Texte intégral
GILLES BRONSTEIN
Faut-il interdire l'hebdomadaire « MINUTE » ?
MICHEL SAPIN
La question ce n'est pas d'interdire un journal, c'est de faire respecter les lois de la République, c'est de ne pas transiger mais pas d'un centimètre, mais pas d'un millimètre - par rapport à un certain nombre de principes, qui ne sont pas des principes de gauche ou des principes de droite, qui sont des principes qui fondent notre vivre ensemble, on ne peut pas supporter une image, un propos qui non seulement concerne un ministre de la République mais qui est un propos strictement et purement raciste. Il existe des lois, ces lois doivent être appliquées, elles seront appliquées et, si des punitions doivent être prises, elles le seront par la justice de la République.
GILLES BRONSTEIN
Inverser la courbe du chômage avant la fin de l'année, est-ce que c'est toujours d'actualité ?
MICHEL SAPIN
Evidemment ! Imaginez je suis le ministre du Travail et le ministre de l'Emploi, donc au fond non pas responsable de tout ce qui se passe en termes de travail ou de chômage mais je porte quand même tout ça sur mes épaules, ce qui n'est pas simple pour moi - comme pour les précédents ministres du Travail - depuis cinq ans, depuis cinq ans le chômage tous les mois, sauf un ou deux mois ces derniers mois, augmente, c'est insupportable pour les Français, vous imaginez que je vienne ici et que je vous dise : Moi mon objectif c'est que le chômage continue à augmenter ? Non !
GILLES BRONSTEIN
Non ! Mais je conviens
MICHEL SAPIN
Non !
GILLES BRONSTEIN
Je comprends que c'est votre objectif
MICHEL SAPIN
Non !
GILLES BRONSTEIN
Est-ce que ce sera la réalité ?
MICHEL SAPIN
Non ! Nous agissons
GILLES BRONSTEIN
Avant la fin
MICHEL SAPIN
Nous agissons. Le Président de la République nous a fixé un objectif de mobilisation politique, c'est que la courbe du chômage s'inverse, je vais le dire dans un langage encore plus simple : il faut faire reculer le chômage en France et le
GILLES BRONSTEIN
Ce n'est pas pareil !
MICHEL SAPIN
Mais si ! C'est la même chose, il faut faire reculer le chômage en France, il faut qu'il y ait moins de chômeurs pendant plusieurs mois de suite que les mois précédents, c'est ça inverser la courbe du chômage.
GILLES BRONSTEIN
Est-ce que ce sera le cas avant la fin de l'année ? C'est
MICHEL SAPIN
Et ce sera le cas ! La mobilisation générale
GILLES BRONSTEIN
Je veux dire octobre, novembre et décembre seront des mois de baisse ?
MICHEL SAPIN
Ce sera le cas de la fin de cette année, cela se verra avec toujours un mois de décalage, donc vous êtes là toujours à vouloir que Noël se trouve au 15 août, ce n'est pas le cas
GILLES BRONSTEIN
Ce n'est pas moi qui ai formulé l'objectif !
MICHEL SAPIN
Donc, c'est à la fin de cette année que la courbe du chômage s'inversera. Et je voudrais souligner un point, il y a déjà une courbe du chômage qui s'est inversée
GILLES BRONSTEIN
Celle des jeunes !
MICHEL SAPIN
Et peu de gens en parlent, celle des jeunes, qu'est-ce qu'il y a de pire bien sûr quand on a cinquante-six ans et qu'on est au chômage on trouve ça extrêmement dur, quand on est au chômage depuis plus de trois ans on trouve ça très dur, mais quand dans sa famille on a des jeunes qui sont au chômage depuis un an, depuis deux ans, c'est insupportable, eh bien cette courbe-là elle s'est inversée, cela fait plus de cinq mois que chaque mois il y a moins de chômeurs de vingt-cinq ans ou en dessus de vingt-cinq ans en France. Et ça c'est grâce à quoi ? Ce n'est pas tombé du ciel, c'est une action politique, ce sont des décisions politiques, ce sont des Emplois d'avenir qui donnent de vraies solutions, de vrais emplois avec une vraie formation à des jeunes qui en ont absolument besoin et à des familles qui peuvent retrouver ainsi confiance.
