Conférence de presse de M. Pascal Canfin, ministre du développement, sur les relations entre la France et l'Afrique, à Paris le 7 décembre 2013.

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Circonstance : Sommet de l'Élysée pour la paix et la sécurité en Afrique, à Paris les 6 et 7 décembre 2013

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L'Afrique n'est pas un risque, c'est une chance. Quand on regarde les chiffres de la croissance aujourd'hui, on se rend compte que de nombreux pays africains affichent des taux parmi les plus élevés au monde. Pour des raisons économiques mais aussi démographiques, l'Afrique est le nouveau continent de la mondialisation, le nouveau continent de l'émergence. Cela mérite d'être souligné car l'on présente parfois les relations entre l'Europe et l'Afrique comme un héritage du passé. Au cours de ce sommet, il a d'ailleurs été précisément rappelé que l'Europe reste le premier investisseur et le premier bailleur d'aides publiques en Afrique. Cela résume, s'il le fallait, l'importance de notre relation au niveau économique mais aussi en termes de développement social, humain et sur les grands enjeux et notamment sur la question du changement climatique.
S'agissant du climat, qui constitue le troisième thème de ce sommet, le président de la République a encore rappelé ce matin que la Conférence que la France accueillera en décembre 2015 doit déboucher sur un accord pour contenir le réchauffement climatique. Si cela ne devait pas être le cas, il n'y aura quasiment aucune chance que nous réussissions à maintenir le dérèglement climatique dans des proportions maîtrisées, c'est-à-dire en dessous de deux degrés d'augmentation de la température moyenne. S'il ne devait pas y avoir d'accord à Paris en 2015, la crédibilité du processus onusien serait très certainement sérieusement mise à mal.
Paris sera donc un rendez-vous majeur. Quelques semaines après la Conférence de Varsovie, nous travaillons ici aujourd'hui à la formation d'une alliance pour réussir la Conférence de Paris en 2015. Elle doit nous aider à lutter efficacement contre le changement climatique. Le président de Tanzanie qui est le représentant de l'ensemble du continent africain sur cette question, évoquait ce matin le fait que l'Afrique est à la fois le continent qui souffre et qui souffrira le plus du changement climatique et, en même temps, celui qui émet le moins puisqu'il ne représente que 3 % des émissions globales de CO2. Face au défi du changement climatique, nous souhaitons que les Européens, qui sont les plus progressistes sur la scène mondiale, et les pays les plus vulnérables, à savoir les pays africains et les petites îles, forment une coalition pour faire une réussite de l'accord de Paris en 2015.
Très concrètement, nous avons pris un certain nombre d'engagements fondés sur cette ambition partagée.
Le premier engagement évidemment nous concerne à titre national. Il s'agit de mobiliser encore davantage de financements dans le cadre de notre aide publique au développement en faveur de la lutte contre le changement climatique. Le président de la République a évoqué un engagement d'un milliard d'euros par an.
Nous avons aussi pris un autre engagement concernant l'ensemble des financements d'infrastructures qui seront financées ou cofinancées par l'Agence française de développement. Ils devront avoir fait l'objet au plus tard en 2015 d'un test de «résilience climat» parce que l'Afrique est train de construire son capital en termes d'infrastructures, d'énergie, de logements, de transports. Ces infrastructures seront largement impactées par les effets du changement climatique. Nous avons pris la décision de soumettre tous les projets d'infrastructures que nous financerons ou cofinancerons à un test de résilience au changement climatique afin qu'ils soient les mieux adaptés aux évolutions auxquelles les pays africains devront faire face à cause des dérèglements climatiques.
Un certain nombre d'autres engagements ont également été pris pour réussir ensemble. Il s'agit, par exemple, de la baisse du coût des énergies renouvelables en Afrique. C'est un enjeu fondamental parce qu'il y a un besoin majeur de donner l'accès à l'électricité au 1,3 milliard d'habitants qui ne l'ont pas et qui vivent essentiellement en Afrique. Mais il y a plusieurs chemins pour le faire. Nous souhaitons le faire ensemble de manière compatible avec la lutte contre le changement climatique. C'est la raison pour laquelle nous avons pris ensemble l'engagement de diminuer drastiquement le coût des énergies renouvelables par des transferts de technologies et par de la recherche publique et privée.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 12 décembre 2013