Interview de Mme Nicole Bricq, ministre duc commerce extérieur, dans "Les Echos" le 7 août 2013, sur les résultats du commerce extérieur.

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Texte intégral

Q - Quel bilan tirez-vous des résultats à mi-année du commerce extérieur ?
R - Le déficit du mois de juin est l'un des plus faibles depuis trois ans. Le bilan du semestre est quant à lui encourageant si je m'en réfère à trois indicateurs fondamentaux. Le déficit commercial hors énergie est en repli de 40 % par rapport au premier semestre 2012 ; le déficit global est en recul de 16 % par rapport à la même période ; et ce déficit semestriel se situe sous la barre symbolique des 30 milliards, un niveau jamais atteint depuis 2010.
Q - Dans ce contexte, envisagez-vous un déficit commercial sous les 60 milliards à la fin de l'année ?
R - Je ne raisonne pas en termes d'objectifs annuels, car celui que m'a fixé le Premier ministre se situe à la fin du quinquennat. À ce titre, je maintiens plus que jamais l'objectif d'un solde commercial hors énergie à l'équilibre d'ici à 2017. Et au vu des résultats de ce premier semestre, je suis persuadée que nous le tiendrons.
Q - L'évolution des exportations reste décevante (- 1,2 % au premier semestre)...
R - Nos exportations sont reparties à la hausse en juin alors qu'elles s'étaient essoufflées en mai. Les performances sont bonnes dans l'agroalimentaire, l'aéronautique et la pharmacie. Sans surprise, compte tenu de la faible activité dans la zone euro en début d'année, l'automobile, la métallurgie et les biens d'équipement ont souffert. Globalement, les exportations vers l'Union européenne ont encore chuté ce semestre. Ensuite, la concurrence féroce que nous livrent les pays émergents (Chine, Corée, Turquie) a entamé nos parts de marché en Afrique. Je compte m'investir fortement pour favoriser les échanges avec ce continent. Nous avons beaucoup mis l'accent depuis un an sur l'Amérique latine et l'Asie du Sud-est et ces efforts paient. Les exportations vers l'Amérique latine, en particulier, bondissent de 14 % par rapport au premier semestre 2012.
Q - Comment voyez-vous l'évolution des prochains mois ?
R - Le commerce extérieur constituera un moteur important de la croissance en 2014. Premier facteur d'optimisme : la sortie progressive de récession de la zone euro et, en particulier, l'amélioration attendue de la situation en Italie et en Espagne, qui vont nous permettre de retrouver des partenaires commerciaux naturels. Deuxième raison : nos efforts pour améliorer la compétitivité. La France a déjà rattrapé une partie du retard accumulé depuis 2005 face à l'Allemagne. Ce retard de 10 points en termes de compétitivité-coût est ainsi en train de se réduire substantiellement grâce notamment au Crédit d'impôt compétitivité emploi. Nous devons continuer à mener ces réformes.
Q - Le FMI estime même que la France doit accélérer les réformes pour renforcer sa compétitivité et renoncer aux hausses d'impôt prévues dans le budget en 2014...
R - Le FMI donne un satisfecit à la France. Il dit que les réformes engagées sont significatives et qu'elles vont dans le bon sens. Je pense en particulier au Cice. Il estime aussi que les deux tiers des efforts à mener pour résorber le déficit structurel de nos finances publiques ont été engagés. Dans le budget 2014, nous allons mettre l'accent sur les économies en matière de dépenses, qui représenteront 70 % de l'effort de redressement contre 30 % pour les hausses de prélèvements. Quant aux réformes structurelles, elles ne sont pas finies, je vous rassure. Nous allons continuer de les mener. La réforme des retraites sera à ce titre un projet décisif.
Q - Ne va-t-elle pas augmenter le coût du travail et, dès lors, pénaliser à nouveau la compétitivité de la France ?
R - Nous allons jouer sur tous les leviers afin de résoudre le financement des retraites sur le long terme. Le président de la République a déjà indiqué que le levier de la durée de cotisation pouvait être envisagé, mais pas celui de l'âge légal de départ. Pour les mesures de financement de court terme, qui restent à arbitrer, j'estime qu'il faut éviter de porter atteinte à la compétitivité des entreprises.
Q - Cela veut dire que vous défendez la hausse de la CSG plutôt que celle des cotisations retraite ?
R - Je le répète : la compétitivité des entreprises devra être regardée de manière très attentive.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 8 août 2013