Texte intégral
FREDERIC RIVIERE
Trois jours après le refus du président IANOUKOVITCH de signer l'accord d'association avec l'Union européenne, les partisans d'un rapprochement avec l'UE ne décolèrent pas en Ukraine. Le Premier ministre ukrainien estime que ce qui est en train de se passer présente tous les signes d'un coup d'Etat. Pour les Etats-Unis, des manifestations pacifiques ne sont pas un coup d'Etat. Quelle est la position de la France ?
LAURENT FABIUS
Non, ce n'est pas un coup d'Etat. Je n'ai pas vu d'intervention militaire, et les caractéristiques d'un coup d'Etat ne sont pas rassemblées. En revanche, la position de la France est de dire : dialogue et refus de la répression, c'est clair, c'est net. Le président IANOUKOVITCH a pris position, comme l'on sait, moi, j'étais avec les dirigeants européens et lui-même à Vilnius, il y a quelques jours, et on a vu sa position sur l'accord d'association avec l'Union européenne. Il dit : bon, moi, ça m'intéresse, mais vous ne payez pas assez, bon, l'accord d'association, ce n'est pas une affaire de marchand de tapis, si on veut s'associer avec l'Europe, on s'associe avec l'Europe. La population a réagi d'une manière extrêmement forte, et en même temps, pacifique. Et donc nous disons, nous, la France : appel au dialogue et refus de la répression.
FREDERIC RIVIERE
Est-ce que c'est vraiment à Kiev que se décide aujourd'hui l'accord d'association avec l'Union européenne ?
LAURENT FABIUS
Eh bien, le Premier ministre ukrainien a si je puis dire mangé le morceau, puisqu'il a dit : ah ben, les Russes, le président russe nous a proposé des choses, le prix du gaz, la remise des dettes, etc. Nous, ce n'est pas notre conception des choses. L'Ukraine doit être libre de ses choix, et d'ailleurs, il n'y a pas d'antagonisme, il n'y a pas d'opposition entre le fait d'avoir un accord d'association avec l'Union européenne et le fait d'être proche de la Russie. Il n'y a pas de contradiction. C'est donc à la population et aux autorités de faire leur choix. Mais je le répète, la direction est prise est extrêmement choquante. Et pour ma part, j'ai fait dire à monsieur KLITSCHKO, qui est un des leaders de l'opposition, que j'étais tout à fait prêt à le recevoir à Paris.
FREDERIC RIVIERE
Dans quel but ?
LAURENT FABIUS
Eh bien, pour discuter de la situation, pour parler, l'autre jour, nous avons parlé avec monsieur IANOUKOVITCH, il me paraît normal de parler aussi avec les responsables de l'opposition.
FREDERIC RIVIERE
Vous voyez en lui, Viktor KLITSCHKO, un futur leader de l'Ukraine ?
LAURENT FABIUS
Ah, c'est déjà un des leaders, après, ce qui se passera dans le futur, ce n'est pas moi à en décider, bien sûr, mais c'est vrai que c'est un homme qui est singulier, vous savez qu'il a été champion du monde de poids-lourds
FREDERIC RIVIERE
De boxe
LAURENT FABIUS
Et ça, c'est déjà singulier. Mais c'est surtout que c'est un homme qui a bâti sa fortune avec ses poings. Et donc il ne peut pas il est réputé être incorruptible. Ce qui est, paraît-il, là-bas, tout à fait spécifique. Et en plus, c'est un homme qui croit à la démocratie. Donc encore une fois, ce n'est pas à nous, à nous ingérer dans l'affaire intérieure. Mais je vous le répète, puisque nous avons rencontré monsieur IANOUKOVITCH, le président HOLLANDE l'a rencontré encore l'autre jour, il paraît normal aussi de rencontrer monsieur KLITSCHKO, puisque madame TIMOCHENKO, elle, est en prison.
FREDERIC RIVIERE
Alors que va se tenir à la fin de la semaine le sommet de l'Elysée pour la paix et la sécurité en Afrique ; la France s'apprête à lancer une nouvelle intervention, intervenir en Centrafrique précisément. Tout d'abord, est-ce que vous pouvez nous dire quand l'opération va commencer ? Est-ce qu'on a un calendrier ?
