Texte intégral
JEAN-MICHEL APHATIE
Bonjour, Najat VALLAUD-BELKACEM.
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Bonjour.
JEAN-MICHEL APHATIE
Des industriels chinois vont entrer au capital de PEUGEOT CITROEN, vous confirmez l'accord ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Je confirme que la direction de PSA a en effet indiqué vouloir travailler à des projets de développement industriel et commercial, appelant y compris de nouveaux partenariats, dont DONGFENG...
JEAN-MICHEL APHATIE
L'Etat va rentrer aussi au capital de PSA ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Mais, pour le moment, laissons PSA communiquer sur le fait que les discussions aient abouti ou pas. Quant à l'Etat, c'est encore une autre question, c'est celle de l'augmentation du capital de PSA que PSA recherche aussi
JEAN-MICHEL APHATIE
L'Etat va y participer ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
De ce point de vue François HOLLANDE l'a indiqué, si nous sommes sollicités, nous interviendrons, je vous rappelle d'ailleurs que l'Etat est très présent aux côtés de PSA par exemple par la garantie de 7 milliards qu'il a apportés à sa banque
JEAN-MICHEL APHATIE
Ce n'est pas la même chose d'être au capital, d'avoir des administrateurs en tant quactionnaires, c'est autre chose, c'est une autre dimension ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Oui ! C'est pour cela que je vous dis, si nous sommes sollicités, nous interviendrons. Nous sommes très attachés au devenir de PSA, nous sommes très attachés à son développement pérenne et nous sommes très attachés aussi à son ancrage français, ce qui n'exclut pas d'ailleurs des partenariats internationaux.
JEAN-MICHEL APHATIE
Deux siècles que la famille PEUGEOT dirigeait PSA, c'est le symbole du déclin industriel français ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Pourquoi déclin ?
JEAN-MICHEL APHATIE
Parce que
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Précisément se dessine peut-être en ce moment même
JEAN-MICHEL APHATIE
Parce que sans les Chinois on n'y arriverait pas ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Les clés d'une réussite au contraire
JEAN-MICHEL APHATIE
Avec des Chinois !
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Mais les partenariats internationaux, vous savez, c'est monnaie courante aujourd'hui, je pense que c'est l'une des clés pour rebondir et permettre à PSA de pérenniser son activité et de la développer même.
JEAN-MICHEL APHATIE
Hum ! Hum. Autre sujet dans l'actualité, plusieurs milliers de personnes ont défilé hier à Paris pour protester contre un amendement présenté à l'Assemblée nationale par des députés Socialistes, amendement qui vise à supprimer la notion de détresse contenue dans la loi VEIL de 1975 qui légalise l'interruption volontaire de grossesse. Pourquoi faut-il changer la loi, Najat VALLAUD-BELKACEM ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
D'abord plusieurs milliers de personnes ont défilé, comme elles défilent chaque année, pour protester contre le droit à l'IVG, soyons clairs c'est une constante, il y a encore aujourd'hui dans notre pays des gens qui n'admettent toujours pas que les femmes aient la liberté de disposer de leur corps. Ensuite
JEAN-MICHEL APHATIE
Pourquoi faut-il changer la loi ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Ensuite ce que proposent les parlementaires Socialistes en effet, c'est
JEAN-MICHEL APHATIE
Et que vous soutenez, j'imagine ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Que je soutiens ! Absolument. Et je vais vous expliquer pourquoi, c'est de supprimer de la loi la référence à la notion de détresse comme une condition d'accès à l'IVG. Pourquoi est-ce qu'ils proposent cela les parlementaires Socialistes ? Parce que précisément aujourd'hui le droit à l'IVG doit être considéré comme un droit à part entière, qui ne doit pas être conditionné par une justification quelconque que l'on imposerait aux femmes - les femmes doivent pouvoir avoir la liberté de choisir si elles souhaitent mener à terme ou pas une grossesse - et cette autonomie de choix, eh bien, c'est extrêmement important de le réaffirmer à un moment où l'on voit bien autour de nous que les tentations de régression en matière d'IVG sont très présentes, on le voit en Espagne par exemple, mais aussi dans d'autres pays européens, donc nous la France, avec cet amendement, avec l'extension du délit d'entrave - sur lequel nous reviendrons peut-être tout à l'heure nous réaffirmons et nous confortons au contraire le droit d'accès à l'IVG.
JEAN-MICHEL APHATIE
Vous ne craignez pas de diviser la société, après le printemps dernier l'opposition à « UN MARIAGE POUR TOUS » maintenant peut-être un mouvement qui pourrait se dessiner contre l'amendement que les Socialistes proposent à l'Assemblée nationale ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Non ! Je crois qu'il ne faut pas se tromper. L'immense majorité des Français adhèrent totalement au droit à l'IVG et comprennent en quoi il est indispensable pour que les femmes puissent être réellement autonomes et libres, sans liberté
JEAN-MICHEL APHATIE
Il n'y a pas de risque d'après vous d'une opposition, d'une fracture à nouveau dans la société française comme au printemps dernier ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Il n'y a pas de risque de fracture de la société française ! Non ? C'est, je crois, une évidence. Qu'il y ait, en revanche - de façon périphérique - des opposants à tout progrès, des opposants à la liberté des femmes, des opposants à l'égalité hommesfemmes, oui ça existe, les lobbies conservateurs sont très présents, on les a vus lors du mariage pour tous et ils continueront à se manifester, mais je crois qu'ils ne représentent pas vraiment la société française, non, loin de là.
