Texte intégral
Monsieur le président,
Mesdames et Messieurs les sénateurs,
Monsieur le président Rebsamen,
Merci du message de soutien à mon gouvernement que vous venez d'exprimer. Nous sommes en effet engagés dans une oeuvre difficile, qui est celle du redressement de la France. Cela demande des efforts, cela demande des réformes. Des réformes souvent structurelles.
Je prendrai un exemple : croyez-vous qu'il ne soit pas nécessaire d'entreprendre la refondation de l'école, pour permettre la réussite de tous les enfants ? Croyez-vous qu'il ne soit pas nécessaire d'en faire une priorité du gouvernement et de la France ? Oui, dans l'intérêt du pays, pour la préparation de l'avenir, pour faire en sorte que tous nos jeunes aient les mêmes chances de réussite.
Cela ne se fait pas facilement. Il y a des conservatismes. Il y a des rigidités. Il y a des corporatismes. Nous le savons. Et, en même temps, nous avons un gouvernement qui accepte le dialogue, qui n'hésite pas à négocier, qui n'hésite pas à modifier, mais qui ne doit pas perdre le cap. Le cap, c'est celui du redressement de la France, c'est-à-dire faire reculer le chômage, faire reculer les inégalités territoriales et sociales. Cela demande l'énergie, cela demande du courage, cela demande de la constance, de la cohérence et de la ténacité. Je vous remercie, monsieur le président du groupe socialiste, François Rebsamen, de m'apporter votre soutien parce que ce soutien, c'est dans l'intérêt de la France, du pays lui-même.
Cela nécessite une rigueur dans les comportements, une exigence éthique, une exigence morale, un respect de nos lois, un respect de nos règles, de tout ce qui permet à la France d'assurer le vivre ensemble dans la durée. Et vous avez eu raison de rappeler que, dans ces périodes difficiles, il y a du laisser-aller, il y a des dérives, qui non seulement sont immorales, contraires à notre droit, contraires à nos principes - je pense au racisme, je pense à la xénophobie, je pense à l'antisémitisme-, mais qui aussi portent atteinte à la République et à la France elle-même, qui l'affaiblissent et ne lui permettent pas de réussir. C'est pourquoi il ne faut rien laisser passer, ce que vous venez de rappeler à juste titre.
Mesdames, messieurs les sénateurs de tous les bancs de cette assemblée, lorsque François Rebsamen a évoqué l'attaque immonde contre la garde des Sceaux, vous avez pour la plupart d'entre vous applaudi ses propos, et je vous en remercie. Mais, vous savez, au-delà de la personne, elle l'a dit elle-même, elle est blessée parce que c'est une femme politique et, comme chacune et chacun d'entre nous et d'entre vous, si elle a accepté parfois les attaques injustes, elle a aussi des proches, elle a aussi une famille. Ceux qui se lancent dans ces comportements, ces enfants qu'on a instrumentalisés à Angers, présentant une banane à son intention, eh bien ceux qui étaient derrière : ces adultes du « tea-partisme » à la française portent atteinte non seulement à la personne, mais infligent une blessure à la République elle-même. Cela, aucun d'entre nous, aucun républicain ne devrait le laisser passer. Au contraire, nous devons tout faire pour le dénoncer.
En tout cas, je vais le redire ici devant à la Haute Assemblée comme je l'ai dit à l'Assemblée nationale, le Gouvernement est décidé à engager toutes les procédures nécessaires. Je l'ai fait moi-même en utilisant l'article 40 du code de procédure pénale. C'est désormais à la justice de se prononcer. Elle se prononcera en fonction de nos lois. Mais toute atteinte à nos lois, toute atteinte à nos règles, toute atteinte au bien public sera condamnée avec la plus grande fermeté parce qu'il n'y a pas de cohésion nationale, il n'y a pas de cohésion sociale, il n'y a pas d'adhésion au pacte républicain si l'autorité de l'Etat, c'est-à-dire celle issue des lois votées par le Parlement, n'est pas respectée. Eh bien, j'entends, en tant que chef du gouvernement, tout faire pour que la loi républicaine partout et pour tous soit la loi de la République et que la loi soit respectée. Voilà, mesdames et messieurs les sénateurs, je voulais vous le redire pour que les choses soient claires.
Je connais les souffrances qui peuvent exister parce que telle ou telle région connaît des mutations, parce que les décisions n'ont pas été prises assez tôt, parce que certains secteurs économiques sont en difficulté, parce que des quartiers de nos villes ont été abandonnés. J'étais vendredi dernier à Marseille, et croyez-vous, et monsieur le maire de Marseille qui est là le sait, croyez-vous qu'il est digne et républicain de laisser des quartiers entiers depuis des années à l'abandon ? Eh bien, mon gouvernement a décidé de relever le défi du redressement économique, social et territorial. Je dialoguerai avec tous, tous ceux qui sont prêts à jouer le jeu, c'est vrai pour la Bretagne, c'est vrai aussi pour d'autres régions.
La France n'est pas une addition de régions et de territoires, la France n'est pas une addition de corporations, la France est une République, une et indivisible, laïque et démocratique et sociale. Et cela, c'est un programme du gouvernement, c'est le programme de mon gouvernement, c'est mon programme pour agir, réduire les fractures sociales et territoriales, permettre à la France de se retrouver. Mais elle ne se retrouvera que si elle est suffisamment ferme sur ses principes et ses valeurs. Et en aucun cas, y compris ceux qui sont chargés de faire appliquer la loi, de mettre en oeuvre la loi, je pense aux élus, ne doivent y déroger, parce que l'exemplarité, c'est la garantie aussi de la cohésion et de l'adhésion au pacte national et républicain.
Source http://www.gouvernement.fr, le 19 novembre 2013