LAURENT FABIUS
Alors, d'abord, ce sommet de l'Elysée est promis à un grand succès, puisque nous avons déjà plus de trente-chefs d'Etat et de gouvernement africains qui vont venir à Paris, à l'invitation du président français, avec trois thèmes, vous l'avez rappelé, le thème du développement économique, le thème du climat et le thème de la sécurité. Parmi les aspects évoqués, il y aura bien évidemment la République centrafricaine. Alors, en ce moment, une résolution, dans les jours qui viennent, demain, après-demain
FREDERIC RIVIERE
Proposée par la France...
LAURENT FABIUS
Oui, proposée par la France, va être examinée et votée aux Nations-Unies. Il faut bien comprendre, parce que parfois, je lis des choses qui sont un peu inexactes, que ce n'est pas la même opération du tout qu'au Mali. L'objectif que nous poursuivons, c'est aux côtés des forces africaines, qui sont donc prioritaires, si je puis dire, d'assurer la sécurisation et la reconstruction de la République centrafricaine. Ce qui veut dire que nous aurons une action pour rétablir en matière humanitaire, une action en matière sécuritaire, en matière démocratique, pour que ce pays se dote d'un gouvernement démocratique, et puis, une action en matière de développement. Nous serons aux côtés des Africains, ce qu'on appelle la MISCA, et nous souhaitons agir en liaison et avec le partenariat des Européens.
FREDERIC RIVIERE
Reconstruire la Centrafrique, est-ce que ça veut dire que la France va notamment contraindre Michel DJOTODIA, le chef de la coalition rebelle Séléka, à partir ?
LAURENT FABIUS
Alors, non, le président est là, même si c'est un président, si je puis dire, de fait, qui n'a pas été reconnu par ses voisins. Mais il y a un tandem entre monsieur DJOTODIA et le Premier ministre, monsieur TIANGAYE. A Paris, ce sera le Premier ministre qui sera présent. De toutes les manières, ces autorités sont transitoires, les Nations-Unies ont dit que, il devait y avoir de nouvelles élections, au plus tard, en février 2015. Et donc notre action, celle des Africains d'abord, la MISCA, la nôtre, celle des forces internationales, va consister à la fois à rétablir la sécurité gravement menacée, à rétablir aussi les droits humanitaires, parce qu'il y a des exactions épouvantables, on va encore en découvrir, et puis, à préparer la démocratie, le fonctionnement de la démocratie. Et dans ce cadre, de toutes les manières, ni le président actuel ni le Premier ministre ne peuvent se présenter, ça a été acté.
FREDERIC RIVIERE
Il y a aujourd'hui un risque vous avez parlé d'implosion dans le pays
LAURENT FABIUS
Oui, oui, oui
FREDERIC RIVIERE
De graves dérapages sur le plan du conflit interreligieux
LAURENT FABIUS
Oui, il y a je pense que, oui, le terme d'implosion est juste, certains ont dit : c'est un non-Etat, vous avez la fameuse Séléka, composée pour beaucoup de bandes armées, qu'il faut effectivement dissoudre, elle a été dissoute sur le papier, mais pas en réalité, il y a les populations à rassurer, non seulement à Bangui, mais dans l'ensemble du pays, et puis, il y a à éviter ces oppositions religieuses. La tradition de la Centrafrique n'est pas du tout une tradition d'opposition religieuse, vous avez des musulmans, vous avez des catholiques, vous avez des protestants, mais dans les derniers temps
FREDERIC RIVIERE
Une très large majorité de chrétiens
LAURENT FABIUS
Oui, exactement, mais dans les derniers temps, il y a eu ici ou là des affrontements religieux qui sont extrêmement dangereux. Les chefs religieux luttent contre ça, j'ai rencontré puisque j'étais là-bas il y a quelques semaines à la fois le chef des catholiques, des protestants, des musulmans, et il faut donc rétablir une sécurisation et une reconstruction du pays.
FREDERIC RIVIERE
Est-ce que la France, avec cette intervention, ne va pas atteindre vraiment la limite de ses capacités de projection ?
