Texte intégral
Alexandre KARA
Pierre MOSCOVICI est-ce qu'un président de la République peut s'offrir le luxe d'avoir de l'humour ?
Pierre MOSCOVICI
Ce n'est pas mauvais d'avoir de l'humour quand on est président de la République, si vous faites allusion à ce qui s'est passé avec l'Algérie, le président de la République a présenté des regrets, après une boutade qui, je crois pouvait concerner n'importe quel ministre dans n'importe quel pays, l'Algérie a dit qu'il n'y avait pas lieu là, à s'émouvoir, si incident il y a eu, ce que je ne crois pas, il ne faut pas le grossir, il est totalement clos.
Alexandre KARA
Mais est-ce que le président ne doit pas être plus prudent dans le maniement de l'humour, parce que finalement une crise diplomatique pour une petite blague, ce n'est pas très raisonnable quand même ?
Pierre MOSCOVICI
Vous savez, moi, je vois François HOLLANDE souvent, je le connais bien et ce que je vois, c'est une très grande gravité qui l'habite face à la crise, une crise qui est pour lui une préoccupation de chaque instant, avec un souci qu'il a de redresser la France et puis j'ajoute qu'il est très présent à l'international, on le sait et enfin s'agissant de l'Algérie, s'il y a un président de la République qui est attaché à ce pays qui l'a montré depuis longtemps, et qui a fait de la refondation de la relation avec l'Algérie une priorité, c'est bien lui ! Donc non, encore une fois, n'en faisons un prétexte à je ne sais quelle polémique !
Alexandre KARA
Vous êtes ministre de l'Economie, on connaitra les chiffres du chômage à la fin de la semaine, vous êtes optimiste ?
Pierre MOSCOVICI
Ce n'est pas une question d'optimisme, ce que je sais, c'est que le gouvernement est tout entier mobilisé, autour du président de la République sur une préoccupation, une priorité qui est l'emploi, l'emploi, l'emploi. Et la seule chose que je peux dire, c'est que j'ai la conviction que l'objectif d'inverser la courbe du chômage, qui est déjà en réalité en route, puisque ça fait 6 mois, que le chômage des jeunes recule, 25 000
Alexandre KARA
Mais cet objectif sera tenu à la fin de la semaine ?
Pierre MOSCOVICI
Il y a déjà eu octobre, un mois qui a montré une tendance à l'inversion du chômage. J'espère, je crois que ce sera le cas aussi cette semaine. Mais encore une fois le cap est là, l'objectif est là. Le président de la République a fixé cet objectif mobilisateur, rappelons par exemple à ceux qui nous disent, il y a trop d'emplois aidés qu'il n'y en a pas plus aujourd'hui, qu'il n'y en avait en 2009, 2010, pendant la crise, ce qui signifie qu'en réalité, il y a un travail de réforme constant qui est fait pour la croissance et l'emploi. J'en citerais quelques-unes ! Je citerais d'abord la réduction des déficits publics qui concourent à la croissance et à l'emploi. Le pacte pour la compétitivité, la croissance et l'emploi avec notamment le crédit d'impôt compétitivité emploi. J'entendais hier, Michel-Edouard LECLERC sur une radio concurrente de la vôtre, pardon ! Qui disait que ça allait lui permettre, le CICE de créer 2800 emplois cette année. 2800 ! Et c'est une source de création d'emploi que l'INSEE
Alexandre KARA
Oui, mais vous savez que les critiques par ailleurs sur le CICE, effectivement là, il y a une création d'emploi, mais beaucoup d'autres disent que c'est une usine à gaz ?
Pierre MOSCOVICI
Alexandre KARA, il y a toujours des critiques, ça il faut s'y habituer, notamment quand on est dans ma fonction. Mais si je prends l'INSEE qui a d'ailleurs une estimation en-dessous de la nôtre, il dise : 15000 emplois directs, par trimestre pour le CICE. C'est dire que c'est une mesure, une mesure de baisse de coût du travail de facto qui est une mesure qui est positive pour l'emploi et je peux citer aussi la réforme des retraites, la réforme de la formation professionnelle, la réforme du marché du travail, la loi sur la consommation qui a été votée, mais attendez
Alexandre KARA
Bien sûr, Pierre MOSCOVICI
Pierre MOSCOVICI
Cette loi, on en a peu parlé ou en tout cas, on n'en a pas assez parlé, c'est une loi qui permet d'introduire des mécanismes d'actions collectives et aussi des procédures de la concurrence dans des secteurs comme la pharmacie ou l'optique. Tout ça pour dire quoi ? C'est que nous sommes en train de faire en sorte de muscler cette croissance française pour l'emploi.
