Texte intégral
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ma première question sera très claire : Est-ce qu'il faut maintenant suspendre les négociations sur le libre-échange entre l'Europe et les Etats-Unis ?
NICOLE BRICQ
Elles sont suspendues de fait, parce que du fait du « shut down » les Américains ne sont pas venus négocier en Europe.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui le « shut down » ça ne va pas durer indéfiniment ?
NICOLE BRICQ
Donc on verra en décembre. Mais pour l'instant, elles sont suspendues.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Est-ce que vous êtes favorable à une suspension aujourd'hui, compte-tenu…
NICOLE BRICQ
Non, mais elles sont suspendues de fait ! Je vous le dis. Parce qu'ils n'ont pas venir au mois d'octobre, donc on verra au mois de décembre. Et d'ici là, bien des choses auront…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Si rien ne change d'ici le mois de décembre, est-ce qu'il faut suspendre ces négociations ?
NICOLE BRICQ
Mais nous avons donné un mandat à la Commission européenne, qui a l'exclusivité de la négociation. Nous, nous surveillons les Etats membres, mais la Commission continuera à discuter.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc c'est la Commission qui décide ?
NICOLE BRICQ
Mais c'est normal, c'est l'exclusivité de sa compétence, mais en même temps nous n'accepterons pas…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc nous perdons notre souveraineté ?
NICOLE BRICQ
Nous n'accepterons pas n'importe quoi et la protection des données personnelles, nous sommes tous attachés européens, nos partenaires allemands ont réagi très vivement aux dernières nouvelles, en disant qu'ils comprenaient la colère des Français. Laurent FABIUS verra le secrétaire d'Etat John KERRY aujourd'hui. Barack OBAMA a téléphoné au président HOLLANDE. Le Parlement européen a voté hier, un règlement qui prévoit la protection des données personnelles et en cas de mauvais usages, il y aura des sanctions et madame la commissaire européenne Vivianne REDING, a dit qu'elle voulait que ce règlement vienne très vite en discussion, en assemblée plénière. Donc l'Europe se protège !
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, enfin l'Europe se protège, moi, je veux bien. D'abord, première question : est-ce qu'on peut jouer avec un tricheur ?
NICOLE BRICQ
Ça se discute ! Mais on ne sait pas forcément qu'il est tricheur !
JEAN-JACQUES BOURDIN
Maintenant, on a les preuves, qu'il triche.
NICOLE BRICQ
Je ne sais pas. Barack OBAMA a dit, d'après ce que je lis, il aurait dit…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Qu'est-ce qu'il a dit Barack OBAMA à François HOLLANDE ? Vous le savez ?
NICOLE BRICQ
Non, non, j'ai lu comme vous, les dépêches, que normalement, il y aurait une déformation de la vérité. Donc attendons de voir, Laurent FABIUS va en parler à John KERRY aujourd'hui, et c'est évident que nous demandons des explications. Nous avons fait deux réunions à ce sujet, sans avoir les explications que nous demandions, il faut continuer, bien sûr ! C'est absolument inacceptable.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais s'il est avéré, s'il est avéré que les Etats-Unis ont triché, vous faites quoi ?
NICOLE BRICQ
Qui vivra, verra !
JEAN-JACQUES BOURDIN
Que faites-vous Nicole BRICQ ?
NICOLE BRICQ
On n'y est pas ! On n'y est pas encore !
JEAN-JACQUES BOURDIN
Que décide-t-on ?
NICOLE BRICQ
On n'y est pas encore.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Alors pourquoi ne pas interrompre, suspendre et même terminer définitivement, ces négociations sur le libre-échange ? Parce que c'est l'Europe qui commande ?
NICOLE BRICQ
Non ! Absolument pas ! Nous avons donné un mandat à la Commission européenne.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, vous avez donné un mandat, mais regardez le mandat…
NICOLE BRICQ
Et de toute façon, nous regarderons, nous avions un conseil des ministres du Commerce extérieur, vendredi. Le Commissaire nous a rendu compte, mais rien ne s'est passé, puisque pour l'instant, les négociations n'ont pas vraiment commencé.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, d'accord, sauf que, sauf que ce ne sont pas les négociations sur le libre-échange entre l'Europe et les Etats-Unis, qui sont concernés, mais d'autres négociations de libre-échange, entre le Canada et l'Union européenne, sauf que l'Union européenne a signé avec le Canada…
NICOLE BRICQ
Pour l'instant non. Personne n'a signé. La négociation est terminée, et la Commission a communiqué vendredi dernier, pour dire que nous allons faire un accord. Mais la règle, c'est que maintenant, nous regardons. Nous n'avons vu aucun écrit, nous allons regarder ce qu'il y a dans cette négociation. Et il faudra du temps, il faudra du temps, il faudra que chaque Etat membre se prononce et il faudra qu'à l'unanimité, nous acceptions cet accord. Donc regardons-le d'abord ! Nous n'avons aucun papier.
JEAN-JACQUES BOURDIN
L'accord, mais on l'a ? Mais vous l'avez ?
NICOLE BRICQ
Non, non, on ne l'a pas.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ce n'est pas vrai donc l'importation de boeufs aux hormones en France, ce n'est pas vrai ?