LAURENT FABIUS
Non, d'abord, parce que nos forces resteront mesurées dans leur nombre, et en plus, elles n'ont pas vocation à rester durablement là-bas, et en plus, nous allons nous délester dans d'autres parties du monde, et puis, et comme vous le savez, ça n'est pas suffisamment souligné, mais la France continue d'avoir la première armée d'Europe, avec des forces de projection qui sont bien utiles. Au sommet de l'Elysée, nous allons parler plus généralement de la sécurité en Afrique. Les Africains veulent, et ils ont raison, pouvoir se doter d'une force africaine de réaction rapide, nous allons parler de cela. Et nous allons parler, spécifiquement, le samedi, de la République Centrafrique, puisque Ban KI-MOON, le secrétaire général des Nations-Unies, sera là, ainsi que d'autres dirigeants, donc il y aura un aspect qui sera consacré à la République centrafricaine.
FREDERIC RIVIERE
Alors, il y a une question qui est presque philosophique au fond, qui va être posée au sommet de l'Elysée, c'est : est-ce que c'est le développement qui permet la sécurité ou la sécurité qui permet le développement ?
LAURENT FABIUS
Les deux, les deux, je pense que
FREDERIC RIVIERE
Mais dans quel ordre ?
LAURENT FABIUS
Eh bien, il faut mener les deux ensemble. Il faut à la fois établir ou rétablir la sécurité, sans quoi rien n'est possible, mais en même temps, très souvent, les exactions qui ont lieu trouvent leur terreau dans la pauvreté. Donc il faut à la fois avoir une action en matière de sécurité, et une action en matière de développement.
FREDERIC RIVIERE
Un tout petit mot de la Syrie, comment peut-on et cinquante morts au cours du dernier week-end comment peut-on éviter que pendant qu'on s'occupe des armes chimiques, la population continue de mourir sous les armes conventionnelles ?
LAURENT FABIUS
Eh bien, c'est une question que j'avais soulevée au moment où on avait obtenu la bonne décision d'ailleurs de supprimer les armes chimiques, c'est que les armes chimiques, c'est un grand danger, c'est une très bonne chose de les supprimer, mais la population continue d'être massacrée, et il y a des carnages tous les jours. Et donc la seule solution est d'ordre politique, c'est le sommet de Genève II, que nous préparons, dans des conditions il faut le reconnaître difficiles.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 4 décembre 2013
Trois jours après le refus du président IANOUKOVITCH de signer l'accord d'association avec l'Union européenne, les partisans d'un rapprochement avec l'UE ne décolèrent pas en Ukraine. Le Premier ministre ukrainien estime que ce qui est en train de se passer présente tous les signes d'un coup d'Etat. Pour les Etats-Unis, des manifestations pacifiques ne sont pas un coup d'Etat. Quelle est la position de la France ?
LAURENT FABIUS
Non, ce n'est pas un coup d'Etat. Je n'ai pas vu d'intervention militaire, et les caractéristiques d'un coup d'Etat ne sont pas rassemblées. En revanche, la position de la France est de dire : dialogue et refus de la répression, c'est clair, c'est net. Le président IANOUKOVITCH a pris position, comme l'on sait, moi, j'étais avec les dirigeants européens et lui-même à Vilnius, il y a quelques jours, et on a vu sa position sur l'accord d'association avec l'Union européenne. Il dit : bon, moi, ça m'intéresse, mais vous ne payez pas assez, bon, l'accord d'association, ce n'est pas une affaire de marchand de tapis, si on veut s'associer avec l'Europe, on s'associe avec l'Europe. La population a réagi d'une manière extrêmement forte, et en même temps, pacifique. Et donc nous disons, nous, la France : appel au dialogue et refus de la répression.
FREDERIC RIVIERE
Est-ce que c'est vraiment à Kiev que se décide aujourd'hui l'accord d'association avec l'Union européenne ?
LAURENT FABIUS
Eh bien, le Premier ministre ukrainien a si je puis dire mangé le morceau, puisqu'il a dit : ah ben, les Russes, le président russe nous a proposé des choses, le prix du gaz, la remise des dettes, etc. Nous, ce n'est pas notre conception des choses. L'Ukraine doit être libre de ses choix, et d'ailleurs, il n'y a pas d'antagonisme, il n'y a pas d'opposition entre le fait d'avoir un accord d'association avec l'Union européenne et le fait d'être proche de la Russie. Il n'y a pas de contradiction. C'est donc à la population et aux autorités de faire leur choix. Mais je le répète, la direction est prise est extrêmement choquante. Et pour ma part, j'ai fait dire à monsieur KLITSCHKO, qui est un des leaders de l'opposition, que j'étais tout à fait prêt à le recevoir à Paris.