Alexandre KARA
Mais ça tombe bien, vous avez parlé de l'INSEE, dont les prévisions sont moins optimistes que celle du gouvernement. L'INSEE dit notamment que le chômage continuera d'augmenter l'an prochain ?
Pierre MOSCOVICI
Sur le chômage, je viens de vous répondre, il y a à la fois une amélioration de la situation de l'emploi marchand.
Alexandre KARA
C'est l'INSEE qui se trompe ou c'est le gouvernement ?
Pierre MOSCOVICI
Non il y a à la fois une amélioration de la situation de l'emploi marchand, qui se poursuivra et il y a aussi une mobilisation très forte des instruments de politique publique pour l'emploi, que je revendique, que j'assume
Alexandre KARA
Est-ce que les emplois aidés ne cachent pas la forêt du chômage ?
Pierre MOSCOVICI
Mais il n'y a pas là-dessus à avoir, comme le dit Michel SAPIN l'emploi aidé honteux. Quand des populations, quand des segments entiers de la population française sont éloignés de l'emploi, c'est le cas par exemple des jeunes, alors il faut les aider et il faut les aider à travers notamment ce programme d'emploi d'avenir. Vous savez moi, j'en signe, comme les autres membres du gouvernement et quand je vois quelques mois après ce que ces jeunes font, la qualification qu'ils n'avaient pas et qu'ils acquièrent, je me dis que c'est formidable, il y a les contrats de générations qui permettent à la fois de conserver un senior dans l'entreprise, et d'y faire entrer un jeune. Il y a toutes les politiques d'emploi aidés même, et donc au total, en effet, il y aura, j'en suis persuadé, convaincu et c'est le sens de notre mobilisation, une inversion de la courbe du chômage et encore une fois, ce ne sont pas des faux emplois. Arrêtons ce dénigrement, même si au fur et à mesure que la croissance reviendra, la part des emplois marchands dans la réduction du chômage sera plus importante.
Alexandre KARA
Justement, pour inciter à la création de ces emplois marchands, est-ce qu'aujourd'hui, il ne faut pas encore alléger les charges des entreprises ?
Pierre MOSCOVICI
Je pense que nous avons fait déjà beaucoup d'efforts, il y aura, vous le savez aussi, une remise à plat de la fiscalité, au sein de cette remise à plat de la fiscalité, il y aura des assises de la fiscalité des entreprises. Pour quoi faire ? Pour que cette fiscalité soit plus favorable à la compétitivité, pour qu'elle soit plus favorable à l'emploi.
Alexandre KARA
2014 verra la baisse des charges des entreprises ?
Pierre MOSCOVICI
Mais de toute façon, vous savez 2014, c'est déjà le cas, puisque le CICE prendra tous ses effets et puisque les prélèvements obligatoires sur les entreprises baisseront de 1 milliard d'euros. Il faut le savoir ! Il faut le dire !
Alexandre KARA
Mais vous-même, vous-même favorable à un allègement de l'impôt sur les sociétés, à une baisse ou éventuellement à un transfert d'une partie des charges sociales ?
Pierre MOSCOVICI
Je suis favorable à une réflexion sur notre impôt sur les sociétés dont on sait et c'est structurel, ce n'est pas lié à la conjoncture, qu'il a des taux élevés, ce qui peut porter un regard sur l'attractivité du territoire français qui est parfois critique, et qu'en même temps son assiette, comme on dit, est mitée, est trop étroite, ce qui fait que si vous regardez le taux, nous sommes probablement parmi les premiers en Europe, sinon les premiers, mais si vous regardez le produit de l'impôt sur les sociétés, nous sommes 12ème, donc l'idée d'avoir un impôt qui soit plus efficace à la fois dans les taux et dans l'assiette est une idée sur laquelle on peut travailler structurellement. Ce n'est pas contradictoire avec ce que nous avons fait, nous avons commencé à le faire depuis le début de ce quinquennat, et s'il y a une surtaxe exceptionnelle, je dis bien exceptionnelle cette année, c'est parce que justement il s'agissait d'une mesure de compensation dans le cadre de discussions que nous avions eu avec le patronat. Donc des réformes structurelles qui permettent d'avoir plus de croissance, plus d'investissements, plus d'emploi, j'y suis favorable évidemment !
