous le verrez, quand ça sera fait il y aura la courbe qui va s'inverser. Je veux que le nombre des chômeurs diminue en France…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Tout le monde ! Vous n'êtes pas le seul.
MICHEL SAPIN
Toutes catégories. Mais bien sûr ! Mais non seulement je le veux, comme c'est de ma responsabilité - puisque je suis au pouvoir, puisque je suis au ministre - j'agis pour que le nombre des chômeurs baisse. Je dis ça, je sais que beaucoup de ceux qui nous écoutent ne me crois pas mais je ne suis pas là pour agir en fonction des croyances d'aujourd'hui, je suis là pour agir de manière à ce que ça change maintenant et demain.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bon ! Alors on va parler des chômeurs de longue durée justement, chômeurs de longue durée le problème c'est que dé-classification sociale, des difficultés psychologiques quand on est au chômage trop longtemps, c'est vrai que les entreprises hésitent à embaucher des chômeurs de longue durée...
MICHEL SAPIN
Bien sûr ! Bien sûr.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Evidemment parce qu'elles se posent la question : pourquoi est-il resté si longtemps au chômage, Michel SAPIN ?
MICHEL SAPIN
Bien sûr !
JEAN-JACQUES BOURDIN
Alors, faut-il obliger les chômeurs de longue durée à accepter une reconversion ?
MICHEL SAPIN
Je ne sais pas ce que veut dire obliger, parce qu'on n'est pas dans une société où on prend le gars comme ça, on lui met 2 policiers de chaque côté ou 2 gendarmes et…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais il ne s'agit pas de lui mettre des policiers…
MICHEL SAPIN
Voilà ! Donc…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Il s'agit de lui faire des propositions…
MICHEL SAPIN
Donc faisons attention, parce que… il y a des termes qui peuvent ressembler à des camps de travail…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui ! Non, mais… Non ! Mais…
MICHEL SAPIN
D'une autre époque.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui ! Non, mais enfin non.
MICHEL SAPIN
Nous ne sommes pas… Mais ce n'était pas le sens de votre question…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Non ! D'accord, ce n'était pas le sens de ma remarque ou de ma question.
MICHEL SAPIN
De votre remarque. Est-ce que nous devons avoir des systèmes plus incitatifs, qui accompagnent plus fortement le chômeur de longue durée pour retrouver un emploi ? La réponse est oui ! Mais nous le faisons, je vais vous prendre un exemple : il y a des entreprises aujourd'hui qui cherchent des salariés pour occuper des postes et qui ne trouvent pas des personnes ayant la qualification permettant d'occuper ce poste, on appelait ça des emplois vacants ; Vous voulez que je vous prenne un exemple ? Il parait qu'il n'y a pas suffisamment aujourd'hui de soudeurs, de gens capables de souder, souder aujourd'hui ce n'est pas juste un petit chalumeau, non, c'est parfois extrêmement technologique…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui ! Oui.
MICHEL SAPIN
Extrêmement avancé, il faut donc former des soudeurs – et pas seulement du jeune, on peut prendre quelqu'un qui est dans une reconversion, pour reprendre votre terme – et l'accompagner, on met en place des formations. Aujourd'hui il y a 30.000 formations qui sont mises en place pour 30.000 chômeurs, souvent des chômeurs de longue durée, mais pas pour du parking, pas de la formation pour ne plus être dans la courbe du chômage si je puis dire, mais de la formation pour occuper un emploi qui est identifié, qui est concret, qui est dans une entreprise, avec une fiche de poste, avec un…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui ! Mais, Michel SAPIN…
MICHEL SAPIN
Avec un patron qui cherche ce salarié et, en face, un chômeur qui est formé pour ça.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais personne ne doute que vous faites des efforts !
MICHEL SAPIN
Voilà l'accompagnement.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Personne ne doute que vous vous tournez les pouces, que vous faites des efforts, vous ne vous tournez pas les pouces Michel SAPIN, ce n'est pas le problème, le problème c'est que les chômeurs de longue durée sont de plus en plus nombreux. Alors moi je vous ai posé une question, est-ce qu'il faut – je ne sais pas moi – réduire une partie de l'allocation s'il y a refus du chômeur de longue durée…
MICHEL SAPIN
Mais est-ce que vous savez…
JEAN-JACQUES BOURDIN
De se reconvertir ?
