Déclarations de M. Hubert Védrine, ministre des affaires étrangères, en réponse à des questions sur les massacres perpétués en Algérie, la politique des visas avec ce pays et sur le rééchelonnement de la dette, à l'Assemblée nationale le 1er octobre 1997.

Prononcé le 1er octobre 1997

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Texte intégral

L'émotion du gouvernement devant les massacres qui se sont répétés ces dernières semaines en Algérie est aussi grande, vous pouvez l'imaginer, que ce que chacun d'entre vous, chacune d'entre vous peut ressentir ici. C'est absolument bouleversant de voir ces scènes que vous avez décrites avec les termes qu'il convient. Nous n'avons pas cessé, ces dernières semaines, d'être en consultation avec tous les autres pays, toutes les organisations qui, comme nous, sont révulsés par ces situations et sont animés en permanence par la volonté de trouver quelque chose d'utile à faire pour aider le peuple algérien à sortir de cette tragédie. Nous sommes en relation avec tous les pays européens qui se posent les mêmes questions que nous, avec tous les pays maghrébins, africains, arabes ou autres, toutes les organisations qui, d'une façon ou d'une autre, cherchent comment agir, comment agir utilement. J'ai eu l'occasion d'en parler récemment à New York , avec le Secrétaire général des Nations Unies, qui se posait les mêmes questions que vous, les mêmes questions que moi, les mêmes questions que le président de la République ou le Premier ministre.

La seule chose que je peux vous dire, c'est que notre solidarité doit être exprimée avec beaucoup de force par rapport à cette population algérienne martyrisée. Il faut qu'elle sache qu'il y a en France une solidarité de fond, une compréhension de ce désir élémentaire de protection, que nous savons qu'avec ce peuple ami, le chemin sera encore long devant nous. Nous aurons à bâtir un rapport de coopération entre l'Europe, le Maghreb, la France, l'Algérie et, dans l'immédiat, il s'agit avant tout d'essayer de sortir de cette tragédie. Je ne peux que conclure, comme vous l'avez fait parfaitement, en vous disant que nous sommes disponibles, nous serons disponibles, pour appuyer toute forme d'action qui permettra aux Algériens de sortir de ce cycle d'horreurs, ce cycle de tragédies, ce cycle de morts et d'entrer dans un processus de paix qui doit comporter naturellement une solution politique.

Maintenir une politique substantielle de coopération avec l'Algérie est une façon très concrète de maintenir cette disponibilité dont je parlais tout à l'heure sur le terrain de la solution politique. En ce qui concerne les visas, nous avons entrepris avec toutes les précautions nécessaires, et dans le respect des nécessités relevant, tant du ministère de l'Intérieur que de mon administration, d'examiner les demandes qui nous sont faites. Vous savez que ce gouvernement, dans quelques semaines, déposera devant le bureau de cette assemblée un projet de loi issu des dispositions du rapport Weil et qui permettra un véritable progrès en ce qui concerne l'asile dans l'optique que vous indiquez dans votre question, naturellement quand toutes les conditions seront remplies.

En ce qui concerne la dette, la question en effet peut se poser mais elle se pose plutôt en termes de réaménagement et de rééchelonnement qu'en terme d'annulation, et cela ne concerne pas que la France. Cela se passe au sein d'un club de créanciers qui doivent prendre des décisions ensemble. Enfin, en ce qui concerne la coopération technique dont vous parliez plus précisément, je soulignerai que, précisément parce qu'il faut que les relations entre ces sociétés restent vivantes aujourd'hui, parce que la vie doit se poursuivre pendant la tragédie et parce qu'il faut préparer l'avenir, cette coopération n'a jamais été interrompue. Cela aurait été une pénalisation supplémentaire pour ce peuple, par ailleurs tant éprouvé, et naturellement, nous développerons cette coopération.

(source http://www.diplomatie.gouv.fr,le 19 octobre 2001)