FREDERIC RIVIERE
Dans quel but ?
LAURENT FABIUS
Eh bien, pour discuter de la situation, pour parler, l'autre jour, nous avons parlé avec monsieur IANOUKOVITCH, il me paraît normal de parler aussi avec les responsables de l'opposition.
FREDERIC RIVIERE
Vous voyez en lui, Viktor KLITSCHKO, un futur leader de l'Ukraine ?
LAURENT FABIUS
Ah, c'est déjà un des leaders, après, ce qui se passera dans le futur, ce n'est pas moi à en décider, bien sûr, mais c'est vrai que c'est un homme qui est singulier, vous savez qu'il a été champion du monde de poids-lourds
FREDERIC RIVIERE
De boxe
LAURENT FABIUS
Et ça, c'est déjà singulier. Mais c'est surtout que c'est un homme qui a bâti sa fortune avec ses poings. Et donc il ne peut pas il est réputé être incorruptible. Ce qui est, paraît-il, là-bas, tout à fait spécifique. Et en plus, c'est un homme qui croit à la démocratie. Donc encore une fois, ce n'est pas à nous, à nous ingérer dans l'affaire intérieure. Mais je vous le répète, puisque nous avons rencontré monsieur IANOUKOVITCH, le président HOLLANDE l'a rencontré encore l'autre jour, il paraît normal aussi de rencontrer monsieur KLITSCHKO, puisque madame TIMOCHENKO, elle, est en prison.
FREDERIC RIVIERE
Alors que va se tenir à la fin de la semaine le sommet de l'Elysée pour la paix et la sécurité en Afrique ; la France s'apprête à lancer une nouvelle intervention, intervenir en Centrafrique précisément. Tout d'abord, est-ce que vous pouvez nous dire quand l'opération va commencer ? Est-ce qu'on a un calendrier ?
LAURENT FABIUS
Alors, d'abord, ce sommet de l'Elysée est promis à un grand succès, puisque nous avons déjà plus de trente-chefs d'Etat et de gouvernement africains qui vont venir à Paris, à l'invitation du président français, avec trois thèmes, vous l'avez rappelé, le thème du développement économique, le thème du climat et le thème de la sécurité. Parmi les aspects évoqués, il y aura bien évidemment la République centrafricaine. Alors, en ce moment, une résolution, dans les jours qui viennent, demain, après-demain
FREDERIC RIVIERE
Proposée par la France...
LAURENT FABIUS
Oui, proposée par la France, va être examinée et votée aux Nations-Unies. Il faut bien comprendre, parce que parfois, je lis des choses qui sont un peu inexactes, que ce n'est pas la même opération du tout qu'au Mali. L'objectif que nous poursuivons, c'est aux côtés des forces africaines, qui sont donc prioritaires, si je puis dire, d'assurer la sécurisation et la reconstruction de la République centrafricaine. Ce qui veut dire que nous aurons une action pour rétablir en matière humanitaire, une action en matière sécuritaire, en matière démocratique, pour que ce pays se dote d'un gouvernement démocratique, et puis, une action en matière de développement. Nous serons aux côtés des Africains, ce qu'on appelle la MISCA, et nous souhaitons agir en liaison et avec le partenariat des Européens.
FREDERIC RIVIERE
Reconstruire la Centrafrique, est-ce que ça veut dire que la France va notamment contraindre Michel DJOTODIA, le chef de la coalition rebelle Séléka, à partir ?
LAURENT FABIUS
Alors, non, le président est là, même si c'est un président, si je puis dire, de fait, qui n'a pas été reconnu par ses voisins. Mais il y a un tandem entre monsieur DJOTODIA et le Premier ministre, monsieur TIANGAYE. A Paris, ce sera le Premier ministre qui sera présent. De toutes les manières, ces autorités sont transitoires, les Nations-Unies ont dit que, il devait y avoir de nouvelles élections, au plus tard, en février 2015. Et donc notre action, celle des Africains d'abord, la MISCA, la nôtre, celle des forces internationales, va consister à la fois à rétablir la sécurité gravement menacée, à rétablir aussi les droits humanitaires, parce qu'il y a des exactions épouvantables, on va encore en découvrir, et puis, à préparer la démocratie, le fonctionnement de la démocratie. Et dans ce cadre, de toutes les manières, ni le président actuel ni le Premier ministre ne peuvent se présenter, ça a été acté.