MICHEL SAPIN
Mais, monsieur BOURDIN, le chômeur de plus de 2 ans est-ce qu'il touche une allocation chômage ?
JEAN-JACQUES BOURDIN
Non !
MICHEL SAPIN
Bon ! Eh bien voilà, donc vous allez réduire quelque chose qui n'existe pas.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bon ! Alors est-ce que vous allez… Donc alors est-ce qu‘il faut…
MICHEL SAPIN
Donc, vous voyez, il faut faire attention à ces raisonnements-là.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Est-ce qu'il faut revoir la dégressivité des allocations chômage ?
MICHEL SAPIN
Voilà ! Alors donc ce n'est pas pour celui de longue durée celui-là…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Non ! Mais là je vous une question…
MICHEL SAPIN
Mais c'est pour celui qui est de courte durée.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais pour éviter… Oui ! Oui.
MICHEL SAPIN
Eh bien vous croyez qu'en ce moment, avec les 8% d'augmentation de…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc, on ne touche pas à ça ?
MICHEL SAPIN
Non ! Mais est-ce que vous croyez que c'est le moment de diminuer l'allocation de chômeurs qui viennent d'être au chômage ?
JEAN-JACQUES BOURDIN
Alors on ne touchera pas aux allocations chômage ?
MICHEL SAPIN
Je pense… Non ! Il ne s'agit pas de toucher à cela. Il faut accompagner beaucoup plus fortement, il faut que les efforts…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc, que les choses soient claires, on ne touchera pas aux allocations chômage…
MICHEL SAPIN
Non ! C'est…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ni à la durée, ni au montant ?
MICHEL SAPIN
Mais les partenaires sociaux…
JEAN-JACQUES BOURDIN
D'accord !
MICHEL SAPIN
Vont discuter de cela pour que chacun…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous êtes favorable à ce qu'on baisse… est-ce qu'on change un peu les règles ou pas ?
MICHEL SAPIN
Pour que chacun comprenne bien, le système d'allocation chômage il n'est pas décidé par l'état…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Je sais !
MICHEL SAPIN
Il n'est pas décidé par le ministre, il est décidé par les patrons et les syndicats…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Par les partenaires sociaux !
MICHEL SAPIN
Qui se réunissent…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Voilà !
MICHEL SAPIN
Et qui gèrent l'assurance chômage.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Voilà !
MICHEL SAPIN
Ils vont discuter de cela d'ici la fin de l'année ou au début de l'année prochaine, et ils mettront tout sur la table.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Est-ce que vous êtes favorable à une modification des règles d'indemnisation du chômage ?
MICHEL SAPIN
Mais je dis très clairement, je dis très clairement que ce n'est pas quand le chômage est aussi haut qu'on diminue l'indemnisation des chômeurs.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc, on ne touche pas au système d'indemnisation des chômeurs.
MICHEL SAPIN
Oui ! Il faut en discuter, je ne vais pas répondre à leur place, ils vont en discuter.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Non ! Vous, vous êtes favorable à ce qu'on n'y touche pas ?
MICHEL SAPIN
Je vous répète que ça n'est pas quand il y a un chômage de masse qu'on diminue la petite indemnisation qui est celle de chômeurs qui ne sont pas au chômage depuis 3 ans mais de ceux qui sont au chômage depuis un an, c'est-à-dire ceux qui sont aujourd'hui les victimes du rebond de la crise, donc je ne veux qu'il y ait une sorte de double peine pour ça. Par contre faisons les efforts, accompagnons-les, faisons en sorte… pour reprendre votre terme, ils sont dans une reconversion, eh bien il faut que cette reconversion fonctionne. La réforme de la formation professionnelle, je dis ça - personne n'écoute parce que la formation professionnelle ça n'intéresse personne – mais c'est fondamental, c'est faire en sorte que lorsqu'il y a des emplois il puisse y avoir en face des gens formés pour occuper ces emplois, ça n'est pas suffisamment le cas. Il y a 140.000 jeunes qui sortent chaque année du système de formation initial sans avoir une formation leur permettant d'occuper un emploi, ce n'est pas possible, on ne peut pas continuer comme ça - d'ailleurs les Emplois d'avenir c'est justement fait pour leur donner une formation à ces jeunes, un vrai emploi et une vraie formation – et quand j'entends dire que c'est du factice…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Eh bien on va en parler !
