Déclaration de Mme Sylvia Pinel, ministre de l'artisanat, du commerce et du tourisme, sur la politique du tourisme, en particulier sa promotion à l'international et le rôle primordial des offices de tourisme, Clermont-Ferrand le 17 octobe 2013.

Prononcé le

Intervenant(s) : 

Circonstance : Congrès des offices du tourisme, à Clermont-Ferrand du 17 au 19 octobre 2013

Texte intégral

Monsieur le préfet,
Mesdames les parlementaires,
Monsieur le Président du conseil général, cher Jean-Yves,
Monsieur le vice-président de Région, cher André Chapaveire
Monsieur le Maire,
Monsieur le président de la fédération des offices de tourisme,
Mesdames et messieurs,
Permettez-moi de vous remercier pour votre accueil, toujours chaleureux et de vous dire que je suis très heureuse d’être avec vous aujourd’hui pour partager ce moment et échanger avec vous sur les enjeux à venir de la politique touristique, ici dans le Puy-de-Dôme, et en Auvergne.
Vous avez ici des atouts touristiques indéniables, riches d’une grande diversité et qui permettent le développement d’un tourisme rural, de nature et de grands espaces, encouragé par des équipements modernisés et attractifs. J’ai d’ailleurs eu la chance de pouvoir admirer en juillet dernier la chaîne des puys et j’en garde encore un très grand souvenir.
L’élue du Sud-ouest que je suis est sensible à « l’ambiance » rugby que vous avez bien voulu reconstituer ici. C’est un point commun que nous avons.
L’élue du Sud-ouest que je suis est sensible à l’ambiance « Rugby » que vous avez bien voulu reconstituer ici et c’est un point commun que nous avons.
Je suis donc très heureuse que vous ayez choisi ce beau département pour accueillir la 29ème édition du congrès national des offices de tourisme.
Vous avez placé cette édition sur le terrain de nos valeurs et il me semble qu’il s’agit en effet d’une question qui doit être au centre des préoccupations de ceux qui travaillent pour l’image de notre pays, comme nous tous ici.
Car le tourisme, c’est un facteur d’attractivité à part entière, il s’adresse bien sûr à nos visiteurs français et internationaux, mais également il impacte les entreprises, notre rayonnement et notre influence dans le monde.
C’est une politique qui engage notre pays et notre image et je souhaite donc insister auprès de vous sur l’importance de l’accueil.
Nous devons être à la hauteur des attentes de nos visiteurs et de notre réputation.
Une responsabilité toute particulière vous revient, à vous, qui vous impliquez dans nos offices de tourisme, et qui êtes bien souvent, pour nos touristes, le premier contact avec la France. Ils attendent de vous de précieux conseils sur nos richesses et nos atouts et les lieux incontournables à visiter.
C’est vous qui, les premiers, devez donner la preuve de notre convivialité, de notre sens de l’accueil et de notre hospitalité, de notre gout du service bien fait, de notre générosité, en un mot, du plaisir que nous avons à les recevoir chez nous et à leur faire découvrir nos destinations.
C’est pour cela que la qualité de l’accueil dans vos offices du tourisme fait partie de votre coeur de métier. Un accueil chaleureux, une offre touristique claire, une aide apportée dans des domaines qui ne sont pas nécessairement les vôtres ; tous ces gestes sont autant de moyens de mettre à l’aise nos touristes et de leur offrir un séjour agréable.
Vous avez également voulu -la dernière convention que vous avez signée avec le Ministère le met en avant- faire du numérique un moyen supplémentaire d’améliorer les services proposés au sein de vos offices du tourisme.
C’est une priorité pour vous, comme pour l’ensemble des acteurs de la filière, et j’en ai fait un axe majeur de l’amélioration de la qualité de notre offre.
Si les outils numériques ne remplacent pas le contact humain, qui reste indispensable, ils permettent aussi d’informer le touriste et de promouvoir, de valoriser un territoire. Car l’accueil des touristes commence, vous l’avez compris, bien en avant le séjour.
C’est donc par votre présence sur Internet, via un site web, ou sur un réseau social, que vous permettez aux intéressés de faire leur choix, de s’informer, et de préparer leur séjour. Vous avez bien entamé votre transition numérique ; je vous encourage vivement à poursuivre dans cette voie porteuse de débouchés pour l’avenir.
Le numérique est en effet à la fois une chance pour le tourisme, et un outil devenu incontournable. 60 % des français préparent leurs vacances sur internet et plus de 40 % y réservent leurs séjours.
Cela pose la question de la présence de la filière industrielle touristique sur internet. Il y a plusieurs initiatives en cours, qu’il s’agisse des hôteliers, des offices de tourisme ou d’autres encore.
J’encouragerai toute initiative dès lors qu’elle constitue une réponse globale qui inclue l’ensemble des acteurs de la filière autour d’un projet unique où chaque catégorie d’acteurs – je pense aussi bien aux professionnels qu’aux collectivités se retrouveraient. En cet égard je suis particulièrement attentive à l’évolution du projet Hexatourisme proposé par Atout France.