GILLES BRONSTEIN
Les derniers mois ont été marqués par les dernières semaines même, par l'annonce de plans sociaux importants : GAD, ALCATEL ou FAGOR, est-ce qu'il faut se préparer à ce qu'il y en ait d'autres ?
MICHEL SAPIN
Il y a toujours eu des plans sociaux et il n'y en a pas plus aujourd'hui
GILLES BRONSTEIN
On en annonce beaucoup !
MICHEL SAPIN
Bien sûr ! Il n'y en a pas plus aujourd'hui qu'hier, mais c'est toujours trop, c'est toujours trop. I faut faire toujours la différence entre l'annonce d'une difficulté et le nombre des chômeurs, parce que dans beaucoup d'endroits ce que nous faisons, ce que les entreprises font, ce que nous poussons les entreprises à faire c'est que personne ne se retrouve au chômage, on les accompagne jusqu'à retrouver un emploi ou éventuellement qu'on les accompagne vers une préretraite qui est souvent méritée pour un certain nombre d'entre eux. Donc cet effort-là il est fait, il sera fait, il continuera à être fait, c'est vrai pour GAD, GAD j'irai en Bretagne, j'irai rencontrer les organisations syndicales pour leur expliquer, leur montrer notre détermination, les moyens que nous mettons en place pour faire en sorte que chaque personne licenciée soit accompagnée vers une solution.
GILLES BRONSTEIN
En demandant hier le départ de Jean-Marc AYRAULT, est-ce que Malek BOUTIH a dit tout haut ce que finalement beaucoup de Socialistes pensent tout bas ?
MICHEL SAPIN
Non ! Il a dit tout seul, tout haut, une grosse bêtise et je trouve ça absolument étonnant de la part de quelqu'un qui est censé quand même être un responsable politique. Est-ce que c'est vraiment au moment où la France traverse des difficultés lourdes - et avec la France le gouvernement - est-ce que c'est à ce moment-là qu'on doit mettre en difficulté ? Au nom de quoi ? Au nom de quelle légitimité ? Quelle est la légitimité d'un député seul par rapport à une majorité, par rapport à un gouvernement, par rapport à un Premier ministre ? Donc, je demande à chacun de réfléchir deux fois avant de s'exprimer bêtement.
GILLES BRONSTEIN
Mais, comme l'a dit Anne HIDALGO : il y a des gens sur le banc de touche, en pensant j'imagine à Martine AUBRY, Bertrand DELANOË, Ségolène ROYAL, est-ce qu'il n'est pas le temps de les faire entrer, de faire du coaching comme disent mes confrères journalistes sportifs ?
MICHEL SAPIN
Il y a toujours des gens sur le banc de touche, heureusement.
GILLES BRONSTEIN
Eh bien, s'ils sont bons, on les fait jouer.
MICHEL SAPIN
Mais, comme il y a beaucoup de bons, s'ils étaient tous au gouvernement, le gouvernement comprendrait cinquante - soixante personnes, donc heureusement que nous avons des réserves, heureusement nous avons des réserves, heureusement le Président de la République a des réserves. Est-ce que, quand il y a des réserves, il faut vouloir les faire rentrer tous les jours
GILLES BRONSTEIN
Eh bien
MICHEL SAPIN
Ou toutes les semaines
GILLES BRONSTEIN
Donc, on ne change pas une équipe
MICHEL SAPIN
Ou tous les mois ?
GILLES BRONSTEIN
On ne change pas une équipe qui perd ?
