Texte intégral
PATRICK COHEN
C'est aujourd'hui que doit débuter le désarmement des milices en Centrafrique, les troupes françaises sont-elles déjà au contact de ces combattants ?
LAURENT FABIUS
Oui, bien sûr, c'est ce matin que va commencer le désarmement pour l'ensemble des milices, puisque nous allons là-bas avec les Africains, les autres pays africains pour établir la sécurité pour permettre de faire face au défi humanitaire, pour engager la transition démocratique. Ça demande évidemment que les milices soient désarmées, ce n'est pas un travail facile mais nos militaires sont très, très professionnels et préparés.
PATRICK COHEN
Y a-t-il déjà eu contact, votre collègue Jean-Yves Le DRIAN disait hier soir : on va d'abord leur demander gentiment de désarmer et puis après, on emploiera force si ça ne marche pas
LAURENT FABIUS
Oui, on a expliqué aux uns et aux autres, ça a été dit à la radio et par différents médias disponibles qu'il fallait ramener les armes, le président DJOTODIA a dit la même chose. On va donc aller au contact et puis si ça n'est pas suffisamment efficace, la force sera employée. La difficulté, il faut bien le voir, c'est que pour une partie de ces milices qu'on appelle l'ex-Seleka on m'a dit que beaucoup d'entre eux ont enlevé leur treillis et se sont mis en civil. Donc il va falloir demander les armes, mais c'est difficile évidemment à reconnaître les individus.
PATRICK COHEN
Bien sûr. L'opinion est partagée, d'après les premiers sondages, sur cette intervention. Quels sont les intérêts que la France défend en Centrafrique Laurent FABIUS ?
LAURENT FABIUS
Alors d'abord les sondages, j'ai été un peu frappé peut-être comme vous parce que j'entends je crois hier à la radio, à la télévision
PATRICK COHEN
Il y en a 2 deux contradictoires mais
LAURENT FABIUS
Oui, le problème c'est qu'ils ne sont pas faits au même moment et donc, il faut être honnête. Le premier a été fait avant l'intervention et donne une majorité contre et on le comprend, il n'y a aucune image, les gens ne connaissent pas la Centrafrique. Le deuxième a été fait après l'intervention et celui-là donne une légère majorité pour
PATRICK COHEN
Très légère, 51 %...
LAURENT FABIUS
Non, non mais
PATRICK COHEN
C'est pour ça que j'ai parlé d'opinion partagée, sans rentrer dans le détail des chiffres.
LAURENT FABIUS
Oui mais on peut y rentrer un moment parce qu'on peut aussi manipuler l'opinion. Cela dit l'opinion, quel est son sentiment ? Elle se dit : il est normal qu'on soit solidaire, qu'on soit généreux, il y a des gens qui se font massacrer, il faut être présent. En même temps, l'opinion se dit « c'est loin », l'opinion ne connaît pas vraiment la réalité, l'opinion se dit « après le Mali, ça fait une deuxième opération ». Maintenant, les intérêts que nous défendons c'est quoi concrètement ? Premièrement, il y a des gens qui sont en train de se faire assassiner dans un pays dans une zone qui est proche de la France par son histoire, par sa solidarité, on ne peut pas les laisser se faire assassiner, donc ça c'est le premier point. Deuxième point, non seulement les Africains mais la communauté internationale, l'ONU à l'unanimité nous le demande. Il y a une résolution 21.27 votée par 15 pays sur 15 qui dit : « nous demandons aux Africains et aux Français d'être au soutien ». Et troisièmement, si on veut être présent en Afrique qui est le continent du futur, y compris pour nous, il faut bien sûr quand c'est difficile qu'on soit aussi présents.
PATRICK COHEN
Donc ce ne sont pas des intérêts que nous défendons mais des valeurs, vous diriez cela Laurent FABIUS ?
LAURENT FABIUS
Oui, je dirai ça, mais aussi nos intérêts pas au sens intérêts matériels mais regardez une carte de géographie, vous avez à l'Ouest l'Amérique, à l'Est l'Asie et puis vous avez un continent euro-africain qui est le continent dans lequel nous devons être très présent et qui est un continent d'avenir.
PATRICK COHEN
Vous avez dit euro-africain et pas franco-africain, or on ne sait pas où est l'Europe
LAURENT FABIUS
Oui, bien sûr.
