Texte intégral
CHRISTOPHE BARBIER
Bienvenue, bonjour. Tout à lheure cest la rentrée du gouvernement. Petit déjeuner place Beauvau, et puis après lElysée. Alors dans quelle humeur va-t-on trouver ce gouvernement ?
GENEVIEVE FIORASO
Dabord bonjour et bonne année. Requinqué, on a eu une petite trêve, même si quand on est ministre et lorsquon est membre dun gouvernement dans un pays qui se pose beaucoup de questions sur son avenir, qui est en Europe où on doit faire face à des sujets assez inédits. On pense toujours en réalité à son travail. On narrive pas vraiment à décrocher.
CHRISTOPHE BARBIER
La crise pèse toujours quand même sur laction des ministres.
GENEVIEVE FIORASO
Cest notre responsabilité, surtout dy faire face et dy trouver des réponses. Mais le président de la République a donné le la. Nous a rappelé une fois de plus, mais nous ça ne nous a pas étonné parce que cest ce quon entend tous les mercredis au conseil des ministres, il nous a donné sa priorité : lemploi, lemploi, toujours lemploi.
CHRISTOPHE BARBIER
Alors on va y venir, mais cest aussi une année particulière que lannée 2014. Cest lannée des élections, municipales, européennes. Ca va être aussi lannée dun remaniement probable. Ca pèse sur les esprits ?
GENEVIEVE FIORASO
Vous savez le remaniement, larlésienne du remaniement on la déjà entendu plusieurs fois.
CHRISTOPHE BARBIER
Ca finira par arriver !
GENEVIEVE FIORASO
Ca finira bien par arriver un jour. En attendant il faut travailler. Je crois quil ne faut pas se poser de questions et un ministre encore moins que tout autre, jallais dire. Que vous les journalistes vous posiez des questions cest normal. Nous on doit faire notre travail dans le temps qui nous est imparti, on doit toujours faire comme si ça pouvait sarrêter demain. Cest-à-dire faire le maximum dans notre journée de travail.
CHRISTOPHE BARBIER
Manuel VALLS qui vous reçoit est un prétendant pour Matignon, peut-être lElysée un jour. Ca va jouer dans lambiance de la matinée ?
GENEVIEVE FIORASO
Non pas du tout. Pas du tout. Je crois quon va parler travail. On va dabord être content de se retrouver, on va échanger. Et puis on va parler des priorités de cette année. Non, encore une fois, encore une fois la France est confrontée quand même, jallais dire à une crise de croissance. Oui nous devons rebondir. Rebondir sur le plan industriel, sur le plan de la recherche, mieux former, donc des sujets qui mintéressent en tant que ministre de la recherche et de lenseignement supérieur. Créer des emplois, arriver à un seuil de croissance qui nous permet de créer des emplois. Convaincre les Français dinvestir plutôt que dépargner. Le taux dépargne na jamais été aussi élevé. Retrouver la confiance, je crois que cest plus important que toutes les tergiversations sur lavenir duntel ou untel.
CHRISTOPHE BARBIER
Alors vous, vous êtes gâtée parce que vous retournez à lElysée cet après-midi pour un tête-à-tête avec le président. De quoi allez-vous lui parler ?
GENEVIEVE FIORASO
Vous savez je lui laisse quand même la primeur des propos que je vais lui dire. Je crois que cest normal quau bout de 18 mois on fasse un bilan en tête à tête sur le travail qui a été effectué. Tout dabord pour mettre en mouvement luniversité et la recherche et surtout luniversité et lenseignement supérieur. Jai passé 18 mois vraiment à me concentrer sur lamélioration des conditions de formation des étudiants, et sur lengagement des universités qui est réel, je lai vérifié. Jai fait le tour de France des universités, jai vérifié leur engagement, leur modernité. On a une image des universités qui ne correspond pas à ce quelles sont vraiment.
CHRISTOPHE BARBIER
Elles veulent vraiment emmener les jeunes vers lemploi maintenant.