Alexandre KARA
Bien sûr ! Vous parlez de plus de croissance, mais l'INSEE parle, elle, d'une croissance poussive pour l'année 2014, 0,2 au premier trimestre, 0,2 au second trimestre, ça ne va pas très loin ?
Pierre MOSCOVICI
Vous savez, on peut prendre les choses selon deux angles. L'INSEE dit reprise poussive, le président de la République a dit une reprise qu'il faut pousser. Et moi, je suis exactement sur cette ligne-là. Je signalerai d'abord que cette prévision de croissance avec l'INSEE est exactement en phase avec nos propres prévisions. Et elles montrent quoi ? Elles montrent qu'en effet, l'économie française est sortie de la récession d'ores et déjà et que deuxièmement cette économie française est une économie qui a d'ores et déjà aussi un rythme de croissance de l'ordre de 1% par an. Est-ce que c'est suffisant ? Non, nous voulons faire plus et c'est la raison pour laquelle la compétitivité, la croissance, l'emploi, la mobilisation des acteurs est fondamentale. Cet après-midi, le président de la République va réunir avec le Premier ministre plusieurs membres du gouvernement j'y serais les préfets de région. Pour quoi faire ? Pour accélérer sur le terrain, la mise en place des dispositifs. Parce qu'encore une fois, c'est l'obsession, c'est le sens même de notre action, redresser le pays, redresser ses finances publiques et redresser aussi son appareil productif pour la croissance, pour l'emploi.
Alexandre KARA
Pierre MOSCOVICI, est-ce que vous en faites assez ? Parce que quand on regarde autour de nous en Europe, l'Allemagne ou par exemple le Royaume-Uni ont une croissance, des prévisions de croissance qui sont bien supérieures à la nôtre pour 2014 ?
Pierre MOSCOVICI
Alors s'agissant du Royaume-Uni, il y a un effet de rattrapage, si on regarde le PIB en 2008 et le PIB aujourd'hui mais attendez ! Attendez !
Alexandre KARA
Oui, mais il faut regarder les résultats !
Pierre MOSCOVICI
Non, non, regardons les résultats, sur la durée, parce que quand vous avez des creux impressionnants, vous pouvez avoir des remontées qui sont un peu plus élevées, mais si vous prenez 2008 à aujourd'hui, nous sommes en train de rattraper, ce n'est pas d'ailleurs glorieux, le PIB de 2008. Nous sommes le seul grand pays d'Europe après l'Allemagne à l'avoir fait.
Alexandre KARA
Oui, mais on va se faire distancer si ça continue ?
Pierre MOSCOVICI
La Grande-Bretagne n'y est pas. Et s'agissant de l'Allemagne, écoutez, je ne veux pas refaire le coût de l'héritage, mais l'Allemagne a mis 10 ans, il y a 10 ans, l'Allemagne était considérée comme l'homme malade de l'Europe, elle a fait des réformes dont nous ne devons pas toutes nous inspirer, donc certaines, celles qui permettent la compétitivité sont pour nous des sources d'inspiration, elle est aujourd'hui une économie forte. Nous, nous sommes là depuis 18 mois, nous avons trouvé une situation dramatique, en terme de finance publique, en terme de compétitivité, en terme de chômage, en terme d'endettement, nous redressons ce pays. Nous faisons des réformes qu'aucun autre gouvernement ne l'a fait avant nous. Et je sais que les Français qui nous écoutent, ils sont impatients naturellement, ils attendent des résultats, les résultats sont là. Quels sont ces résultats ? C'est des déficits publics qui se réduisent, c'est un endettement qui est jugé comme crédible, je citerai par exemple le fait qu'une agence de notation FITCH a maintenu notre note à un niveau très élevé. C'est le fait
Alexandre KARA
Oui, mais là encore le Royaume-Uni conserve AAA.