PATRICK COHEN
Dans cette histoire.
LAURENT FABIUS
Alors l'Europe, elle va être essentiellement sur le plan financier présente. Il y aura aussi un aspect logistique, par exemple nous avons un C17, c'est-à-dire un avion de transport des Anglais, les Allemands vont nous aider, les Belges aussi
PATRICK COHEN
Avec un AIRBUS oui.
LAURENT FABIUS
Les Espagnols aussi. Et puis l'Europe a déjà décidé de donner le président de l'Union européenne était là 50 millions d'euros, 2 fois 50 millions d'euros. Mais c'est vrai, on constate quelque chose, c'est que l'Europe de la défense n'existe pas, on le regrette mais elle n'existe pas. J'embraye sur un point
PATRICK COHEN
Ce n'est pas une question de logistique simplement aussi, c'est une question de volonté politique
LAURENT FABIUS
Oui mais c'est tout à fait vrai
PATRICK COHEN
Le refus d'engager des troupes sur le terrain
LAURENT FABIUS
C'est tout à fait vrai parce que nos voisins européens considèrent c'est un peu facile de leur part que les Français sont plus efficaces. Mais allons un petit peu plus loin. La France n'a pas vocation comme ça à intervenir une fois au Mali, une fois en Centrafrique, quelle est du coup la solution, puisqu'il n'y a pas d'armées africaines suffisantes ? La solution c'est celle que nous avons discutée tout le week-end avec les chefs d'Etat africains, ils étaient 40, c'est une force panafricaine de réaction aux crises. Si dans le futur, il y a des crises comme celle-là, il faut que l'ensemble des pays africains ait mis sur pied avec notre soutien et le soutien de l'Europe une force qui puisse intervenir, ce n'est pas à la France d'intervenir à chaque fois.
PATRICK COHEN
Mais les Français, ils réformaient sans doutes ces soldats africains parce qu'ils sont très présents en Centrafrique
LAURENT FABIUS
Oui, bien sûr, bien sûr
PATRICK COHEN
Mais ils sont mal équipés et pas forcément formés pour ces opérations.
LAURENT FABIUS
Mais c'est ça la solution, c'est ça la solution.
PATRICK COHEN
L'Ukraine Laurent FABIUS, quel message la France et l'Europe peuvent-elles adresser à ces centaines de milliers d'Ukrainiens qui accusent le pouvoir d'avoir vendu leur pays à la Russie ?
LAURENT FABIUS
La chronique de Bernard GUETTA était juste, dans la mesure où la situation est plus complexe que ce qui se présente. L'Ukraine, nous lui avons proposé un accord d'association, un accord d'association ça ne veut pas dire « vous adhérez directement à l'Europe », ça veut dire « nous passons un accord avec des avantages économiques, financiers et autres »
PATRICK COHEN
C'est jugé insupportable par la Russie ça.
LAURENT FABIUS
Alors bon ! Et puis le président IANOUKOVYTCH et le Premier ministre disent : « non, non, ce n'est pas suffisant » et il y a une pression exercée par les Russes. Notre position c'est quoi, c'est un, il faut absolument refuser l'emploi de la force et aller vers le dialogue, ça c'est une position de tous les Européens et c'est une position aussi de la France. Et eux
PATRICK COHEN
Y compris les Allemands, monsieur WESTERWELLE qui est allé à Kiev il y a quelques jours
LAURENT FABIUS
Oui.
PATRICK COHEN
Pour encourager l'opposition à manifester.
LAURENT FABIUS
Mais de la même façon que mercredi, c'est-à-dire après-demain, je recevrai au Quai d'Orsay Vitali KLITCHKO, qui est un des grands leaders de l'opposition, grand dans tous les sens du terme d'ailleurs
PATRICK COHEN
Oui, c'est un ancien boxeur.
LAURENT FABIUS
Oui, pas seulement, c'est le champion du monde actuel des poids lourds
PATRICK COHEN
Bon ! Pardon.
LAURENT FABIUS
Et ce qui est important dit-on, c'est un des seuls milliardaires ukrainiens qui ait gagné son argent avec ses poings, donc il n'est pas corrompu, et c'est un homme intelligent et (je crois) de grand avenir
PATRICK COHEN
Et alors vous lui direz quoi, vous lui direz quoi
LAURENT FABIUS
La position de la France
PATRICK COHEN
Qu'il faut continuer à manifester ?