JEAN-MICHEL APHATIE
Après le Sénat, l'Assemblée nationale étudie à partir d'aujourd'hui un projet de loi que vous lui présentez pour l'égalité entre les femmes et les hommes, congé parental, pension alimentaire, lutte contre les violences, parité, quota - il y a beaucoup de choses dans cette loi - parce qu'il y a beaucoup d'inégalités encore en France entre les femmes et les hommes ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Oui ! Il y a beaucoup d'inégalités entre les femmes et les hommes
JEAN-MICHEL APHATIE
De la part des hommes ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Oui ! Il y a beaucoup de choses dans la loi. Mais, en même temps, tout ce qui est dans la loi est utile, indispensable et même et fait sens, et précisément c'est l'objet de cette loi que de faire sens, c'est la première fois que nous avons un texte qui s'intéresse aussi bien aux inégalités professionnelles, aux inégalités domestiques, aux violences faites aux femmes ou à la parité. Pourquoi est-ce que nous avons mis tous ces sujets ensemble ? Parce qu'en réalité toutes ces inégalités elles se tiennent, c'est parce que vous n'avez pas une équité par exemple dans le partage des responsabilités parentales entre les hommes et les femmes que vous n'avez pas d'égalité professionnelle et, tant que vous n'accepterez pas de regarder ces deux sujets ensemble, on ne progressera pas, on se contentera d'être incantatoire à l'égard des entreprises, donc ce que fait par exemple ce texte de loi avec la réforme du congé parental c'est qu'il crée les conditions pour que les hommes et les femmes prennent à parts à peu près égales, équitables disons, leurs responsabilités à l'égard des enfants pour que les gemmes et les hommes puissent être à peu près à parts égales sur le marché du travail. Ce que fait ce texte de loi, c'est qu'il étend le principe de parité au-delà des assemblées politiques à toutes les assemblées, les fédérations sportives, les Chambres de commerce et d'industrie, les autorités administratives
JEAN-MICHEL APHATIE
Avec des sanctions ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Avec évidemment des sanctions à la clé, pour faire en sorte qu'au sommet, partout au sommet que ce soit de l'Etat, que ce soit des entreprises, que ce soit des conseils d'administration nous ayons une image plus juste de ce qu'est la société française
JEAN-MICHEL APHATIE
Vous pensez que dans 10 ans, avec ce projet de loi
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Et que l'égalité devienne un réflexe.
JEAN-MICHEL APHATIE
Les choses seront différentes ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Que l'égalité devienne un réflexe, en tout cas c'est l'objectif que nous poursuivons clairement.
JEAN-MICHEL APHATIE
Donc, l'Assemblée nationale qui étudie ce texte à partir d'aujourd'hui ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Oui ! A partir d'aujourd'hui, normalement dans d'assez bonnes conditions, je tiens à le dire.
JEAN-MICHEL APHATIE
C'est-à-dire, la majorité - c'est ce que vous voulez dire sera enfin vous espérez avoir
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Ca veut dire que c'est un texte qui a beaucoup pris en compte un certain nombre d'ajouts parlementaires qui en font aujourd'hui quelque chose d'assez conséquent et d'assez important pour la vie quotidienne des Français.
JEAN-MICHEL APHATIE
Valérie TRIERWEILLER est sortie de lhôpital samedi, vous avez des nouvelles Najat VALLAUD-BELKACEM ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Ah ! Non.
JEAN-MICHEL APHATIE
Vous n'en prenez pas ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Ah ! Ecoutez, ça c'est privé j'ose dire, mais enfin si cela vous intéresse vraiment
JEAN-MICHEL APHATIE
Eh bien ce n'est pas très privé puisque...
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
J'en prends évidemment
JEAN-MICHEL APHATIE
Non ! Non. Non ! Non, vous êtes ministre des Droits des femmes
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Mais
JEAN-MICHEL APHATIE
Tiens ! On se dit
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Mais en l'occurrence
JEAN-MICHEL APHATIE
Comment vous jugez en tant que ministre des Droits des femmes cette histoire ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Ce nest pas en qualité de ministre des Droits des femmes que je prends des nouvelles, c'est en qualité de personne tout simplement et Voilà ! Rien d'autre à vous indiquer ce matin.
JEAN-MICHEL APHATIE
Et, en tant que ministre des Droits des femmes, vous avez un jugement sur cette histoire ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Je me garderai bien d'apporter un jugement sur une affaire privée
JEAN-MICHEL APHATIE
C'est dangereux d'en avoir un ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Non ! Ce n'est pas ça. Je
JEAN-MICHEL APHATIE
Vous trouvez que c'est très privé ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Ecoutez ! Pas plus
JEAN-MICHEL APHATIE
(brouhaha)
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Jean-Michel APHATIE, pas plus que je n'intéresse à votre privée, je ne m'intéresse à la vie privée du chef de l'Etat Voilà ! Je moi j'estime qu'il faut respecter les frontières, qu'elles sont aussi notre protection à tous.
JEAN-MICHEL APHATIE
Vous pensez vraiment que ça n'est que de la vie privée ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
En l'occurrence
JEAN-MICHEL APHATIE
HOLLANDE/TRIERWEILLER ce n'est que de la vie privée ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
En loccurrence, oui, c'est essentiellement de la vie privée et pour les questions accessoires qui pourraient avoir un impact sur le pouvoir politique le Président de la République a été amené à répondre, la question de la sécurité et d'autres.
JEAN-MICHEL APHATIE
Et il a dit qu'il trancherait assez vite !
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Et il tranchera assez vite.
JEAN-MICHEL APHATIE
Donc, on attendra. Najat VALLAUD-BELKACEM, ministre des Droits des femmes, était l'invitée de RTL ce matin, bonne journée.
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Merci.
LAURENT BAZIN
Merci d'avoir été sur RTL ce matin une fois de plus, Najat VALLAUDBELKACEM, a demain Jean-Michel.
JEAN-MICHEL APHATIE
A demain, Laurent.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 20 janvier 2014