Vous êtes, sur le terrain et au jour le jour, les premiers vecteurs de la réputation de la France, de son attractivité, de sa modernité. Je tiens donc à vous féliciter pour vous être saisis de cet enjeu et pour mettre au quotidien un point d’honneur à bien accueillir nos visiteurs.
C’est pourquoi j’attache beaucoup d’attention au développement de la marque « Qualité Tourisme » dans les offices de tourisme mais aussi dans les CRT, les CDT et chez les professionnels, car elle assure une référence de qualité harmonisée sur tout le territoire. Cette marque identifie les démarches de qualité rigoureuse et récompense les établissements engagés à la réussite de cet objectif.
La France, vous le savez, est la première destination touristique au monde ; chaque année, ce sont plus de 80 millions de visiteurs qui sont accueillis sur notre territoire. C’est une véritable industrie, qui emploie plus de deux millions de personnes, et qui représente plus de 7 % de notre PIB. C’est plus que le secteur automobile !
Et si le Président de la République a élevé la question du tourisme au rang de « Grande Cause Nationale », alors que le Gouvernement s’est engagé dans la bataille pour l’emploi et pour la croissance, c’est bien parce que c’est un secteur fondamental pour notre économie.
La démarche innovante que j’ai initiée autour des contrats de destination permet de mieux valoriser l’ensemble des territoires, de diffuser partout en France les bénéfices liés au tourisme et d’enrichir l’image de la France comme une mosaïque de destinations très variées.
Il y a encore trop de disparités dans la fréquentation de nos territoires. Certaines zones concentrent un grand nombre de visiteurs quand d’autres pourraient en accueillir beaucoup plus. Il s’agit de réduire la fracture entre les territoires.
Pour cela, nous devons mieux faire travailler ensemble les acteurs publics et privés, mais également de créer des liens entre les différents secteurs qui participent à la politique touristique comme la culture, les transports, le commerce, mais aussi la gastronomie ou l’artisanat, les métiers d’art, les produits locaux, la ruralité et tant d’autres.
Dans le même objectif de structuration de l’offre touristique, j’ai tenu à rénover la gouvernance de notre secteur.
Atout France est ainsi devenu la cheville ouvrière de la politique touristique et notre promotion à l’international, axée prioritairement sur les pays à forte croissance, est d’ores et déjà plus lisible et plus cohérente.
Son rôle dans nos territoires a également été renforcé et vous pouvez désormais compter d’avantage sur son soutien en matière d’accompagnement et d’ingénierie touristique ; il dispose pour cela d’un budget préservé dans le cadre des lois de finances.
Par ailleurs, le Conseil national du tourisme, que j’ai renouvelé fin 2012, contribue aussi de manière plus opérationnelle à l’élaboration et à la mise en oeuvre de notre politique.
Notre pays tout en entier gagnera à avoir un tourisme fort, car il impacte positivement notre image, notre rayonnement, notre influence dans le monde.
Vous êtes parmi les premiers acteurs du tourisme, et vous êtes à ce titre des points d’appui de la politique touristique. C’est pourquoi je vous invite à jouer pleinement ce rôle.
Je voudrais maintenant revenir sur trois sujets que vous allez évoquer tout à l’heure et au cours de votre congrès et qui concernent très directement l’évolution des offices de tourisme.
Le premier c’est la question de la réforme du classement des offices de tourisme.
Il s’agit là, et je sais que vous en êtes convaincus, d’un moyen de mener une politique touristique plus performante, de construire un outil pédagogique au service de nos concitoyens, et de mobiliser les acteurs autour d’un projet de territoire.
Les critères de classement portent ainsi sur plusieurs dimensions : le service offert, mais également l’organisation interne.
Certaines communes m’ont fait part de leurs difficultés à se conformer aux nouveaux critères : vous avez cité la question de la capacité d’hébergement, mais m’avaient aussi été signalée par exemple la difficulté de respecter les périodes d’ouvertures minimales pour les plus petites communes.
J’ai souhaité que vos remarques soient entendues et je procéderai aux ajustements réglementaires nécessaires. Ainsi, certains aspects ont déjà été modifiés, par exemple en ce qui concerne les périodes d’ouverture minimales puisque l’arrêté du 1er juillet 2013 a modifié les exigences de période d’ouverture minimales pour les communes comportant moins de 5 000 habitants souhaitant se classer en catégorie 1.
De même, la capacité d’hébergement, qui ne prend pas suffisamment en compte le développement des offices de tourisme intercommunaux, sera prochainement réévaluée, et je m’y engage aujourd’hui devant vous.