MICHEL SAPIN
Je vous assure qu'ils n'ont…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Alors justement…
MICHEL SAPIN
Du factice.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Sur les emplois dit aidés, Contrats de génération… Bon ! La grande idée de François HOLLANDE...
MICHEL SAPIN
Ce n'est pas un emploi aidé le Contrat de génération !
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ah bon !
MICHEL SAPIN
Non ! Parce que vous…
JEAN-JACQUES BOURDIN
C'est un emploi incité, une incitation…
MICHEL SAPIN
Oui ! Mais comme…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bon ! D'accord.
MICHEL SAPIN
Qui existe pour le…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bon, là, ça ne marche pas terrible…
MICHEL SAPIN
Pour les salaires, pour les petits salaires.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ça ne marche pas bien, alors que les Emplois d'avenir marchent bien. Alors, expliquez-moi, Contrat de génération l'objectif finalement fin 2013…
MICHEL SAPIN
Juste… Première remarque…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui !
MICHEL SAPIN
Il y a 3 mois vous me disiez à propos des Emplois d'avenir exactement ce que vous dites aujourd'hui à propos des Contrats de génération, parce que…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ah non !
MICHEL SAPIN
Si ! Si, si. Il y a 3 mois tout le monde disait – quand je dis vous ce n'est pas vous vous Jean-Jacques BOURDIN mais vous…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui ! D'accord, oui, oui, globalement.
MICHEL SAPIN
Globalement.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui ! Globalement, oui.
MICHEL SAPIN
C'était les mêmes termes : ça patine, ça ne décolle pas, c'est cloué au sol, ce n'est pas une bonne mesure… Bien ! Aujourd'hui c'est un très grand succès et on va continuer parce qu'il y a encore des jeunes qui en ont besoin, il y a des entreprises qui en ont besoin, des collectivités locales…
JEAN-JACQUES BOURDIN
On est à combien d'ailleurs les Emplois d'avenir ?
MICHEL SAPIN
On a dépassé les 70.000 Emplois d'avenir aujourd'hui…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous serez à 100.000 à la fin de l' année ?
MICHEL SAPIN
On sera largement à 100.000 à la fin de l'année.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Largement et plus ?
MICHEL SAPIN
Peut-être plus ! Parce qu'on ne va pas s'arrêter sous prétexte qu'on est arrivés à 100.000…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bon ! Bon.
MICHEL SAPIN
Là aussi c'est un objectif, on a le droit de dépasser les objectifs.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui !
MICHEL SAPIN
Mais je dis ça pourquoi ? Parce qu'après parlons des Contrats de génération, le Contrat de génération ce n'est pas du tout de même nature, c'est l'entreprise qui décide et c'est l'entreprise seule qui décide – et c'est normal d'ailleurs, c'est un emploi dans une entreprise, on incite cette entreprise à prendre un jeune sans pour autant pousser un plus âgé en dehors - donc on réunit ces générations, le plus âgé va apporter sa compétence au plus jeune. Ce n'est pas si simple que cela à mettre en place…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Non !
MICHEL SAPIN
Et puis, si vous n'avez pas besoin d'embaucher un jeune, vous n'allez pas l'embaucher sous prétexte que vous touchez 4.000 euros.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais qui peut embaucher d'ailleurs ?
MICHEL SAPIN
Si, mais il y en a, puisqu'aujourd'hui…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, il y en a, il y a quelques entreprises qui embauchent, oui.
MICHEL SAPIN
Et alors, qu'est-ce qui se passe, et c'est là où ça me fait un peu parfois en colère, Monsieur BOURDIN, dans les petites entreprises, chez les artisans, dans les petites entreprises, ça marche très bien le contrat de génération, c'est là qu'ils se sont créés.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Alors pourquoi ça ne marche pas dans les grandes entreprises ?
MICHEL SAPIN
Mais ça marche… ce n'est pas dans les grandes, parce que là il n'y a pas d'aide…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Dans les entreprises moyennes.