FREDERIC RIVIERE
Il y a aujourd'hui un risque vous avez parlé d'implosion dans le pays
LAURENT FABIUS
Oui, oui, oui
FREDERIC RIVIERE
De graves dérapages sur le plan du conflit interreligieux
LAURENT FABIUS
Oui, il y a je pense que, oui, le terme d'implosion est juste, certains ont dit : c'est un non-Etat, vous avez la fameuse Séléka, composée pour beaucoup de bandes armées, qu'il faut effectivement dissoudre, elle a été dissoute sur le papier, mais pas en réalité, il y a les populations à rassurer, non seulement à Bangui, mais dans l'ensemble du pays, et puis, il y a à éviter ces oppositions religieuses. La tradition de la Centrafrique n'est pas du tout une tradition d'opposition religieuse, vous avez des musulmans, vous avez des catholiques, vous avez des protestants, mais dans les derniers temps
FREDERIC RIVIERE
Une très large majorité de chrétiens
LAURENT FABIUS
Oui, exactement, mais dans les derniers temps, il y a eu ici ou là des affrontements religieux qui sont extrêmement dangereux. Les chefs religieux luttent contre ça, j'ai rencontré puisque j'étais là-bas il y a quelques semaines à la fois le chef des catholiques, des protestants, des musulmans, et il faut donc rétablir une sécurisation et une reconstruction du pays.
FREDERIC RIVIERE
Est-ce que la France, avec cette intervention, ne va pas atteindre vraiment la limite de ses capacités de projection ?
LAURENT FABIUS
Non, d'abord, parce que nos forces resteront mesurées dans leur nombre, et en plus, elles n'ont pas vocation à rester durablement là-bas, et en plus, nous allons nous délester dans d'autres parties du monde, et puis, et comme vous le savez, ça n'est pas suffisamment souligné, mais la France continue d'avoir la première armée d'Europe, avec des forces de projection qui sont bien utiles. Au sommet de l'Elysée, nous allons parler plus généralement de la sécurité en Afrique. Les Africains veulent, et ils ont raison, pouvoir se doter d'une force africaine de réaction rapide, nous allons parler de cela. Et nous allons parler, spécifiquement, le samedi, de la République Centrafrique, puisque Ban KI-MOON, le secrétaire général des Nations-Unies, sera là, ainsi que d'autres dirigeants, donc il y aura un aspect qui sera consacré à la République centrafricaine.
FREDERIC RIVIERE
Alors, il y a une question qui est presque philosophique au fond, qui va être posée au sommet de l'Elysée, c'est : est-ce que c'est le développement qui permet la sécurité ou la sécurité qui permet le développement ?
LAURENT FABIUS
Les deux, les deux, je pense que
FREDERIC RIVIERE
Mais dans quel ordre ?
LAURENT FABIUS
Eh bien, il faut mener les deux ensemble. Il faut à la fois établir ou rétablir la sécurité, sans quoi rien n'est possible, mais en même temps, très souvent, les exactions qui ont lieu trouvent leur terreau dans la pauvreté. Donc il faut à la fois avoir une action en matière de sécurité, et une action en matière de développement.
FREDERIC RIVIERE
Un tout petit mot de la Syrie, comment peut-on et cinquante morts au cours du dernier week-end comment peut-on éviter que pendant qu'on s'occupe des armes chimiques, la population continue de mourir sous les armes conventionnelles ?
LAURENT FABIUS
Eh bien, c'est une question que j'avais soulevée au moment où on avait obtenu la bonne décision d'ailleurs de supprimer les armes chimiques, c'est que les armes chimiques, c'est un grand danger, c'est une très bonne chose de les supprimer, mais la population continue d'être massacrée, et il y a des carnages tous les jours. Et donc la seule solution est d'ordre politique, c'est le sommet de Genève II, que nous préparons, dans des conditions il faut le reconnaître difficiles.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 4 décembre 2013