Déclaration de M. Laurent Fabius, ministre des affaires étrangères, sur les relations franco-chinoises, à Paris le 30 octobre 2013.

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Circonstance : Conférence de presse conjiointe avec son homologue chinois, à Paris le 30 octobre 2013

Texte intégral


Je voulais dire le plaisir que c'est pour moi d'accueillir aujourd'hui à Paris mon collègue et ami, le ministre des affaires étrangères chinois. C'est son premier déplacement en Europe et nous nous félicitions que ce soit la cinquième fois que nous nous rencontrons depuis une période toute récente. C'est dire à quel point nos liens sont étroits et - je puis le dire, je crois - amicaux. Le ministre des affaires étrangères a été reçu par le président de la République. Nous venons d'avoir un entretien et il y aura un dîner de travail ; ce qui montre l'importance que nous attachons aux relations franco-chinoises dans la perspective de la visite qui aura lieu l'an prochain du président Xi Jinping.
Les relations entre la Chine et la France, comme vous le savez, sont excellentes. Elles sont fondées sur la confiance, la stabilité, la réciprocité. Le président de la République a été, dans le cadre de sa visite d'État en Chine, le premier président d'un grand pays occidental à être reçu par le président Xi Jinping. L'année prochaine, il y aura un grand événement, la visite du président chinois en France dans le cadre d'un autre très grand événement, le cinquantième anniversaire de l'établissement des relations diplomatiques entre la Chine et la France. La visite de mon collègue et ami sert donc aussi à préparer la visite du président Xi Jinping.
Le Premier ministre français doit se rendre à la fin de l'année en Chine, toujours dans cette même perspective. Nous avons passé en revue les questions globales : nous avons parlé de la Syrie, de l'Iran, de l'Afrique. Nous allons parler de la situation régionale et puis des relations bilatérales au cours de notre dîner de travail.
Il y a un point sur lequel le président de la République a insisté auprès de notre ami et sur lequel j'insisterai au cours de notre dîner, c'est la question du dérèglement climatique. Vous savez que la France, dans les prochains jours, va probablement être choisie à Varsovie pour abriter en 2015 la grande conférence sur le climat, le changement climatique. Nous souhaitons préparer ensemble, avec nos amis chinois, cette conférence. C'est une question d'intérêt absolument majeur et, d'autre part, la Chine et ses dirigeants sont extrêmement préoccupés des questions de pollution et de dérèglement climatique. Pour préparer les résultats de cette conférence, nous voulons donc travailler avec nos amis chinois, une série d'initiatives seront prises en ce sens.
Voilà quelques propos introductifs que je voulais tenir avant de laisser la parole à mon collègue et ami en lui redisant tout le plaisir que c'est pour moi de l'accueillir dans cette maison qui est désormais aussi la sienne.
(...)
Q - Une question sur la Syrie. Vu qu'il y a des divergences sur la représentation de l'opposition pour Genève 2 le 23 novembre, pensez-vous que cette date est irréaliste ? Pensez-vous qu'il serait nécessaire pour débloquer la situation ?
R - Nous avons bien sûr parlé de Genève 2. Une réunion, prévue au début du mois de novembre entre les cinq pays membres permanents du Conseil de sécurité, sera consacrée à la préparation de la conférence de Genève. Nous serons tous deux représentés pour essayer de trouver une solution, parce que la Chine comme la France souhaitent une solution politique. Cette solution politique passe par Genève 2.
Cela étant, nous ne nous dissimulons pas les difficultés qui sont considérables ! L'objectif de Genève 2, conforme à Genève 1, est de créer un gouvernement de transition, par consentement mutuel, doté des pouvoirs exécutifs. Évidemment, cela pose toute une série de difficultés. Le régime syrien a dit qu'il était prêt à envoyer des représentants à Genève 2, mais au fur et à mesure que l'on approche de cette conférence, certaines déclarations laissent entendre qu'il ne serait pas d'accord avec l'objectif du gouvernement de transition. Du côté de l'opposition, il y a aussi des difficultés sur la question de la représentativité et la question de savoir comment on va pouvoir avancer vers ce gouvernement de transition.
Un point sur lequel Chinois et Français sont parfaitement d'accord est qu'il n'y a aucune place pour les représentants des groupes terroristes dans Genève 2 et qu'il faut aller là-bas pour bâtir la paix et trouver une solution politique.
(...)
Q - Monsieur Laurent Fabius, depuis votre accession au poste de ministre des affaires étrangères, vous avez effectué trois visites en Chine. Il y a eu des entretiens avec votre homologue chinois, M. Wang Yi, lors des rencontres bilatérales et multilatérales. L'année prochaine marque le cinquantième anniversaire de l'établissement des relations diplomatiques entre nos deux pays. Quelles activités la France va-t-elle organiser pour célébrer cet anniversaire et quelles mesures est-ce que la France va prendre pour promouvoir les relations bilatérales.
R - Le cinquantième anniversaire de l'établissement des relations diplomatiques est un événement très important et nous voulons faire de l'année 2014 une année franco-chinoise et une année sino-française. Cela signifie que nous allons mettre en application pleinement le partenariat stratégique que nous avons signé dans tous les domaines. Cela veut dire qu'il y aura beaucoup de manifestations sur le plan culturel, sur le plan éducatif, sur le plan technologique, sur tous les plans, d'une part en France, bien sûr, et d'autre part en Chine. Tout cela va commencer dès le 27 janvier qui est la date qui est celle du lancement de cette Année franco-chinoise et sino-française.
Pour vous donner un exemple - et ce sera mon dernier mot -, nous souhaitons que beaucoup de Français aillent en Chine, et que beaucoup de Chinois viennent en France. Nous avons donc pris une décision : l'année prochaine, les visas à destination de la France seront délivrés aux Chinois en deux jours.
(...)
Q - Au sujet de l'Afrique, quelle est la coopération que vous pouvez envisager entre Pékin et Paris sur les crises dans le Sahel ?
R - La France, traditionnellement, est très présente en Afrique. La Chine a montré son intérêt croissant pour l'Afrique. Elle y est également très présente. Dans la région du Sahel, il y a bien sûr toutes les réflexions que nous menons en commun avec les Nations unies. La France reste engagée aux côtés du Mali par différents canaux, notamment à travers ses forces militaires. La Chine également a fait part de sa disponibilité pour participer à un certain nombre d'actions menées au Mali, notamment en matière de développement. Nous en parlions tout à l'heure, dans beaucoup de ces pays, on ne peut espérer la paix que s'il y a du développement. Sur ce plan, la Chine et la France doivent unir leurs efforts.
M. Wang Yi - Monsieur le Ministre, vous avez dit ce que je voudrais dire donc je suis entièrement d'accord avec vous.
M. Laurent Fabius - Vous voyez pourquoi nous nous entendons bien parce que je peux dire la même chose vis-à-vis de mon ami.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 14 novembre 2013