LAURENT FABIUS
Je vais lui dire que d'une part nous avons il le sait proposé un accord d'association et que cet accord reste sur la table. Deuxièmement qu'il faut éviter disons l'affrontement militaire, belliciste. Et troisièmement, je lui confirmerai ce qu'il sait, qu'il y a des élections en 2015 où la population ukrainienne va pouvoir s'exprimer.
PATRICK COHEN
Un mot sur Nelson MANDELA qui aura réussi après sa mort à réconcilier ou à rapprocher François HOLLANDE et Nicolas SARKOZY.
LAURENT FABIUS
Oui, je trouve que c'est bien ce qui se passe là et si vous voulez, il y a une tradition pas en France mais aux Etats-Unis, dans d'autres pays où quand il y a un très grand événement de ce type, l'opposition et la majorité sont présentes, et donc moi je trouve que c'est bien. Alors ça suscite beaucoup de commentaires, il va y avoir énormément de on pense au Chancelier. Mais la réalité c'est que c'est bien que la France dans sa diversité soit rassemblée pour les funérailles de cet homme, qui était à la fois un combattant magnifique et un rassembleur extraordinaire. Parce que c'est ça MANDELA, moi je l'ai bien connu, à la fois c'est en permanence un homme de combat, il disait lui-même « moi je suis un dur », mais dans son combat il songeait déjà à rassembler. Et là vous voyez, il rassemble même après sa mort.
PATRICK COHEN
Oui mais ça suscite des commentaires parce qu'on ne peut pas dire que François HOLLANDE ait multiplié les gestes de courtoisie à l'égard de son prédécesseur, ne serait-ce que
LAURENT FABIUS
De courtoisie je ne sais pas
PATRICK COHEN
Dans les heures qui ont suivi son élection.
LAURENT FABIUS
Mais j'ai cru comprendre qu'effectivement, je ne sais pas si c'est de quel côté, mais monsieur SARKOZY et François HOLLANDE ne sont pas en permanence sur la même longueur d'onde.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 9 décembre 2013
C'est aujourd'hui que doit débuter le désarmement des milices en Centrafrique, les troupes françaises sont-elles déjà au contact de ces combattants ?
LAURENT FABIUS
Oui, bien sûr, c'est ce matin que va commencer le désarmement pour l'ensemble des milices, puisque nous allons là-bas avec les Africains, les autres pays africains pour établir la sécurité pour permettre de faire face au défi humanitaire, pour engager la transition démocratique. Ça demande évidemment que les milices soient désarmées, ce n'est pas un travail facile mais nos militaires sont très, très professionnels et préparés.
PATRICK COHEN
Y a-t-il déjà eu contact, votre collègue Jean-Yves Le DRIAN disait hier soir : on va d'abord leur demander gentiment de désarmer et puis après, on emploiera force si ça ne marche pas
LAURENT FABIUS
Oui, on a expliqué aux uns et aux autres, ça a été dit à la radio et par différents médias disponibles qu'il fallait ramener les armes, le président DJOTODIA a dit la même chose. On va donc aller au contact et puis si ça n'est pas suffisamment efficace, la force sera employée. La difficulté, il faut bien le voir, c'est que pour une partie de ces milices qu'on appelle l'ex-Seleka on m'a dit que beaucoup d'entre eux ont enlevé leur treillis et se sont mis en civil. Donc il va falloir demander les armes, mais c'est difficile évidemment à reconnaître les individus.
PATRICK COHEN
Bien sûr. L'opinion est partagée, d'après les premiers sondages, sur cette intervention. Quels sont les intérêts que la France défend en Centrafrique Laurent FABIUS ?
LAURENT FABIUS
Alors d'abord les sondages, j'ai été un peu frappé peut-être comme vous parce que j'entends je crois hier à la radio, à la télévision
PATRICK COHEN
Il y en a 2 deux contradictoires mais
LAURENT FABIUS
Oui, le problème c'est qu'ils ne sont pas faits au même moment et donc, il faut être honnête. Le premier a été fait avant l'intervention et donne une majorité contre et on le comprend, il n'y a aucune image, les gens ne connaissent pas la Centrafrique. Le deuxième a été fait après l'intervention et celui-là donne une légère majorité pour
PATRICK COHEN
Très légère, 51 %...