Nous devons en effet adapter nos règles de fonctionnement à la réalité, celle de la montée en puissance des offices de tourisme intercommunaux, et c’est là mon deuxième point.
Il y a 10 ans, 75 % des offices de tourismes étaient communaux, et qu’ils ne sont plus que 40 % aujourd’hui, le développement s’étant fait au profit de l’intercommunalité.
Il s’agit là d’une évolution rendue nécessaire par la professionnalisation des métiers du tourisme, et le besoin de trouver des synergies sur les territoires dans une logique de destination.
Ce mouvement s’inscrit ainsi parfaitement dans la logique des contrats de destination que je souhaite développer.
Pour achever cette mutation, le projet de loi portant sur le « développement des solidarités territoriales et la démocratie locale » présenté le 10 avril dernier en conseil des ministres par Marylise Lebranchu, prévoit le transfert complet de la compétence tourisme aux intercommunalités, et je sais que sur cette question, les avis peuvent être divergents en fonction des spécificités territoriales.
C’est pourquoi, je souhaite que cette échéance soit préparée au mieux, dans un dialogue avec l’ensemble des acteurs, pour que les besoins des territoires soient bien pris en compte et si cela s’avère nécessaire, pour prévoir des aménagements.
Je pense par exemple au travail à mener pour répondre aux spécificités des stations classées.
Enfin, en ce qui concerne la question du développement de la commercialisation que vous avez posée, je voudrais vous rappeler que notre droit encadre précisément les possibilités des offices de tourisme, par la délimitation d’un champ territorial d’intervention.
Et je ne souhaite pas revenir sur ces mesures car un office de tourisme est avant tout un organisme local de tourisme, chargé de la promotion d’une destination et de l’accueil des visiteurs.
C’est en fonction de ses compétences et des besoins spécifiques des territoires qu’il doit exercer une activité de vente de séjours ou de billetterie, lorsque l’intérêt général le rend nécessaire, en particulier lorsqu’il s’agit de répondre à une demande que l’initiative du privé ne prend pas en compte. Il est cependant possible pour les offices de tourisme d'intervenir, ponctuellement par convention, en dehors de ce périmètre, lors d’une manifestation culturelle par exemple.
Notre droit actuel permet donc la souplesse nécessaire pour répondre aux besoins de nos visiteurs, je pense que nous arrivons ainsi à trouver le juste équilibre avec les agences de voyage.
Vous le voyez, mesdames et messieurs, vos enjeux, vos problématiques, sont partagés par mon ministère. La structuration de la filière est ainsi, depuis ma nomination, ma priorité.
Les offices du tourisme sont indispensables au développement de cette politique et c’est pourquoi je compte sur votre détermination.
Vous avez en main de beaux atouts et des outils dont vous devez vous saisir.
Le Président de la République nous a fixé un objectif clair : rester la première destination mondiale et redevenir la première européenne en termes de recettes.
Pour cela, nous devrons enrichir notre offre touristique aujourd’hui centrée sur les destinations classiques de Paris et de la Côte d’Azur en la structurant autour de nouveaux pôles d’attractivité de renommée mondiale.
Nous devrons aussi créer des circuits thématiques qui soient adaptés aux différents types de clientèle. Par exemple, l’offre sur le tourisme d’affaires, dont les recettes sont en moyenne plus élevées, mérite une attention spécifique, mais je pense également à l’oenotourisme, au tourisme rural, au tourisme de plaisance, au tourisme sportif…
L’objectif est clair : il faut faire valoir tous nos atouts afin de retenir plus longtemps nos visiteurs en France, et leur donner envie de dépenser d’avantage, c’est valable pour les clientèles étrangère mais bien sur aussi pour nos concitoyens.
La promotion de la destination France doit s’accompagner d’une politique de l’accessibilité aux touristes étrangers des grands sites de renommée mondiale.
Or, la fréquentation touristique est en effet directement liée aux moyens de transport qui desservent les destinations : les lignes aériennes, l’intermodalité, la connectivité. La facilité et la rapidité de délivrance des visas est également un enjeu important pour permettre à la France de redevenir le point d’entrée sur le territoire européen, et le Président s’est engagé sur ces points devant notre diplomatie cette année, à la fin du mois d’août.
Mesdames et messieurs, nombreux sont les défis nous attendent, qu’ils soient économiques, sociaux, ou organisationnels. Aussi, je compte sur votre soutien et sur votre participation pour qu’ensemble nous renforcions l’attractivité de la France.
Je vous souhaite à toutes et à tous un excellent congrès.
Source http://www.artisanat-commerce-tourisme.gouv.fr, le 23 octobre 2013