Pierre MOSCOVICI
C'est le fait, sur cette agence nous sommes exactement à égalité AA+, mais c'est le fait surtout que nous payons ou plutôt le crédit de la France auprès des investisseurs internationaux est extraordinairement fort. C'est le faut que la compétitivité de l'économie française se redresse. C'est le fait que vous parliez de l'Allemagne, l'écart de coût du travail entre la France et l'Allemagne se resserre, et donc ça prend du temps, je le sais. Mais nous sommes sur la voie du redressement et d'abord nous avons déjà retrouvé la croissance, je souhaiterai que ce soit plus fort et nous allons accentuer encore la mise en oeuvre de nos politiques.
Alexandre KARA
Pierre MOSCOVICI très vite ! 4 opérateurs de télécoms c'est un opérateur de trop ?
Pierre MOSCOVICI
Non, je ne réponds pas à cette question-là comme ça !
Alexandre KARA
Et comment vous y répondez alors ? Parce qu'aujourd'hui, la guerre est relancée, Fleur PELLERIN veut mettre de l'ordre, comment on met de l'ordre là-dedans ? Est-ce que ça veut dire qu'il y a un problème ?
Pierre MOSCOVICI
Ca veut dire qu'il faut sans doute
Alexandre KARA
Il va y avoir un mort à la fin, vous le savez ?
Pierre MOSCOVICI
Non, non, non, il faut réguler le secteur, il faut aussi rechercher une politique qui soit commune et des ententes, la concurrence c'est bien, mais il faut aussi qu'elle se fasse dans des conditions qui soient satisfaisantes.
Alexandre KARA
Pierre MOSCOVICI vous êtes toujours fâché avec Jean-Marc AYRAULT ou ça va mieux ?
Pierre MOSCOVICI
Je n'ai jamais été fâché avec Jean-Marc AYRAULT. Non, jamais ! Jamais ! Jamais ! Jean-Marc AYRAULT est un Premier ministre réformateur, c'est un homme qui partage avec moi des convictions, et des convictions qu'on appelle sociale-démocrates. L'idée que l'immobilisme c'est le déclin, et donc je suis vraiment dans de très bonnes relations
Alexandre KARA
Mais vous n'avez pas apprécié la manière dont la réforme fiscale s'est faite sans vous ? A été annoncée sans vous en tout cas ?
Pierre MOSCOVICI
Mais il y a des légendes de cette nature-là, je suis totalement investi dans la remise à plat de la fiscalité. Il y a eu entre nous, une discussion à un moment donné sur la nomination d'un directeur au ministère des Finances, ça a duré 24 heures. Et ça n'a pas du tout eu, je ne sais quel retentissement. Les relations entre Jean-Marc AYRAULT et moi entre Matignon et Bercy sont excellentes. C'est un homme qui est un homme loyal au président, moi je suis loyal au président et au Premier ministre et encore une fois, quand il s'agit de travail, de l'action de tous les jours et notamment la remise à plat de la fiscalité, nous sommes au coeur, j'appartiens au comité de pilotage, aucune forme de malaise, au contraire, une très grande confiance entre nous.
Alexandre KARA
Donc le dernier conseil des ministres aujourd'hui, se passera en parfaite harmonie ?
Pierre MOSCOVICI
Comme les précédents.
Alexandre KARA
Vous partez en vacances ?
Pierre MOSCOVICI
J'irai prendre quelques jours de repos. Et je crois que je les ai un peu mérités. Mais je serais dans un repos laborieux comme toujours, au travail avec ce qu'il faut pour lire, mais oui, quelques jours de break me feront du bien, car cette année a été une année très, très lourde, au service de l'économie française, bien sûr !
Alexandre KARA
Alors bonnes fêtes et bonnes vacances Pierre MOSCOVICI !
Jean-Philippe BALASSE
Le ministre de l'Economie qui dont n'a jamais été fâché avec Jean-Marc AYRAULT, il était ce matin, l'invité d'Alexandre KARA sur EUROPE 1.
source : Service d'information du Gouvernement, le 2 janvier 2014
Pierre MOSCOVICI est-ce qu'un président de la République peut s'offrir le luxe d'avoir de l'humour ?
