Texte intégral
Bonjour à tous. Il s'agit de ma troisième visite dans la capitale fédérale depuis le mois de mai 2012, et de ma deuxième rencontre, ici au Pentagone, avec mon homologue Chuck Hagel. Nous avons noué avec Chuck une réelle amitié, une complicité sur les questions qui nous concernent. Aujourd'hui, nous avons pu aborder un grand nombre des sujets qui dominent l'agenda international, la coopération bilatérale franco-américaine sur plusieurs théâtres, et la préparation d'échéances à venir.
Mon déplacement s'inscrit également dans le cadre de la préparation de la prochaine visite d'État qu'effectuera aux États-Unis le président de la République française, François Hollande.
La coopération de défense franco-américaine est aujourd'hui particulièrement dense et a même atteint un niveau sans précédent dans les domaines stratégiques, opérationnels et de renseignement.
La raison principale est d'abord que nous partageons une même analyse des menaces - terrorisme, prolifération - et une même détermination à lutter notamment contre les mouvements extrémistes violents, le terrorisme djihadiste, domaine majeur pour la sécurité de la France, de l'Europe et des États-Unis.
Les engagements opérationnels de la France en Libye, au Mali et dans la zone du Sahel en général, en RCA dernièrement, en témoignent. Et j'ai pu redire à mon homologue notre volonté d'être un partenaire fiable et durable.
La volonté politique est une condition nécessaire mais pas suffisante. Elle doit aussi s'appuyer sur des décisions concrètes afin de se doter des capacités permettant de traduire cette volonté en action. Et j'ai ainsi pu présenter à grands traits la loi de programmation militaire 2014-2019 qui a été adoptée en décembre dernier.
À ce titre, je préciserai deux points.
J'ai remercié Chuck Hagel pour le soutien significatif et indispensable apporté par les États-Unis à la France dans la conduite de ces opérations : transport stratégique, ravitaillement en vol, et capacités de renseignement notamment. La France exprime sa reconnaissance pour l'appui politique, logistique, opérationnel et financier que les États-Unis ont apporté au Mali et en République centrafricaine. Au Mali, nous avons enregistré un succès militaire et politique évident, qu'il convient à présent de consolider. À Bangui, le soutien financier de 100 millions de dollars promis par votre pays en particulier aux forces africaines (MISCA), ainsi que le soutien à la montée en puissance du déploiement de ces forces (notamment burundaises et rwandaises) s'avèrent décisifs pour la stabilisation nécessaire de ce pays.
D'autre part, j'ai présenté à M. Hagel la manière dont la France allait prochainement reconfigurer son dispositif militaire en Afrique et au Sahel pour mieux identifier et cibler les menaces terroristes sur cette vaste zone qui va de la Mauritanie au Tchad. Une menace à la fois pour ces États africains, mais aussi pour notre sécurité collective. Ce réajustement de notre dispositif, qui doit nous permettre d'être plus réactif et plus flexible, doit aussi tirer davantage parti des synergies possibles avec nos partenaires stratégiques.
À ce titre, j'ai proposé à M. Chuck Hagel d'approfondir et la coopération opérationnelle et le dialogue stratégique avec Washington sur l'Afrique, avec notamment la mise en place d'un groupe à haut niveau d'analyse stratégique sur cette région. Ce groupe aura pour tâche de développer une réflexion sur le cadre nous permettant de passer d'une logique de soutien dans l'urgence à une logique d'opérations coordonnées, voire conjointes, dans la durée.
Notre entretien a également permis d'évoquer les avancées accomplies par les Européens pour mieux oeuvrer, collectivement, à leur défense. J'ai ainsi présenté à mon homologue les principaux résultats du Conseil européen du 20 décembre dernier, où des avancées concrètes et significatives ont été décidées dans les domaines de la sécurité maritime et de certaines capacités militaires lacunaires en Europe (drones de surveillance et ravitailleurs en vol). Tout ce qui contribue à renforcer l'autonomie stratégique des Européens, y compris dans le domaine de l'industrie de défense, sert aussi les intérêts américains. En étant un partenaire militairement crédible, les Européens répondent positivement au rééquilibrage que les États-Unis appellent de leurs voeux et à un meilleur partage du fardeau.
Enfin, mon homologue et moi avons évoqué les enjeux du prochain sommet de l'OTAN, qui se déroulera les 4 et 5 septembre à Newport (Royaume-Uni). La complémentarité des actions de l'Union européenne et de l'Alliance atlantique constitue un marqueur d'efficacité et de succès à venir.
J'indiquerai pour conclure notre volonté commune d'accroître la coopération de défense franco-américaine. Nos échanges aujourd'hui ont ainsi permis de préparer la visite d'État du président de la République aux États-Unis qui permettra de souligner les avancées enregistrées dans le domaine de la défense et de fixer les priorités stratégiques pour l'avenir.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 29 janvier 2014