MICHEL SAPIN
C'est dans les entreprises moyennes, parce qu'il faut qu'il y ait une négociation, et pour qu'il y ait une négociation, il faut qu'il y ait des gens des deux côtés de la table, il faut qu'il y ait le patron, et il faut qu'il y ait les syndicats qui négocient et qui discutent, eh bien ça, ça ne marche pas suffisamment.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Michel SAPIN, on sera à combien à la fin de l'année ?
MICHEL SAPIN
Je leur ai dit, aux partenaires sociaux, je leur ai dit, c'est votre responsabilité. La bataille contre le chômage, ce n'est pas simplement un gouvernement, ce n'est pas un président, un Premier ministre, ce n'est pas un ministre de l'Emploi, c'est toute la société qui doit se mobiliser, et d'abord les partenaires sociaux. Ça va monter, parce qu'ils ont compris.
JEAN-JACQUES BOURDIN
On est à combien ?
MICHEL SAPIN
On est, plus de 12 000, mais qui sont uniquement dans les moins de 50.
JEAN-JACQUES BOURDIN
C'était 500 000 sur le quinquennat !
MICHEL SAPIN
Quinquennat, ça veut dire 100 000 par an, on va arriver progressivement à ce rythme-là.
JEAN-JACQUES BOURDIN
500 000 par an, là vous avez du retard !
MICHEL SAPIN
Non, pas par an, 100 000 par an, 500 000 quinquennat/ 100 000 par an.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, 100 000 par an, vous avez du retard.
MICHEL SAPIN
Mais on a du retard, on est au début. Quand on est au début d'une course, on a du retard…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ah bon ?
MICHEL SAPIN
C'est toujours comme ça, par définition, et on rattrape ensuite le peloton et on le dépasse.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Michel SAPIN, un mot sur les emplois d'avenir. Les emplois d'avenir marchent bien, moins bien dans les zones urbaines sensibles, vous le savez bien.
MICHEL SAPIN
Oui, parce que c'est plus difficile.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Alors, qu'est-ce que vous allez faire ? Est-ce que vous allez… c'est 50 000 emplois d'avenir pour 2014, c'est ça ?
MICHEL SAPIN
En plus, oui.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Et est-ce que vous allez encore en rajouter 50 000 ?
MICHEL SAPIN
Ecoutez, vous dites ça marche moins bien, c'est plus difficile, déjà remplissons les objectifs.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Des 50 000.
MICHEL SAPIN
Des 50 000. Moi je souhaite que ces 50 000 ils soient mis en place au début de l'année 2014, et nous verrons si dans la deuxième moitié de 2014 il y a besoin.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Pourquoi pas 50 000 de plus, pourquoi pas ?
MICHEL SAPIN
Non, parce que je pense qu'on n'est pas dans une surenchère, nous devons remplir les contrats, remplir les objectifs, et le remplir en particulier dans les zones, c'est beaucoup plus difficile, où il y a beaucoup de jeunes en situation compliquée, vous parliez des zones urbaines sensibles, on va dire les banlieues, en particulier dans la région parisienne où c'est plus difficile. Mais pourquoi c'est plus difficile ? Parce qu'il y a beaucoup de jeunes en situation difficile, et il y a peu d'entreprises, ou d'associations, ou des collectivités locales, qui ont les moyens de pouvoir les embaucher, donc il faut faire un effort supplémentaire. On va le faire, parce que ces jeunes-là aussi ont droit à un avenir, il n'y a pas que les jeunes ruraux, ça, ça marche extrêmement bien, dans mon département on a dépassé les objectifs, dans 20 départements de France on a dépassé les objectifs. Il faut que partout on atteigne ces objectifs. Mais ce n'est pas parce que c'est du Téléthon, ce n'est pas du « emploi d'avenirthon », c'est parce que derrière cela il y a un visage, il y a une jeune femme, il y a un jeune homme, qui a chaque fois… il faut les rencontrer, vous devriez en inviter un ici, vous devriez le faire parler, vous verrez…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais Michel SAPIN, mais ils sont là tous les jours.
MICHEL SAPIN
Vous verrez combien ils ont retrouvé la confiance…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais, je sais.
