Point de presse de M. Laurent Fabius, ministre des affaires étrangères, sur la situation en Centrafrique, à Bruxelles le 20 janvier 2014.

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Circonstance : Conseil affaires étrangères, à Bruxelles (Belgique) le 20 janvier 2014

Texte intégral


Mesdames et Messieurs bonjour,
Ce conseil est terminé, je vais me concentrer sur la République de Centrafrique. Vous connaissez la situation très difficile de ce pays et, dans ce contexte, nous enregistrons aujourd'hui trois nouvelles positives.
La première, c'est l'élection d'une présidente du Conseil national de transition, qui est une femme tout à fait remarquable et à laquelle le président de la République française a adressé ses félicitations. J'y joins les miennes, et je serais heureux de lui rendre visite très prochainement.
Maintenant, la Centrafrique a une présidente de la République pour sa transition.
La seconde nouvelle positive, c'est que toute une série de pays se sont réunis ce matin et qu'ils ont engagé 500 millions de dollars, essentiellement pour l'aide humanitaire à la Centrafrique. Or, on connaît la situation très difficile de ce pays et de sa population, c'est donc quelque chose de très positif.
La troisième nouvelle positive, c'est, conformément aux souhaits de la France, la décision prise par l'Union européenne d'un soutien militaire en Centrafrique. Cette décision a été prise à l'unanimité. Il restera des procédures, notamment parlementaires, mais la décision de principe a été prise. Ce qui signifie qu'en liaison avec les Nations unies et les forces africaines, l'Europe va venir en soutien militaire de la Centrafrique ainsi que nous l'avions demandé.
Dans la situation difficile des Centrafricains, c'est évidemment une nouvelle très importante. Je dois dire, en tant que chef de la diplomatie française, que j'en suis particulièrement satisfait puisque c'est une demande qu'avait faite la France.
Q - Combien de soldats européens selon vous ? Diriez-vous qu'il s'agit d'un tournant pour les Européens, d'une nouvelle prise de conscience ?
R - C'est une décision très importante. Le chiffre qui a été évoqué est celui de 500 hommes et le délai envisagé est la fin février, pour un déploiement dans la zone de Bangui, essentiellement autour de l'aéroport et pour une durée de six mois. Cela doit être fait en liaison avec les forces africaines et avec l'ONU. L'Union européenne ne s'engage pas souvent, comme vous le savez ; le fait qu'elle s'engage dans cette situation très difficile, aux côtés des Africains et de la France est, je pense, quelque chose de très positif.
Q - Y aura-t-il des soldats allemands également ?
R - Nos amis allemands ont soutenu le principe de cette opération. Le ministre Steinmeier doit parler avec sa collègue de la défense demain matin pour voir dans quelles zones il souhaite intervenir, parce qu'il est peut-être aussi question d'intervenir au Mali, en soutien d'un certain nombre d'opérations. Il ne peut pas tout faire. Mais les déclarations, vous les avez vues ce week-end, de mon collègue M. Steinmeier et du gouvernement allemand sont très positives.
Demain, j'aurai à Paris un séminaire de travail avec mon collègue Steinmeier, nous en parlerons et aussi de beaucoup d'autres choses que les Français et les Allemands veulent faire ensemble.
Q - Comment les soldats européens vont-ils seconder les soldats français. Que vont-ils faire ?
R - Il s'agit, à partir de cette décision de principe, que toute une série de pays décident d'envoyer un certain nombre de soldats. L'Estonie a déjà annoncé l'envoi de 55 soldats et d'autres pays vont suivre. Ils seront sur place et il y aura un commandement qui sera situé dans le pays qui actuellement exerce la présidence de l'Union européenne, c'est-à-dire la Grèce. Tout cela va se mettre en place, il reste des formalités à régler mais c'est une nouvelle positive. Je le répète, comme cela correspond à une demande de la France et que l'on nous avait dit que c'était très difficile, une fois que les difficultés sont surmontées, on peut en être satisfaits.
Q - D'autres pays vont-ils annoncer des chiffres concernant l'envoi de troupes sur place ?
R - À peu près tous les collègues sont intervenus ce matin. Il y a des procédures, ils doivent avoir des consultations avec leurs propres organismes de défense, mais la volonté est là.
Pour les Centrafricains, pour l'ensemble des Africains, pour les Français et pour les Européens, c'est une bonne chose.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 21 janvier 2014