Déclaration de Mme Hélène Conway-Mouret, ministre des français de l'étranger, sur le programme européen Erasmus, à Bordeaux le 16 janvier 2014.

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Texte intégral

Mesdames et Messieurs les Élus,
Monsieur le Directeur,
Mesdames et Messieurs,
Chers Amis,

Je suis heureuse, avec un diplomate voyageur sur les traces duquel mes derniers voyages ont pu me conduire - Stendhal - d'être à vos côtés, aujourd'hui, dans cette ville dont il disait que la finesse des traits racontait l'histoire.
Mesdames, Messieurs, l'événement qui nous réunit raconte aussi l'histoire, avec finesse, avec intelligence. Il consacre aussi des convictions et des engagements que je sais partagés.
Ma vision et mon action de citoyenne européenne, d'universitaire, de parlementaire, et aujourd'hui de ministre en sont profondément marquées.
Erasmus est la traduction d'une volonté en acte. C'est un choix résolu et emblématique des institutions, des gouvernements et des peuples européens.
Erasmus est aussi l'incarnation d'une Europe de la connaissance ; une connaissance riche de la confrontation des cultures, des modèles et des expériences. Erasmus accomplit un idéal humaniste qui est au coeur du projet européen.
Avec près de trois millions de bénéficiaires, des milliers d'établissements d'enseignement impliqués, des collectivités locales, des associations et des acteurs économiques de plus en plus investis, Erasmus dessine un nouvel espace de savoir.
Et c'est la force de l'Europe, en même temps que sa grandeur, d'avoir su lier les deux. En cela, Erasmus + marque une étape importante dans la construction de l'identité européenne.
En regroupant les programmes de financement dédiés à l'éducation, à la formation et à la jeunesse, Erasmus + fournit à l'Europe des atouts décisifs pour relever les défis qui sont devant nous. Car, comme le précise la stratégie «Europe 2020», il est impérieux que l'Union s'engage résolument sur le chemin d'une croissance «intelligente, durable et inclusive».
Cette ambition, à laquelle la France souscrit en recoupe d'autres tout aussi essentielles : l'innovation, la compétitivité, l'attractivité, mais aussi la cohésion sociale, l'égalité des droits et la solidarité.
Erasmus + répond à ces exigences avec clairvoyance en élargissant l'accès à la mobilité internationale aux étudiants des filières techniques et professionnelles, aux apprentis, aux stagiaires et aux volontaires.
Nous pouvons également nous féliciter de l'effort ainsi consenti pour lever les obstacles économiques et sociologiques à la mobilité des jeunes.
L'exigence de formation tout au long de la vie mérite enfin d'être saluée. Comme mérite de l'être le souci d'ouverture au voisinage européen - en premier lieu au pourtour méditerranéen - dans la droite ligne du programme Erasmus Mundus, dans lequel la France a joué un rôle moteur.
Cette nouvelle géographie occasionnera des partenariats qualitatifs et performants. Ils favoriseront l'affirmation d'un espace de solidarité et de coopération de part et d'autre de la Méditerranée.
Il était indispensable de se saisir de la question des compétences et de la mobilité en Europe alors que l'Union compte près de six millions de jeunes chômeurs et que dans le même temps, plus de deux millions d'emplois restent vacants et qu'un tiers des employeurs éprouvent des difficultés à recruter du personnel qualifié, Erasmus + s'y emploie résolument. Rappelons que près de 15 milliards d'euros seront alloués au programme pour les années 2014-2020 ; soit une hausse de 40 % par rapport à la période précédente !
L'enjeu, sur cette même période, est de faciliter la mobilité et la qualification de 4 millions de jeunes et personnels d'encadrement. Cela donne la mesure des attentes placées dans un dispositif qui devra permettre par ailleurs, à 20 % des diplômés de l'enseignement supérieur de bénéficier d'une période d'études ou de formation à l'étranger.
À cet effort, tous les acteurs de l'enseignement et de la formation doivent prendre leur part : les établissements et leurs personnels, les pouvoirs publics, les entreprises, les collectivités locales, les étudiants eux-mêmes.
Avec Laurent Fabius, je veillerai à ce que notre réseau diplomatique apporte une active contribution au déploiement d'Erasmus +. Nous serons également à vos côtés, Monsieur le directeur, avec mes collègues Thierry Repentin et Geneviève Fioraso pour que l'agence 2e2f puisse remplir sa mission.
Les ambitions du programme européen concordent avec une conviction forte de notre diplomatie, et plus globalement du gouvernement français : la mobilité internationale, qu'elle s'inscrive dans un parcours de formation ou dans une trajectoire professionnelle, sert aussi les intérêts de la France.
Dans un monde globalisé, la capacité à exporter ses talents, ses savoir-faire, ses enseignements, mais aussi à en accueillir, sont des indicateurs significatifs de la compétitivité et de l'attractivité de notre pays.
Toute mon action est tendue vers cet objectif : encourager et accompagner la mobilité internationale du plus grand nombre de Français, les jeunes en premier lieu. Une mobilité pour tous, en quelque sorte, comme un écho à «Erasmus pour tous», dénomination initiale du programme Erasmus +...
Cette mobilité pour tous vise autant à faire changer le regard sur l'expatriation, qu'à faciliter le quotidien de nos jeunes compatriotes établis hors de France pour un temps : sur le plan des formalités administratives, de l'enseignement, de la sécurité, de la citoyenneté...
Mes Chers Amis, une dernière réflexion avant de conclure.
À ceux qui se plaisent parfois à dénigrer l'action d'une Europe désincarnée, je veux rappeler ce que notre vie quotidienne, ce que nos aspirations individuelles et nos ambitions collectives doivent au projet européen.
Le lancement d'Erasmus + nous rappelle cette évidence. Il prouve combien les principes fondateurs de l'Union et ses réalisations, conditionnent notre liberté, notre stabilité et notre prospérité collective. Comme Jean Monnet je crois que la meilleure contribution que l'Europe puisse apporter à la civilisation, c'est d'épanouir les hommes. Erasmus + y contribue incontestablement.
Avec Erasmus +, nos établissements d'enseignement supérieur s'ouvriront davantage encore. Notre jeunesse acquerra de précieuses compétences techniques, linguistiques ou scientifiques. La France nouera des partenariats novateurs et durables avec des pays extérieurs à l'Union. Quant à l'Europe, elle sera plus forte et plus consciente de ses atouts sur la scène internationale. Chaque étudiant, chaque apprenti, chaque enseignant en situation de mobilité pave déjà ce chemin.
Beaucoup reste à faire pour élargir l'accès à la mobilité, coordonner les formations, développer les synergies entre acteurs publics et privés, faciliter la venue d'étudiants étrangers en Europe, en simplifiant les conditions de délivrance des visas en particulier.
Pour avoir moi-même oeuvré en la matière au sein de l'université de Dublin et à la Sorbonne, je sais l'importance de ces enjeux et la nécessité de les appréhender avec rigueur et persévérance.
Tant l'Europe que nos pays respectifs y gagneront. Ils y gagnent déjà. Selon Leibniz, «celui qui est maître de l'éducation peut changer la face du monde». Je crois en effet que l'éducation constitue un moteur essentiel de la création d'emplois et de la prospérité des Nations.
Je vous remercie.

Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 21 janvier 2014