Pierre MOSCOVICI
Ce n'est pas mauvais d'avoir de l'humour quand on est président de la République, si vous faites allusion à ce qui s'est passé avec l'Algérie, le président de la République a présenté des regrets, après une boutade qui, je crois pouvait concerner n'importe quel ministre dans n'importe quel pays, l'Algérie a dit qu'il n'y avait pas lieu là, à s'émouvoir, si incident il y a eu, ce que je ne crois pas, il ne faut pas le grossir, il est totalement clos.
Alexandre KARA
Mais est-ce que le président ne doit pas être plus prudent dans le maniement de l'humour, parce que finalement une crise diplomatique pour une petite blague, ce n'est pas très raisonnable quand même ?
Pierre MOSCOVICI
Vous savez, moi, je vois François HOLLANDE souvent, je le connais bien et ce que je vois, c'est une très grande gravité qui l'habite face à la crise, une crise qui est pour lui une préoccupation de chaque instant, avec un souci qu'il a de redresser la France et puis j'ajoute qu'il est très présent à l'international, on le sait et enfin s'agissant de l'Algérie, s'il y a un président de la République qui est attaché à ce pays qui l'a montré depuis longtemps, et qui a fait de la refondation de la relation avec l'Algérie une priorité, c'est bien lui ! Donc non, encore une fois, n'en faisons un prétexte à je ne sais quelle polémique !
Alexandre KARA
Vous êtes ministre de l'Economie, on connaitra les chiffres du chômage à la fin de la semaine, vous êtes optimiste ?
Pierre MOSCOVICI
Ce n'est pas une question d'optimisme, ce que je sais, c'est que le gouvernement est tout entier mobilisé, autour du président de la République sur une préoccupation, une priorité qui est l'emploi, l'emploi, l'emploi. Et la seule chose que je peux dire, c'est que j'ai la conviction que l'objectif d'inverser la courbe du chômage, qui est déjà en réalité en route, puisque ça fait 6 mois, que le chômage des jeunes recule, 25 000
Alexandre KARA
Mais cet objectif sera tenu à la fin de la semaine ?
Pierre MOSCOVICI
Il y a déjà eu octobre, un mois qui a montré une tendance à l'inversion du chômage. J'espère, je crois que ce sera le cas aussi cette semaine. Mais encore une fois le cap est là, l'objectif est là. Le président de la République a fixé cet objectif mobilisateur, rappelons par exemple à ceux qui nous disent, il y a trop d'emplois aidés qu'il n'y en a pas plus aujourd'hui, qu'il n'y en avait en 2009, 2010, pendant la crise, ce qui signifie qu'en réalité, il y a un travail de réforme constant qui est fait pour la croissance et l'emploi. J'en citerais quelques-unes ! Je citerais d'abord la réduction des déficits publics qui concourent à la croissance et à l'emploi. Le pacte pour la compétitivité, la croissance et l'emploi avec notamment le crédit d'impôt compétitivité emploi. J'entendais hier, Michel-Edouard LECLERC sur une radio concurrente de la vôtre, pardon ! Qui disait que ça allait lui permettre, le CICE de créer 2800 emplois cette année. 2800 ! Et c'est une source de création d'emploi que l'INSEE
Alexandre KARA
Oui, mais vous savez que les critiques par ailleurs sur le CICE, effectivement là, il y a une création d'emploi, mais beaucoup d'autres disent que c'est une usine à gaz ?
Pierre MOSCOVICI
Alexandre KARA, il y a toujours des critiques, ça il faut s'y habituer, notamment quand on est dans ma fonction. Mais si je prends l'INSEE qui a d'ailleurs une estimation en-dessous de la nôtre, il dise : 15000 emplois directs, par trimestre pour le CICE. C'est dire que c'est une mesure, une mesure de baisse de coût du travail de facto qui est une mesure qui est positive pour l'emploi et je peux citer aussi la réforme des retraites, la réforme de la formation professionnelle, la réforme du marché du travail, la loi sur la consommation qui a été votée, mais attendez
Alexandre KARA
Bien sûr, Pierre MOSCOVICI
Pierre MOSCOVICI
Cette loi, on en a peu parlé ou en tout cas, on n'en a pas assez parlé, c'est une loi qui permet d'introduire des mécanismes d'actions collectives et aussi des procédures de la concurrence dans des secteurs comme la pharmacie ou l'optique. Tout ça pour dire quoi ? C'est que nous sommes en train de faire en sorte de muscler cette croissance française pour l'emploi.