GENEVIEVE FIORASO
Absolument, absolument ! Dailleurs il y a eu une récente étude de lOCDE qui a surpris tout le monde. Pas moi, parce que javais vu sur le terrain lengagement encore une fois des équipes des universités et des écoles et des établissements enseignement supérieur. Cette étude de lOCDE dit quun diplômé de lenseignement supérieur, quelquun qui sort de luniversité avec un diplôme Bac+5 ont entre 90 et 97% de chance dêtre inséré professionnellement, durablement avec un contrat durable. Donc vous voyez ça ne correspond pas aux a priori que lon peut avoir. Même dans les sciences humaines et sociales, dans les disciplines où on croit apparemment que cest plus difficile que dans les disciplines de sciences plus dures dêtre inséré professionnellement.
CHRISTOPHE BARBIER
Alors le ton de cette rentrée est aussi donné par les voeux du président du 31 décembre. Vous avez noté comme chacun le tournant social libéral du président.
GENEVIEVE FIORASO
Social démocrate, mais il a toujours été sur une ligne sociale démocrate.
CHRISTOPHE BARBIER
Tout de même, priorité aux entreprises, la main tendue, ça cest social libéral.
GENEVIEVE FIORASO
Mais le rapport GALLOIS que disait-il dautre sur la compétitivité des entreprises dans lequel il préconisait, et je len remercie une fois de plus la sanctuarisation de la recherche, pour laquelle je me bats depuis des années, bien avant dêtre ministre. Où il préconisait la diffusion de cette recherche, son transfert pour créer de lemploi grâce à linnovation, la diffusion de linnovation. En tant quélue de Grenoble jai une certaine expérience dans le domaine, jai travaillé dix ans en entreprise. Donc ce gouvernement a toujours soutenu les entreprises qui investissent, et veut les pousser à investir. Si nous ninvestissons pas davantage nous ne créerons pas demploi. Donc il faut retrouver la confiance pour linvestissement. Simplement ça navait peut-être pas été aussi formalisé aussi clairement. Là, au moins la ligne est claire, la ligne est cohérente, elle est cohérente avec ce que nous faisons depuis 18 mois.
CHRISTOPHE BARBIER
Et il y aura aussi une loi pour la formation professionnelle, lemploi, lemploi, lemploi a martelé François HOLLANDE.
GENEVIEVE FIORASO
Oui.
CHRISTOPHE BARBIER
Cette loi en quoi vous concerne-t-elle vous à la recherche et à lenseignement supérieur ?
GENEVIEVE FIORASO
Où sont les meilleurs pédagogues aujourdhui ? Ils sont à luniversité, ils sont dans lenseignement public, bien entendu. Donc il faut que luniversité qui pour linstant démarche que pour 4% dans ce gros budget de la formation professionnelle soit davantage présente. Donc nous allons lancer deux initiatives. Dabord jai mis la formation tout au long de la vie dans les missions de lenseignement supérieur public, ce qui navait jamais été fait. Et puis nous allons accueillir 200.000 chômeurs ou personnes en reconversion pour les former, les reconvertir et leur permettre de retrouver un emploi, de sinsérer à nouveau. Nous allons aussi nous adresser aux décrocheurs qui ont pu avoir un travail mais pas très qualifiés mais qui ont acquis une expérience, et nous allons par la valorisation des acquis de lexpérience, nous allons leur donner un diplôme avec un tutorat, avec un travail qui va les engager sur plusieurs années. Donc des initiatives très précises. Et puis nous voulons emmener ces 50% dune classe dâge à la diplomatie de lenseignement supérieur. Aujourdhui nous sommes à 42%. Cest un objectif de Lisbonne fixé par lEurope il y a dix ans, nous ne lavons pas atteint. LAllemagne la atteint par exemple. Donc nous allons nous donner les moyens, cest linnovation pédagogique, cest lalternance. Cest tout ce que nous remettons en mouvement dans luniversité.
CHRISTOPHE BARBIER
Et comment faire pour que les jeunes les plus brillants, ceux qui sont très bien diplômés ne partent pas à létranger après avoir fait de la recherche pour y créer des start-up ?
