Déclaration de Mme Valérie Fourneyron, ministre des sports, de la jeunesse, de l'éducation populaire et de la vie associative, sur le sport comme axe majeur de la diplomatie française en 2014, Paris le 15 janvier 2014.

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Circonstance : Présentation de la diplomatie sportive à Paris le 15 janvier 2014

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Je voudrais tout d'abord remercier Laurent Fabius qui a souhaité faire inscrire le sport comme un des axes majeurs de la diplomatie française dans les mois et les années à venir. Pour la première fois, de manière durable, concertée, l'ensemble du réseau diplomatique de la France est mobilisée pour la réussite de la stratégie française du sport à l'international.
Cher Laurent, Montaigne disait : « c'est une belle harmonie quand le faire et le dire vont ensemble ». Nous en avons aujourd'hui plus que jamais l'illustration avec cette réunion, nous qui avons l'habitude depuis des années de faire ensemble, que vous avez orchestrée pour mobiliser nos ambassadeurs en place dans les principaux pays d'influence sportive au niveau international.
Avant même cette officialisation, notre réseau diplomatique français a su faire preuve de toute sa pertinence et de son efficacité en matière d'influence sportive, quand il était sollicité. J'ai pu moi-même l'apprécier lors de chacun de mes déplacements.
Depuis les JO de Londres, à ma réunion de la semaine dernière avec notre ambassadeur au Japon pour préparer un futur déplacement, en passant par mes déplacements en Argentine, en Allemagne, au Brésil, en Colombie, en Russie, au Canada… j'ai à chaque fois reçu une aide précieuse de la part de notre réseau diplomatique sur les sujets sportifs.
Nous connaissons tous des exemples plus ou moins célèbres de la « diplomatie sportive ». L'illustration la plus emblématique demeure la « diplomatie du ping-pong » entre la Chine et les Etats-Unis en 1971. Mais, plus près de nous, nous avons vu le cricket servir le rapprochement entre l'Inde et le Pakistan ; le football servir de déclencheur pour un dialogue renouvelé entre la Turquie et l'Arménie. Nelson Mandela ne signifiait pas autre chose quand il déclarait : « le sport a le pouvoir de changer le monde ».
Toutes les économies émergentes – je pense en particulier aux BRICS – ont compris que les pouvoirs économique, politique, militaire ne suffisaient pas être une grande nation. Etre une grande nation aujourd'hui, c'est se servir du « soft power ». Etre une grande nation, oui, osons le dire, ça passe aussi par le sport. Dans ce domaine, la France a une histoire, des atouts et des projets ! Et c'est bien pour rester à la hauteur de cet enjeu que nous sommes réunis aujourd'hui.
Alors je ne boude pas mon plaisir, de voir le ministre des affaires étrangères mobiliser le réseau diplomatique autour de la question sportive. Je ne boude pas mon plaisir de voir nommer un ambassadeur pour le sport, qui pourra activer au quotidien le ministère et les ambassades autour de ces questions essentielles. Et je ne boude pas mon plaisir de savoir que cet ambassadeur est Jean Levy.
Car je veux souligner à quel point j'ai apprécié que Jean Levy, avant même d'être nommé, vienne bien sûr me rencontrer ainsi que mon cabinet, mais surtout prenne le temps d'aller se présenter aux acteurs essentiels dans les relations internationales sportives que sont le Président du CNOSF et le président du CFSI, ou encore le délégué interministériel aux grands événements sportifs. Il s'est présenté, mais il les a aussi écoutés. Plus encore que des visites de courtoisie, cela signifiait deux choses essentielles à mes yeux :
- il avait appréhendé l'organisation complète que nous avions mise en place depuis mai 2012 ;
- il choisissait, par ces rencontres préalables à sa nomination, de s'inscrire pleinement dans la stratégie commune établie avec le mouvement sportif, sans réserve, sans retenue, et avec l'enthousiasme que nous lui connaissons tous.
Oui, pour la première fois, en matière de réflexion internationale, nous nous sommes dotés d'une stratégie commune réunissant le ministère des Affaires étrangères, celui des sports et le mouvement sportif.
Il y a un peu plus d'un an, nous avons décidé, avec Denis Masseglia, de créer ce Comité Français du Sport International qui a été placé sous la houlette de Bernard Lapasset, personnalité reconnue par le mouvement sportif international et Président de l'International Rugby Board.
Le point de départ du CFSI est à la fois de mettre en place une structure rassemblant toutes les forces vives du sport français, du monde de l'entreprise aux fédérations, en passant par les différents ministères concernés (Ministères des Affaires étrangères, du Tourisme, du Commerce extérieure), mais aussi de donner au mouvement sportif français les moyens d'être l'interlocuteur unique, légitime, et incontestable du mouvement sportif international.