LAURENT FABIUS
Non, non mais
PATRICK COHEN
C'est pour ça que j'ai parlé d'opinion partagée, sans rentrer dans le détail des chiffres.
LAURENT FABIUS
Oui mais on peut y rentrer un moment parce qu'on peut aussi manipuler l'opinion. Cela dit l'opinion, quel est son sentiment ? Elle se dit : il est normal qu'on soit solidaire, qu'on soit généreux, il y a des gens qui se font massacrer, il faut être présent. En même temps, l'opinion se dit « c'est loin », l'opinion ne connaît pas vraiment la réalité, l'opinion se dit « après le Mali, ça fait une deuxième opération ». Maintenant, les intérêts que nous défendons c'est quoi concrètement ? Premièrement, il y a des gens qui sont en train de se faire assassiner dans un pays dans une zone qui est proche de la France par son histoire, par sa solidarité, on ne peut pas les laisser se faire assassiner, donc ça c'est le premier point. Deuxième point, non seulement les Africains mais la communauté internationale, l'ONU à l'unanimité nous le demande. Il y a une résolution 21.27 votée par 15 pays sur 15 qui dit : « nous demandons aux Africains et aux Français d'être au soutien ». Et troisièmement, si on veut être présent en Afrique qui est le continent du futur, y compris pour nous, il faut bien sûr quand c'est difficile qu'on soit aussi présents.
PATRICK COHEN
Donc ce ne sont pas des intérêts que nous défendons mais des valeurs, vous diriez cela Laurent FABIUS ?
LAURENT FABIUS
Oui, je dirai ça, mais aussi nos intérêts pas au sens intérêts matériels mais regardez une carte de géographie, vous avez à l'Ouest l'Amérique, à l'Est l'Asie et puis vous avez un continent euro-africain qui est le continent dans lequel nous devons être très présent et qui est un continent d'avenir.
PATRICK COHEN
Vous avez dit euro-africain et pas franco-africain, or on ne sait pas où est l'Europe
LAURENT FABIUS
Oui, bien sûr.
PATRICK COHEN
Dans cette histoire.
LAURENT FABIUS
Alors l'Europe, elle va être essentiellement sur le plan financier présente. Il y aura aussi un aspect logistique, par exemple nous avons un C17, c'est-à-dire un avion de transport des Anglais, les Allemands vont nous aider, les Belges aussi
PATRICK COHEN
Avec un AIRBUS oui.
LAURENT FABIUS
Les Espagnols aussi. Et puis l'Europe a déjà décidé de donner le président de l'Union européenne était là 50 millions d'euros, 2 fois 50 millions d'euros. Mais c'est vrai, on constate quelque chose, c'est que l'Europe de la défense n'existe pas, on le regrette mais elle n'existe pas. J'embraye sur un point
PATRICK COHEN
Ce n'est pas une question de logistique simplement aussi, c'est une question de volonté politique
LAURENT FABIUS
Oui mais c'est tout à fait vrai
PATRICK COHEN
Le refus d'engager des troupes sur le terrain
LAURENT FABIUS
C'est tout à fait vrai parce que nos voisins européens considèrent c'est un peu facile de leur part que les Français sont plus efficaces. Mais allons un petit peu plus loin. La France n'a pas vocation comme ça à intervenir une fois au Mali, une fois en Centrafrique, quelle est du coup la solution, puisqu'il n'y a pas d'armées africaines suffisantes ? La solution c'est celle que nous avons discutée tout le week-end avec les chefs d'Etat africains, ils étaient 40, c'est une force panafricaine de réaction aux crises. Si dans le futur, il y a des crises comme celle-là, il faut que l'ensemble des pays africains ait mis sur pied avec notre soutien et le soutien de l'Europe une force qui puisse intervenir, ce n'est pas à la France d'intervenir à chaque fois.
PATRICK COHEN
Mais les Français, ils réformaient sans doutes ces soldats africains parce qu'ils sont très présents en Centrafrique
LAURENT FABIUS
Oui, bien sûr, bien sûr
PATRICK COHEN
Mais ils sont mal équipés et pas forcément formés pour ces opérations.
LAURENT FABIUS
Mais c'est ça la solution, c'est ça la solution.