GENEVIEVE FIORASO
Dabord cest formidable de partir à létranger, tous ceux qui ont une expérience à létranger autour de vous vous le dirons, mais ils reviennent ensuite parce quil y a en France une qualité de vie, il y a un attachement au pays qui vous a formé. Et ils reviennent riches dune expérience de létranger. Et puis sils restent à létranger, pourquoi pas. Ce seront nos meilleurs ambassadeurs.
CHRISTOPHE BARBIER
On a payé leurs études et ils vont faire profiter
GENEVIEVE FIORASO
Oui mais nous accueillons aussi dans nos docteurs, les doctorants 40% de jeunes qui viennent de létranger et certains restent ici. Donc si vous voulez luniversité elle échappe au cocorico, luniversité elle transmet la culture française dans le monde et cest important que luniversité diffuse dans le monde. Mais nous devons, vous avez raison, nous ne devons pas perdre nos talents, mais les chiffres montrent que ce nest pas le cas.
CHRISTOPHE BARBIER
Alors il y a une université qui vit une rentrée difficile cest celle de Versailles Saint-Quentin, est-ce que vous lui donnerez les 4 millions deuros qui manquent à sa trésorerie ?
GENEVIEVE FIORASO
Alors là, ça nest pas comme ça du tout quil faut poser la question. Dabord il faut analyser les choses, nous lavons fait très vite. Pourquoi manque t-il de la trésorerie ? Parce quil y a eu, la Cour des Comptes la dit, nous lavons vérifié par laccompagnement que nous avons maintenant mis en place au moment du passage à lautonomie. Donc suite à la loi votée par
CHRISTOPHE BARBIER
PECRESSE.
GENEVIEVE FIORASO
PECRESSE, le compte ny était pas. Cest-à-dire que le glissement vieillissement technicité, excusez-moi cest un peu technique nétait pas pris en compte. Bref, laugmentation des salaires
CHRISTOPHE BARBIER
Remettez de largent !
GENEVIEVE FIORASO
Des charges, attendez, nétait pas pris en compte. Mais surtout on navait pas regardé de près les budgets. Et il y avait des recettes que la Cour des Comptes, je lui laisse ce mot, qualifie peut-être dinsincères, en tout cas qui ont été majorées de 18 millions deuros.
CHRISTOPHE BARBIER
Léquipe dirigeante a triché ?
GENEVIEVE FIORASO
Non na pas triché, a majoré des recettes, a été optimiste sur les recettes. Donc ces 18 millions deuros qui ont été dépensés évidemment ils nont pas été avérés, donc ils manquent à la trésorerie, donc nous avons regardé avec luniversité ce qui pouvait être fait en toute responsabilité parce que si chaque fois quune université a ainsi majorité des recettes ou
CHRISTOPHE BARBIER
Sest trompée
GENEVIEVE FIORASO
Sest trompée dans sa gestion.
CHRISTOPHE BARBIER
Il faut payer.
GENEVIEVE FIORASO
Il faut payer. On ne sen sort pas. Et surtout on pénalise ceux qui ont fait des efforts. Donc jai mis en place une formation pour les nouvelles équipes parce quon napprend pas dun seul coup comme ça à gérer un budget. Et nous avons recouvré également près de 3 millions de factures qui avaient été envoyées mais qui navaient pas été recouvrées.
CHRISTOPHE BARBIER
Et elles menacent de fermer au mois de février. Vous lempêcherez ?
GENEVIEVE FIORASO
Non cest absolument faux, vous navez pas regardez les dernières informations où il remercie le ministère de laccompagnement qui est fait et où il dit quil ny a aucun risque de fermeture.
CHRISTOPHE BARBIER
Donc vous pouvez rassurer les étudiants ce matin, ils auront une fac ouverte en février.
GENEVIEVE FIORASO
Je rassure absolument les étudiants, les parents, nous lavons fait, et même le président de luniversité, qui était assez inquiet, comme vous avez pu le constater, donc qui lançait des appels au secours, nous laccompagnons, nous lavons au téléphone de nombreuses fois par jour. Nous laccompagnons, mais nous laccompagnons avec rigueur. Et nous avons déjà recouvré près de trois millions deuros de créances qui navaient simplement pas été payés, des factures impayées.
