Interview de M. Pierre Moscovici, ministre délégué aux affaires européennes, dans "La Dépêche du midi" du 17 juillet 2001, sur l'action de la France pour l'allègement de la dette des pays en voie de développement, l'utilité des sommets du G8 et l'action de l'UE pour convaincre le Japon et les Etats-Unis de ratifier le protocole de Kyoto.

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Média : La Dépêche du Midi

Texte intégral

Q - Peut-on rester sourds à la demande des " antimondialisation " sur la dette du tiers-monde et les aides aux pays sous-développés ?
R - La France a mis en place de nombreux instruments d'aménagement de la dette, notamment vis-à-vis des pays africains, qui font de notre pays un exemple à suivre. Nos efforts se portent maintenant sur l'amélioration du financement de ces pays par les organisations financières internationales. Il faut poursuivre dans cette voie, combinant allégement de la dette et mise à disposition d'argent frais dont l'utilisation doit être orientée prioritairement vers les projets favorisant une meilleure valorisation des ressources locales, le développement social et l'éducation.
Donc, contrairement à ce que disent parfois les "antimondialisation", les pays industrialisés - et, en tout cas, la France et le gouvernement de Lionel Jospin - ne sont pas sourds aux demandes des pays du Sud. Mais les " antimondialisation ", les vrais - pas les casseurs professionnels - ont le mérite de maintenir une certaine forme de pression sur les dirigeants européens et américains.
Q - Quelle est l'utilité réelle de ces sommets ?
R - Le G8 est un forum de discussion indispensable pour dégager des orientations entre les pays les plus développés de la planète. Les critiques qui lui sont adressées sont parfois contradictoires. Pour certains, le G8 ne produirait que des résolutions sans portée pratique. Pour d'autres il ne serait qu'un directoire mondial qui imposerait sa loi aux autres pays. En réalité, le G8 est un élément parmi d'autres de ce qu'on appelle la gouvernance mondiale, dont chacun reconnaît le besoin pour mieux organiser ou mieux réguler la mondialisation. Mais l'existence du G-8 ne fait pas obstacle à l'émergence d'une démocratie internationale plus participative, plus ouverte aux pays en développement.
Q - De quels moyens dispose-t-on pour convaincre Américains et Japonais de ratifier le Protocole de Kyoto ?
R - Les Américains reconnaissent la réalité du problème, le bien-fondé des analyses scientifiques et la validité de l'objectif à atteindre. En revanche, ils contestent les moyens d'y parvenir. C'est maintenant à eux de faire des propositions constructives pour traiter le problème de manière efficace. Nous sommes prêts à étudier d'autres solutions techniques, mais encore faut-il qu'elles existent, qu'elles puissent être mises en oeuvre avec célérité et qu'elles produisent les mêmes effets sur la diminution des émissions polluantes. Pour le moment, je n'aperçois aucun scénario crédible de rechange. Les Européens maintiendront donc la pression sur les Etats-Unis et le Japon en prenant à témoin l'opinion publique mondiale
(Source http://www.dilomatie.gouv.fr, le 25 juillet 2001)