MICHEL SAPIN
Le mot de confiance…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Je sais, on les a entendus, on les a entendus.
MICHEL SAPIN
Le mot de confiance, eux ils l'utilisent, ils disent « j'ai retrouvé confiance », eh bien j'aimerais que la société française, l'économie française…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Retrouve confiance…
MICHEL SAPIN
Retrouve confiance, comme ces jeunes-là.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais donnez-lui les possibilités de retrouver confiance.
MICHEL SAPIN
On l'a donnée à ces jeunes, ils ont retrouvé confiance. On le donne à l'ensemble de l'économie, il faut qu'il fasse aussi un effort pour retrouver confiance.
JEAN-JACQUES BOURDIN
A l'ensemble de l'économie…
MICHEL SAPIN
Oui, le CICE, c'est quoi ?
JEAN-JACQUES BOURDIN
Parlons avec les chefs d'entreprise, vous allez voir s'ils ont confiance.
MICHEL SAPIN
Eh bien il faut qu'ils retrouvent, il ne faut pas être dans le pessimisme continuel…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Il n'y a pas que les chefs d'entreprise d'ailleurs.
MICHEL SAPIN
Ça ne sert à rien d'être dans le pessimisme continuellement.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Et tous ceux qui paient beaucoup plus d'impôts que prévu, vous pensez qu'ils ont confiance ?
MICHEL SAPIN
Mais oui, parce qu'ils ont confiance dans le fait que ça va baisser plus tard.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ah oui !
MICHEL SAPIN
C'est ça aussi qu'il faut qu'ils comprennent.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ah bon ? Ah mais ça c'est extraordinaire. Ils ont confiance dans le fait que ça va baisser plus tard.
MICHEL SAPIN
Je le dis avec le sourire.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ah bon, Michel SAPIN ! Oui, parce que là…
MICHEL SAPIN
Aujourd'hui il y a un effort… parlons de ce sujet sérieusement.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, les impôts, tiens, parlons-en.
MICHEL SAPIN
Aujourd'hui il y a un effort, qui est un effort qui a d'ailleurs été voté à la fin de l'année dernière et qui est payé aujourd'hui, parce que c'est comme ça. Cet effort, vous le savez, c'est le double effet de ce qui avait été décidé par, on va dire pour simplifier, SARKOZY, et de ce qui a été décidé aujourd'hui par le gouvernement, bien. Aujourd'hui ça fait beaucoup, comme disait le président de la République, à un moment donné ça fait beaucoup, donc à partir de l'année prochaine on commence à décélérer et ensuite on…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, enfin il y aura encore des augmentations d'impôts l'année prochaine, on ne va pas rentrer dans ce débat, mais…
MICHEL SAPIN
Mais les gens disent « on veut voir », « on veut voir », et bien sûr, ils ne voient pas aujourd'hui, ils verront demain, mais je veux que l'économie française retrouve… Vous voulez que je vous explique pourquoi, je vais vous expliquer en trois mots. Aujourd'hui il y a des signes réels d'une reprise de l'activité économique, il y a des signes réels, de deux choses l'une, ou bien les acteurs économiques, en particulier les chefs d'entreprises, disent « je vais attendre que ça se confirme », et à ce moment-là la reprise elle passe à côté, y compris à côté d'eux, y compris à côté de leurs intérêts, en termes de chefs d'entreprise, et à côté de l'emploi, ou bien ils disent « oui, je sens que ça frémi, c'est le moment d'investir, c'est le moment d'embaucher », et à ce moment-là la reprise elle accélère, et elle sera bénéfique pour tous. C'est ça le retour de la confiance.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bien. On va pas entrer… mais sur l'imposition, cette fameuse taxe à 75%, est-ce que les clubs professionnels de football doivent en être exonérés ?
MICHEL SAPIN
Non, il n'y a aucune raison. On parlait de l'effort, vous croyez que celui qui voit, et il y en a, je sais qu'il y en a qui nous écoutent, qui voit que son impôt sur le revenu a augmenté de 300 euros parce que Nicolas SARKOZY avait supprimé la part de la veuve, il y avait une part en plus, une demi-part en plus, il a supprimé ça, il voit 300 euros de plus, et vous croyez que lui il va accepter…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Non, mais dites-moi, les augmentations d'impôts vous n'allez pas les imputer à Nicolas SARKOZY…
MICHEL SAPIN
Non non, mais celle-là, en l'occurrence, c'est lui.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, celle-là peut-être, mais enfin, vous en avez imaginées d'autres.