CHRISTOPHE BARBIER
Christiane TAUBIRA envisage pour cette année que le divorce par consentement mutuel ne passé plus devant le juge, mais soit traité au greffe, plus facilement. Est-ce que cest une bonne idée ? Et cest presque autant à la femme quà la ministre que je madresse.
GENEVIEVE FIORASO
Ecoutez pour lavoir vécu, ce nest pas une expérience traumatisante, mais si ça peut décharger les juges, pourquoi pas. Parce que les juges ont quand même beaucoup de jugements parfois en retard, donc il vaut mieux quils sintéressent aux conflits lorsquon divorce par consentement mutuel cest quon a su dépasser le conflit. Donc ça ne me choque absolument pas.
CHRISTOPHE BARBIER
Lambiance sur les élections municipales va peser bien entendu sur ce printemps. Est-ce que vous pensez que la gauche va être sanctionnée dans ses villes, notamment la votre Grenoble parce que le gouvernement na pas les résultats quil escomptait.
GENEVIEVE FIORASO
Vous savez il faut toujours être prudent dans les pronostics électoraux parce que jai vécu moi la défaite dHubert DUBEDOU à Grenoble que personne navait vu venir
CHRISTOPHE BARBIER
En 83 face à Alain CARIGNON.
GENEVIEVE FIORASO
Et qui était parfaitement injuste. Oui, que jai battu aux élections législatives lorsquil a voulu se représenter quand il est sorti de prison après sa peine de non éligibilité. Donc vous voyez lhistoire parfois
CHRISTOPHE BARBIER
Donc tout peut arriver, rien nest acquis quand même dans ces municipales.
GENEVIEVE FIORASO
A des tournants imprévisibles.
CHRISTOPHE BARBIER
Il ny a pas dusure, quand même des équipes municipales sortantes qui sont en place depuis longtemps à gauche.
GENEVIEVE FIORASO
Je crois quand les maires sont reconnus, quand ils ont fait un travail sérieux, à la fois de gestion mais aussi damélioration de la qualité de la vie, de prise en compte de la solidarité, de dynamisation des territoires, eh bien je crois que ça se passe très bien pour ces maires là. Et ces maires des grandes villes en majorité ils sont de gauche, donc je nai pas vraiment dinquiétude. En tant que ministre je veux travailler davantage dailleurs avec les collectivités. Je crois que cétait une grande erreur de mes prédécesseurs cest davoir oublié les collectivités territoriales, pour linnovation, pour lenseignement supérieur, pour lamélioration de la qualité de la vie des étudiants : le logement, mais aussi le sport, laccès aux activités culturelles, vous savez ce que cest, ça ouvre lesprit. Et bien je crois que cest indispensable de davantage travailler avec les collectivités, mais dans un effort de réduction des dépenses publiques.
CHRISTOPHE BARBIER
Est-ce que Mickaël SCHUMACHER est bien soigné au CHU de Grenoble, ou est-ce quil ne faudra pas le transférer pour la suite à Paris ou à Berlin ?
GENEVIEVE FIORASO
Alors sans être chauvine, cest le meilleur service de neurochirurgie en Europe, lun des meilleurs en tout cas. Le professeur BENABID qui est quelquun qui est nobélisable lavait encore renforcé, maintenant il travaille sur des projets de recherche à Grenoble. Et tous ces successeurs, le professeur Michel GUET (phon), le professeur CHABARDES, qui ont opéré, sont vraiment des experts reconnus au niveau international pour la neurochirurgie donc il est dans les meilleurs mains du monde. Maintenant il est dans un état critique et je lui souhaite vraiment de sen sortir parce que cest un magnifique champion. Et puis cest son anniversaire aujourdhui. Jespère que toute lamitié quil y a autour de lui, lui donnera des forces pour sen sortir.
CHRISTOPHE BARBIER
Geneviève FIORASO merci, bonne journée.
GENEVIEVE FIORASO
Merci à vous.
Source : Service d'information du gouvernement, le 6 janvier 2014