NICOLE BRICQ
Ah ! Non, ça c'est faux. Parce qu'il n'est absolument pas question d'avoir du boeuf aux hormones qu'ils proviennent des Etats-Unis, qu'ils proviennent du Canada, qu'ils proviennent…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ce n'est pas dans la négociation…
NICOLE BRICQ
Absolument pas ! Absolument pas ! Ce qui est dans la négociation, c'est le quota de boeuf non aux hormones, qui sera importé en Europe. Ça c'est dans la négociation. Mais certainement pas le boeuf aux hormones, c'est hors de question, nous sommes tous d'accords au niveau européen là-dessus. C'est ce qu'on appelle une préférence collective.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc il n'y aura pas un kilo de boeuf aux hormones, importé en France, des Etats-Unis ou du Canada ?
NICOLE BRICQ
Non, non. Je l'ai déjà dit, aucun Européen ne veut manger du boeuf aux hormones. C'est clair !
JEAN-JACQUES BOURDIN
On va augmenter les quotas d'importation de viande nord-américaine, en Europe ?
NICOLE BRICQ
Ça c'est la discussion. Il faut regarder exactement où on en est, et ce que cela fait sur nos économies respectives. Nous avons lancé la semaine dernière, avec le Premier ministre un plan Bretagne, nous savons que c'est une région en difficulté, au point de vue agriculture et agroalimentaire, il n'est pas question de brader les intérêts des éleveurs français et des éleveurs européens.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui ! Mais oui, mais enfin les négociations de libre échange elles existent, donc…
NICOLE BRICQ
Il faut regarder ce que ça donne !
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui !
NICOLE BRICQ
Parce qu'évidemment il y a toujours dans une négociation des compromis, il faut regarder ce qu'on gagne et ce qu'on perd.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui !
NICOLE BRICQ
Et, pour l'instant nous n'avons aucun document qui nous permet de le dire.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Je prends les paris, vous savez qui va perdre ? Les producteurs de viande français !
NICOLE BRICQ
Mais on verra, on verra.
JEAN-JACQUES BOURDIN
On prend les paris, Nicole BRICQ ?
NICOLE BRICQ
Non ! Parce que vous savez à l'heure actuelle, vous savez qu'à l'heure actuelle on importe aussi…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui !
NICOLE BRICQ
On importe parce que la consommation de viande ne baisse pas et donc il faut aussi importer, donc il faut regarder d'où ça vient, comment ça vient et ce que ça fait sur notre économie ?
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais dites-moi ces négociations de libre échange, qui sont donc suspendues pour l'instant mais qui vont reprendre, franchement sont-elles utiles, Nicole BRICQ ?
NICOLE BRICQ
Mais bien sûr ! Bien sûr qu'on a intérêt…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Elles sont dénoncées de toute part !
NICOLE BRICQ
On a intérêt à abaisser les barrières douanières et on a intérêt aussi à baisser les barrières qui ne sont pas douanières, c'est-à-dire qu'un produit – y compris ceux que vous consommez couramment – il est à la fois un produit d'exportation et il peut être aussi un produit d'importation, eh bien il faut regarder le résultat d'une négociation globalement, ce qu'on gagne et ce qu'on accepte de perdre. Mais on a tous intérêt à ce que les biens circulent, me semble-t-il, parce que je vous signale quand même que la France est un pays exportateur et donc il faut toujours penser que nous avons des entreprises derrière, nous avons des emplois, nous le savons…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Eh bien oui ! Nous aussi.
NICOLE BRICQ
C'est une bataille l'emploi…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais vous avez raison, Nicole BRICQ.
NICOLE BRICQ
Vous ne voulez pas supprimer des emplois ?
JEAN-JACQUES BOURDIN
Non ! Non, non. Je vous garde encore une minute, parce que je vais vous poser une question sur GOODYEAR, dans un peu plus d'une minute. Il est 8 h 19 ! Charles MAGNIEN.
CHARLES MAGNIEN
Et la question SMS : faut-il créer un statut juridique du beau parent ? Vous dites pour l'instant non à 66%, vous continuez à voter par SMS oui ou non au 6.10.71.
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JEAN-JACQUES BOURDIN
Il est 8 h 23 ! Nicole BRICQ, j'ai un mot encore à vous demander à propos de GOODYEAR. Ce retour surprise de TITAN nous dit-on, chez GOODYEAR on dit : Ah ! On n'est pas au courant, non ce n'est pas vrai, TITAN ne dit rien. C'est vrai ou c'est faux ?
NICOLE BRICQ
Eh bien en tout cas ce serait une très bonne nouvelle pour la Picardie si c'était vrai.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui ! Mais si c'était vrai, vous croyez que c'est vrai ?
NICOLE BRICQ
Je préfère le croire ! Oui.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui ! Oh la, la, vous avez des doutes Nicole BRICQ, c'est marrant parce qu'Arnaud MONTEBOURG lui est beaucoup sûr que vous.
NICOLE BRICQ
Attendons ! Qui vivra verra, vous êtes pressé.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oh ! La, la, la. Non ! Non, je ne suis pas pressé moi, c'est pour celles et ceux qui travaillent chez GOODYEAR ou qui…
NICOLE BRICQ
Mais en tout cas très sérieusement je pense que ce serait une très, très bonne nouvelle pour la Picardie et les Picards.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui ! Oui, mais enfin bon elle n'est pas confirmée quand même ?
NICOLE BRICQ
Je ne suis pas habilitée à vous la confirmer, ça c'est clair.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 23 octobre 2013