MICHEL SAPIN
On en a imaginées d'autres, mais je prends celle-là parce que c'est celle qui me choque le plus.
JEAN-JACQUES BOURDIN
D'accord.
MICHEL SAPIN
Quand je vois une dame qui vient en me disant « je ne payais pas, et j'en paye maintenant. »
JEAN-JACQUES BOURDIN
Dites-moi, ça ne vous choque pas quand vous avez quelqu'un – je fais juste une parenthèse – quand vous avez quelqu'un qui touche 900 euros de retraite par mois, sa retraite devait être revalorisée au 1er avril, on la revalorise qu'au 1er octobre, ça ne vous choque pas ?
MICHEL SAPIN
C'est pour l'année prochaine, et c'est l'effort qui est demandé à…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Et ça ne vous choque pas ça ?
MICHEL SAPIN
Mais c'est l'effort qui est… ce qui est important, et c'est pour ça que je réponds à votre question, c'est que quand un effort est demandé, ce soit un effort pour tous. Et vous me dites, est-ce qu'il faut exonérer les clubs de foot d'un effort ? Non mais enfin, quand on dit ça, vous posez la question… me réveiller, je pense avoir montré que je suis déjà réveillé, mais ce n'est pas acceptable, ce n'est pas acceptable.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc ils n'auront rien ?
MICHEL SAPIN
Est-ce que ce sont les clubs de foot, en France, qui sont les plus malheureux ?
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais est-ce à François HOLLANDE d'aller se mêler de ça ?
MICHEL SAPIN
S'il veut recevoir les clubs de foot, pourquoi est-ce qu'on l'empêcherait de recevoir les clubs de foot ?
JEAN-JACQUES BOURDIN
Il se mêle de tout finalement, non ?
MICHEL SAPIN
Un président de la République c'est aussi pour écouter, pour entendre, comme d'autres.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ce qu'il avait tant reproché à Nicolas SARKOZY…
MICHEL SAPIN
Non, ça ne veut pas dire…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Est-ce qu'il n'avait pas tant reproché à Nicolas SARKOZY de se mêler de tout ?
MICHEL SAPIN
Mais non, Nicolas SARKOZY il décidait de tout, même avant que…
JEAN-JACQUES BOURDIN
François HOLLANDE ne décide pas ?
MICHEL SAPIN
Il décidait même avant d'avoir rencontré les gens, donc au moins vous avez un président qui écoute les gens, ça me paraît normal d'écouter.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais qui ne décide pas ?
MICHEL SAPIN
Il écoute, il est là aussi pour décider, participer à la décision, il n'est pas le seul à décider, et heureusement, dans notre dispositif, il vaut mieux.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Est-ce qu'il va reculer sur l'histoire de la taxe ?
MICHEL SAPIN
La réponse est non, chacun doit faire un effort, un effort justement réparti. Pourquoi exonérerait-on les uns sous prétexte qu'ils passent à la télévision plus souvent, que d'autres qui sont des inconnus, non…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais on pourrait leur proposer d'étaler la taxe sur 4 ans…
MICHEL SAPIN
Non, égalité, égalité de traitement.
JEAN-JACQUES BOURDIN
D'enlever la rétroactivité, tout ça, vous dites non ?
MICHEL SAPIN
Après, ça, c'est de la technique, etc., les techniciens regarderont la technique…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ah, ah, ah…
MICHEL SAPIN
Mais le principe…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Le rétablissement du droit à l'image ?
MICHEL SAPIN
Je ne sais pas ce que c'est que ça, et donc ce qui compte, ça c'est des trucs de techniciens, je n'y connais rien, l'effort doit être justement partagé, nul ne peut en être exonéré, surtout quand il est, par ailleurs, plutôt riche.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bon. Alors, Michel SAPIN, vous avez vu ce sondage sur le courage en politique.
MICHEL SAPIN
Oui.
JEAN-JACQUES BOURDIN
C'est quoi le courage en politique selon vous ?