Et je peux vous dire que la mise en place de cette organisation est connue et suivie de très près à Lausanne, à la maison du sport international, comme au Château de Vidy. Le président du CIO et son directeur général, quand je les ai rencontrés en tête à tête à Johannesburg était parfaitement au courant de l'organisation mise en place en France, de ses actions, et du rôle de Bernard Lapasset.
Cette première année du CFSI a été couronnée de plusieurs succès, je pense à l'élection de Jean-Christophe Rolland à la présidence de la FISA par exemple. Mais sa véritable ambition est bien plus élevée encore. Elle est, et vous le savez tous, de créer les conditions favorables à une candidature française aux Jeux Olympiques. Et créer les conditions d'une candidature aux Jeux Olympiques, signifie travailler avec tout le monde, avec le mouvement sportif international, avec les athlètes, avec les collectivités, avec le monde économique, et bien sûr avec le réseau diplomatique. Chacun dans son rôle est un rouage essentiel de la machine.
Ce matin, une séance particulièrement intéressante s'est déroulée, avec les ambassadeurs des principaux pays qui font la carte du sport international. Le Directeur des Sports, les représentants du mouvement sportif et Jean Levy ont à cette occasion pu partager avec les ambassadeurs une feuille de route commune et dessiner nos priorités.
En premier lieu, la France doit être particulièrement présente et impliquée sur les enjeux institutionnels du sport. Au sein de l'Union Européenne, qui est de plus en plus active sur la thématique sportive. Au sein du Conseil de l'Europe, qui a été précurseur sur la question du dopage et qui est aujourd'hui à l'initiative de la rédaction d'une convention internationale contre la manipulation des matchs dans le cadre des paris sportif. Au sein de l'UNESCO, dont la convention de 2005 sur la lutte contre le dopage est un outil indispensable à la lutte international.
Deuxième priorité – que Denis Masseglia et Bernard Lapasset ont évoquée ce matin : la nécessité de développer et d'entretenir un réseau dans le monde sportif. Oui, dans tous les pays, il est nécessaire que les ambassadeurs soient, je ne dis pas qu'ils ne l'étaient pas, mais soient plus attentifs à connaître le monde sportif international, afin de tisser et d'entretenir des liens de confiance durables avec les décideurs de la gouvernance mondiale. Oui, il est nécessaire de mieux connaître nos interlocuteurs, de mieux connaître les agendas sportifs, de mieux fédérer les communautés françaises autour des événements sportifs et des présences des équipes de France. Le monde diplomatique et le monde sportif international ne doivent pas être séparés. Ils doivent au contraire coopérer et travailler ensemble dans l'intérêt de chacun.
Dernier sujet et non des moindres, le sport comme outil de développement économique. Les entreprises françaises, des grands groupes aux PME spécialisées, sont des leaders reconnus dans une multitude de secteurs de l'économie du sport, du BTP, des transports, de l'énergie, aux actions de conseil, en passant par le marketing, la scurité, ou encore la vente de droits télévisuel. Nos entreprises ont déjà un savoir faire, mais elles ont aussi besoin des institutionnels, de l'Etat, du politique, pour parfois les introduire, leur donner les bonnes informations, notamment concernant les appels d'offres et les circuits de décision.
En la matière, nous sommes déjà passés des mots aux actes, avec notamment la création, pour la première fois, d'un bureau de l'économie du sport au sein du ministère que je dirige ou la présence d'entreprises du secteur sportif dans nos déplacements. Avec également les rencontres des grands événements sportifs internationaux sous l'égide d'UBIFRANCE en novembre dernier pendant lesquelles a notamment été présenté le cluster sport à l'export. Cette dimension économique du sport, c'est l'une de mes priorités, et je suis décidée à la porter dans chacun de mes déplacements.
Cette stratégie a porté ses fruits par exemple en Azerbaïdjan, où l'ambassadeur de France s'est mobilisé et nous a mobilisés pour permettre aux entreprises françaises de remporter des marchés dans la perspective des Jeux européens de Bakou en 2015. J'ai pu apprécier la qualité et soutenir les entreprises françaises présentes à Rio à la suite du déplacement présidentiel et nous allons donner suite aux contacts qui ont été pris dans le domaine du sport lors du déplacement en Arabie Saoudite, notamment à l'occasion des Jeux Mondiaux Equestres.
Et puisque je conclus ici sur l'aspect économique du sport, permettez-moi, une fois n'est pas coutume de terminer mes propos, par la citation d'un grand industriel américain : « Se réunir est un début ; rester ensemble est un progrès ; travailler ensemble est la réussite. »
Elle illustre à mon sens l'esprit qui est aujourd'hui le notre avec le Ministère des Affaires étrangères, avec le mouvement sportif et avec le monde économique.
Source http://www.delegfrance-unesco.org, le 23 janvier 2014