Alexandre KARA
Mais ça tombe bien, vous avez parlé de l'INSEE, dont les prévisions sont moins optimistes que celle du gouvernement. L'INSEE dit notamment que le chômage continuera d'augmenter l'an prochain ?
Pierre MOSCOVICI
Sur le chômage, je viens de vous répondre, il y a à la fois une amélioration de la situation de l'emploi marchand.
Alexandre KARA
C'est l'INSEE qui se trompe ou c'est le gouvernement ?
Pierre MOSCOVICI
Non il y a à la fois une amélioration de la situation de l'emploi marchand, qui se poursuivra et il y a aussi une mobilisation très forte des instruments de politique publique pour l'emploi, que je revendique, que j'assume
Alexandre KARA
Est-ce que les emplois aidés ne cachent pas la forêt du chômage ?
Pierre MOSCOVICI
Mais il n'y a pas là-dessus à avoir, comme le dit Michel SAPIN l'emploi aidé honteux. Quand des populations, quand des segments entiers de la population française sont éloignés de l'emploi, c'est le cas par exemple des jeunes, alors il faut les aider et il faut les aider à travers notamment ce programme d'emploi d'avenir. Vous savez moi, j'en signe, comme les autres membres du gouvernement et quand je vois quelques mois après ce que ces jeunes font, la qualification qu'ils n'avaient pas et qu'ils acquièrent, je me dis que c'est formidable, il y a les contrats de générations qui permettent à la fois de conserver un senior dans l'entreprise, et d'y faire entrer un jeune. Il y a toutes les politiques d'emploi aidés même, et donc au total, en effet, il y aura, j'en suis persuadé, convaincu et c'est le sens de notre mobilisation, une inversion de la courbe du chômage et encore une fois, ce ne sont pas des faux emplois. Arrêtons ce dénigrement, même si au fur et à mesure que la croissance reviendra, la part des emplois marchands dans la réduction du chômage sera plus importante.
Alexandre KARA
Justement, pour inciter à la création de ces emplois marchands, est-ce qu'aujourd'hui, il ne faut pas encore alléger les charges des entreprises ?
Pierre MOSCOVICI
Je pense que nous avons fait déjà beaucoup d'efforts, il y aura, vous le savez aussi, une remise à plat de la fiscalité, au sein de cette remise à plat de la fiscalité, il y aura des assises de la fiscalité des entreprises. Pour quoi faire ? Pour que cette fiscalité soit plus favorable à la compétitivité, pour qu'elle soit plus favorable à l'emploi.
Alexandre KARA
2014 verra la baisse des charges des entreprises ?
Pierre MOSCOVICI
Mais de toute façon, vous savez 2014, c'est déjà le cas, puisque le CICE prendra tous ses effets et puisque les prélèvements obligatoires sur les entreprises baisseront de 1 milliard d'euros. Il faut le savoir ! Il faut le dire !
Alexandre KARA
Mais vous-même, vous-même favorable à un allègement de l'impôt sur les sociétés, à une baisse ou éventuellement à un transfert d'une partie des charges sociales ?
Pierre MOSCOVICI
Je suis favorable à une réflexion sur notre impôt sur les sociétés dont on sait et c'est structurel, ce n'est pas lié à la conjoncture, qu'il a des taux élevés, ce qui peut porter un regard sur l'attractivité du territoire français qui est parfois critique, et qu'en même temps son assiette, comme on dit, est mitée, est trop étroite, ce qui fait que si vous regardez le taux, nous sommes probablement parmi les premiers en Europe, sinon les premiers, mais si vous regardez le produit de l'impôt sur les sociétés, nous sommes 12ème, donc l'idée d'avoir un impôt qui soit plus efficace à la fois dans les taux et dans l'assiette est une idée sur laquelle on peut travailler structurellement. Ce n'est pas contradictoire avec ce que nous avons fait, nous avons commencé à le faire depuis le début de ce quinquennat, et s'il y a une surtaxe exceptionnelle, je dis bien exceptionnelle cette année, c'est parce que justement il s'agissait d'une mesure de compensation dans le cadre de discussions que nous avions eu avec le patronat. Donc des réformes structurelles qui permettent d'avoir plus de croissance, plus d'investissements, plus d'emploi, j'y suis favorable évidemment !