MICHEL SAPIN
Non ! On ne change pas une équipe qui se bat, on ne change pas une équipe quand elle au plein, au coeur de la tempête, ce n'est pas au coeur de la tempête que vous changez d'équipage, d'ailleurs d'où il viendrait l'équipage ? Non ! Il faut avancer, il faut tenir bon. Et puis oui - mais c'est vrai pour un ministre, comme un gouvernement, comme un Premier ministre - le Président de la République a la capacité le jour venu, dans un contexte politique qu'il choisit et non pas qui lui est imposé par les commentaires par les uns ou par les autres, il choisit, il a toujours la possibilité de changer d'équipe, mais aujourd'hui on est au coeur de la tempête, on tient bon.
GILLES BRONSTEIN
Mais donc vous dites tenir bon, voilà votre seule réponse la crise politique majeure
MICHEL SAPIN
Non ! Ce n'est pas la réponse.
GILLES BRONSTEIN
C'est tenir bon et attendre ?
MICHEL SAPIN
Mais non ! C'est
GILLES BRONSTEIN
Ce n'est pas ce que les Français attendent ?
MICHEL SAPIN
Ce n'est pas Les Français ils attendent des résultats, pour obtenir des résultats il vaut mieux avancer, parce que si vous changez tout le temps non seulement vous restez sur place mais vous reculez, donc nous avons entrepris une politique, elle est lancée depuis un an et demi, aujourd'hui elle n'est pas perçue parce que nous sommes dans la difficulté, nous sommes au coeur de la difficulté et donc les Français se disent : Mais où sont les résultats ? Où est le cap ? Ce cap il est fixé, nous sommes en train sur certains points que les Français ne perçoivent pas, une croissance qui va être meilleure, qui est déjà meilleure, qui va être meilleure, une croissance meilleure ce sont des emplois qui peuvent se créer, nous aurons des résultats sur le chômage, ils ne le perçoivent pas encore, ils vont le percevoir. C'est cela qui fait la responsabilité d'un Président de la République, la responsabilité l'autorité d'un Président de la République aujourd'hui ce n'est pas de se laisser balloter par les commentaires, c'est de tenir bon, de tenir le cap.
GILLES BRONSTEIN
Réunion gouvernementale ce matin sur les économies budgétaires pour 2015, quinze milliards d'euros a déjà annoncé Bernard CAZENEUVE, après le ras-le-bol fiscal - que plus personne ne conteste est-ce que vous ne craignez pas un ras-le-bol de la rigueur ?
MICHEL SAPIN
Eh bien il faut savoir ! Tous les Français veulent que nous diminuions l'endettement de la France et ils ont raison parce que l'endettement c'est quoi ? C'est de payer des intérêts à ceux qui nous prêtent de l'argent, aux marchés financiers, payer des intérêts aux banquiers si je puis dire, au lieu de payer des profs ou des policiers, je préfère payer des profs et des policiers en plus que de payer des intérêts, donc il faut maîtriser la dette. On fait appel à quoi ? A la rigueur, à l'effort, à l'impôt, ça fait quatre ans de suite, gouvernement de droite ou gouvernement de gauche nous le faisons de manière plus juste où on fait appel à l'impôt, il y a un moment donné où évidemment, comme disait le Président de la République, ça fait trop
GILLES BRONSTEIN
Trop c'est trop !
MICHEL SAPIN
Oui ! Trop c'est trop. Bien ! Eh bien quelle est la solution aujourd'hui ? C'est d'être le plus sérieux possible du point de vue de la dépense et il y a des possibilités, elles ne sont jamais indolores, mais il y a des possibilités de maîtriser la dépense et c'est donc par la maîtrise de la dépense que nous nous projetons dans les trois ans qui viennent pour continuer à maîtriser le déficit, à faire diminuer le déficit, à faire diminuer la dépendance de la France vis-à-vis des marchés financiers.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 22 novembre 2013