Déclaration de M. Laurent Fabius, ministre des affaires étrangères, sur l'admission dans les établissements d'enseignement supérieur français des élèves issus des lycées français à l'étranger, à Paris le 30 janvier 2014.

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Texte intégral

Tout d'abord, tous mes voeux et soyez les bienvenus dans cette Maison.
J'ai souhaité vous accueillir, à la fois de façon amicale, mais aussi de façon solennelle, parce je crois que l'accord que nous allons signer et, surtout, ce que cela traduit, est important.
C'est un partenariat nouveau et, je pense, prometteur. Il associe le ministère des affaires étrangères, l'Agence pour l'enseignement français à l'étranger et 7 Instituts d'études politiques, ceux d'Aix en Provence, de Lille, de Lyon, de Rennes, de Strasbourg, de Toulouse et de Saint-Germain-en-Laye. J'ai tenu à signer personnellement notre accord pour manifester l'importance que j'attache à l'attractivité universitaire.
Pourquoi un tel dispositif ? Pour contribuer à remédier à une situation qui n'est pas satisfaisante. La moitié seulement des élèves qui suivent une scolarité française dans nos lycées à l'étranger poursuivent des études supérieures en France. On ne va pas obliger tous les élèves à aller faire leurs études supérieures en France, mais on peut penser que ce nombre relativement faible est dû à des imperfections d'organisation de notre part. Ce sont des étudiants francophones, souvent de haut niveau, formés à nos méthodes et à nos approches intellectuelles. Leurs chances de réussite en France sont élevées. Et ils contribuent à la capacité d'innovation de notre pays. Il y a dans nos lycées de Pékin, de Prague, de New York, de Rabat, de Rio-de-Janeiro et d'ailleurs, une réserve extraordinaire de talent dans lesquels nous investissons chaque année un demi-milliard d'euros.
L'Agence pour l'enseignement français à l'étranger a réfléchi à tout cela. Elle a créé un programme de bourses - le programme Excellence-Major. J'ai d'ailleurs remis des bourses à ces élèves l'an dernier pour inciter les meilleurs de ses élèves à rejoindre nos universités. Il y a eu aussi la mise en place d'un service d'information et d'orientation. C'est une bonne chose mais il faut aller plus loin. Par exemple avec des dispositifs facilitant l'admission des élèves de nos lycées à l'étranger et avec des voies privilégiées d'accès vers l'Université française. C'est déjà le cas pour un certain nombre d'écoles d'ingénieur et de commerce.
Nous le faisons à présent avec vous, avec le réseau des Instituts d'études politiques en région. Je me suis rendu il y a quelques mois à Bogota et l'on m'avait alerté sur les difficultés rencontrées par les élèves pour se rendre en France afin de se présenter à vos concours alors qu'ils passaient le bac quelques jours plus tard en Colombie. Je suis donc particulièrement heureux des progrès que nous réalisons aujourd'hui.
Le texte que nous allons signer permettra de créer hors de nos frontières des centres de concours à l'entrée dans vos établissements. En 2014, ces centres, qui feront passer un concours commun d'admission aux IEP que vous représentez seront installés dans les lycées français de Casablanca, de Bogota, de Bangkok, de Shanghai. D'autres centres suivront dans d'autres régions du monde. Nous souhaitons ainsi créer une passerelle entre notre réseau scolaire extérieur, qui accueille 320.000 élèves dans 130 pays, et certains des plus prestigieux établissements d'enseignement supérieur français. Nous en avons absolument besoin. Nous avons en général une bonne cote ; j'ai lu dans la presse une étude qui montrait que la France était une destination attractive, peut-être la plus attractive, auprès de beaucoup d'étudiants étrangers. Il y a évidemment un équilibre à trouver - l'enseignement, le coût - mais, lorsque l'on ajoute l'excellence de notre enseignement, la pratique de la langue française, l'intérêt que présente notre culture, nous avons dans ce domaine une grande attractivité.
Nous n'en avons malheureusement pas dans d'autres domaines. Or, tout cela est lié. Si nous n'avons pas une attractivité forte en matière d'enseignement, cela va être négatif sur le plan économique et réciproquement. C'est un aspect sur lequel il faut vraiment mettre le paquet : le paquet d'une manière générale ; le paquet à l'égard du continent asiatique. Il représente la moitié de la jeunesse étudiante en mobilité dans le monde mais ne constitue que 17 % des étudiants étrangers en France. Quelque chose doit être corrigé. On peut le faire de différentes manières : les bourses, CampusFrance, l'AEFE et cette initiative que nous prenons aujourd'hui.
Il faudra tirer le bilan de cette année pour voir ce qui a marché et corriger ce qui a moins bien marché, et puis je souhaite que ce soit étendu.
Vous êtes les pionniers ; merci de tout cela. Je pense que les instituts sont de très bonnes voies de formation. Les étudiants qui passent par là n'ont pas de difficulté à trouver de l'emploi. Avec cette facilitation que nous allons mettre sur pieds, je suis sûr que cela va être bénéfique pour le système éducatif en général et pour les étudiants qui vont avoir la chance de passer par là. Puisque nous sommes en début d'année, je forme des voeux pour vous et pour que ce que nous mettons sur pieds réussisse. Merci beaucoup.

Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 11 février 2014