MICHEL SAPIN
D'abord je pense que le courage en politique ça ne se proclame pas, et ce n'est pas celui qui dit « courage », « courage », « courage », qui est forcément le plus courageux. Et puis il y a des moments, vous savez, je ne veux pas prendre des images…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous n'allez pas dire comme Ségolène ROYAL « prendre le risque de décisions impopulaires. »
MICHEL SAPIN
Mais une décision n'est pas bonne uniquement parce qu'elle est impopulaire, une décision…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous ne revêtez pas de toge, vous…
MICHEL SAPIN
Une décision peut être bonne tout en étant populaire… il y a des périodes, et nous sommes dans cette période, et je ne veux pas prendre des images guerrières, mais ça peut arriver aussi, où le courage c'est de tenir bon, de tenir bon, parce que ce n'est pas simple, on en prend un peu dans la figure, les Français beaucoup, nous on est là pour ça, mais il faut tenir bon, il faut avancer, il faut mener jusqu'au bout les politiques que nous avons lancées depuis 1 an. 1 an ça paraît long, c'est en même temps très court pour avoir des effets sur une économie, c'est très court pour avoir des effets sur le rétablissement de notre équilibre budgétaire, c'est très court pour avoir des effets sur le chômage, ça le ralentit, mais ça ne l'inverse pas, pour l'instant, ça va l'inverser. Donc, il faut tenir bon. Le courage, aujourd'hui, c'est ce que fait le président de la République, tenir bon.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ce n'est pas ce que les Français ressentent, parce que dans le sondage il est jugé comme le moins courageux de tous les présidents depuis 30 ans.
MICHEL SAPIN
Eh bien, quand il aura tenu bon dans la durée, vous verrez quel sera le jugement porté par ceux qui s'exprimeront dans 30 ans.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Alors deux mots encore, sur PSA, est-ce que l'Etat va aider PSA ?
MICHEL SAPIN
Non, l'Etat n'a pas de raison particulière aujourd'hui d'aider PSA.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Non, vraiment pas ?
MICHEL SAPIN
Ce n'est pas aider pour aider, ce que nous voulons…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Aider pour aider, c'est une autre chose, mais est-ce que l'Etat va injecter de l'argent dans PSA ?
MICHEL SAPIN
Non, mais ça, le ministre du Redressement productif et le ministre de l'Economie et des Finances verront…
JEAN-JACQUES BOURDIN
1,5 milliard, on dit.
MICHEL SAPIN
Non, mais ce n'est pas la question, j'ai vu ça, mais ce n'est pas la question. La question aujourd'hui, qu'est-ce qui se passe chez PSA ? C'est important. Chez PSA, comme chez RENAULT il y a quelques mois, les partenaires sociaux – tiens encore eux…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, se sont mis d'accord.
MICHEL SAPIN
Patrons et organisations syndicales, se sont mis d'accord sur quoi ? Sur le sauvetage de leur entreprise. Alors après les uns peuvent être d'accord, les autres pas d'accord, c'est tout à fait normal, sur le sauvetage de leur entreprise. Avec quoi ? Avec l'assurance d'une production supplémentaire, par rapport à aujourd'hui, ils sont bas, il vaut mieux produire plus pour pouvoir se sauver, avec des efforts, qui sont des efforts partagés, des uns et des autres, avec une perspective, ils se sont redonnés une perspective. Là où PSA n'avait comme seule perspective que de couler, ils se sont redonnés ensemble, et en signant en bas du parchemin, une perspective pour se redresser. C'est ça qui est important, c'est ça la confiance, c'est ça la mobilisation, ce n'est pas de savoir si on met 100 000 euros de plus par-ci, ou 100 000 euros par-là, c'est est-ce qu'on est capable de se serrer les coudes dans une entreprise comme celle-ci. Ils l'ont fait chez RENAULT, ils se sont serrés les coudes, il y a eu du rapatriement de production, il y a des voitures qui étaient fabriquées à l'étranger, qui sont fabriquées maintenant en France, il y a l'emploi qui va pouvoir être sauvé chez RENAULT, eh bien il faut que ce soit la même chose chez PSA, et globalement il faut que ce soit la même chose dans l'économie française, le retour de la confiance.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 25 octobre 2013