Alexandre KARA
Bien sûr ! Vous parlez de plus de croissance, mais l'INSEE parle, elle, d'une croissance poussive pour l'année 2014, 0,2 au premier trimestre, 0,2 au second trimestre, ça ne va pas très loin ?
Pierre MOSCOVICI
Vous savez, on peut prendre les choses selon deux angles. L'INSEE dit reprise poussive, le président de la République a dit une reprise qu'il faut pousser. Et moi, je suis exactement sur cette ligne-là. Je signalerai d'abord que cette prévision de croissance avec l'INSEE est exactement en phase avec nos propres prévisions. Et elles montrent quoi ? Elles montrent qu'en effet, l'économie française est sortie de la récession d'ores et déjà et que deuxièmement cette économie française est une économie qui a d'ores et déjà aussi un rythme de croissance de l'ordre de 1% par an. Est-ce que c'est suffisant ? Non, nous voulons faire plus et c'est la raison pour laquelle la compétitivité, la croissance, l'emploi, la mobilisation des acteurs est fondamentale. Cet après-midi, le président de la République va réunir avec le Premier ministre plusieurs membres du gouvernement j'y serais les préfets de région. Pour quoi faire ? Pour accélérer sur le terrain, la mise en place des dispositifs. Parce qu'encore une fois, c'est l'obsession, c'est le sens même de notre action, redresser le pays, redresser ses finances publiques et redresser aussi son appareil productif pour la croissance, pour l'emploi.
Alexandre KARA
Pierre MOSCOVICI, est-ce que vous en faites assez ? Parce que quand on regarde autour de nous en Europe, l'Allemagne ou par exemple le Royaume-Uni ont une croissance, des prévisions de croissance qui sont bien supérieures à la nôtre pour 2014 ?
Pierre MOSCOVICI
Alors s'agissant du Royaume-Uni, il y a un effet de rattrapage, si on regarde le PIB en 2008 et le PIB aujourd'hui mais attendez ! Attendez !
Alexandre KARA
Oui, mais il faut regarder les résultats !
Pierre MOSCOVICI
Non, non, regardons les résultats, sur la durée, parce que quand vous avez des creux impressionnants, vous pouvez avoir des remontées qui sont un peu plus élevées, mais si vous prenez 2008 à aujourd'hui, nous sommes en train de rattraper, ce n'est pas d'ailleurs glorieux, le PIB de 2008. Nous sommes le seul grand pays d'Europe après l'Allemagne à l'avoir fait.
Alexandre KARA
Oui, mais on va se faire distancer si ça continue ?
Pierre MOSCOVICI
La Grande-Bretagne n'y est pas. Et s'agissant de l'Allemagne, écoutez, je ne veux pas refaire le coût de l'héritage, mais l'Allemagne a mis 10 ans, il y a 10 ans, l'Allemagne était considérée comme l'homme malade de l'Europe, elle a fait des réformes dont nous ne devons pas toutes nous inspirer, donc certaines, celles qui permettent la compétitivité sont pour nous des sources d'inspiration, elle est aujourd'hui une économie forte. Nous, nous sommes là depuis 18 mois, nous avons trouvé une situation dramatique, en terme de finance publique, en terme de compétitivité, en terme de chômage, en terme d'endettement, nous redressons ce pays. Nous faisons des réformes qu'aucun autre gouvernement ne l'a fait avant nous. Et je sais que les Français qui nous écoutent, ils sont impatients naturellement, ils attendent des résultats, les résultats sont là. Quels sont ces résultats ? C'est des déficits publics qui se réduisent, c'est un endettement qui est jugé comme crédible, je citerai par exemple le fait qu'une agence de notation FITCH a maintenu notre note à un niveau très élevé. C'est le fait
Alexandre KARA
Oui, mais là encore le Royaume-Uni conserve AAA.
