Déclaration de Mme Nicole Bricq, ministre du commerce extérieur, sur les relations économiques franco-ethiopiennes, Addis Abeba le 19 décembre 2013.

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Circonstance : Ouverture du Forum franco-éthiopien d'affaires, Addis Abeba le 19 décembre 2013.

Texte intégral

Monsieur le Vice-Premier Ministre en charge du Développement économique (et Ministre des Télécommunications, GEBREMICHAEL Debtetsion)
Madame la Présidente (de la chambre de commerce d'Ethiopie, MULU Solomon)
Madame l'Ambassadrice,
Monsieur le Sénateur,
Mesdames et Messieurs,
1. Ce premier Forum d'affaires à Addis-Abeba est d'abord l'occasion de saluer le dynamisme, la capacité d'innovation et l'enthousiasme des entreprises aujourd'hui présentes, ainsi que le rôle essentiel qu'elles jouent dans la prospérité de nos deux pays
Membres de la délégation française, entreprises éthiopiennes mobilisées par les Chambres de Commerce d'Ethiopie et d'Addis-abeba ainsi que par EAGate et Ubifrance (l'agence de l'Etat chargée du développement à l'international de nos PME), je voulais d'abord vous dire tous mes encouragements pour continuer d'oser, comme vous le faites, l'international.
Je tenais à cet égard à revenir quelques minutes sur la délégation qui m'accompagne, 25 entreprises françaises, grands groupes comme PME et ETI, qui illustrent bien, il me semble, la nouvelle ambition de la France avec l'Ethiopie.
Vous le savez, la France a fait du renouveau de sa relation économique avec l'Afrique un pilier de son action extérieure. Le Sommet de l'Elysée, auquel ont participé les plus hautes autorités éthiopiennes, était là pour y insister. C'est donc pour moi un signal fort qu'après ce Sommet, j'ai fait de l'Ethiopie mon déplacement prioritaire en Afrique subsaharienne.
2. Forts d'une relation sincère et de longue date, nos deux pays ont manifesté la volonté de se rapprocher encore davantage, tant sur le plan politique que sur le plan économique
C'est l'engagement qu'ont pris le Président de la République et le Premier Ministre éthiopien au cours d'une année où ils se sont rencontrés à trois reprises.
La France restera toujours attachée à ses partenaires historiques, que sont les pays de la francophonie.
Mais elle veut également être partout où se trouve le dynamisme, la volonté d'ouverture, la croissance et la demande.
C'est pourquoi, chers amis Ethiopiens, elle veut être ici, avec vous, pour travailler au présent et à l'avenir de votre pays.
Tisser des liens plus solides, plus durables, plus concrets encore passe par le renforcement des relations entre nos entreprises, dont je m'engage pour ma part à faciliter le dialogue et l'action commune.
3. L'Ethiopie est en train de changer à une cadence extraordinaire qui impose à ses partenaires une réactivité de tout instant
Il suffit de prendre un vol d'Ethiopian airlines comme je viens de le faire (et le ferai encore demain) pour s'en rendre compte : l'Ethiopie a mis le cap sur une nouvelle ère de son Histoire, où elle entend assumer pleinement son rôle au sein du continent (la présence du siège de l'Union africaine est là pour nous le rappeler.
Avec sa croissance de plus de 10%, avec son mieux être qui est partout palpable, avec ses 90 millions d'habitants qui envisagent avec détermination et sérénité une vie meilleure et pour longtemps, ce pays, vrai carrefour de l'Afrique de l'Est, veut attirer à lui les savoir-faire du monde entier pour répondre à une demande en pleine effervescence.
La France, quant à elle, doit répondre présente au rendez-vous que l'Ethiopie donne au monde.
Nous devons donc être réactifs pour répondre aux besoins essentiels de la population (eau, énergie, alimentation).
J'irai ainsi visité l'entreprise Hilina, partenaire de la société Nutriset (encore une PME), pour saluer les synergies entre nos entreprises dans le domaine de la lutte contre la malnutrition.
J'irai demain visiter la ferme éolienne d'Ashegoda, près de Merkele, inauguré en octobre dernier, afin de saluer le travail remarquable accompli par les entreprises Vergnet et Alstom, et que les autorités de nos deux pays soutiennent sans failles depuis 2008, notamment à travers un apport de garantie exceptionnel.
Nous serons maintenant plus réactifs en matière de financement.
A ce sujet, je le sais, le financement peut parfois être une difficulté pour venir à terme des projets poursuivis par nos entreprises. Contrairement à d'autres concurrents, nous continuerons à respecter les standards multilatéraux, en particulier ceux de l'OCDE. Néanmoins, comme l'a souhaité le chef de l'Etat à l'occasion du Sommet Afrique-France, j'ai le plaisir de vous annoncer aujourd'hui que dès début 2014, les garanties octroyées par notre assureur-crédit Coface au nom de l'Etat seront ouvertes à l'ensemble des acheteurs, souverains comme non-souverains.
Et je rappelle que notre instrument de soutien, le don FASEP, qui n'a jamais été utilisé ici, est à la disposition des bénéficiaires publics locaux pour financer des études de faisabilité en amont de projets.
Enfin, dès que les conditions seront réunies, d'autres mécanismes seront mis en place, je pense en particulier aux prêts de la Réserve Pays Emergents, qui complèteront ce que fait déjà l'Agence Française de Développement.
Nous devons même être proactifs en matière de réponse aux besoins.
J'ai cité les grands chantiers d'infrastructures compris dans le Growth and Transformation Plan qui couvre les années 2010-2015 (en France, on parlerait de plan quinquennal) élaboré par le Gouvernement, je reviendrai évidemment sur l'aéronautique. Mais je tenais également à le dire, puisque c'est ma conviction, l'Ethiopie va voir émerger des couches moyennes avec des besoins nouveaux, des volontés de consommer différemment. La seule présence de l'Oréal dans ma délégation en atteste. Et je le dis souvent, quand l'Oréal est là, c'est que le pays est dans la bonne voie.
4. Tout cela doit concourir à un objectif ambitieux que je fixe, celui de tripler nos échanges commerciaux en 3 ans.
Les entreprises françaises ici présentes ont à coeur de créer avec leurs homologues éthiopiennes de la richesse, de la croissance et de l'emploi, d'investir sur place dans le cadre de partenariats locaux pour vous appuyer dans le développement de votre industrie. Il est évidemment préférable que l'Ethiopie fasse sa pleine entrée dans la mondialisation en s'inscrivant au meilleur endroit dans la chaîne de valeurs.
S'agissant des entreprises françaises, vous pouvez compter sur elles pour ne pas viser le low cost, mais des productions riches en main d'oeuvre et en valeur ajoutée tels que les services de paiement mobiles, l'ingénierie de projets, la certification, les produits de l'alimentation ou encore les systèmes de sécurité.
Les BtoB qui vont être organisés dans le cadre ce Forum, dont je souhaite qu'il se tienne régulièrement, alternativement à Paris et à Addis, contribueront à faire « matcher » l'offre et la demande.
L'Ethiopie est un pays ami. Nous voulons désormais qu'il soit aussi un partenaire.
Je l'avais dit parlant du continent dans son intégralité, mais cela s'applique bien à ce pays. L'Ethiopie est éveillée et nous devons nous réveiller ! C'est déjà le cas, à nouveau, des entreprises qui m'accompagnent.
Je vous souhaite à tous de bons travaux et de très bonnes fêtes de fin d'année.
Vive l'Ethiopie !
Vive la France !
Vive l'amitié franco-éthiopienne !
Source www.ambafrance-et.org, le 8 janvier 2014