PATRICK COHEN
L'Ukraine Laurent FABIUS, quel message la France et l'Europe peuvent-elles adresser à ces centaines de milliers d'Ukrainiens qui accusent le pouvoir d'avoir vendu leur pays à la Russie ?
LAURENT FABIUS
La chronique de Bernard GUETTA était juste, dans la mesure où la situation est plus complexe que ce qui se présente. L'Ukraine, nous lui avons proposé un accord d'association, un accord d'association ça ne veut pas dire « vous adhérez directement à l'Europe », ça veut dire « nous passons un accord avec des avantages économiques, financiers et autres »
PATRICK COHEN
C'est jugé insupportable par la Russie ça.
LAURENT FABIUS
Alors bon ! Et puis le président IANOUKOVYTCH et le Premier ministre disent : « non, non, ce n'est pas suffisant » et il y a une pression exercée par les Russes. Notre position c'est quoi, c'est un, il faut absolument refuser l'emploi de la force et aller vers le dialogue, ça c'est une position de tous les Européens et c'est une position aussi de la France. Et eux
PATRICK COHEN
Y compris les Allemands, monsieur WESTERWELLE qui est allé à Kiev il y a quelques jours
LAURENT FABIUS
Oui.
PATRICK COHEN
Pour encourager l'opposition à manifester.
LAURENT FABIUS
Mais de la même façon que mercredi, c'est-à-dire après-demain, je recevrai au Quai d'Orsay Vitali KLITCHKO, qui est un des grands leaders de l'opposition, grand dans tous les sens du terme d'ailleurs
PATRICK COHEN
Oui, c'est un ancien boxeur.
LAURENT FABIUS
Oui, pas seulement, c'est le champion du monde actuel des poids lourds
PATRICK COHEN
Bon ! Pardon.
LAURENT FABIUS
Et ce qui est important dit-on, c'est un des seuls milliardaires ukrainiens qui ait gagné son argent avec ses poings, donc il n'est pas corrompu, et c'est un homme intelligent et (je crois) de grand avenir
PATRICK COHEN
Et alors vous lui direz quoi, vous lui direz quoi
LAURENT FABIUS
La position de la France
PATRICK COHEN
Qu'il faut continuer à manifester ?
LAURENT FABIUS
Je vais lui dire que d'une part nous avons il le sait proposé un accord d'association et que cet accord reste sur la table. Deuxièmement qu'il faut éviter disons l'affrontement militaire, belliciste. Et troisièmement, je lui confirmerai ce qu'il sait, qu'il y a des élections en 2015 où la population ukrainienne va pouvoir s'exprimer.
PATRICK COHEN
Un mot sur Nelson MANDELA qui aura réussi après sa mort à réconcilier ou à rapprocher François HOLLANDE et Nicolas SARKOZY.
LAURENT FABIUS
Oui, je trouve que c'est bien ce qui se passe là et si vous voulez, il y a une tradition pas en France mais aux Etats-Unis, dans d'autres pays où quand il y a un très grand événement de ce type, l'opposition et la majorité sont présentes, et donc moi je trouve que c'est bien. Alors ça suscite beaucoup de commentaires, il va y avoir énormément de on pense au Chancelier. Mais la réalité c'est que c'est bien que la France dans sa diversité soit rassemblée pour les funérailles de cet homme, qui était à la fois un combattant magnifique et un rassembleur extraordinaire. Parce que c'est ça MANDELA, moi je l'ai bien connu, à la fois c'est en permanence un homme de combat, il disait lui-même « moi je suis un dur », mais dans son combat il songeait déjà à rassembler. Et là vous voyez, il rassemble même après sa mort.
PATRICK COHEN
Oui mais ça suscite des commentaires parce qu'on ne peut pas dire que François HOLLANDE ait multiplié les gestes de courtoisie à l'égard de son prédécesseur, ne serait-ce que
LAURENT FABIUS
De courtoisie je ne sais pas
PATRICK COHEN
Dans les heures qui ont suivi son élection.
LAURENT FABIUS
Mais j'ai cru comprendre qu'effectivement, je ne sais pas si c'est de quel côté, mais monsieur SARKOZY et François HOLLANDE ne sont pas en permanence sur la même longueur d'onde.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 9 décembre 2013