Pierre MOSCOVICI
C'est le fait, sur cette agence nous sommes exactement à égalité AA+, mais c'est le fait surtout que nous payons ou plutôt le crédit de la France auprès des investisseurs internationaux est extraordinairement fort. C'est le faut que la compétitivité de l'économie française se redresse. C'est le fait que vous parliez de l'Allemagne, l'écart de coût du travail entre la France et l'Allemagne se resserre, et donc ça prend du temps, je le sais. Mais nous sommes sur la voie du redressement et d'abord nous avons déjà retrouvé la croissance, je souhaiterai que ce soit plus fort et nous allons accentuer encore la mise en oeuvre de nos politiques.
Alexandre KARA
Pierre MOSCOVICI très vite ! 4 opérateurs de télécoms c'est un opérateur de trop ?
Pierre MOSCOVICI
Non, je ne réponds pas à cette question-là comme ça !
Alexandre KARA
Et comment vous y répondez alors ? Parce qu'aujourd'hui, la guerre est relancée, Fleur PELLERIN veut mettre de l'ordre, comment on met de l'ordre là-dedans ? Est-ce que ça veut dire qu'il y a un problème ?
Pierre MOSCOVICI
Ca veut dire qu'il faut sans doute
Alexandre KARA
Il va y avoir un mort à la fin, vous le savez ?
Pierre MOSCOVICI
Non, non, non, il faut réguler le secteur, il faut aussi rechercher une politique qui soit commune et des ententes, la concurrence c'est bien, mais il faut aussi qu'elle se fasse dans des conditions qui soient satisfaisantes.
Alexandre KARA
Pierre MOSCOVICI vous êtes toujours fâché avec Jean-Marc AYRAULT ou ça va mieux ?
Pierre MOSCOVICI
Je n'ai jamais été fâché avec Jean-Marc AYRAULT. Non, jamais ! Jamais ! Jamais ! Jean-Marc AYRAULT est un Premier ministre réformateur, c'est un homme qui partage avec moi des convictions, et des convictions qu'on appelle sociale-démocrates. L'idée que l'immobilisme c'est le déclin, et donc je suis vraiment dans de très bonnes relations
Alexandre KARA
Mais vous n'avez pas apprécié la manière dont la réforme fiscale s'est faite sans vous ? A été annoncée sans vous en tout cas ?
Pierre MOSCOVICI
Mais il y a des légendes de cette nature-là, je suis totalement investi dans la remise à plat de la fiscalité. Il y a eu entre nous, une discussion à un moment donné sur la nomination d'un directeur au ministère des Finances, ça a duré 24 heures. Et ça n'a pas du tout eu, je ne sais quel retentissement. Les relations entre Jean-Marc AYRAULT et moi entre Matignon et Bercy sont excellentes. C'est un homme qui est un homme loyal au président, moi je suis loyal au président et au Premier ministre et encore une fois, quand il s'agit de travail, de l'action de tous les jours et notamment la remise à plat de la fiscalité, nous sommes au coeur, j'appartiens au comité de pilotage, aucune forme de malaise, au contraire, une très grande confiance entre nous.
Alexandre KARA
Donc le dernier conseil des ministres aujourd'hui, se passera en parfaite harmonie ?
Pierre MOSCOVICI
Comme les précédents.
Alexandre KARA
Vous partez en vacances ?
Pierre MOSCOVICI
J'irai prendre quelques jours de repos. Et je crois que je les ai un peu mérités. Mais je serais dans un repos laborieux comme toujours, au travail avec ce qu'il faut pour lire, mais oui, quelques jours de break me feront du bien, car cette année a été une année très, très lourde, au service de l'économie française, bien sûr !
Alexandre KARA
Alors bonnes fêtes et bonnes vacances Pierre MOSCOVICI !
Jean-Philippe BALASSE
Le ministre de l'Economie qui dont n'a jamais été fâché avec Jean-Marc AYRAULT, il était ce matin, l'invité d'Alexandre KARA sur EUROPE 1.
source : Service d'information du Gouvernement, le 2 janvier 2014